Correspondances en Onco-urologie - Vol. I - n° 1 - avril-mai-juin 2010
51
Actualités sur les tumeurs urologiques à l’ASCO GU 2010
Préservation vésicale dans les cancers
envahissant le muscle : expérience à long
terme du MGH (1986-2002), données à 15ans
(Efstathiou et al., abstr.273)
Dans cette série de 348patients (74 % d’hommes)
souffrant d’une tumeur infiltrant le muscle (54 %
T2, 38 % T3, 8 % T4a), et traités par une association
de radio-chimiothérapie entre 1986 et 2002, 65 %
avaient eu une résection complète lors de la résection
transurétrale (RTU) et 17 % présentaient une hydro-
néphrose. L’âge moyen était de 66,3ans (extrêmes :
27,3-88,6ans) et le suivi médian était de 7,7ans pour
les survivants. Après RTU, le traitement associait dans
un premier temps une radiothérapie de 40Gy à une
chimiothérapie concomitante. Au décours d’une
réévaluation par une nouvelle RTU, les patients en
rémission complète poursuivaient l’association radio-
chimio thérapie jusqu’à 64Gy ; les autres avaient une
cystectomie radicale associée ou non à une chimio-
thérapie adjuvante. Les schémas thérapeutiques ont
varié dans le temps (tableauI).
Les taux de survie à 5ans, 10ans et 15ans étaient
respectivement de 52 %, 35 % et 22 %. Les survies spéci-
ques à 5ans, 10ans et 15ans étaient respectivement
de 64 %, 59 % et 57 %.
Vingt-neuf pour cent des patients ont dû subir une
cystectomie (immédiate pour 17 % et de sauvetage
pour 12 %).
Quatre-vingts pour cent des patients en vie à 5ans
avaient pu conserver leur vessie (gure1).
Il n’y a pas de diérence en termes de survie spécique
entre les patients âgés de plus et de moins de 75ans.
En analyse univariée, les éléments suivants constituaient
des paramètres pronostiques signicatifs :
✓le stade clinique (HR=0,59 [p=0,001]) ;
✓
une résection complète à la RTU (HR=0,66 [p=0,029]) ;
✓
l’absence d’hydronéphrose (HR=0,55 [p=0,001]) ;
✓
une rémission complète à l’issue du traitement
d’ induction (HR=0,48 [p<0,001]).
En analyse multivariée étaient signicatifs :
✓
le stade (HR=0,66 [p=0,018]) : les survies globales à
5ans, 10ans et 15ans étaient respectivement, pour les
T2, de 61 %, 43 % et 28 % versus pour les T3-4 de 41 %,
27 % et 16 % ; les survies spéciques à 5ans, 10ans et
15ans étaient pour les T2, de 74 %, 67 % et 63 %, et,
pour les T3-4a, de 53 %, 49 % et 49 % ;
✓
la rémission complète à l’issue du traitement d’induc-
tion (HR=0,62 [p=0,013]).
Les auteurs ont conclu que les associations radio-
chimiothérapie peuvent permettre de conserver la
vessie dans 70 % des cas, en orant des taux de survie
Figure1. Expérience à long terme du MGH (1986-2002) : survie spécique.
IC95
Survivants
80 % des survivants à 5ans ont encore leur vessie
Pourcentage
100
75
50
25
2,50 5 7,5 10 12,5
Suivi (années)
Nombre à risque
348 213 149 101 67 44 24
15
0
64 % 59 % 57 %
Tableau II. Survies comparatives cystectomie versus radio-chimiothérapie.
Stade n Survie globale
à 5 ans (%) Survie globale
à 10 ans (%)
Cystectomie
USC 2001
MSKCC 2001
SWOG 2003
pT2-4a
pT2-4a
pT2-3
633
181
303
48
36
49
32
27
–
Radio-chimiothérapie
RTOG 1998
Erlangen 2002
MGH 2009
cT2-4a
cT2-4
cT2-4a
123
326
348
49
45
52
–
29
35
TableauI. Évolution dans le temps des protocoles : conservation de la vessie. Évolution des approches du MGH
et du RTOG.
1986-1993 1994-1998 1999-2002
Chimiothérapie
néo-adjuvante
Radiothérapie accélérée Radio-sensibilisation
augmentée
Évaluation de la réponse Chimiothérapie adjuvante Chimiothérapie adjuvante
CMV × 2
RT + C
bid RT + C/5-FU
CMV × 3
bid RT + C/Tax
GC × 4
Abréviations. CMV : cisplatine, méthotrexate, vinblastine ; C : cisplatine ; Tax : paclitaxel ; GC : gemcitabine, cisplatine ; RT : radio-
thérapie ; bid : bifractionnée (2×j).
à long terme assez comparables à ceux des séries de
cystectomies radicales (tableauII).
Les études portant sur la qualité de vie ont montré
une faible toxicité à distance sur les organes pelviens
(7 % de toxicité de grade3) et un bon fonctionnement
vésical.
Cinquante pour cent des patients ont conservé une
fonction érectile normale.