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transaction, l’économie des conventions et la théorie évolutionniste2. Nous proposons de montrer dans une
première partie que les principales oppositions et divergences qui existent entre ces théories relèvent de leurs
fondements épistémologiques. Dans une seconde partie, nous montrerons à partir de l'application de ces théories à
divers domaines de l'économie de la santé que ces approches peuvent en fait être complémentaires. Enfin, en
conclusion, nous proposerons quelques perspectives de recherche dans la lignée de ces nouvelles approches
théoriques.
II - Une grille de lecture des nouvelles approches théoriques en économie de la santé : fondements
épistémologiques et oppositions.
Dans une classification développée précédemment (Béjean 1994a) et inspirée des travaux de O. Favereau
(1989), nous avions ciblé deux hypothèses pour définir les positions épistémologiques de certaines approches
théoriques en économie de la santé (approche néo-classique, approche contractuelle et approche
conventionnaliste) : l'hypothèse de rationalité individuelle des acteurs (substantielle ou procédurale) et
l'hypothèse du mode de coordination de leurs décisions (externe par les prix ou interne par les règles).
Aujourd'hui, nous souhaitons intégrer d'autres approches théoriques à la classification (approche transactionnelle
et approche évolutionniste) : pour ce faire, il convient de préciser d'autres hypothèses relatives à la nature de
l'incertitude, à l'environnement informationnel, à la nature de l'économie, et à la conception de l'organisation.
Le modèle néoclassique ou standard (selon la terminologie de Favereau 1989), précédemment évoqué
comme étant fondateur des approches théoriques en économie de la santé repose, sur quatre hypothèses
principales :
— une rationalité substantielle, calculatrice et individualiste des agents économiques,
— un avenir certain ou risqué mais probabilisable, fonction d'une liste des événements susceptibles de se réaliser
connue a priori,
— un environnement informationnel parfait,
— une économie d'allocation des ressources.
Ces hypothèses constituent le préalable nécessaire à la définition du mode de coordination qui doit rendre
les décisions mutuellement compatibles, et de la nature de la firme ou de l'organisation.
Dans le cadre du modèle standard, la coordination se réalise selon les règles du marché : les termes de
l'échange marchand, à savoir les prix, sont ajustés jusqu'à ce que les décisions individuelles (agrégées en termes
d'offre et de demande) soient compatibles. Le "lieu" de rencontre de ces décisions est donc le marché, conçu
comme une construction idéalisée, où on ne sait pas à qui, au juste, revient la tâche d'équilibrer l'offre et la
demande (Arrow 1974). Dans ce cadre, les entreprises, les organisations ou toute autre communauté de personnes,
?Nous ne retenons ici que les approches théoriques qui adoptent une démarche d'individualisme méthodologique. La
théorie de la régulation et l'un des courants de l'économie des conventions (par exemple Rose 1990) sont exclus de notre
analyse en raison de leur position holiste.