En cours de traitement, la mesure de la charge virale pourrait
permettre d’évaluer l’efficacité du traitement sur la réplication
virale. En effet, on observe fréquemment une dissociation entre
l’évolution des transaminases et celle de la charge virale, en
particulier en cas d’association interféron-ribavirine. Le suivi
de la charge pendant et après traitement est donc le seul moyen
permettant d’apprécier l’effet du traitement sur le virus. Par
ailleurs, la cinétique de décroissance de la charge VHC obser-
vée en début de traitement serait un facteur prédictif de réponse
prolongée. Des études prospectives contrôlées et randomisées
sont en cours.
! Suivi après transplantation hépatique. Chez les patients
transplantés pour cirrhose virale C, lors de la réinfection du
greffon, on observe un pic de virémie précédant de quelques
jours l’hépatite aiguë avec une élévation significative de la
charge virale par rapport à son niveau pré-greffe. L’observation
de ces pics permettrait de faire la preuve d’une hépatite liée à
la réinfection du greffon.
TRAITEMENT DE L’HÉPATITE CHRONIQUE C PAR L’ASSOCIA-
TION INTERFÉRON-RIBAVIRINE
P. Marcellin (Paris) a rapporté les résultats des dernières études
concernant le traitement des patients porteurs d’une hépatite C
chronique par l’association interféron-ribavirine.
Chez les patients naïfs, l’association interféron-ribavirine
entraîne une réponse complète prolongée chez 33 à 48 % des
patients versus 6 à 18 % pour ceux traités par l’interféron seul.
Deux études récentes incluant plus de 1 700 patients (Poynard
et coll. Lancet 1998 ; 352 : 1426-32 ; McHutchison et coll.
N Engl J Med 1998 ; 339 : 1485-92) montrent la supériorité de
l’association interféron-ribavirine (31 à 35 % de réponse viro-
logique prolongée après 6 mois de bithérapie, 38 à 43 % après
12 mois) par rapport à l’interféron en monothérapie (13 à 19 %
après 12 mois). Les patients infectés par un génotype 2 ou
3 et/ou présentant une charge virale 2 x 106Eq.génomes/ml
ont une réponse virologique prolongée de 47 à 64 % après
un traitement d’un an. Chez les patients infectés par un
génotype 1, 4, 5, ou 6 et/ou présentant une charge
virale>2x10
6Eq.génomes/ml, la réponse virologique prolon-
gée est de 30 à 40 % après un traitement d’un an. Ces résultats
doivent inciter à traiter les patients par l’association interféron-
ribavirine, qui peut désormais être considérée comme le traite-
ment de choix de l’hépatite C chronique.
Chez les patients ayant rechuté après un premier traitement par
l’interféron, une étude portant sur 345 patients (Davis et coll.
N Engl J Med 1998 ; 21 : 1493-9) a montré l’efficacité de la
bithérapie. Une réponse virologique prolongée a été obtenue
chez 49 % des patients traités par l’association interféron-riba-
virine contre 5 % chez ceux traités par l’interféron seul pen-
dant six mois. Une amélioration significative de l’histologie
hépatique a pu être obtenue avec la bithérapie.
Les patients non répondeurs à un premier traitement par l’in-
terféron en monothérapie ont des taux de réponse faibles en
bithérapie, allant de 0 à 19 %.
L’association interféron-ribavirine est généralement bien tolé-
rée. La ribavirine est responsable de l’apparition d’une anémie
hémolytique chez environ 30 % des patients, nécessitant par-
fois une réduction des doses. L’utilisation de ribavirine présente
un risque cardiovasculaire, en particulier chez les patients athé-
romateux.
FACTEURS VIRAUX DE RÉSISTANCE AUX TRAITEMENTS :
EXEMPLE DU VHC
J.M. Pawlotsky (Paris) a rappelé les différents paramètres viro-
logiques identifiés comme prédictifs de la réponse virale pro-
longée après traitement.
! Charge virale préthérapeutique et génotype. Un génotype
2 ou 3 ainsi qu’une faible charge virale sont indépendamment
associés à une forte probabilité de réponse virologique soute-
nue chez les sujets traités par interféron seul ou associé à la
ribavirine.
! Cinétique de réplication virale. Les études de dynamique
virale montrent que la demi-vie du VHC dans la circulation
périphérique est d’environ 3 heures, et 1012 particules virales
sont produites quotidiennement. Lors d’une administration
intermittente d’interféron (3 injections par semaine), la chute
de la charge virale dans les 24 heures qui suivent l’injection est
suivie d’un rebond à 48 heures. Ce rebond n’est pas observé
lorsque l’injection d’interféron est quotidienne. L’administra-
tion quotidienne de fortes doses d’interféron provoque dans les
deux premiers jours du traitement une diminution rapide de la
charge virale, cette diminution étant dose-dépendante. Un trai-
tement agressif de l’hépatite C permettrait ainsi un contrôle pré-
coce de la réplication virale augmentant le taux de réponse viro-
logique prolongée.
! Chez un sujet infecté, le VHC circule sous forme d’un
mélange de variants viraux génétiquement distincts définissant
une répartition en quasi-espèces. La complexité génétique
des quasi-espèces du VHC avant traitement chez un patient
donné semble être un paramètre prédictif indépendant de la
réponse virologique soutenue. Seuls les patients présentant une
faible complexité génétique de leur quasi-espèce circulante
pourraient éliminer le virus après un traitement standard par
l’interféron.
! La présence de séquences particulières dans certaines régions
du génome, notamment la région NS5A, pourrait également
être associée à la résistance des souches au traitement. La pro-
téine NS5A inhiberait l’autophosphorylation de la protéine
kinase, indispensable à son action antivirale.
L’interféron exerce une pression de sélection qui modifie pro-
fondément la composition des sous-populations virales circu-
lantes. Chez les malades résistants au traitement, des sous-popu-
lations majoritaires avant traitement vont disparaître ou devenir
minoritaires, alors que des variants minoritaires avant traite-
ment vont être sélectionnés en raison de leur meilleure adap-
tation aux nouvelles conditions environnementales.
P. Trimoulet, Bordeaux
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 3 - mars 1999
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