L hepatite C au quotidien

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L’HEPATITE C
AU QUOTIDIEN
Docteur Denis OUZAN
L’hépatite C, reconnue par la présence d’un anticorps dirigé contre le virus de l’hépatite C (VHC), est
souvent vécue comme un drame personnel et familial par la plupart des patients. Les actions d’incitation au
dépistage ciblé ont conduit à une augmentation importante de la population des personnes connaissant leur
statut sérologique. Parmi les nouveaux malades dépistés, le pourcentage de ceux qui ont une hépatite chronique
minime a augmenté. Les modes de contamination ont évolué : diminution des cas associés à la transfusion et
augmentation de ceux liés à l’usage de drogue, associés parfois à des comorbidités (alcool, coinfection VIH).
Recherche d’ARN
La première préoccupation chez un sujet reconnu comme anticorps anti VHC positif, est de savoir si le
virus est présent dans le sang. Une simple prise de sang pour recherche qualitative de l’ARN du VHC suffit. En
l’absence d’ARN (40% des sujets dépistés), et sous réserve d’un contrôle ultérieur négatif, le patient peut être
considéré comme guéri et définitivement rassuré.
Transmission
Lorsque l’ARN du VHC est présent (60% des sujets dépistés), il s’agit le plus souvent d’une hépatite
chronique. Dans cette situation, il convient en premier lieu de rassurer le patient sur les risques de transmission
à son entourage familial. En évitant tout contact avec le sang d’un sujet infecté, ce risque est nul et l’utilisation
d’un préservatif n’est pas justifiée dans le couple régulier dont l’un des partenaires est positif pour l’hépatite C.
Evolution
Il faut convaincre le patient que les complications (cirrhose et/ou cancer) sont loin d’être inéluctables.
L’évolution d’une hépatite chronique virale C, habituellement lente (sur des décennies), sera d’autant plus
rapide que l’âge est élevé au moment de la contamination (>40 ans), que la consommation d’alcool est
excessive et qu’il existe une coinfection VHC+VIH.
Les sujets virémiques, seuls susceptibles d’évoluer, disposent souvent d’un ou de plusieurs tests de
virémie quantitative, ou charge virale, qui les plongent dans une grande inquiétude. Or, il est admis que la
quantité de virus circulant n’est pas parallèle à la gravité de la maladie. Le seul témoin de la gravité de
l’infection repose sur l’estimation de l’atteinte histologique du foie. L’examen de référence reste aujourd’hui
le prélèvement millimétrique de foie ou ponction biopsie hépatique. Ce geste invasif pourrait être remplacé par
une simple prise de sang lorsque les tests qui permettent de prédire l’état du foie seront complètement validés,
ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.
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Les traitements
L’efficacité des traitements a augmenté au cours des dernières années. Elle est passée de 15% avec
l’Interféron standard, à plus de 50% (tous malades confondus) avec l’association Interféron Pégylé alpha 2a
(Pégasys) ou 2b (Viraféron Peg) + Ribavirine (Rebetol ou Copegus). Les Interférons Pégylés ont l’avantage
d’être administrés une seule fois par semaine (par voie sous cutanée). Ils ont la même efficacité. Ce résultat
global recouvre des situations différentes selon la souche virale ou le génotype. Les génotypes les plus
fréquemment retrouvés en France sont les génotypes 1 (70% des cas) et les génotypes 2 et 3 (30% des cas).
Ainsi, l’association Interféron alpha 2a – Ribavirine pendant 6 mois, permet d’obtenir une éradication virale
chez environ 80% des malades infectés par un génotype 2 et 3, mais elle n’est efficace que chez environ 50%
des malades de génotype 1 (pour un traitement de 12 mois). Les effets secondaires des traitements sont
fréquents mais rarement sévères.
Le Paracétamol et/ou les AINS sont les traitements préventifs de l’état pseudo grippal. Parmi les autres
traitements, il faut citer les soins de peau, le traitement d’un prurit, d’une toux, d’une insomnie, d’une
intolérance digestive et d’un syndrome dépressif qui survient dans environ 30 % des cas. Il faut éviter de
prescrire du Fer devant une anémie liée à la Ribavirine, que l’on sait associée à une hémolyse.
La mise en place d’un traitement apparaît comme un vrai contrat de confiance entre un malade et ses
médecins. L’indication du traitement repose, sauf cas particulier (génotype 2, 3), sur l’estimation des lésions
du foie. Le patient doit être prévenu des chances de guérison ainsi que des différents effets secondaires, dont il
a souvent entendu parler de façon péjorative. Il faut retenir qu’un traitement antiviral n’est jamais une urgence
et doit s’adapter à la vie sociale, professionnelle et familiale du patient.
Le suivi
Une fois le traitement initié, le patient sera revu régulièrement par les différents soignants impliqués
dans sa prise en charge (médecin traitant, spécialiste, biologiste, pharmacien). Le patient doit être informé, dès
la première prescription, des dangers d’une élimination incorrecte du matériel usagé injectable. Les
consultations régulières permettront d’écouter et de rechercher tout signe ou symptôme susceptible de faire
l’objet d’un traitement spécifique.
L’adhésion du patient augmente indiscutablement l’efficacité virologique du traitement.
Dans les cas de moins bonne réussite (génotype 1), il est possible de prédire, dès la 12ème semaine,
l’efficacité du traitement. Cette prévision apparaît comme une aide pour le patient dans la poursuite d’un
traitement parfois pénible. Elle pourrait permettre, pour le médecin, d’offrir à son patient les meilleures chances
d’obtenir une éradication virale.
Conclusion
L’hépatite C ne doit plus apparaître comme une maladie effrayante. Son dépistage a progressé au cours
de ces 5 dernières années. Il appartient au médecin généraliste de reconnaître et d’orienter les malades
susceptibles de développer une maladie du foie. Il est possible de guérir aujourd’hui plus de la moitié des
malades. La guérison dépend de la motivation du patient, de son adhésion au traitement et d’une prise en charge
globale qui fait intervenir tous les professionnels de santé, ainsi que l’entourage familial.
Août 2004
L’Hépatite C au quotidien - Dr Ouzan
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