ESTIME DE SOI Journée Mondiale des Troubles Bipolaires 29/03/2016 Dr Guillard-Bouhet Nathalie Fédération des Hôpitaux de Jour (CECAT/CREATIV) Centre Hospitalier H.Laborit POITIERS SOMMAIRE HISTORIQUE INTERET DU CONCEPT d’estime de soi (ES) DEFINITION DES 3 COMPOSANTES DE L’ES CONSTRUCTION de L’ES ESTIME DE SOI DANS LA MALADIE BIPOLAIRE RESTAURER ET DEVELOPPER SON ESTIME DE SOI CONCLUSION ET BIBLIOGRAPHIE HISTORIQUE 1890 : William James « Principles of Psychology »(1) Concept de « self-esteem » «L’estime de soi est de 2 sortes : la satisfaction et le mécontentement de soi ». Aux USA/ En France « aestimare » (latin) qui signifie « évaluer », double signification « déterminer la valeur de » et « avoir une opinion sur » INTERET du concept=regardjugement Lorsqu’il est positif Lorsqu’il est négatif Il permet d’agir efficacement, de se sentir bien dans sa peau, de faire face aux difficultés de l’existence. Il engendre nombre de souffrances et de désagréments qui viennent perturber notre quotidien. Prendre le temps de mieux cerner son Estime de soi est un exercice utile. Définition des 3 composantes de l’ES L’amour de soi : « inconditionnel », on s’aime malgré les défauts, ses limites, les revers…etc. Il ne dépend pas des performances. (nourritures affectives) La vision de soi : c’est le regard que l’on porte sur soi, la connaissance de soi et la conviction que l’on a d’être porteur de qualités ou de défauts. (attentes, projets, projections des parents sur l’enfant). La confiance en soi : elle s’applique à nos actes, c’est l’apprentissage des règles de l’action (oser, persévérer, accepter les échecs…). Elle se transmet par l’exemple et le discours. Confiance en soi C.André (1) : fondamentale, la confiance en soi permet d’agir, donc rôle primordial pour maintenir ou développer une bonne ES « les petits succès au quotidien sont nécessaires à notre équilibre psychologique ». C.Gay (2) : conséquence de l’ES, d’où la représentation ci-contre. Construction de l’ES Dès l’enfance, l’ES se construit grâce aux nourritures affectives (l’enfant se nourrit littéralement de l’amour qu’il reçoit de ses parents, intentions +gestes d’amour)=soutien inconditionnel. Et aux nourritures éducatives (=soutien conditionnel) qui relèvent de l’apprentissage, apprendre à son enfant à être socialement compétent (à l’aise dans les groupes sans agressivité ni retrait) et à susciter de la part des autres des attitudes pouvant nourrir son ES. EXCES et MANQUE Confiance en soi Estime de soi Manque : anxiété, évitement, dépression. Manque : repli sur soi, dépression, trouble de la personnalité. Excès : agir sans tenir compte des conséquences, surestimation des capacités, sousestimation des limites. Excès : mauvaise image sociale, manque d’estime pour les autres. Estime de soi et maladie bipolaire Facteur de risque : Kandel 1982 (1) a montré qu’une basse ES à l’adolescence jouait un rôle dans la survenue d’une dépression à l’âge adulte. Hall et coll. 1996 , sur une cohorte de 738 femmes enceintes, a trouvé que le risque de faire une dépression du post-partum était fortement augmenté quand l’ES était basse au départ. Les plus à risque : sujets à basse ES stable et haute ES instable. Différences entre basse ES et dép Basse estime de soi État durable Trait de personnalité Moral fragile, en dents de scie Dépression Modification par rapport à état antérieur Maladie Tristesse pathologique Problèmes pour agir: insatisfaction, procrastination Difficultés majeures à agir : pas d’envie, pas de plaisir Pas de troubles physiques Pb appétit, sommeil, asthénie Pas d’idées de mort ou suicide Parfois IDS Pas de problème de concentration, mémoire Troubles concentration, mémoire Estime de soi et maladie bipolaire Nilsson (5) 2010: méta-analyse de 10 études : les scores à l’échelle d’ES (SES : Rosenberg SelfEsteem Scale) sont plus faibles dans une population de patients bipolaires qu’en population générale, et plus faibles encore chez patients avec EDM. Dans les études récentes : l’ES des patients bipolaires en phase normothymique a tendance à être plus basse et moins stable qu’en population générale (3). D’où l’idée d’en faire une cible thérapeutique Thérapeutique (1) Les thérapies cognitivocomportementales (TCC) ont montré leur efficacité dans l’accélération de la rémission clinique et la diminution du taux des récidives dépressives (2) Programme de Lam : le plus évalué et modèle de référence (C.Mirabel-Sarron) (6) Pour l’Estime de Soi 1groupe/HdJ Evaluation pré/post Motivation Se connaître S’accepter Faire taire le critique intérieur AGIR Savoir s’affirmer Thérapeutique(3) : Evaluation Échelle de Rosenberg SES : Self Esteem Scale Remplie en pré et postgroupe Thérapeutique (2):motivation La motivation amène le changement. ES dépend des influences du passé, si on ne fait rien : proies du « pilote automatique » Mais le présent psychologique n’est pas seulement dominé par le passé (C.André). Tester dans la réalité les précepts du changement plutôt que de lire des livres sur l’ES. Thérapeutique (4) : Se connaître Travail sur l’autoobservation à partir de: La lifechart (Lam): fait appel à la mémoire autobiographique souvent fragile. L’auto-portrait : liste d’adjectifs de qualités et de défauts, si difficile, adaptation en demandant aux proches bienveillants Thérapeutique (5) : s’accepter Métaphore : fleur de l’estime de soi, à comparer à la fleur de lotus. -bonne ES ne veut pas dire sans défaut. -les assumer, ou les changer. -insatisfaction=tension, on apprend mieux dans ambiance sereine. Thérapeutique (6) : s’accepter Accepter=lâcher-prise, renoncer à la recherche toxique d’une perfection illusoire (1) Bénéfices de l’acceptation : amélioration du bienêtre émotionnel et facilitation du changement personnel. S’entrainer à dire « oui » : « oui , c’est comme ça même si ça m’ennuie »(4) Demeurer dans la situation présente Accepter l’idée du pire : dérouler les scénarios catastrophes (mindfulness) Accepter le passé: « paix des émotions »=nettoyer les souvenirs douloureux de leur charge émotionnelle. Thérapeutique (7) : faire taire le critique intérieur. =jugements constamment négatifs et limitants, autocritique constante. Prise de conscience : 4 colonnes de Beck (situation/émotion/cognition-PA/comportement) Permet de faire la différence entre ce qui se passe (les faits) et ce que j’en pense (mon interprétation) Eviter les 4R : arrêter de ruminer, ressasser, râler, ne rien faire. Recherche de pensées alternatives aux pensées de doute et dévalorisation: -avis extérieurs-souligner réussites, succès… Thérapeutique(8) : AGIR Gymnastique d’entretien de l’ES -liste des activités que les personnes pourraient réaliser avec impact bénéfique sur ES (hobby, passion, activités abandonnées, …) -la vie quotidienne fournit de nombreux objectifs mêmes modestes. -objectifs réalistes, accessibles, sous-objectifs, petites actions. -agenda pour planification -auto-renforcement (se féliciter) -accompagnement parfois nécessaire pour amorcer l’action. Cercle vicieux/vertueux Conclusion Dernière stratégie : l’affirmation de soi (AS), développée dans les années 60, les études ont montré que l’AS ne sert pas seulement à obtenir ce que l’on souhaite, mais aussi à amener un mieuxêtre et à développer son ES. A CREATIV : groupe d’Entrainement aux Habiletés Sociales (EHS) ; au CECAT : groupe d’Affirmation de Soi. Pour les personnes souffrant de maladie bipolaire, l’objectif des groupes ES est double : améliorer l’ES et maintenir une normo-thymie (et ainsi diminuer le nombre de rechutes). Merci de votre attention Bibliographie (1) C.ANDRE ; F.LELORD : l’Estime de Soi. Odile Jacob, 2000. (2) C.GAY ; M.COLOMBANI : Manuel de Psychoéducation, troubles bipolaires. Dunod 2014. (3) S.LAUER : Estime de soi et trouble bipolaire. Santé Mentale. Février 2014, p.60-63. (4) C.ANDRE : Imparfaits, libres et heureux. Pratiques de l’estime de soi. Odile Jacob, 2009. (5) KK.NILSSON : self-esteem in remitted bipolar disorder patients : a meta-analysis. Bipolar disorders 2010,:12, p.585-592. (6) C.MIRABEL-SARRON : apports des thérapies comportementales et cognitives dans les troubles bipolaires. Ann.Méd.Psy, 164 (2006), p.341-348.