Avec 8293 nouveaux cas estimés en France en 2000, dont 64
%survenant chez l’homme, le cancer du rein représente 3 %
de l’ensemble des cancers incidents et se situe, par sa fré-
quence, au 7ème rang chez l’homme et au 9ème rang chez la
femme. Les taux d’incidence standardisés sont de 12,2 chez
l’homme et de 5,7 chez la femme (sex-ratio de 2,1).
Ce cancer se situe au 13ème rang des décès par cancer (3607
décès dont 65 % chez l’homme) et représente 2,4 % de l’en-
semble des décès par cancer. Les taux de mortalité standardi-
sés sont de 4,6 chez l’homme et de 1,7 chez la femme [19].
En 2000, l’âge médian du diagnostic était de 67 ans chez
l’homme et de 70 ans chez la femme. Le taux d’incidence
s’élève à partir de 35 ans pour atteindre son maximum à 70
ans. Après 75 ans, l’incidence décroît mais la mortalité reste
croissante [19].
Le risque d’être atteint d’un cancer du rein augmente à mesu-
re que les cohortes de naissance sont plus récentes. Le taux
cumulé 0-74 ans de cancer du rein, qui était de 1,23 % pour
les hommes nés en 1928, est de 2,18 % pour les hommes nés
en 1953. Chez les femmes, on observe un doublement du
risque, passant de 0,48 % à 1,05 %. En revanche, le risque de
décès est pratiquement stable chez l’homme et en légère
diminution chez les femmes [19].
L’incidence augmente chez l’homme au cours des deux der-
nières décennies. Entre 1978 et 2000, le taux annuel moyen
d’évolution de l’incidence est de + 2,70 % chez l’homme et
de + 3,74 % chez la femme. Dans le même temps, la morta-
lité n’a que légèrement augmenté. Cet effet est principale-
ment dû au vieillissement de la population comme le montre
l’évolution pratiquement nulle de la mortalité standardisée
[19].
Les taux d’incidences les plus élevés sont retrouvés dans le
nord-est de la France (Haut-Rhin, Bas-Rhin) et les plus bas
dans les départements du Sud (Isère, Tarn, Héraut).
Les taux français sont proches de ceux observés dans l’Euro-
pe du Nord, tant pour l’incidence que la mortalité. L’Irlande
présente des taux notablement inférieurs à ceux des autres
pays européens. L’Italie et la Suisse ont un taux d’incidence
supérieur, sans pour autant montrer de surmortalité significa-
tive [19].
Sur les différents continents, la tendance générale est à l’aug-
mentation de l’incidence, quelles que soient les régions, les
groupes ethniques ou le sexe. Entre 1973 et 1992, les régions
scandinaves ont présenté l’augmentation la plus nette mais
c’est au Japon que l’incidence a le plus augmenté pour les
hommes (+ 171 %) et en Italie pour les femmes (+ 107 %)
[11]. Une augmentation forte de l’incidence est également
retrouvée aux Etats-Unis dans les résultats du « SEER pro-
gram » [4]. Cet augmentation s’accompagne toutefois d’une
amélioration de la survie tant aux Etats-Unis que dans divers
pays européens [6].
Les progrès de l’imagerie médicale peuvent expliquer ce
type d’évolution mais il n’est pas montré aujourd’hui qu’il
n’existe pas d’augmentation du risque.
En dehors de la maladie de Von Hippel-Lindau dont le carac-
tère génétique est connu, les facteurs de risques les mieux
identifiés restent la consommation de tabac, l’obésité et l’hy-
pertension artérielle : 50 % des cancers du rein seraient attri-
buables à ces trois facteurs [1]. L’arrêt du tabac s’accompa-
gne d’une diminution linéaire du risque de cancer rénal mais
vingt ans paraissent nécessaires à la récupération d’un risque
normal [16]. L’influence du surpoids et de l’obésité semble
se confirmer tant chez l’homme que la femme [5, 8]. Les can-
cers du rein de l’obèse ne sont cependant pas diagnostiqués à
des stades plus avancés que dans la population de poids nor-
mal [18].
Certaines expositions professionnelles [2, 3, 9, 12, 20], l’ab-
sence d’activité physique [10, 13], certaines habitudes ali-
mentaires et procédés chimiques agroalimentaires [7, 14,
15], l’infection urinaire chronique [17] restent des facteurs de
risques discutés. Le rôle de l’environnement apparaît aujour-
d’hui de plus en plus probable.
Il existe, depuis 20 ans à travers le monde, une forte aug-
mentation de l’incidence du cancer du rein, tant chez
l’homme que la femme. La mortalité reste cependant sta-
ble, en légèredécroissance chez la femme.
Le vieillissement de la population et l’augmentation des
diagnostics fortuits liés aux progrès de l’imagerie n’expli-
quent pas à eux seul cette tendance. Les facteurs de
risque avérés sont la consommation de tabac, l’obésité et
l’hypertension artérielle (Niveau III-2).Certaines exposi-
tions professionnelles, habitudes alimentaires et l’envi-
ronnement ont probablement aussi un rôle dans le genè-
se d’un cancer du rein (Niveau IV-1).
I. EPIDEMIOLOGIE ET FACTEURS DE RISQUE
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