L’intervention peut se faire en chirurgie ambulatoire sous
anesthésie locale [17, 30]. La délimitation de la zone à trai-
ter s’effectue par application locale d’acide acétique à 5 %
[19]. Une excision superficielle de la lésion primaire est
effectuée au bistouri froid [17] ou au laser CO2[19, 30] uti-
lisé à une puissance moyenne de 20 Watts, en respectant une
marge de sécurité minimale de 5 mm [10, 17, 30]. Le lit
tumoral est ensuite vaporisé au laser Nd :YAG utilisé à une
puissance de 40 à 60 Watts [30]. La profondeur de la coagu-
lation ainsi obtenue est de l’ordre de 4 à 6 mm [7].
Il n’a pas été décrit de complications per-opératoires. La
lésion induite par le laser est indolore [7] et guérit spontané-
ment en 6 à 8 semaines [7, 30], parfois au prix d’hémorra-
gies minimes (7% des cas) [30]. Le résultat cosmétique satis-
fait 78 % des patients, tandis que la fonction sexuelle est
conservée dans 72 % des cas [30].
Le risque principal est représenté par la récidive qui survient
chez 10% [10] à 25 % [30] des patients pour des stades T1-
T2. Le diagnostic de récidive est simple car le laser n’affec-
te pas l’aspect des tissus à long terme [17]. Dans l’expérien-
ce de Windahl, toutes les tumeurs classées T1 récidivaient
sous forme de lésions classées CIS ou T1, le plus souvent
dans les 2 ans [30]. La plupart des récidives ont pu être trai-
tées par une seconde séance de laser. Par contre, le traitement
par laser n’est pas indiqué pour les lésions infiltrantes qui
récidivent toutes.
Des récidives tardives après chirurgie au laser ont été décri-
tes (un cas de récidive locale 14 ans après traitement) [30].
De ce fait, une surveillance prolongée est nécessaire.
II. LES AMPUTATIONS DE VERGE
1. La pénectomie partielle [15] (Fig 12)
L’intervention est indiquée pour les tumeurs infiltrantes du
gland, ou les tumeurs superficielles trop étendues pour une
chirurgie conservatrice. Ce geste n’est réalisable que si la
longueur de la verge restante est supérieure à 3 cm, longueur
minimale nécessaire pour diriger le jet pendant une miction
en position debout.
Les tumeurs de la verge sont souvent infectées. De ce fait,
une antibio prophylaxie et l’isolement de la zone tumorale
du reste du champ opératoire sont recommandés.
Le patient est installé en décubitus dorsal. Après mise en
place d’un garrot à la racine de la verge, une incision circon-
férentielle est faite sur la peau et le tissu sous cutané. Une
marge de sécurité de 2 cm était la règle [2], mais des résul-
tats carcinologiques analogues ont été rapportés avec des
marges plus étroites [16]. Ainsi l’EAU recommande une
marge de 10 mm pour des lésions de grade 1/2, et de 15 mm
pour les lésions de grade 3 [10].
Le contrôle vasculaire s’effectue au fil résorbable. Les pédi-
cules dorsaux superficiels et profonds sont liés séparément
puis les corps caverneux sont sectionnés. Le corps spongieux
est mobilisé puis sectionné à 1 cm en aval de la section
caverneuse. La fermeture des corps caverneux est sagittale.
Elle s’effectue par des points en U de fil résorbable qui char-
gent le fascia de Buck et s’appuient sur le septum médian.
L’urètre est spatulé à sa face dorsale sur 1 cm, puis suturé
sans tension à la peau sur une sonde de Foley 18 CH (Fig 12).
Une technique de plastie scrotale a été développée pour amé-
liorer l’aspect cosmétique de la tranche de section [21].
Les infections et l’hématome du site opératoire sont les com-
plications précoces les plus classiques. La sténose méatique
est la complication tardive la plus fréquente. [27]
Le taux de récidive locale après chirurgie partielle est de 8%.
La récidive résulterait soit de la colonisation du moignon res-
tant par voie lymphatique rétrograde (après chirurgie en mar-
ges saines) soit le plus souvent d’une marge de sécurité
insuffisante [21]
Pour Jensen, 40 % des patients opérés d’une pénectomie par-
tielle présentent des troubles psychologiques post opératoi-
res[18]. Cette notion est contesté par D’Ancona qui rapporte
une qualité de vie sociale et psycho- sexuelle analogue à
celle de la période pré opératoire [6].
2. La pénectomie totale
La préparation est analogue à celle de la pénectomie partiel-
le, mais le patient est installé en position de la taille. Une
incision verticale relie le pubis à la base du scrotum en
contournant la racine de la verge. Le ligament suspenseur de
la verge est sectionné. La lymphostase doit être très soigneu-
se (risque de lymphorrhée post opératoire). Après incision du
fascia de Buck, le plan de clivage entre les corps caverneux
et le corps spongieux est développé, ce qui permet une
mobilisation urétrale jusqu’au diaphragme pelvien. La sec-
tion des corps caverneux s’effectue avec une marge de sécu-
rité classique de 2 cm par rapport à la tumeur. Elle doit être
confirmée par un examen extemporané qui limite le risque
d’une chirurgie de reprise souvent délicate. Il n’est pas
nécessaire habituellement de désinsérer les racines des corps
caverneux. Une urétrostomie périnéale est ensuite réalisée
sur sonde de Foley 18 CH. Le scrotum est suturé à la partie
proximale de l’incision sur une lame de drainage. En cas
d’extension scrotale, une émasculation est nécessaire. Une
technique de recouvrement doit être envisagée pour les
résections palliatives larges des tumeurs de stade avancé.
Dans ce cas un lambeau de rotation myocutané prélevé à par-
tir du tenseur du fascia lata parait être la technique de choix
[25].
Les complications les plus fréquentes sont : l’hématome,
l’infection du site opératoire, la lymphorrhée, et la sténose
méatique lorsque la suture est réalisée sous tension.
III. LA RADIOTHÉRAPIE
La chirurgie, par son efficacité, représente le traitement de
référence des CE de la verge. Néanmoins, son impact
psychologique et sexuel reste important.
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