Éducation et prévention des rechutes S21
Introduction
La prévention des rechutes au cours des pathologies chro-
niques, en particulier dans les troubles schizophréniques
fait partie intégrante du traitement de la maladie elle-
même. Leur existence et leur récurrence conditionnent le
pronostic clinique et fonctionnel des patients [6, 10].
La majorité des travaux dans ce domaine sont fondés
sur une approche comportementale et cognitive. Le traite-
ment d’une personne atteinte de schizophrénie peut ainsi
être schématiquement résumé en trois étapes.
Des objectifs à court terme
Sur le plan clinique, l’essentiel est ici d’obtenir la dispari-
tion, ou tout au moins la meilleure régression possible des
symptômes. Cet objectif, dans le cadre d’une démarche
comportementaliste n’est pas cependant suffisant. En
effet, dès que l’état clinique du patient le permet, les
bases des étapes suivantes et les ressources qui seront
nécessaires sont mises en place : information diagnostique
et information sur le traitement médicamenteux.
Des objectifs à moyen terme
Il s’agit ici principalement sur le plan clinique d’obtenir un
maintien de la réponse au traitement et de favoriser son
observance. Là encore, les ressources nécessaires au terme
suivant sont recensées et vont commencer à être mises en
place.
Des objectifs à long terme
Ces objectifs sont plus fonctionnels que strictement clini-
ques et sont centrés sur l’amélioration de la qualité de vie
des patients et leur insertion dans la communauté tant sur
le plan familial que professionnel. L’idéal est d’obtenir
ainsi une véritable guérison, lorsqu’elle est possible.
Cette modélisation très schématique s’envisage comme
une véritable construction où chaque étape est une base
dont la solidité conditionne l’atteinte des objectifs sui-
vants.
Programmes psychoéducatifs
Historiquement, cette approche est fondée sur le modèle
des compétences adaptatives d’Anthony et Liberman, qui
est directement issu du modèle plus général de vulnérabi-
lité de Zubin et Spring [1, 12]. Ces modèles actuellement
généralisés, postulent que l’émergence de symptômes ou
que le résultat de la réhabilitation est sous la dépendance
de l’interaction de trois facteurs : des facteurs de vulnéra-
bilité endogène, des facteurs environnementaux dits
« stresseurs » et des facteurs protecteurs. Ainsi, l’amélio-
ration des facteurs protecteurs comme le traitement médi-
camenteux ou l’amélioration de la capacité des patients à
faire face aux événements de vie stressants sont la cible
des programmes psychoéducatifs.
Les programmes psychoéducatifs destinés aux person-
nes atteintes de schizophrénie sont centrés principalement
sur le moyen et le long terme.
Les programmes pionniers élaborés par RP Liberman
et al. sont ainsi composés d’un ensemble de modules dont
le nombre, la succession, et le rythme sont adaptés indivi-
duellement selon les besoins propres du patient [2].
Ces modules sont variés et concernent par exemple
l’apprentissage de la gestion du traitement, le repérage
des symptômes de rechute, la gestion des symptômes rési-
duels, l’amélioration des habiletés sociales, ou encore la
recherche et le maintien d’un emploi. Certains sont égale-
ment destinés aux personnes ressources, familles ou aidants
afin de permettre la réattribution de certains comporte-
ments à la maladie et non à la personne atteinte de schi-
zophrénie. Il est ainsi possible de proposer à l’entourage
des stratégies pertinentes pour faire face aux difficultés
rencontrées. Les auteurs élargissent encore leur projet en
proposant pour les patients qui le nécessitent des program-
mes de soutien social continu, mais la question devient ici
moins médicale que politique.
Quel que soit le thème abordé, les techniques utilisées
lors de l’apprentissage sont identiques. Elles sont destinées
à favoriser la motivation des patients et la mémorisation
des informations. Ainsi, des techniques élémentaires telles
que le renforcement positif, la reformulation, la répéti-
tion, la vérification de la compréhension, sont utilisées lors
de taches plus complexes que sont les jeux de rôles et les
techniques de résolution de problèmes.
L’efficacité de certains de ces programmes a été large-
ment démontrée dans la littérature [3, 8, 11, 13].
Éducation au traitement médicamenteux
Le premier outil nécessaire au psychiatre tout autant qu’au
patient, dans la schizophrénie, est le traitement médica-
menteux. Le traitement antipsychotique est indispensable
à la prévention des rechutes, même s’il n’est pas toujours
suffisant. Il est établi que les rechutes sont principalement
dues à un défaut d’observance du traitement [10].
Hamilton et al. définissent l’observance comme un pro-
blème complexe qui représente la contribution d’un sujet à
la gestion de sa propre maladie [5]. Cette définition rend
bien compte que l’observance ne se résume pas à la prise
d’un médicament, mais s’étend plus largement à tout ce qui
sera prescrit. À titre d’exemple, on peut citer l’observance
des rendez-vous de consultation, des mesures hygiéno-diété-
tiques éventuelles, ou encore de l’application de stratégies
prédéfinies lors de l’apparition de symptômes de rechute.
Cette observance est ainsi le facteur principal qui
conditionne le pronostic clinique et fonctionnel des patients
atteints de schizophrénie. De nombreux auteurs ont démon-
tré que la détérioration du fonctionnement social, de la
qualité de vie et de l’autonomie est d’autant plus marquée
que le nombre de rechutes et la durée d’hospitalisation
augmentent [7, 9].
Dans certains pays européens, il est aujourd’hui obliga-
toire de fournir au patient des informations précises sur son
diagnostic et son traitement.
Un outil intéressant, le « Medication Management
Module » a été élaboré par RP Liberman. L’objectif de ce