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L’Encéphale (2012) 38, S110-S115
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.elsevier.com/locate/encep
Interventions psychothérapeutiques et psychosociales
et endophénotypes dans les troubles bipolaires
Psychotherapeutic and psychosocial interventions and endophenotypes
in bipolar disorders
N. Correarda,*, S N. Elissaldea,, J.-M. Azorina,, E. Fakraa,, R. Belzeauxa,
aPôle
Universitaire de Psychiatrie, Hôpital Sainte-Marguerite, 13274 Marseille cedex 9, France
MOTS CLÉS
Troubles bipolaires ;
Endophénotypes ;
Interventions
psychothérapeutiques
et psychosociales
KEYWORDS
Bipolar disorders;
Endophenotypes;
Psychotherapeutic
and psychosocial
interventions
Résumé Maladies à déterminisme complexe, les troubles bipolaires, impliquent à la fois
des facteurs de vulnérabilité environnementale et génétique. La caractérisation de ces
vulnérabilités permettrait d’une part, une meilleure connaissance de leur étiologie et
d’autre part, d’envisager le développement de nouvelles thérapeutiques, plus spécialisées,
voire préventives. La recherche en psychiatrie génétique a permis de mettre en évidence
des endophénotypes candidats associés aux troubles bipolaires. Ce sont des « traits »
cliniques ou biologiques dits endogènes, plus simples, biologiquement plus élémentaires
que les phénotypes cliniques et « liés » plus directement aux conséquences physiologiques
des gènes et de leurs polymorphismes. Cibler certains d’entre eux avec des interventions
psychothérapeutiques et psychosociales adaptées, pourrait réduire les conséquences liées à
leur expression et ainsi avoir une action sur l’évolution de la maladie mais aussi préventive.
© L’Encéphale, Paris, 2012
Summary Diseases with complex determinism, bipolar disorders, involve at the same
time environmental and genetic factors of vulnerability. The characterization of these
vulnerabilities would allow a better knowledge of their etiology and envisage the
development of therapeutics, more specialized, even preventive. The research in genetic
psychiatry allowed to highlight endophenotype candidates associated to bipolar disorders.
They are endogenous clinical or biological features, biologically more elementary than
phenotypes and more directly bound to the physiological consequences of genes and their
polymorphisms. Targeting some of them with specific psychotherapy and psychosocial
interventions could reduce the consequences of their expression and so have an action on
the course of the disease and also preventive.
© L’Encéphale, Paris, 2012
Introduction
Les troubles bipolaires, dont la prévalence est de 1 à
2 % en population générale, sont des affections dont le
déterminisme est complexe. L’existence d’une vulnérabilité génétique dans les troubles bipolaires est établie. La
*Correspondance.
Adresse e-mail : [email protected] (N. Correard)
© L’Encéphale, Paris, 2012. Tous droits réservés.
recherche d’endophénotypes, qui pourrait aider à discriminer les facteurs protecteurs ou favorisants l’émergence
de la pathologie chez des sujets vulnérables, permettrait
également d’envisager de nouvelles approches thérapeutiques, plus focalisées, voire ayant un impact préventif.
Dans ce contexte, parmi les approches thérapeutiques,
Interventions psychothérapeutiques et psychosociales et endophénotypes dans les troubles bipolaires
S111
nous ferons ici la revue de la littérature des interventions
psychothérapeutiques et psychosociales qui pourraient
avoir un rôle à jouer dans ces nouvelles perspectives de
soin.
Après avoir présenté les approches psychothérapeutiques et psychosociales centrées ou adaptées aux troubles
bipolaires, nous présenterons les endophénotypes candidats
susceptibles d’être ciblés par celles-ci.
Vulnérabilité génétique
aux troubles bipolaires
Prises en charge psychothérapeutiques
et psychosociales dans les troubles
bipolaires
Les études familiales, de jumeaux et les études d’adoption,
en démontrant le rôle important que jouent les facteurs
génétiques dans la vulnérabilité aux troubles bipolaires, ont
justifié le développement de la recherche en psychiatrie
génétique en particulier des études de liaison, d’association
et de criblage du génome. Les études de génétique suggèrent
que la vulnérabilité génétique aux troubles bipolaires serait
le produit de différences génétiques, ou polymorphismes
de certains gènes spécifiques. Mais la réplication de ces
résultats est difficile et a entraîné une double réflexion
méthodologique. La première s’est intéressée à démembrer
l’hétérogénéité des troubles bipolaires pour identifier les
sous-types homogènes et plus génétiquement déterminés
afin de faciliter l’identification des facteurs de vulnérabilité
génétique. C’est en particulier la définition des troubles
bipolaires dont l’âge de début est précoce. La seconde
concerne le choix des méthodes d’épidémiologie génétique
qu’il convient d’appliquer pour identifier les facteurs de
vulnérabilité génétique de pathologies multifactorielles
complexes, dont on ne connaît pas le modèle génétique.
Dans ce cadre, l’approche fondée sur le concept d’endophénotype [1] permet une « dissection génétique » des troubles
psychiatriques plus efficace que sur la base des phénotypes
cliniques habituels [2].
Les endophénotypes sont des « traits » cliniques ou
biologiques dits endogènes, plus simples, biologiquement
plus élémentaires que les phénotypes cliniques et « liés »
plus directement aux conséquences physiologiques des
gènes et de leurs polymorphismes [3]. Il peut s’agir de
dysfonctionnements neurophysiologiques, biochimiques,
endocrinologiques, neuro-anatomiques, cognitifs et neuropsychologiques, qui, dans de nombreux cas, n’entraînent
pas directement de symptômes manifestes nommés alors
exophénotypes.
Les principales caractéristiques théoriques des endophénotypes sont d’être :
• spécifiques du trouble ;
• indépendants de l’état (c’est-à-dire sans fluctuation au
cours de l’évolution de la maladie, en particulier en
fonction de l’intensité des symptômes) ;
• présents chez les membres d’une même famille ;
• héritables (l’endophénotype est associé à une variation
génétique et montre une co-ségrégation avec la maladie) ;
• distribués de façon normale dans la population générale ;
• évaluables de façon sensible et spécifique, bien qu’ils ne
soient pas forcément quantitatifs [2,4,5].
L’identification d’endophénotypes et donc de marqueurs
de vulnérabilité aux troubles bipolaires, pourrait permettre
d’envisager de nouvelles modalités thérapeutiques, plus
spécifiques, qui pourraient avoir une action sur l’évolution
de la maladie mais également un intérêt préventif.
Actuellement, dans le domaine des prises en charge
psychothérapeutiques et psychosociales, certaines approches
ciblent déjà ou pourraient cibler totalement ou partiellement
un certains nombre d’endophénotypes candidats, dans le but
de réduire les conséquences liées à leur expression.
Plusieurs interventions spécifiquement centrées ou adaptées
à la prise en charge des troubles bipolaires ont montré leur
efficacité.
La psychoéducation
dans les troubles bipolaires
Les mesures psycho-éducatives consistent en une information
structurée, et en une éducation, des patients et/ou leurs
familles.
La psychoéducation a pour objectif d’apprendre à
connaître le trouble, de favoriser la prise de conscience et
l’acceptation de la maladie, d’améliorer l’observance du
traitement, de permettre la reconnaissance des symptômes
précurseurs d’une rechute, de diminuer les symptômes
résiduels, d’augmenter les capacités à faire face aux conséquences psychosociales des épisodes, d’éviter l’usage et
l’abus de toxiques, de permettre la régularisation des styles
de vie, la prévention des conduites suicidaires, l’amélioration
du bien-être et de la qualité de vie entre les épisodes et
d’établir et maintenir une alliance thérapeutique.
Perry et al. [6] montrent que l’association de la psychoéducation à la prise en charge médicale, entraîne une réduction
significative du risque de rechutes maniaques. Colom et
al. [7], montrent que la psychoéducation, comparativement
à une intervention de soutien non structurée et non spécifique, entraîne une diminution significative des récidives (ou
apparition d’un nouvel épisode) maniaques, hypomaniaques et
dépressives chez des patients normothymiques. Ces résultats
se confirment après un suivi de 5 ans pour un sous-groupe
de patients souffrant d’un trouble bipolaire de type II [8].
Promulguer un programme de psychoéducation aux « aidants »
de patients euthymiques entraîne une diminution significative
du nombre de récidives maniaques et hypomaniaques chez les
patients [9]. Ces études suggèrent donc que la psychoéducation est efficace, en adjonction à la prise en charge médicale,
pour la prévention des épisodes de manie, d’hypomanie et de
dépression dans les troubles bipolaires de type 1 et de type 2.
La psychoéducation pourrait avoir un rôle préventif chez
des sujets à haut risque de développer un trouble bipolaire
comme chez les individus présentant un trouble bipolaire en
permettant aux premiers de limiter le nombre de facteurs de
risques de développer la maladie et aux seconds de réduire
l’impact des facteurs favorisants une récidive thymique.
Les thérapies cognitives et comportementales
(TCC)
Les thérapies comportementales et cognitives pour les
troubles bipolaires ont pour objectif de diminuer les rechutes
thymiques en proposant d’améliorer l’observance médicamenteuse, d’identifier de manière précoce les prodromes
S112
dépressifs ou maniaques, d’apprendre aux patients différents
moyens comportementaux et cognitifs pour combattre les
premiers symptômes ; d’apprendre la technique de résolution
de problème pour réduire les conséquences psychosociales
de la maladie, d’identifier les facteurs de stress personnels
qui augmentent la probabilité des rechutes, d’aider à l’identification de l’humeur, des cognitions et des comportements
(récapitulatif sur la vie entière du trouble bipolaire, feuille
de route des principaux symptômes dépressifs et maniaques,
graphe quotidien de l’humeur).
Lam et al. [10] ont réalisé une étude sur un échantillon
de 123 patients randomisés en deux groupes : un groupe
contrôle recevant uniquement une prise en charge médicale
et un groupe qui a suivi un programme de thérapie cognitive
et comportementale, d’une quinzaine de séances, combiné
avec la prise en charge médicale. Les résultats montrent
que le groupe de patients qui a bénéficié de la thérapie
cognitive et comportementale, récidivaient significativement moins et étaient moins fréquemment hospitalisés, la
durée des épisodes était significativement moins longue,
les patients présentaient également moins de symptômes
subsyndromaux, géraient mieux leurs épisodes maniaques et
avaient un meilleur fonctionnement social. Scott et al. [11]
ont comparé 42 patients souffrant d’un trouble bipolaire
dont la moitié a suivi un programme de thérapie cognitive et
comportementale en individuel d’une durée de 6 mois (soit
22 séances environ) associé à la prise en charge médicale et
l’autre n’a reçu que la prise en charge médicale. Les auteurs
observent, après la thérapie cognitive et comportementale,
une amélioration significative de la symptomatologie dépressive et de l’observance du traitement.
La thérapie interpersonnelle
et des rythmes sociaux (IPSRT)
Dans leur modèle d’instabilité, Goodwin et Jamison [12]
postulent l’existence de trois facteurs impliqués dans la
récidive thymique : les événements de vie éprouvants, la non
observance médicamenteuse et la dérégulation des rythmes
circadiens. Ils postulent également que les individus souffrant
d’un trouble bipolaire sont biologiquement vulnérables à la
dérégulation des rythmes circadiens et que certains facteurs
(comme voyager à travers des fuseaux horaires, changement
de saisons, stresseurs psychosociaux) peuvent également
aggraver la perturbation de l’horloge biologique notamment
les rythmes veille/sommeil. Cette dysrégulation va avoir une
incidence sur la production de symptômes.
La thérapie interpersonnelle et des rythmes sociaux se
fonde sur l’hypothèse que mettre en place des rythmes sociaux
stables et réguliers et développer l’adaptation aux changements de routines et la gestion plus efficace des problèmes
interpersonnels comme le deuil pathologique, les conflits
interpersonnels, la transition de rôle difficiles, les déficits
interpersonnels, devraient entraîner une meilleure régulation
des rythmes circadiens et ainsi diminuer le risque de récidive.
Frank et al. [13] montrent qu’administrer au cours du
traitement en aigu un programme de thérapie interpersonnelle et des rythmes sociaux chez des patients présentant un
épisode thymique (dépressif, maniaque ou mixte), augmente
significativement la durée de la normothymie, la régularité
ainsi que la stabilité des rythmes sociaux et réduit significativement le nombre de récidives sur une période de deux ans,
comparativement à ceux qui ont reçu une prise en charge
clinique intensive. Miklowitz et al. [14] comparent, l’efficacité,
N. Correard et al.
sur une période de 9 mois, de 30 séances de thérapie interpersonnelle et des rythmes sociaux (ou de TCC ou de Family
Focused Therapy) à un soin collaboratif abrégé (3 séances sur
une période de 6 mois) chez des patients souffrant d’un trouble
bipolaire de type I ou II présentant un épisode dépressif majeur.
Les trois psychothérapies intensives permettent d’obtenir un
nombre significativement plus important de rémissions et une
réduction significativement plus importante du temps pour
obtenir la rémission. Donc la thérapie interpersonnelle et des
rythmes sociaux semble efficace, en adjonction au traitement
médicamenteux, pour augmenter la stabilité des rythmes
sociaux, prévenir les rechutes thymiques et permettre un
rétablissement plus rapide.
La thérapie centrée sur la famille
La thérapie centrée sur la famille peut également être
indiquée dans la prise en charge des troubles bipolaires.
La période qui suit immédiatement l’hospitalisation est
difficile à gérer pour les familles de patients bipolaires et
peut conduire à une désorganisation du fonctionnement
de celles-ci. En outre, les styles comportementaux généralement adoptés par les familles tel qu’un haut niveau
d’expression émotionnelle, de l’hostilité, des critiques, des
interactions conflictuelles et négatives, un déni du trouble,
peuvent participer au déclenchement de nouveaux épisodes
thymiques. Le but ultime est de rétablir un nouvel équilibre
et aider la famille à faire face à la maladie en favorisant
la connaissance des troubles bipolaires ; l’acceptation du
traitement ; la conscience du lien entre évènements de
vie stressants, rupture des rythmes sociaux et épisodes
thymiques ; l’acquisition de stratégies de prévention des
rechutes ; le retour à des relations plaisantes et fonctionnelles entre les membres de la famille (techniques de
communication et résolution de problèmes).
Miklowitz et al. [15] ont conduit une étude auprès de
101 patients souffrant d’un trouble bipolaire randomisés en
deux groupes, l’un recevant 21 séances de thérapie centrée
sur la famille en adjonction au suivi médical et l’autre
une intervention moins intensive. Les résultats montrent
une diminution significative du nombre de récidives et des
symptômes thymiques ainsi qu’une amélioration significative
de l’observance médicamenteuse. Miklowitz et al. [16] ont
sélectionné 13 enfants, de patients présentant un trouble
bipolaire de type I ou II, satisfaisant aux critères d’épisode
dépressif majeur, trouble cyclothymique ou trouble bipolaire
non spécifié, pour participer, avec leur famille, à 12 séances
de thérapie centrée sur la famille réparties sur 4 mois. Les
résultats montrent une diminution significative des symptômes thymiques et une amélioration significative du fonctionnement psychosocial. La thérapie centrée sur la famille
semble prometteuse pour réduire le risque de conversion
syndromique des jeunes à hauts risques de développer un
trouble bipolaire.
La remédiation cognitive
La remédiation cognitive consiste en un ensemble de
techniques rééducatives qui visent à restaurer les fonctions
cognitives défaillantes ou à y pallier.
Des études ont montré que, dans les troubles bipolaires,
les déficits cognitifs entraînent une diminution du fonctionnement dans les domaines du travail, de la famille et des
Interventions psychothérapeutiques et psychosociales et endophénotypes dans les troubles bipolaires
relations sociales [17-23] et sont associés un faible niveau
de qualité de vie [24].
L’efficacité de la remédiation cognitive sur le fonctionnement cognitif et psychosocial a souvent été étudiée
dans la schizophrénie et peu dans les troubles bipolaires.
Deckersbach et al. [25] ont ciblé spécifiquement les déficits
des fonctions exécutives, qui sont associés à un fonctionnement psychosocial défectueux, avec un programme
de remédiation cognitive chez des patients atteints d’un
trouble bipolaire. Les résultats montrent une amélioration
significative du fonctionnement exécutif et psychosocial.
Quels endophénotypes candidats
cibler avec les interventions
psychothérapeutiques et psychosociales ?
Parmi les endophénotypes candidats mis en évidence,
certains pourraient être ou sont déjà la cible de certaines
interventions psychothérapeutiques et psychosociales recommandées dans les troubles bipolaires.
Les endophénotypes neurocognitifs
La méta-analyse de Bora et al. [25] est basée sur 45 études
réalisées chez des patients bipolaires euthymiques. Ces études
comparent les performances cognitives de 1446 patients avec
celles de 1524 sujets contrôles. Parmi elles, 17 portent sur les
apparentés sains de patients souffrant de troubles bipolaires
(443 apparentés sains de patients souffrant d’un trouble
bipolaire et 797 contrôles sains).
Les résultats montrent que des déficits d’inhibition, de
flexibilité et d’attention soutenue (plus spécifiquement les
difficultés à détecter les cibles au CPT) sont significativement
plus importants chez les patients souffrant de troubles bipolaires et leurs apparentés sains que chez les sujets contrôles.
Ces résultats permettent de considérer ces déficits comme
des endophénotypes candidats crédibles pour les troubles
bipolaires.
Cibler les endophénotypes cognitifs candidats avec un
programme de remédiation cognitive pourrait optimiser
la réponse au traitement et améliorer le fonctionnement
psychosocial dans les troubles bipolaires. Un tel programme
devrait avoir trois objectifs. Premièrement, proposer de
la psychoéducation sur les troubles cognitifs associés aux
troubles bipolaires dans le but de faire le lien entre les
plaintes subjectives, les difficultés de fonctionnement
psychosocial et les déficits cognitifs objectivés par le bilan
neuropsychologique, permettrait d’augmenter la motivation à participer au programme de remédiation cognitive.
Deuxièmement, ils viseraient l’amélioration du fonctionnement des processus d’inhibition et de flexibilité cognitive,
d’une part en permettant aux patients de développer un
traitement cognitif de contrôle à l’aide du « Problem Solving
Training » [26] et du « Goal Training Management » [27,28].
Et, d’autre part, en utilisant des techniques de restauration
(stimulation intensive des fonctions déficitaires), de rééducation écologique (travail spécifique d’une tâche proche de la
vie quotidienne), de thérapie cognitive et comportementale
comme remplacer un schéma comportemental par un autre
plus adapté (prise de conscience, autorégulation ou modification des comportements) et développer une meilleure gestion
émotionnelle des situations cognitivement exigeantes.
S113
Troisièmement, pour les déficits d’attention soutenue, les
techniques de restauration, de rééducation écologique et
les stratégies de compensation pourraient être utilisées.
L’impulsivité
Corraze et Albaret [29] définissent l’impulsivité comme des
réponses ou des actions exécutées sans prendre la peine d’un
temps de réflexion.
Ces auteurs soulignent le caractère plurifactoriel de
l’impulsivité : réflexion insuffisante avant la réponse, difficulté à contrôler l’inhibition, incapacité à attendre une
récompense (toute attente du renforcement devient très vite
insupportable), incapacité à contrôler ses comportements en
rapport avec les exigences de l’environnement.
Bien que la présence d’une impulsivité élevée soit associée à la symptomatologie maniaque aigue [30], plusieurs
études montrent la présence d’une impulsivité significativement plus élevée chez des individus souffrant de trouble
bipolaire de type 1 en phase d’euthymie comparativement
à des sujets sains contrôles [31-35].
Des études familiales, de jumeaux et d’adoption montrent,
que les apparentés sains de patients souffrant d’un trouble
bipolaire, ont une impulsivité significativement plus élevée [3639] et une réponse d’inhibition (qui implique certains aspects
de l’impulsivité) significativement plus perturbée [40,41] que
des sujets contrôles. Récemment, Lombardo et ses collaborateurs [31], ont trouvé que le score d’impulsivité à la BIS-11 était
significativement plus élevé chez les patients présentant un
trouble bipolaire de type 1 que chez leurs apparentés sains qui,
eux-mêmes, avaient un score d’impulsivité significativement
plus élevé que les sujets contrôles. Ces résultats suggèrent ainsi
la participation d’une composante génétique dans l’impulsivité
et en font ainsi un endophénotype candidat.
La composante d’inhibition de l’impulsivité pourrait être
ciblée, comme nous l’avons dit plus haut, avec des techniques appartenant au champ de la remédiation cognitive
(« Problem Solving Training », « Goal Training Management »,
techniques de restauration et de rééducation écologique).
Certaines techniques de thérapie cognitive et comportementale pourraient également avoir leur utilité en permettant
d’augmenter la conscience des situations qui génèrent des
comportements impulsifs, en restructurant les cognitions
dysfonctionnelles en lien avec les comportements impulsifs,
en développant la gestion des émotions, en apprenant à
utiliser la technique « stop and go » et des comportements
alternatifs, ainsi qu’en développant des techniques de
communication et d’affirmation de soi.
L’anxiété
Contreras et al. [42] ont trouvé dans leur étude que l’anxiété
trait (niveau d’anxiété qu’un individu ressent habituellement
dans sa vie), mesurée à l’aide de l’inventaire d’anxiété trait
et état (STAI), était significativement plus importante chez
des individus souffrant d’un trouble bipolaire de type 1 que
chez leurs apparentés sains qui, eux-mêmes, avaient une
anxiété trait significativement plus forte que des sujets
contrôles sains. Ces résultats permettent de postuler que
l’anxiété trait peut être un endophénotype candidat pour
le trouble bipolaire 1.
Les techniques de thérapie cognitive et comportementale,
adaptées aux troubles anxieux, seraient intéressantes pour
S114
cibler l’anxiété, notamment les techniques émotionnelles
(relaxation, cohérence cardiaque…), la restructuration cognitive, la résolution de problème, les techniques d’exposition,
les techniques d’affirmation de soi et de communication. Si
les difficultés de communication et l’expression d’un haut
niveau d’émotion au sein de la famille, influent sur le niveau
d’anxiété, la thérapie centrée sur la famille pourrait avoir
également avoir un intérêt.
N. Correard et al.
Conclusion
Le « neuroticisme », qui est l’un des cinq facteurs du modèle
de la personnalité à cinq facteurs (ou Big Five), désigne
une disposition : aux émotions négatives (comme l’anxiété,
la colère, la dépression) ; à une réactivité émotionnelle
accrue (s’émouvoir face à des événements qui n’affectent
peu ou pas la plupart des gens, à percevoir les situations
ordinaires comme menaçantes et les frustrations mineures
comme insurmontables) ; à des réactions négatives plus
longues. En outre, les émotions éprouvées peuvent entraver
les capacités à raisonner, à prendre des décisions et à faire
face aux situations stressantes.
Nowakowska et al. [43] montrent, dans leur étude, que
les patients présentant un trouble bipolaire ont des scores de
« neuroticisme », mesurés avec le « the Revised NEO Personality
Inventory » (NEO-PI-R) [44], significativement plus élevés que
les sujets contrôles sains. Les études de jumeaux suggèrent,
quant à elles, que l’héritabilité des traits de personnalité du
modèle à cinq facteurs se situerait entre 40 % et 60 % [45- 47].
La thérapie cognitive et comportementale de la dépression et la thérapie des schémas de Young [48] peuvent être
utiles pour cibler le « Neuroticisme ».
Les études génétiques sont en faveur de l’existence d’endophénotypes dans les troubles bipolaires. Présents avant
et pendant la maladie, mais également chez les apparentés
sains, ils participent à la vulnérabilité aux troubles bipolaires. Un des objectifs des approches psychothérapeutiques
et psychosociales pourrait être, en ciblant spécifiquement
certains endophénotypes, de limiter les conséquences de
leur expression, par conséquent d’améliorer le cours de la
maladie, et d’avoir une action préventive.
Notamment, pour certains endophénotypes candidats,
comme les déficits neurocognitifs, l’impulsivité, l’anxiété, le
« neuroticisme » et les rythmes circadiens, il serait possible
d’envisager une prise en charge intégrant, sous forme de
modules, des techniques issues de différentes approches.
Premièrement, un tel programme devrait proposer de la
psychoéducation sur les troubles bipolaires incluant, de
l’information sur les déficits cognitifs. Deuxièmement, un
module de remédiation cognitive qui adresserait spécifiquement les endophénotypes neurocognitifs et la composante
cognitive de l’impulsivité. Troisièmement, un module centré
sur la régulation des rythmes circadiens avec les techniques
issues de la thérapie interpersonnelle et des rythmes sociaux
et des Thérapies Cognitives et Comportementales des
troubles bipolaires. Quatrièmement un module, utilisant des
techniques issues des TCC pour cibler l’anxiété, l’impulsivité
et le « neuroticisme », telles que la restructuration cognitive,
la thérapie centrée sur les schémas, les techniques de gestion
des émotions et les techniques comportementales. Enfin,
la thérapie centrée sur la famille pourrait également être
utile dans le cas ou le contexte familial pourrait favoriser
l’augmentation de l’expression de ces endophénotypes.
Les rythmes circadiens
Déclaration d’intérêts
Les rythmes circadiens sont des rythmes biologiques d’une
durée de 24 heures environ. Ils se manifestent par des
variations cycliques d’un grand nombre de paramètres
physiologiques (activité métabolique, sécrétion d’hormones,
veille-sommeil…).
Les individus souffrant d’un trouble bipolaire en
phase d’euthymie présentent une instabilité des rythmes
circadiens [49], sont plus sensibles aux influences environnementales, telles que les conditions climatiques et
les changements de saison [50] et ont une perturbation
significative du fonctionnement relié au sommeil caractérisé
par un faible niveau d’activité journalière et des insomnies
nocturnes [51]. Les résultats d’études de jumeaux, dans des
fratries saines, sont en faveur d’une héritabilité de l’horloge
circadienne humaine [52]. En outre, un polymorphisme dans
le gène de l’horloge circadienne humaine hPER2 semble
significativement associé aux fluctuations circadiennes de
l’humeur et à la récurrence de la maladie dans le trouble
bipolaire [53].
La thérapie interpersonnelle et des rythmes sociaux,
en permettant la régularisation et la stabilité des rythmes
veille/sommeil et des rythmes sociaux ainsi qu’une gestion
plus efficace des problèmes interpersonnels, induit une
meilleure régulation des rythmes circadiens, et ainsi diminue le risque de récidive thymique. Par ailleurs, certaines
composantes de la thérapie cognitive et comportementale
et de la psychoéducation visent également la régularité des
rythmes veille/sommeil et des rythmes sociaux.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt en lien
avec cet article.
Le « neuroticisme »
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