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MÉMOIRE ORIGINAL
Comportements sexuels chez le patient schizophrène :
impact des antipsychotiques
S. TARDIEU (1), J. MICALLEF (2), M. BONIERBALE (3), E. FRAUGER (2), C. LANÇON (3), O. BLIN (3)
Sexual behaviour in schizophrenic patients : the impact of antipsychotics
Summary. In spite of the frequency of sexual dysfunction in schizophrenic patients and antipsychotic-treated schizophrenic patients, few studies have been performed. The relationship of schizophrenia to sexual pathology is variable and
complex, and of course different between men and women. Few evaluation methods have been proposed or validated.
Antipsychotics may improve some aspects of sexual behaviour in schizophrenic patients. However, sexual dysfunction
is also a possible side effect of these drugs. The evaluation of antipsychotics is often restricted to prolactin measurement,
the relationship with sexual disorders of which has not been fully established. Preliminary data suggest that the capacity
to induce sexual disorders differs from one antipsychotic to another. The available data on the mechanisms of sexual
dysfunction, the pharmacological profile and the sexual effects of classical neuroleptics (haloperidol and thioridazine)
and second generation antipsychotics available in France (amisulpride, clozapine, risperidone, olanzapine) are reviewed.
Key words : Antipsychotics ; Clozapine ; Olanzapine ; Pharmacology ; Risperidone ; Sexuality.
Résumé. Malgré la fréquence des troubles sexuels chez le
patient schizophrène, peu d’études ont été réalisées sur le
sujet. Le lien entre schizophrénie et sexualité est variable et
complexe, différent entre les hommes et les femmes. Peu de
méthodes d’évaluation ont été proposées et encore moins
validées. Les antipsychotiques peuvent améliorer certains
aspects du comportement sexuel des patients schizophrènes. Cependant, des dysfonctionnements sexuels sont également un possible effet secondaire de ce type de molécules.
L’évaluation des antipsychotiques sur la sexualité a été souvent limitée au dosage de la prolactine, alors que le lien entre
taux de prolactine et troubles sexuels n’est pas totalement
clair. Des données préliminaires suggèrent que tous les antipsychotiques n’ont pas les mêmes effets sur la sexualité des
patients schizophrènes. Cette revue présente les données
disponibles sur le mécanisme des dysfonctions sexuelles, le
profil pharmacologique et les effets sexuels des neurolepti-
ques classiques (halopéridol, thioridazine) et des antipsychotiques de seconde génération (amisulpride, clozapine, rispéridone, olanzapine).
Mots clés : Antipsychotiques ; Clozapine ; Olanzapine ; Pharmacologie ; Rispéridone ; Sexualité.
INTRODUCTION
La schizophrénie, entité hétérogène, touche 1 % de la
population du globe, sans distinction de région, culture,
facteurs socio-économiques avérés (19). Son début chez
l’adulte jeune et la durée de l’évolution, associés à la souffrance personnelle et à celle de l’entourage, justifient la
mise au point de traitements pharmacologiques et d’une
prise en charge adaptée par le système de soins. Intro-
(1) Cellule d’Évaluation Médicale, Santé Publique, Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, 80, rue Brochier, 13354 Marseille cedex 05,
France.
(2) Centre de Pharmacologie Clinique et d’Évaluations Thérapeutiques, Institut des Neurosciences Cognitives de la Méditerranée, Faculté
de Médecine, Hôpital de la Timone, 13385 Marseille cedex 05.
(3) Clinique de Psychiatrie, Hôpital Sainte-Marguerite, 13009 Marseille.
Travail reçu le 10 août 2004 et accepté le 16 mai 2005.
Tirés à part : S. Tardieu (à l’adresse ci-dessus).
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duits dans les années 1950 en raison de leur activité antidélirante et antihallucinatoire, les neuroleptiques ont révolutionné le devenir et le pronostic de la schizophrénie. Le
champ thérapeutique de la schizophrénie s’est enrichi
depuis ces dernières décennies de molécules, les antipsychotiques atypiques (clozapine, amisulpride, rispéridone, olanzapine, par exemple) ayant pour caractéristiques communes une activité antipsychotique égale ou
supérieure à celle des neuroleptiques classiques avec un
minimum d’effets secondaires, comme le rapportent les
essais cliniques (35).
Malgré les progrès des 50 dernières années, la schizophrénie demeure une des affections les plus difficiles,
parfois à identifier, toujours à traiter. La réinsertion des
patients schizophrènes est un objectif désormais partagé
par l’ensemble des professionnels de soins et des partenaires naturels du patient, famille, entourage (30). Elle est
surtout et avant tout souhaitée par les patients eux-mêmes
(42). Aussi, l’impact de la prise en charge des patients
schizophrènes et des stratégies pharmacologiques sur
l’état de santé du patient et sa qualité de vie constituent
un enjeu de taille pour l’évaluation du système de soins
(et ses modalités de prise en charge) d’autant que les connaissances sur le sujet sont parcellaires ou limitées, pour
les médicaments antipsychotiques, aux études menées
dans les conditions expérimentales des essais cliniques.
Alors que l’activité et la satisfaction sexuelles contribuent de manière importante à la qualité de vie d’un sujet,
peu de travaux se sont attachés à étudier les comportements sexuels, notamment chez le patient schizophrène.
L’évaluation des fonctions sexuelles est quasi absente
lors des premières phases cliniques du développement,
davantage orientées vers l’efficacité et la tolérance des
molécules (cardiaque, neurologique ou hépatique) (35).
COMPORTEMENTS SEXUELS CHEZ LE PATIENT
SCHIZOPHRÈNE
Le domaine de la sexualité est infiltré des valeurs propres du patient et des conceptions qu’il en a à travers son
histoire, son éducation et son expérience. Alors que l’activité et la satisfaction sexuelles contribuent de manière
importante à la qualité de vie d’un sujet, peu de travaux
se sont attachés à étudier ces comportements. Plusieurs
arguments peuvent expliquer ce manque d’information :
difficulté des patients à en parler, difficulté des médecins
et autres professionnels de santé à aborder ce sujet, ou
encore absence d’outil adéquat d’évaluation des comportements sexuels.
Les différentes modifications du comportement sexuel
peuvent porter, entre autres, sur le désir, la stimulation,
l’activité sexuelle, l’orgasme, les dysfonctionnements
sexuels et la satisfaction sexuelle. Ces aspects sont à distinguer des troubles des fonctions reproductives (aménorrhée, galactorrhée, gynécomastie) et des troubles de
l’identité sexuelle. De plus, les études publiées se limitent
souvent à aborder un seul aspect des fonctions sexuelles,
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et ce pour une population constituée exclusivement de
sujets du même sexe.
Par ailleurs, différents facteurs peuvent modifier ces
comportements sexuels, comme l’apparition de certaines
pathologies (psychiatriques, cardio-vasculaires, diabète…), la prise de traitement (certains antidépresseurs,
antipsychotiques…) ou bien certaines circonstances de la
vie.
La fréquence et la sévérité des troubles sexuels sont
probablement sous-estimées. Les patients rapportent
spontanément des troubles sexuels dans 3-33 % des cas
alors que ce pourcentage s’élève à 58-96 % si la question
est posée par le médecin (46). Une étude réalisée auprès
de 68 psychiatres a montré que seulement 10 % d’entre
eux demandent à leurs patients s’ils ont des effets secondaires médicamenteux d’ordre sexuel, et 2/3 des médecins informent rarement ou jamais leurs patients de cette
éventualité (51).
Plus spécifiquement, la relation entre la schizophrénie
et le comportement sexuel est complexe (4, 41). Certaines
modifications du comportement sexuel chez le patient
schizophrène pourraient être liées à un manque d’intérêt
pour l’activité sexuelle, ceci étant dû à un faible degré de
compétence sociale, au manque d’expérience de relation
sexuelle et au fort taux de célibataires (41). De plus, certains symptômes (hallucinations, délire) pourraient affecter l’activité sexuelle du patient schizophrène (4, 49).
Une étude comparant les comportements sexuels des
schizophrènes de sexe masculin à des sujets témoins a
montré qu’il n’y a pas de différence significative concernant la satisfaction sexuelle et la stimulation. En revanche,
chez les patients schizophrènes non traités, une fréquence plus importante de la masturbation, de certains
dysfonctionnements sexuels (absence d’érection ou éjaculation prématurée notamment) ainsi qu’une diminution
du désir ont été observées dans cette même étude (2).
Un suivi de 350 patientes schizophrènes au Canada a
montré que les plaintes les plus fréquentes étaient
l’absence de partenaires (60 %), une diminution du désir
(40 %), le viol (40 %), l’aménorrhée (20 %), l’échange de
biens contre une relation sexuelle (20 %), une augmentation du désir (20 %). À un moindre degré, les problèmes
de dyspareunie, de lubrification et de troubles menstruels
étaient aussi signalés (49). Plus généralement, et comme
déjà noté par d’autres auteurs (13), si la majorité des
patients schizophrènes souffrent d’une diminution de leur
activité sexuelle, certains présentent au contraire une augmentation de cette activité.
Certains de ces résultats sont confirmés dans une
étude récente qui rapporte que les dysfonctionnements
sexuels sont plus importants chez les patients schizophrènes que dans la population générale. En effet, 82 %
des hommes et 96 % des femmes schizophrènes rapportent au moins un dysfonctionnement sexuel. Les hommes
rapportent, entre autres, des troubles concernant l’érection et l’éjaculation ainsi qu’une diminution du désir (32).
Cependant, il semble que, depuis quelques années, l’activité sexuelle des patients schizophrènes aurait tendance
L’Encéphale, 2006 ; 32 : 697-704, cahier 1
Comportements sexuels chez le patient schizophrène : impact des antipsychotiques
à s’améliorer grâce à différents facteurs (hospitalisation
moins longue, nouveaux antipsychotiques) et que les femmes schizophrènes soient tout aussi intéressées par la vie
sexuelle que les femmes en général (49).
Les études actuellement disponibles ont surtout évalué
l’aspect de la sexualité sur le versant symptomatique, c’està-dire en décrivant l’existence ou non de troubles sexuels
(12, 21) et non le comportement sexuel dans sa globalité.
Les études sont réalisées souvent uniquement chez
l’homme, elles donnent peu d’informations concernant la
méthode de recueil des troubles sexuels et le plus souvent
n’évaluent pas les co-morbidités ou les traitements associés (41). Trop peu d’études se sont intéressées au comportement sexuel chez le patient schizophrène (44) en prenant notamment en compte les autres facteurs
susceptibles de l’influencer (antécédents, histoire du comportement sexuel du patient, environnement personnel et
familial, qualité de vie, co-morbidités et traitements associés). En outre, l’évaluation de la fonction sexuelle dans
les conditions expérimentales des essais clinique est, par
essence même, très éloignée de la réalité du terrain.
MÉTHODES D’ÉVALUATION DES COMPORTEMENTS
SEXUELS CHEZ LE PATIENT SCHIZOPHRÈNE
Compte tenu de la spécificité, du nombre de paramètres
conditionnant les comportements sexuels, de la réticence
que peuvent avoir certains patients et médecins à aborder
le sujet, l’évaluation des comportements sexuels en clinique n’est pas chose aisée. La sexualité apparaît dans certains questionnaires d’évaluation des effets indésirables
des médicaments, tel l’UKU (31). Différents questionnaires, ou plutôt listes de symptômes, ont été construits mais
rarement utilisés de manière répétée et unanime (47).
Les échelles et questionnaires spécifiques d’évaluation
de la sexualité utilisables en recherche clinique sont peu
nombreux et leur validation n’est pas complète. Les deux
instruments les plus utilisés sont l’Arizona Sexual Experience Scale (ASEX) et la Dickson-Glazer Sexual Functioning Scale (DGSFS). Ils sont souvent complétés par un
questionnaire précisant les données socio-démographiques du patient.
L’ASEX est une échelle en 5 items évaluant les éléments principaux de la fonction sexuelle : le désir, l’excitation, leur manifestation génitale (érection ou lubrification
vaginale), la possibilité à avoir un orgasme, la satisfaction
à avoir un orgasme. Auto-administrée ou administrée par
le clinicien, cette échelle peut être utilisée aussi bien chez
l’homme que chez la femme, dans la population hétérosexuelle ou homosexuelle. Le score total s’échelonne de
5 à 30 ; plus le score total est élevé, plus la fonction
sexuelle est perturbée (34).
La Dickson-Glazer Sexual Functioning Scale (DGSFS)
est un auto-questionnaire informatisé, en cours de validation, destiné à être utilisé chez les patients traités par antipsychotiques. Il a pour objectif d’évaluer l’impact des
médicaments sur les fonctions sexuelles et reproductives
des patients. Il explore les différentes phases de l’acte
sexuel et les différences inter-sexe (41 questions pour les
femmes et 32 pour les hommes). Les données recueillies
incluent, entre autres, le statut marital, le type de relation,
la perception des effets secondaires sexuels dus à la prise
d’antipsychotiques, la capacité à obtenir un orgasme, la
fréquence des pensées sexuelles, la satisfaction globale
relative aux relations sexuelles, la prise de pilule contraceptive, les troubles de type sécheresse vaginale, galactorrhée, aménorrhée, etc. (17, 18).
ANTIPSYCHOTIQUES ET SEXUALITÉ DU PATIENT
SCHIZOPHRÈNE
Les troubles sexuels chez les patients schizophrènes
traités ou non par antipsychotiques sont souvent mentionnés, mais la distinction est souvent difficile à faire entre
les troubles sexuels liés à la maladie, ceux liés au traitement ou encore à l’interaction des deux.
Dans une étude réalisée sur 55 patients schizophrènes traités (26 hommes, 29 femmes) tirés au sort parmi
314 patients, 54 % des hommes au moment de l’étude
et 81 % depuis l’instauration du traitement rapportent
une altération de leur fonction sexuelle, en particulier
une difficulté à atteindre l’orgasme. Dans la même
étude, 30 % des femmes rapportent une altération de
leur fonction sexuelle au moment de l’étude, 33 % rapportent une diminution de la qualité de l’orgasme et
91 % des femmes rapportent un changement menstruel
(21).
Une étude comparant les dysfonctions sexuelles entre
des schizophrènes de sexe masculin traités (n = 51) et non
traités (n = 20) à une population témoin (n = 51) a mis en
évidence pour les deux groupes de patients, en comparaison des contrôles, une diminution du désir, une activité
masturbatoire plus importante et des troubles de l’érection. En revanche, le délai d’abstinence au bout duquel le
manque était ressenti était plus long chez les patients schizophrènes.
La comparaison des groupes traités et non traités a
montré que la diminution des pensées sexuelles et la
réduction du désir étaient plus importantes chez les
patients non traités, alors que les troubles de l’érection
étaient plus fréquents chez les patients traités. De même,
une diminution de la stimulation et de la satisfaction
sexuelle était observée chez les patients traités en comparaison des patients non traités (2).
Une étude réalisée dans trois populations (101 patients
traités par antipsychotiques conventionnels, 55 patients
consultant dans un service spécialisé dans la prise en
charge de troubles sexuels et 57 témoins sains) a montré
que 45 % des patients sous antipsychotiques, 17 % des
sujets dans la population normale prise comme témoin et
61 % des consultants de la clinique spécialisée avaient
des troubles sexuels (50).
Les effets secondaires d’ordre sexuel des antipsychotiques sont souvent mal reconnus (16). La prévalence des
troubles sexuels estimée par le psychiatre chez les
patients traités par antipsychotiques est de 28 % chez les
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femmes et 40 % chez les hommes mais elle s’élève respectivement à 40 et 60 % lorsque l’on considère la perception propre du patient (23). Ces modifications sont
d’autant plus importantes à identifier et à connaître
qu’elles peuvent avoir une influence sur l’observance du
patient (4). L’action des antipsychotiques sur les comportements sexuels est large, touchant à la fois le désir, l’érection, l’éjaculation, l’orgasme et les troubles menstruels (4,
41). Cependant, il est difficile de différencier les effets de
la maladie de ceux du traitement sur le comportement
sexuel (16).
MÉCANISMES DES EFFETS
DES ANTIPSYCHOTIQUES SUR LA SEXUALITÉ
Les mécanismes par lesquels les antipsychotiques
peuvent agir sur les comportements sexuels sont multiples, à la fois centraux et périphériques (6, 24). Plusieurs
hypothèses mécanistiques sont évoquées (22). Une
action centrale non spécifique (sédation), liée au blocage
des récepteurs histaminergiques, peut être à l’origine
d’une diminution de l’activité sexuelle. L’antagonisme des
récepteurs alpha adrénergiques périphériques peut, pour
sa part, être à l’origine d’un priapisme (14). L’antagonisme
alpha, de même que l’antagonisme des récepteurs cholinergiques muscariniques peuvent jouer sur l’érection et
l’éjaculation (5). L’action sur les récepteurs sérotoninergiques joue un rôle important, comme en attestent par
ailleurs les effets indésirables sur la sphère sexuelle des
antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Ces effets sont centraux mais aussi périphériques
(20).
Le blocage des récepteurs dopaminergiques D2 commun à tous les antipsychotiques joue également un rôle
important, sachant que la dopamine intervient préférentiellement dans la libido et l’érection. Par ailleurs, le blocage des récepteurs D2 est à l’origine d’une augmentation
des taux plasmatiques de prolactine, responsable sur le
plan biologique d’une diminution de la testostérone et sur
le plan clinique de la survenue possible d’aménorrhée et
de galactorrhée, ainsi que d’une diminution globale de
l’activité sexuelle (29, 41). Toutefois, la normalisation de
la prolactinémie n’améliore pas la fonction sexuelle de
tous les patients (26, 41), montrant ainsi que les taux de
prolactine ne peuvent pas être considérés comme unique
marqueurs des troubles sexuels.
EFFET DIFFÉRENTIEL DES ANTIPSYCHOTIQUES
SUR LES COMPORTEMENTS SEXUELS DU PATIENT
SCHIZOPHRÈNE
Dans les années 1980, la différence de fréquence des
troubles sexuels en fonction du neuroleptique administré
a déjà été soulignée. Kotin et al. observent, dans une
étude chez des patients de sexe masculin, que 60 % des
57 patients traités par thioridazine ont des troubles
sexuels, notamment des troubles de l’éjaculation (éjacu700
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lation rétrograde). A contrario, seulement 25 % des
64 patients traités par les autres neuroleptiques ont des
troubles sexuels et aucun ne signale d’éjaculation rétrograde, même si la plupart se plaignent de troubles de
l’érection (33). Cet effet particulier pourrait être dû au profil
pharmacologique de la thioridazine, et en particulier lié à
la diminution observée des taux de testostérone et de LH
chez les patients prenant de la thioridazine en comparaison de ceux prenant d’autres antipsychotiques classiques
(12).
Les antipsychotiques apparus dans les années 1990
possèdent un profil pharmacologique différent des molécules classiques avec notamment une affinité souvent
moindre pour les récepteurs dopaminergiques D2 et plus
importante pour les récepteurs sérotoninergiques 5HT2
(tableau I). Leur effet sur la prolactine (4, 39, 43, 52, 53)
est également différent de celui des molécules classiques
(augmentation moindre ou transitoire). Il faut toutefois
noter que de nombreuses études actuellement disponibles sur les antipsychotiques atypiques tiennent peu
compte de l’impact des molécules sur les troubles sexuels
(tableau II) ou se limitent simplement au dosage de prolactine (7, 10, 15, 25, 33, 36).
TABLEAU I. — Affinité (Ki nM) des antipsychotiques
pour les récepteurs dopaminergiques, sérotoninergiques,
adrénergiques, histaminergiques et cholinergiques.
Olanzapine Rispéridone Clozapine
Halopéridol
Récepteur
D1
D2
D3
D4
5-HT1A
5-HT2A
5-HT2C
α1
H1
M1
31
11
49
27
> 10,000
4
23
19
7
1,6
430
4
10
9
3
0,5
25
0,7
20
> 10,000
85
126
473
35
875
16
16
7
6
1,9
210
0,7
2
3
1 100
45
> 10,000
6
440
> 1 500
Clozapine
La clozapine a une affinité relativement élevée pour de
nombreux récepteurs des monoamines, acétylcholine et
histamine. Elle occupe 50-75 % des récepteurs D4 alors
qu’elle n’occupe que 25 % environ des récepteurs D2 aux
doses qui occupent 90 % des récepteurs 5HT2.
Plusieurs observations cliniques de priapisme ont été
rapportées chez les patients traités par clozapine (14),
effet probablement en rapport avec la forte affinité de cette
molécule pour les récepteurs adrénergiques.
Dans une étude réalisée chez des patients schizophrènes de sexe masculin, la clozapine (n = 30) semble
moins altérer la satisfaction sexuelle, l’orgasme et la fréquence des pensées sexuelles que les antipsychotiques
classiques (n = 30). En revanche, il n’y a pas de différence
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Comportements sexuels chez le patient schizophrène : impact des antipsychotiques
TABLEAU II. — Principaux effets pharmacologiques des antipsychotiques et effets sur la sexualité.
Mécanismes pharmacologiques
Libido
Érection ou lubrification vaginale
Orgasme
Éjaculation
Inhibition
Inhibition ?
Priapisme ?
(Quand il n’y a pas de balance avec
la fonction noradrénergique)
?
Inhibition
?
Blocage des récepteurs
cholinergiques (M)
Blocage des récepteurs
dopaminergiques (D)
Blocage des récepteurs
histaminiques (H)
Blocage des récepteurs
noradrénergiques (1)
Blocage des récepteurs
noradrénergiques (2)
Blocage des récepteurs
sérotoninergiques (5HT2a)
Augmentation du taux de
prolactine
Inhibition
Priapisme ?
(Quand il n’y a pas de balance avec
la fonction noradrénergique)
Facilitation
?
Inhibition
Inhibition
Facilitation ?
?
Inhibition
entre les deux groupes concernant la stimulation et le dysfonctionnement sexuel (1). De plus, l’intérêt sexuel semble
être moins diminué avec la clozapine qu’avec la rispéridone ou qu’avec l’halopéridol/fluphénazine. La fréquence
des érections diminue davantage avec la rispéridone
qu’avec la clozapine ou l’halopéridol/fluphénazine (54).
Une autre étude sur 54 patients traités par halopéridol
(n = 17), clozapine (n = 17) ou rispéridone (n = 20) a montré que les troubles sexuels sont significativement plus fréquents chez les patients traités par rispéridone
(4 hommes et 12 femmes) en comparaison de ceux traités
par halopéridol (2 hommes et 3 femmes) ou clozapine
(3 hommes et 7 femmes). Cependant il faut noter que le
nombre de sujets par groupe dans cette étude était faible,
limitant l’extrapolation possible de ces résultats (37).
Une autre étude n’a pas montré de différence significative sur les troubles sexuels entre les patients sous clozapine (n = 100) et les patients sous halopéridol (n = 53)
au cours des 6 premières semaines de traitement. Dans
cette étude, les troubles identifiés par l’échelle UKU
étaient essentiellement une diminution du désir et des
troubles fonctionnels dont la fréquence était plus importante chez les hommes que chez les femmes. Chez les
hommes uniquement, une corrélation entre les taux plasmatiques de clozapine et la diminution du désir et les troubles fonctionnels était observée (24).
Inhibition ?
Plusieurs cas cliniques de priapisme ont été rapportés
chez des patients traités par rispéridone (14).
Dans une étude incluant 636 patients, Bobes et al. rapportent une fréquence de dysfonctionnement sexuel plus
élevée chez les patients traités par rispéridone (43,2 %)
que pour les patients traités par halopéridol (38,1 %) ou
pour ceux traités par olanzapine (35,3 %). Les effets
secondaires rapportés sur la fonction reproductive (gynécomastie, ménorragie, aménorrhée, galactorrhée) sont
relativement rares (11,7 % pour la rispéridone, 6,4 % pour
l’olanzapine, 6,9 % pour l’halopéridol) (9).
Des cas cliniques ont rapporté la survenue de troubles
éjaculatoires, de la diminution du désir et de la dysfonction
érectile chez des patients traités par rispéridone. Dans
une étude internationale incluant 906 patients traités par
rispéridone (4 et 8 mg) ou halopéridol (8 et 10 mg), l’incidence de troubles sexuels était similaire sous halopéridol
et sous rispéridone (40). Une autre étude, conduite sur un
faible nombre de patients (n = 54) suggère que l’halopéridol induit moins de troubles sexuels que la rispéridone
(et que la clozapine) (37). Enfin, il a été observé que la
fréquence des érections diminue davantage avec la rispéridone qu’avec la clozapine ou l’halopéridol/fluphénazine (54).
Amisulpride
Rispéridone
La rispéridone est un dérivé benzisoxazole qui a une
forte affinité pour les récepteurs D2 et 5HT2, mais aussi
pour les récepteurs alpha 1 et à un moindre degré alpha
2. Les études en PETscan ont montré qu’à des doses quotidiennes de 6 mg, la rispéridone occupe environ 78-88 %
des récepteurs 5HT2 et moins de 80 % des récepteurs D2.
L’amisulpride, comme le sulpiride, est une benzamide
substituée qui a une haute affinité pour les récepteurs D2/
D3. L’amisulpride occupe préférentiellement les récepteurs situés dans les régions limbiques et de l’hippocampe. De faibles doses bloquent préférentiellement des
récepteurs dopaminergiques présynaptiques et conduisent à une augmentation de la transmission dopaminergique.
701
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Dans une étude réalisée en double aveugle contre placebo sur 309 patients recevant soit l’amisulpride (4001 000 mg/j), soit la rispéridone (4-10 mg/j) pendant
6 mois, il a été observé que l’amisulpride entraînait moins
de symptômes endocriniens et sexuels (48).
Olanzapine
L’olanzapine est une dibenzodiazépine antagoniste
des récepteurs D2-5HT2 qui possède également une
haute affinité pour d’autres récepteurs comme les récepteurs alpha 1 adrénergiques, muscariniques et histaminergiques. Chez le volontaire sain, l’occupation des récepteurs 5HT2 corticaux atteint 74-92 % tandis que
l’occupation des récepteurs D2 du putamen atteint 5963 %.
Des cas de priapisme ont été rapportés chez des
patients traités par olanzapine (14).
L’olanzapine entraîne une élévation modérée et transitoire des taux de prolactine, plus faible que celle entraînée par l’halopéridol (7, 27) et la rispéridone (53). Dans
cette étude réalisée chez 339 patients schizophrènes,
cette moindre augmentation de prolactine sous olanzapine que sous rispéridone est associée à une fréquence
significativement moindre d’éjaculation retardée (2,8 %
versus 11, 5 %).
Comme mentionné plus haut, une étude a suggéré que
la fréquence des dysfonctionnements sexuels est possiblement moins élevée avec l’olanzapine qu’avec la rispéridone ou l’halopéridol (9). Toutefois, les troubles observés étaient liés à la dose pour ces trois molécules.
Une étude s’est intéressée à l’impact d’un changement
de traitement de rispéridone vers l’olanzapine chez
20 femmes schizophrènes ayant des perturbations menstruelles, une galactorrhée ainsi que des troubles sexuels
sous rispéridone. Après 8 semaines de traitement par
olanzapine, une diminution significative du taux de prolactine et des scores de la PANSS a été notée comparativement à l’état initial, ainsi qu’une amélioration (non
significative) des scores du DGSFS (26).
Une autre étude a comparé chez des femmes préménauposées présentant des troubles sexuels sous fluoxétine les effets de l’olanzapine (n = 38), de la yohimbine
(n = 35), de la mirtazapine (n = 36) et d’un placebo (n = 39)
administrés pendant 6 semaines. Les résultats sur les différents paramètres mesurés n’étaient pas homogènes,
mais l’olanzapine a montré une différence significative
favorable mais isolée sur l’auto-évaluation par la patiente
de sa fonction sexuelle générale en comparaison du placebo.
Plus récemment, une étude prospective observationnelle a inclus 570 patients schizophrènes des deux
sexes nouvellement traités par olanzapine (n = 362), par
rispéridone (n = 140) et par des antipsychotiques classiques (n = 68). La fonction sexuelle était évaluée par le
patient et le psychiatre à l’inclusion, à 3 mois et à 6 mois.
Après 3 mois de traitement, la perte de libido liée aux
702
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antipsychotiques, la dysfonction sexuelle liée aux antipsychotiques, et l’auto-évaluation par le patient de la
modification de sa performance sexuelle différaient significativement entre les groupes de traitement après ajustement sur la sévérité à l’inclusion. Après 6 mois de traitement, la dysfonction sexuelle liée aux antipsychotiques
différait également entre les groupes. Si, numériquement, les différences observées étaient en faveur de
l’olanzapine (moins de troubles sexuels en comparaison
du groupe rispéridone ou neuroleptiques typiques),
aucune différence significative entre ces trois groupes
n’était notée (8). Ces résultats préliminaires doivent
cependant être confirmés sur un plus grand nombre de
patients et à plus long terme.
CONCLUSION
Contrairement à la dépression pour laquelle des études
de grande envergure ont étudié les troubles sexuels associés (3, 11, 38, 45), la modification du comportement
sexuel chez le patient schizophrène, spontanée ou sous
l’action de thérapeutiques, n’a pas encore fait l’objet d’études extensives.
Les troubles sexuels sont fréquents chez le patient schizophrène traité par antipsychotiques. Ils pré-existent souvent au traitement et peuvent s’améliorer pendant celuici. Leur fréquence est sous-estimée alors qu’ils constituent un des effets les plus gênants pour le patient et son
conjoint, pouvant possiblement conduire à une diminution
de la compliance.
Les études actuellement disponibles, et dont nous
avons déjà souligné la rareté, les faibles effectifs et les limites épidémiologiques suggèrent fortement l’existence de
différences entre les antipsychotiques que sont la thioridazine, la rispéridone, l’amisulpride, la clozapine,
l’halopéridol et l’olanzapine en termes d’impact sur la
sexualité. Les premiers semblent entraîner plus d’effets
délétères sur la sexualité que les derniers cités.
Même si ces données doivent être confirmées par des
études prospectives randomisées et des suivis de
cohorte, l’effet des antipsychotiques sur la sexualité pourrait constituer un facteur supplémentaire à prendre en
compte dans le choix du traitement.
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