Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - nos 1-2 - janvier-février 2010
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Syndrome d’apnée du sommeil chez l’obèse : mécanismes et conséquences
si les femmes sont peu touchées avant la ménopause
–cela étant en partie lié à l’eet protecteur hormonal–,
le risque d’être aectées augmente ensuite.
Si le traitement d’un SAS sévère ne fait pas de doute,
il est parfois dicile et complexe de déterminer un
seuil au-delà duquel survient un retentissement cardio-
vasculaire ou une somnolence diurne excessive. En
eet, de nombreux travaux tendent à montrer qu’avec
l’âge, la prévalence du SAS augmente mais ils démon-
trent en outre qu’il existe deux types de SAS : l’un qui
apparaît chez le sujet d’âge moyen, souvent associé à
d’autres pathologies comme le syndrome métabolique
et comportant un risque cardio-vasculaire important
et l’autre, qui survient, au-delà de 65 ans, et dont les
conséquences sont moindres (3, 4, 6).
Critères diagnostiques du SAS
Le diagnostic d’apnée du sommeil est posé à partir
de faisceaux d’arguments cliniques et paracliniques.
Cliniquement, ronchopathie, sensations d’étoue-
ment, pauses respiratoires, fragmentation du sommeil,
sommeil non réparateur, fatigue diurne, somnolence
diurne excessive, céphalées matinales, hypersudation
nocturne, nycturie, troubles attentionnels, troubles
cognitifs et syndromes dépressifs sont classiquement
décrits dans le cadre du SAS. On y associe également le
surpoids ou l’obésité, l’hypertension artérielle, souvent
dicile à stabiliser. Des anomalies morphologiques
ont été rapportées (cou court et épais, obésité viscé-
rale, microrétrognacie, anomalies ORL (hypertrophie
amygdalienne, par exemple…). Néanmoins, si la lit-
térature est exhaustive à ce sujet, la grande majorité
des adultes sourant d’apnée du sommeil n’a aucune
anomalie morphologique touchant les VAS et vice
versa (7).
Diérents examens peuvent aider au diagnostic : la
saturation en oxygène nocturne (comptabilisant le
nombre d’épisodes de désaturation de 3 ou 4 % par
rapport à la valeur de base de l’enregistrement), la
polygraphie ventilatoire, en milieu hospitalier ou en
ambulatoire (mesurant le débit nasal ou naso-buccal,
les mouvements thoraco-abdominaux, l’oxymétrie, la
position et le ronement). Néanmoins, ces examens
restent des examens de dépistage. L’examen de réfé-
rence est la polysomnographie à domicile ou en milieu
hospitalier, analysant les événements respiratoires, mais
aussi la qualité du sommeil.
Selon les critères actuels, lors d’un enregistrement de
la respiration pendant le sommeil, la somme des évé-
nements respiratoires, apnées ou hypopnées, durant
plus de 10 secondes, rapportés par heure de sommeil,
constitue un indice appelé l’IAH. Le SAS est caractérisé
par un IAH supérieur ou égal à 5 événements par heure
de sommeil, associé à un sommeil non récupérateur
et/ou à une somnolence diurne excessive. Plus l’IAH
est élevé, plus le SAS est sévère : entre 5 et 15, le SAS
est modeste, entre 15 et 30, le SAS est modéré mais
au-delà de 30, le SAS est sévère.
Il existe différents types d’événements respiratoires :
ils peuvent être obstructifs (présence d’efforts respi-
ratoires liés à la lutte contre un obstacle en amont, au
niveau des VAS), centraux (disparition de tout effort
ventilatoire) ou mixtes. Dans le cadre d’événements
respiratoires obstructifs, la ronchopathie est la forme
la plus modérée et le SAS, la forme la plus sévère.
Un syndrome obstructif particulier a été décrit par
Guilleminault et al. en 1993 (8) : le syndrome de hautes
résistances des voies aériennes supérieures, défini
par un IAH inférieur ou égal à 5, une somnolence
diurne excessive, une augmentation de la dépression
inspiratoire mesurée par la pression intra-œsopha-
gienne et un indice de microéveils de plus de 10 par
heure (réactions d’éveil de moins de 15 secondes,
secondaires aux efforts respiratoires). Quel que soit
le type de trouble respiratoire obstructif, il est, le
plus souvent, associé à un problème d’obésité ou
de surpoids, et repose sur les mêmes aspects phy-
siopathologiques.
Dans le cadre de l’obésité, le syndrome d’hypoventila-
tion alvéolaire peut compliquer un SAS. Ce syndrome
est déni par un indice de masse corporelle supérieur
à 30 (kg/m2), associé à une hypoventilation (avec PaCO2
supérieure à 45 mmHg). L’association des deux patholo-
gies nécessite la réalisation d’explorations respiratoires
plus poussées.
La Task Force de l’AASM a proposé des critères diagnos-
tiques reconnus et faisant l’objet d’un consensus quant
à la dénition du SAS (tableau).
Tableau. Critères diagnostiques de la Task Force de l’AASM (1).
Diagnostic de SAS : association des critères A et/ou B et C
Critère A : Somnolence diurne excessive inexpliquée
Critère B : 2 au moins des critères suivants : • ronflement sévère
• arrêts respiratoires nocturnes
• éveils nocturnes répétés
• sommeil non réparateur
• fatigue diurne
• altération de la concentration
Critère C : critère polysomnographique : • IAH + microéveils respiratoires ≥ 5/heure