Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur Troisième Baccalauréat en Sciences Mathématiques Notes de Cours Théorie de la Mesure et d’Intégration Frank Callier 29 novembre 2007 i Préface Le cours de théorie de la mesure et d’intégration comprend une partie théorique de huit chapitres traitant l’intégrale d’une fonction mesurable et une seconde partie appliquée de trois chapitres traitant la transformée de Fourier : pour plus de détails voir les sommaires des chapitres et de l’annexe A dont les pages sont indiquées par la table des matières. Ces notes de cours forment un ensemble (améliorable) de notions et de résultats importants. Parmi ces derniers citons le Lemme d’ Approximation 1.18, le Lemme de Continuité Monotone 2.4, le Théorème de Convergence Monotone 3.7, le Théorème de Convergence Dominée de Lebesgue 4.8, le Théorème de Complétude de Riesz-Fisher 5.12, le Théorème d’Extension de Carathéodory 6.8, le Théorème d’Intégration Itérée de Tonelli-Fubini 7.6 ; le Théorème de Riemann-Lebesgue 8.6, Le Théorème de Transformée d’une Convolution 8.10, Les Théorèmes d’Inversion de la Transformée de Fourier 8.12 (voir aussi Chapitre 10) et 8.13, et le Théorème d’Isomorphisme de Plancherel 9.10. On touche aussi la transformée de Laplace dans le Chapitre 10. Des remarques finales sont données en guise de conclusion. Une bibliographie succincte contient : 1. R. Bartle , ” The Elements of Integration ”, John Wiley , New-York, 1966. 2. W. Rudin , ” Real and Complex Analysis ”, McGraw-Hill , New-York, 1974. 3. H.L. Royden, ” Real Analysis ”, MacMillan, New-York, 1968. 4. R.R. Goldberg, ” Fourier Transforms ”, Cambridge University Press, London, 1970. 5. M.R. Spiegel, ” Theory and Problems of Real Variables ”, Shaum’s Outline Series, MacGraw-Hill, New-York, 1969. 6. A. Kolmogorov et S. Fomine, ” Eléments de la Théorie des Fonctions et de l’ Analyse Fonctionnelle ”, Mir, Moscou, 1977. 7. P.R. Halmos, ” Measure Theory ”, Springer Verlag, New-York, 1974. 8. D.W. Stroock, ” A Concise Introduction to the Theory of Integration ”, Birkhäuser Verlag, Boston, 1994. Les ouvrages de Bartle, Rudin, Royden et Goldberg sont la source d’inspiration principale de l’auteur : ils sont écrits à l’ intention de l’étudiant avancé. Le livre de la Collection Shaum est destiné aux étudiants débutants (exercices résolus), ainsi que le livre de Kolmogorov et Fomine. Tandis que le livre de Halmos est une des bibles des experts en théorie de la mesure et d’intégration. Finalement il existe beaucoup d’ouvrages plus récents (comme le livre de Stroock) et une multitude d’informations supplémentaires : voir l’excellent moteur de recherche http ://www.google.com . Table des matières 0 Motivation 1 1 Ensembles et fonctions mesurables 4 2 Mesures 21 3 Intégrales de fonctions non-négatives 30 4 Fonctions intégrables 44 5 Espaces Lp 55 6 Mesure de Lebesgue 72 7 Mesure produit et intégration itérée 91 8 Transformée de Fourier de L1 106 9 Transformée de Fourier de L2 122 10 Compléments de transformée de Fourier : Inversion et Laplace 135 A Lebesgue-mesurable et mesures de Stieltjes 150 En guise de conclusion 158 Avis aux lecteurs : L’expression “tel que” est utilisée sans accord (comme en anglais). La ponctuation a été réduite pour avantager le discours mathématique. ”s.p.d.g.” veut dire ”sans perte de généralité ” (similaire à ”w.l.g.” i.e. ”without loss of generality”). Les raisonnements mathématiques se font à l’aide d’un système de références locales aux équations concernées. Les fautes éventuelles sont dues à l’auteur, qui aimerait bien en être informé. 3 TABLE DES MATIÈRES QUELQUES NOTATIONS symbole signifie n = {1, 2, . . . , n} C I nombres complexes IN nombres naturels : 1, 2, . . . Q I nombres rationnels IR nombres réels ZZ nombres entiers θ neutre d’un espace vectoriel, zéro vectoriel ∪ réunion finie ∪ réunion dénombrable C 1P M fonctions continûment différentiables par morceaux C0 fonctions continues s’annulant à l’infini, i.e. lim f (x) = 0 VP valeur pricipale de Cauchy d’une intégrale f dén. x→±∞ Chapitre 0 Motivation Sommaire 0.1 Intégrales de fonctions réglées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 0.2 Extensions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 0.3 Propriétés importantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 0.4 Insuffisance de la théorie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 0.5 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 1 2 Chapitre 0. Motivation 0.1 Intégrales de fonctions réglées [selon Riemann] • f est réglée si, pour tout x ∈ IR , f admet en x une limite à gauche et à droite, i.e. f (x+) ∈ IR et f (x−) ∈ IR . Exemples : f continue, f monotone, f en escalier (i.e. constante sur des intervalles) • Rappel : f est réglée sur [a, b] ssi f est limite uniforme de fonctions en escalier sur [a, b] . L’intégrale d’une fonction en escalier étant l’aire sous la fonction, on peut prendre Z b Z b f dx := lim fn dx n→∞ a où f = lim fn uniformément n→∞ 0.2 a fn en escalier. Extensions [Intégrales impropres] [f réglée] • [de la première sorte] f est bornée sur un intervalle non borné : Z ∞ f dx := lim a b→∞ Z Z b f dx ; a ∞ f dx := lim a→−∞ −∞ b→∞ • [de la seconde sorte] f n’est pas bornée en c ∈ IR : Z c f dx := lim b↑c a 0.3 b f dx . a Propriétés importantes [f réglée] • Si fn → f uniformément sur [a, b] , alors Z • Si Z ∞ P b f dx = lim n→∞ a Z b fn dx . a fn converge uniformément sur [a, b] , alors n=1 Z a b ∞ X n=1 fn ! dx = ∞ Z X n=1 a b fn dx . Z a b f dx . 3 Chapitre 0. Motivation 0.4 Insuffisance de la théorie 1. Dans un cadre plus large, on a souvent Z b Z b ( lim fn ) dx = lim fn dx a n→∞ n→∞ a pour une convergence simple des fonctions ? Définition élargie de l’intégrale ? ? Fonction intégrable ? 2. Dans le cadre actuel, les fonctions intégrables (i.e. réglées) ne forment pas un Rb espace normé complet sous la norme a |f | dx . Il existe un cadre plus large où c’est vrai. ? Cadre plus large ? Espaces complets de fonctions intégrables 0.5 Perspectives Pour intégrer les fonctions réglées, on devait mesurer la longueur des intervalles de IR (cfr. fonctions en escalier) . . . Par la suite, on étudie 1. les ensembles mesurables . . . pas toute partie de IR . . . bien sûr intervalles, ouverts, fermés. 2. la notion de mesure, i.e. fonction donnant la taille d’un ensemble mesurable. 3. les fonctions simples (i.e. constantes sur des ensembles mesurables), et ensuite mesurables (approximables par des fonctions simples). 4. l’intégrale d’une fonction simple, d’une fonction mesurable. Chapitre 1 Ensembles et fonctions mesurables Sommaire 1.1 Définition [σ-algèbre] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 1.2 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 1.3 σ-algèbre engendrée par un ensemble P ⊂ P(X) . . . . . . . 6 1.4 Exercice [σ-algèbre de Borel] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 1.5 Définition [Fonctions mesurables] . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1.6 Lemme [Modification des ensembles tests] . . . . . . . . . . . 8 1.7 Exemples de fonctions mesurables . . . . . . . . . . . . . . . . 9 1.8 Lemme [Combinaisons algébriques] . . . . . . . . . . . . . . . . 9 1.9 Définition [f + et f −] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 1.11 Lemme [f mesurable] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 1.12 Proposition [Opérations simples] . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 1.13 Proposition [Limite inférieure et supérieure] . . . . . . . . . . 15 1.14 Corollaire [Limite] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 1.15 Somme et troncature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 1.16 Proposition [Somme] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 1.17 Proposition [Produit] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 1.18 Lemme [d’Approximation] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 1.10 Définition [Mesurable] 4 5 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables 1.1 Définition [σ-algèbre] Soient X un ensemble et P(X) l’ensemble des parties de X . Une collection A ⊂ P(X) est une σ-algèbre ssi (i) ∅, X ∈ A ; (ii) A ∈ A (iii) ⇒ (An )∞ n=1 Ac ∈ A ; ⊂ A (collection dénombrable) ∞ [ ⇒ n=1 An ∈ A . ”A est fermé sous un nombre dénombrable d’opérations ensemblistes.” Le couple (X, A) est un espace mesurable et toute partie A ∈ A est dite A-mesurable. Proposition 1.1 Si A est une σ-algèbre et (An )∞ n=1 ⊂ A , alors ∞ \ n=1 Preuve : Lois de Morgan : I := ensemble d’indices : (Ai )i∈I ⊂ P(X) : !c !c [ \ \ [ Ai = Aci et Ai = Aci . i∈I Ainsi ∞ \ n=1 1.2 An !c = ∞ [ n=1 i∈I Acn |{z} i∈I ∈ A par (iii) ∈A par (ii) alors ∈I ⇒ ∞ \ n=1 An ∈ A par (ii) . Exemples [σ-algèbres] a) X = ensemble, b) X = ensemble, c) An ∈ A . A = P(X) ; A = {∅, X} ; n o X = IN = {1, 2, · · · } , A = ∅, {1, 3, 5, · · · }, {2, 4, 6, · · · }, IN . Remarque : X = IR , P = ensemble des intervalles ouverts (a, b) ⊂ IR . (a, b)c = (−∞, a] ∪ [b, ∞) n’est pas un intervalle ouvert. Donc P n’est pas une σ-algèbre. Remède : construire la plus petite σ-algèbre contenant P . 6 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables 1.3 σ-algèbre engendrée par un ensemble P ⊂ P(X) Soit ΣP l’ ensemble des σ-algèbres contenant P . On a que ΣP 6= ∅ car P(X) ∈ ΣP . On a alors \ AP := {A | A ∈ ΣP } est la plus petite σ-algèbre contenant P appelée σ-algèbre engendrée par P. • AP est une σ-algèbre car – ∀ A ∈ ΣP ∅ et X ∈ A – – A ∈ AP ⇒ ∅ et X ∈ AP ⇒ ∀ A ∈ ΣP A∈A ⇒ ∀ A ∈ ΣP Ac ∈ A (An )∞ n=1 ∈ AP ⇒ ∀ A ∈ ΣP ⇒ ∀ A ∈ ΣP ⇒ n=1 ∞ S (An )∞ n=1 ⊂ A ∞ S An ∈ A n=1 An ∈ AP • AP est la plus petite σ-algèbre car ∀ B ∈ ΣP 1.4 Ac ∈ AP ⇒ AP = \ {A | A ∈ ΣP } ⊂ B . Exercice [σ-algèbre de Borel] a) Soient P = {(a, b) | intervalles ouverts de IR} , P1 = {ouverts de IR} , P2 = {fermés de IR} , P3 = {[a, b] | intervalles fermés de IR} , P4 = {(a, b] | intervalles semi-ouverts de IR} , P5 = {(a, ∞) | a ∈ IR} . Alors ΣP = ΣPi ∀i∈5, d’ où B := AP = APi ∀i∈5. B est appelée σ-algèbre de Borel et toute partie B ∈ B est appelée un Borélien. 7 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables Preuve : on montre : ΣP ⊂ ΣP1 ⊂ ΣP2 ⊂ ΣP3 ⊂ ΣP4 ⊂ ΣP5 ⊂ ΣP . 1 2 3 4 5 6 1 Vrai car avec A une σ-algèbre : P ⊂ A ⇒ P1 ⊂ A S En effet, tout ouvert = d’intervalles ouverts de IR . dén. 2 Vrai car tout fermé = (ouvert)c : P1 ⊂ A ⇒ P2 ⊂ A . 3 Vrai car tout [a, b] est fermé. S 4 Vrai car tout (a, b] = [a + n−1 , b] . n≥N S 5 Vrai car tout (a, ∞) = (a, a + n] . n≥N 6 Vrai car tout (a, b) est tel que (a, b) = (a, ∞) \ [b, ∞) = (a, ∞) ∩ [b, ∞)c = (a, ∞) " \ \ n≥N (b − n−1 , ∞) #c b) Soit X = IR = [−∞, ∞] = IR étendu. ∀ E ∈ B , on considère E1 = E ∪ {∞} , E2 = E ∪ {−∞} , E3 = E ∪ {−∞, ∞} . Alors B = {Boréliens étendus} := {E, E1 , E2 , E3 | E ∈ B} = σ-algèbre de Borel étendue = la plus petite contenant {(α, ∞] | α ∈ IR} . Par la suite, (X, A) est un espace mesurable fixe. 1.5 Définition [Fonctions mesurables] On dit que f : X → IR (i.e. f : (X, A) → (IR, B) ) est A-mesurable ssi ∀ α ∈ IR {x ∈ X | f (x) > α} = f −1 ((α, ∞)) ∈ A . On peut modifier la forme des ensembles. . 8 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables 1.6 Lemme [Modification des ensembles tests] Soit donné (X, A) . Soit f : X → IR . Les assertions suivantes sont équivalentes : a) ∀ α ∈ IR , Aα = {x ∈ X | f (x) > α} ∈ A ; b) ∀ α ∈ IR , Bα = {x ∈ X | f (x) ≤ α} ∈ A ; c) ∀ α ∈ IR , Cα = {x ∈ X | f (x) ≥ α} ∈ A ; d) ∀ α ∈ IR , Dα = {x ∈ X | f (x) < α} ∈ A . Preuve : car Bα = Acα c) ⇔ d) car a) ⇒ c) car Dα = Cαc et Cα = Dαc . \ Cα = Aα−n−1 a) ⇔ b) Aα = Bαc . et n≥1 (∀n: c) ⇒ a) car [ Aα = f (x) > α − n−1 ⇔ f (x) ≥ α ). f (x) ≥ α + n−1 ⇔ f (x) > α ). Cα+n−1 n≥1 (∃n: Exercice : soit f : (X, A) → (IR, B) . Alors a) S = {E ⊆ IR | f −1 (E) ∈ A} est une σ-algèbre. b) f est mesurable ⇔ ∀E∈B f −1 (E) ∈ A . Solution : a) f −1 commute avec ∩ , ∪ et 1) c . Ainsi f −1 [∅] = ∅ ∈ A et f −1 (IR) = X ∈ A 2) E∈S 3) (En )∞ n=1 ⇒ ∅, IR ∈ S . f −1 [E c ] = (f −1 [E])c ∈ A ⇒ E c ∈ S . ∞ ∞ S S −1 En = f −1 [En ] ∈ A ⇒ ⊂S ⇒ f ⇒ b) ⇐: E = (α, ∞) ∈ B n=1 d’ où ∀ α ∈ IR f n=1 −1 ((α, ∞)) ∈ A ∞ S n=1 En ∈ S . d’ où f est mesurable. ⇒ : f est mesurable, d’ où ∀ α ∈ IR f −1 ((α, ∞)) ∈ A . Donc, la σ-algèbre S contient P5 = {(α, ∞) | α ∈ IR} . Comme B est la plus petite σ-algèbre contenant P5 , B ⊂ S . Donc ∀ E ∈ B f −1 (E) ∈ A . Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables 1.7 9 Exemples de fonctions mesurables a) Fonction constante, i.e. car f (x) = c ∀x∈X ∀α≥c: {x | f (x) > α} = ∅ ∈ A ∀α<c: {x | f (x) > α} = X ∈ A 1 si x ∈ A , b) Fonction caractéristique de A ∈ A, i.e. χA (x) = 0 sinon. car avec α≥1: {x | χA (x) > α} = ∅ ∈ A , 1>α≥0: {x | χA (x) > α} = A ∈ A , 0>α: {x | χA (x) > α} = X ∈ A . c) Avec (X, A) = (IR, B) , f : IR → IR continue d) Avec (X, A) = (IR, B) : f : IR → IR monotone car ∀ α ∈ IR : {x ∈ X : f (x) > α} = f −1 ((α, ∞)) = ouvert ∈ B . Alors f est réglée et possède des sauts et s.p.d.g. f est supposée continue à droite i.e. f (x) = f (x+) . On traite le cas où f est croissant et admet un saut en s (faire une figure). Ici f (s) = f (s+) , et ∀ a 6= s f (a) = f (a+) = f (a−) . Soient β := f (s+) et γ := f (s−) . Alors avec 1.8 i) α≥β : f −1 ((α, ∞)) = (a, ∞) ∈ B ; ii) β>α≥γ : f −1 ((α, ∞)) = [s, ∞) ∈ B ; iii) γ>α: f −1 ((α, ∞)) = (a, ∞) ∈ B . Lemme [Combinaisons algébriques] Soient f, g : X → IR mesurables et c ∈ IR . Alors cf , f 2 , |f | , f + g et f g sont mesurables. Preuve : a) Si c = 0 , cf (x) ≡ 0 constant est mesurable. En outre avec 10 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables c>0: ∀ α ∈ IR : c<0: ∀ α ∈ IR : {x ∈ X | cf (x) > α} = x | f (x) > αc ∈ A , {x ∈ X | cf (x) > α} = x | f (x) < αc ∈ A . Donc cf est mesurable. b) f 2 est mesurable car avec α<0: {x ∈ X | f 2 (x) > α} = X ∈ A , α≥0: {x ∈ X | f 2 (x) > α} = √ √ {x ∈ X | f (x) > α} ∪ {x ∈ X | f (x) < − α} ∈ A . {z } | {z } | ∈A ∈A c) |f | est mesurable car avec α<0: {x ∈ X | |f (x)| > α} = X ∈ A , α≥0: {x ∈ X | |f (x)| > α} = {x ∈ X | f (x) > α} ∪ {x ∈ X | f (x) < −α} ∈ A . | {z } | {z } ∈A ∈A d) f + g est mesurable. En effet avec α ∈ IR , soit ∀ r ∈ Q I (rationnel), Sr := {x | f (x) > r} ∩ {x | g(x) > α − r} . Alors Sr ∈ A et {x | f (x) + g(x) > α} = car f (x) + g(x) > α [ r ∈Q I Sr ∈ A , |{z} ∈A ⇔ f (x) > α − g(x) ⇔ ∃ r ∈Q I tel que f (x) > r ⇔ ⇔ ∃ r ∈Q I tel que f (x) > r > α − g(x) ∃ r ∈Q I tel que x ∈ Sr . e) f g est mesurable car f g = 41 {(f + g)2 − (f − g)2 } mes | {z } | {z } mes mes . . . Travailler avec des fonctions positives. . . et g(x) > α − r 11 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables 1.9 Définition [f + et f − ] Soit f : X → IR . On appelle partie positive (respectivement négative) de f la fonction f + (x) := sup(f (x), 0) (resp. f − (x) := sup(−f (x), 0) ) . e.g. considérer f (x) = sin x . Ainsi f = f+ − f− , |f | = f + + f − , d’ où 1 [|f | + f ] , 2 ce qui entraı̂ne le lemme suivant. f+ = f− = 1 [|f | − f ] , 2 (*) (**) Lemme : f: (X, A) → (IR, B) ⇔ Preuve : ⇒: f mesurable ⇐: ⇒ f + , f − mesurables f + et f − sont mesurables. |f | mesurable (∗) =⇒ est mesurable (∗∗) =⇒ f + , f − mesurables f mesurable . . . Souvent on a besoin de fonctions dans IR car on prend des limites, suprema, etcetera. On considère alors (IR, B) au lieu de (IR, B) . 1.10 Définition [Mesurable] Une fonction f : X → IR (i.e. f : (X, A) → (IR, B) ) est A-mesurable ssi ∀ α ∈ IR f −1 ((α, ∞]) = {x ∈ X | f (x) > α} ∈ A . On note M(X, A) := {f : X → IR | f est A-mesurable}. 12 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables 1.11 Lemme [f mesurable] f : X → IR est A-mesurable ⇔ (a) A := {x | f (x) = ∞} ∈ A B := {x | f (x) = −∞} ∈ A (b) où 0 f1 (x) = f (x) f1 : X → IR est A-mesurable si x ∈ A ∪ B sinon = On a besoin de deux résultats : 0 f (x) si f (x) = ±∞ si f (x) ∈ IR . Assertion 1 : ∀α≥0 {x | f1 (x) > α} = {x | f (x) > α} \ A , ∀α≥0 {x | f (x) > α} = {x | f1 (x) > α} ∪ A , ∀α<0 {x | f1 (x) > α} = {x | f (x) > α} ∪ B . Assertion 2 : ∀α<0 {x | f (x) > α} = {x | f1 (x) > α} \ B . Preuve des Assertions : Noter que f1 (x) 6= 0 ⇒ f (x) ∈ IR ⇔ f1 (x) = f (x) . Observer ensuite ∀α≥0 {x | f (x) > α} ˙ = {x | f (x) ∈ IR , f (x) > α} ∪{x | f (x) = ∞} = {x | f1 (x) > α} ∪˙ A , ∀α<0 (1) {x | f (x) ≤ α} ˙ = {x | f (x) ∈ IR , f (x) ≤ α} ∪{x | f (x) = −∞} = {x | f1 (x) ≤ α} ∪˙ B . (2) 13 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables En prenant le complément de (2) on obtient : ∀α<0 {x | f (x) > α} = {x | f1 (x) > α} \ B . (3) L’Assertion 2 suit de (1) et (3) . Soustraire alors de (1) l’ensemble A et ensuite soustraire de (2) l’ensemble B donne : ∀α≥0 ∀α<0 {x | f1 (x) > α} = {x | f (x) > α} \ A , (4) {x | f1 (x) ≤ α} = {x | f (x) ≤ α} \ B , d’où en prenant le complément du dernier ensemble : ∀α<0 {x | f1 (x) > α} = {x | f (x) > α} ∪ B . L’Assertion 1 suit de (4) et (5) . Preuve du Lemme 1.11 : ⇒: f ∈ M(X, A) ⇒ \ • A= {x | f (x) > n} ∈ A ; | {z } n∈IN • Bc = [ ∈A n∈IN {x | f (x) > −n} ∈ A {z } | d’où ∈A • Par l’assertion 1 ∀ α ∈ IR {x | f1 (x) > α} ∈ A : ⇐: B ∈ A; f1 est mesurable. Par l’assertion 2 et les conditions (a)-(b) 1.12 ∀ α ∈ IR {x | f (x) > α} ∈ A : f est mesurable. Proposition [Opérations simples] Soient f ∈ M(X, A) et c ∈ IR . Alors cf , f 2 , |f | , f + , f − ∈ M(X, A) . NB : Convention : 0 ( ±∞ ) := 0 . Ainsi la définition de fonctions ne posera pas de problèmes. (5) 14 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables Preuve de la Proposition 1.12 : suit des Lemmes 1.8 [Opérations algébriques], 1.9 [ f + , f − mesurables], et 1.11 [ A, B, f1 mesurables]. On se restreint à deux cas type. Cas de cf où c = ∞ et f ∈ M (X, A) : alors f (x) > 0 ∞ (cf )(x) = 0 f (x) = 0 . −∞ f (x) < 0 Ainsi A = {x | (cf )(x) = ∞} = {x | f (x) > 0} = {x | f1 (x) > 0} ∪ A ∈ A , B = {x | (cf )(x) = −∞} = {x | f (x) < 0} = {x | f1 (x) < 0} ∪ B ∈ A . En outre g : X → IR est tel que 0 si x ∈ A ∪ B g(x) = cf (x) sinon = Ainsi g(x) ≡ 0 est mesurable. Il suit que cf ∈ M(X, A) par 1.11. Cas de |f | : 0 0 si f (x) 6= 0 si f (x) = 0 . Par 1.11, il suffit que A := {x | |f (x)| = ∞} ∈ A , B := {x | |f (x)| = −∞} ∈ A , et g : X → IR mesurable où g(x) = 0 |f (x)| si x ∈ A ∪ B sinon . On a que B = ∅ ∈ A , A = {x | f (x) = ∞} ∪ {x | f (x) = −∞} = A ∪ B ∈ A , et g(x) = |f1 (x)| est mesurable par 1.8. Il suit que |f | ∈ M(X, A) par 1.11. NB : cas f 2 analogue (exercice). 15 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables 1.13 Soit Proposition [Limite inférieure et supérieure] (fn )∞ 1 ⊂ M(X, A) et soient f (x) := inf fn (x) , F (x) := sup fn (x) , n∈IN f ∗ (x) := lim inf fn (x) , n→∞ n∈IN F ∗ (x) := lim sup fn (x) . n→∞ Alors f , F , f ∗ et F ∗ ∈ M(X, A) . Preuve : a) b) c) d) 1.14 Soit ∀ {x | f (x) > α} = ∃ n ∗ {x | fn (x) > α} ∈ A . Ainsi f ∈ M ; n≥1 {x | F (x) > α} = [ {x | fn (x) > α} ∈ A . Ainsi F ∈ M ; n≥1 o f (x) = sup inf fm (x) ∈ M , b) ; m≥n n | {z } ∈M , a) o F ∗ (x) = inf sup fm (x) ∈ M , a) . n m≥n | {z } n ∈M , b) Corollaire [Limite] (fn )∞ 1 ⊂ M(X, A) ∀x∈X Alors \ tel que lim fn (x) = f (x) n→∞ (convergence simple). f ∈ M(X, A) . Preuve : en effet, f (x) = lim inf fn (x) = lim sup fn (x) ∈ M par 1.13. 16 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables 1.15 Somme et troncature Définition : Soient f et g deux fonctions de X dans IR . Soient E1 : E2 : E: = {x | f (x) = +∞ , g(x) = −∞} , = {x | f (x) = −∞ , g(x) = +∞} , = E1 ∪ E2 . Alors la somme de f et g est donnée par 0 si x ∈ E (f + g)(x) := f (x) + g(x) sinon NB. Ainsi f +g : X → IR bien définie (noter que : . ∞+∞ = ∞ , −∞−∞ = −∞ ). Définition : Soit f : X → IR et n ∈ IN . Alors la n-troncature de f , notée fn , est donnée par si f (x) > n n fn : X → IR tel que fn (x) := f (x) si n ≥ f (x) ≥ −n . −n si − n > f (x) Lemme : f ∈ M(X, A) Si alors 1. ∀x∈X 2. ∀ n ∈ IN fn : X → IR f (x) = lim fn (x) n→∞ (conv. simple) ; est mesurable. Preuve : 1. 2. est évident. i h fn (x) = inf sup(f (x), −n), n ∈ M , 1.13. {z } | ∈M , 1.13 1.16 Proposition [Somme] f, g ∈ M(X, A) =⇒ f + g ∈ M(X, A) . 17 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables Preuve : Avec fn et gn n-troncatures de f et g : ∀ x ∈ E1 ∀n fn (x) + gn (x) = n − n = 0 = (f + g)(x) ∀ x ∈ E2 ∀n fn (x) + gn (x) = −n + n = 0 = (f + g)(x) ∀ x ∈ E c = E1c ∩ E2c avec f (x) et g(x) de même signe s’ ils sont simultanément infinis : (f + g)(x) := f (x) + g(x) = lim fn (x) + lim gn (x) = lim[fn + gn ](x) . Donc ∀ x ∈ X 1.17 (f + g)(x) = lim (fn + gn )(x) ∈ M par 1.14. n→∞ Proposition [Produit] f, g ∈ M(X, A) =⇒ f g ∈ M(X, A) . Preuve : avec fm et gn troncatures de f et g : ∀ m, n fm gn ∈ M par 1.8 et ∀ n f gn = lim fm gn ∈ M m Il s’ ensuit que f g = lim f gn ∈ M par 1.14 . par 1.14 . n Soit M + (X, A) := {f | X → IR+ , f ∈ M(X, A)} . . . . Toute fonction f ∈ M + est limite simple croissante de fonctions φn simples mesurables à valeurs dans IR+ . 1.18 Lemme [d’Approximation] Soit f ∈ M + (X, A) . + Alors ∃ (φn )∞ 1 ⊂ M (X, A) tel que a) ∀ n ∈ IN ∀ x ∈ X φn (x) ≤ φn+1 (x) ; b) ∀x∈X c) tout φn prend au plus un nombre fini de valeurs dans IR+ . f (x) = lim φn (x) n→∞ (conv. simple). 18 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables Preuve : a) Définition des φn Considérer les nombres dyadiques dans IR+ , i.e. du type k2−n n ∈ IN k = 0, 1, 2, · · · (donc k2−n = n ⇔ k = n 2n ). Partitionner l’espace d’arrivée IR+ par n n2 −1 IR+ = [0, n) ∪˙ [n, ∞] = ∪˙ [k 2−n , (k + 1) 2−n ) ∪˙ [n, ∞] | {z } {z } k=0 | sous-int. de long. 2−n Définir f −1 ([k 2−n , (k + 1) 2−n )) , E(k, n) := f −1 ([n, ∞]) , . (A) int. terminal k = 0, 1, · · · , n2n − 1 , k = n2n . Noter que les E(k, n) ∈ A car f est mesurable et les E(k, n) sont des réciproques de Boréliens étendus. d’ où en appliquant f −1 à (A) Noter que ∀ x ∈ X f (x) ∈ IR+ n2n X = ∪˙ E(k, n) . k=0 (B) On définit alors φn (x) := k2−n où k prend une seule valeur si x ∈ E(k, n) k = 0, 1, · · · , n2n , d’ où encore n φn (x) = n2 X k 2−n χE(k,n)(x) . (C) k=0 NB. φn (x) est une approximation minorante de f (x) : cas type f (x) < n : alors x ∈ E(k, n) tel que f (x) ∈ [k 2−n , (k + 1) 2−n ) , d’ où φn (x) = k 2−n . Il suit que φn (x) ≤ f (x) . b) Par (C) il suit que φn prend au plus un nombre fini de valeurs dans IR+ . En outre φn ∈ M + (X, A) . c) Les φn sont croissants i.e. ∀ x ∈ X φn (x) ≤ φn+1 (x) . 19 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables En effet par (B) et (C) ∀x∈X ∃! k tel que x ∈ E(k, n) ∃! l tel que x ∈ E(l, n + 1) ⇒ φn (x) = k 2−n , ⇒ φn+1(x) = l 2−(n+1) . On trouve alors l≥2k. (D) En effet (D) est vrai pour toute position de f (x) : (I) f (x) ≥ n + 1 > n ⇒ f (x) ∈ [n + 1, ∞] ⊂ [n, ∞] ⇒ l = (n + 1) 2(n+1) et k = n 2n ⇒ l ≥ n 2(n+1) = 2 n 2n = 2 k (II) n + 1 > f (x) ≥ n ⇒ f (x) ∈ [l 2−(n+1) , (l + 1) 2−(n+1) ) ⊂ [n, ∞] ⇒ k = n 2n l 2−(n+1) ≥ n , et ⇒ l ≥ n 2(n+1) = 2 k . (III) n + 1 > n > f (x) ⇒ f (x) ∈ [l 2−(n+1) , (l + 1) 2−(n+1) ) ⊂ [k 2−n , (k + 1) 2−n ) , | {z } ⇒l2 ⇒ −(n+1) demi-intervalle −n ≥k 2 , l≥2k. Par (D) on a finalement φn (x) = k 2−n = 2k 2−(n+1) ≤ l 2−(n+1) = φn+1 (x) CQFD . d) f (x) = lim φn (x) n→∞ Noter que • f (x) = ∞ • ⇒ ∀ n φn (x) = n ⇒ lim φn (x) = ∞ = f (x) . n→∞ f (x) < ∞ ⇒ pour n suffisamment grand f (x) < n tel que |f (x) − φn (x)| = f (x) − φn (x) ≤ 2−n → 0 ( n → ∞ ) . 20 Chapitre 1. Ensembles et fonctions mesurables Remarques 1. Fonctions à valeurs complexes Soient (X, A) un espace mesurable et f : X → C I = IR + i IR Alors f = f1 + if2 où f1 = Ref et f2 = Imf tel que pour i = 1, 2 Définition : f est mesurable ssi f1 et f2 sont mesurables. NB. fi : X → IR . Somme, produit, limites mesurables. 2. Fonctions entre espaces mesurables Définition : f : (X, A) → (Y, B) est mesurable ssi ∀ B ∈ B Exercice : f : (IR, B) → (IR, B) f −1 (B) ∈ A . réglée est mesurable. Solution : f = lim f[−k,k] , k→∞ où ∀ k f[−k,k] est limite uniforme de fonctions en escalier (mesurables). Alors ∀ k f[−k,k] est mesurable d’où f est mesurable. Chapitre 2 Mesures Sommaire 2.1 Définition [Mesure (finie ou σ-finie)] . . . . . . . . . . . . . . . 22 2.2 Exemples de mesures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 2.3 Lemme [de Monotonie] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 2.4 Lemme [de Continuité Monotone] 24 2.5 Définitions [Espaces mesurés (complets) ; Vrai presque partout] 26 2.6 Définition [Mesure signée ou charge] . . . . . . . . . . . . . . . 27 2.7 Proposition [Complet et p.p.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 2.8 Proposition [σ-fini et approximation] 28 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Objectif Ayant un espace mesurable (X, A) , définir la taille d’un ensemble mesurable i.e. sa mesure. 21 22 Chapitre 2. Mesures 2.1 Définition [Mesure (finie ou σ-finie)] Soit (X, A) un espace mesurable. a) Une fonction d’ensembles i) µ(∅) = 0 ; ii) µ(A) ≥ 0 ∀ A ∈ A ; µ : A → IR est une mesure ssi [ σ-additivité] ∀ (An )∞ n=1 ⊂ A où les An sont deux à deux disjoints X ∞ ∞ µ(An ) . µ ∪˙ An = iii) n=1 n=1 NB. On peut avoir • µ(A) = ∞ . • ∞ X n=1 µ(An ) = ∞ i.e. ∃ n tel que µ(An ) = ∞ ou ∀ n µ(An ) < ∞ et ∞ X n=1 µ(An ) = ∞ . b) Une mesure µ : A → IR+ est finie ssi ∀ A ∈ A µ(A) < ∞ . Elle est σ-finie ssi ∃ (An )∞ 1 ⊂ A tel que ∀ n µ(An ) < ∞ NB. 2.2 et ∞ X = ∪ An . n=1 S.p.d.g. les An sont croissants ou deux à deux disjoints. Exemples de mesures i) Mesure de Dirac : (X, A) = (IR, B) , ∀E∈B p ∈ IR . Mesure définie par : 1 si p ∈ E µ(E) = . 0 sinon : noter que {p} = fermé ∈ B tel que µ({p}) = 1 . : mesure finie. ii) Mesure discrète (de comptage) : (X, A) = (IN, P(IN)) . Mesure définie par : ∀ A ∈ A µ(A) = #A . : mesure σ-finie. 23 Chapitre 2. Mesures iii) Mesure de Borel (par extension : de Lebesgue) : (X, A) = (IR, B) . On sait que : ∃! mesure ℓ : B → IR tel que ∀ a, b ∈ IR avec b ≥ a ℓ((a, b]) = b − a . : mesure de longueur. IR = ∪ (−n, n] ; pas finie. : σ-finie car n∈IN : mesure utilisée sur IR par la suite. : Important (exercice) : ∀ a ∈ IR ℓ({a}) = 0 tel que b − a = ℓ((a, b]) = ℓ((a, b)) = ℓ([a, b)) = ℓ([a, b]) . ∀ a, b ∈ IR avec b > a iv) Mesure de Borel-Stieltjes (par extension : de Lebesgue-Stieltjes) : (X, A) = (IR, B) . Considérer f : IR → IR croissante tel que ∀ x ∈ IR f (x) = f (x+) . On sait que : ∃! mesure ℓf : B → IR+ tel que ∀ a, b ∈ IR avec b ≥ a ℓf ((a, b]) = f (b) − f (a) . NB. • Si • Si alors 2.3 f (x) = x , on retrouve la mesure de Borel. 1 x≥0 f (x) = 11(x) = , (fonction de Heaviside), 0 x<0 ℓf ({0}) = 1 . Lemme [de Monotonie] Soit µ une mesure sur (X, A) et soient E, F ∈ A . Alors, a) E⊂F b) Si en outre Preuve : ⇒ µ(E) ≤ µ(F ) . µ(E) < ∞ , alors µ(F \ E) = µ(F ) − µ(E) . ˙ F = E ∪(F \ E) ⇒ µ(F ) = µ(E) + µ(F \ E) . 24 Chapitre 2. Mesures 2.4 Lemme [de Continuité Monotone] Soit µ une mesure sur (X, A) . Alors a) b) (En )∞ n=1⊂ A croissante i.e. ∀ n ∞ ⇒ µ ∪ En = lim µ(En ) . n=1 ∞ (Fn )n=1 ⊂ A ∞ T ⇒ µ n=1 En ⊂ En+1 n→∞ décroissante i.e. ∀ n Fn = lim µ(Fn ) ∈ IR+ . Fn ⊃ Fn+1 µ(F1 ) < ∞ et n→∞ Preuve : a) On distingue deux cas : Cas 1 : ∃ m ∈ IN tel que Alors ∞ Em ⊂ ∪ En n=1 et µ(Em ) = ∞ µ(Em ) ≤ µ =⇒ 2.3 ∀n≥m Em ⊂ En ∞ ∪ En n=1 =⇒ µ(Em ) ≤ µ(En ) =⇒ 2.3 Dès lors lim µ(En ) = ∞ = µ n→∞ ⇒ ∞ ∪ En = ∞ , ∞ n=1 µ(En ) = ∞ . ∪ En n=1 µ . Cas 2 : ∀ n µ(En ) < ∞ Avec (En )∞ n=1 croissante, on construit une réunion disjointe en définissant : E0 := ∅ Alors ∀ m et avec m → ∞ et An := En \ En−1 m m n=1 n=1 ∞ ∞ n=1 n=1 ∪ En = ∪˙ An , ∪ En = ∪˙ An . ∀n≥1 . 25 Chapitre 2. Mesures Ainsi par σ-additivité X ∞ ∞ ∞ µ(An ) µ ∪ En = µ ∪˙ An = n=1 n=1 = lim m→∞ = lim m→∞ n=1 m X µ(An ) = lim m→∞ n=1 m X n=1 m X n=1 µ(En \ En−1 ) (µ(En ) − µ(En−1)) = lim µ(Em ) = lim µ(En ) . m→∞ n→∞ b) Avec (Fn )∞ n=1 décroissante et µ(F1 ) < ∞ Fn ⊂ F1 ∞ ⇒ ∩ Fn ⊂ F1 ⇒ n=1 µ(Fn ) ≤ µ(F1 ) < ∞ , ∞ µ ∩ Fn ≤ µ(F1 ) < ∞ . n=1 Poser En = F1 \ Fn . Alors (En )∞ n=1 croissante tel que ∞ µ ∪ En = lim µ(En ) , n=1 où µ(En ) = µ(F1 ) − µ(Fn ) | {z } | {z } <∞ ∞ (A) n→∞ et avec <∞ ∞ ∞ ∪ En = ∪ [F1 \ Fn ] = ∪ [F1 ∩ Fnc ] = F1 ∩ n=1 n=1 n=1 ∞ ∞ µ ∪ En = µ(F1 ) − µ ∩ Fn . n=1 2.3 | {z } {z } | n=1 <∞ ∞ ∪ Fnc = F1 \ ∩ Fn , ∞ n=1 n=1 <∞ Ainsi par (A) µ(F1 ) − µ d’où µ Exercice : si ∞ ∩ Fn = µ(F1 ) − lim µ(Fn ) , n=1 n→∞ ∩ Fn = lim µ(Fn ) décroissante et < ∞ . ∞ n=1 n→∞ (An )∞ 1 ⊂ A , alors µ ∞ X µ(An ) . (σ-sous-additivité) ∪ An ≤ ∞ n=1 Solution : obtenir une réunion disjointe. Poser E1 := A1 Alors Ainsi et En := An \ ∞ ∞ n=1 n−1 ∪ Aj j=1 ∪ An = ∪˙ En . En outre ∀ n En ⊂ An . n=1 n=1 X ∞ ∞ ∞ ∞ X µ(En ) ≤ µ(An ) . µ ∪ An = µ ∪˙ En = n=1 n=1 n=1 n=1 ∀n ≥ 2 . 26 Chapitre 2. Mesures 2.5 Définitions [Espaces mesurés (complets) ; Vrai presque partout] 1. Un espace mesuré est un triplet (X, A, µ) où (X, A) est un espace mesurable et µ une mesure sur A , e.g. avec ℓ :=mesure de Borel, (IR, B, ℓ) := espace mesuré de Borel. 2. Un espace mesuré (X, A, µ) est complet ssi B ⊂ A où A ∈ A et µ(A) = 0 ⇒ B∈A et µ(B) = 0 . Exemple : espace mesuré de Lebesgue sur IR , extension de l’espace mesuré de Borel (IR, B, ℓ) : sera vu plus tard. 3. Une propriété P est vraie µ-presque partout (p.p.) ssi P tient partout sauf sur un ensemble mesurable de mesure nulle, e.g. avec f, g, fn : X → IR : (a) f = g p.p. ⇔ µ({x ∈ X | f (x) 6= g(x)}) = 0 ; | {z } ∈A (b) f = lim fn p.p. n→∞ ⇔ µ({x ∈ X | f (x) 6= lim fn (x)}) = 0 , | {z n→∞ } ∈A où {x ∈ X | f (x) 6= lim fn (x)} := n→∞ [ {x ∈ X | f (x) 6= lim sup fn (x)} {x ∈ X | f (x) 6= lim inf fn (x)} . n→∞ n→∞ Remarque importante Soit (X, A, µ) un espace mesuré. Soit P une propriété du type “relation d’ordre”, “convergence”, ou “limite (supérieure ou inférieure) d’ une suite” faisant intervenir des fonctions de X dans IR . Supposons que a) toutes les fonctions qui interviennent sont A-mesurables, ou b) (X, A, µ) est un espace mesuré complet. Alors P est vraie µ-presque partout ⇔ Il existe un ensemble N ∈ A tel que µ(N) = 0 et P est vraie sur N c . (Soit E ⊂ X l’ensemble d’exception (i.e. où P n’est pas vraie). Noter que : sous a) E ∈ A , et sous b) E ∈ A dès que E ⊂ N ∈ A tel que µ(N) = 0) . . . Il est parfois désirable que la mesure d’un ensemble soit négative. . . On évite ±∞ . 27 Chapitre 2. Mesures 2.6 Définition [Mesure signée ou charge] Soit (X, A) un espace mesurable. Une fonction d’ensembles mesure signée ou une charge ssi (i) λ(∅) = 0 ; (ii) [ σ-additivité absolue] λ ∞ ∪˙ An n=1 ∀ (An )∞ n=1 ⊂ A = ∞ X λ : A → IR est une où les An sont deux à deux disjoints ∞ X λ(An ) tel que n=1 n=1 |λ(An )| < ∞ (⋆) NB. (⋆) ⇒ série indépendante de l’arrangement des termes. On termine le chapitre en traitant quelques cas particuliers qui seront utiles plus tard. 2.7 Proposition [Complet et p.p.] Soit (X, A, µ) un espace mesuré complet. Soient f ∈ M(X, A) (fn )∞ 1 ⊂ M(X, A) g=f p.p. et et g, h : X → IR h = lim fn tel que p.p. n→∞ Alors g et h ∈ M(X, A) . Preuve : a) On a E := {x | g(x) 6= f (x)} ∈ A , µ(E) = 0 , et X = E ∪˙ E c . Avec α ∈ IR on obtient : {x | g(x) > α} = ({x | g(x) > α} ∩ E) ∪˙ ({x | g(x) > α} ∩ E c ) Ec ) ∈ A . = ({x | g(x) > α} ∩ E) ∪˙ ({x | f (x) > α} ∩ |{z} | {z } {z } | ∈A , f ∈M ∈A , (X,A,µ) complet Il suit que g ∈ M . b) On a que E := {x | h(x) 6= lim fn (x)} ∈ A h(x) = lim fn (x) n→∞ n→∞ et µ(E) = 0 . En outre sur E c d’ où hχE c = lim fn χE c n→∞ ∈A où fn χE c ∈ M . 28 Chapitre 2. Mesures Ainsi hχE c ∈ M par 1.14. Voir alors que x ∈ Ec ⇒ χE c (x) = 1 ⇒ h(x) = (hχE c )(x) . Ainsi F := {x | h(x) 6= (hχE c )(x) } ⊂ E ∈ A où µ(E) = 0 . Comme (X, A, µ) est complet F ∈A µ(F ) = 0 . hχE c ∈ M . Il suit par a) que h ∈ M . Il suit que h = hχE c p.p. où 2.8 et Proposition [σ-fini et approximation] Soit (X, A, µ) un espace mesuré où µ est σ-finie. Soit f ∈ M + (X, A) . + Alors ∃ (fn )∞ n=1 ⊂ M (X, A) simples tel que ∀x∈X f (x) = lim fn (x) croissante où n ∀ n ∈ IN fn (x) = avec ∀ k = 0, 1, · · · , n2n Preuve : (A) n→∞ Comme µ est σ-finie ∀ n µ(En ) < ∞ , n2 X k2−n χEkn (x) (B) k=0 Ekn ∈ A tel que ∃ (En )∞ 1 ⊂ A ∞ X = ∪ En n=1 et µ(Ekn ) < ∞ tel que En ⊂ En+1 ∀n. n (Si les En ne sont pas croissants, remplacer chaque En par ∪ Em ) m=1 Considérer les approximants de 1.18 i.e. n φn (x) = n2 X k2−n χE(k,n)(x) . k=0 Définir Ekn := E(k, n) ∩ En ∈ A | {z } |{z} ∈A et fn := φn χEn . ∈A Alors µ(Ekn ) ≤ µ(En ) < ∞ et χE(k,n) χEn = χE(k,n)∩En = χEkn . On obtient (B) . 29 Chapitre 2. Mesures En outre fn ∈ M + (X, A) simples. Voir alors que φn ր f et En ր ∪ En = X ⇒ χEn ր 1 . Il suit que fn = φn χEn ր f · 1 = f et on obtient (A) . NB. Les approximants sont intégrables, c’est-à-dire (plus tard) Z n X |fn (x)| dµ(x) = (B) n2 X k=0 k2−n µ(E) < ∞ . Chapitre 3 Intégrales de fonctions non-négatives Sommaire 3.1 Définition [Fonctions simples mesurables] . . . . . . . . . . . . 31 3.2 Définition [Intégrale d’une fonction simple] . . . . . . . . . . . 31 Proposition [Intégrale d’une fonction simple] . . . . . . . . . . . . . . . . 31 3.3 Lemme [de Linéarité et de l’Intégrale Indéfinie] . . . . . . . . 32 3.4 Définition [Intégrales de fonctions non-négatives] . . . . . . . 34 3.5 Lemme [de Monotonie] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 3.6 Corollaire [Finie p.p.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 3.7 Théorème [de Convergence Monotone] . . . . . . . . . . . . . 35 3.8 Corollaire [de Linéarité] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 3.9 Lemme [de Fatou] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 3.10 Corollaire [Intégrale Indéfinie] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 3.11 Proposition [Annulation de l’intégrale] . . . . . . . . . . . . . 39 3.12 Proposition [ensembles nuls ou égalité p.p.] . . . . . . . . . . . 40 3.13 Définition [Mesure absolument continue] . . . . . . . . . . . . 41 3.14 Proposition [Intégrale Indéfinie] . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 3.15 Théorème [de Radon] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 3.16 Corollaire [Convergence Monotone p.p.] . . . . . . . . . . . . . 42 3.17 Corollaire [Intégrale d’une série] . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 3.18 Définition [Intégrale d’une fonction] . . . . . . . . . . . . . . . 43 30 31 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives Objectif Étant donné un espace mesuré (X, A, µ) et f ∈ M + (X, A) définir Z Z f dµ = f (x) dµ(x) ∈ IR+ X 3.1 X Définition [Fonctions simples mesurables] Une fonction φ : X → IR est simple ssi elle prend au plus un nombre fini de valeurs dans IR . P Une fonction simple mesurable est de la forme φ = nj=1 aj χEj i.e. combinaison linéaire de fonctions caractéristiques où ∀ j ∈ n aj ∈ IR et Ej ∈ A et les Ej sont deux à deux disjoints. Une telle fonction admet une seule forme standard i.e. tel que les aj sont distincts et n X = ∪˙ Ej . j=1 3.2 Définition [Intégrale d’une fonction simple] Soit φ ∈ M + (X, A) simple de forme standard φ = Z NB. φ dµ := X n X aj µ(Ej ) Z et R X La convention 0 (±∞) := 0 j=1 aj χEj et soit A ∈ A . Alors φ dµ := A j=1 Il se peut que Pn φ dµ = ∞ . ⇒ si φ = 0 alors Z Z φ χA dµ . X φ dµ = 0 . X Proposition [Intégrale d’une fonction simple] Si φ ∈ M + (X, A) Alors Z est simple tel que φ dµ = X Il suit que n X aj µ(Ej ) φ= et Z Pn j=1 φ dµ = A j=1 µ(A) = 0 ⇒ aj χEj Z A n X j=1 φ dµ = 0 et A∈A. aj µ(Ej ∩ A) . 32 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives Preuve : n a) On peut supposer que s.p.d.g. ∪˙ Ej = X (sinon définir E = ∪˙ Ej , j=1 j∈n En+1 = E c et an+1 = 0). Comme les aj ne sont pas nécessairement distincts, φ n’est pas nécessairement de forme standard, d’ où nécessité d’ affiner. Soit bk , k ∈ m , une énumération des aj distincts. Soit Ik := {j ∈ n | aj = bk } Soit Fk := ∪˙ Ej ∈ A d’ où k∈m X = ∪˙ Fk . d’ où j∈Ik n = ∪˙ Ik . k∈m Alors la forme standard de φ est donnée par φ = P bk χFk d’ où k∈m R X P φ dµ := bk µ(Fk ) k∈m = P P bk j∈Ik k∈m b) φ χA = n P aj χEj j=1 ! µ(Ej ) = χA = aj µ(Ej ) = n P aj χEj ∩A P aj µ(Ej ) . j∈n k∈m j∈Ik d’ où par a) j=1 Z φ dµ = A 3.3 P P n X j=1 aj µ(Ej ∩ A) . Lemme [de Linéarité et de l’Intégrale Indéfinie] a) [Linéarité] Soient φ et ψ ∈ M + (X, A) simples et c ∈ IR+ . Alors Z cφ dµ = c Z φ dµ et Z [φ + ψ] dµ = b) L’intégrale indéfinie de φ ∈ M + simple i.e. λ : A → IR+ : est une mesure. A 7→ λ(A) := Z Z φ dµ + φ dµ A Z ψ dµ . 33 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives Preuve : 1. On traite d’abord le produit par une constante , puis la somme. Produit par c : On suppose que φ est de forme standard. Le cas c = 0 étant évident, on regarde c > 0 : alors c φ ∈ M + est de forme standard P cφ= c aj χEj et j∈n Z c φ dµ = n X c aj µ(Ej ) = c j=1 Z φ dµ . Somme : On admet que φ et ψ sont de forme standard X X φ= aj χEj et ψ = bk χFk . j∈m Alors φ+ψ = k∈n XX j∈m k∈n où (aj + bk ) χEj ∩Fk ∈ M + (X, A) X = ∪˙ Ej = ∪˙ Fk = j∈m k∈n Ej = ∪˙ (Ej ∩ Fk ) , ∪˙ (j,k)∈m×n Ej ∩ Fk , Fk = ∪˙ (Ej ∩ Fk ) . j∈m k∈n Ainsi, par la Proposition 3.2 Z XX (φ + ψ) dµ = (aj + bk ) µ(Ej ∩ Fk ) j∈m k∈n = aj X aj µ(Ej ) + j∈m = X X k∈n µ(Ej ∩ Fk ) + j∈m = Z φ dµ + X X k∈n bk X j∈m µ(Ej ∩ Fk ) bk µ(Fk ) k∈n Z ψ dµ . P 2. On admet que φ est de forme standard φ = nj=1 aj χEj . Par la proposition 3.2, P il suit que ∀ A ∈ A λ(A) = j∈n aj λj (A) où λj (A) = µ(Ej ∩ A) est une P mesure (exercice) et avec aj ∈ IR+ λ = nj=1 aj λj est une mesure (exercice). 34 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives 3.4 Définition [Intégrales de fonctions non-négatives] Soient f ∈ M + (X, A) et A ∈ A . Les intégrales de f par rapport à la mesure µ sur X et sur A sont définies par Z f dµ := X sup Z + X φ dµ | φ ∈ M (X, A) simple tel que 0 ≤ φ(x) ≤ f (x) , ∀ x ∈ X et Si en outre R Z X f dµ := A Z f χA dµ . (B) X f ∈ L+ (X, A, µ) . f dµ < ∞ , on dit que f est intégrable, notation : Remarques : a) Dans (A) , le sup existe dans IR+ , car l’ensemble droit comprend toujours 0 R (φ(x) ≡ 0 est admissible) . On a toujours X f dµ ∈ IR+ . b) Si A ∈ A tel que µ(A) = 0 R alors A En effet, en utilisant (B) dans (A) 0 ≤ φ(x) ≤ (f χA )(x) ⇒ ⇒ f dµ = 0 . φ(x) = 0 sur Ac ⇒ φ = φ χA Z Z φ dµ = φ dµ = 0 . X A d’ où la conclusion. 3.5 Lemme [de Monotonie] a) Si f, g ∈ M + (X, A) tel que f ≤g f ∈ M + (X, A) et E, F ∈ A R R alors f dµ ≤ f dµ . E F b) Si (A) alors tel que R f dµ ≤ E⊆F R g dµ . 35 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives Preuve : a) Avec φ ∈ M + (X, A) simple, Z φ dµ : 0 ≤ φ ≤ f Z ⊆ 0≤φ≤g φ dµ : . Le résultat suit par (A) en prenant le sup. b) Observer que 3.6 f χE ≤ f χF , d’où le résultat suit par a). Corollaire [Finie p.p.] Si f ∈ M + (X, A) est intégrable E := {x ∈ X | f (x) = ∞} ∈ A . fn := n χE . Alors Z Z fn ≤ f et n µ(E) = fn dµ ≤ f dµ =: K ∈ IR+ . Preuve : Soit ∀ n ∈ IN Ainsi ∀ n ∈ IN 3.7 alors f (x) < ∞ p.p. 0 ≤ µ(E) ≤ K n−1 µ(E) = 0 . Théorème [de Convergence Monotone] + (fn )∞ n=1 ⊂ M (X, A) une suite croissante i.e. Soit Soit n→∞ ∀x∈X Z Z f (x) := lim fn (x) Alors Preuve : Pas 1 d’ où lim n→∞ R f dµ = lim X n→∞ ∀x∈X . ( ∈ M + , 1.14) . fn dµ . X On démontre deux inégalités opposées. R fn dµ ≤ f dµ . En effet ∀ n ∈ IN fn (x) ≤ fn+1 (x) fn ≤ f . Ainsi par 3.5 ∀ n ∈ IN Le pas suit par prise de limite pour n → ∞ . R f dµ ≤ X n R X f dµ . 36 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives Pas 2 R f dµ ≤ lim n→∞ R fn dµ . Par la définition (A) de R X f dµ il suffit que ∀ φ ∈ M + (X, A) simple avec 0 ≤ φ ≤ f Z Z fn dµ α φ dµ ≤ lim ∀ α ∈ (0, 1) (C) n→∞ (car par (C) si α ր 1 alors en prenant le sup). R φ dµ ≤ lim n→∞ R fn dµ On montre (C) par la suite. Par 3.3 notons que λ: A → IR+ : est une mesure, et soit Z A 7→ λ(A) = d’ où l’ on obtient le Pas α φ dµ A ∀ n ∈ IN An := {x ∈ X | (fn − α φ)(x) ≥ 0} ∈ A . | {z } mesurable On a alors (a) les An sont croissants i.e. (car (b) x ∈ An ∞ X = ∪ An . An ⊂ An+1 . ⇒ 0 ≤ (fn − α φ)(x) ≤ (fn+1 − α φ)(x) ⇒ x ∈ An+1 ) n=1 (prendre x ∈ X et distinguer deux cas. Cas 1 : 0 = φ(x) Cas 2 : 0 < φ(x) ⇒ i.e. 0 = α φ(x) ≤ fn (x) ∀ n 0 < φ(x) ≤ f (x) où ⇒ x ∈ An fn (x) ր f (x) =⇒ 0 < α φ(x) < f (x) α<1 =⇒ ∃ N ∈ IN tel que ∀ n ≥ N : =⇒ x ∈ An ∀n≥N . Il suit que (b) est vrai dans les 2 cas) Z Z α φ dµ ≤ (c) ∀ n λ(An ) = An (d) avec α φ(x) ≤ fn (x) 3.5 fn dµ An ≤ Z fn dµ . X ∞ (An )∞ tel que X = ∪ An 1 ր 1 Z Z α φ dµ = λ(X) = lim λ(An ) ≤ lim fn dµ . X Il suit que (C) est vrai. CQFD. 2.4 n→∞ (c) n→∞ X ∀n 37 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives 3.8 Corollaire [de Linéarité] Si f, g ∈ M + et c ≥ 0 , R R alors c f dµ = c f dµ et R (f + g) dµ = R f dµ + R g dµ . Preuve : Par le Lemme d’approximation 1.18, on obtient ∃ (φn ), (ψn ) ⊂ M + (X, A) simples tel que φn ր f et ψn ր g ( n → ∞ ). Noter que c φn ր c f et φn + ψn ր f + g . R R R R R En outre par 3.3, c φn dµ = c φn dµ et (φn + ψn ) dµ = φn dµ + ψn dµ . Ainsi par 3.7, pour n → ∞ Z Z Z Z Z c f dµ = c f dµ et (f + g) dµ = f dµ + g dµ . Corollaire [Convergence Monotone décroissante] Soit Soit Alors + (fn )∞ décroissante tel que n=1 ⊂ M (X, A) f (x) = lim fn (x) ∀ x ∈ X . f1 ∈ L+ (X, A, µ) . n→∞ f ∈ L+ (X, A, µ) et Z f dµ = lim n→∞ X Z X fn dµ < ∞ . R R R Preuve : Noter que f ≤ fn ≤ f1 tel que f dµ ≤ fn dµ ≤ f1 dµ < ∞ i.e. fn et f ∈ L+ . Il suit par 3.6 que fn (x) < ∞ p.p. et f (x) < ∞ p.p. i.e. En = {x | fn (x) = ∞} ∈ A tel que µ(En ) = 0 et E = {x | f (x) = ∞} ∈ A tel que µ(E) = 0 . Noter que E ⊂ En ⊂ E1 Mettre alors fn (x) = 0 et f (x) = 0 ∀ x ∈ E1 . Noter alors qu’on maintient les valeurs des intégrales et la monotonie décroissante en utilisant des fonctions à valeurs dans IR+ . Ainsi s.p.d.g. les fn et f sont à valeurs dans IR+ . Définir alors gn : X → IR+ et g : X → IR+ gn + fn = f1 et tel que f + g = f1 . 38 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives Ainsi gn et g ∈ M + (X, A) En outre par 3.8 R gn dµ + R et gn ր g et g dµ + <∞ Finalement par 3.7 3.9 R R car fn ց f . fn dµ = R f dµ = <∞ g dµ = lim R gn dµ R R R d’ où f1 dµ < ∞ f1 dµ < ∞ . f dµ = lim n→∞ R fn dµ . Lemme [de Fatou] + Soit (fn )∞ n=1 ⊂ M (X, A) . Alors Z Z (lim inf fn ) dµ ≤ lim inf fn dµ . X n→∞ n→∞ X Preuve : lim inf fn = sup inf fn . n→∞ Soit m≥1 n≥m gm := inf fn . Alors les gm sont dans M + et croissantes tel que n≥m lim gm = sup gm = lim inf fn , m→∞ n→∞ m≥1 et alors ∀ m gm ≤ fn =⇒ Z (n≥m) gm dµ ≤ inf n≥m Z =⇒ 3.5 Z gm dµ ≤ fn dµ ≤ sup inf m≥1 n≥m Z Z fn dµ = lim inf Ainsi pour m → ∞ Z Z Z 3.7 (lim inf fn ) dµ = ( lim gm ) dµ = lim gm dµ n→∞ m→∞ m→∞ fn dµ ( n ≥ m ) n→∞ ≤ Z lim inf n→∞ fn dµ . X Z fn dµ . 39 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives 3.10 Corollaire [Intégrale Indéfinie] Soit f ∈ M + . Alors l’intégrale indéfinie de f A → IR+ : λ: est une mesure. En outre si f ∈ L+ (X, A, µ) i.e. A 7→ λ(A) := Z f dµ A alors λ est une mesure finie. Preuve : On a que λ(∅) = 0 et λ(A) ≥ 0 . ˙ Soit alors (An )∞ n=1 ⊂ A où les An sont deux à deux disjoints et soit A := ∪ An . n≥1 Noter que χA = X χAn = lim m→∞ n≥1 d’ où f χA = lim m→∞ Alors λ(A) = = 3.8 ∆ = Z (f χA ) dµ lim m→∞ ∞ X m Z X m X n=1 = 3.7 χAn ր n=1 f χAn ր . lim m→∞ f χAn dµ n=1 m X ∆ Z = m X f χAn n=1 lim m→∞ m X ! dµ λ(An ) n=1 λ(An ) . n=1 3.11 Proposition [Annulation de l’intégrale] Soit f ∈ M + . Alors Z X f dµ = 0 ⇔ f = 0 p.p. 40 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives Preuve : Alors Soient E = {x | f (x) > 0} ∈ A E = ∪ En , En ⊂ En+1 , Z f dµ = On doit montrer que Z f dµ et 2.4 n→∞ f = 0 p.p. E Z ⇐ : suit de la définition de R ⇔ f dµ = 0 E E En = {x | f (x) > n1 } ∈ A . d’ où µ(E) = lim µ(En ) . n≥1 Noter que et ⇔ µ(E) = 0 . µ(E) = 0 f dµ . ⇒ : prendre fn := n−1 χEn . Noter que fn ≤ f , d’ où R R n−1 µ(En ) = fn dµ ≤ f dµ = 0 . Ainsi µ(En ) = 0 ∀ n d’ où µ(E) = lim µ(En ) = 0 . 3.12 Proposition [ensembles nuls ou égalité p.p.] a) [ Rappel] Si f ∈ M + (X, A) et A ∈ A tel que µ(A) = 0 alors R R b) Si f, g ∈ M + (X, A) et f = g p.p. alors f dµ = g dµ . Preuve : Concernant b) R R En outre Ac f dµ = Ac g dµ R A f dµ = 0 . noter que A := {x | f (x) 6= g(x)} ∈ A tel que µ(A) = 0 . R R d’ où par a) f dµ = g dµ . Application [Intégrale de Borel entre a et b] ∆ Soit (X, A, µ) = (IR, B, ℓ) l’ espace mesuré de Borel sur IR où l’on note l’incrément dℓ(x) par dx . Soit f ∈ M + (IR, B) . Comme ∀ p ∈ IR ℓ({p}) = 0 Z Z Z Z ∀ a, b ∈ IR avec a ≤ b f (x) dx = f (x) dx = f (x) dx = f (x) dx [a,b] [a,b) ∆ = où Rb a Z (a,b] b a f (x) dx ∈ IR+ f (x) dx est appelée intégrale de Borel de f entre a et b . (a,b) 41 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives 3.13 Définition [Mesure absolument continue] Soient (X, A) un espace mesurable et λ et µ deux mesures sur A . On dit que λ est absolument continue par rapport à µ (AC ÷µ) ssi A ∈ A et µ(A) = 0 ⇒ λ(A) = 0 . On obtient par la Proposition 3.12 3.14 Proposition [Intégrale Indéfinie] R Si f ∈ M + (X, A) et λ : A → IR+ : A 7→ λ(A) = A f dµ est l’intégrale indéfinie de f alors λ est une mesure AC ÷µ . NB. Il arrive que λ n’est pas AC ÷µ . e.g. (X, A) = (IR, B) µ = ℓ mesure de longueur de Borel, 1 p∈A λ = mesure de Dirac en p ∈ IR i.e. λ(A) = . 0 sinon Alors µ({p}) = ℓ({p}) = 0 mais λ({p}) = 1 . Pourtant on a toujours 3.15 Théorème [de Radon] Si λ et µ sont deux mesures σ-finies tel que λ est AC ÷µ R alors ∃ f ∈ M + tel que ∀ A ∈ A λ(A) = A f dµ où f est unique p.p. i.e. λ est une intégrale indéfinie NB. f est appelée dérivée de Radon ou densité de λ ÷ µ . Notes 1. Il faut associer mesures AC et intégrales indéfinies. 2. En probabilité (X, A) = (IR, B) où A ∈ B : = un événement = ”(être dans) un Borélien”, not µ = ℓ mesure de longueur de Borel avec dx = dℓ(x) , λ(A) = P (A) = probabilité de l’événement A ∈ B . 42 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives Alors par Radon : si P est AC ÷ℓ alors il existe p ∈ M + tel que Z ∀ A ∈ B P (A) = p(x) dx A où p(·) = densité de probabilité. 3.16 Corollaire [Convergence Monotone p.p.] + Soit (fn )∞ une suite croissante p.p. i.e. ∀ n ∈ IN fn ≤ fn+1 n=1 ⊂ M Soit E := {x ∈ X | ∃ n ∈ IN tel que fn (x) > fn+1 (x) } . Alors a) E ∈ A, b) ∀ f ∈ M + µ(E) = 0 et lim fn χE c ∈ M + n→∞ tel que f (x) = lim fn (x) n→∞ Z f dµ = lim n→∞ X comme limite croissante. ∀ x ∈ Ec Z p.p. on obtient fn dµ . X Preuve : a) Noter que ∀ n ∈ IN En := {x ∈ X | fn (x) > fn+1 (x) } ∈ A et µ(En ) = 0 . ∞ Comme E = ∪ En et comme E c = {x ∈ X | ∀ n ∈ IN fn (x) ≤ fn+1 (x) } n=1 on obtient a) . b) Noter que a) et 3.7 donnent Z Z Z Z fn dµ . fn χE c dµ = lim f dµ = f χE c dµ = lim X 3.17 3.7 X X Corollaire [Intégrale d’une série] + Soit (fn )∞ une suite . Alors n=1 ⊂ M ! Z X ∞ ∞ Z X fn dµ = fn dµ . n=1 n=1 X 43 Chapitre 3. Intégrales de fonctions non-négatives Preuve : Noter que m X n=1 fn ր ∞ X fn . En outre par 3.8 n=1 Z X m m Z X ( fn ) dµ = fn dµ . n=1 Ainsi par 3.7 pour m → ∞ Z 3.18 ∞ X n=1 fn ! n=1 dµ = lim m→∞ m Z X fn dµ = n=1 ∞ Z X fn dµ . n=1 Définition [Intégrale d’une fonction] Soient (X, A, µ) un espace mesuré et A ∈ A . Soit f ∈ M(X, A) . Alors l’intégrale de f sur A est définie par Z f dµ := A Z A f + dµ − Z f − dµ A R Elle existe ssi f dµ ∈ IR R +A R i.e. ssi inf ( A f dµ , A f − dµ) < ∞ (pas simultanément infinis). NB. R A |f | dµ = R A f + dµ + R A f − dµ existe toujours . Chapitre 4 Fonctions intégrables Sommaire 4.1 Définition [Fonction Intégrable] . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Proposition [Intégrale simplifiée] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 4.2 Proposition [Intégrale Indéfinie] . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 4.3 Théorème [Intégrable de façon absolue] . . . . . . . . . . . . . 47 4.4 Corollaire [Finie p.p.] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 4.5 Corollaire [Intégrable par majoration] . . . . . . . . . . . . . . 48 4.6 Théorème [de Linéarité] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 4.7 Exercices [nul ou égal] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 4.8 Théorème [Convergence Dominée de Lebesgue] . . . . . . . . 51 4.9 Corollaire [Convergence Dominée p.p.] . . . . . . . . . . . . . 51 4.10 Application[l’Intégrale de Riemann est de Borel] . . . . . . . 52 Objectif Etant donné un espace mesuré (X, A, µ) et f ∈ M(X, A) , donner un sens à Z f dµ ∈ IR ∀A∈A. A 44 45 Chapitre 4. Fonctions intégrables 4.1 Définition [Fonction Intégrable] Une fonction f : X → IR est intégrable, notation : f ∈ L(X, A, µ) ≡ L , Z f ∈ M(X, A) et f ± dµ < ∞ , i.e. f ± ∈ M + (X, A) tel que i.e. f ± ∈ L+ (X, A, µ) . ∀ f ∈ L et ∀ A ∈ A on définit Z R X X f ± dµ < ∞ , f dµ := X Z ssi f dµ := A Z Z f + X f + A dµ − dµ − Z f − dµ , X Z f − dµ . A On obtient sans peine : Si f ∈ L et A ∈ A alors R µ(A) = 0 ⇒ A f dµ = 0. R R R f dµ = f dµ + f dµ. X A Ac NB. a) b) Proposition [Intégrale simplifiée] Soit f ∈ L . Soient f1 , f2 ∈ L+ tel que f = f1 − f2 Alors Z Preuve : f dµ = Z f1 dµ − Z f2 dµ . On trouve : ∀x∈X f + (x) + f2 (x) = f − (x) + f1 (x) . (on distingue quatre cas : a) Si f1 (x) et f2 (x) < ∞, alors f ± (x) ≤ |f (x)| ≤ f1 (x) + f2 (x) < ∞ d’où f (x) = f + (x) − f − (x) = f1 (x) − f2 (x) implique (A). (A) 46 Chapitre 4. Fonctions intégrables b) Dans les trois autres cas (A) se lit ∞ = ∞ : • f1 (x) = ∞ et f2 (x) < ∞ ⇒ f (x) = ∞ ⇒ f + (x) = ∞ et f − (x) = 0 ⇒ (A). • f1 (x) < ∞ et f2 (x) = ∞ ⇒ f (x) = −∞ ⇒ f − (x) = ∞ et f + (x) = 0 ⇒ (A). • f1 (x) = ∞ et f2 (x) = ∞ ⇒ f (x) = 0 ⇒ f − (x) = 0 et f + (x) = 0 ⇒ (A). ) En intégrant (A) et par 3.8 : R f + dµ + <∞ R f2 dµ = <∞ R f − dµ + <∞ R f1 dµ <∞ d’où le résultat. 4.2 Proposition [Intégrale Indéfinie] Soit f ∈ L . Alors l’ intégrale indéfinie de f A → IR : λ: i.e. A 7→ λ(A) = Z f dµ A est une mesure signée ou une charge. Preuve : f = f+ − f− λ± : tel que A → IR+ : f ± ∈ L+ . Alors par 3.10 Z ± A 7→ λ (A) = f ± dµ A est une mesure finie. Il suit que ∀ A ∈ A λ(A) = λ+ (A) − λ− (A) ∈ IR . <∞ <∞ En outre λ(∅) = 0 . Soit finalement (An )∞ 1 ⊂ A , où les An sont deux à deux disjoints et A := ∪˙ An . Alors n≥1 X n≥1 |λ(An )| ≤ X n≥1 λ+ (An ) + X n≥1 λ− (An ) = λ+ (A) + λ− (A) < ∞ , 47 Chapitre 4. Fonctions intégrables et m m ! X X λ+ (An ) − λ+ (A) − λ(An ) − λ(A) = n=1 n=1 m m X X −−−→ λ− (An ) − λ− (A) −(−− λ+ (An ) − λ+ (A) + ≤ m→∞ ) 0 . n=1 n=1 Il suit que λ(A) = ∞ X ∞ X λ(An ) avec n=1 4.3 ! λ− (An ) − λ− (A) n=1 m X n=1 |λ(An )| < ∞ . Théorème [Intégrable de façon absolue] Si f ∈ M alors f ∈L et alors |f | ∈ L+ , ⇔ Z Z f dµ ≤ |f | dµ . Preuve : ⇒: ⇐: |f | = f + + f − Z f± ∈ M+ Avec f ∈ L et f ± ∈ L+ ⇒ |f | ∈ M + et Z Z + f dµ + f − dµ < ∞ ⇒ |f | dµ = où 3.8 f ± ≤ |f | ∈ L+ tel que f ± ∈ L+ ⇒ |f | ∈ L+ . f ∈L. Z Z Z Z Z + − + f dµ = f dµ − f dµ ≤ f dµ + f − dµ <∞ = Z + <∞ − (f + f ) dµ = Z |f | dµ . 48 Chapitre 4. Fonctions intégrables 4.4 Corollaire [Finie p.p.] Si f ∈ L alors f (x) ∈ IR p.p. Preuve : Noter que Z |f | ∈ L+ X 4.5 tel que par le Corollaire 3.6 |f | dµ < ∞ ⇒ Corollaire [Intégrable par majoration] Si f ∈ M et g ∈ L+ tel que |f | ≤ g Preuve : 4.6 |f (x)| < ∞ p.p. alors f ∈ L . R |f |, g ∈ M + et 3.5 entraı̂nent |f | dµ ≤ R g dµ < ∞ . Théorème [de Linéarité] L est un espace linéaire i.e. si f, g ∈ L et α ∈ IR αf ∈ L alors f +g ∈L. et En outre et Z Z (αf ) dµ = α (f + g) dµ = Z Z f dµ f dµ + Z g dµ . Preuve : a) Produit par α : le cas α = 0 est évident donc s.p.d.g. α 6= 0 . R R R αf ∈ L car |αf | dµ = |α| |f | dµ = |α| |f | dµ < ∞ . 49 Chapitre 4. Fonctions intégrables En outre pour ± α = −1 : (−f ) = f ∓ : α > 0 : (αf )± = αf ± : α < 0 : (αf ) = −|α| f : b) Somme : si f, g ∈ L , |f + g| ≤ |f | + |g| ⇒ ⇒ Z Z (−f ) dµ = Z Z f − dµ − Z Z dµ = − Z f dµ . Z dµ = α f dµ . αf − Z Z Z (αf ) dµ = (−|α| f ) dµ = − |α| f dµ Z Z = −|α| f dµ = α f dµ . (αf ) dµ = alors Z |f + g| dµ αf + dµ − f + ≤ 3.5 , 3.8 Z |f | dµ + Z |g| dµ < ∞ f +g ∈L. Poser f1 := f + + g + ∈ L+ et f2 := f − + g − ∈ L+ , alors f + g = f1 − f2 (Rappel : (A) f + g ∈ M tel que avec E1 := {x | f (x) = ∞ , g(x) = −∞} = {x | f + (x) = ∞ , g − (x) = ∞} ∈ A , E2 := {x | f (x) = −∞ , g(x) = ∞} = {x | f − (x) = ∞ , g + (x) = ∞} ∈ A , et E := E1 ∪˙ E2 ∈ A , 0 x∈E (f + g)(x) := . f (x) + g(x) sinon Alors E = {x | f1 (x) = ∞ = f2 (x)} et 0 (f1 − f2 )(x) := f1 (x) − f2 (x) x∈E sinon . Il suit que (A) est vrai ∀x ∈ E et aussi ∀x ∈ E c . La dernière assertion s’obtient en considérant trois cas avec x ∈ E c : 50 Chapitre 4. Fonctions intégrables 1) f1 (x) < ∞ et f2 (x) < ∞ : alors f ± (x) et g ± (x) < ∞, tel que f1 − f2 = [f + + g + ] − [f − + g − ] = [f + − f − ] + [g + − g − ] = f + g . 2) f1 (x) = ∞ et f2 (x) < ∞ : alors f (x) ou g(x) = ∞ tel que f1 − f2 = ∞ = f + g. 3) f1 (x) < ∞ et f2 (x) = ∞ : alors f (x) ou g(x) = −∞ tel que f1 −f2 = −∞ = f +g.) Ainsi par (A) et par la Proposition 4.1 Z Z Z Z Z + + (f + g) dµ = f1 dµ − f2 dµ = (f + g ) dµ − (f − + g − ) dµ Z Z h Z i h Z i 3.8 + + − = f dµ + g dµ − f dµ + g − dµ = 4.7 a) Z <∞ | f dµ + <∞ Z <∞ | | <∞ | g dµ . Exercices [nul ou égal] f ∈M (car |f | = 0 p.p. ⇒ b) f ∈ M ⇒ f = 0 p.p. R f ∈ L et Z f dµ = 0 . R R |f | dµ = 0 ⇒ f ∈ L et f dµ ≤ |f | dµ = 0) g ∈ L et f = g p.p. ⇒ f ∈ L et R f dµ = R g dµ . R a) (car f − g = 0 p.p. =⇒ f − g ∈ L et (f − g) dµ = 0 R R =⇒ f = (f − g) + g ∈ L et par 4.6 0 = f dµ − g dµ) Note : si f ∈ L alors par 4.4 E := {x | |f (x)| = ∞} ∈ A On obtient f χE c : X → IR , f = f χE c p.p.. R R f dµ = f χE c dµ . En outre par b) f χE c ∈ L et Donc s.p.d.g. ( f ← f χE c ) f : X → IR . et µ(E) = 0 . 51 Chapitre 4. Fonctions intégrables 4.8 Théorème [Convergence Dominée de Lebesgue] (fn )∞ 1 ⊂ L Soit Admettons Alors tel que ∀x∈X f (x) = lim fn (x) n→∞ ∃ g ∈ L+ Ztel que |fn | ≤Z g ∀ n . f ∈ L et f dµ = lim fn dµ . n→∞ X ( ∈ M , 1.14). X Preuve : 4.5 |f | = lim |fn | ≤ g ∈ L+ a) f ∈L b) La relation limite suit en appliquant deux fois le Lemme de Fatou 3.9. car =⇒ n→∞ f ∈L. Noter que ∀ n g ≥ |fn | ≥ ±fn tel que ∀ n g ± fn ∈ M + , d’ où (avec ”+” correspondant à lim inf et ”−” à lim sup) inf lim inf(g ± fn ) = g ± lim fn = g ± f . sup Il suit que pour le cas ”+” et ”-” Z Z Z Z g dµ ± f dµ = (g ± f ) dµ = lim inf(g ± fn ) dµ ≤ (Fatou) = Z Comme Soit Soit Alors Z (g ± fn ) dµ = lim inf inf g dµ ± lim sup Z g dµ < ∞ Z g dµ ± Z fn dµ Z f dµ = lim n→∞ Z (fn )∞ n=1 ⊂ L tel que + lim fn = f p.p. n→∞ tel que Z ∀ n |fn | ≤ gZp.p. f ∈ L et f dµ = lim fn dµ . X n→∞ X fn dµ . fn dµ . Corollaire [Convergence Dominée p.p.] g∈L Z on peut barrer g dµ au début et à la fin. Z Z Z Z f dµ ≤ lim inf fn dµ ≤ lim sup fn dµ ≤ f dµ ∈ IR . Ainsi 4.9 lim inf Z où f ∈ M . Dès lors 52 Chapitre 4. Fonctions intégrables On a Ef := {x ∈ X | f (x) 6= lim fn (x)} ∈ A Preuve : et n→∞ µ(Ef ) = 0 , ∀ n En := {x ∈ X | |fn (x)| > g(x)} ∈ A et µ(En ) = 0 . S Il suit que E := (∪ En ) Ef ∈ A et µ(E) = 0 . n Ensuite f χE = 0 p.p. et fn χE = 0 p.p. d’ où par 4.7 f χE et fn χE ∈ L et Z f χE dµ = 0 = Z fn χE dµ . Ensuite tel que ∀ n |fn χE c | ≤ gχE c ≤ g ∈ L+ fn χE c → f χE c d’ où par 4.8 f χE c ∈ L Z et Finalement f χE c dµ = lim n→∞ Z fn χE c dµ . f = f χE + f χE c ∈ L et Z 4.10 f dµ = Z fχ Ec dµ = lim n→∞ Z fn χ Ec dµ = lim n→∞ Z fn dµ Application[l’Intégrale de Riemann est de Borel] Soit (X, A, µ) = ([a, b], B, ℓ) l’espace mesuré de Borel sur [a, b] , B = Boréliens sur IR intersectés avec [a, b] où , ℓ = mesure de longueur de Borel où dx not = dℓ(x) et soit L(a, b) := L([a, b], B, ℓ) . Soit alors f : [a, b] → IR réglée, et soit Z b f (x) dx l’intégrale de Borel de f entre a et b a (cfr. 3.12 := Soit en outre Alors Z f (x) dx = [a,b] R Z Z f (x) dx = [a,b) b f (x) dx a f ∈ L(a, b) et Z Z f (x) dx = (a,b) Z f (x) dx). (a,b] l’intégrale de Riemann de f entre a et b . Z b b f (x) dx = R f (x) dx ∈ IR . a a 53 Chapitre 4. Fonctions intégrables Preuve : Comme f : [a, b] → IR est réglée, il existe une suite de fonctions en escalier φn : [a, b] → IR tel que ∀ x ∈ [a, b] f (x) = lim φn (x) uniformément n→∞ i.e. (A) ∀ ε > 0 ∃ N(ε) tel que n≥N ⇒ |f (x) − φn (x)| ≤ ε ∀ x ∈ [a, b] ⇒ |φn (x)| ≤ |f (x)| + ε ∀ x ∈ [a, b] . Pour ε = 1 , on a pour n suffisamment grand, |φn (x)| ≤ sup {|f (x)| + 1} < ∞. x∈[a,b] Ainsi comme chaque φn est borné on obtient qu’il existe K ∈ IR+ tel que ∀ n |φn (x)| ≤ K ∀ x ∈ [a, b] . Prendre alors g(x) ≡ K et noter que K(b − a) < ∞ d’ où g ∈ L+ (a, b) et ∀ n |φn | ≤ g . Rb a |g(x)|dx = (B) Il suit par (A)–(B) et le Théorème 4.8 f ∈ L(a, b) et Noter maintenant que Z b f (x) dx = lim n→∞ a mn P ∀ n φn (x) = Z b φn (x) dx . a où Ij = intervalle ⊂ [a, b] cj χIj (x) , j=1 Ij ∈ B) et cj ∈ IR . Ainsi ∀ n φn ∈ M simple tel que R Z b φn (x) dx = a Ainsi en combinant Z b j=1 f (x) dx = lim R n→∞ a Remarques De façon similaire, Z b Z b a) |f (x)| dx = R |f (x)| dx ; a a mn X Z a b cj ℓ(Ij ) = Z b φn (x) dx . a (A) φn (x) dx = R Z a b f (x) dx ∈ IR (donc 54 Chapitre 4. Fonctions intégrables b) avec [a, b] remplacé par IR , Z IR |f (x)| dx = lim R b→∞ a→−∞ Z b a |f (x)| dx ∈ IR+ , tel que f ∈ L(−∞, ∞) ⇔ lim R b→∞ a→−∞ Z a b |f (x)| dx < ∞ . Chapitre 5 Espaces Lp Sommaire 5.1 Définition [Norme ; espace normé] . . . . . . . . . . . . . . . . 56 5.2 Exemples de normes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 5.3 Exemple d’espace semi-normé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 5.4 Définition [”Norme” définie par l’intégrale] . . . . . . . . . . . 57 5.5 Proposition [L est un espace semi-normé] . . . . . . . . . . . . 57 5.6 Définitions [Equivalence, espaces M et L1 ] . . . . . . . . . . . 58 5.7 Proposition [L1 est un espace normé] . . . . . . . . . . . . . . • ”Fonctions” intégrables de puissance p Lp 59 . . . . . . . . . . . . . . . 59 5.8 Définition [Espaces , 1 ≤ p < ∞] . . . . . . . . . . . . . . . 59 5.9 Lemme [Inégalité de Hölder] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 5.10 Corollaire [Inégalité de Cauchy-Schwartz] . . . . . . . . . . . . 62 5.11 Lemme [Inégalité de Minkowski] . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 5.12 Théorème [de Riesz-Fisher] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 5.13 Corollaire [d’ Extraction] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 • Fonctions bornées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 • ”Fonctions” bornées p.p. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 5.14 Définitions [bornée p.p., l’espace L∞(X, A, µ)] . . . . . . . . . 67 5.15 Proposition [|f (x)| ≤ kf k∞ p.p.] . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 5.16 Théorème [L∞ est un espace de Banach] . . . . . . . . . . . . 69 5.17 Proposition [Inégalité] 71 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Chapitre 5. Espaces Lp 56 Objectif Convertir l’espace L = L(X, A, µ) en un espace de Banach. Etudier les espaces Lp = Lp (X, A, µ) , 1 ≤ p ≤ ∞ , importants en analyse. Note : Par la suite si f ∈ M(X, A) alors il existe p avec 1 ≤ p < ∞ tel que R |f |p dµ < ∞ ou il existe K ∈ IR+ tel que |f (x)| ≤ K p.p. Par modification sur un X ensemble de mesure nulle, on obtient f : X → IR en maintenant la valeur des intégrales ou la propriété bornée p.p. Ainsi s.p.d.g. f ∈ M(X, A) ⇒ f : X → IR . 5.1 Définition [Norme ; espace normé] Soit V un espace linéaire. Alors N est une norme sur V ssi N : V → IR+ ⇔ 1. N(v) = 0 2. N(αv) = |α| N(v) 3. N(u + v) ≤ N(u) + N(v) tel que ∀ u, v ∈ V et ∀ α ∈ IR , v = θ (neutre de V ) ; [homogène en module] ; [inégalité triangulaire]. Si 1. ne tient pas, on parle de semi-norme. (V, N) est un espace normé si V est un espace linéaire et N une norme sur V . 5.2 a) b) Exemples de normes IR , u ∈ IR , |u|. IRn , u = (ui)i∈n où ∀ i ∈ n ui ∈ IR N1 (u) = X i∈n |ui | , Np (u) = ( X i∈n |ui|p ) p1 (p ≥ 1) , N∞ (u) = sup |ui| (*) i∈n sont des normes où 1. et 2. sont évidents ; pour 3. voir Minkowski plus loin. c) IR∞ , u = (ui)i∈IN En remplaçant dans (*) n par IN on obtient la définition de Np (u) . On montre : ∀ p tel que 1 ≤ p ≤ ∞ ℓp := {u ∈ IR∞ | Np (u) < ∞} est un espace normé complet (voir plus loin). Chapitre 5. Espaces Lp d) 57 Fonctions bornées mesurables. Il est vrai que B(X, A) := {f : X → IR | f ∈ M , kf k∞ = sup |f (x)| < ∞} est un espace normé x∈X complet (voir plus loin). 5.3 Exemple d’espace semi-normé Un exemple d’espace semi-normé est donné par : ∞ IR , N(u) = ∞ X i=2 5.4 |ui| , N(u) = 0 ⇔ ui = 0 ∀ i ≥ 2 . Définition [”Norme” définie par l’intégrale] ∀ f ∈ M := Z M(X, A) , on définit la ”norme définie par l’ intégrale” par Nµ (f ) := |f | dµ . X 5.5 Proposition [L est un espace semi-normé] (L, Nµ ) est un espace semi-normé où Nµ (f ) = 0 ssi f (x) = 0 p.p. Preuve : a) L est un espace linéaire par 4.6. b) Nµ est une semi-norme car f ∈L ⇔ Nµ (f ) < ∞ . et R R 3.8 • Nµ (αf ) = |αf | dµ = |α| |f | dµ = |α| Nµ (f ) ; R • Nµ (f + g) = |f + g| dµ où |f + g| ≤ |f | + |g| tel que Nµ (f + g) ≤ Nµ (f ) + Nµ (g) . En outre Z Nµ (f ) = 0 ⇔ |f | dµ = 0 ⇔ |f | = 0 p.p. ⇔ f = 0 p.p. Pour convertir (L, Nµ ) en espace normé, on identifie les fonctions égales p.p. i.e. on utilise des classes d’équivalence de fonctions. Chapitre 5. Espaces Lp Exercice : 58 Soit (X, A, µ) un espace mesuré et M := M(X, A) := {f : X → IR mes} . Alors sous-espace linéaire de M . 5.6 N := {f ∈ M | f (x) = 0 p.p.} est un Définitions [Equivalence, espaces M et L1] Soit (X, A, µ) un espace mesuré et M := M(X, A) := {f : X → IR mesurable} . Deux fonctions f, g ∈ M sont µ-équivalentes ssi f = g µ - p.p. La classe d’équivalence engendrée par f ∈ M est notée [f ] et donnée par [f ] := {g ∈ M | g = f p.p.} = f + N . Il suit que M = {[f ] | f ∈ M} N est un espace linéaire dont le neutre est [θ] = N = {f ∈ M | f = 0 p.p.} et où avec f, g ∈ M et α ∈ IR [f ] + [g] = [f + g] et α[f ] = [αf ] . M := Noter que ∀ [f ] ∈ M k[f ]k1 := est bien définie car ⇒ f = g p.p. On se rappelle que par 4.7 Z |f | dµ ∈ IR+ |f | = |g| p.p. ⇒ N ⊂ L(X, A, µ) Z |f | dµ = 3.12 Z ”d’ où” Définition de L1 L’espace de Lebesgue L(X, A, µ) N est l’espace des classes d’équivalence de fonctions intégrables i.e. Z 1 L := [f ] ∈ M | k[f ]k1 = |f | dµ < ∞ ∆ L1 = L1 (X, A, µ) = où l’on observe que [f ] ∈ L1 ⇔ [f ] = f + N ⇔ [f ] ⊂ L . où f ∈ L X |g| dµ . Chapitre 5. Espaces Lp 5.7 59 Proposition [L1 est un espace normé] (L1 , k · k1 ) est un espace linéaire normé. Preuve : L1 = L est un espace linéaire. N k · k1 est une norme. En effet, k · k1 : L1 → IR+ R 1. k[f ]k1 = |f | dµ = 0 ⇔ f = 0 p.p. 2. 3. kα [f ]k1 = k[αf ]k1 = R et ⇔ [f ] = [θ] R |α| |f | dµ = |α| |f | dµ = |α| k[f ]k1 R k[f ] + [g]k1 = k[f + g]k1 = |f + g| dµ R R ≤ |f | dµ + |g| dµ = k[f ]k1 + k[g]k1 . NB. Il est d’usage de confondre classes et fonctions i.e. on note [f ] par f . Sera fait pour tout élément de Lp , 1 ≤ p ≤ ∞ . ”Fonctions” intégrables de puissance p 5.8 Définition [Espaces Lp , 1 ≤ p < ∞] Lp = LP (X, A, µ) est donné par Z p p L = [f ] ∈ M | |f | dµ < ∞ Soit 1 ≤ p < ∞ . L’ espace X où [f ] est la classe d’équivalence engendrée par f ∈ M . La norme de Lp est notée k · kp et pour [f ] ∈ Lp donnée par k[f ]kp := Z p X |f | dµ p1 NB. On parle de ”fonctions” intégrables de puissance p . NB. 1. p = 1 a été déjà vu. 2. On utilise toujours [f ] + [g] = [f + g] , α[f ] = [αf ] . Chapitre 5. Espaces Lp 60 Cas discret Ici (X, A, µ) = (IN, P(IN), µ) est l’ espace mesuré discret où µ est la mesure de comptage définie par µ(A) := #A (A ∈ P(IN) ) . Remarquer que les fonctions discrètes mesurables f : n ∈ IN 7→ fn ∈ IR sont des suites f = (fn )n∈IN ∈ IR∞ et noter que les parties de IN de mesure discrète nulle sont vides donnant f = g p.p. ssi f = g . Ainsi les classes d’équivalence contiennent un seul élément et on travaille avec un espace de suites réelles. En outre avec 1 ≤ p < ∞ , ℓp := Lp (IN, P(IN), µ) est appelé espace des suites sommables de puissance p car ∀ f ∈ ℓp Z ∞ X p |fn |p . |fn | dµ(n) = IN n=1 P Noter que IN = ∪˙ {n} tel que 1 = χ{n} . n∈IN n≥1 P P |f |p = |f |p χ{n} = |fn |p χ{n} . Finalement par 3.17 (intégrale d’une série) Preuve : Ainsi n≥1 Z n≥1 IN |fn |p dµ(n) = X n≥1 |fn |p µ({n}) = | {z } =1 X n≥1 |fn |p . Par la suite, on donne quelques lemmes utiles pour démontrer que k · kp est une norme. 5.9 Lemme [Inégalité de Hölder] Soient 1 < p < ∞ et Si f ∈ Lp et g ∈ Lq f g ∈ L1 Preuve : Pas 1 q conjuguée de p i.e. 1p + 1q = 1 . alors Z et kf gk1 := |f g| dµ ≤ kf kp kgkq . X On utilise trois pas. ∀ α ∈ (0, 1) tα ≤ αt + (1 − α) ∀ t ≥ 0 Considérer la fonction φ : IR+ → IR : t 7→ φ(t) := αt − tα . Noter que φ est strictement convexe sur t ≥ 0 , admettant un minimum global en t = 1. En effet φ̇(t) = α − αtα−1 et φ̈(t) = −α (α − 1) tα−2 , Chapitre 5. Espaces Lp 61 tel que sur IR+ φ̈(t) > 0 et φ̇(t) = 0 ⇔ t=1. Avec φ(1) = α − 1 on obtient ∀ t ≥ 0 αt − tα ≥ α − 1 et le Pas 1 suit sans peine. Pas 2 Pour 1<p<∞ p−1 + q −1 = 1 AB ≤ a≥0 En effet avec b≥0 et et pour A ≥ 0 et B ≥ 0 Ap B q + . p q (A) α ∈ (0, 1) aα b1−α ≤ α a + (1 − α) b . (B) (Cfr. Pas 1 : y mettre t = a b−1 donnant (a b−1 )α ≤ α (a b−1 ) + (1 − α) ce qui entraine (B). Pour b = 0 il n’y a pas de problèmes) Ensuite poser dans (B) a = Ap et on obtient (A). Pas 3 b = Bq et α = p−1 . Alors 1 − α = q −1 Le résultat est vrai. Si kf kp = 0 (car alors kgkq = 0 le résultat est vrai R f g = 0 p.p. |f g| = 0 et kf kp kgkq = 0). Ainsi s.p.d.g. Noter que ou kf kp 6= 0 f, g ∈ M Poser alors dans (A) ⇒ et fg ∈ M . A= Il suit kgkq 6= 0 . |f (x)| kf kp et B = |g(x)| . kgkq q |f (x) g(x)| |f (x)|p −1 |g(x)| ≤ p−1 + q kf kp kgkq kf kpp kgkqq ∈L R car = 1 ∈L R car = 1 ∈L d’où le membre de gauche est intégrable par majoration cfr. 4.5. Dès lors, f g ∈ L et R |f g| dµ ≤ p−1 + q −1 = 1 , kf kp kgkq d’ où Z |f g| dµ ≤ kf kp kgkq . Chapitre 5. Espaces Lp 5.10 Corollaire [Inégalité de Cauchy-Schwartz] ∀ f, g ∈ L2 1 fg ∈ L 5.11 62 et Z Z |hf, gi| := f g dµ ≤ |f g| dµ ≤ kf k2 kgk2 . Lemme [Inégalité de Minkowski] Soit 1 ≤ p < ∞ . Soient f, g ∈ Lp . Alors f + g ∈ Lp et kf + gkp ≤ kf kp + kgkp . NB. On dit que f ∈ Lp ssi f p ∈ L . On obtient par 5.11 que Lp est un espace linéaire Lp , il suit que Lp est un espace linéaire. En outre par 5.11, k · kp tel que, comme Lp = N est d’abord une semi-norme sur Lp et ensuite par prise de quotient une norme sur Lp . Il suit que (Lp , k · kp ) est un espace normé. Preuve : Comme par 5.7 le cas p = 1 est vrai, preuve utilise 3 pas. Pas 1 f + g ∈ Lp on se restreint au cas p > 1. La i.e. |f + g|p ∈ L ≡ L1 En effet, f + g ∈ M et |f + g|p ≤ [|f | + |g|]p ≤ [2 max(|f |, |g|)]p = 2p max(|f |p, |g|p) ≤ 2p [ |f |p + |g|p ] ∈ L |{z} |{z} ∈L d’où par majoration (i.e. par 4.5) Pas 2 |f |, |g| ∈ Lp et En effet f et g ∈ Lp ∈L |f + g|p ∈ L . |f + g|p−1 ∈ Lq d’où p−1 + q −1 = 1 |f |, |g| ∈ Lp ⇒ et q + p = pq ⇒ (p − 1) q = p . Ainsi par le Pas 1, |f + g|(p−1)q ∈ L1 , i.e. |f + g|p−1 ∈ Lq . Chapitre 5. Espaces Lp Pas 3 63 Le résultat est vrai. kf + gkp 6= 0 (car sinon pas de problème). Voir alors que p 1 =p q p z }| { Z p |f + g|(p − 1)q dµ k|f + g|p−1kq = = kf + gkpq En effet, s.p.d.g. et avec p > 1 |f + g|p ≤ [|f | + |g|] · |f + g|p−1 , où les termes du premier facteur du produit droit sont dans Lp et le second facteur est dans Lq . Ainsi par intégration et par Hölder p kf + gkpp ≤ [kf kp + kgkp ] kf + gkpq . Finalement p − p q −1 = p p−1 = 1 implique kf + gkp ≤ kf kp + kgkp . Exercice 1 Soient (X, d) un espace métrique et (xn )∞ n=1 ⊂ X une suite de Cauchy. Supposons qu’il ∞ existe une sous-suite (xnk )k=1 de (xn ) ( nk ≥ k) et x ∈ X tel que lim d(xnk , x) = 0 . k→∞ Alors lim d(xn , x) = 0 . n→∞ Solution : Prendre ε > 0 . Comme (xn ) est de Cauchy, il existe N(ε) tel que m, n ≥ N ⇒ d(xm , xn ) ≤ ε . Noter que ∀n≥N Il suit d(xn , x) ≤ d(xn , xnk ) + d(xnk , x) ∀ k ∈ IN ≤ lim sup d(xn , xnk ) + lim sup d(xnk , x) ≤ ε k→∞ + ∀ ε > 0 ∃ N(ε) tel que n ≥ N k→∞ 0 = ⇒ ε. d(xn , x) ≤ ε . Exercice 2 Soient (X, d) un espace métrique et (xn )∞ n=1 ⊂ X une suite de Cauchy. ∞ Alors il existe une sous-suite (xni )i=1 ⊂ (xn )∞ n=1 ( ni ≥ i ) tel que ∀ i ∈ IN d(xni+1 , xni ) ≤ 2−i . Chapitre 5. Espaces Lp 64 Solution : ∀ i ∈ IN ∃ ni tel que m, n ≥ ni ⇒ d(xm , xn ) ≤ 2−i . Il est permis d’ augmenter les ni , tel que l’on peut obtenir ∀i ni ≥ i avec ni+1 ≥ ni . Il suit que d(xni+1 , xni ) ≤ 2−i . Tout espace normé (X, k · k) est métrique sous la métrique d(f, g) := kf − gk . NB. 5.12 Soit Théorème [de Riesz-Fisher] 1 ≤ p < ∞ . Alors l’espace normé (Lp , k · kp ) est complet i.e. de Banach. p Preuve : Soit (fn )∞ une suite de Cauchy. n=1 ⊂ L p Il faut montrer qu’il existe f ∈ L tel que lim kfn − f kp = 0 . n→∞ ∞ Par l’exercice 1 il suffit de montrer : ∃ f ∈ Lp et ∃ (fnk )∞ k=1 ⊂ (fn )n=1 tel que lim kf − fnk kp = 0 . ( nk ≥ k ) k→∞ On omet parfois l’indice p de k · kp . ∞ Pas 1 Il existe une sous-suite (fnk )∞ k=1 ⊂ (fn )n=1 ( nk ≥ k ) et il existe une fonction f : X → IR , f ∈ M , tel que lim fnk = f p.p. k→∞ En effet, comme (fn )∞ n=1 est de Cauchy, par l’exercice 2 il existe une sous-suite ∞ ∞ (fni )i=1 ⊂ (fn )n=1 ( ni ≥ i ) tel que kfni+1 − fni k ≤ 2−i , Noter que ∀ k ∈ IN : fnk = fn1 + k−1 X i=1 Poser gk = k−1 X i=1 On a que gk et g ∈ M + |fni+1 − fni | i ∈ IN . (1) (fni+1 − fni ) . (2) et (où g(x) ∈ IR+ ) g= ∞ X i=1 et |fni+1 − fni | . gk ր g . (3) Chapitre 5. Espaces Lp 65 Soit k ∈ IN . Par Minkowski et (1) : kgk k ≤ k−1 X i=1 kfni+1 − fni k ≤ ∞ X 2−i = 1 . i=1 En outre, remarquer que (gk )p ր g p , d’où par 3.7 Z Z p g dµ = lim (gk )p dµ = lim kgk kpp ≤ 1 . k→∞ k→∞ X Ainsi par 3.6, g p est finie p.p. et de même pour g , i.e. N := {x ∈ X | g(x) = ∞} ∈ A Définir alors f := fn1 + ∞ X i=1 Il suit que |(II)| ≤ ∞ X i=1 et µ(N) = 0 . [fni+1 − fni ]χN c := (I) + (II) . (4) |fni+1 − fni | χN c := gχN c < ∞ . Ainsi, la série (II) converge de façon absolue d’où (II) et f sont bien définies. Remarquer que f ∈ M et par (2) − (4) ∀x∈N c |f − fnk | ≤ ∞ X i=k |fni+1 − fni | = g − gk → 0 ( k → ∞) (car gk (x) ր g(x) < ∞). Noter alors qu’avec f ∈ M et (fnk ) ⊂ M , il existe N ∈ A tel que µ(N) = 0 et f (x) = limk→∞ fnk (x) ∀ x ∈ N c . Ainsi par la remarque de 2.5, il existe f ∈ M tel que lim fnk = f p.p. k→∞ Pas 2 [terminal] f ∈ Lp et lim kfnk − f kp = 0 . k→∞ En effet, prendre l > k , et utiliser (2), Minkowski et (1), donne kfnl − fnk k ≤ c l−1 X i=k kfni+1 − fni k ≤ ∞ X 2−i = 2−k+1 . i=k Comme lim fnl = f sur N et µ(N) = 0 , il suit par Fatou l→∞ Z Z p p |f − fnk | dµ = lim |fnℓ − fnk |p dµ kf − fnk kp = Nc X ≤ lim inf l→∞ Z Nc p |fnℓ − fnk | dµ = lim inf ≤ [2−k+1]p → 0 ( k → ∞) . l→∞ Z X |fnℓ − fnk |p dµ = lim inf kfnℓ − fnk kpp ℓ→∞ Chapitre 5. Espaces Lp 66 Donc f = fnk +(f − fnk ) ∈ Lp |{z} | {z } ∈Lp 5.13 lim kf − fnk kp = 0 . et k→∞ ∈Lp Corollaire [d’ Extraction] Soit 1 ≤ p < ∞ . Supposons que f ∈ Lp et p ∃ (fn )∞ n=1 ⊂ L tel que lim kf − fn kp = 0 . (A) n→∞ ∞ Alors il existe une sous-suite (fnk )∞ k=1 ⊂ (fn )n=1 lim fnk = f k→∞ ( nk ≥ k ) tel que p.p. Preuve : (fn ) de Cauchy implique par la preuve de 5.12 qu’il existe une sous-suite ∞ (fnk )∞ et g ∈ Lp tel que k=1 ⊂ (fn )n=1 ( nk ≥ k ) lim fnk = g k→∞ p.p. (1) et lim kfn − gkp = 0 . (2) n→∞ Par (A) et (2) kf − gk ≤ kf − fn k + kfn − gk → 0 ( n → ∞) , d’où kf − gk = 0 On obtient par (1) i.e. f = g lim fnk = f k→∞ p.p. p.p. NB. La convergence dans Lp implique la convergence p.p. modulo extraction. Fonctions bornées Exercice Soit B = B(X, A) donné par B = {f : X → IR : f ∈ M et kf k∞ = sup |f (x)| < ∞} . x∈X Alors, Chapitre 5. Espaces Lp 67 a) (B, k · k∞ ) est un espace normé ; b) (B, k · k∞ ) est un espace normé complet i.e. de Banach. Solution : a) est facile. b) Soit (fn )∞ n=1 ⊂ B de Cauchy. Soit ε > 0 arbitraire . Alors il existe N(ε) tel que m, n ≥ N ⇒ kfm − fn k∞ ≤ ε ⇒ ∀x ∈ X |fm (x) − fn (x)| ≤ ε . Il suit que ∀ x ∈ X (fn (x)) est une suite de Cauchy dans (IR, | · |) complet . Ainsi ∀ x ∈ X ∃ f (x) ∈ IR tel que f (x) = lim fn (x) . En outre f ∈ M . n→∞ Ensuite il suit que pour m → ∞ il existe N(ε) tel que n≥N ⇒ ∀x ∈ X |f (x) − fn (x)| ≤ ε ⇒ kf − fn k∞ ≤ ε . Donc pour n suffisamment grand, f − fn ∈ B donnant f = fn + (f − fn ) ∈ B . En outre, lim kf − fn k∞ = 0 . n→∞ ”Fonctions” bornées p.p. 5.14 Définitions [bornée p.p., l’espace L∞ (X, A, µ)] Une fonction f : X → IR tel que f ∈ M est bornée p.p. (notation : f ∈ L∞ ) ssi ∃ N ∈ A tel que µ(N) = 0 et Sf [N] := sup{|f (x)| | x ∈ N c } < ∞ . L∞ = L∞ (X, A, µ) est défini par L∞ := L∞ = { [f ] ∈ M | f bornée p.p.} N Chapitre 5. Espaces Lp 68 Pour toute classe [f ] ∈ L∞ on définit k[f ]k∞ := inf{Sf [N] : N ∈ A tel que µ(N) = 0} Un élément de L∞ est appelé ”fonction” bornée p.p. et k[f ]k∞ est appelé suprémum essentiel de ”f ” (on confond classes et fonctions). NB. Les définitions sont sans problèmes. a) Propriété bornée p.p. partagée pour tout g ∈ [f ] i.e. si f, g : X → IR , ∈ M , f bornée p.p. , et g = f p.p. alors g bornée p.p. (f bornée p.p. g = f p.p. ⇔ ⇐⇒ ∃ N1 ∈ A avec µ(N1 ) = 0 ∃ N2 ∈ A avec µ(N2 ) = 0 et tel que Sf [N1 ] < ∞ . f = g sur N2c . Soit alors N := N1 ∪ N2 . Alors N ∈ A, µ(N) = 0 et N c = N1c ∩ N2c . Ainsi Sg [N] = Sf [N] ≤ Sf [N1 ] < ∞ . Il suit que g est bornée p.p.) b) k · k∞ bien définie i.e. ∀ g ∈ [f ] k[g]k∞ = k[f ]k∞ (On a g ∈ [f ] En effet Prendre Soit alors tel que g ∈ [f ] N ∈A ⇒ ⇒ k[g]k∞ ≤ k[f ]k∞ . ∃ N1 ∈ A tel que µ(N1 ) = 0 tel que (A) g = f sur N1c . et µ(N) = 0 . N2 = N1 ∪ N . Alors N2 ∈ A , µ(N2 ) = 0 et N2c = N1c ∩ N c k[g]k∞ ≤ Sg [N2 ] = Sf [N2 ] ≤ Sf [N] . On obtient (A) en prenant l’infimum sur tout N ∈ A tel que µ(N) = 0 . Noter que [f ] = [g] ⇒ f ∈ [g] Par la suite on confond [f ] et f . d’ où par symétrie k[f ]k∞ ≤ k[g]k∞ .) Chapitre 5. Espaces Lp 5.15 69 Proposition [|f (x)| ≤ kf k∞ p.p.] Si f ∈ L∞ En outre, si alors |f (x)| ≤ kf k∞ p.p. K ≥ 0 tel que K < kf k∞ alors A := {x ∈ X | |f (x)| > K} ∈ A et µ(A) > 0 Preuve : a) Par la définition infimale de kf k∞ : ∃ (Nn ) ⊂ A , Prendre N= µ(Nn ) = 0 ∀ n tel que S kf k∞ ≤ Sf [Nn ] ≤ kf k∞ + n−1 . n≥1 Nn . Alors N ∈ A , µ(N) = 0 , N c ⊂ Nnc pour tout n . Il suit que ∀ x ∈ N c |f (x)| ≤ Sf [Nn ] ≤ kf k∞ + n−1 ∀n. D’où |f (x)| ≤ kf k∞ sur N c . Avec f ∈ M , on a trouvé un ensemble N ∈ A tel que µ(N) = 0 et |f (x)| ≤ kf k∞ sur N c . Par la remarque de 2.5, il suit que |f (x)| ≤ kf k∞ p.p. b) A ∈ A est évident . Supposons que µ(A) = 0 . Alors kf k∞ ≤ Sf [A] où Sf [A] = sup{|f (x)| | x ∈ Ac } ≤ K . Donc kf k∞ ≤ K : →← . Il suit que µ(A) > 0 . 5.16 Théorème [L∞ est un espace de Banach] (L∞ , k · k∞ ) est un espace normé complet i.e. de Banach. Preuve : on vérifie sans peine que ∞ L L∞ = est un espace linéaire kf k∞ ∈ IR+ N a) [Annulation] : kf k∞ = 0 ⇔ et f (x) = 0 p.p. kαf k∞ = |α| kf k∞ . ⇔ [f ] = [θ] Chapitre 5. Espaces Lp 70 kf k∞ = 0 . Par la définition de kf k∞ ∃ (Nn ) ⊂ A avec µ(Nn ) = 0 et =⇒ : kf k ≤ Sf [Nn ] ≤ kf k∞ +n−1 . | {z∞} | {z } =0 Définir N= S n≥1 c Ainsi ∀ x ∈ N =0 Nn . Alors N ∈ A , µ(N) = 0 et N c ⊂ Nnc |f (x)| ≤ Sf [N] ≤ n−1 Il suit f (x) = 0 p.p. ⇐= : f (x) = 0 p.p. Ainsi ⇒ ∀n. ∀n. ∃ N ∈ A avec µ(N) = 0 et f (x) = 0 sur N c . kf k∞ ≤ Sf [N] = supx∈N c |f (x)| = 0 . Il suit que kf k∞ = 0 . b) [Verification de l’inégalité triangulaire] Soit fi ∈ L∞ , i = 1, 2 . Par 5.15, pour i = 1, 2 ∃ Ni ∈ A avec µ(Ni) = 0 et |fi (x)| ≤ kfi k∞ sur Nic . Prendre N := N1 ∪ N2 . Alors N ∈ A , µ(N) = 0 et N c ⊂ Nic pour i = 1, 2 . Ainsi ∀ x ∈ N c |f1 (x) + f2 (x)| ≤ |f1 (x)| + |f2 (x)| ≤ kf1 k∞ + kf2 k∞ d’ où kf1 + f2 k∞ ≤ Sf1 +f2 [N] ≤ kf1 k∞ + kf2 k∞ . c) [L∞ est Complet] ∞ Soit (fn )∞ une suite de Cauchy 1 ⊂ L i.e. ∀ ε > 0 ∃ N(ε) > 0 tel que m, n ≥ N(ε) ⇒ kfm − fn k ≤ ε . Objectif : ∃ N ∈ A avec µ(N) = 0 tel que sur N c (fn )∞ 1 est une suite de Cauchy c c dans B(N , A) = {fonctions mes. bornées sur N munies de la norme Sf [N]} qui est complet. Par 5.15 ∀ n fn ∈ L∞ : ∃ Nn ∈ A , µ(Nn ) = 0 et ∀ x ∈ Nnc ∀ m, n fm − fn ∈ L∞ : ∃ Nmn ∈ A , µ(Nmn ) = 0 et |fn (x)| ≤ kfn k∞ , c ∀ x ∈ Nmn |fm (x) − fn (x)| ≤ kfm − fn k∞ . S S Définir N = Nn ∪ Nmn . Alors N ∈ A , µ(N) = 0 et N c ⊂ Nnc n et c N c ⊂ Nmn m,n ∀ m, n . ∀n Chapitre 5. Espaces Lp 71 Alors Sfn [N] ≤ Sfn [Nn ] ≤ kfn k∞ < ∞ . ∀n ∀ε>0 m, n ≥ N(ε) avec Sfm −fn [N] ≤ Sfm −fn [Nmn ] ≤ kfm − fn k∞ ≤ ε . c On trouve que sur N c (fn )∞ 1 est une suite de Cauchy dans B(N , A) complet . Donc ∃ f ∈ B(N c , A) (mesurable et bornée sur N c ) tel que Sfn −f [N] → 0 ( n → ∞) . Poser f (x) = 0 ∀ x ∈ N . Alors f est bien définie sur X , f ∈ L∞ (bornée) et mesurable (exercice), kfn − f k∞ ≤ Sfn −f [N] → 0 ( n → ∞) . 5.17 Proposition [Inégalité] Si f ∈ Lp où 1 ≤ p ≤ ∞ et g ∈ L∞ alors f g ∈ Lp et kf gkp ≤ kf kp kgk∞ . NB. pour p = 1 , on obtient l’inégalité de Hölder pour p = 1 . Preuve : a) p < ∞ : g ∈ L∞ =⇒ ⇒ |g(x)| ≤ kgk∞ p.p. |f (x) · g(x)|p = |f (x)|p |g(x)|p ≤ |f (x)|p kgkp∞ p.p. Ainsi par intégration kf gkpp ≤ kf kpp kgkp∞ . b) p = ∞ : f, g ∈ L∞ =⇒ ⇒ |f (x)| ≤ kf k∞ p.p. et |g(x)| ≤ kgk∞ p.p. |f (x) · g(x)| ≤ kf k∞ kgk∞ p.p. i.e. sur N c . Ainsi kf gk∞ ≤ Sf g [N] ≤ kf k∞ kgk∞ . Chapitre 6 Mesure de Lebesgue Sommaire • Données [Classes D et Ds ; mesure de longueur] . . . . . . . . . . 73 6.1 Définition [Algèbre] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 6.2 Définition [Mesure et Espace Prémesuré] . . . . . . . . . . . . 74 6.3 Triplet générateur d’un espace prémesuré . . . . . . . . . . . . 74 6.4 Proposition [(IR, Ds, ℓ0 ) est un espace prémesuré] . . . . . . . 77 • Procédé d’extension de Carathéodory . . . . . . . . . . . . . . . . 80 6.5 Définition [Mesure extérieure µ∗] . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 6.6 Proposition [Propriétés élémentaires de . . . . . . . . . . . 81 6.7 Définition [µ∗-mesurable ; classe A∗] . . . . . . . . . . . . . . . 82 6.8 Théorème [d’ Extension de Carathéodory : (X, A∗, µ∗) est un espace mesuré] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Proposition [Parties de mesure extérieure nulle] . . . . . . . . 86 6.10 Théorème [d’Unicité d’Extension de Hahn] . . . . . . . . . . . 86 • Espace mesuré de Lebesgue sur IR . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 6.11 Construction de l’espace mesuré de Lebesgue . . . . . . . . . 87 Commentaires sur la restriction à B . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 6.12 Théorème [de Calibrage] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 6.13 Théorème [Fonctions presque Borel-mesurables] . . . . . . . . 89 6.9 72 µ∗] 73 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue Objectif Construire l’espace mesuré complet de Lebesgue sur IR à partir de la notion de longueur d’intervalle. Données [Classes D et Ds ; mesure de longueur] 1. Ds := classe des réunions finies d’intervalles de classe D (”semi-ouvert droit”) i.e. E = (a, b] , (a, ∞) , (−∞, b] , (−∞, ∞) , où s.p.d.g. toute réunion est disjointe (en enlevant des parties communes). ˙ 1 , b2 ] e.g. (a1 , b1 ] ∪ (a2 , b2 ] = (a1 , b1 ] ∪(b a1 2. ∀ E ∈ Ds avec E = ∪˙ Ei i∈n a2 b1 b2 (Ei ∈ D) , on définit sa longueur par la somme des longueurs des intervalles Ei ; par exemple avec les Ei = (ai , bi ] X X ℓ0 (E) := ℓ0 (Ei ) = (bi − ai ) . i∈n i∈n Noter que ℓ0 n’est pas une mesure sur Ds car Ds n’est pas une σ-algèbre. S En effet (a, b − n−1 ] = (a, b) ∈ / Ds . n≥N Pour parer à la situation, on lance le concept de mesure sur une algèbre. 6.1 Définition [Algèbre] Une classe A ⊂ P(X) est une algèbre ssi i) ii) iii) ∅, X ∈ A , E∈A ⇒ (Ei )i∈n ⊂ A Ec ∈ A , S ⇒ Ei ∈ A . i∈n Note : une algèbre est fermée sous un nombre fini d’opérations ensemblistes : noter que " #c T S c ∀ (Ei )i∈n ⊂ A : Ei = Ei ∈ A , i∈n E1 , E2 ∈ A ⇒ i∈n E1 \ E2 = E1 ∩ E2c ∈ A . 74 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue 6.2 Définition [Mesure et Espace Prémesuré] Soit A ⊂ P(X) une algèbre. µ est une mesure sur l’algèbre A µ : A → IR ssi i) µ(∅) = 0 , ii) µ(E) ≥ 0 ∀ E ∈ A , iii) On a la σ-additivité conditionnelle i.e. (Ei )∞ i=1 ⊂ A tel que ∞ deux à deux disjoints tel que ⇒ µ(E) = ∞ X E := ∪˙ Ei ∈ A i=1 µ(Ei ) . i=1 Tout triplet (X, A, µ) où A ⊂ P(X) est une algèbre et µ une mesure sur A est appelé espace prémesuré. Les Définitions et le Théorème suivants allègent la vérification d’un espace prémesuré. 6.3 Triplet générateur d’un espace prémesuré Définitions Une classe C ⊂ P(X) est une semi-algèbre ssi (i) ∅ et X ∈ C , (ii) C1 , C2 ∈ C (iii) C∈C ⇒ ⇒ C1 ∩ C2 ∈ C , C c = ∪˙ Ci i∈n Ci ∈ C . Notes a) Noter que C1 \ C2 = ∪˙ {C ∈ C} ∀ C1 , C2 ∈ C (car f C1 ∩ C2c = C1 ∩ ∪˙ {Cj ∈ C} = ∪˙ {C1 ∩ Cj ∈ C}). b) S.p.d.g. toute réunion f S i∈n f Ci où Ci ∈ C est disjointe (Suit par récurrence. Soit Rj = j S i=1 Ci . L’assertion est vraie pour j = 1 . (A) 75 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue On montre : Vrai pour j ⇒ Vrai pour j + 1 . En effet, en utilisant l’hypothèse de récurrence Rj+1 = Rj ∪ Cj+1 = ∪˙ {Ck ∈ C} ∪ Cj+1 = ∪˙ {Ck \ Cj+1} ∪˙ Cj+1 f où par (A) ∀k f Ck \ Cj+1 = ∪˙ {C ∈ C} . Donc f Finalement pour j = n : Rj+1 = ∪˙ {C ∈ C} . CQFD. f Rn = ∪ Ci = ∪˙ {C ∈ C}) i∈n f Soit C ⊂ P(X) est une semi-algèbre. Alors µ est une mesure sur C ssi µ : C → IR+ , µ(∅) = 0 , et µ est conditionnellement σ-additive sur C i.e. (Ci)∞ i=1 ⊂ C ∞ où les Ci sont deux à deux disjoints tel que C := ∪ Ci ∈ C i=1 ∞ P =⇒ µ(C) = µ(Ci) . (C) i=1 Tout triplet (X, C, µ), où C ⊂ P(X) est une semi-algèbre et µ est une mesure sur C, est appelé triplet générateur . En effet, définissons deux extensions additives respectivement de C et de µ, i.e. a) A ⊃ C donnée par A∈A ssi A := ∪{C ∈ C} f (réunion vide incluse) , (AC) (i.e. A est l’ ensemble des réunions finies d’éléments de C , appelée algèbre engendrée par C ). b) µ : A → IR+ donnée pour tout A ∈ A tel que avec A = ∪˙ Ci i∈n µ(A) := X i∈n On obtient alors : µ(Ci ) . (Ci ∈ C) (MA) 76 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue Théorème Soit (X, C, µ) un triplet générateur, A l’algèbre engendrée par C, et µ l’extension sur A, définies par respectivement (AC) et (MA). Alors (X, A, µ) est un espace prémesuré, où µ est une mesure d’extension unique sur A . Preuve : A est une algèbre. Pas 1 On montre que la définition d’algèbre est vérifiée par A . 1. 2. 3. ∅, X ∈ A [car ∅, X ∈ C ] A1 , A2 ∈ A A∈A ⇒ A1 ∪ A2 ∈ A [par la définition de A]. Ci Ci ∈ C Ac ∈ A . ⇒ En effet n S A= i=1 Dès lors c A = n T i=1 Pas 2 Cic = n T i=1 m Si ∀ i Cic = où Ciki ki =1 = m S1 k1 =1 µ est bien définie sur A si A ∈ A est découpé de deux façons A = ∪˙ {Ci ∈ C} = ∪˙ {Dj ∈ C} alors i.e. i∈m où Ciki ∈ C . Ciki ki =1 m Sn {C1k1 ∩ . . . ∩ Cnkn } ∈ A . | {z } kn =1 ∈C c.à.d. j∈n X µ(Ci) = X ∆ µ(Dj ) = µ(A) , j∈n i∈m i.e. ··· m Si (MA) est indépendant du découpage de A . En effet A= avec et ∪˙ (i,j)∈m×n (Ci ∩ Dj ) où Ci ∩ Dj ∈ C , X Ci = ∪˙ Ci ∩ Dj tel que par (MA) µ(Ci) = Dj = ∪˙ Ci ∩ Dj tel que par (MA) µ(Dj ) = j∈n i∈m j∈n µ(Ci ∩ Dj ) , X i∈m µ(Ci ∩ Dj ) . 77 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue Dès lors X (i,j)∈m×n Pas 3 µ(Ci ∩ Dj ) = X µ(Ci ) = i∈m X µ(Dj ) . j∈n µ est une mesure sur A . En effet par la définition (MA) µ est additive sur A. En outre µ sera conditionnellement σ-additive sur A. ∞ En effet, avec A = ∪˙ Ai i=1 où les Ai et A sont dans A tel que ni A = ∪˙ Cl (Cl ∈ C) et Ai = ∪˙ Cik l∈m k=1 noter que ∞ ∞ (Cik ∈ C) , ni Cl = A ∩ Cl = ∪˙ (Ai ∩ Cl ) = ∪˙ ∪˙ (Cik ∩ Cl ) , i=1 k=1 | {z } i=1 ∈C d’ où par (C) µ(Cl ) = ni ∞ X X i=1 k=1 Dès lors µ(A) = m X µ(Cl ) = i.e. ∞ X m X i=1 l=1 l=1 Pas 4 (M A) µ(Cik ∩ Cl ) = ∞ X i=1 µ(Ai ∩ Cl ) . µ(Ai ∩ Cl ) = µ est une mesure d’extension unique sur A , si ν : A → IR+ est une mesure tel que ∀C∈C ∞ X µ(Ai ) . i=1 ν(C) = µ(C) alors ∀ A ∈ A ν(A) = µ(A) . En effet, A = ∪˙ Ci i∈n avec Ci ∈ C donne ν(A) = X i∈n 6.4 ν(Ci ) = X µ(Ci ) = µ(A) . i∈n Proposition [(IR, Ds, ℓ0 ) est un espace prémesuré] Ds (classe des réunions finies d’intervalles de D) est une algèbre et la longueur ℓ0 est une mesure sur Ds i.e. (IR, Ds , ℓ0 ) est un espace prémesuré. 78 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue Preuve : Par le Théorème 6.3, il suffit de montrer que (IR, D, ℓ0 ) est un triplet générateur car alors par les définitions Ds est une algèbre (engendrée par D) et ℓ0 est une mesure sur Ds . Pas 1 D est une semi-algèbre. En effet : 1) ∅ (= (a, b] où a = b) et IR ∈ D, 2) D est fermé sous des intersections finies, et 3) tout E ∈ D est tel que E c est une réunion finie disjointe d’éléments de D , e.g. (a, b ]c = (−∞, a ] ∪ (b, ∞). Par le Théorème 6.3, il s’ensuit que Ds est une algèbre (engendrée par D) . Pas 2 ℓ0 est additive, monotone et sous-additive sur Ds En effet par la définition de ℓ0 : Ds → IR+ , ℓ0 est additive, car avec E1 , E2 ∈ Ds disjoints, ℓ0 (E1 ∪˙ E2 ) = ℓ0 (E1 ) + ℓ0 (E2 ). Remarquer alors qu’ avec E, F ∈ Ds , F \ E ∈ Ds (algèbre), tel que E ⊂ F implique ℓ0 (E) ≤ ℓ0 (F ) (monotonie). Ensuite avec E, F ∈ Ds , ℓ0 (E ∪ F ) ≤ ℓ0 (E) + ℓ0 (F ) (sous-additivité). Pas 3 ℓ0 est une mesure sur D . En effet ℓ0 sera conditionnellement σ-additive sur D, i.e. ∞ (En )n=1 ⊂ D deux à deux disjoints X ⇒ ℓ (E) = ℓ0 (En ) . 0 S E = E ∈ D n≥1 n (L) n≥1 Il y a quatre cas : E = (a, b ], (a, ∞), (−∞, b ], IR . a) Cas E = (a, b ] Comme a et b ∈ IR il suit que ∀ n En = (an , bn ] (i.e. intervalles finis), deux à deux disjoints et contigus (sinon on ne recouvre pas (a, b]). On vérifie (L) par deux inégalités opposées. P 1) ℓ0 (E) ≥ ℓ0 (En ) n≥1 En effet, en considérant k intervalles En = (an , bn ] s.p.d.g. réordonnés tel que a ≤ a1 < b1 ≤ a2 < b2 ≤ · · · ≤ ak < bk ≤ b on obtient k X n=1 ℓ0 (En ) ≤ bk − a1 ≤ b − a = ℓ0 (E) . En laissant k tendre vers l’infini, on obtient 1). 79 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue 2) ℓ0 ((a, b]) ≤ P ℓ0 ((an , bn ]) n≥1 La démonstration commence par considérer un P ε 2−n tel que εn = ε. ε > 0 arbitraire et εn = n≥1 Comme les En = (an , bn ] sont contigus il existe une sous-suite (ani )∞ i=1 ⊂ (an ) tel que ani → a ( i → ∞) . Ainsi il existe un ani tel que ani − ε1 < a . En échangant les indices ni et 1 on obtient que a1 satisfait a1 − ε1 < a . ε1 a a1 Définir alors On := (an − εn , bn + εn ) et Jn := (an − εn , bn + εn ] ∈ D . Noter que a ∈ O1 et ∀ n En ⊂ On ⊂ Jn = (an − εn , an ] ∪ En ∪(bn , bn + εn ] tel que Il suit d’ où ∀ n ℓ0 (Jn ) = ℓ0 (En ) + 2 εn . ∞ S On et a ∈ O1 , (a, b] = E = ∪ En ⊂ n≥1 [a, b] ⊂ ∞ S On n=1 (On )∞ n=1 est un recouvrement ouvert de [a, b] . i.e. n=1 Ainsi par le Théorème de Heine-Borel [a, b] admet un sous-recouvrement fini (Onj )kj=1 donnant : E = (a, b] ⊂ [a, b] ⊂ j=1 d’où ℓ0 (E) ≤ ℓ0 | ℓ0 monotone k S Jn j j=1 ! ≤ | k S k X j=1 O nj ⊂ k S Jn j , j=1 k X ℓ0 (Jnj ) = [ℓ0 (Enj ) + 2 εnj ] . j=1 ℓ0 sous-additif Ainsi en complétant des sommes X X X ℓ0 (E) ≤ ℓ0 (En ) + 2 εn = ℓ0 (En ) + 2 ε n≥1 n≥1 n≥1 80 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue où ε > 0 est arbitraire, donc ℓ0 (E) ≤ X ℓ0 (En ) . n≥1 b) Cas E = (a, ∞), (−∞, b ], IR ∞ Avec E = ∪˙ (En ∈ D) , s.p.d.g. ∀ n ℓ0 (En ) < ∞ , (sinon pas de problème). n=1 ∞ m m ˙ Noter qu’il existe (E m )∞ m=1 ⊂ D , tel que ∀ m ℓ0 (E ) = 1 et E = ∪ E . m=1 Considérer Enm := E m ∩ En ∈ D . Alors ∞ ∞ ∞ n=1 m=1 m,n=1 E = ∪˙ En = ∪˙ E m = où ∞ En = ∪˙ Enm m=1 ∪˙ Enm , ∞ et E m = ∪˙ Enm , n=1 où l’on est dans le cas a). Ainsi ∞ ∞ X ∞ ∞ X ∞ ∞ X X X X m m m ℓ0 (E) = ℓ0 (E ) = ℓ0 (En ) = ℓ0 (En ) = ℓ0 (En ) . m=1 m=1 n=1 n=1 m=1 n=1 Procédé d’extension de Carathéodory Donné : (X, A, µ) un espace prémesuré où A est une algèbre et µ une mesure sur A . Objectif : trouver une σ-algèbre A∗ ⊃ A et une mesure µ∗ sur A∗ tel que ∀ A ∈ A µ∗ (A) = µ(A) . (i.e. trouver un espace mesuré (X, A∗ , µ∗) d’extension) : sera obtenu par les définitions 6.5 et 6.7. 6.5 Définition [Mesure extérieure µ∗] Soit A ⊂ X . La mesure extérieure de A , notée µ∗ (A) , est donnée par (∞ ) ∞ X S µ∗ (A) = inf µ(En ) | (En )∞ En n=1 ⊂ A tel que A ⊂ n=1 n=1 où la condition de l’ensemble droit veut dire (En )∞ n=1 est un A-recouvrement de A . Idée : calibrer A par µ en utilisant des parties A-mesurables. 81 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue 6.6 Proposition [Propriétés élémentaires de µ∗] µ∗ est tel que a) µ∗ (∅) = 0 ; b) µ∗ (A) ≥ 0 c) [Monotonie] d) [Extension] e) [ µ∗ σ-sous-additive] ∀ A⊂X; si A ⊂ B , alors µ∗ (A) ≤ µ∗ (B) ; si A ∈ A , alors µ∗ (A) = µ(A) ; (An )∞ n=1 ⊂ P(X) µ∗ ( ⇒ S n≥1 An ) ≤ X µ∗ (An ) . n≥1 Preuve : a) Comme ∅ ∈ A b) Par 6.5 0 ≤ µ∗ (∅) ≤ µ(∅) = 0 d’ où par 6.4 µ∗ (A) ≥ 0 . µ∗ (∅) = 0 . ⇒ tout A-recouvrement (En )∞ n=1 de B est un A-recouvrement de A . P Dès lors par 6.5, pour tout A-recouvrement (En ) de B µ∗ (A) ≤ µ(En ) . c) A ⊂ B n≥1 ∗ ∗ Par 6.5 en prenant l’infimum, µ (A) ≤ µ (B) . d) A ∈ A . Par 6.5 on obtient µ∗ (A) ≤ µ(A) . Soit alors (En )∞ n=1 un A-recouvrement de A ∈ A . Alors S T S S En . En = (A ∩ En ) ⊂ A =A |{z} | {z } n≥1 n≥1 n≥1 ∈A ∈A Dès lors, comme µ est conditionnellement σ-(sous-)additive sur A µ(A) ≤ X n≥1 µ(A ∩ En ) ≤ X µ(En ) inf =⇒ n≥1 µ(A) ≤ µ∗ (A) . −n e) Considérer (An )∞ , tel que n=1 ⊂ P(X) , ε > 0 , εn = ε 2 Par la définition infimale de µ∗ (An ) : ∀ n ∃ (Enk )∞ k=1 un A-recouvrement de An tel que ∗ µ (An ) ≤ ∞ X k=1 µ(Enk ) ≤ µ∗ (An ) + εn . ∞ P n=1 εn = ε. 82 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue Alors (Enk )∞ n,k=1 est un A-recouvrement de ∞ X n,k=1 µ(Enk ) ≤ inf =⇒ µ ∗ ∞ X S An tel que n≥1 µ∗ (An ) + ε n=1 S An n≥1 Ainsi µ ∗ S ≤ X An n≥1 µ∗ (An ) + ε ( ε arbitraire). n≥1 ≤ X µ∗ (An ) . n≥1 On dispose dès à présent d’un espace prémesuré (X, A, µ) et d’ une mesure extérieure µ∗ : P(X) → IR+ qui est une extension σ-sous-additive de µ sur P(X) . 6.7 Définition [µ∗-mesurable ; classe A∗] On définit successivement : 1. E ∈ P(X) est µ∗-mesurable ssi ∀A⊂X c µ∗ (A) = µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A | ∩ {zE}) =A\E NB. Noter que les parties de A dans E et dans E c sont distinguées de façon additive par µ∗ . En outre, comme µ∗ est sous-additive, il suffit que ∀A⊂X µ∗ (A) ≥ µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A ∩ E c ) . 2. A∗ := {E ⊂ X | E est µ∗ -mesurable} . 83 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue 6.8 Théorème [d’ Extension de Carathéodory : (X, A∗, µ∗) est un espace mesuré] Soient donnés un espace prémesuré (X, A, µ) et A∗ classe des parties µ∗ -mesurables. Alors a) A ⊂ A∗ ; b) A∗ est une σ-algèbre ; c) µ∗ est σ-additive sur A∗ ∀ (En )∞ n=1 ⊂A ∗ i.e. deux à deux disjoints, µ ∗ S En n≥1 = ∞ P µ∗ (En ) . n=1 NB. Ainsi (X, A∗ , µ∗ ) est un espace mesuré qui étend (X, A, µ) i.e. A est contenu dans une σ-algèbre A∗ et µ∗ est une mesure sur A∗ tel que (cfr. 6.6) ∀ A ∈ A µ∗ (A) = µ(A) . Preuve : La preuve utilise trois pas. Pas 1 : A ⊂ A∗ Soit E ∈ A . Il faut montrer que E ∈ A∗ . Soit A ⊂ X . Prendre ε > 0 . Par la définition infimale de µ∗ (A) ∃ un A-recouvrement (Fn )∞ 1 de A tel que ∞ X n=1 Noter que A ⊂ ∞ S µ∗ (Fn ) ≤ µ∗ (A) + ε . Fn donne n=1 A∩E ⊂ où µ∗ = µ sur A . Donc [ (Fn ∩ E ) et A \ E ⊂ | {z } n≥1 ∈A µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A \ E) ≤ = X n≥1 X n≥1 = X n≥1 [ (Fn \ E ) , | {z } n≥1 µ(Fn ∩ E) + ∈A X n≥1 µ(Fn \ E) [µ(Fn ∩ E) + µ(Fn \ E)] µ(Fn ) ≤ µ∗ (A) + ε avec ε arbitraire. Il suit µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A \ E) ≤ µ∗ (A) . Ainsi E ∈ A∗ . 84 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue Pas 2 : A∗ est une algèbre et µ∗ est additive sur A∗ tel que ∀ E, F ∈ A∗ disjoints µ∗ (A ∩ (E ∪ F )) = µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A ∩ F ) . ∀A⊂X En effet a) φ et X ∈ A∗ (car avec E = ∅ ou X : ∀A⊂X µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A ∩ E c ) = 0 + µ∗ (A) = µ∗ (A)) b) E ∈ A∗ E c ∈ A∗ ⇒ (noter que E cc = E , d’où ∀A⊂X µ∗ (A ∩ E c ) + µ∗ (A ∩ E cc ) = µ∗ (A ∩ E c ) + µ∗ (A ∩ E) = µ∗ (A)) c) E, F ∈ A∗ ⇒ E ∪ F ∈ A∗ (il faut montrer : ∀A⊂X µ∗ (A) = µ∗ (A ∩ (E ∪ F )) + µ∗ (A ∩ E c ∩ F c ) . Noter que E ∈ A∗ F ∈ A∗ E ∈ A∗ ⇒ µ∗ (A) = µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A ∩ E c ) | {z } ⇒ µ∗ (A ∩ E c ) = µ∗ (A ∩ E c ∩ F ) + µ∗ (A ∩ E c ∩ F c ) | {z } ⇒ µ∗ (A ∩ (E ∪ F )) = µ∗ (A ∩ (E ∪ F ) ∩ E) + µ∗ (A ∩ (E ∪ F ) ∩ E c ) = µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A ∩ F ∩ E c ) . Donc en combinant ∀A⊂X µ∗ (A) = µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A ∩ E c ∩ F ) + µ∗ (A ∩ E c ∩ F c ) = µ∗ (A ∩ (E ∪ F )) + µ∗ (A ∩ E c ∩ F c )) (A) 85 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue d) par a) − c) A∗ est une algèbre e) ∀ E, F ∈ A∗ disjoints, E ∈ A∗ : comme ∀A⊂X µ∗ (A ∩ (E ∪ F )) = µ∗ (A ∩ (E ∪ F ) ∩ E) + µ∗ (A ∩ (E ∪ F ) ∩ E c ) = µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A ∩ F ) . Donc (A) est vrai. f) en mettant A = X dans (A) il suit que i.e. µ∗ est additive sur A∗ . µ∗ (E ∪ F ) = µ∗ (E) + µ∗ (F ) Pas 3 : A∗ est une σ-algèbre et µ∗ est σ-additive surA∗ Noter que s.p.d.g. toute réunion dénombrable est disjointe. Ainsi il suffit de montrer : ∗ si (En )∞ n=1 ⊂ A où les En sont deux à deux disjoints alors et si E := ∪˙ En n≥1 E ∈ A∗ , et ∗ µ (E) = ∞ X µ∗ (En ) . n=1 k En effet, considérons ∀ k Fk := ∪˙ En . Alors Fk ∈ A∗ (algèbre) d’ où n=1 µ∗ (A) = µ∗ (A ∩ Fk ) + µ∗ (A \ Fk ) ∀A⊂X k X (A) = n=1 d’ où avec Fk ⊂ E ⇒ µ∗ (A ∩ En ) + µ∗ (A \ Fk ) , A \ E ⊂ A \ Fk ∗ ∀A⊂X µ (A) ≥ k X n=1 µ∗ (A ∩ En ) + µ∗ (A \ E) où k est arbitraire. Ainsi lorsque k → ∞ : ∀A⊂X ∗ µ (A) ≥ ∞ X n=1 µ∗ (A ∩ En ) + µ∗ (A \ E) . Noter alors que µ∗ est σ-sous-additive et ∞ A ∩ E = ∪˙ A ∩ En n=1 ˙ et A = (A ∩ E) ∪(A \ E) . (1) (2) 86 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue Ainsi : ∀A⊂X µ∗ (A) ≥ ∞ X n=1 µ∗ (A ∩ En ) + µ∗ (A \ E) ≥ µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A \ E) ≥ µ∗ (A) Donc, on obtient égalité partout d’ où l’on tire ∀A⊂X si A = E µ∗ (A) = µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A \ E) ∞ X ∗ µ (E) = µ∗ (En ) =⇒ (1) =⇒ (2) n=1 CQFD. 6.9 Proposition [Parties de mesure extérieure nulle] Si E ⊂ X tel que µ∗ (E) = 0 alors E ∈ A∗ . NB. Il suit que (X, A∗ , µ∗ ) est un espace mesuré complet car pour tout A ∈ A∗ que µ∗ (A) = 0 on obtient : si B ⊂ A alors µ∗ (B) = 0 et B ∈ A∗ . Preuve : Soit E ⊂ X tel que µ∗ (E) = 0 . Soit A ⊂ X . Alors µ∗ (A ∩ E) ≤ µ∗ (E) = 0 d’ où µ∗ (A ∩ E) = 0 . Ainsi µ∗ (A ∩ E) + µ∗ (A \ E) = µ∗ (A \ E) ≤ µ∗ (A) . Il suit E ∈ A∗ . 6.10 Théorème [d’Unicité d’Extension de Hahn] Soit (X, A, µ) un espace prémesuré où µ est une mesure σ-finie sur A . Alors µ admet une seule mesure d’extension µ∗ sur A∗ ⊃ A . Preuve : Comme µ est σ-finie s.p.d.g. X admet le partitionnement X = ∪˙ Xn n≥1 Xn ∈ A ⊂ A ∗ Soit ν une mesure sur A∗ tel que avec µ(Xn ) = µ∗ (Xn ) < ∞ . ∀ A ∈ A ν(A) = µ(A) . tel 87 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue Il suffit de montrer que ∀ E ∈ A∗ En effet, alors ∀ E ∈ A∗ µ∗ (E) = X n≥1 i.e. µ∗ = ν . ∀ n µ∗ (E ∩ Xn ) = ν(E ∩ Xn ) . µ∗ (E ∩ Xn ) = X n≥1 (*) ν(E ∩ Xn ) = ν(E) On montre (*) en deux pas. Pas 1 ∀ E ∈ A∗ ν(E) ≤ µ∗ (E) En effet soit (Fk )∞ k=1 un A-recouvrement de E . Alors ! X X [ µ(Fk ) . ν(Fk ) = Fk ≤ ν(E) ≤ ν Dès lors par la définition infimale de µ∗ (E) Pas 2 ∀ E ∈ A∗ k≥1 k≥1 k≥1 ν(E) ≤ µ∗ (E) . ∀ n µ∗ (E ∩ Xn ) = ν(E ∩ Xn ) En effet, Xn ∈ A tel que avec X = E ∪˙ E c µ(Xn ) = µ∗ (Xn ) = = ν(Xn ) <∞ = =⇒ µ∗ (E ∩ Xn ) + µ∗ (E c ∩ Xn ) ν(E ∩ Xn ) + ν(E c ∩ Xn ) <∞ <∞ En soustrayant la seconde égalité de la première il suit 0 = [µ∗ (E ∩ Xn ) − ν(E ∩ Xn )] + [µ∗ (E c ∩ Xn ) − ν(E c ∩ Xn )] où les termes droits sont non-négatifs par le Pas 1. Ainsi tout terme doit être nul, d’ où en particulier µ∗ (E ∩ Xn ) = ν(E ∩ Xn ) . Espace mesuré de Lebesgue sur IR 6.11 Construction de l’espace mesuré de Lebesgue L’espace mesuré de Lebesgue est obtenu par l’application du procédé d’extension de Carathéodory à l’espace prémesuré (IR, Ds , ℓ0 ) où 88 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue • Ds est l’algèbre des réunions finies d’ intervalles de classe D ; • ℓ0 est la mesure de longueur sur Ds . En notant la mesure extérieure par ℓ et la classe des parties ℓ-mesurables par E, on passe par 1. ∀ A ⊂ IR ℓ(A) := inf ( ∞ X n=1 ℓ0 (En ) | (En )∞ n=1 ⊂ Ds tel que A ⊂ 2. E := {E ⊂ IR | E est ℓ-mesurable} où ∞ S En n=1 ) . E ⊂ IR est ℓ-mesurable ssi ∀ A ⊆ IR ℓ(A) = ℓ(A ∩ E) + ℓ(A \ E) . On obtient par 6.8 et 6.9 l’espace mesuré d’extension complet (IR, E, ℓ) espace mesuré de Lebesgue où • E = σ-algèbre des parties de IR mesurables selon Lebesgue, et • ℓ (mesure extérieure) sur E est la mesure de Lebesgue sur IR . appelé Notes Ds ⊂ E σ-algèbre tel que ℓ mesure sur E où ∀ E ∈ Ds a) [Extension] b) [Unicité] Comme ℓ0 est σ-finie sur Ds (car (IR, E, ℓ) est unique par le Théorème de Hahn. ℓ(E) = ℓ0 (E) . IR = ∪ (n, n + 1] ) l’extension n∈ZZ c) [Espace mesuré de Borel] La plus petite σ-algèbre contenant les intervalles de classe D et donc Ds est la σ-algèbre B des Boréliens de IR où Ds ⊂ B ⊂ E et la restriction de ℓ à B est une mesure appelée mesure de Borel. Ainsi (IR, Ds , ℓ0 ) admet deux extensions (IR, Ds , ℓ0 ) ⊂ (IR, B, ℓ) ⊂ (IR, E, ℓ) espace mesuré de Borel espace mesuré de Lebesgue pas complet complet Commentaires sur la restriction à B Noter que B ⊂ E et toute fonction B-mesurable est mesurable selon Lebesgue i.e. Emesurable ou encore ℓ-mesurable. 89 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue Pourtant, on ne perd presque rien en remplaçant E par B pour trois raisons : 1. Diminution des ensembles mesurables par des ensembles de mesure (extérieure) nulle car : 6.12 Théorème [de Calibrage] Soit E ∈ E (mesurable selon Lebesgue). Alors ∃ Bi ∈ B et ∃ Be ∈ B tel que Bi ⊂ E ⊂ Be où N := Be \ Bi satisfait ℓ(N) = 0 , d’ où ℓ(Bi ) = ℓ(E) = ℓ(Be ) . En outre, E = Bi ∪˙ Z où Z ⊂ N avec Z ∈ E tel que ℓ(Z) = 0 . Pour la preuve voir l’ Annexe A, Théorème A.2. NB. a) On peut coincer E entre deux Boréliens Bi (intérieur) et Be (extérieur) dont la différence N ∈ B est de mesure nulle : la mesure extérieure ne distingue pas Bi , E et Be . b) On trouve : ∀ n ∈ IN ∃ Fn (fermé) et Gn (ouvert) tel que Fn ⊂ E ⊂ Gn où ℓ(Gn \ Fn ) ≤ n−1 d’ où, avec Gδ (resp. Fσ ) la classe des intersections (réunions) dénombrables d’ouverts (de fermés), Be := ∞ \ n=1 Gn ∈ Gδ ⊂ B et Bi := ∞ [ n=1 Fn ∈ Fσ ⊂ B . 2. Les fonctions mesurables selon Lebesgue sont presque Borel-mesurables car : 6.13 Théorème [Fonctions presque Borel-mesurables] Toute fonction f : IR → IR mesurable selon Lebesgue ( E-mesurable) est égale à une fonction g : IR → IR mesurable selon Borel ( B-mesurable) sauf sur un ensemble de mesure extérieure nulle. 90 Chapitre 6. Mesure de Lebesgue Pour la preuve voir Annexe A, Théorème A.3. 3. Intégrales identiques. NB. Il est d’usage de noter une intégrale de Lebesgue ou de Borel i.e. R par IR f (x) dx . R IR f (x) dℓ(x) Il suit des Théorèmes 6.12 et 6.13 : si f : IR → IR est intégrable selon Lebesgue alors ∃ g : IR → IR intégrable selon Borel tel que f = g p.p. et Z Z f (x) dx = g(x) dx . IR En outre, ∀E∈E IR ∃ B ∈ B tel que ℓ(E \ B) = 0 et Z Z f (x) dx = g(x) dx . E B Chapitre 7 Mesure produit et intégration itérée Sommaire • Mesure produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 7.1 Introduction : classes R et Rs et mesure π0 . . . . . . . . . . 92 7.2 Proposition [(X × Y, Rs, π0 ) espace prémesuré] . . . . . . . . 92 7.3 L’espace mesuré produit (X × Y, S, π) . . . . . . . . . . . . . 94 • Intégration par rapport à la mesure produit . . . . . . . . . . . . 96 7.4 Définitions [x-sections] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 7.5 Préliminaires au Théorème de Tonelli-Fubini . . . . . . . . . . 96 Lemme 1 [d’Approximation] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 Lemme 2 [ x-sections] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Lemme 3 [Mesure d’une Aire] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Lemme 4 [Ensembles de mesure nulle] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Lemme 5 [Mesure d’une aire] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 7.6 Théorème de Tonelli-Fubini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 91 92 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée Mesure produit 7.1 Introduction : classes R et Rs et mesure π0 Soient (X, A, µ) et (Y, B, ν) deux espaces mesurés. On appelle rectangle mesurable tout E ⊂ X × Y tel que E =A×B où A ∈ A et B ∈ B . On définit R := { rectangles mesurables} Rs := {E ⊆ X × Y | E = ∪ Ei i∈n Ei ∈ R} . On définit la fonction d’ensembles ”aire” par π0 : Rs → IR+ tel que ∀ A×B ∈R ∀E ∈ Rs E = ∪˙ Ei i∈n π0 (A × B) := µ(A) ν(B) , (Ei ∈ R) π0 (E) := On aura que Rs est une algèbre et π0 une mesure sur Rs i.e. (X × Y, Rs , π0 ) est un espace prémesuré. 7.2 X π0 (Ei ) . i∈n Proposition [(X × Y, Rs, π0) espace prémesuré] Soient (X, A, µ) et (Y, B, ν) deux espaces mesurés et soit Rs la classe des réunions finies de rectangles mesurables de 7.1. Soit π0 : Rs → IR+ la fonction ”aire” de 7.1. Alors (i) (ii) Rs ⊂ P(X × Y ) est une algèbre ; π0 : Rs → IR+ est la seule mesure sur Rs tel que ∀ A × B ∈ R π0 (A × B) = µ(A) ν(B) ; (iii) Si µ et ν sont σ-finies alors π0 est σ-finie. (A) 93 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée Preuve : Pas 1 : (i) et (ii) sont vrais. En effet (i) et (ii) sont obtenus du Théorème 6.3, car (X × Y, R, π0 ) est un triplet générateur, voir a) et b) ci-bas. a) : R est une semi-algèbre car R satisfait les conditions de la définition : (i) ∅ ( = A × B où A ∈ A , B ∈ B et A ou B = ∅ ) et X × Y ∈ R . (ii) ∀ A × B ∈ R ∀ C×D ∈R (A × B) ∩ (C × D) = (A ∩ C}) × (B ∩ D}) ∈ R . | {z | {z ∈A ∈B (iii) Si A × B ∈ R alors (x, y) ∈ (A × B)c (x, y) ∈ Ac × B ⇐⇒ ou (x, y) ∈ A × B c ou (x, y) ∈ Ac × B c , d’où c c ˙ c ˙ (A × B)c = (A × B}) ∪(A × B}c ) . | {z | × | {z {zB}) ∪(A ∈R b) : ∈R ∈R π0 est une mesure sur R, car conditionnellement σ-additive sur R : ∞ i.e. soit (Ei )∞ i=1 = (Ai × Bi )i=1 ⊂ R où les Ei sont deux à deux disjoints tel que ∪˙ Ei = ∪˙ (Ai × Bi ) = E = A × B ∈ R . i≥1 i≥1 Alors π0 (E) = µ(A) ν(B) = X µ(Ai ) ν(Bi ) = i≥1 X π0 (Ei ) . i≥1 En effet A × B étant une réunion disjointe des Ai × Bi implique X χA×B (x, y) = χAi ×Bi (x, y) i≥1 i.e. χA (x) χB (y) = X i≥1 χAi (x) χBi (y) . 94 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée Fixer d’abord x donne χA (x) χB (·) = X χAi (x) χBi (·) i≥1 : série de fonctions non-négatives B-mesurables d’ où par 3.17 (intégrale d’une série) X χA (x) ν(B) = χAi (x) ν(Bi ) i≥1 : série de fonctions non-négatives A-mesurables d’ où encore par 3.17 X µ(A) ν(B) = µ(Ai ) ν(Bi ) . i≥1 Pas 2 : En effet Ainsi µ et ν σ-finies ⇒ ∃ (Ai )∞ i=1 ⊂ A , ր, ∀ i µ(Ai) < ∞ et X = ∃ (Bi )∞ i=1 ⊂ B , ր, ∀ i ν(Bi ) < ∞ et Y = ∃ (Ai × Bi )∞ i=1 ⊂ R , π0 σ-finie. ր, S Ai i≥1 S Bi . i≥1 ∀ i π0 (Ai × Bi ) = µ(Ai ) ν(Bi ) < ∞ et S X × Y = (Ai × Bi ) . i≥1 7.3 L’espace mesuré produit (X × Y, S, π) Etant donnés deux espaces mesurés (X, A, µ) et (Y, B, ν) on obtient par 7.2 l’espace prémesuré (X × Y, Rs , π0 ) où Rs = algèbre des réunions finies de rectangles mesurables ( ∈ R ) ; π0 = mesure d’aire sur Rs tel que (A) est vrai ( σ-finie si µ et ν sont σ-finies). Le procédé d’extension de Carathéorody donne alors l’espace mesuré d’extension complet (X × Y, S, π) =: espace mesuré produit où 1. π := mesure (extérieure) produit i.e. π : P(X × Y ) → IR+ tel que (∞ ) X ∞ S ∀ A ⊂ X × Y π(A) := inf π0 (En ) | (En )∞ En , 1 ⊂ Rs tel que A ⊂ n=1 n=1 et ∀ A × B ∈ R π(A × B) = π0 (A × B) = µ(A) ν(B) . (B) 95 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée 2. S := {E ⊂ X × Y | E π-mesurable} où ∀ A⊂X ×Y E ⊂ X × Y est π-mesurable ssi π(A) = π(A ∩ E) + π(A \ E) . NB. Par 6.8 et 6.6, S est une σ-algèbre contenant Rs et π est une mesure sur S qui coı̈ncide avec π0 sur Rs donnant (B). En outre, par 7.2 et le Théorème 6.10 de Hahn, si µ et ν sont σ-finies, alors π0 est σ-finie tel que π est la seule mesure vérifiant (B). Note : On restreint parfois S à A × B := plus petite σ-algèbre contenant R (et donc Rs ). On obtient alors l’espace mesuré intermédiaire (X × Y, A × B, π) tel que l’on obtient deux extensions : (X × Y, Rs , π0 ) ⊂ (X × Y, A × B, π) espace mesuré ⊂ (X × Y, S, π) espace mesuré complet Exemples 1. (X, A, µ) = (Y, B, ν) = (IR, E, ℓ) = espace mesuré de Lebesgue sur IR où ℓ est σ-finie. Alors (X × Y, S, π)=(IR2 , S, π) = espace mesuré de Lebesgue sur IR2 où π : P(IR2 ) → IR+ est la mesure extérieure produit de Lebesgue sur IR2 , S = σ-algèbre des parties de IR2 π-mesurables i.e. mesurables selon Lebesgue, sur laquelle π est la mesure de Lebesgue sur IR2 . 2. (X, A, µ) = (Y, B, ν) = (IR, B, ℓ) = espace mesuré de Borel sur IR où ℓ est σ-finie. Alors (X × Y, A × B, π)=(IR2 , B2 , π) = espace mesuré de Borel sur IR2 où π : P(IR2 ) → IR+ est la mesure extérieure produit de Borel sur IR2 , B2 = σ-algèbre des Boréliens de IR2 (engendrée par les ouverts de IR2 ) (on perd des ensembles de mesure nulle de S), sur laquelle π est la mesure de Borel sur IR2 . 96 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée Intégration par rapport à la mesure produit Objectif Démontrer le théorème d’intégration itérée de Tonelli-Fubini. Rappel Un espace mesuré complet ou σ-fini est avantageux, cfr. Proposition 2.7 : si X est complet alors l’égalité p.p. ou la convergence p.p. ⇒ la mesurabilité de la fonction (limite). Proposition 2.8 : si f ∈ M + et µ est σ-finie alors il existe une suite (fn ) ⊂ L+ ( i.e. intégrables ) et simples tel que fn ր f . 7.4 Définitions [x-sections] (i) Soit E ∈ P(X × Y ) et x ∈ X . Alors la x-section de E est l’ensemble Ex ⊂ Y tel que Ex := {y ∈ Y | (x, y) ∈ E} (Analogue : y∈Y : y-section de E Ey := {x ∈ X | (x, y) ∈ E}) (ii) Soit donné une fonction f : X × Y → IR et x ∈ X . Alors la x-section de f est la fonction (Analogue : y∈Y , y-section de f fx : Y → IR : y 7→ fx (y) := f (x, y) fy : X → IR : x 7→ fy (x) := f (x, y)) NB. Avec E et (Ei )∞ i=1 ⊂ X × Y : 1. ∀ x ∈ X (E c )x = (Ex )c , ∞ ∞ T T Eix , 2. Ei = i=1 i=1 x ∞ ∞ S S 3. Ei = Eix . i=1 7.5 x i=1 Préliminaires au Théorème de Tonelli-Fubini On admet que (X, A, µ) et (Y, B, ν) sont deux espaces mesurés complets et on note par (X × Y, S, π) l’espace mesuré produit complet de 7.3 où 97 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée 1. π est la mesure extérieure produit i.e. (∞ ) X ∞ S ∞ ∀ E ⊂ X × Y π(E) := inf π0 (En ) | (En )n=1 ⊂ Rs tel que E ⊂ En . n=1 R n=1 2. S est la σ-algèbre des parties π-mesurables de X × Y E∈S ⇔ ∀ A⊂ X ×Y i.e. π(A) = π(A ∩ E) + π(A \ E) . S contient • R i.e. la semi-algèbre des rectangles mesurables A × B , A ∈ A , B ∈ B , • Rσ := { réunions dénombrables d’éléments de R} , • Rσδ := {intersections dénombrables d’éléments de Rσ } , où s.p.d.g. 1. tout élément de Rσ est une réunion disjointe d’éléments de R ; 2. tout élément de Rσδ est une intersection d’éléments de Rσ décroissants. En effet a) Un élément de Rσ s’ écrit ∞ i−1 ∪ Fi = F1 ∪(F2 \ F1 ) ∪ · · · ∪(Fi \ ( ∪ Fj )) ∪ · · · |{z} | {z } i=1 |{z} j=1 {z } | ∈R ∈R ∈Rs ∈Rs Comme R est une semi-algèbre, chaque élément de Rs est s.p.d.g. une réunion finie disjointe d’éléments de R . On obtient que tout élément de Rσ est s.p.d.g. une réunion disjointe d’éléments de R . b) Rσ est stable sous l’intersection finie car n n ∞ ∩ Fi = ∩ ∪ Fiki i=1 ki =1 i=1 |{z} ∈Rσ ∞ (Fiki ∈ R) ∞ = ∪ · · · ∪ [F1k1 ∩ F2k2 ∩ · · · ∩ Fnkn ] ∈ Rσ . {z } k1 =1 kn =1 | ∈R ∞ c) Si F ∈ Rσδ alors F = ∩ Fi i=1 (Fi ∈ Rσ ) est tel que j F1 ⊃ F1 ∩ F2 ⊃ · · · ⊃ ∩ Fi ⊃ · · · . i=1 ∞ j T Gj avec Gj ∈ Rσ tel que Gj ⊃ Gj+1 . Définir Gj := ∩ Fi ∈ Rσ . Alors F = i=1 j=1 98 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée Lemme 1 [d’Approximation] Soit E ∈ S tel que π(E) < ∞ . Alors ∀n ∃ Fn ∈ Rσ et tel que ∞ ∃ F = ∩ Fn ∈ Rσδ n=1 E ⊂ Fn et π(Fn ) ≤ π(E) + tel que E ⊂ F Preuve : Par la définition infimale de π(E) , ∞ ∞ (Fnj )j=1 de E tel que E ⊂ ∪ Fnj =: Fn ∈ Rσ et 1 , n et π(F ) = π(E) . j=1 π0 (Fnj ) ≤ π(E) + n−1 . Comme π est σ-sous-additive et π coı̈ncide avec π0 sur Rs ∀ n ∃ Fn ∈ Rσ tel que E ⊂ Fn et π(Fn ) ≤ ∞ X j=1 π0 (Fnj ) ≤ π(E) + n−1 ce qui entraı̂ne (A). ∞ En outre F := ∩ Fn ∈ Rσδ est tel que n=1 E⊂F et π(E) ≤ π(F ) ≤ π(Fn ) ≤ π(E) + n−1 ∀n ce qui entraı̂ne (B). ∞ Note : si E ∈ Rσδ ⊂ S tel que π(E) < ∞ E = ∩ Fn n=1 alors s.p.d.g. ∀ n Fn ⊃ Fn+1 (déjà fait) π(Fn ) < ∞ ∀ n (Fn ∈ Rσ ) et i.e. π(F1 ) < ∞ . En effet par (A), il existe F ∈ Rσ tel que E ⊂ F et π(F ) ≤ π(E) + ε < ∞ . On obtient ∞ ∞ E = F ∩ E = F ∩( ∩ Fn ) = ∩ (F ∩ Fn ) , n=1 (B) ∀ n il existe un Rs -recouvrement j=1 ∞ X (A) n=1 où les ensembles soulignés sont des éléments de Rσ décroissants tel que π(F ∩ F1 ) < π(F ) < ∞ . 99 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée Lemme 2 [x-sections] Soit U = {E ⊂ X × Y | ∀x ∈ X Ex ∈ B} . Alors U est une σ-algèbre tel que R ⊂ U . Ainsi U ⊃ R , Rσ , Rσδ . Preuve : R⊂U . Pas 1 Car si E =A×B (A ∈ A , B ∈ B) ∀ x ∈ A Ex = B ∈ B alors et ∀x∈ / A Ex = ∅ ∈ B . U est une σ-algèbre . Pas 2 Car 1. ∅ et X × Y sont dans R ⊂ U . 2. E ∈ U ⇒ 3. (Ei )∞ i=1 ⊂ U ∀ x Ex ∈ B ⇒ ⇒ ∀ x (E c )x = (Ex )c ∈ B ⇒ ∀ x Eix ∈ B ∞ ∞ S S ∀x Ei = Eix ∈ B ⇒ i=1 x i=1 Lemme 3 [Mesure d’une aire : F ∈ Rσδ ] Soit F ∈ Rσδ Alors (i) (ii) ∀x∈X tel que π(F ) < ∞ . Fx ∈ B . g(x) = ν(Fx ) ≥ 0 est une fonction A-mesurable et Z g dµ = π(F ) < ∞ . X (iii) g ∈ L(µ) et g(x) < ∞ p.p. Preuve : (i) suit du Lemme 2 car Rσδ ⊂ U . (iii) suit de (ii) et 3.6. ∞ S i=1 ⇒ Ei ∈ U . Ec ∈ U . 100 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée (ii) : on progresse du cas simple au cas de la thèse : α) vrai pour F = A × B ∈ R où π(F ) = µ(A) ν(B) < ∞ . En effet, g(x) = ν(Fx ) = χA (x) ν(B). g est A-mesurable car avec A ∈ A χA est A-mesurable. En outre Z g dµ = µ(A) ν(B) < ∞ . X ∞ β) vrai pour F = ∪˙ {Fi ∈ R} ∈ Rσ où π(F ) < ∞ . i=1 En effet, avec π(Fi ) < ∞ par α) : ∀ i gi (x) := ν( Fix ) est A-mesurable et |{z} ∈B R ∞ X gi dµ = π(Fi ) . Noter que Fx = ∪˙ Fix ∈ B , i=1 |{z} d’ où comme ν est ∈B σ-additive g(x) = ν(Fx ) = ∞ X ν(Fix ) = i=1 ∞ X gi (x) . i=1 Il suit que g est A-mesurable comme série de fonctions A-mesurables. En outre par 3.17 (intégrale d’une série) et comme π est σ-additive Z ∞ Z X ∞ P g dµ = gi dµ = π(Fi ) = π(F ) < ∞ . X i=1 i=1 X ∞ γ) vrai pour F = ∩ {Fi ∈ Rσ } ∈ Rσδ où π(F ) < ∞ i=1 où s.p.d.g. Fi ⊃ Fi+1 et π(F1 ) < ∞ i.e ∀i π(Fi ) < ∞. En effet, avec π(Fi ) < ∞ par β) : ∀ i gi (x) := ν(Fix ) est A-mesurable et R ∞ g dµ = π(Fi ) < ∞ . Soit alors g(x) = ν(Fx ) . Alors Fx = ∩ Fix ∈ B X i i=1 R où les Fix ∈ B sont décroissants. Ensuite, comme X g1 dµ = π(F1 ) < ∞ , g1 (x) = ν(F1x ) < ∞ p.p. , i.e. sauf sur un ensemble N ∈ A tel que µ(N) = 0 . Ainsi par continuité monotone des mesures (i.e. 2.4), ∀ x ∈ N c (i.e. p.p.) g(x) = ν(Fx ) = lim ν(Fix ) = lim gi (x) , i→∞ i→∞ où les gi sont décroissants tel que g1 ∈ L(µ). Ainsi comme les gi sont Amesurables et (X, A, µ) est complet, g est A-mesurable par la Proposition 2.7. En outre par convergence monotone décroissante 3.8 Z Z Z Z g dµ = g dµ = lim gi dµ = lim gi dµ = lim π(Fi ) = π(F ) , X Nc i→∞ Nc i→∞ X i→∞ où la dernière égalité suit par la continuité monotone des mesures 2.4. Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée 101 Lemme 4 [Ensembles de mesure nulle] Soit G ⊂ X × Y tel que π(G) = 0 (donc G ∈ S ). Alors pour p.t. x Gx ∈ B et ν(Gx ) = 0. Preuve : Par le Lemme 1, ∃ F ∈ Rσδ tel que G ⊂ F et π(F ) = π(G) = 0 . R Par le Lemme 3, ∀ x Fx ∈ B , x 7→ ν(Fx ) est A-mesurable et ν(Fx ) dµ = X π(F ) = 0 . Donc par 3.11, ν(Fx ) = 0 p.p. En outre Gx ⊂ Fx ∈ B . Ainsi, comme (Y, B, ν) est complet : pour p.t. x ∈ X Gx ∈ B et ν(Gx ) = 0 . Lemme 5 [Mesure d’une aire] Soit E ⊂ X × Y Alors tel que E ∈ S et π(E) < ∞ . (i) pour p.t. x ∈ X Ex ∈ B . (ii) φ(x) := ν(Ex ) est une fonction A-mesurable définie pour p.t. x ∈ X et Z φ dµ = π(E) < ∞ . X (iii) φ ∈ L(µ) et φ(x) < ∞ p.p. . Preuve : (iii) suit de (ii). On se concentre sur (i) et (ii) . Par le Lemme 1, il existe F ∈ Rσδ tel que E ⊂ F et π(F ) = π(E) < ∞ où 1) par le Lemme 3, ∀ x ∈ X Fx ∈ B , R ν(Fx ) dµ = π(F ) = π(E) < ∞ . X x 7→ ν(Fx ) est A-mesurable et 2) G := F \ E ∈ S satisfait π(G) = π(F ) − π(E) = 0 tel que par le Lemme 4 : pour p.t. x ∈ X Gx ∈ B et ν(Gx ) = 0. Comme ∀ x ∈ X Ex = Fx \ Gx et (Y, B, ν) est complet, on obtient pour p.t. x Ex ∈ B et φ(x) := ν(Ex ) = ν(Fx ) ∈ IR+ i.e. φ bien définie en p.t. x . Alors en comparant des fonctions φ(x) = ν(Fx ) p.p. où x 7→ ν(Fx ) est A-mesurable. Comme (X, A, µ) est complet, il suit par la Proposition 2.7 que φ est A-mesurable. R R En outre, par 3.12 (i.e. f = g p.p. ⇒ f dµ = g dµ) R R φ(x) dµ(x) = X ν(Fx ) dµ(x) = π(F ) = π(E) < ∞ . X On obtient (i) et (ii). 102 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée 7.6 Théorème de Tonelli-Fubini Ce théorème est dû à Tonelli (hypothèse f ≥ 0) et Fubini (hypothèse f ∈ L(π)). Les affirmations entre parenthèses doivent être ajoutées sous l’hypothèse de Fubini. Le théorème permet de décider quand : (i) une fonction f (x, y) S-mesurable est π-intégrable ; (ii) une intégrale itérée e.g. Z Z X fx (y) dν(y) Y dµ(x) , peut être remplaçée par l’autre itérée Z Z fy (x) dµ(x) dν(y) , Y ou par l’intégrale double X Z f (x, y) dπ(x, y) . X×Y Théorème [de Tonelli-Fubini] Soient (X, A, µ) et (Y, B, ν) deux espaces mesurés complets et σ-finis. Soit (X ×Y, S, π) l’espace mesuré produit complet et σ-fini de 7.3, où S est la σ-algèbre des parties π-mesurables de X × Y , et soit f (x, y) une fonction S-mesurable. Alors a) Si f ∈ IR+ (resp. (i) pour p.t. x ∈ X f ∈ L(π) ) fx est B-mesurable (et fx ∈ L(ν)) ; (i)’ pour p.t. y ∈ Y fy est A-mesurable (et fy ∈ L(µ)) ; R (ii) x 7→ φ(x) := Y fx dν est A-mesurable (et φ ∈ L(µ)) ; R (ii)’ y 7→ ψ(y) := X fy dµ est B-mesurable (et ψ ∈ L(ν) ) ; R R R (iii) X φ dµ = X×Y f dπ = Y ψ dν . b) Si f ∈ IR et si ou ∗ φ (x) := ou ψ ∗ (y) := Z ZY X alors f ∈ L(π) . |fx | dν est tel que |fy | dµ est tel que Z ZX Y φ∗ dµ < ∞ , (I) ψ ∗ dν < ∞ , (II) 103 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée Note : retenir que par b) et a) si une des itérées converge de façon absolue i.e. (I) ou (II), alors f ∈ L(π) et les deux itérées sont égales à l’intégrale double : voir (iii). Preuve : a) Par symétrie, il suffit de montrer (i), (ii) et la première égalité de (iii) . On notera X × Y =: Z . a1) Les affirmations de a) sont vraies si f ∈ IR+ (hypothèse de Tonelli) . α) a1) tient si f = χE où E ∈ S tel que π(E) < ∞ . En effet, par le Lemme 5 de 7.5 : pour p.t. x ∈ X Ex ∈ B, d’ où pour p.t. x ∈ X fx (y) = (χE )x (y) = χEx (y) est B-mesurable ; en outre Z Z φ(x) = fx dν = χEx dν = ν(Ex ) est A-mesurable Y et Z φ(x) dµ(x) = X Y Z ν(Ex ) dµ(x) = π(E) = X Z χE dπ = Z β) a1) tient si f est de type (L) i.e. f= m P Z f dπ . Z ck χEk k=1 où ∀ k ∈ m ck ∈ IR+ (L) et Ek ∈ S tel que π(Ek ) < ∞ . En effet, par α) avec fk := χEk et φk (x) := ∀ k ∈ m pour p.t. x ∈ X R R et φ dµ = Z fk dπ . X k R Y fkx dν : fkx (y) est B-mesurable, φk (x) est A-mesurable Noter que f= m X ck fk k=1 donnant : fx (y) = m X k=1 où ∀ k ck ∈ IR+ et fk ∈ M + (Z, S) (A) ck fkx (y) où les fkx (y) sont B-mesurables pour p.t. x ∈ X . Ainsi par 1.16 : pour p.t. x ∈ X fx (y) est B-mesurable. Il suit alors par la linéarité 3.8 (d’intégrales de fonctions ≥ 0 ) Z Z m X ck fkx dν , pour p.t. x ∈ X fx dν = Y k=1 Y 104 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée i.e. φ(x) = m X ck φk (x) p.p. k=1 où les φk (·) sont A-mesurables. Comme (X, A, µ) est complet, il suit par la proposition 2.7 que φ(·) est A-mesurable. R R En outre, par 3.12 (f = g p.p. ⇒ f dµ = g dµ) ! Z Z m X ck φk dµ φ dµ = X X (par linéarité 3.8) = k=1 m X k=1 (par linéarité 3.8) = Z Z (par (A)) = Z ck Z φk dµ = X m X ck fk k=0 m X ck k=1 ! Z fk dπ Z dπ f dπ . Z γ) a1) tient si f ∈ IR+ est S-mesurable i.e. f ∈ M + (Z, S) . Par les hypothèses, π est σ-finie d’ où par la Proposition 2.8 : + ∃ (fn )∞ n=1 ⊂ M (Z, S) où les fn sont simples de type (L) et croissantes tel que f (x, y) = lim fn (x, y) ր . n→∞ (B) Il suit ∀ x ∈ X fx (y) = lim fnx (y) ր , n→∞ R où par β) avec φn (x) := Y fnx dν : ∀ n pour p.t. x ∈ X fnx (y) est B-mesurable, R R et φ dµ = f dπ . n X Z n (C) φn (x) est A-mesurable Noter que ∀ n ∃ An := {x ∈ X | fnx (y) pas B-mesurable} ∈ A tel que µ(An ) = 0 . ∞ S Définir A := An = {x ∈ X | ∃ n tel que fnx (y) pas B-mesurable} . n=1 Alors A ∈ A , µ(A) = 0 et Ac = {x ∈ X | ∀ n fnx (y) est B-mesurable} . Ainsi par (C) pour p.t. x (i.e. x ∈ Ac ) fx(y) est B-mesurable 105 Chapitre 7. Mesure produit et intégration itérée (car limite de fonctions B-mesurables, voir 1.14). En outre, par la convergence monotone dans (C) par 3.7 : pour p.t. x (i.e. x ∈ Ac ) Z fx dν = lim n→∞ Y Z Y fnx dν ր , i.e. φ(x) = lim φn (x) ր p.p. n→∞ où les φn sont A-mesurables. Donc comme (X, A, µ) est complet, par 2.7 φ(x) est A-mesurable et par 3.16 (convergence monotone p.p.) Z Z Z Z f dπ , fn dπ = φn dµ = lim φ dµ = lim n→∞ X X n→∞ Z Z où la dernière égalité suit par (B) et 3.7. On a tout. a2) Les affirmations de a) sont vraies si f ∈ L(π) (hypothèse de Fubini). S.p.d.g. on peut supposer que f ≥ 0 . (car f = f + − f − où f ± ∈ L+ (π) donne : si a2) tient pour f ± alors a2) tient pour f par linéarité) R R Alors avec f ∈ L+ (π) a1) tient où en outre X φ dµ = Z f dπ < ∞ d’où R φ ∈ L(µ) . En outre, par 3.6 φ(x) = Y fx dν < ∞ p.p. i.e. pour p.t. x ∈ X fx ∈ L(ν). On a les précisions supplémentaires. |f | ∈ M + . Appliquer a1) à |f | . R R Alors par a1) et e.g. (I) Z |f | dπ = X φ∗ dµ < ∞. Donc f ∈ L(π) . b) Noter que f ∈ M ⇒ Chapitre 8 Transformée de Fourier de L1 Sommaire • Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 8.1 Définition [Transformée de Fourier] . . . . . . . . . . . . . . . 107 • Propriétés immédiates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 8.2 Proposition [Bornée et Continue] . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 8.3 Proposition [Convergence uniforme] . . . . . . . . . . . . . . . 108 8.4 Proposition [Translatées] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 8.5 Lemme [Lp-continuité de la translatée] . . . . . . . . . . . . . 110 8.6 Théorème [de Riemann-Lebesgue : annulation à l’infini] . . . 111 • Convolution et symétrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 8.7 Définition [Produit de convolution] . . . . . . . . . . . . . . . . 112 8.8 Théorème[Existence et propriétés du produit de convolution] 112 8.9 Proposition [Continuité du produit de convolution] . . . . . . 113 8.10 Théorème [Transformée d’une convolution] . . . . . . . . . . . 114 8.11 Théorème [de symétrie] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 • Inversion de F . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 8.12 Théorème [Inversion] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 8.13 Théorème [Inversion forte] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 8.14 Lemme [Parapluies-cloches] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 8.15 Corollaire [Deux fois Fourier] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121 8.16 Théorème [F est injectif ] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121 106 Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 107 Introduction La théorie des séries de Fourier associe à une fonction (périodique) f une suite (fˆk )∞ I de coefficients de Fourier. La transformée de Fourier associe à chaque k=−∞ ⊂ C ˆ fonction t ∈ IR 7→ f (t) ∈ C I une fonction x ∈ IR 7→ f(x) ∈C I . On admet que IR = 1 (IR, E, ℓ) = espace mesuré de Lebesgue sur IR et f ∈ L = L1 (IR, E, ℓ) = espace des ”fonctions” intégrables selon Lebesgue où f (t) ∈ C I . R −ixt 1 Noter que si f ∈ L alors ∀ x ∈ IR IR e f (t) dt existe au sens de Lebesgue car −ixt 1 |e f (t)| = |f (t)| ∈ L . 8.1 Définition [Transformée de Fourier] ∆ La transformée de Fourier de f ∈ L1 est une fonction notée fˆ = F (f ) Z ˆ fˆ : IR → C I : x 7→ f(x) où fˆ(x) := e−ixt f (t) dt . tel que IR NB. La transformée de Laplace de f ∈ L1 , où f (t) := 0 pour t < 0, est définie par Z ∞ f˜ : C I + →C I : s 7→ f˜(s) := e−st f (t) dt, 0 1 où C I + := {s ∈ C I | Re(s) ≥ 0}. Si f ∈ L , alors ∀t ∈ IR \ {0} f (t) = f+ (t) + f− (t) où (f± )(t) := On obtient alors sans peine : f (t) 0 ±t ≥ 0 ailleurs . g ^ ∀x ∈ IR fˆ(x) = [f + ](ix) + [f− (−t)](−ix) , formule permettant d’utiliser la transformée de Laplace (tables très disponibles) pour obtenir une transformée de Fourier. Application : avec k ∈ IN, considérons la fonction f (t) := (2π)−1 e−|t|/k , alors pour t ≥ 0, f+ (t) = (2π)−1 e−t/k = f− (−t) , tel que sans peine 1 1 = (k/2π) . s + k −1 1 + ks Ainsi on obtient la transformée de Fourier : 1 1 1 ˆ f(x) = (k/2π) = (k/π) + . 1 + ikx 1 − ikx 1 + (kx)2 −1 g [f + ](s) = (2π) Pour plus d’informations concernant la transformée de Laplace voir le Chapitre 10. Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 108 Propriétés immédiates 8.2 Proposition [Bornée et Continue] a) fˆ est bornée sur IR tel que ˆ ∞ := sup{|f(x)| ˆ kfk | x ∈ IR} ≤ kf k1 ; b) fˆ est continue sur IR . Preuve : b a) |f(x)| ≤ b) ∀ h ∈ IR R IR |e−ixt f (t)| dt = |e−iht − 1| ≤ 2 R IR |f (t)| dt = kf k1 . et |e−ixt (e−iht − 1)f (t)| ≤ 2 |f (t)| ∈ L1 . Ainsi par convergence dominée 4.8 : Z b b f (x + h) − f (x) = e−ixt (e−iht − 1) f (t) dt → 0 ( h → 0) . | {z } IR →0 ( h→0) ∴ 8.3 fb est continue sur IR . Proposition [Convergence uniforme] 1 Soit (fn )∞ n=1 ⊂ L Alors i.e. Preuve : et f ∈ L1 tel que kfn − f k1 → 0 ( n → ∞) . kfbn − fbk∞ → 0 ( n → ∞) , lim fbn (x) = fb(x) uniformément en x ∈ IR . n→∞ noter que fn − f ∈ L1 Ainsi par 8.2 et b b f\ n − f = fn − f . sup |fbn (x) − fb(x)| ≤ kfn − f k1 → 0 ( n → ∞) . x∈IR Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 109 . . . Lp . . . Théorèmes manquants NB. a) Si f ∈ L1 alors Z e.g. [Royden, Rudin]. ∞ f (t + a) dt = −∞ Z ∞ f (t) dt . −∞ (i.e. invariance d’ une intégrale de Lebesgue sur IR sous translation) b) Si f ∈ Lp où 1 ≤ p < ∞ alors ∀ ε > 0 ∃ g : IR → C I continue à support c compact (i.e. ∃ A > 0 tel que g(x) = 0 sur [−A, A] ) tel que kf − gkp < ε . (i.e. fonctions continues à support compact denses dans Lp ) . . . En outre . . . c) Si une fonction f : IR → C I : t 7→ f (t) est continue et admet une valeur en +∞ et −∞ i.e. limt→∞ f (t) =: f (+∞) ∈ C I et limt→−∞ f (t) =: f (−∞) ∈ C I , alors f est uniformément continue sur IR . 8.4 Proposition [Translatées] Soient a, b ∈ IR et f ∈ L1 . Alors a) [f (t + a)]∧ (x) = eiax fb(x) i.e. en notant par fa (t) := f (t + a) la a-translatée de f b) fb(x + b) = [e−ibt f (t)]∧ (x) i.e. ( fb )b = [e−ib· f ]∧ . Preuve : a) fˆa (t) = [f (t + a)]∧ (x) = eixa Z −ix(t+a) IR b) fb(x + b) = IR −i(x+b)t e f (t) dt = f (t + a) {z } a-translatée de e−ixt f (t) eixa fˆ(x) Z e | Z IR e−ixt [e−ibt f (t)] dt . dt fba = eia· fb; ixa = e Z IR e−ixt f (t) dt = Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 110 Lemme [Lp-continuité de la translatée] 8.5 Soient f ∈ Lp où 1 ≤ p < ∞ et τ ∈ IR . Soient fτ (t) := f (t + τ ) et g(τ ) = kf − fτ kp . Alors τ 7→ g(τ ) est bornée et continue en 0 i.e. lim g(τ ) = lim kf − fτ kp = 0 = g(0) τ →0 τ →0 i.e. f = Lp − lim fτ . τ →0 Preuve : a) g(·) bornée car ∀ τ kf kp = kfτ kp et 0 ≤ g(τ ) ≤ kf kp + kfτ kp = 2 kf kp . b) g(·) continue en 0 . En effet soit ε > 0 . Comme f ∈ Lp ∃ h(·) continue tel que h(x) = 0 sur [−A, A]c et kf − hkp < ε . Remarquer que ∀ τ kfτ − hτ kp = k(f − h)τ kp = kf − hkp . Noter alors que h(·) est uniformément continue sur IR . Ainsi pour ε > 0 , il existe δ ∈ (0, A) tel que |τ | < δ Z ⇒ IR ⇒ |h(t) − h(t + τ )|p ≤ (4A)−1 εp ⇒ h(t) = 0 = h(t + τ ) pour |t| > 2A p |h(t) − h(t + τ )| dt = Z ∀ t ∈ IR 2A −2A |h(t) − h(t + τ )|p dt ≤ (4A)−1 εp (4A) = εp i.e. ∃ δ ∈ (0, A) tel que Ainsi avec ce δ |τ | < δ ⇒ |τ | < δ ⇒ kh − hτ kp ≤ ε . kf − fτ kp ≤ kf − hkp + kh − hτ k + khτ − fτ kp = 2 kf − hkp + kh − hτ kp ≤ 2ε + ε = 3ε . Comme ε > 0 est arbitraire, on obtient lim g(τ ) = lim kf − fτ kp = 0 . τ →0 τ →0 Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 8.6 Si 111 Théorème [de Riemann-Lebesgue] f ∈ L1 lim fb(x) = 0 alors Preuve : x→±∞ i.e. eiπ = −1 . fb s’annule à l’infini. Ainsi avec f ∈ L1 Z b f (x) = e−ixt f (t) dt , Noter que (1) IR et π 8.4 d π ](x) = −fb(x) = eiπ fb(x) = ei( x )x fb(x) = [f x La soustraction de (2) de (1) donne d’où 2 |fb(x)| ≤ car par le Lemme 8.5 Z 2fb(x) = IR Z IR Z IR e−ixt f πx (t) dt (2) e−ixt f (t) − f πx (t) dt , f (t) − f π (t) dt = kf − f π k1 → 0 ( x → ±∞) , x x f = L1 − lim f πx . x→±∞ Notes 1. Des résultats précédents, il suit que si f ∈ L1 , alors fb est continue et s’annule à l’infini ( i. e. fb(x) → 0 si x → ±∞ ). Notons par F la transformée de Fourier et par C0 l’espace linéaire des fonctions continues sur IR qui s’annulent à l’infini. On sait [Rudin] que (C0 , k · k∞ ) est un espace normé complet et, par le Théorème de Riesz-Fisher 5.12, que (L1 , k · k1 ) est un espace normé complet. Par 8.3, on obtient que F est un opérateur linéaire continu dans le cadre F : En effet (L1 , k · k1 ) → (C0 , k · k∞ ) : lim kfn − f k1 = 0 n→∞ donne f 7→ F (f ) = fb . lim kF (fn ) − F (f )k∞ = 0 . n→∞ 2. Nous verrons que dans ce cadre F est injectif ( i.e. Ker F = {θ} ), et on sait que ImF = C0 ( image de F dense dans C0 : F est presque surjectif : on n’a pas que ImF est fermée i.e. ImF = ImF ). Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 112 Convolution et symétrie 8.7 Définition [Produit de convolution] Soit f et g ∈ L1 . On appelle produit de convolution de f par g la fonction f ∗ g donnée par Z f ∗ g : IR → C I : x 7→ (f ∗ g)(x) := f (x − t) g(t) dt . IR 8.8 Théorème [Existence et propriétés du produit de convolution] Si f et g ∈ L1 alors t 7→ f (x − t)g(t) ∈ L1 , R ∆ i.e. pour p.t. x ∈ IR l’intégrale IR f (x − t) g(t) dt = (f ∗ g)(x) a) pour p.t. x ∈ IR existe au sens de Lebesgue ; b) x 7→ (f ∗ g)(x) ∈ L1 ; R R R c) IR (f ∗ g)(x) dx = IR f (x) dx g(t) dt . IR NB. c) dit que l’intégrale du produit est égal au produit des intégrales. Preuve : f et g ∈ L1 , où s.p.d.g. f et g sont à valeurs dans IR et dans M(IR, E) (i.e mesurables selon Lebesgue). Par le Théorème 6.13, il suit alors qu’il existe f0 et g0 ∈ M(IR, B) (i.e. mesurables selon Borel) tel que f = f0 p.p. et g = g0 p.p.. Noter que remplacer f , g par f0 , g0 ne change pas la valeur des intégrales de convolution (intégrands égaux p.p.). Ainsi s.p.d.g. f et g ∈ M(IR, B). Remplaçons (x, t) par (x1 , x2 ), et rappelons que B2 et S désignent les parties mesurables selon Borel respectivement selon Lebesgue de IR2 . Observons que pour i = 1, 2 les projections pi : (IR2 , B2 ) → (IR, B) : (x1 , x2 ) 7→ pi (x1 , x2 ) := xi sont mesurables, car continues. Alors f (x1 − x2 ) · g(x2 ) = [f ◦ (p1 − p2 )](x1 , x2 ) · [g ◦ p2 ](x1 , x2 ) , où les facteurs sont B2 -mesurables en tant que composition de fonctions Borel-mesurables, e.g. avec p1 − p2 B2 -mesurable, ∀E ∈ B, f −1 (E) ∈ B tel que [f ◦ (p1 − p2 )]−1 (E) = (p1 − p2 )−1 (f −1 (E)) ∈ B2 . Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 113 Comme B2 ⊂ S, il s’ensuit que (x1 , x2 ) 7→ f (x1 − x2 )g(x2 ) est S-mesurable comme produit de fonctions S-mesurables. Considérons alors Z Z Z (f ∗ g)(x) dx = f (x − t) g(t) dt dx IR IR IR en tant qu’ intégrale itérée dans le cadre du Théorème 7.6 de Tonelli-Fubini, où (IR2 , S, π) est l’espace mesuré produit de Lebesgue sur IR2 et (x, t) 7→ f (x − t)g(t) est S-mesurable. Par Tonelli, on trouve Z |f (x − t) g(t)| dπ(x, t) IR2 = = = Z Z IR IR IR IR Z Z Z IR Z Z |f (x − t) g(t)| dx dt = |f (x − t)| dx |g(t)| dt |f−t (x)| dx |g(t)| dt = IR IR IR IR Z Z |f (x)| dx |g(t)| dt (*) Z |f (x)| dx |g(t)| dt = kf k1 · kgk1 < ∞ . IR Il suit que (x, t) 7→ f (x−t) g(t) est π-intégrable. Ainsi par Fubini, on obtient les conclusions de la thèse. En ce qui concerne c), remarquer que par Fubini Z Z Z Z (f ∗ g)(x) dx = f (x − t) g(t) dπ(x, t) = f (x) dx g(t) dt , IR2 IR IR IR où la dernière égalité est obtenue en répétant le raisonnement de (*). Remarque : on obtient aussi par Tonelli : Z Z Z Z Z f (x − t) g(t) dt dx ≤ |f (x − t)| |g(t)| dt dx |f ∗ g| dx = IR IR autre itérée Dès lors : 8.9 IR IR Z Z IR IR IR |f (x − t)| dx |g(t)| dt = kf k1 kgk1 < ∞ . Proposition [Continuité du produit de convolution] Si f et g ∈ L1 alors kf ∗ gk1 ≤ kf k1 kgk1 . En outre si f et g ≥ 0 alors kf ∗ gk1 = kf k1 kgk1 . Par Tonelli-Fubini, on a en outre Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 114 Proposition [commutatif, associatif] Si f , g et h ∈ L1 alors f ∗ g = g ∗ f ∈ L1 (f ∗ g) ∗ h = f ∗ (g ∗ h) ∈ L1 Note : on appelle algèbre de Banach tout espace de Banach (X, k·k) muni d’un produit ∗ tel que ∀ f, g ∈ X f ∗g ∈X et kf ∗ gk ≤ kf k kgk . On constate que (L1 , k · k1 ) muni du produit de convolution ∗ est une algèbre de Banach. NB. L’algèbre L1 n’a pas d’unité multiplicative i.e. e ∈ L1 tel que e ∗ f = f ∀ f ∈ L1 . \ ˆ = f(x) ˆ Preuve : (voir 8.10 ci-après) : sinon (e ∗ f )(x) = ê(x) f(x) , d’ où ê(x) ≡ 1 . Mais e ∈ L1 implique par Riemann-Lebesgue lim ê(x) = 0 : →← . x→±∞ 8.10 Théorème [Transformée d’une convolution] Si f et g ∈ L1 , alors f[ ∗ g = fb · b g. Preuve : Noter que f, g ∈ L1 ⇒ Avec f ∗ g ∈ L1 , on obtient ∀x ∈ IR \ (f ∗ g)(x) = = = 8.8 = R R IR R R IR R IR R IR ∀x ∈ IR e−ix· f, e−ix· g ∈ L1 . f (t − τ ) g(τ ) dτ e−ixt dt [e−ix(t−τ ) f (t − τ )] [e−ixτ g(τ )] dτ IR dt (e−ix· f ∗ e−ix· g) (t) dt IR R e−ixt f (t) dt · IR e−ixτ g(τ ) dτ = fb(x) · gb(x) . Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 8.11 115 Théorème de symétrie Si f et g ∈ L1 alors Z Preuve : Z f (t) ĝ(t) dt = IR Z IR f (t) ĝ(t) dt = IR Z f (t) IR fb(x) g(x) dx . Z −itx e IR g(x) dx dt , où l’itérée converge de façon absolue car Z Z |f (t)| |g(x)| dx dt = kf k1 kgk1 < ∞ . IR IR Ainsi par Tonelli-Fubini Z Z Z −itx f (t) ĝ(t) dt = f (t) e dt g(x) dx IR IR = Z IR IR fb(x) g(x) dx . Inversion de F Par la suite, on note par C 1 P M la classe des fonctions une fois continûment différentiables par morceaux. 8.12 Théorème [Inversion] Si f ∈ L1 ∩ C 1 P M 2 alors −1 ∀ t ∈ IR 1 [f (t+) + f (t−)] = lim k→∞ 2π Z k −k b eixt f(x) dx . Notes 1. Si f est continue en t , alors le membre gauche de (1) est égal à f (t) car alors f (t) = f (t+) = f (t−) . Ceci est vrai presque partout. (1) Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 2. Si fb ∈ L1 116 alors (2π) −1 Z k e fˆ(x) dx = (2π) ixt −k −1 Z ˆ eixt f(x) χ[−k, k] (x) dx , IR où ˆ | intégrand | ≤ |f(x)| ∈ L1 . Ainsi par 4.8 (convergence dominée) lim (2π) −1 k→∞ Z k ˆ e f(x) dx = (2π)−1 ixt −k Z eixt fˆ(x) dx . IR R Donc alors le membre droit de (1) est l’intégrale de Lebesgue (2π)−1 IR eixt fb(x) dx ; R∞ sinon c’est la valeur principale de Cauchy de (2π)−1 −∞ eixt fb(x) dx . 3. La formule (1) permet le calcul d’inversion à l’aide du calcul des résidus (en considérant un contour). Voir Chapitre 10. Pour la structure, il est intéressant de considérer : 8.13 Théorème [Inversion forte] Si f ∈ L1 et fb ∈ L1 , alors p.p. f (t) = (2π) −1 Z IR b eixt f(x) dx , où il y a égalité en tout t où f (·) est continue. Pour la preuve, on a besoin d’un lemme : (2) Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 8.14 117 Lemme [Parapluies-cloches] Soient f ∈ L1 , g ∈ L∞ , et ∀ k ∈ IN , considérons les fonctions paires (appelées parapluies) données par δk (·) : x 7→ δk (x) := (2π)−1 e−|x|k IR → IR+ : −1 (3) ∈ C0 ∩ L1 ( ∈ Lp ∀ p ≥ 1 ), et leurs transformées de Fourier (appelées cloches) Z δ̂k (t) := e−itx δk (x) dx t ∈ IR . IR Alors (i) ∀ k ∈ IN δ̂k : IR → IR+ est paire tel que δ̂k (t) = 1 k · π 1 + (kt)2 (4) En outre kδ̂k k1 = 1 (ii) ∀ k ∈ IN δ̂k ∈ C0 ∩ L1 et f ∗ δ̂k ∈ L1 tel que (f ∗ δ̂k )(t) = Z IR ( ∈ Lp ∀ p ≥ 1 ). fb(x) eitx δk (x) dx ∀ t ∈ IR . (5) (6) (iii) Si g(·) est continue en t on obtient l’identité approximative simple : g(t) = lim (g ∗ δ̂k )(t) . k→∞ (7) (iv) On obtient l’identité approximative dans L1 : lim kf − f ∗ δ̂k k1 = 0 , k→∞ i.e. f = L1 − lim f ∗ δ̂k . k→∞ (8) Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 118 Preuve : (i) Par la remarque de 8.1, f (t) := (2π)−1 e−|t|/k donne fˆ(x) = (k/π) 1 . 1 + (kx)2 1 ≥0. 1 + (kt)2 Donc δk (x) := (2π)−1 e−|x|/k donne δˆk (t) = (k/π) On obtient (4). Observer alors que 1 kδ̂k k1 = π ( kt = tg x d(kt) = dx (cos x)2 Z IR 1 d(kt) 1 + (kt)2 1 = (cos x)2 1 + (kt)2 1 = π Z kt = ±∞ ⇒ x = ± π2 ) π 2 dx = 1 . − π2 Il suit que (5) est vrai. (ii) f ∗ δ̂k ∈ L1 car f, δ̂k ∈ L1 Ensuite avec δˆk paire, (f ∗ δ̂k )(t) = = (par 8.8). Z Z IR f (t − τ )δˆk (τ )dτ = Z f (t + τ ) δˆk (τ ) dτ IR ft (τ ) δ̂k (τ ) dτ IR où ft et δk ∈ L1 tel que par le Théorème de symétrie 8.11 Z = fbt (x) δk (x) dx IR et par 8.4 = Z On obtient (6). (iii) Comme R δ̂ (τ ) IR k dτ = 1 g(t) − (g ∗ δ̂k )(t) = g(t) − IR fb(x) eitx δk (x) dx . et Z IR δˆk est paire, g(t − τ ) δ̂k (τ ) dτ = Z IR [g(t) − g(t + τ )] δ̂k (τ ) dτ , Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 119 où δ̂k (τ ) = k δ̂1 (kτ ) . Ainsi, avec σ = kτ i.e. τ = σk −1 Z g(t) − (g ∗ δ̂k )(t) = [g(t) − g(t + τ )] δˆ1 (kτ ) d(kτ ) IR où et |intégrand| lim g t + k→∞ σ k Z h σ i = g(t) − g t + δ̂1 (σ) dσ , k IR ≤ 2 kgk∞ δˆ1 (σ) ∈ L1 , = g(t) (car g(·) est continue en t ). Donc par le Théorème 4.8 de convergence dominée, Z g(t) − g t + σk δ̂1 (σ) dσ = 0 , lim k→∞ IR d’où lim (g ∗ δ̂k )(t) = g(t) . k→∞ On obtient (7). (iv) Comme R ˆ et δˆk est paire, Z Z kf − f ∗ δ̂k k1 = f (t − τ ) δ̂k (τ ) dτ dt f (t) − δ (τ ) IR k dτ = 1 IR IR Z Z = [f (t) − f (t + τ )] δ̂k (τ ) dτ dt IR IR ≤ Z Z = Z Z et par Tonelli, IR IR = Z IR |f (t) − f (t + τ )| δ̂k (τ ) dτ dt IR IR |f (t) − f (t + τ )| dt δ̂k (τ ) dτ kf − fτ k1 δ̂k (τ ) dτ = Z g(τ )δ̂k (τ ) dτ , IR où par 8.5 g(τ ) := kf − fτ k1 est tel que g(·) est bornée, continue en 0, et g(0) = 0 . Alors avec δˆk paire Z kf − f ∗ δ̂k k1 ≤ g(0 − τ )δ̂k (τ ) dτ = (g ∗ δˆk )(0) IR où par (iii) le membre droit tend vers zéro lorsque k tend vers l’infini. Il suit que lim kf − f ∗ δ̂k k1 = 0 . k→∞ On obtient (8). Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 120 Preuve du Théorème 8.13 Comme f et fb ∈ L1 on obtient 1 h(t) := 2π Z eixt fb(x) dx ∈ C0 . } | IR {z intégrale de Fourier p.p Pas 1 (2) est vrai i.e. f (t) = h(t) . Par (8), on obtient f = L1 − lim f ∗ δ̂k . Ainsi par le corollaire d’extraction 5.13 , k→∞ il existe une sous-suite (f ∗ δ̂kj )∞ j=1 p.p. f (t) = ( kj ≥ j) tel que Z (6) lim (f ∗ δ̂kj )(t) = lim fb(x) eitx δkj (x) dx , j→∞ j→∞ IR 1 −|x|kj−1 1 1 b b e = et |intégrand| = |f(x)| δkj (x) ≤ |f(x)| j→∞ j→∞ 2π 2π 2π avec |fb(x)| ∈ L1 . Ainsi, par le Théorème de convergence dominée Z p.p. 1 fb(x) eitx dx = h(t) . f (t) = 2π IR où lim δkj (x) = lim Pas 2 Si f (·) est continue en t alors f (t) = h(t) i.e. il y a égalité en (2). En effet, comme f et h sont continues en t , il suit que g := f − h est continue en t . Supposons que g(t) 6= 0 . Alors comme g(·) est continue en t , il existe un intervalle ouvert It autour de t de mesure ℓ(It ) = 2δ > 0 tel que g(·) y est différent de zéro. . (Prendre ε = |g(t)| 2 > 0 . Alors ∃ δ > 0 tel que |τ − t| < δ En outre par le Pas 1 ⇒ | |g(τ )| − |g(t)| | ≤ |g(τ ) − g(t)| < ε ⇒ |g(τ )| > |g(t)| − ε = ε > 0) g = f − h = 0 p.p. i.e. E := {τ ∈ IR | g(τ ) 6= 0} est tel que ℓ(E) = 0 . Ainsi It ⊂ E tel que 0 < 2δ = ℓ(It ) ≤ ℓ(E) = 0 : impossible. Il suit que g(t) = 0 i.e. f (t) = h(t) . Chapitre 8. Transformée de Fourier de L1 8.15 Corollaire [Deux fois Fourier] Si f et fb ∈ L1 Preuve : 8.16 121 alors Par 8.13 bb f(t) = 2πf (−t) p.p. 2πf (−t) = p.p. R IR bb b dx = f(t) e−itx f(x) . Théorème [F est injectif ] Notons par F et C0 la transformée de Fourier et la classe des fonctions continues s’annulant à l’infini. Alors F : L1 → C0 est une injection linéaire. Preuve : F : L1 → C0 a déjà été démontré. En outre F est linéaire. F est injectif car si f ∈ L1 et fb ≡ 0 alors par le Théorème 8.13 f (t) = 0 p.p. . Ainsi fb1 = fb2 implique f1 = f2 p.p. Chapitre 9 Transformée de Fourier de L2 Sommaire Préliminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 9.1 Lemme [L1 ∩ L2 est dense dans L2 ] . . . . . . . . . . . . . . . . 125 9.2 Théorème [F : cas L1 ∩ L2 ] 9.3 Proposition [Autres résultats dans L1 ∩ L2 ] . . . . . . . . . . . 128 9.4 Théorème [Existence de F : L2 → L2 ] . . . . . . . . . . . . . . 129 9.5 Définition [F : L2 → L2 ] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 9.6 Théorème [Parseval et symétrie : Cas L2 ] . . . . . . . . . . . . 131 9.7 Théorème [Deux fois Fourier] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 9.8 Corollaire [Inversion de F : Cas L2 ] . . . . . . . . . . . . . . . 133 9.9 Corollaire [F : L2 → L2 est une bijection] . . . . . . . . . . . . 133 9.10 Théorème [de Plancherel] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 122 Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 123 Objectif On définit la transformée de Fourier d’une fonction f ∈ L2 := L2 (IR, E, ℓ) . On examine d’abord le cas d’une fonction f ∈ L1 ∩ L2 (dense dans L2 ). Puis on obtient F (f ) où f ∈ L2 par extension continue dans k · k2 . On sait que L2 est un espace de Hilbert sous le produit scalaire Z (f, g) := f (t) g(t) dt ∀ f, g ∈ L2 , IR où g désigne le complexe conjugué de g . On aura que la transformée de Fourier F : L2 → L2 est une bijection linéaire qui (modulo une constante) préserve le produit scalaire i.e. (f, g) = 1 ˆ (f , ĝ) ∀ f, g ∈ L2 . 2π Ainsi F est un isomorphisme entre deux espaces de Hilbert (de L2 sur L2 ). Préliminaires 1. Un espace de Hilbert (H, (·, ·)) est un espace de Banach dans la norme définie par kf k2 := (f, f ) f ∈ H et admet l’inégalité de Cauchy-Schwartz : |(f, g)| ≤ kf k kgk f, g ∈ H . 2. Dans un espace de Hilbert (H, (·, ·)) le produit scalaire est continu dans la norme, ∞ i.e. si (fm )∞ m=1 ⊂ H , (gn )n=1 ⊂ H et f, g ∈ H tel que lim kfm − f k = 0 m→∞ et lim kgn − gk = 0 , n→∞ alors lim (fm , gn ) = (f, g) , m,n→∞ i.e. lim (fm , gn ) = (H − lim fm , H − lim gn ) . m,n→∞ m→∞ n→∞ Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 124 Preuve : (fm , gn ) − (f, g) = (fm − f, gn ) + (f, gn − g) = (fm − f, gn − g) + (fm − f, g) + (f, gn − g) . Ainsi, par les inégalités triangulaire et de Cauchy-Schwartz |(fm , gn ) − (f, g)| ≤ kfm − f k kgn − gk + kfm − f k kgk + kf k kgn − gk , où le membre droit tend vers zéro si m, n → ∞ . 3. Dans un espace de Hilbert (H, (·, ·)) : f ∈H tel que ∀ g ∈ H Preuve : (f, g) = 0 ⇒ f =0. prendre g = f donne kf k2 = (f, f ) = 0 d’ où f = 0 . 4. Un espace de Hilbert (H, (·, ·)) muni de scalaires complexes admet l’identité polaire : 4(f, g) = kf + gk2 − kf − gk2 + i kf + igk2 − kf − igk2 f, g ∈ H , (P) qui avec des scalaires réels se réduit à : 4(f, g) = kf + gk2 − kf − gk2 f, g ∈ H . Preuve : On se restreint au cas complexe. Alors, avec a ∈ C I et f, g ∈ H , (af, g) := a(f, g) , (f, ag) := a(f, g) , et (g, f ) := (f, g) . On obtient que le membre droit de (P) vaut successivement : ((f + g, f + g) − (f − g, f − g)) + i ((f + ig, f + ig) − (f − ig, f − ig)) = 2 ((f, g) + (g, f )) + i2 ((f, ig) + (ig, f )) = 2 ((f, g) + (g, f )) + i2 (−i(f, g) + i(g, f )) = 2 ((f, g) + (g, f )) + 2 ((f, g) − (g, f )) = 4(f, g) . Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 125 5. Soit (X, k · k) un espace normé. On dit que la partie Y de X est dense dans X ssi ∃ (fn )∞ n=1 ⊂ Y tel que ∀f ∈X f = X − lim fn n→∞ i.e. lim kf − fn k = 0 . n→∞ 6. Soient (X, k · kX ) et (Y, k · kY ) deux espaces normés et T : X → Y un opérateur linéaire qui conserve la norme . Alors T est continu et injectif. Soient (xn ) ⊂ X et x ∈ X tel que Preuve : x = X − lim xn , n→∞ Alors i.e. lim kxn − xkX = 0 . n→∞ kT xn − T xkY = kT (xn − x)kY = kxn − xkX → 0 ( n → ∞) . Donc T x = Y − lim T xn i.e. T est continu. n→∞ En outre, ∀ x ∈ X kT xkY = kxkX , d’ où T x = 0 ⇒ x = 0 9.1 i.e. T est injectif. Lemme [L1 ∩ L2 est dense dans L2 ] L1 ∩ L2 est dense dans L2 . En effet, soit f ∈ L2 . Soit ∀ N ∈ IN la N-tronquée de f donnée par f (t) si |t| ≤ N fN (t) = . 0 sinon 1 2 Alors (fN )∞ N =1 ⊂ L ∩ L tel que f = L2 − lim fN N →∞ Preuve : 1. fN ∈ L1 ∩ L2 car |fN (t)|2 ≤ |f (t)|2 ∈ L1 ⇒ i.e. lim kf − fN k2 = 0 . N →∞ fN ∈ L2 . 2. Par Cauchy-Schwartz, R |f | dt = IR N RN |f | · 1 dt ≤ −N R N −N ≤ kf k2 En outre, comme f ∈ L2 21 12 R N 1 dt |f |2 dt −N √ 2N < ∞ . |f |2 ∈ L1 avec |f |2 = lim |fN |2 ր . N →∞ Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 126 Il suit en utilisant la convergence monotone 3.7 Z Z Z N 2 2 |fN (t)| dt = |f (t)|2 dt < ∞ . |f (t)| dt = lim lim N →∞ N →∞ −N IR IR Dès lors, kf − fN k22 = = Z Z 2 IR |f (t) − fN (t)| dt = 2 IR |f (t)| dt − Z Z |t|>N |f (t)|2 dt N −N |f (t)|2 dt → 0 ( N → ∞) . Théorème [F : cas L1 ∩ L2] 9.2 Si f ∈ L1 ∩ L2 alors fb ∈ L2 et on obtient l’ identité de Parseval # 1 i.e. b2. kf k22 = (2π)−1 kfk 2 Preuve : Pas 1 Soient Alors (i) (ii) e = f (−t) f(t) (conjuguée réflectée de f ) g ∈ L1 , ĝ = |fb|2 ; g(t) = (ft , f ) tel que g bornée, g(0) = kf k22 , g = f ∗ fe . et g(·) continue en 0. En effet (i) Noter que R t←−t R b fe(x) = IR e−ixt f(−t) dt = IR eixt f (t) dt = R IR e−ixt f (t) dt = = fb(x) . R IR e−ixt f (t) dt Comme f et fe ∈ L1 par 8.8, g = f ∗ fe ∈ L1 . e ∧ = fb · fbe = fb · fb = |f| b2 . En outre par 8.10, ĝ = (f ∗ f) Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 127 (ii) Noter que g(t) = (f ∗ fe)(t) = τ ←−τ = Z Z IR f (t − τ ) f (−τ ) dτ f (t + τ ) f (τ ) dτ = Z ft (τ )f (τ ) dτ IR IR ∆ = (ft , f ) . a. b. g(0) = (f0 , f ) = (f, f ) = kf k22 . |g(t)| = |(ft , f )| ≤ kft k2 kf k2 = kf k2 kf k2 = kf k22 < ∞ . c. |g(t) − g(0)| = |(ft , f ) − (f, f )| = |(ft − f, f )| car par 8.5 ≤ kft − f k2 kf k2 → 0 ( t → 0) , L2 − lim ft = f . t→0 Dès lors g(0) = lim g(t) i.e. g(·) est continue en 0 . t→0 Pas 2 (2π)−1 kfbk22 = kf k22 < ∞ tel que fb ∈ L2 . En effet, par le Pas 1 (ii) et par 8.14 (iii) : lim (g ∗ δbk )(0) = g(0) = kf k22 , (1) k→∞ où par 8.14 (ii) (avec t = 0 ) et par le Pas 1 (i) : Z Z i0x b b 2 δk (x) dx , ĝ(x) |{z} e δk (x) dx = |f(x)| ( g ∗ δk )(0) = |{z} IR IR =1 ∈L1 où δk (x) = (2π)−1 e−|x|k ր (2π)−1 ( k → ∞ ) . −1 Donc par le Théorème 3.7 de convergence monotone lim (g ∗ δbk )(0) = lim k→∞ R k→∞ IR = (2π) |fb(x)|2 δk (x) dx R −1 IR (2) b 2 dx = (2π)−1 kfk b2. |f(x)| 2 Ainsi par (1) et (2), (2π)−1 kfbk22 = kf k22 < ∞ tel que fb ∈ L2 . Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 9.3 128 Proposition [Autres résultats dans L1 ∩ L2 ] Avec f, g ∈ L1 ∩ L2 et l’opérateur de Réflection (Rf )(·) := f (−·) , on obtient a) l’ identité de Parseval #2 i.e. b) R commute avec F d; Rfb = Rf c) l’ identité de symétrie Preuve : i.e. (f, g) = 1 2π b ĝ) ; (f, b g) = (Rf, d g) . (f, ĝ) = (Rf, i.e. On démontre les assertions de façon successive. a) En utilisant deux fois l’identité polaire de L2 et l’identité de Parseval #1 : 4 (f, g) = kf + gk2 − kf − gk2 + i kf + i gk2 − i kf − i gk2 = (2π)−1 kfb + gbk2 − kfb − b g k2 + i kfb + i b g k2 − i kfb − i b g k2 = (2π)−1 · 4 (fb, b g) . b) En remplaçant t par −t : Z Z −ixt d b b Rf(x) = e f (−t) dt = eixt f (t) dt = f(−x) =: Rf(x) . IR IR On obtient F R = RF . c) En utilisant le Théorème 8.11 de symétrie et un changement de signe : Z Z (f, ĝ) := f (t) b g (t) dt = f (t) b g (t) dt e = = R IR IR R IR IR fb(x) ge(x) dx = R IR fb(x) g(−x) dx b g) fb(−x) g(x) dx =: (Rf, d g) . = (Rf, Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 129 Théorème [Existence de F : L2 → L2] 9.4 Soit f ∈ L2 . Alors Soit ∀ N ∈ IN fN la N-tronquée de f de 9.1 i.e. f (t) si |t| ≤ N fN (t) = . 0 sinon ∀ N ∈ IN fbN ∈ L2 ; a) 2 (fbN )∞ N =1 ⊂ L est une suite de Cauchy ; b) ∃! fb ∈ L2 tel que c) fb = L2 − lim fbN Preuve : a) Par 9.1 b) Par 9.1 Il suit que N →∞ fN ∈ L1 ∩ L2 f = L2 − lim fN N →∞ (fN )∞ N =1 ⊂ i.e. tel que par 9.2 i.e. lim kfbN − fbk2 = 0 . N →∞ 2 fc N ∈ L . lim kfN − f k2 = 0 . N →∞ L2 est une suite de Cauchy. Prendre alors M ≥ N et noter que fM − fN ∈ L1 ∩ L2 tel que Ainsi par 9.2 c fM\ − fN = fc M − fN . kfbM − fbN k22 = 2π kfM − fN k22 kfM − fN k2 → 0 ( M ≥ N → ∞) . ∞ 2 Il suit que (fc N )N =1 ⊂ L est une suite de Cauchy. où c) : Suit par le Théorème 5.12 de Riesz-Fisher qui affirme que L2 est complet. Le Théorème 9.4 justifie Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 130 Définition [F : L2 → L2 ] 9.5 Soit f ∈ L2 . La transformée de Fourier de f ∈ L2 est la ”fonction” fb ∈ L2 donnée par fb(x) = L2 − lim fc N (x) N →∞ 2 = L − lim N →∞ Z N e−ixt f (t) dt (A) −N Notes fb ∈ L2 est une classe d’équivalence, d’où fb(x) est définie pour p.t. x ∈ IR . On peut calculer fb(x) en observant que par (A) et le Corollaire d’extraction 5.13 ∞ il existe une sous-suite (fc ( Nj ≥ j ) tel que N ) 1. ∀ f ∈ L2 j j=1 fb(x) = lim fc Nj (x) = lim p.p. j→∞ j→∞ Z Nj e−ixt f (t) dt , ce qui suggère de calculer une valeur principale de Cauchy de par Z Z k ∞ e−ixt f (t) dt VP k→∞ R∞ −∞ −k 2. La définition est une extension du cas f ∈ZL1 ∩ L2 . En effet, alors (B) devient fb(x) = lim e−ixt fNj (t) dt où p.p. j→∞ IR lim fNj (t) = f (t) j→∞ et |intégrand| = |fNj (t)| ≤ |f (t)| ∈ L1 . R b p.p. Ainsi par convergence dominée, f(x) = IR e−ixt f (t) dt . 3. La définition 9.5 implique F : L2 → L2 En effet, avec a, b ∈ C I et f, g ∈ L2 e−ixt f (t) dt donnée e−ixt f (t) dt . := lim −∞ (B) −Nj est linéaire. considérons af + bg ∈ L2 . Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 131 Alors avec fN et gN N-tronquées de f et g , et en utilisant la L2 -continuité de la somme et de la multiplication scalaire : [af + bg]∧ = L2 − lim([af + bg]N )∧ N →∞ = L − lim(afN + bgN )∧ = L2 − lim(afc gN ) N + bc 2 N →∞ N →∞ = L − lim (afc gN ) N ) + L − lim (bc 2 2 N →∞ N →∞ 2 b g. = a(L − lim fc c N ) + b(L − lim g N ) = af + bb 2 N →∞ N →∞ 4. Noter que les opérateurs R: C: H: L2 → L2 : f 7→ f (−·) , L2 → L2 : f 7→ f , L2 → L2 : f 7→ fe H = CR = RC , sont (sesqui)-linéaires et conservent la norme : ils sont donc (sesqui)-linéaires et continus. 9.6 Théorème [Parseval et symétrie : Cas L2 ] Si f et g ∈ L2 , a) alors on a les identités suivantes : Parseval # 1 : il suit que F : b) L2 → L2 linéaire , est continu et injectif ; Parseval # 2 : (f, g) = (2π)−1 (fb, gb) ; c) d) b2; kf k22 = (2π)−1 kfk 2 fb(−·) = [f (−·)]∧ b fb = fe i.e. RF = F R ; i.e. CF = F H = F RC = F CR = RF C ; Symétrie : b g) = (Rf d, g) . (f, ĝ) = (Rf, Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 132 Preuve : a) : Parseval #1 suit de b). Les affirmations concernant F suivent du fait que F est linéaire et conserve par Parseval #1 la norme modulo une constante. b) : Avec fM et gN tronquées dans L1 ∩ L2 de f et g , et en utilisant la continuité du produit scalaire : (f, g) = (L2 − lim fM , L2 − lim gN ) 1 = lim (fM , gN ) = lim (fc c M, g N) 9.3 2π M,N →∞ M,N →∞ = 1 1 b 2 (L2 − lim fc c (f , b g). M , L − lim g N) = 2π 2π c) : Noter que pour tout N les relations sont vraies pour fN ∈ L1 ∩ L2 . Comme les opérateurs F , R, C, et H sont continus , les relations restent vraies dans L2 par prise de limite . Par exemple : d = L2 − lim ([Rf ]N )∧ = L2 − lim Rf dN = L2 − lim R fc Rf N b = R (L2 − lim fc N ) = Rf . d) : Suit de l’identité de symétrie 9.3. Noter qu’ en utilisant la continuité du produit scalaire et de R et le fait que R commute avec F : (f, b g ) = (L2 − lim fM , L2 − lim gc N) = lim (fM , gc N) = M,N →∞ lim (Rfc M , gN ) 9.3 M,N →∞ 2 = (L2 − lim Rfc M , L − lim gN ) M →∞ N →∞ 2 = (R (L2 − lim fc M ), L − lim gN ) M →∞ N →∞ b g) = (Rf, d g) . = (Rf, 9.7 Soit Théorème [Deux fois Fourier] f ∈ L2 alors 2πRf = F 2 f b i.e. 2πf (−·) = fb . Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 133 Preuve : Prendre h ∈ L2 . Noter alors qu’ en utilisant les identités de Parseval #2 et de symétrie : 2π (Rf, h) = (F Rf, F h) = (RF 2 Rf, h) = (F 2 R2 f, h) = (F 2 f, h) . Corollaire [Inversion de F : Cas L2] 9.8 Si 2 f ∈L Preuve : 2 alors f (t) = L − lim (2π) −1 N →∞ Z N −N b eitx f(x) dx . par 9.7, 2πRf = F 2 f = F fb . Ainsi Z 2 2 ˆ 2πf (−t) = L − lim F [f ]N (t) = L − lim N →∞ N →∞ d’ où 2 2πf (t) = L − lim N →∞ Z N N ˆ e−itx f(x) dx , −N eitx fˆ(x) dx . −N ∞ ˆ NB. Par le Corollaire d’extraction 5.13, il existe une sous-suite F [f ]Nj j=1 telle que 2π f (t) = lim p.p. j→∞ Z Nj −Nj eitx fb(x) dx (on peut calculer 2πf (t) par une valeur principale de Cauchy de 9.9 R∞ −∞ ( Nj ≥ j ) eitx fb(x) dx ). Corollaire [F : L2 → L2 est une bijection] ∀ g ∈ L2 ∃! f ∈ L2 tel que g = fb . Preuve : En vue du Théorème 9.6 a) F : L2 → L2 est injectif. Il suffit de montrer 1 ĝ(−·) ∈ L2 . Alors par 9.7, que F est surjectif. Soit g ∈ L2 . Définir f := 2π 2π Rg = F 2 g d’ où 2πg = RF 2 g = F (RF g) = F (ĝ(−·)) = F (2πf ) . Il suit que ∀ g ∈ L2 ∃ f ∈ L2 tel que g = F (f ) . On réunit quelques résultats : Chapitre 9. Transformée de Fourier de L2 9.10 134 Théorème [de Plancherel] alors ∃! fb ∈ L2 (appelée transformée de Fourier de f ) tel que RN a) fb(x) = L2 − lim −N e−ixt f (t) dt ; N →∞ RN 2 f (t) = L − lim (2π)−1 −N eixt fb(x)dx ; Si f ∈ L2 N →∞ b) [Isométrie] kf k22 = (2π)−1 kfbk22 ; c) [Isomorphisme] F : L2 → L2 est une bijection linéaire qui (modulo une constante) préserve le produit scalaire i.e. ∀ f, g ∈ L2 (f, g) = (2π)−1 (fb, b g) ; d) [Extension] si f ∈ L1 ∩ L2 (comme élément de L2 ). alors fb coı̈ncide avec la L1 -transformée de f Chapitre 10 Compléments de transformée de Fourier : Inversion et Laplace Sommaire • Inversion de la transformée de Fourier par valeur principale de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136 10.1 Lemme [sin x/x] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136 10.2 Lemme [Fondamental] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137 10.3 Lemme [Près] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138 10.4 Lemme [Loin] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139 10.5 Preuve du Théorème 8.12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139 10.6 Calcul type d’ inversion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 • Transformée de Laplace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142 10.7 Définition [Transformée de Laplace] . . . . . . . . . . . . . . . 142 10.8 Théorème [Transformée Holomorphe] . . . . . . . . . . . . . . 143 10.9 Théorème [de Convolution] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144 10.10 Proposition [Intégration par parties] . . . . . . . . . . . . . . 146 10.11 Théorème [de la Dérivée] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 10.12 Corrolaire [Dérivées multiples] . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 135 Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 136 Inversion de la transformée de Fourier par valeur principale de Cauchy L’ objectif est de démontrer : 8.12 Théorème f ∈ L1 ∩ C 1 P M Si 2 −1 alors pour tout t ∈ IR [f (t+) + f (t−)] = lim (2π) −1 k→∞ Z k −k eitx fb(x) dx et de faire un calcul type basé sur ce Théorème. Par la suite VP veut dire ”valeur principale de Cauchy”. On sait que Z k Z ∞ Z ∞ π sin x sin x 1 − cos x VP dx := lim dx = = dx . k→∞ 0 x x 2 x2 0 0 10.1 (1) (2) Lemme [sin x/x] ∀k≥0 et ∀u≥0, soit Z u Z ku sin kt sin x hk (u) = dt = dx . t x 0 0 (3) Alors a) 1 − cos ku + hk (u) = ku Z ku 0 1 − cos x dx , x2 (4) où le premier terme droit et l’intégrand du second terme droit sont non-négatifs, et en outre le premier terme est zéro pour ku = 0 ; b) ∀u>0 π lim hk (u) = = V P k→∞ 2 Z 0 c) 0 ≤ hk (u) ≤ 1 + Preuve : ∞ sin x dx ; x π · 2 (5) (6) Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 137 sin x dx = d(1 − cos x) . Alors par intégration par parties ku Z ku 1 − cos x 1 − cos x hk (u) = + dx x x2 0 0 a) Remarquer que dans (3) où l’évaluation du premier terme droit en zéro est zéro. On obtient (4). b) (5) suit de (3) et de (2). c) (6) : noter que Ainsi par (4) 1 − cos ku ku sin ku 0≤ = sin ku 2 ≤ 1 · 1 = 1 . ku 2 2 ∀ k ≥ 0 et ∀ u ≥ 0 Z ∞ π 1 − cos x (2) dx = 1 + · 0 ≤ hk (u) ≤ 1 + 2 x 2 0 NB. Si χk (x) := χ[−k, k] (x) . Alors χ ck (u) = Z −iux e χk (x) dx = Z k e−iux χk (x) dx = −k IR qui est une fonction paire et de module ≤ 2k. 10.2 2 sin ku 1 iuk e − e−iuk = , iu u Lemme [Fondamental] Si f ∈ L1 et k > 0. Alors Z k Z 1 sin ku 1 itx ˆ ft (u) e f(x) dx = du , 2π −k π IR u où ft (u) := f (t + u) est la t-translatée de f (u). Preuve : 2 sin ku on obtient en utilisant le Théorème de symétrie 8.11 u R k itx R itx b(x) dx = e f e fb(x)χk (x) dx −k IR Avec χ ck (u) = 8.4 = R =2 . 8.11 fb (x) χk (x) dx = IR t R IR ft (u) sin ku du . u R IR ft (u) χ ck (u) du Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 10.3 138 Lemme [Près] Soit f ∈ C 1 P M . Alors il existe δ > 0 tel que Z sin ku 1 1 ft (u) du = [f (t+) + f (t−)] . lim k→∞ π |u|≤δ u 2 Preuve : Comme f ∈ C 1 P M il existe δ > 0 tel que Z u g± (u) := f (t ± u) − f (t±) = g˙± (s) ds ∀u ∈ [0, δ] , 0 sin ku est paire u où g˙± est continue sur [0, δ]. En outre comme (π) −1 Z ft (u) |u|≤δ = (π) −1 Z δ 0 sin ku du u sin ku f (t + u) du + (π)−1 u Z δ f (t − u) 0 sin ku du u =: (π)−1 I+ (k) + (π)−1 I− (k) . Il suffit de montrer que lim I± (k) = f (t±)(π/2). Pour des raisons d’analogie il suffit de k→∞ traiter I+ (k). On obtient alors Z δ Z u Z δ sin ku sin ku du = du , f (t+) + g˙+ (s) ds I+ (k) := f (t + u) u u 0 0 0 d’ où en séparant des termes Z I+ (k) = f (t+) 0 δ sin ku du + u Z δ Z 0 u g˙+ (s) ds 0 sin ku du . u Ainsi par (3) et par Fubini I+ (k) = f (t+) hk (δ) + = f (t+) hk (δ) + Z Z δ g˙+ (s) 0 δ 0 Z δ u=s sin ku du u ds g˙+ (s) [hk (δ) − hk (s)] ds , où par (5) limk→∞ hk (δ) = π/2 et (sauf en s = 0) limk→∞[hk (δ) − hk (s)] = 0. En outre en utilisant (6) | intégrand | ≤ |g˙+ (s)| [hk (δ) + hk (s)] ≤ (2 + π)|g˙+ (s)| ∈ L1 (0, δ). Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 139 Ainsi par (5) et par convergence dominée lim I+ (k) = f (t+) π/2 + k→∞ 10.4 Z δ g˙+ (s) 0 ds = f (t+) π/2 . 0 Lemme [Loin] Si f ∈ L1 . Alors pour tout δ > 0 Z sin ku 1 ft (u) du = 0 . lim k→∞ π |u|≥δ u Preuve : Poser g(u) := (ft (u)/u) χ(−∞,−δ]∪[ Alors Z IR |g(u)| du ≤ (δ) Ainsi g ∈ L1 . Alors Z −1 Z |u|≥δ = IR g(u) . | ft (u) | du ≤ (δ)−1 || f ||1 < ∞ . sin ku du = ft (u) u |u|≥δ Z δ, ∞) (u) Z g(u) sin(ku) du IR [eiku − e−iku ] [ĝ(−k) − ĝ(k)] du = , 2i 2i qui tend vers zéro lorsque k → ∞ par le Théorème 8.6 de Riemann–Lebesgue . 10.5 Preuve du Théorème 8.12 Preuve : Avec f ∈ L1 ∩ C 1 P M on obtient par le Lemme fondamental 10.2 Z k Z sin ku −1 itx ˆ −1 (2π) ft (u) e f (x) dx = (π) du u IR −k Z Z sin ku sin ku −1 −1 ft (u) du + (π) du . ft (u) = (π) u u |u|≥δ |u|≤δ Lorsque k → ∞, le premier terme tend vers [f (t+) + f (t−)]/2 (par le Lemme 10.3) et le second terme tend vers zéro (par le Lemme 10.4). 140 Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 10.6 Calcul type d’ inversion On considère : f (t) = e−ct 1(t) Re c > 0 où ∞ Z ∞ e−(c+ix)t 1 −ct −ixt b f (x) = e e dt = = . −(c + ix) 0 c + ix 0 Le problème d’inversion est alors : 2 −1 Z −1 [f (t+) + f (t−)] = lim (2π) ? k→∞ k −k eixt dx =: (I) c + ix . Cas t 6= 0 : En se laissant inspirer par les ingénieurs et physiciens, on obtient en remplaçant ix par s : Z ik est −1 ds , (I) = (2πi) −ik s + c où l’intégrand admet un pôle en s = −c . Cas t > 0 : Considérer s ∈ C I , où l’on note que l’intégrale (I) se prend sur l’axe imaginaire entre −ik (point A) et ik (point B) en passant par 0 (point O) : prendre k grand et fermer le contour à gauche en utilisant un demi-cercle BCA de rayon k tel que le est dans le sens positif ; le point C contour AOBCA entoure le pôle −c de l’intégrand s+c réprésente −k . π 3π iθ . Noter que sur BCA : s = ke où θ ∈ , 2 2 Observer alors qu’en utilisant le Théorème des Résidus : Z Z est est −1 −1 (I) = (2πi) ds − (2πi) ds AOBCA s + c BCA s + c = Rés −ct =e Z est est −1 ; −c − (2πi) ds s+c BCA s + c − (2πi) Noter ensuite que sur BCA avec −1 Z est ds . BCA s + c π 3π : , θ∈ 2 2 ds = k eiθ idθ , |ds| = k dθ , |s + c| ≥ k − |c| , |est | = ekt cos θ ≤ 1 ∈ L1 [ π 3π , ]. 2 2 Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 141 Ainsi en utilisant le Théorème de convergence dominée : Z BCA Donc pour t > 0 Z 3π 2 est k ds ≤ · ekt cos θ dθ → 1 · 0 = 0 ( k → ∞) . s+c k − |c| π2 lim (2π) −1 k→∞ Z k eixt dx = e−ct c + ix −k CQFD . Cas t < 0 : En fermant le contour à droite pour k grand par un demi-cercle BCA de est : ce dernier rayon k , le contour A0BCA n’entoure pas de singularités de l’intégrand s+c est holomorphe dans le demi-disque ; le point réprésente k. h C i π π Noter que sur BCA : s = keiθ où θ ∈ − , . 2 2 Observer alors qu’en utilisant le Théorème de Cauchy : Z Z est est −1 −1 ds − (2πi) ds (I) = (2πi) BCA s + c AOBCA s + c = 0 − (2πi) = −(2πi) −1 −1 Z BCA Z BCA est ds s+c est ds , s+c où l’on obtient de façon analogue à celle du cas t > 0 : Z Z π st 2 e k ≤ ekt cos θ dθ → 1 · 0 = 0 ( k → ∞) . ds · π k − |c| − 2 BCA s + c Donc pour t < 0 lim (2π) k→∞ −1 Z k −k eixt dx = 0 CQFD . c + ix Cas t = 0 : Poser c := a + ib où a > 0 . En posant ensuite y := b + x on obtient : Z k Z b+k 1 1 −1 −1 (I) = (2π) dx = (2π) dy . −k a + i(b + x) b−k a + iy Remarquer alors que f (y) := 1 est tel que f (−y) = f (y), ce qui entraine lorsque k a + iy tend vers l’infini : Z ∞ Z Z π Z ∞ 1 1 1 1 a ∞ 1 2 1 1 dy = · 2Re dy = dy = dφ = , 2 2 2π −∞ a + iy 2π a + iy π 0 a +y π 0 2 0 Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 142 où pour obtenir l’avant dernière égalité on a posé y =: a tan φ . Donc pour t = 0 Z k eixt 1 −1 lim (2π) dx = CQFD . k→∞ 2 −k c + ix Transformée de Laplace Nous donnons par la suite un bref aperçu de la théorie de la transformée de Laplace, comprenant sa définition et trois théorèmes essentiels : la transformée est holomorphe dans son demi-plan de définition, convertit une convolution en produit des transformées, et transforme une dérivée par multipltication par s modulo soustraction de la valeur initiale. 10.7 Définition [Transformée de Laplace] Pour définir la transformée de Laplace, on se donne d’abord quelques notations. Un point s ∈ C I s’écrit s = σ + ix. Le demi-plan fermé du plan complexe à droite de l’abscisse σ sera noté C I σ+ := {s ∈ C I | Res ≥ σ} et le demi-plan ouvert correspondant est ◦ noté C I σ+ := {s ∈ C I | Res > σ}. On a aussi besoin de l’espace de fonctions L1σ+ défini par f ∈ L1σ+ ⇐⇒ f : t 7→ f (t) : IR → C I , tel que f est mesurable selon Lebesgue , f (t) = 0 ∀ t < 0 , et ∃ σ ∈ IR tel que e−σt f (t) ∈ L1 . donc essentiellement f est mesurable, a son support sur IR+ , et est intégrable modulo calibration par une exponentielle. Par la suite L1+ désigne l’espace des fonctions f dans L1 avec support sur IR+ ( i.e. f (t) = 0 ∀ t < 0 ) . Ainsi f ∈ L1σ+ ssi ∃ σ ∈ IR tel que e−σt f (t) ∈ L1+ . Toute fonction f donnée par ∈ L1σ+ admet une abscisse de convergence absolue σo (f ) < ∞ σo (f ) := inf{σ ∈ IR | e−σ· f ∈ L1+ } (1) La transformée de Laplace d’une fonction f ∈ L1σ+ est une fonction notée f˜ tel que Z ∞ ◦ ˜ ˜ ˜ f :C I σ0 + → C I : s 7→ f (s) où f (s) := e−st f (t) dt , 0 et où σ0 = σ0 (f ) est l’abscisse de convergence absolue de f . Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 10.8 143 Théorème [Transformée Holomorphe] Soit f ∈ L1σ+ avec σ0 = σ0 (f ) son abscisse de convergence absolue donnée par (1). Alors ◦ ∀s ∈ C I σ0 + d ˜ ^(t)](s) , f (s) = [(−t)f ds i.e. f˜(s) est holomorphe dans son demi-plan de définition. ◦ Preuve : s ∈C I σ0 + donne s = σ + ix où σ > σ0 . R∞ Alors il existe ε > 0 tel que σ − σ0 = 3ε, et f˜(s) = 0 e−st f (t) dt. Alors avec h ∈ C I tel que |h| ≤ ε Z ∞ −ht ˜ f˜(s + h) − f(s) e − 1 −st = e f (t) dt , h h 0 e−ht − 1 = −t . h→0 h où lim Alors |e−ht − 1| ≤ e|h|t − 1 et 1 − e−|h|t ≤ |h| · t (car ∞ ∞ n X −ht (−ht) X (|h|t)n e − 1 ≤ = e|h|t − 1 , ≤ n! n! n=1 −x et pour x ≥ 0 1 − e n=1 ≤ x) Ainsi |(e−ht − 1)/h| ≤ e|h|t (1 − e−|h|t)/|h| ≤ e|h|t · t ≤ eεt · t ≤ Kε e2εt , car limt→∞ t/eεt = 0 implique : ∃ Kε > 0 tel que t ≤ Kε eεt . Alors | intégrand | ≤ Kε e2εt · e−σt |f (t)| = Kε e−(σ−2ε)t |f (t)| ∈ L1 car σ − 2ε > σ0 . Ainsi par 4.8 (convergence dominée) ˜ + h) − f˜(s) Z ∞ f(s d ˜ ^(t)](s) . f (s) = lim = (−t)e−st f (t) dt = [(−t)f h→0 ds h 0 NB. On obtient par récurrence n ◦ d ^ n f (t)](s) pour n = 0, 1, 2, . . . . ˜ = [(−t) f(s) ∀s ∈ C I σ0 + ds Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 144 Notes. La transformée de Laplace est linéaire et holomorphe et admet les propriétés suivantes : 1) Extension analytique : souvent f˜ admet une extension analytique sur tout C I , i.e. ◦ ∃ ! g(·) : C I →C I holomorphe sauf en des points singuliers telle que g(s) = f˜(s) sur C I σ0 + . Il est d’ usage de confondre f˜ et g. Par exemple avec f (t) = 1(t) ect (= ect ∀t ≥ 0) on trouve σ0 = σ0 (f ) = Re c et f˜(s) = (s − c)−1 ∀ Re s > Re c, qui admet l’extension analytique g(s) = (s − c)−1 . On écrit : f˜(s) = (s − c)−1 (extension analytique sans spécifier Re s > Re c). 2) Lien avec la transformée de Fourier : notons par F la transformée de Fourier de L1 , alors ◦ ∀ f ∈ L1σ+ ∀ s = σ + ix ∈ C I σ0 + Z ∞ ˜ + ix) = f˜(s) = f(σ e−ixt [e−σt f (t)] dt = F [e−σ· f (·)](x) avec e−σ· f ∈ L1+ . 0 Ainsi la transformée de Laplace est injective sur L1σ+ (propriété de F sur L1 ). En outre par le Théorème 8.12 d’ inversion, on obtient sans peine la formule d’ inversion : Z σ+ik 1 1 1 ∀ f ∈ Lσ+ ∩ C P M ∀ t ∈ IR (1/2)[f (t+) + f (t−)] = lim est f˜(s) ds k→∞ 2πi σ−ik où σ est une abscisse fixe telle que σ > σ0 (f ). Cette formule s’ évalue par une intégrale de contour et par calcul des résidus comme dans la section 10.6 ; elle n’est pas souvent utilisée car on dispose de tables bien fournies. 3) Formule de l’exponentielle : la remarque après le Theorème 10.8 donne avec f (t) := 1(t)ect où c ∈ C I telle que f˜(s) = (s − c)−1 : ∀n ∈ IN g(t) = 1(t) (tn−1 /(n − 1)!) ect •−• g̃(s) = (s − c)−n . (2) où • − • veut dire ”correspond à ”. 10.9 Théorème [de Convolution] Soient f et g ∈ L1σ+ avec σ0 (f ) et σ0 (g) leurs abscisses de convergence absolue données par (1). Soit σ∗ := max{σ0 (f ), σ0 (g)}. Alors Rt 1) f ∗ g ∈ L1σ+ où (f ∗ g)(t) = 0 f (t − τ )g(τ ) dτ ∀t ≥ 0 , 2) Avec s = σ + ix où σ > σ∗ . ^ [f ∗ g](s) = f˜(s) · g̃(s) . 145 Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace Preuve : 1) : Comme f et g ont leur support sur IR+ (i.e f (τ ) = 0 = g(τ ) pour τ < 0), on obtient IR \ [0, t] si t ≥ 0 Zt := {τ ∈ IR | f (t − τ )g(τ ) = 0} ⊃ (−∞, 0) ∪ (t, ∞) = . IR si t < 0 Ainsi (f ∗ g)(t) := avec pour tout t ∈ IR Z IR f (t − τ )g(τ )dτ = R t f (t − τ )g(τ )dτ 0 0 si t ≥ 0 si t < 0 , e−σt (f ∗ g)(t) = ([e−σ· f ] ∗ [e−σ· g])(t) . Alors avec σ > σ∗ , e−σ· f et e−σ· g sont dans L1+ , tel que e−σ· (f ∗ g) = [e−σ· f ] ∗ [e−σ· g] est dans L1+ . On obtient les assertions de 1). 2) : Avec s = σ + ix où σ > σ∗ , par le lien de la transformée de Laplace à la transformée de Fourier de fonctions dans L1+ : ^ [f ∗ g](σ + ix) = F [e−σ· (f ∗ g)](x) = F ([e−σ· f ] ∗ [e−σ· g])(x) = = F [e−σ· f ](x) · F [e−σ· g](x) = f˜(σ + ix) · g̃(σ + ix) . NB. Le Théorème 10.9 permet d’ établir la formule de l’exponentielle (2) par récurrence : en effet elle est vraie pour n = 1 et supposons qu’elle soit vraie pour n, alors : Z t n+1 −1 −n (s − c) = (s − c) · (s − c) •−• ec(t−τ ) (τ n−1 /(n − 1)!) ecτ dτ = ect (tn /n!) , 0 d’où elle est vraie pour n + 1. En vue des définitions et résultats précédents on travaillera par la suite s.p.d.g. avec des fonctions f définies sur IR+ dont l’abscisse de convergence absolue est donnée par σo(f ) := inf {σ ∈ IR | e−σ· f ∈ L1 (0, ∞)} . (3) Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 146 Nous abordons maintenant le théorème de la dérivée en définissant la classe des fonctions f (t) ∈ C I qui sont absolument continues sur IR+ , notée AC(0, ∞), telle que f ∈ AC(0, ∞) ⇐⇒ a) Pour presque tout t ≥ 0 f˙(t) ∈ C I b) Pour tout t ≥ 0 f (t) = f (0+) + et Rt 0 f˙ ∈ L1 (0, T ) ∀T > 0 , f˙(u) du . NB. Une telle fonction est continue et C 1 (0, ∞) ⊂ AC(0, ∞) . En outre : 10.10 Proposition [Intégration par parties] Soient f ∈ AC(0, ∞) et g ∈ AC(0, ∞). Alors pour tout t ≥ 0 Z t f (u)ġ(u)du = 0 [f (u)g(u)]t0+ − Z t f˙(u)g(u)du 0 i.e. l’ intégration par parties est valable. Preuve : par le théorème de Fubini : Z t Z t Z f (u)ġ(u) du = [f (0+) + 0 Z 0 u f˙(v) dv] ġ(u) du = 0 Z t Z t ˙ ˙ f (0+)[g(t)−g(0+)]+ f(v)[ ġ(u)du]dv = f (0+)[g(t)−g(0+)]+ f(v)[g(t)−g(v)]dv 0 v 0 Z t = f (0+)[g(t) − g(0+)] + [f (t) − f (0+)] g(t) − f˙(v)g(v) dv , t 0 d’où le résultat. 10.11 Théorème [de la Dérivée] ˙ données Soit f ∈ AC(0, ∞), ayant des abscisses de convergence absolue σ0 (f ) et σ0 (f) ˙ <∞ . par (3) telles que σ∗ := max{σ0 (f ), σ0 (f)} Alors ∀ s = σ + ix ∈ C I où σ > σ∗ f [f˙](s) = sf˜(s) − f (0+) . (4) Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 147 Preuve : Définir g(t) := e−st ∀t ≥ 0. Alors f et g ∈ AC(0, ∞) donnent, avec ġ = −sg, par intégration par parties (voir 10.10) : pour tout t ≥ 0 Z t Z t t ˙ (fg)(u)du = [(f g)(u)]0+ + s (f g)(u)du . (A) 0 0 Prendre alors s = σ + ix ∈ C I où σ > σ∗ . Comme |f g|(t) = e−σt |f (t)| et |f˙g|(t) = ˙ ∈ L1 (0, ∞), tel que si t → ∞, alors les intégrales dans (A) e−σt |f˙(t)|, on obtient f g et fg convergent, d’ où de même pour (f g)(t), i.e. limt→∞ (f g)(t) =: (f g)(∞) ∈ C I ; en outre 1 comme f g ∈ L (0, ∞) il suit : (f g)(∞) = 0. Ainsi si t → ∞ dans (A), on obtient : Z ∞ Z ∞ ˙ f(t)g(t)dt = −f (0+)g(0+) + s f (t)g(t)dt , 0 0 d’ où avec g(t) := e−st : Z ∞ f˙(t)e −st 0 i.e. dt = −f (0+) + s Z ∞ f (t)e−st dt , 0 f ˜ − f (0+) . [f˙](s) = sf(s) Remarque : Les ingénieurs et physiciens considèrent une fonction f de classe C 1 P M sur (−ε, ∞) et utilisent une dérivée au sens des distributions. Ils obtiennent la formule (4) modulo échange de 0+ par 0− . Par exemple considérons la fonction f (t) = 1(t) − 1(t − 1) = χ[0,1] (t) . Cette fonction admet une discontinuité en t = 1 et ne peut être traitée par la formule (4). Pourtant elle admet une dérivée au sens des distributions de la forme f˙(t) = δ(t) − δ(t − 1), où pour t0 ∈ IR, δ(t − t0 ) est la distribution de Dirac en t0 i.e. une fonctionnelle telle que, pour toute fonction g ∈ CP M, pour tout intervalle I Z g(t +) si ∃ τ > 0 tel que [t0 , t0 + τ ] ⊂ I 0 g(t)δ(t − t0 )dt := 0 I sinon donnant g(t)δ(t − t0 ) = g(t0 +)δ(t − t0 ) . Ceci entraine avec t0 ≥ 0, ^ δ(· − t0 )(s) = en outre ∀t ≥ 0 Z Z ∞ 0− e−st δ(t − t0 )dt = e−st0 ; t 0− δ(u − t0 )du = 1(t − t0 ) sauf en t = t0 . Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 148 Ainsi avec f (0−) = 0, Z t ∀t ≥ 0 f˙(u)du = 1(t) − 1(t − 1) = f (t) sauf en t = 0 et t = 1 , 0− i.e. ”f est intégrale de sa dérivée sauf en ses points de discontinuité” . Alors on trouve d’ où avec f (0−) = 0, f˙ [f](s) = 1 − e−s et 1 − e−s f˜(s) = , s [f f˙](s) = sf˜(s) − f (0−) . (5) La même philosophie donne avec f (t) = 1(t)e−t f˙(t) = −1(t)e−t + δ(t) 1 s ˜ = 1 et [f f˙](s) = − +1= d’ où l’ on obtient (5). ce qui donne f(s) s+1 s+1 s+1 Le théorème 10.11 permet de composer, d’ où avec f (k) la k-ième dérivée de f := f (0) : 10.12 Corrolaire [Dérivées multiples] Soit f (k) ∈ AC(0, ∞) pour k = 0, 1, . . . , n − 1 ayant des abscisses de convergence absolue données par (3) telles que σ∗ := max(σ0 (f (k) ))k=0,1,...,n < ∞. Alors ∀s = σ + ix ∈ C I où σ > σ∗ ] (n) ](s) = sn f˜(s) − sn−1 f (0+) − sn−2 f (1) (0+) − · · · − f (n−1) (0+) . [f Remarque : Même remarque comme après la preuve du Théorème 10.11 pour une fonction f de classe C n P M sur (−ε, ∞) en utilisant des dérivées au sens des distributions : on obtient la même formule modulo échange de 0+ par 0−. Preuve : s.p.d.g. n = 2 . Alors ] ] (1) ](s)−f (1) (0+) = [f (2) ](s) ˜ s2 f˜(s)−sf (0+)−f (1) (0+) = s(sf(s)−f (0+))−f (1) (0+) = s[f Chapitre 10. Compléments de tranformée de Fourier : Inversion et Laplace 149 Ce corrolaire et le théorème 10.9 permettent de résoudre des équations différentielles à coefficients constants commandées, par exemple : x(2) (t) + ax(1) (t) + bx(t) = f (t) t ≥ 0 . (6) Par linéarité de la transformée et par le corrolaire on obtient : [s2 x̃(s) − sx(0+) − x(1) (0+)] + a[sx̃(s) − x(0+)] + b x̃(s) = f˜(s) . Il s’ensuit : x̃(s) = (s + a)x(0+) + x(1) (0+) f˜(s) + χ(s) χ(s) où χ(s) := s2 + as + b est le polynome caractéristique de l’ équation différentielle (6). Sa solution dépend 1) des racines s1,2 de χ(s) donnant sa factorisation en termes élémentaires χ(s) = (s − s1 )(s − s2 ) et 2) des fonctions rationnelles en s strictement propres (i.e. zéro à l’infini) rencontrées. Ainsi a) avec a = 2 et b = 2 s1,2 = −1 ± i donne A B 1 1+i 1−i s+2 • − • e−t (sin(t) + cos(t)) , = + = − χ(s) s − s1 s − s2 2i s − s1 s − s2 et 1 1 C D 1 1 = + = − χ(s) s − s1 s − s2 2i s − s1 s − s2 •−• e−t sin(t) , ce qui donne la solution −t −t x(t) = e (sin(t) + cos(t))x(0+) + e (1) sin(t)x (0+) + Z t 0 e−(t−τ ) sin(t − τ )f (τ ) dτ . b) avec a = 2 et b = 1 on obtient s1 = s2 = −1 tel que χ(s) = (s − s1 )2 = (s + 1)2 d’ où s+2 1 1 = + χ(s) s + 1 (s + 1)2 et 1 1 = χ(s) (s + 1)2 (1 + t)e−t , •−• te−t , •−• ce qui donne la solution −t −t (1) x(t) = (1 + t)e x(0+) + te x (0+) + Z t 0 (t − τ )e−(t−τ ) f (τ ) dτ . Annexe A Lebesgue-mesurable et mesures de Stieltjes Sommaire • Ensembles et fonctions Lebesgue-mesurables . . . . . . . . . . . . 151 A.1 Lemme [Ensemble mesurable selon Lebesgue] . . . . . . . . . 151 A.2 Théorème [de Calibrage] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152 A.3 Théorème [Fonctions presque Borel-mesurables] . . . . . . . . 153 • Espaces mesurés de Stieltjes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 A.4 Introduction à la mesure de Stieltjes . . . . . . . . . . . . . . . 154 A.5 Proposition [Espace prémesuré de Stieltjes] . . . . . . . . . . 154 A.6 Espaces mesurés d’extension de Stieltjes . . . . . . . . . . . . 157 150 151 Annexe A. Lebesgue-mesurable et mesures de Stieltjes Ensembles et fonctions Lebesgue-mesurables A.1 Lemme [Ensemble mesurable selon Lebesgue] Soit E ∈ E (mesurable selon Lebesgue). Soit G et F respectivement la classe des ouverts et des fermés de IR . Alors a) ℓ(E) = inf { ℓ(G) | G ∈ G E ⊂ G} ; b) ∀ε>0 ∃G∈G tel que E ⊂ G et ℓ(G \ E) ≤ ε ; c) ∀ε>0 ∃F ∈F tel que F ⊂E d) ℓ(E) = sup { ℓ(F ) | F ∈ F et ℓ(E \ F ) ≤ ε ; F ⊂ E} . Preuve : a) Il suffit de montrer E∈E ⇒ ∀ε>0 ∃G∈G tel que E ⊂ G et ℓ(G) ≤ ℓ(E) + ε (A) En effet pour E ∈ D , pour tout ε > 0 il existe G ∈ G tel que E ⊂ G et ℓ(G) ≤ ℓ(E) + ε . En outre avec E ∈ E et ε > 0 , il existe (En )∞ n=1 ⊂ D tel que P∞ ∞ E ⊂ ∪n=1 En et n=1 ℓ0 (En ) ≤ ℓ(E) + ε/2 . Pour tout n il existe alors Gn ∈ G ∞ tel que En ⊂ Gn et ℓ(Gn ) ≤ ℓ(En ) + ε2−n−1 . Soit alors G := ∪ Gn . Alors G ∈ G n=1 et E ⊂ G . En outre ∞ ∞ ∞ P P P ℓ(G) ≤ ℓ(Gn ) ≤ ℓ0 (En ) + ε2−n−1 ≤ ℓ(E) + ε/2 + ε/2 n=1 n=1 n=1 = ℓ(E) + ε . On obtient (A). b) Si ℓ(E) < ∞ le résultat suit par (A). Soit alors ℓ(E) = ∞ et ε > 0 . ∞ ∀ n ∈ IN définir In := (−n, n) et An := In \ In−1 où I0 := ∅ . Alors IR = ∪˙ An où ∀ n ∈ IN ℓ(An ) = 2 . n=1 ∞ Définir En := E ∩ An . Alors E = ∪˙ En où ∀ n ∈ IN En ∈ E n=1 et ℓ(En ) ≤ 2 . Alors par (A) ∀ n ∈ IN ∃ Gn ∈ G tel que En ⊂ Gn et ℓ(Gn \ En ) ≤ ε2−n . Définir G := ∪∞ E ⊂ G et G \ E = ∪∞ n=1 Gn . Alors G ∈ G n=1 (Gn \ E) ⊂ ∞ ∪n=1 (Gn \ En ) . Ainsi ∞ ∞ ∞ X X ℓ(G \ E) ≤ E ∪ (Gn \ En ) ≤ ℓ(Gn \ En ) ≤ ε2−n = ε . n=1 n=1 n=1 152 Annexe A. Lebesgue-mesurable et mesures de Stieltjes c) Soit ε > 0 . Comme E c ∈ E, par b) il existe G ∈ G tel que E c ⊂ G et ℓ(G \ E c ) ≤ ε . Définir F := Gc . Alors F ∈ F F ⊂ E et E \ F = G \ E c tel que ℓ(E \ F ) ≤ ε . d) Soit ε > 0 . Par c) il existe F ∈ F tel que F ⊂ E et ℓ(E \ F ) ≤ ε . Comme ℓ(E) = ℓ(F ) + ℓ(E \ F ) , on obtient ℓ(E) ≤ ℓ(F ) + ε . Donc si ℓ(E) = ∞ , il existe F ∈ F F ⊂ E et ℓ(F ) = ∞ . En outre si ℓ(E) < ∞ , alors ∀ ε > 0 ∃ F ∈ F tel que F ⊂ E et ℓ(E) − ε ≤ ℓ(F ) ≤ ℓ(E) . Il suit que le résultat est vrai. NB. Il suit de la preuve que si ℓ(E) = ∞ , alors il existe F ∈ F et G ∈ G tel que F ⊂ E ⊂ G et ℓ(F ) = ℓ(E) = ℓ(G) . Un résultat similaire est valable lorsque ℓ(E) < ∞, en remplaçant 1) G par Gδ i.e. classe des intersections dénombrables d’ouverts de IR , et 2) F par Fσ i.e. classe des réunions dénombrables de fermés de IR . En effet : A.2 Théorème [de Calibrage] Soit E ∈ E (mesurable selon Lebesgue). Alors ∃ Bi ∈ Fσ ⊂ B et ∃ Be ∈ Gδ ⊂ B tel que Bi ⊂ E ⊂ Be où N := Be \ Bi ∈ B satisfait ℓ(N) = 0 , d’ où ℓ(Bi ) = ℓ(E) = ℓ(Be ) . En outre E = Bi ∪˙ Z où Z ⊂ N avec Z ∈ E tel que ℓ(Z) = 0 . Preuve : Par le Lemme A.1, pour tout n ∈ IN il existe Fn ∈ F et Gn ∈ G tel que Fn ⊂ E ⊂ Gn ℓ(E \ Fn ) ≤ 1/2n et ℓ(Gn \ E) ≤ 1/2n , d’ où ℓ(Gn \ Fn ) ≤ 1/n . ∞ Définir Bi := ∪∞ n=1 Fn ∈ Fσ ⊂ B et Be := ∩n=1 Gn ∈ Gδ ⊂ B . Alors Bi ⊂ E ⊂ Be et ∞ ∞ n=1 n=1 N := Be \ Bi = ( ∩ Gn ) \ ( ∪ Fn ) ⊂ Gn \ Fn ∀ n ∈ IN , tel que ℓ(N) ≤ ℓ(Gn \ Fn ) ≤ 1/n ∀ n ∈ IN . Donc ℓ(N) = 0 . Comme ℓ(N) = ℓ(Be \ E) + ℓ(E \ Bi ) = 0 , il suit que ℓ(Be \ E) = ℓ(E \ Bi ) = 0 . Ainsi ℓ(Bi ) = ℓ(E) = ℓ(Be ) , et Z := E \ Bi est tel que Z ∈ E et ℓ(Z) = 0 . 153 Annexe A. Lebesgue-mesurable et mesures de Stieltjes A.3 Théorème [Fonctions presque Borel-mesurables] Toute fonction f : IR → IR mesurable selon Lebesgue ( E-mesurable) est égale à une fonction g : IR → IR mesurable selon Borel ( B-mesurable) sauf sur un ensemble de mesure extérieure nulle. Preuve : Soit Q I ⊂ IR l’ensemble des nombres rationnels. Comme f est E-mesurable ∀ r ∈Q I Er := {x | f (x) > r} ∈ E d’ où par le Théorème A.2 Er = Br ∪˙ Zr où Br ∈ B , Zr ∈ E , Zr ⊂ Nr , Nr ∈ B tel que ℓ(Nr ) = 0 . Soient θ(x) := 0 ∀ x ∈ IR et Θr := {x | θ(x) > r} ( r ∈ Q I ). φ r ≥ 0 Θr = , d’où Θr ∈ B . IR r < 0 Soit N := S Nr . Alors r∈I Q Définir alors Noter que g : IR → IR N ∈B, tel que Alors ℓ(N) = 0 . θ(x) g(x) := f (x) x∈N x ∈ Nc . Er ∩ N c = (Br ∪ Zr ) ∩ N c = Br ∩ N c ∈ B . | {z } φ Alors 1. g(x) B-mesurable car avec r ∈ Q I et Gr := {x | g(x) > r} , Gr = (Gr ∩ N) ∪ (Gr ∩ N c ) = (Θr ∩ N) ∪ (Er ∩ N c ) = (Θr ∩ N) ∪ (Br ∩ N c ) ∈ B d’où ∀ α ∈ IR {x | g(x) > α} = ∪{Gr | r ∈ Q I , r > α} ∈ B . 154 Annexe A. Lebesgue-mesurable et mesures de Stieltjes 2. g(x) = f (x) ℓ∗ -p.p. car E = {x | g(x) 6= f (x)} ⊂ N d’où ℓ(E) = 0 mesurable). ( N c ⊂ Ec ) et par 6.9 (ensemble de mesure extérieure nulle) E∈E ( ℓ- Espaces mesurés de Stieltjes A.4 Introduction à la mesure de Stieltjes On considère IR muni de l’algèbre Ds des réunions finies d’ intervalles de classe D . Soit f : IR → IR une fonction croissante continue à droite i. e. f (x) = f (x+) ∀ x ∈ IR . Noter que f (∞) et f (−∞) existent dans IR . Pour E ∈ D on définit la mesure de Stieltjes par : ℓf 0 ((a, b]) := f (b) − f (a) , ℓf 0 ((a, ∞)) := f (∞) − f (a) , ℓf 0 ((−∞, b]) := f (b) − f (−∞) , ℓf 0 ((−∞, ∞)) := f (∞) − f (−∞) , n n P ℓf 0 (Ei ) . et pour E ∈ Ds avec E = ∪˙ Ei (Ei ∈ D) on définit : ℓf 0 (E) := i=1 i=1 On démontre alors A.5 Proposition [Espace prémesuré de Stieltjes] (IR, Ds , ℓf 0 ) est un espace prémesuré où ℓf 0 est une mesure σ-finie sur Ds . Preuve : est σ-finie. On sait par 6.4 que Ds est une algèbre, et il est facile de montrer que ℓf 0 Pour obtenir que ℓf 0 est une mesure sur Ds , on montre sans peine que ℓf 0 (∅) = 0 , ℓf 0 (E) ≥ 0 ∀ E ∈ Ds , et ℓf 0 est (sous-)additive et monotone. On se concentre sur ℓf 0 est conditionnellement σ-additive sur Ds , où en vue de la preuve de 6.4, on se restreint au cas où (En )∞ n=1 est une suite d’intervalles En := (an , bn ] deux à deux disjoints et contigus tel que ∪˙ En = ∪˙ (an , bn ] = (a, b] =: E . Il faut donc montrer n≥1 ℓf 0 ((a, b]) = n≥1 X n≥1 ℓf 0 ((an , bn ]) . (A) 155 Annexe A. Lebesgue-mesurable et mesures de Stieltjes Comme f est croissante et continue à droite, on sait ([Kolmogorov et Fomine, p.318]) que f admet sur [a − 1, b + 1] la décomposition unique f = g + h où, 1) g est croissante et continue, et 2) h est une fonction en escaliers, croissante et continue à droite, qui reprend les sauts dénombrables de f sur [a − 1, b + 1] . Soit {si }∞ i=1 une énumération des points de discontinuité de f sur (a, b], correspondant à des sauts f (si ) − f (si −) = h(si ) − h(si −) =: hi > 0 . P hi tel que On trouve que tout (an , bn ] satisfait ℓh0 ((an , bn ]) = an < si ≤ bn ∞ X ℓh0 ((an , bn ]) = n=1 X hi = ∞ X i=1 a < si ≤ b [h(si ) − h(si −)] = ∞ X i=1 ℓ((h(si −), h(si )]) . On trouve alors que ∀ i ∈ IN ∃ !ri ∈ {si }∞ i=1 ∞ tel que h(ri ) = h(si −) , et (h(a), h(b)] = ∪˙ (h(ri ), h(si )] . i=1 Ainsi en utilisant la Proposition 6.4, ∞ X ℓh0 ((an , bn ]) = n=1 ∞ X ℓ0 ((h(ri ), h(si )]) = ℓ0 ((h(a), h(b)]) = ℓh0 ((a, b]) . i=1 Il suit qu’en vue de la décompositon f = g + h et l’objectif (A) , il suffit de montrer X ℓg0 ((a, b]) = ℓg0 ((an , bn ]) , (B) n≥1 où g est croissante et continue sur [a − 1, b + 1] . On vérifie (B) par deux inégalités opposées. P Pas 1 ℓg0 ((a, b]) ≥ ℓg0 ((an , bn ]) n≥1 En effet en considérant k intervalles s.p.d.g. ré-ordonnés tel que a ≤ a1 < b1 ≤ a2 < b2 ≤ · · · ≤ ak < bk ≤ b on obtient k X n=1 ℓg0 ((an , bn ]) ≤ g(bk ) − g(a1 ) ≤ g(b) − g(a) = ℓg0 ((a, b]) . En laissant k tendre vers l’infini on obtient le Pas 1. 156 Annexe A. Lebesgue-mesurable et mesures de Stieltjes Pas 2 ℓg0 ((a, b]) ≤ P ℓg0 ((an , bn ]) n≥1 Considérer un ε > 0 arbitraire et εn = ε 2−n tel que P εn = ε. n≥1 Comme g est uniformément continue sur [a − 1, b + 1] , on trouve que ∀ εn ∃ δn ∈ (0, 1) tel que (C) ∀ x, y ∈ [a − 1, b + 1] : |x − y| ≤ δn ⇒ |g(x) − g(y)| ≤ εn . Comme dans la preuve de 6.4 on obtient s.p.d.g. que a1 satisfait a1 − δ1 < a, et on définit On := (an − δn , bn + δn ) et Jn := (an − δn , bn + δn ] ∈ D . Noter que a ∈ O1 et ∀ n En ⊂ On ⊂ Jn = (an − δn , an ] ∪ En ∪(bn , bn + δn ] , où en utilisant (C) ∀ n ℓg0 (Jn ) ≤ ℓg0 (En ) + 2 εn . ∞ ∞ S S Comme (a, b] = E = ∪ En ⊂ On et a ∈ O1 , on obtient [a, b] ⊂ On n≥1 n=1 n=1 i.e. (On )∞ n=1 est un recouvrement ouvert de [a, b] . Ainsi par le Théorème de Heine-Borel, [a, b] admet un sous-recouvrement fini (Onj )kj=1 donnant : k S E = (a, b] ⊂ [a, b] ⊂ d’où ℓg0 (E) ≤ ℓg0 | ℓg0 monotone k S Jn j j=1 ! ≤ | k X j=1 j=1 O nj ⊂ k S Jn j , j=1 ℓg0 (Jnj ) ≤ k X [ℓg0 (Enj ) + 2 εnj ] . j=1 ℓg0 sous-additif Ainsi, en complétant des sommes X X X ℓg0 (E) ≤ ℓg0 (En ) + 2 εn = ℓg0 (En ) + 2 ε n≥1 n≥1 n≥1 où ε > 0 est arbitraire, donc ℓg0 (E) ≤ X n≥1 ℓg0 (En ) . 157 Annexe A. Lebesgue-mesurable et mesures de Stieltjes A.6 Espaces mesurés d’extension de Stieltjes L’espace mesuré de Lebesgue-Stieltjes est obtenu par l’application du procédé d’extension de Carathéodory à l’espace prémesuré (IR, Ds , ℓf 0 ) où • Ds est l’algèbre des réunions finies d’ intervalles de classe D ; • ℓf 0 est la mesure de Stieltjes sur Ds , qui est σ-finie. On passe par 1. ∀ A ⊂ IR ℓf (A) := inf ( ∞ X n=1 ℓf 0 (En ) | (En )∞ n=1 ⊂ Ds tel que A ⊂ 2. Ef := {E ⊂ IR | E est ℓf -mesurable} où ∞ S n=1 En ) . E ⊂ IR est ℓf -mesurable ssi ∀ A ⊂ IR ℓf (A) = ℓf (A ∩ E) + ℓf (A \ E) . On obtient par 6.8– 6.10 l’ unique espace mesuré d’extension complet (IR, Ef , ℓf ) appelé espace mesuré de Lebesgue-Stieltjes où • Ef = σ-algèbre des parties de IR mesurables selon Lebesgue-Stieltjes, et • ℓf (mesure extérieure) sur Ef est la mesure de Lebesgue-Stieltjes sur IR . La plus petite σ-algèbre contenant les intervalles de classe D et donc Ds est la σ-algèbre B des Boréliens de IR où Ds ⊂ B ⊂ Ef et la restriction de ℓf à B est une mesure appelée mesure de Borel-Stieltjes. Ainsi (IR, Ds , ℓf 0 ) admet deux extensions (IR, Ds , ℓf 0 ) ⊂ (IR, B, ℓf ) ⊂ (IR, Ef , ℓf ) espace mesuré de Borel-Stieltjes espace mesuré de Lebesgue-Stieltjes pas complet complet NB. Il est d’usage de noter une intégrale de Lebesgue-Stieltjes ou de Borel-Stieltjes i.e. R R g(x) dℓf (x) par E g(x) df (x) ( E ∈ Ef ou E ∈ B) , . . .cfr. théorie de probabilité où E f est la fonction de génération, . . .calcul des moyennes de variables aléatoires. En guise de conclusion 158 En guise de conclusion Notons parmi les sujets importants non vus ou de manière sommaire dans ces notes : La notion de Fonction Absolument Continue, le Théorème de Différentiation de Lebesgue d’une intégrale indéfinie, et la Transformée de Laplace. Cette dernière est une extension facile de la transformée de Fourier et utilisée dans le cours de Contrôle Optimal et Systèmes. Elle a été trés étudiée par les mathématiciens : voir les “monuments” de Gustav Doetsch (“Handbuch der Laplace-Transformation”, Birkhaüser Verlag, Basel, 1971, 3 Vols.) et David Vernon Widder (“The Laplace Transform”, Princeton University Press, 1972 , eight printing). Elle est fréquemment utilisée par les physiciens et ingénieurs (e.g. F.M. Callier and C.A. Desoer, “Linear System Theory”, Springer Verlag, New-York, 1991). Mentionnons aussi l’importance de la théorie de la mesure et d’intégration dans différentes branches des mathématiques, comme par exemple : Equations Différentielles, Théorie de Probabilité et des Processus Stochastiques, et les Intégrales de Bochner de fonctions à valeurs dans un espace de Hilbert intéressants dans la résolution d’équations aux dérivées partielles (Théorie des Semigroupes). Disons aussi que sans les Transformées de Fourier et de Laplace, la vie serait plus pauvre en électricité , mécanique, physique mathématique, et en théorie du contrôle (automatique). Pour trouver des ouvrages associés récents ainsi que des informations complémentaires, utiliser le moteur de recherche http ://www. google.com . Remerciement L’auteur tient à remercier Katia Demaseure, Bénédicte Le Bailly, et Vincent Malmedy pour des corrections méthodiques et soignées.