COURS 11. 4. Transformée de Fourier d’une gaussienne. Pour α > 0, x2 f (x) = e−α 2 (1) est de classe C ∞ (infiniment dérivable) et à décroissance rapide. Donc sa transformée de Fourier fˆ(p) doit avoir les mêmes propriétés: être à décroissance rapide, comme conséquence de f (x) ∈ C ∞ , et être infiniment dérivable, comme conséquence de f (x) à décroissance rapide. Nous allons faire le calcul de fˆ(p) par deux méthodes différentes. Pour simplifier ces calculs, nous acceptons d’abord la valeur particulière pour le paramèttre α: x2 α = 1, f (x) = e− 2 (2) Nous trouverons ensuite la transformée de Fourier de f (x) pour α général en utilisant les propriétés générales. 1) Calcul direct. 1 Z +∞ x2 ˆ f (p) = √ dx exp{− − ipx} 2 2π −∞ 1 Z +∞ 1 p2 =√ dx exp{− (x + ip)2 − } 2 2 2π −∞ p2 1 Z +∞+ip z2 dz exp{− } = e− 2 √ 2 2π −∞+ip (3) Nous avons changé la variable d’integration: x+ip = z, dx = dz; le contour d’intégration pour la variable z est indiqué dans la Fig.1. Ensuite, on peut remettre le contour d’intégration sur l’axe réel, Fig.2. Il est facile de vérifier que les intégrales sur les parties l1 et l3 du contour d’intégration s’annulent. Sur l2 z = x de nouveau, et on trouve: p2 p2 x2 1 Z +∞ fˆ(p) = e− 2 √ dxe− 2 = e− 2 2π −∞ 1 (4) Ici nous avons utilisé le résultat: Z +∞ x2 dxe− 2 = √ 2π (5) −∞ Il peut le trouver de la manière suivante: Z +∞ ( x2 dxe− 2 )2 = Z +∞ −∞ = Z 2π 0 dx −∞ dϕ Z ∞ 0 ρdρe − ρ2 2 Z +∞ dye− x2 +y 2 2 −∞ =π Z ∞ 2 2 − ρ2 d(ρ )e =π 0 Z ∞ t dte− 2 = 2π (6) 0 –d’où le résultat de l’éq.(5). Donc, nous avons obtenu le résultat suivant: 2 2 p x F : f (x) = e− 2 → fˆ(p) = e− 2 (7) Observons que la fonction gaussienne est unique dans le sens qu’elle reste invariante sous la transformation de Fourier. 2) Calcul indirect. x2 1 Z +∞ ˆ dxe− 2 e−ipx f (p) = √ 2π ∞ (8) x2 x2 1 Z dfˆ(p) 1 Z =√ dxe− 2 (−ix)e−ipx = i √ dx(−x)e− 2 e−ipx dp 2π 2π x2 x2 d 1 Z d (−1) Z = i√ dx (e− 2 )e−ipx = i √ dxe− 2 (e−ipx ) dx dx 2π 2π 2 x2 (−1) Z 1 Z − x2 −ipx √ √ =i dxe (−ip)e = −p dxe− 2 e−ipx = −pfˆ(p) 2π 2π dfˆ(p) = −pfˆ(p) dp dfˆ(p) = −pdp fˆ(p) (9) (10) (11) 2 p fˆ(p) = Ce− 2 (12) où C est une constante. Sa valeur est définie par fˆ(0): x2 1 Z +∞ ˆ f (0) = √ dxe− 2 = 1 2π −∞ 2 (13) Par l’éq.(12), C = 1, et on trouve le même résultat que dans le premier calcul: 2 p fˆ(p) = e− 2 (14) Dans le cas d’une valeur générale du paramètre α on trouve: x2 f (x) = e−α 2 = e− (λx)2 2 , λ= √ α (15) En utilisant la propriété de la transformation de Fourier par rapport à la dilatation, on obtient: F [e− (λx)2 2 ](p) = p2 x2 1 1 p2 1 p 1 F [e− 2 ]( ) = e− 2 ( λ ) = √ e− 2α λ λ λ α (16) Donc: p2 x2 1 F : f (x) = e−α 2 → fˆ(p) = √ e− 2α α (17) Exercice. Donner des arguments pour: F : f (x) = e−α (x−x0 )2 2 p2 1 → fˆ(p) = √ e−ipx0 e− 2α α (18) 5.Réciprocité. 5.1.Remarques preliminaires On définit l’opération F ∗ de la manière suivante: 1 Z +∞ dpeipx g(p) = F [g(p)](−x) F ∗ [g(p)](x) = √ 2π ∞ (19) Nous allons démontrer que, sous certaines conditions, on a: F ∗ [fˆ(p)](x) ≡ F ∗ [F [f (x)](p)](x) = f (x) (20) F ∗ F f (x) = f (x) (21) ou simplement: qui signifie que, au sens du produit des opérations, F ∗ F est une opération d’identité: F ∗F = 1 3 (22) D’abord, il nous faudra: 5.2.Lemme. Si f (x) et g(x) sont intégrables, alors f (x)ĝ(x) et fˆ(x)g(x) le sont, et Z +∞ dxf (x)ĝ(x) = Z +∞ dxfˆ(x)g(x) (23) −∞ −∞ Démonstration: Z +∞ dxf (x)ĝ(x) = Z +∞ −∞ 1 =√ 2π = Z +∞ −∞ = Z +∞ −∞ Z +∞ −∞ dx Z +∞ 1 Z +∞ dxf (x) √ dyg(y)e−ixy 2π −∞ dyf (x)g(y)e−ixy −∞ 1 Z +∞ dyg(y) √ dxf (x)e−iyx 2π −∞ dyg(y)fˆ(y) (24) −∞ Nous avons utilisé le théorème de Fubini pour des intégrales doubles. 5.3.Théorème. Si f (x) et fˆ(y) sont intégrables, alors F ∗ F f (x) = f (x) (25) Démonstration. Pour la démonstration on utilise une fonction auxiliaire: gλ,x (y) = eiyx− λ2 y 2 2 (26) On considère gλ,x (y) comme une fonction de la variable y et de deux paramètres λ et x. Observons d’abord que: ĝλ,x (y) = F [gλ,x (u)](y) = F [eiux− λ2 u2 2 ](y) = 1 − (y−x)2 2 e 2λ λ (27) On trouve ce résultat en utilisant l’une des propriétés générales F [eiαx f (x)](p) = F [f (x)](p − α) 4 (28) (cours 9, éq.(27)) et la transformée de Fourier d’une gaussienne, éq.(16). Observons en plus que lim gλ,x (y) = eixy λ→0 (29) Alors, d’une part, pour une fonction f (x) intégrable avec sa transformée fˆ(y) intégrable, on trouve dans la limite λ → 0: 1 Z +∞ 1 Z +∞ √ dygλ,x (y)fˆ(y) → √ dyeixy fˆ(y) = F ∗ [fˆ(y)](x) 2π −∞ 2π −∞ (30) D’autre part, en utilisant le lemme, on obtient: 1 Z +∞ 1 Z +∞ √ dygλ,x (y)fˆ(y) = √ dyĝλ,x (y)f (y) 2π −∞ 2π −∞ (y−x)2 y2 1 1 Z +∞ 1 1 Z +∞ =√ dye− 2λ2 f (y) = √ dye− 2λ2 f (y + x) 2π λ −∞ 2π λ −∞ 2 y2 1 Z +∞ 1 Z +∞ − y2 dye f (λy + x) → f (x) √ dye− 2 = f (x) =√ 2π −∞ 2π −∞ (31) – dans la limite de λ → 0. En comparant les équations (30) et (31) on obtient: F ∗ [fˆ(y)] = f (x) (32) qui est le résultat annoncé dans le théorème, éq.(25). Remarque. Dans la démonstration ci-dessus nous avons utilisé une fonction auxiliaire gλ,x (y) qui permet d’avoir des intégrales bien définies (convergentes) aux étapes intermédiaires. Par exemple, si on mit λ = 0 dès le début, alors on va rencontrer l’intégrale pour ĝλ=0,x (y) : 1 Z +∞ ĝλ=0,x (y) = F [gλ=0,x (u)](y) = F [eixu ](y) = √ duei(x−y)u 2π −∞ (33) qui est mal définie, n’est pas convergente. Nous allons définir des intégrales de ce type dans la partie sur les distributions. Pour le moment, pour éviter le problème, nous avons utilisé la fonction gλ,x (y) avec λ 6= 0, pour laquelle ĝλ,x (y) est bien régulière, et pris la limite λ → 0 à la fin. En général, on appelle ce type de procédure une régularisation des intégrales divergentes. 5 Exemples. 1) 2a f (x) = e−a|x| , fˆ(y) = √ 2π(a2 + y 2 ) (34) 2a Z +∞ eiyx a π −a|x| ˆ F [f (y)](x) = dy 2 e = e−a|x| = 2 2π −∞ a +y πa (35) – Exemple 3 du cours 9. ∗ Le calcul de l’intégrale a été fait dans l’Application du cours 9. 2) f (x) = ( −ax e , x>0 (36) 0, x < 0 1 fˆ(y) = √ 2π(a + iy) (37) – Exemple 1 du cours 9. eiyx 1 Z +∞ ˆ dy F [f (y)] = 2π −∞ a + iy ∗ 1 Z +∞ eiyx = dy = 2πi −∞ y − ia ( −ax e , x>0 (38) 0, x < 0 Pour calculer l’intégrale nous avons utilisé la déformation du contour d’intégration dans le plan complexe de y: Fig.3 dans le cas de x > 0 et Fig.4 dans le cas de x < 0. 3) f (x) = 1− 1 ,+ 1 (x) = 2 2 1, |x| < 1 2 2 sin y fˆ(y) = √ 2 2πy –Exemple 5 du cours 9. y 1 Z +∞ iyx 2 sin 2 ˆ F [f (y)](x) = dye 2π −∞ y ∗ 2 sin y2 1 Z +∞ = dy(cos yx + i sin yx) × 2π −∞ y 1 Z +∞ dy y = cos yx × 2 sin 2π −∞ y 2 6 (39) 0, ailleurs (40) y y 1 Z +∞ dy [sin(yx + ) − sin(yx − )] = 2π −∞ y 2 2 sin((x + 21 )y) sin((x − 21 )y) 1 Z +∞ = dy[ − ] 2π −∞ y y = 1 1 1 × [πsign(x + ) − πsign(x − )] 2π 2 2 1, = |x| < 1 2 (41) 0, ailleurs Dans le calcul nous avons utilisé les formules: 1 cos α × sin β = [sin(α + β) − sin(α − β)] 2 (42) Z ∞ sin ay sin ay dy =2 dy = πsign(a) y y 0 (43) Z +∞ −∞ Conclusion: F ∗ définie par l’éq.(19) est une opération réciproque de l’opération F , transformation de Fourier d’une fonction. 7