Trouble du comportement du sommeil paradoxal (améric. REM sleep
behavior disorder)
C’est une parasomnie qui débute généralement vers la cinquantaine et qui touche avec
prédilection le sexe masculin. La perte de l’atonie musculaire normalement présente en
sommeil paradoxal (SP) donne lieu à des comportements moteurs complexes qui
semblent être le reflet de l’activité onirique du sujet dans ce stade de sommeil. Cette
entité clinique décrite par Schenk et al. (1986) avait été soupçonnée bien avant par
Jouvet dont les expériences chez le chat dans les années 60 avaient démontré
l’apparition des comportements moteurs en SP secondaires à des lésions des voies
neuronales responsables de l’inhibition motrice (lésions du tegmentum pontique).
Clinique. Il s’agit d’épisodes de comportement souvent auto et hétéro agressif
inhabituel déclenchés au cours du SP, chez des adultes n’ayant habituellement aucun
problème psychiatrique ni comportement agressif diurne. Ces attaques violentes
surviennent dans la deuxième partie de la nuit, le sujet arbore un comportement
sauvage, lance des ruades, des coups de pieds et de poings, se jette hors du lit
provoquant parfois des collisions. Si on réveille le sujet au cours d’un tel accès il
rapportera un rêve ou un cauchemar concordant avec les comportements moteurs
observés. Ces épisodes ont été observés dans une grande variété de pathologie
neurologique tel que : démence, dégénérescence olivo-ponto-cérébelleuse, syndrome de
Guillain Barré. La notion d’agitation nocturne associée à des cauchemars et qui n’est pas
confinée à la première partie de la nuit doit évoquer la possibilité de comportements
anormaux au cours du SP. Il est à noter que les violences au cours du sommeil peuvent
poser parfois des problèmes médico-légaux.
Polysomnographie. Un enregistrement polysomnographique (incluant l’EMG des
jambiers antérieurs) couplé à une surveillance vidéo est indiqué pour distinguer les
comportements anormaux du SP du somnambulisme et de l’épilepsie temporale. Ces
enregistrements montrent la survenue des comportements anormaux lors de séquences
de brusques mouvements oculaires rapides qui s’accompagnent de potentiels
myocloniques sur l’EMG. Le diagnostic ne peut être posé si des comportements moteurs
sont observés pendant le SP alors que l’atonie musculaire n’est pas complète.
Traitement. Le clonazépam-Rivotril® est le traitement recommandé pour les troubles
comportementaux en SP. Il s’agit d’une benzodiazépine qui fait disparaître les
cauchemars et diminue le nombre et l’intensité des comportements, tout en inhibant les
bouffées phasiques d’EMG en SP, sans cependant rétablir l’atonie musculaire. Le
clonazépam a une certaine action facilitatrice sur la transmission sérotoninergique. Les
neurones sérotoninergiques du raphé ont un effet inhibiteur sur les évènements
phasiques du SP, ce qui pourrait expliquer l’effet thérapeutique du clonazépam dans
cette maladie. Cheliout-Heraut F., Onen S.H.
Bibliographie :
- Jouvet M, Delorme F. - Locus coeruleus et sommeil paradoxal. C.R. Soc Biol
(Paris) 1965, 159 : 885-899.
- Lapierre O., Montplaisir J. - Les parasomnies. L’Encéphale, 1992, 18 : 353-360.
- Moldofsky H., Gilbert R, Lue F.A, MacLean A.W. - Forensic sleep medicine :
violence, sleep, nocturnal wandering. Sleep, 1995, 18, 9 : 731-739.
- Schenk C.H., Bundlie S.R., Ettinger M.G. Mahowald M. W. - Chronic behavioral
disorders of human sleep : a new category of parasomnia. Sleep, 1996, 9 : 293-
308.
Onen S.H., Onen F. - Dictionnaire de Médecine du Sommeil, ellipses/édition marketing
S.A., 1998, p. 206-207 (224 p.)