LIBÉRALE Hépatite C Quelle stratégie thérapeutique ? Des progrès importants ont été réalisés ces dernières années dans la connaissance de l’épidémiologie de l’infection par le VHC. Une conférence de consensus ANAES fait le point des évolutions afin d’actualiser la stratégie de prise en charge. L a sévérité de l’hépatite chronique C est principalement définie par le degré de fibrose. Les indications du traitement reposent sur l’évaluation des lésions histologiques du foie mais elles sont modulées par la prise en compte des facteurs individuels et virologiques. L’objectif du traitement est l’éradication du virus mais aussi la prévention, la stabilisation et la régression, si possible, des lésions hépatiques. Examens Les anticorps anti-VHC sont détectés par deux prélèvements successifs analysés par deux réactifs différents. Il faut ensuite chercher une réplication virale par la détection qualitative de l’ARN du VHC dans le sérum. L’absence de réplication témoigne d’une infection guérie et, si la valeur des transaminases est correcte, aucune exploration complémentaire n’est nécessaire. Une enquête clinique doit précéder tout examen complémentaire, notamment la recherche des signes extrahépatiques, des signes physiques de cirrhose et des éléments en faveur d’une comorbidité. Le bilan biologique comprend des tests hépatiques et la détermination du génotype viral. La charge virale est, elle, prédictive de la réponse au traitement. L’échographie abdominale permet d’étudier le parenchyme hépatique et de chercher des signes d’hypertension portale. Une biopsie hépatique est généralement effectuée par voie transpariétale. Elle est indispensable dans la majorité des cas parce que le degré de fibrose est le paramètre essentiel du pronostic et de la décision thérapeutique. Traitements Les traitements comprennent les antiviraux, la transplantation hépatique et les mesures d’accompagnement. Le traitement antiviral a reposé successivement sur l’IFN (interféron) standard, la bithérapie IFN + ribavirine, et associe aujourd’hui IFN PEG (pégylé) + ribavirine. Il existe deux IFN PEG : a-2a et a-2b. La durée du traitement varie selon 38 Professions Santé Infirmier Infirmière - No 37 - mai 2002 le génotype du virus de 24 à 48 semaines. La stratégie thérapeutique est spécifique à chaque malade. Les effets indésirables sont souvent présents et agissent lourdement sur la qualité de vie. En cas de primo-infection par le VHC détectée (souvent asymptomatique), certains commencent un traitement immédiatement, d’autres attendent l’augmentation des transaminases. En cas d’hépatite C ictérique, la recommandation est de ne pas traiter immédiatement compte tenu de la possibilité d’une guérison spontanée constatée dans environ 50 % des cas. Les hépatopathies virales C représentent environ 20 % des indications de transplantation hépatique en France. Cependant, une réinfection du greffon survient dans la quasi-totalité des cas. Quant aux mesures d’accompagnement, elles concernent la consommation d’alcool et de tabac, l’excès de poids (facteur de stéatose) et les vaccins VHB. L.G. D’après la conférence de consensus ANAES Enquête nationale de prévalence • La prévalence des adultes ayant des anticorps anti-VHC a été évaluée à 1,1 % et 1,2 % . • Quatre-vingts pour cent de ces sujets sont virémiques (le nombre de personnes atteintes d’une affection chronique par le VHC est estimé à 400 000 à 500 000). • Chez les usagers de drogue en intraveineuse, la prévalence de l’infection est de 60 % environ. • Chez les détenus, elle serait d’au moins 25 %. • Chez les sujets atteints par le VIH, elle est d’environ 25 %. • Ils sont 25 000 à 30 000 sujets atteints d’une co-infection VIH-VHC. La majeure partie des malades diagnostiqués correspond à des personnes contaminées depuis longtemps, et leur nombre ne reflète pas celui des nouvelles contaminations. L’incidence actuelle de l’infection virale C n’est pas connue avec précision. On estime que l’incidence annuelle des nouvelles contaminations est de l’ordre de 5 000, dont 70 % seraient associées à la toxicomanie.