PREALGE2 ALGEBRE linéaire et bilinéaire - 17mm_Mise en page 1 31/07/2014 15:21 Page1 C et ouvrage développe le programme d’algèbre de deuxième année des classes préparatoires scientifiques, de façon originale, approfondie et fidèle. • Le texte, rigoureux et pédagogique, permet à tous les étudiants de suivre pas à pas les démonstrations. Des figures, ainsi que des algorithmes implémentés en Python, facilitent la compréhension et l'assimilation des notions abordées. Conf orme au no progra uveau mme 2014 • L'auteur a pris soin de replacer les résultats présentés dans leur contexte historique, des notices biographiques évoquent les faits marquants de la vie des mathématiciens cités. • Dans les parties « compléments », l'ouvrage aborde des théorèmes plus difficiles ou moins connus, destinés aux lecteurs souhaitant un approfondissement des sujets classiques. L’ouvrage intéressera également les candidats au CAPES et à l’agrégation. + Conforme au nouveau programme 2014 + De nombreux exercices corrigés + Texte abondamment illustré pour faciliter la compréhension + Tout en couleur Christophe Antonini est professeur de mathématiques en classes préparatoires au lycée Stanislas de Cannes. Conform au nouve e au progr amme 2014 MP-MP* 2e ANNÉE Confo rm e au nou program veau me 201 4 ANALYSE 2e édition MPSI / PCSI 1re ANNÉE Confo aux nou rme program veaux mes 201 3 ANALYSE MPSI / PCSI Confo ALGÈBRE COURS EXERCICES CORRIGÉS COURS EXERCICES CORRIGÉS COURS EXERCICES CORRIGÉS OLIVIER RODOT GILLES COSTANTINI NICOLAS BASBOIS PIERRE ABBRUGIATI < Conception graphique : Primo&Primo < IS BN : 978-2-8041- 817 0 -3 9 782804 181703 PREALGE2 www.deboeck.com < Dans la même collection dirigée par Olivier Rodot or me au no u v e au progr amm e 201 4 ALGÈBRE e MP-MP* 1re ANNÉE aux nou rme program veaux mes 201 3 Conf COURS EXERCICES CORRIGÉS CHRISTOPHE ANTONINI + LES ALGÈBRE • Des exercices, dont les corrigés sont très détaillés, permettent de vérifier l’acquisition des points clés de chaque chapitre. MP-MP* 2e ANNÉE 2 édition CHRISTOPHE ANTONINI A vant-propos Cet ouvrage traite d’algèbre générale, d’algèbre linéaire et bilinéaire, avec pour fil directeur le nouveau programme des classes préparatoires MP-MP* qu’il suit scrupuleusement. L’auteur s’est efforcé de rédiger un traité autonome, accompagné d’applications, d’exemples et d’exercices entièrement corrigés. Afin d’être adapté au public d’aujourd’hui, l’ouvrage a essayé de trancher avec le style parfois austère utilisé dans ce type d’ouvrage, en essayant autant que faire se peut d’introduire avec beaucoup de soin les concepts, et d’en proposer de nombreuses applications. Ce livre s’adresse également à tout étudiant de premier cycle, ou préparant des concours d’enseignement. En outre, les chapitres sur lesquels le programme met l’accent comptent en général une introduction historique, ou établissent le lien avec d’autres domaines scientifiques. Plus généralement, l’ensemble du livre est émaillé d’indications historiques : notices biographiques, datation de certains théorèmes. Cette part belle faite à l’histoire des mathématiques est une spécificité de cette collection. Enfin, l’auteur a tenu à illustrer différents résultats à l’aide d’algorithmes implémentés sous Python 3. Je commence naturellement par remercier Fabrice Chrétien, des éditions De Boeck, pour m’avoir proposé de participer à ce projet. Mes remerciements vont également à Olivier Rodot, directeur de la collection et auteur de l’ouvrage d’analyse de seconde année, pour son soutien, ses conseils et critiques avisés et sa grande disponibilité, et pour avoir été le premier à me contacter. Je remercie très vivement Guillaume Euvrard et Guillaume Goron pour leur relecture. J’ai une pensée pour l’ensemble de mes collègues de travail pour leur soutien amical. Enfin, je remercie tout particulièrement mes collègues Nicolas Basbois et Pierre Abbrugiati, auteurs de l’ouvrage d’algèbre de première année, pour toute l’aide qu’ils m’ont apportée. Christophe Antonini. Table des m atières 1 Structures algébriques usuelles 1.1 7 Groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 1.1.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 1.1.2 Sous-groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 1.1.3 Morphismes de groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 1.1.4 Sous-groupes engendrés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 1.1.5 Le groupe Z/nZ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 1.1.6 Ordre d’un groupe, ordre d’un élément . . . . . . . . . . . . . . . . 34 1.1.7 Le groupe symétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 1.2.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 1.2.2 Idéaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 1.2.3 Anneaux principaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 1.2.4 L’anneau Z/nZ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 1.2.5 L’anneau K[X] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 1.3 Corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 1.4 Algèbres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 1.4.1 Polynômes dans une algèbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 1.4.2 Idéal annulateur et polynôme minimal . . . . . . . . . . . . . . . . 77 Exercices corrigés du chapitre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 1.2 1.5 4 TABLE DES MATIÈRES 2 Compléments d’algèbre linéaire 2.1 93 Sur les bases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 2.1.1 Rappels et compléments sur les combinaisons linéaires . . . . . . . 93 2.1.2 Familles libres, familles génératrices et bases . . . . . . . . . . . . 96 2.1.3 Le cas des polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 2.1.4 Lien avec les applications linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 2.2 Sommes, sommes directes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 2.3 Trace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 2.4 Déterminant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 2.4.1 Formes multilinéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 2.4.2 Premières propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 2.4.3 Définition et formule du déterminant . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 2.4.4 Propriétés « calculatoires » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 2.4.5 Cas particuliers et exemples classiques . . . . . . . . . . . . . . . . 139 2.4.6 Méthode algorithmique de calcul du déterminant . . . . . . . . . . 144 2.5 Interpolation de Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 2.6 Orientation des espaces réels de dimension finie . . . . . . . . . . . . . . . 154 2.7 Polynômes de matrices carrées et d’endomorphismes . . . . . . . . . . . . 156 2.8 2.9 2.7.1 Définitions et propriétés algébriques . . . . . . . . . . . . . . . . . 156 2.7.2 Puissances et polynômes des matrices diagonales . . . . . . . . . . 164 2.7.3 Idéal des polynômes annulateurs et polynôme minimal . . . . . . . 165 2.7.4 Lemme des noyaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170 Compléments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172 2.8.1 Matrices à diagonale strictement dominante . . . . . . . . . . . . . 172 2.8.2 Dualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 Exercices corrigés du chapitre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186 3 Réduction 3.1 3.2 213 Stabilité, endomorphismes induits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215 3.1.1 Définitions et premières propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215 3.1.2 Signification en terme de stabilité d’une matrice triangulaire . . . 220 3.1.3 Cas d’endomorphismes commutant . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220 Éléments propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222 3.2.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222 5 TABLE DES MATIÈRES 3.3 3.2.2 Somme directe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231 3.2.3 Quelques liens avec la stabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233 3.2.4 Cas de la dimension finie : le polynôme caractéristique . . . . . . . 234 Matrices et endomorphismes diagonalisables . . . . . . . . . . . . . . . . . 242 3.3.1 Définition et premiers résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242 3.3.2 Diagonalisation et ordre des valeurs propres . . . . . . . . . . . . . 246 3.3.3 Diagonalisation et polynômes annulateurs . . . . . . . . . . . . . . 253 3.3.4 Diagonalisation simultanée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258 3.4 Trigonalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261 3.5 Théorème de Cayley-Hamilton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265 3.6 Exponentielle de matrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270 3.7 Applications de la réduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277 3.8 3.9 3.7.1 Systèmes différentiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 278 3.7.2 Équations différentielles scalaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289 3.7.3 Équations différentielles scalaires d’ordre 2 3.7.4 Méthode de variation des constantes . . . . . . . . . . . . . . . . . 298 3.7.5 Calculs de polynômes d’une matrice . . . . . . . . . . . . . . . . . 300 Compléments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304 3.8.1 Localisation des valeurs propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304 3.8.2 Sous-espaces caractéristiques et décomposition de Dunford 3.8.3 Réduction de Jordan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 309 4.2 4.3 . . . . 306 Exercices corrigés du chapitre 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312 4 Espaces préhilbertiens 4.1 . . . . . . . . . . . . . 290 339 Produit scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 340 4.1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 340 4.1.2 Exemples classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 343 Norme euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 358 4.2.1 Inégalité de Cauchy-Schwarz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 359 4.2.2 Inégalité de Minkowski . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 363 4.2.3 Convexité stricte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 366 Calculs de produits scalaires et de normes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 368 4.3.1 Développements et polarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 368 4.3.2 Orthogonalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 370 6 TABLE DES MATIÈRES 4.4 Bases orthonormées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373 4.4.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373 4.4.2 Projections orthogonales et inégalité de Bessel . . . . . . . . . . . 382 4.4.3 Orthonormalisation de Gram-Schmidt . . . . . . . . . . . . . . . . 389 4.5 Sous-espaces orthogonaux, sommes directes orthogonales . . . . . . . . . . 396 4.6 Représentation des formes linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 397 4.7 Endomorphismes orthogonaux, matrices orthogonales . . . . . . . . . . . . 399 4.8 4.9 4.7.1 Endomorphismes orthogonaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 399 4.7.2 Matrices orthogonales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 405 4.7.3 Vision matricielle des changements de base orthonormée . . . . . . 409 4.7.4 Vision matricielle des endomorphismes orthogonaux . . . . . . . . 410 4.7.5 Étude de O(2) et de SO(2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 413 4.7.6 Isométries vectorielles du plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 415 Produit mixte, produit vectoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 424 4.8.1 Produit mixte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 424 4.8.2 Produit vectoriel (dimension 3) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 427 4.8.3 Isométries vectorielles d’un espace euclidien de dimension 3 . . . . 436 Endomorphismes symétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 447 4.10 Réduction des endomorphismes et matrices symétriques . . . . . . . . . . 450 4.11 Compléments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 458 4.11.1 Théorème de Riesz-Fréchet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 458 4.11.2 Produit scalaire complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 461 4.11.3 Endomorphismes hermitiens et matrices hermitiennes . . . . . . . 483 4.12 Exercices corrigés du chapitre 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 485 CHAPITRE 1 Structures algébriques usuelles Les ensembles de nombres avec lesquels nous travaillons usuellement en mathématiques sont apparus progressivement, d’abord avec les entiers (strictement) positifs pour dénombrer les objets, mesurer les récoltes, commercer, . . . Sont ensuite venues les fractions pour √ établir des liens de proportionnalité et des nombres irrationnels tels que 2 qui apparaît géométriquement comme longueur de la diagonale d’un carré de côté 1. Plus tard sont apparus d’autres réels comme π ou e et relativement plus récemment au xvie siècle les nombres complexes ont vu le jour. Avec ces ensembles (même si ces termes n’étaient pas nécessairement employés) sont venues des opérations (que l’on appelle lois) : addition, multiplication, . . . L’étude des structures algébriques a pour but de formaliser ces concepts à travers les notions de groupes 1 , d’anneaux 2 , de corps et d’algèbres notamment, dans le but de dégager des résultats généraux. 1. À la suite de Lagrange, Évariste Galois a utilisé au xixe siècle des permutations de racines de polynômes, mais n’a pas formalisé la définition des groupes. La première définition générale d’un groupe a été écrite (pour un cardinal fini) par Arthur Cayley en 1854, cf. On the theory of groups, as depending on the symbolic equation θ n = 1, Philosophical Magazine and Journal of Science 7 (1854), pp. 40-47. Dans cet article se trouvent notamment des tables de l.c.i. pour des groupes à 4 et à 6 éléments. Le lecteur est invité à se référer à la notice biographique d’Arthur Cayley page 223. 2. Anneaux et corps ont été progressivement introduits notamment par Leopold Kronecker (18231891), spécialiste de la théorie des nombres, Richard Dedekind (1831-1916) et Ernst Kummer (18101893), tous deux spécialisés en arithmétique, ainsi que David Hilbert (1862-1943), et plus généralement toute l’école des mathématiciens allemands de la seconde moitié du xixe siècle et de la première moitié du xxe siècle. 8 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Commençons ce chapitre par une définition générale qui servira aux différentes structures. Définition 1 Soit E un ensemble. On appelle loi de composition interne (l.c.i.) sur E toute application ∗ : 1.1 1.1.1 E2 (x, y) −→ E 7−→ x ∗ y Groupes Généralités Définition 2 On dit que (G, ∗) est un groupe si G est un ensemble non vide et si ∗ est une loi de composition interne sur G, vérifiant les trois propriétés suivantes : 1. La loi ∗ est associative, c’est-à-dire : ∀(x, y, z) ∈ G3 , (x ∗ y) ∗ z = x ∗ (y ∗ z). On notera alors x ∗ y ∗ z cette quantité commune. 2. La loi ∗ possède un élément neutre, c’est-à-dire : ∃e ∈ G : ∀x ∈ G, e ∗ x = x ∗ e = x. 3. Tout élément de G possède un inverse 3 pour ∗, c’est-à-dire : ∀x ∈ E, ∃x′ ∈ E : x ∗ x′ = x′ ∗ x = e. Proposition 1 Soit (G, ∗) un groupe. Alors 1. Il existe un unique élément neutre ; 2. Pour tout x dans G, il existe un unique élément x′ ∈ G tel que x ∗ x′ = x′ ∗ x = e. 3. On pourra également parler d’élément symétrique. 1.1 Groupes 9 Démonstration Supposons e1 et e2 deux éléments neutres. Calculons e1 ∗ e2 de deux façons différentes. D’une part, comme e1 est un élément neutre, e1 ∗ e2 = e2 . D’autre part, comme e2 est un élément neutre, e1 ∗ e2 = e1 . On en déduit immédiatement e1 = e2 , d’où l’unicité annoncée de l’élément neutre. On note maintenant e l’unique élément neutre. Soit x ∈ G, montrons que x a un unique inverse. Supposons que x′1 et x′2 vérifient x ∗ x′1 = x′1 ∗ x = e et x ∗ x′2 = x′2 ∗ x = e. Alors on calcule cette fois x′1 ∗ x ∗ x′2 de deux façons par associativité : D’une part, x′1 ∗ x ∗ x′2 = x′1 ∗ (x ∗ x′2 ) = x′1 ∗ e = x′1 . D’autre part, x′1 ∗ x ∗ x′2 = (x′1 ∗ x) ∗ x′2 = e ∗ x′2 = x′2 . On en déduit immédiatement x′1 = x′2 , d’où l’unicité annoncée de l’inverse de x. Définition 3 Soit x un élément d’un groupe (G, ∗). L’unique élément x′ de G vérifiant x ∗ x′ = x′ ∗ x = e est appelé l’inverse 4 de x et noté x−1 = x′ . Proposition 2 Soit (G, ∗) un groupe, d’élément neutre e. Alors : 1. e est son propre inverse, c’est-à-dire e−1 = e. 2. ∀(x, y) ∈ G2 , (x ∗ y)−1 = y −1 ∗ x−1 . 3. Soient x et y deux éléments de G. Alors x ∗ y = e implique que y est l’inverse de x, c’est-à-dire que x−1 = y. De même, y ∗ x = e implique x−1 = y. 4. Voir note 3. 10 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Démonstration Montrons que e est son propre inverse. Le fait que e est l’élément neutre implique e∗e = e, égalité signifiant justement que e−1 = e. Soit maintenant (x, y) ∈ G2 . Posons z = x ∗ y et z ′ = y −1 ∗ x−1 . Alors l’associativité du produit permet d’écrire z ∗ z′ = (x ∗ y) ∗ (y −1 ∗ x−1 ) = x ∗ (y ∗ y −1 ) ∗ x−1 | {z } =e = (x ∗ e) ∗ x−1 = x ∗ x−1 = e, et on montrerait de même que z ′ ∗ z = e. Ainsi z admet z ′ comme inverse, c’est-à-dire z −1 = z ′ . Le deuxième résultat est ainsi démontré 5 . Enfin, considérons (x, y) ∈ G2 vérifiant x ∗ y = e. On a alors en multipliant à gauche par x−1 : x−1 ∗ (x ∗ y) = x−1 ∗ e. Or par associativité 6 , x−1 ∗ (x ∗ y) = (x−1 ∗ x) ∗ y = e ∗ y = y. L’autre membre de l’égalité x−1 ∗ e vaut simplement x−1 , donc on obtient bien y = x−1 . De façon parfaitement analogue 7 , on déduit de y ∗ x = e que y = x−1 . Remarque Il est à noter que ce résultat n’est valable que dans un groupe. Il existe des ensembles A munis d’une l.c.i. ∗ et possédant un élément neutre e et deux éléments x et x′ de A tels que x ∗ x′ = e sans que x ne soit inversible. Considérons en effet A = F (N, N) ensemble des fonctions de N dans N. 5. Notons qu’en utilisant le troisième résultat, il aurait suffi de montrer que z ∗ z ′ = e. 6. On utilise également le fait que x−1 est l’inverse de x, et que e est l’élément neutre. 7. À ceci près qu’il faut multiplier l’égalité à droite par x−1 . 1.1 Groupes 11 La composition ◦ est une l.c.i. de A. Il est clair que IdN est un élément neutre 8 de (A, ◦). Définissons f : N n −→ N et g : N 7−→ 2n m −→ N 7−→ E(m/2) Nous avons ainsi f et g qui sont éléments de A avec g ◦ f = IdN et pourtant ni f , ni g n’est inversible 9 . Définition 4 Un groupe (G, ∗) est dit abélien 10,11 si ∀(x, y) ∈ G2 , x ∗ y = y ∗ x. Notation Dans les groupes commutatifs, la l.c.i. est généralement notée +. Dans ce cas, le symétrique d’un élément x de G se note −x . On choisit en outre de l’appeler opposé de x et non plus inverse. Exemples (et contre-exemples) 1. (Z, +), (Q, +), (R, +), (C, +) sont des groupes abéliens. 2. En revanche, (N, +) n’est pas un groupe : à part 0, les éléments n’ont pas de symétrique (c’est-à-dire pas d’opposé). 3. (R∗ , .), (C∗ , .), (Q∗ , .) sont des groupes abéliens (nous verrons que ce résultat se généralise à tout corps privé de 0). De même, ]0, +∞[, . est un groupe abélien. 4. En revanche, (R, .) n’est pas un groupe, car 0 n’a pas d’inverse. Et c’est pour une autre raison que ]−∞, 0[, . n’est pas un groupe, notamment car la multiplication n’est pas une loi de composition interne, le produit de deux nombres strictement négatifs n’étant pas un nombre strictement négatif. 8. On peut même écrire que IdN est l’élément neutre, car la démonstation précédente de l’unicité d’un élément neutre reste valable grâce à l’associativité de la l.c.i. ◦. 9. f inversible signifierait f bijective, or f n’est pas surjective. De même, g n’est pas bijective car non injective : g(0) = 0 = g(1). 10. Ce qualificatif rend hommage à Niels Abel (1802-1829), cf. la notice biographique page 12. 11. Un tel groupe est également appelé groupe commutatif. On dit aussi que la loi ∗ est commutative. 12 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Le norvégien Niels Abel est l’un des mathématiciens les plus remarquables du XIXe siècle, ayant laissé une empreinte indélébile sur le développement ultérieur des mathématiques malgré son décès très prématuré a . Le parcours d’Abel dans son pays natal est profondément influencé par le professeur Bernt Michael Holmboe (1795-1850), guère plus âgé que lui, qui sait reconnaître et encourager ses talents de mathématicien. La situation de la famille d’Abel est modeste mais le génie de Niels lui permet d’avoir quelques protecteurs, Niels Henrik Abel qui subviennent en partie à ses besoins et lui permettent (1802–1829) ainsi de se consacrer à la recherche mathématique. Personne en Norvège, à commencer par Holmboe bien sûr, ne doute des capacités d’Abel mais il n’a pas facilement accès à des bourses du fait de la situation géopolitique complexe de son pays natal à cette époque-là b . Abel fait néanmoins rapidement des découvertes fondamentales, la principale étant l’impossibilité de la résolution algébrique de l’équation générale du cinquième degré c . Il obtient enfin, en 1825, le financement adéquat pour partir en Allemagne et en France. Son voyage en Allemagne se révèle extrêmement fécond, couronné par une relation étroite nouée avec August Leopold Crelle, qui s’apprête à lancer la première revue mathématique en Allemagne : Abel est un des principaux contributeurs des premiers numéros du Journal de Crelle, ce qui étend beaucoup sa renommée. En revanche, le voyage en France une déception. Abel partage difficilement ses découvertes, ses travaux rencontrant notamment auprès de Cauchy le même destin funeste que ceux de Galois : Cauchy ne prend guère le temps de les lire, les égare ou en rédige un rapport rapide et peu enthousiaste. On doit également à Abel des travaux en analyse. Citons la transformation d’Abel d permettant l’étude de certaines séries semi-convergentes. Abel revient en Norvège en mai 1827. Malgré de nombreuses sollicitations de Crelle pour travailler en Allemagne, il a le mal du pays et sent ce retour nécessaire. Malheureusement sa situation financière en Norvège n’est pas florissante et, s’il n’exclut pas de rejoindre Crelle, sa santé commence à s’altérer. Abel meurt de la tuberculose sans atteindre ses 27 ans, à peu près au moment où Crelle lui annonce sa nomination comme professeur à l’université de Berlin. a. Pour les détails biographiques, cf. Øystein Ore, Niels Henrik Abel, Mathematician Extraordinary, University of Minnesota Press (1957), dont on a fait un usage très large ici. b. La Norvège fut cédée en 1814 par le Danemark à la Suède suite à son implication aux côtés de Napoléon : ceci incita les Norvégiens à proclamer leur indépendance. . . c. cf. le Mémoire sur les équations algébriques, où l’on démontre l’impossibilité de la résolution de l’équation générale du cinquième degré de 1824, accessible dans les Œuvres complètes de Niels Henrik Abel aux éditions Jacques Gabay, Tome I, pp. 28-33. Rappelons que les formules de Cardan pour les équations du troisième degré et la méthode de Ferrari pour celle du quatrième degré étaient connues depuis le XVIe siècle ! d. cf. O. Rodot, Analyse seconde année, De Boeck (2014). 5. Si E est un ensemble quelconque, alors S(E), ensemble des bijections de E dans E, que l’on appelle groupe des permutations de E, est un groupe pour la loi ◦, définie 1.1 Groupes 13 par f ◦g : E x −→ E 7−→ f ◦ g(x) = f g(x) . Nous verrons (cf. proposition 24 page 42) que si E est un ensemble de cardinal supérieur ou égal à 3 (a fortiori si E est un ensemble infini), alors le groupe S(E), ◦ n’est pas commutatif. Un groupe particulièrement étudié est le groupe Sn des permutations de J1, nK. 6. De nombreux exemples de groupes sont issus de la géométrie. Nous reviendrons dans cet ouvrage sur le groupe orthogonal d’un espace euclidien 12 , c’est-à-dire l’ensemble des applications conservant une norme euclidienne. Ces groupes sont non commutatifs (à part en dimension 1) ; en revanche, l’ensemble des rotations du plan (qui correspond à l’ensemble des automorphismes orthogonaux de déterminant 1 dans le plan) est abélien. L’étude de certains sous-groupes du groupe orthogonal en dimension 3 a permis de prouver qu’il n’existe que 5 solides platoniciens, c’est-à-dire des polyèdres réguliers convexes : le tétraèdre régulier (4 faces), l’hexaèdre régulier, ou cube (6 faces), l’octaèdre régulier (8 faces), le dodécaèdre régulier (12 faces) et enfin l’icosaèdre régulier (20 faces). 7. L’étude des groupes laissant invariante une molécule a aussi un intérêt en chimie. Citons la notion de chiralité, correspondant à l’absence de symétrie indirecte d’une molécule. Les deux molécules différentes obtenues (l’une et son symétrique), une lévogyre et une dextrogyre, dites énantiomères, peuvent posséder des propriétés distinctes. 8. L’exercice 1.1 est un exercice classique sur certains groupes, qui sont alors abéliens. En remarque suivent des exemples d’applications géométriques de cette situation. 9. Soit c > 0. On note G = ]−c, c[ et on définit ∀(v1 , v2 ) ∈ G2 , v1 ∗ v2 = 12. cf. définition 79 page 402. v1 + v2 v1 v2 · 1+ 2 c 14 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles v1 + v v1 v sur ]−c, c[. 1+ 2 c On observe 13 que cette fonction est strictement croissante, et en calculant les limites À v1 ∈ G fixé, on étudie la fonction ρ : v 7−→ de ρ aux bornes 14 de G, on conclut que ∀v ∈ G, v1 + v v1 v ∈ ]−c, c[. 1+ 2 c Ainsi, ∗ est une l.c.i. sur G. En outre, 0 est clairement un élément neutre de (G, ∗). Enfin, étant donné v dans G et en notant v ′ = −v (l’opposé usuel dans R) on a v ′ ∈ G et v ∗ v′ = v′ ∗ v = 0 puisque le numérateur s’annule de manière évidente, donc v ′ = −v est l’inverse de v pour ∗. Ainsi, (G, ∗) est un groupe. On pourra noter que, grâce à la commutativité de la somme et du produit dans R, on a clairement ∀(v1 , v2 ) ∈ G2 , v1 ∗ v2 = v2 ∗ v1 , c’est-à-dire que le groupe (G, ∗) est commutatif. Remarque Ce dernier exemple ne saurait se restreindre aux mathématiques. Faisons référence aux transformations de Lorentz 15 pour la vitesse. On note c > 0 la vitesse de la lumière. On considère des déplacements le long d’une même droite. Si un objet se déplace, à la vitesse v2 (avec |v2 | < c) par rapport à un référentiel R′ , lui-même en mouvement à la vitesse v1 (avec |v1 | < c) par rapport à un référentiel R, la théorie de la relativité restreinte prévoit une vitesse de déplacement de cet objet égale à v1 ∗ v2 par rapport au référentiel R. Rappelons que la loi de composition des vitesses, en mécanique galiléenne, fournirait une vitesse égale à v1 + v2 . 13. Le lecteur vérifiera aisément que ρ est dérivable sur G avec ∀v ∈ G, ρ′ (v) > 0. 14. On trouve lim ρ(v) = −c et lim ρ(v) = −c. v→(−c)+ v→c− 15. Hendrik Lorentz (1853-1928), physicien néerlandais, co-lauréat (avec Pieter Zeeman) du prix Nobel de physique en 1902. 1.1 Groupes 15 En mathématiques, cet exemple est presque toujours traité avec c = 1, ce qui correspond à un adimensionnement. Définition 5 Soit x un élément d’un groupe (G, ∗). On définit la suite (xn )n∈N par : x0 = e ; ∀n ∈ N, xn+1 = x ∗ xn . On notera pour n ∈ N∗ n x−n = x−1 . Remarques 1. On a x1 = x, x2 = x ∗ x, x3 = x ∗ x2 = x ∗ (x ∗ x) = (x ∗ x) ∗ x = x2 ∗ x par associativité. Ainsi, il aurait également été possible de définir la même suite en posant x0 = e et pour tout n ∈ N, xn+1 = xn ∗ x. 2. Si le groupe G est commutatif et sa loi notée additivement +, alors on notera ces itérés de x sous la forme nx au lieu de xn . Proposition 3 Soit x un élément d’un groupe (G, ∗). Alors : 1. ∀n ∈ N, xn ∗ x−n = e. 2. ∀(m, n) ∈ Z2 , xm+n = xm ∗ xn . Démonstration Il s’agit de résultats se démontrant aisément par récurrence (à m fixé pour le second) 16 . Remarque On notera que le deuxième point implique que pour tous entiers relatifs n et m, les éléments xn et xm de G commutent, puisque n + m = m + n implique xm ∗ xn = xm+n = xn+m = xn ∗ xm . 16. La récurrence s’effectuera normalement pour n ∈ N, et pour n 6 0 on effectue la récurrence sur k = −n. 16 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Mais ce deuxième point signifie également qu’en définissant ϕ : Z n −→ 7−→ G xn on a la relation ∀(m, n) ∈ Z2 , ϕ(m + n) = ϕ(m) ∗ ϕ(n). Ainsi 17 , l’application ϕ est un morphisme de groupes. 1.1.2 Sous-groupes Définition 6 Soient (G, ∗) un groupe (d’élément neutre e) et H une partie de G. On dit que H est un sous-groupe de (G, ∗) si : 1. e ∈ H (l’élément neutre est dans H) ; 2. ∀(x, y) ∈ H 2 , x ∗ y ∈ H (H est stable par la l.c.i.) ; 3. ∀x ∈ H, x−1 ∈ H (H est stable par inversion). Proposition 4 Soient (G, ∗) un groupe et H une partie de G. Alors H est un sous-groupe de G si et seulement si 1. e ∈ H ; 2. ∀(x, y) ∈ H 2 , x ∗ y −1 ∈ H. Démonstration On trouvera cette démonstration dans l’ouvrage d’algèbre de première année de la même collection 18 . Remarque On peut remplacer l’hypothèse 1 par l’hypothèse H non vide (H 6= ∅), car en considérant alors y = x ∈ H le point 2 implique e = x ∗ x−1 ∈ H. 17. cf. la définition 8. 18. N. Basbois et P. Abbrugiati, Algèbre première année, De Boeck (2013). 1.1 Groupes 17 Proposition 5 Soit H un sous-groupe d’un groupe (G, ∗). Alors (H, ∗) est un groupe. Démonstration La loi ∗ est une loi de composition interne 19 à H par la définition 6. L’hypothèse d’associativité de la loi ∗ dans G s’écrit ∀(x, y, z) ∈ G3 , (x ∗ y) ∗ z = x ∗ (y ∗ z). L’inclusion H ⊂ G implique alors ∀(x, y, z) ∈ H 3 , (x ∗ y) ∗ z = x ∗ (y ∗ z), c’est-à-dire que la loi ∗ est associative sur H. L’élément neutre e de G est élément de H par hypothèse. Comme ∀x ∈ G, x ∗ e = e ∗ x = x, l’inclusion H ⊂ G implique ∀x ∈ H, x ∗ e = e ∗ x = x. Enfin, l’existence d’un inverse (dans H) pour tout élément x de H est directement imposée dans la définition 6. Exemples 1. (Z, +) est un sous-groupe de (Q, +), qui est un sous-groupe de (R, +), qui est un sous-groupe de (C, +). On en déduit 20 que Z, Q et R sont des sous-groupes de (C, +). 2. {−1, 1}, ]0, +∞[, Q∗ , R∗ sont des sous-groupes de (C∗ , .). 19. On parlera de loi induite sur H. 20. On admettra en effet (la preuve étant évidente) que si H est un sous-groupe d’un groupe (G, ∗) et que K est un sous-groupe de (H, ∗), alors K est un sous-groupe de (G, ∗). 18 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles 3. Soit n ∈ N∗ . On note Un = {z ∈ C, z n = 1} et U = {z ∈ C, |z| = 1}. Alors (Un , .) est un sous-groupe de (U, .), qui est lui-même un sous-groupe de (C∗ , .). 4. Dans le groupe GLn (K) des matrices carrées inversibles, il existe différents sousgroupes classiques, comme le groupe spécial linéaire SLn (K) = M ∈ GLn (K), det(M ) = 1 , ou encore le groupe orthogonal 21 O(n) et le groupe spécial orthogonal 22 SO(n). Proposition 6 Soient H1 et H2 deux sous-groupes d’un groupe (G, ∗). Alors H1 ∩ H2 est un sous-groupe de (G, ∗). Démonstration 1. Puisque H1 est un sous-groupe de G, l’élément neutre e de G appartient à H1 . De même, e appartient à H2 . On en déduit immédiatement que e ∈ H1 ∩ H2 . 2. Soient h et h′ dans H1 ∩ H2 , montrons que h ∗ h′−1 ∈ H1 ∩ H2 . H1 étant un sous-groupe de G, on sait que h et h′ dans H1 implique h ∗ h′−1 ∈ H1 . De même, h ∗ h′−1 ∈ H2 du fait que H2 est un sous-groupe de G. On en déduit que h ∗ h′−1 ∈ H1 ∩ H2 . Définition 7 Soient g un élément d’un groupe (G, ∗), A et B deux parties de G. On définit les parties g ∗ A, A ∗ g et A ∗ B de G par 1. g ∗ A = g ∗ x, x ∈ A et A ∗ g = x ∗ g, x ∈ A ; 2. A ∗ B = x ∗ y, (x, y) ∈ A × B . Proposition 7 Soient H1 et H2 deux sous-groupes d’un groupe commutatif (G, +). Alors l’ensemble H = H1 + H2 est un sous-groupe de (G, +). 21. cf. définition 81 page 406. 22. cf. définition 82 page 408. 1.1 Groupes 19 Démonstration 1. Puisque H1 est un sous-groupe de G, l’élément neutre e de G appartient à H1 . De même, e appartient à H2 . En posant h1 = e ∈ H1 et h2 = e ∈ H2 , on obtient e = e + e = h1 + h2 ∈ H1 + H2 = H, donc H contient bien e. 2. Soient h et h′ dans H, montrons que h − h′ ∈ H. Par définition, il existe (h1 , h2 ) ∈ H1 × H2 tel que h = h1 + h2 . De même, il existe (h′1 , h′2 ) ∈ H1 × H2 tel que h′ = h′1 + h′2 . On a alors h − h′ = (h1 + h2 ) − (h′1 + h′2 ) = h1 + h2 − h′2 − h′1 = (h1 − h′1 ) + (h2 − h′2 ) par commutativité et associativité. H1 et H2 étant des sous-groupes, on sait que h′′1 = h1 − h′1 ∈ H1 et h′′2 = h2 − h′2 ∈ H2 , ce qui permet de conclure que h − h′ = h′′1 + h′′2 ∈ H. Remarque Ces résultats nous resserviront lors de l’étude des idéaux, et notamment de leurs sommes. Contre-exemple Ce résultat devient faux dans un groupe non commutatif, comme le montre le contreexemple suivant. On se place dans (Sn , ◦), groupe des permutations 23 de J1, nK, pour n > 3. On définit H1 le sous-groupe engendré 24 par la transposition τ1 = (1 2), c’est-à-dire H1 = {Id, τ1 }. On définit de même H2 le sous-groupe engendré par la transposition τ2 = (2 3), c’est-àdire H2 = {Id, τ2 }. 23. On retrouvera la définition des p-cycles et des transpositions dans la définition 18 (p. 42). 24. Ce terme sera précisé dans la définition 10 (p. 28). 20 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Le produit H = H1 .H2 contient alors les 4 éléments suivants : Id ◦ Id = Id, Id ◦ τ2 = τ2 , τ1 ◦ Id = τ1 , et τ1 ◦ τ2 = (1 2 3). Il ne s’agit pas d’un sous-groupe, puisque l’inverse du 3-cycle (1 2 3), qui est le 3-cycle (1 3 2), n’appartient pas à H. Proposition 8 Soit H un sous-groupe de (Z, +). Alors il existe un unique n0 ∈ N tel que H = n0 Z = {n0 k, k ∈ Z}. Démonstration Si H = {0}, alors le résultat est vérifié, avec n0 = 0, et seul 0 convient. Sinon, il existe n ∈ H\{0}. Quitte à remplacer n par −n qui appartient également à H, on peut supposer n > 0. On peut alors définir n0 , le plus petit élément de N∗ ∩ H, puisqu’il s’agit d’une partie non vide de N. Vérifions que H = n0 Z. D’une part, puisque n0 ∈ H, alors le sous-groupe de (Z, +) engendré 25 par n0 est contenu dans H : n0 Z ⊂ H. Démontrons l’autre inclusion. Soit donc h ∈ H. En effectuant la division euclidienne de h par n0 , on peut affirmer qu’il existe un unique couple (q, r) ∈ Z2 tel que h = qn0 + r avec 0 6 r 6 n0 − 1. Or h et qn0 sont dans H, donc r = h − qn0 ∈ H. Si r 6= 0, alors 0 < r < n0 , et ainsi r est un élément de N∗ ∩ H strictement inférieur à n0 , ce qui contredit la définition de n0 . On a ainsi r = 0, et par suite h = qn0 ∈ n0 Z, d’où H ⊂ n0 Z, l’égalité est ainsi prouvée. Pour l’unicité, supposons n0 et n′0 éléments de N vérifient n0 Z = n′0 Z. 25. Le sous-groupe de Z engendré par n0 est évidemment n0 Z, cf. la remarque page suivante. 1.1 Groupes 21 Alors n0 ∈ n0 Z = n′0 Z, donc n′0 divise n0 et comme ces nombres sont strictement positifs, on a n′0 6 n0 . En échangeant les rôles de n0 et n′0 , on a de même n0 6 n′0 , d’où n0 = n′0 et l’unicité annoncée est démontrée. Notons que cette preuve resservira pour l’étude des idéaux de l’anneau (Z, +, .). Remarque Réciproquement, il est aisé de vérifier que pour tout entier n0 , l’ensemble n0 Z est un sous-groupe de (Z, +). On utilise cette propriété dans la démonstration de la proposition 8, en affirmant que n0 Z est le sous-groupe de (Z, +) engendré par n0 . 1.1.3 Morphismes de groupes Définition 8 Soient (G, ∗) et (G ′ , .) deux groupes. On appelle morphisme de groupes de G dans G′ toute application f : G −→ G ′ compatible avec les lois, c’est-à-dire vérifiant ∀(x, x′ ) ∈ G2 , f (x ∗ x′ ) = f (x).f (x′ ). On dira aussi que : 1. f est un isomorphisme (de groupes) si f est bijective ; 2. f est un endomorphisme 26 du groupe (G, ∗) si (G ′ , .) = (G, ∗) ; 3. f est un automorphisme du groupe (G, ∗) si f est à la fois un isomorphisme et un endomorphisme, c’est-à-dire si f : (G, ∗) −→ (G, ∗) est un morphisme (de groupes) bijectif. 26. Pour un endomorphisme, il ne faut pas seulement que l’ensemble soit le même au départ et à l’arrivée (ce qui correspondrait seulement à G ′ = G comme hypothèse), mais aussi que la loi soit la même. 22 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Proposition 9 Soient (G, ∗) et (G ′ , .) deux groupes et f un morphisme de groupes de (G, ∗) dans (G ′ , .). On note e et e′ les éléments neutres respectifs de G et G ′ . On a alors : 1. f (e) = e′ ; −1 2. ∀x ∈ G, f (x−1 ) = f (x) . Remarque Pour mémoriser de tels résultats, on pourra utiliser des phrases du type « l’image de l’élément neutre par un morphisme est l’élément neutre », ou encore « l’image (par un morphisme) de l’inverse d’un élément est l’inverse de l’image ». Démonstration 1. On part de l’égalité e ∗ e = e. On en déduit f (e).f (e) = f (e ∗ e) = f (e), soit f (e).f (e) = f (e). On multiplie cette égalité à gauche par f (e)−1 (comme tout élément de G ′ , f (e) possède un inverse), on en déduit f (e)−1 .f (e).f (e) = f (e)−1 .f (e) et ainsi f (e) = e′ . 2. Soit x ∈ G. On part de x ∗ x−1 = x−1 ∗ x = e, on en déduit grâce au premier point f (x).f (x−1 ) = f (x ∗ x−1 ) = f (e) = e′ , et de même f (x−1 ).f (x) = e′ . −1 Ainsi, f (x−1 ) est l’inverse de f (x), c’est-à-dire : f (x) = f (x−1 ). Proposition 10 Soient (G, ∗), (G ′ , .) et (G ′′ , ⋆) trois groupes, f est un morphisme de groupes de (G, ∗) dans (G ′ , .) et g est un morphisme de groupes de (G ′ , .) dans (G ′′ , ⋆). Alors g ◦ f est un morphisme de groupes de (G, ∗) dans (G ′′ , ⋆). 1.1 Groupes 23 Démonstration Soit (x, x′ ) ∈ G2 . On sait que f (x ∗ x′ ) = f (x).f (x′ ). Notons y = f (x) et y ′ = f (x′ ). On sait également que g(y.y ′ ) = g(y) ⋆ g(y ′ ). On peut alors affirmer que g ◦ f (x ∗ x′ ) = = g f (x ∗ x′ ) g f (x).f (x′ ) = g(y.y ′ ) = g(y) ⋆ g(y ′ ) = g ◦ f (x) ⋆ g ◦ f (x′ ) . Proposition 11 Soit f un isomorphisme d’un groupe (G, ∗) dans un groupe (G ′, .). Alors f−1 est un isomorphisme de groupes de (G ′, .) dans (G, ∗). Démonstration On sait que f −1 est bijective, la question est uniquement de montrer que f −1 est un morphisme de groupes. 2 Soit (y, y ′ ) ∈ G ′ , il faut montrer que f −1 (y.y ′ ) = f −1 (y) ∗ f −1 (y ′ ). On note x = f −1 (y) et x′ = f −1 (y ′ ), donc on a x et x′ dans G tels que f (x) = y et f (x′ ) = y ′ . Le fait que f est un morphisme de groupes s’écrit f (x ∗ x′ ) = f (x).f (x′ ) = y.y ′ . Ainsi, x ∗ x′ est un antécédent de y.y ′ par f bijectif, d’où f −1 (y.y ′ ) = x ∗ x′ = f −1 (y) ∗ f −1 (y ′ ). 24 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Exemples 1. L’égalité : ∀(t, t′ ) ∈ R2 , exp(t + t′ ) = exp(t). exp(t′ ) signifie que l’application f : R t −→ ]0, +∞[ 7−→ f (t) = exp(t) est un morphisme du groupe (R, +) dans le groupe ]0, +∞[, . . Cette application est connue comme étant bijective ; on peut alors affirmer que son application réciproque, qui n’est autre que le logarithme népérien, est un morphisme de groupes de ]0, +∞[, . dans (R, +), donc on a aussi l’égalité ∀(y, y ′ ) ∈ ]0, +∞[2 , ln(y.y ′ ) = ln(y) + ln(y ′ ) 2. Pour α ∈ R, les applications fα : (R, +) −→ (R, +) x 7−→ αx et gα : ]0, +∞[, . −→ ]0, +∞[, . x 7−→ xα sont des morphismes de groupes. Il y a d’ailleurs un rapport avec l’exemple précédent, dans la mesure où gα = exp ◦fα ◦ ln cf. la formule : ∀y > 0, y α = exp α ln(x) . En outre, si α ∈ R∗ , fα et gα sont même des isomorphismes de groupes, les isomorphismes réciproques étant respectivement f1/α et g1/α . 3. Si k ∈ Z, l’application z 7−→ z k est un endomorphisme de (U, .). La même expression définit un endomorphisme 27 de (C∗ , .) ou aussi de (Un , .). 27. Ces applications sont des automorphismes si et seulement si k = ±1. 1.1 Groupes 25 Définition 9 Soit f un morphisme d’un groupe (G, ∗) dans un groupe (G ′ , .). On appelle noyau de f l’ensemble Ker(f ) défini par : Ker(f ) = f −1 {e′ } = x ∈ G, f (x) = e′ , où e′ désigne l’élément neutre de (G ′ , .). On appelle image de f l’ensemble Im(f ) défini par : Im(f ) = f (G) = f (x), x ∈ G = y ∈ G ′ ; ∃x ∈ G, y = f (x) . Proposition 12 Soit f un morphisme d’un groupe (G, ∗) dans un groupe (G ′ , .). Alors : 1. Ker(f ) est un sous-groupe de (G, ∗) ; 2. f est injectif si et seulement si Ker(f ) ⊂ {e}, où e désigne l’élément neutre de G ; 3. Im(f ) est un sous-groupe de (G ′ , .) ; 4. f est surjectif si et seulement si G ′ ⊂ Im(f ). Démonstration 1. Nous avons précédemment démontré (cf. le premier point de la proposition 9) que f (e) = e′ , et ainsi e ∈ Ker(f ). 2 Soit maintenant (x, x′ ) ∈ Ker(f ) . On a alors 28 f (x ∗ x′−1 ) = f (x).f (x′−1 ) = f (x).f (x′ )−1 = e′ .e′−1 = e′ .e′ = e′ , donc x ∗ x′−1 ∈ Ker(f ). 2. Supposons f injectif 29 . Si x ∈ Ker(f ), alors f (x) = e′ = f (e), et donc par l’injectivité de f , on a x = e, d’où 30 Ker(f ) ⊂ {e}. 28. Cette fois, on utilise le second point de la proposition 9. 29. Notons que puisque f (e) = e′ , on peut affirmer e ∈ Ker(f ), c’est-à-dire : {e} ⊂ Ker(f ). Mais cette inclusion, toujours valable, est inutile. 30. Ou, si l’on préfère, Ker(f ) = {e}. 26 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Réciproquement, supposons Ker(f ) ⊂ {e} et montrons que f est injectif. Soient x et x′ dans G tels que f (x) = f (x′ ). Alors f (x ∗ x′−1 ) = f (x).f (x′−1 ) = f (x).f (x′ )−1 = f (x).f (x)−1 = e′ , soit x ∗ x′−1 ∈ Ker(f ) = {e}, ou encore x ∗ x′−1 = e. On en déduit 31 que x = x ∗ e = x ∗ x′−1 ∗ x′ = e ∗ x′ = x′ , d’où x = x′ . Ainsi, l’injectivité de f est démontrée. 3. On a déjà e′ = f (e) ∈ Im(f ). 2 Soit maintenant (y, y ′ ) ∈ Im(f ) , montrons que y.y ′−1 ∈ Im(f ). Or il existe (x, x′ ) ∈ G2 tel que y = f (x) et y = f (x′ ). Alors y.y ′−1 = f (x).f (x′ )−1 = f (x) ∗ f x′−1 = f x ∗ x′−1 . Ainsi, en notant x′′ = x ∗ x′−1 , on a un élément x′′ dans G tel que y.y ′−1 = f (x′′ ), ce qui signifie bien que y.y ′−1 ∈ Im(f ) et achève de prouver que Im(f ) est un sous-groupe de (G ′ , .). 4. Ce point est évident, puisque f surjective équivaut par définition à G ′ ⊂ f (G), et que Im(f ) = f (G). Proposition 13 Soit f un morphisme d’un groupe (G, ∗) dans un groupe (G ′ , .). 1. Si H ′ est un sous-groupe de (G ′ , .), alors f −1 (H ′ ) est un sous-groupe de (G, ∗) ; 2. Si H est un sous-groupe de (G, ∗), alors f (H) est un sous-groupe de (G ′ , .) ; Démonstration La preuve 32 est analogue à celle du fait que Ker(f ) et Im(f ) sont des sous-groupes de G et G′ respectivement. Exemple Soient (G, ∗) un groupe, H un sous-groupe de G et g un élément de H. e = g −1 ∗ H ∗ g, montrons que H e est un sous-groupe 33 de G. On considère alors H 31. Il suffit de multiplier à droite par x′ . 32. cf. N. Basbois et P. Abbrugiati, Algèbre première année, De Boeck (2013). e est obtenu par conjugaison de g sur H. 33. On dit que H 1.1 Groupes 27 Soit l’application ρ : G −→ G x 7−→ g −1 ∗ x ∗ g Vérifions que ρ est un endomorphisme 34 du groupe G. On a (notamment par associativité) 35 ∀(x, y) ∈ G2 , ρ(x) ∗ ρ(y) = = g −1 ∗ x ∗ g ∗ g −1 ∗ y ∗ g g −1 ∗ x ∗ g ∗ g −1 ∗ y ∗ g | {z } =e = g −1 ∗ (x ∗ e) ∗ y ∗ g = g −1 ∗ (x ∗ y) ∗ g = ρ(x ∗ y). Il suffit alors de constater que e = ρ(H) H e est un sous-groupe de G. pour conclure que H Proposition 14 Soient (G, ∗) et (G ′ , .) deux groupes et f un morphisme de groupes de (G, ∗) vers (G ′ , .). On suppose G fini. Alors le cardinal 36 du groupe G est le produit des cardinaux de Ker(f ) et de Im(f ) : Card(G) = Card Ker(f ) · Card Im(f ) Démonstration Étant donné g ′ ∈ Im(g), on note Ag′ = f −1 {g ′ } . Or il existe g0 ∈ G tel que g ′ = f (g0 ). On a alors 37 Ag′ = g0 ∗ Ker(f ). 34. Il s’agit même d’un automorphisme de G, le lecteur pourra aisément vérifier que x 7−→ g ∗ x ∗ g −1 est la réciproque de ρ. 35. On remarquera que pour démontrer que ρ(x ∗ y) = ρ(x)∗ ρ(y), il est plus simple de partir du second membre. 36. On parlera également d’ordre du groupe G. 37. Comme dans la preuve du deuxième point de la proposition 12, on a f (x) = g ′ = f (g0 ) ⇐⇒ f (g0−1 ∗ x) = e′ ⇐⇒ g0−1 ∗ x ∈ Ker(f ) ⇐⇒ x ∈ g0 ∗ Ker(f ). 28 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Comme l’application x 7−→ g0 ∗ x est bijective 38 de G dans lui-même, on en déduit Card Ag′ = Card Ker(g) . Or il est évident que l’on peut partitionner G en G= G Ag′ , g′ ∈Im(g) d’où en calculant le cardinal Card(G) = X Card Ag′ X Card Ker(g) g′ ∈Im(g) = g′ ∈Im(g) = Card Im(g) · Card Ker(g) . Remarques 1. Ce résultat est lié au théorème du rang ; en effet, si E est un espace vectoriel sur un dim(E) corps fini K et si dim(E) est finie, alors Card(E) = Card(K) . Le théorème du rang équivaudrait au résultat ci-dessus après passage au logarithme 39 . 2. Cette proposition implique au passage que Card Ker(f ) divise Card(G), ce qui sera généralisé à tout sous-groupe de G, dans le théorème 1 40 page 35. 1.1.4 Sous-groupes engendrés Définition 10 Soit A une partie d’un groupe (G, ∗). On appelle sous-groupe engendré par A le plus petit 41 sous-groupe de G contenant A. 38. 39. 40. 41. Le lecteur vérifiera aisément que y 7−→ g0−1 y en est la réciproque. Et après division par ln(Card(K)). Le lecteur pourra noter quelques similitudes entre les deux démonstrations. Au sens de l’inclusion. 1.1 Groupes 29 Proposition 15 Soit x un élément d’un groupe (G, ∗). Alors le sous-groupe de G engendré par x est l’ensemble noté (x) défini par (x) = xn , n ∈ Z . Démonstration Soit H un sous-groupe de G contenant x. Alors H contient x ∗ x = x2 . On déduit de même que H contient x ∗ x2 = x3 et une récurrence simple permet d’en déduire que pour tout n ∈ N, xn ∈ H. −1 De plus, on sait 42 que ∀n ∈ N, x−n = xn ∈ H, ce qui prouve que H contient forcément l’ensemble noté (x). Par ailleurs, l’application ϕ : (Z, +) n −→ 7−→ (G, ∗) xn vérifie ∀(n, m) ∈ Z2 , ϕ(n + m) = ϕ(n) ∗ ϕ(m). Ainsi, ϕ est un morphisme de groupes et son image (x) est un sous-groupe 43 de G. Ainsi, tout sous-groupe de G contenant x contient (x), et (x) est lui-même un sous-groupe de G contenant x. C’est donc bien le plus petit. Ce qui précède permet de conclure que (x) est bien le plus petit sous-groupe de G contenant x. Remarque Ce résultat se généralise. Si A est une partie d’un groupe (G, ∗), alors le sous-groupe de G engendré par A est 44 n o {e} ∪ xn1 1 ∗ xn2 2 ∗ · · · ∗ xnk k ; k ∈ N∗ , (x1 , x2 , ..., xk ) ∈ Ak , (n1 , n2 , ..., nk ) ∈ Zk . 42. Car un sous-groupe est stable par inversion. 43. Grâce à la proposition 12 (p. 25). 44. Le singleton {e} est ajouté uniquement pour parer au cas particulier où A serait vide. 30 1.1.5 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Le groupe Z/nZ Définition 11 Soit B l’ensemble des booléens. On appelle relation d’équivalence sur un ensemble E toute application 45 R : E2 (x, y) −→ B 7−→ xRy qui est : 1. réflexive : ∀x ∈ E, xRx ; 2. symétrique : ∀(x, y) ∈ E 2 , xRy ⇐⇒ yRx ; 3. transitive : ∀(x, y, z) ∈ E 3 , (xRy et yRz) =⇒ xRz. Définition 12 Soit E un ensemble muni d’une relation d’équivalence R. Si x ∈ E, on appelle classe d’équivalence de x (sous-entendu pour la relation R) et l’on note x, ou cl(x), l’ensemble des éléments équivalents à x : x = cl(x) = y ∈ E, xRy . Tout élément 46 y de x, c’est-à-dire tout élément y de E tel que xRy est un représentant de x. Enfin, l’ensemble des classes d’équivalences de E est appelé ensemble quotient, on le note E/R = x, x ∈ E . Proposition 16 Soit E un ensemble muni d’une relation d’équivalence R. L’ensemble des classes d’équivalences de E forme une partition de E. 45. Pour (x, y) ∈ E 2 , on écrit xRy pour signifier que le booléen xRy est vrai. 46. On notera que tout naturellement, grâce à la réflexivité, x est un représentant de x. 1.1 Groupes 31 Démonstration Soit x ∈ E. [ x′ . E= [ Puisque x ∈ x par réflexivité, on a x ∈ On en déduit E ⊂ [ x′ . x′ ∈E x′ ∈E L’autre inclusion est immédiate 47 , d’où x′ . x′ ∈E Il reste à montrer que les ensembles x sont égaux ou disjoints. Soient x et x′ dans E tels que x ∩ x′ 6= ∅. En notant y ∈ x ∩ x′ , on a xRy et x′ Ry donc par transitivité xRx′ . On en déduit alors aisément x = x′ par double inclusion. Remarque Réciproquement, si l’on se donne une partition (Ai )i∈I d’un ensemble E, alors la relation R définie par ∀(x, y) ∈ E 2 , xRy ⇐⇒ ∃i ∈ I : (x, y) ∈ A2i est une relation d’équivalence, dont les classes d’équivalences sont les Ai . En d’autres termes, se donner une relation d’équivalence sur E équivaut à se donner une partition de E. Définition 13 Soit n ∈ N∗ . Pour x et y dans Z, on dit que x est congru à y modulo n, que l’on note x ≡ y [n] ou parfois x ≡ y (mod n) si x − y est divisible par n, c’est-à-dire si ∃k ∈ Z : x − y = kn. 47. Car chaque x′ est une partie de E. 32 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Remarque On pourrait considérer n ∈ Z. Mais si n = 0, la relation est simplement l’égalité. Et dans le cas n < 0, la congruence modulo n équivaut à la congruence modulo −n. C’est pourquoi seul le cas n > 0 (c’est-à-dire n ∈ N∗ ) a été retenu ci-dessus. Proposition 17 Soit n ∈ N∗ . La relation « être congru modulo n » est une relation d’équivalence sur Z. Démonstration Nous vérifions les trois points dans l’ordre de la définition 11. 1. Réflexivité : soit x ∈ Z. Alors n divise x − x = 0 (il suffit de prendre k = 0), donc x ≡ x [n]. 2. Symétrie : soit (x, y) ∈ Z2 . Supposons x ≡ y [n]. Alors il existe k ∈ Z tel que x − y = kn. En posant k ′ = −k ∈ Z, on a y − x = k ′ n, donc y ≡ x [n]. En échangeant les rôle de x et y, on a aussi y ≡ x [n] ⇒ x ≡ y [n], d’où finalement x ≡ y [n] ⇐⇒ y ≡ x [n] 3. Transitivité : soit (x, y, z) ∈ Z3 . On suppose x ≡ y [n] et y ≡ z [n]. Ainsi, il existe k1 et k2 dans Z tels que x − y = k1 n et y − z = k2 n. On note k = k1 + k2 ∈ Z. En additionnant les deux égalités précédentes, on a x − z = kn, soit x ≡ z [n]. Définition 14 Soit n ∈ N∗ . On note Z/nZ l’ensemble quotient de Z par la relation de congruence modulo n. 1.1 Groupes 33 Proposition 18 L’application 2 Z/nZ −→ Z/nZ (x, y) 7−→ x + y = x + y définit une loi de composition interne dans Z/nZ. Démonstration Il faut vérifier que le résultat est indépendant des représentants choisis 48 . Soient donc x, x′ et y, y ′ dans Z tels que x = x′ et y = y ′ , c’est-à-dire tels que x ≡ x′ [n] et x ≡ x′ [n]. Il faut montrer que x + y ≡ x′ + y ′ [n]. Par hypothèse, il existe k1 et k2 dans Z tels que x − x′ = k1 n et y − y ′ = k2 n. On note k = k1 + k2 ∈ Z. En additionnant les égalités précédentes, on obtient (x + y) − (x′ + y ′ ) = kn, on a donc bien x + y ≡ x′ + y ′ [n], c’est-à-dire x + y = x′ + y ′ . Proposition 19 (Z/nZ, +) est un groupe 49 commutatif à n éléments 50 . Démonstration Le fait que 0 ∈ Z est un élément neutre pour + implique sans difficulté que ∀x ∈ Z, x + 0 = x + 0 = x, 48. On dit parfois que la relation d’équivalence modulo n est compatible avec l’addition. 49. La loi + est celle qui a été définie dans la proposition 18. 50. On dira que (Z/nZ, +) est d’ordre n. 34 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles et de même pour 0 + x. Ainsi, 0 est élément neutre de Z/nZ pour la loi +. On montrerait de même l’associativité, la commutativité, et l’existence d’un opposé (−x est l’opposé de x). Enfin, il est aisé de voir que Z/nZ possède exactement n éléments, et que l’on peut par exemple écrire 1.1.6 Z/nZ = 0, 1, ..., n − 1 . Ordre d’un groupe, ordre d’un élément Définition 15 Soient (G, ∗) un groupe fini et x un élément de G. 1. On appelle ordre du groupe G le cardinal de G. 2. On appelle ordre de x l’ordre du sous-groupe (x) engendré par x. Proposition 20 L’ordre d de x est également défini par d = inf{k ∈ N∗ , xk = e}. Démonstration Introduisons le morphisme de groupes ϕ : (Z, +) −→ (G, .) . n 7−→ xn Si G est fini, ϕ ne peut pas prendre une infinité de valeurs, donc ne peut être injectif. On a donc Ker(ϕ) qui est un sous-groupe de (Z, +), non réduit à {0}. Il existe donc n0 ∈ N, n0 > 1, tel que Ker(ϕ) = n0 Z. Si l’on reprend la preuve de la proposition 8, on sait que n0 est le plus petit élément strictement positif de Ker(ϕ), c’est-à-dire le plus petit élément k de N∗ tel que ϕ(k) = xk = e, donc n0 = d, défini dans la proposition. Puisque ϕ est n0 = d-périodique, (x) = Im(ϕ) = ϕ(0), ϕ(1), ..., ϕ(d − 1) , 1.1 Groupes 35 d’où Card(x) 6 d. Par ailleurs, les éléments ϕ(0), . . ., ϕ(d − 1) sont deux à deux distincts 51 . On conclut que (x) = ϕ(0), ϕ(1), ..., ϕ(d − 1) est de cardinal Card (x) = d. Proposition 21 Si d est l’ordre d’un élément x d’un groupe (G, ∗), alors xn = e équivaut à d divise n. Démonstration On utilise le morphisme précédemment défini ϕ, alors xn = e équivaut à n ∈ Ker(ϕ) = dZ, qui équivaut bien à d divise n. Théorème 1 (Lagrange 52 (1771) 53,54 ) Soit H un sous-groupe d’un groupe fini (G, .). Alors l’ordre de H divise l’ordre de G. Démonstration Pour g ∈ G, on note gH = {g.h, h ∈ H}. Montrons que ces ensembles sont soit disjoints, soient égaux. Soient donc g1 , g2 ∈ G, montrons que g1 H ∩ g2 H = ∅ ou g1 H = g2 H. Supposons g1 H ∩ g2 H 6= ∅. Ainsi, il existe g0 ∈ g1 H ∩ g2 H. Comme g0 ∈ g1 H, il existe h1 ∈ H tel que g0 = g1 h1 . De même, il existe h2 ∈ H tel que g0 = g2 h2 . −1 On peut alors écrire g2 = g0 h−1 2 = g 1 h1 h2 . On peut en déduire g2 H ⊂ g1 H. En effet, soit g ∈ g2 H. Ainsi, il existe h ∈ H tel que g = g2 h. Alors g = g1 h1 h−1 h ∈ g1 H, et l’inclusion est démontrée. | {z2 } ∈H −1 De même, en partant de g1 = g0 h−1 1 = g2 h2 h1 on arrive à prouver g1 H ⊂ g2 H. 51. Sinon il existe 0 6 a < b 6 d − 1 tel que ϕ(b) = ϕ(a), et alors b − a ∈ Ker(ϕ), d’où b − a multiple de n0 = d, ce qui est absurde puisque 0 < b − a < d. 52. Voir notice biographique page 148. 53. Initialement publié dans les Nouveaux mémoires de l’Académie royale des sciences et belles-lettres de Berlin (1771), pp. 138-254, réédité dans les Œuvres de Lagrange, tome 3, Paris (1869), pp. 369 et suivantes. 54. La preuve de Lagrange, antérieure à la définition formelle des groupes, concernait les sous-groupes de Sn , dont il parvint à démontrer qu’ils divisent Card(Sn ) = n!. 36 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Finalement, on aboutit à g1 H = g2 H. Ainsi, les ensembles gH sont bien disjoints ou égaux. Comme tout élément g ∈ G vérifie g ∈ gH (il suffit de prendre h = e ∈ H), on en déduit qu’il existe g1 , ..., gk : k éléments de G tels que g1 H, ..., gk H forment une partition de G, c’est-à-dire : G = g1 H ∪ ... ∪ gk H et les gi H sont deux à deux distincts. Ce résultat se note G = k G (gi H). i=1 On en déduit alors Card(G) = Card(g1 H) + · · · + Card(gk H). Or si l’on fixe g ∈ G, on a Card(gH) = Card(H) puisque l’application H h −→ gH 7−→ gh est bijective. On arrive ainsi à Card(G) = k.Card(H). On peut bien conclure que Card(H) divise Card(G). Corollaire 1 Soit x un élément d’un groupe fini G et N = Card(G) l’ordre de G. Alors 1. l’ordre de x divise l’ordre de G ; 2. xN = e. Démonstration Il suffit d’appliquer le théorème précédent à H = (x), sous-groupe de G engendré par x. Il existe une autre preuve, suggérée par le programme officiel, et qui est plus courte (et qui n’utilise pas le théorème précédent), mais qui n’est valable que dans le cas d’un groupe commutatif. On note N = Card(G) et g1 , ..., gN les N éléments deux à deux distincts de G. On fixe également x ∈ G. On calcule P = N Y k=1 gk = Y g∈G g, 1.1 Groupes 37 le produit des N éléments de G. Comme g 7−→ gx est une bijection de G dans G, on peut écrire P = Y g∈G xg = (xg1 ) · · · (xgN ). Par commutativité, on réécrit P = x · · · x.(g1 · · · gN ) = xN P. Il suffit de multiplier cette égalité par P −1 (dans un groupe, tout élément est inversible) pour en déduire xN = e. Par la proposition 21, on en déduit que l’ordre de x divise N = Card(G). Définition 16 On dit qu’un groupe est monogène s’il existe x0 ∈ G tel que G = (x0 ). Proposition 22 Soit G un groupe monogène. Alors deux cas se présentent : 1. Si G est infini, alors G est isomorphe à Z. 2. Si G est d’ordre fini n, alors G est isomorphe à Z/nZ. Démonstration Le groupe G étant monogène, il existe x0 ∈ G tel que G = (x0 ) = x0 k , k ∈ Z . 1. Supposons G infini. On considère l’application ϕ : Z −→ G k 7−→ x0 k Il est clair que ϕ est un morphisme de groupes de (Z, +) dans (G, ∗). Le fait que x0 engendre G signifie que ϕ est surjectif. Il reste à démontrer l’injectivité de ϕ. Il s’agit de vérifier 55 que Ker(ϕ) ⊂ {0}. Soit donc n0 ∈ Ker(ϕ), c’est-à-dire n0 ∈ Z tel que ϕ(n0 ) = xn0 = e. Quitte à remplacer n0 par −n0 , on peut supposer n0 > 0. Supposons n0 > 0. 55. D’après la proposition 12 (p. 25). 38 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Pour tout élément n de Z, on effectue la division euclidienne de n par n0 . Il existe alors (q, r) ∈ Z2 tels que n = n0 q + r et 0 6 r < n0 . Et on a ϕ(n) = x0 n0 q+r = (x0 n0 )q ∗ x0 r = eq ∗ x0 r = x0 r . Ainsi, G = Im(ϕ) ⊂ {x0 , x1 , ..., xn0 −1 }, ce qui contredit le fait que G est infini. Nous pouvons donc affirmer que n0 = 0, et par suite Ker(ϕ) ⊂ {0}, donc ϕ est bien injectif et réalise ainsi un isomorphisme de groupes de (Z, +) dans (G, ∗). 2. Supposons G fini, notons n le cardinal de G. ′ On sait que si n divise k − k ′ , alors xk = xk . ′ Ainsi, dans Z/nZ, si k = k ′ , on peut noter ψ(k) = x0 k = x0 k = ψ(k ′ ). On arrive donc à définir une application 56 sur Z/nZ. On sait que ∀g ∈ G, ∃k ∈ Z tel que g = ψ(k), donc ψ est surjective. ′ ′ Les égalités x0 k+k = x0 k .x0 k « passent à la classe » et font que ψ est un morphisme de groupes. Enfin, l’application ψ étant surjective entre deux ensembles de même cardinal fini, elle est bijective et donc ψ est un isomorphisme de groupes. Exemple Soit n ∈ N∗ . On rappelle que Un = z ∈ C, z n = 1 = e2ikπ/n , k ∈ Z . Le groupe (Un , .) est isomorphe à (Z/nZ, +). En effet, si l’on note ω = e2iπ/n , alors (Z/nZ, +) −→ Un x 7−→ ω x = e2ixπ/n réalise un isomorphisme. Il faut notamment vérifier que cette application est bien définie : si x = x′ alors il existe k ∈ Z tel que x′ = x + kn. On a alors 2ix′ π 2ixπ ′ = + 2ikπ, et comme k ∈ Z, e2ikπ = 1 et ainsi e2ixπ/n = e2ix π/n . n n Mais il est inutile de prouver quoi que ce soit, puisque Un est un groupe monogène d’ordre n engendré par ω. 56. La valeur de ψ(k) dépend de k mais pas du choix de son représentant k. 1.1 Groupes 39 Remarque La proposition se généralise ainsi : si ψ est un morphisme de (Z, +) dans un groupe (G, ∗), alors : • Si ψ est injectif, ψ réalise évidemment un isomorphisme de (Z, +) sur Im(ψ), ∗ . • Si ψ n’est pas injectif, alors Ker(ψ) est un sous-groupe de (Z, +), donc il existe n0 ∈ N∗ tel que Ker(ψ) = n0 Z. On peut montrer que l’on peut définir ψ′ : Z/n0 Z −→ G k 7−→ ψ ′ (k) = ψ(k) ψ ′ réalise alors un isomorphisme de (Z/n0 Z, +) sur Im(ψ). 1.1.7 Le groupe symétrique Le but de cette partie est l’étude du groupe symétrique, avec un objectif notable : la définition d’un morphisme, appelé signature, qui trouvera une application capitale dans la définition et le calcul des déterminants. Définition 17 Soit n ∈ N∗ . On appelle groupe symétrique d’ordre n, et l’on note Sn , l’ensemble des permutations de J1, nK, c’est-à-dire l’ensemble des bijections de J1, nK dans lui-même, muni de la loi de composition. Proposition 23 Le groupe (Sn , ◦) est d’ordre n!. Plus généralement, si n > p, l’ensemble des injections d’un ensemble à p éléments n! dans un ensemble à n éléments a pour cardinal n(n − 1)...(n − p + 1) = · (n − p)! Remarque Le terme « d’ordre n » dans la définition du groupe symétrique est trompeur, puisque l’ordre (c’est-à-dire le cardinal) de ce groupe est n! et pas n. 40 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles La figure d’Évariste Galois est mythique dans le monde des mathématiques. Entré au collège Louis-le-Grand en 1823, en classe de quatrième a , il se distingue en classe de troisième ; mais il commence à connaître une crise morale profonde. Son travail commence alors à se dégrader et après un début de première médiocre, il doit retourner en seconde. Toutefois il peut intégrer la classe de première année de mathémab Évariste Galois tiques supérieures . Dès qu’il prend conscience de ses capacités, il entreprend la lecture des grands maîtres : Le(1811–1832) gendre, Lagrange, Gauss. . . Il étudie les questions de résolutions algébriques des équations. Il a pour but d’entrer à l’École polytechnique. Il s’y présente un an trop tôt, est refusé, ce qu’il trouve injuste. En 1829, il publie son premier Mémoire et présente un premier travail à l’Académie des sciences par l’intermédiaire de Cauchy qui l’aurait perdu. C’est pour Évariste une seconde injustice. Il vivra son second échec au concours d’entrée de Polytechnique comme une troisième injustice. Galois réussit son entrée à l’École préparatoire c. Il y poursuit ses recherches et en communique les résultats à l’Académie des sciences en 1830. Joseph Fourier, secrétaire perpétuel de l’Académie emporte le manuscrit chez lui et meurt sans avoir rendu son jugement. Le manuscrit n’ayant pas été retrouvé, Galois ne peut entrer en compétition. Il est renvoyé de l’École normale en décembre 1830 après avoir fait publier par un journal une critique sur l’attitude du directeur de l’École. Ses recherches aboutissent à un mémoire sur les conditions de résolubilité des équations par radicaux d . C’est un militant actif, emprisonné à plusieurs reprises jusqu’à sa mort. En raison de sa mauvaise santé, il lui est permis de sortir de prison. Il connaît un amour cruel qui semble être à l’origine d’un duel inévitable. Durant sa dernière nuit, il rédige une lettre, destinée à son ami Auguste Chevalier, dans laquelle il résume ses découvertes. Évariste Galois meurt le 31 mai 1832 : il n’avait pas encore 21 ans. Ce n’est qu’en 1843 que le mathématicien Joseph Liouville a la volonté et la patience de démêler ses travaux. Il parvient à les publier en 1846 dans sa revue e . À partir de ce moment, les idées novatrices de Galois et leur puissance sont reconnues. Le concept phare introduit par Galois, celui de groupe, a profondément influencé l’algèbre durant de nombreuses décennies. a. Pour les éléments biographiques mentionnés ici et de nombreux autres, cf. le travail de P. Dupuy : la vie d’Évariste Galois, annales scientifiques de l’E.N.S., 3ème série 13 (1896), pp. 197-266 b. Le programme du lycée de l’époque, menant au baccalauréat, était essentiellement littéraire. Il se concentrait en effet sur les disciplines suivantes : langues anciennes, rhétorique, logique, morale, philosophie, sciences mathématiques, physiques. Il était alors possible, sans avoir le baccalauréat, de suivre en parallèle les études correspondant aux classes préparatoires scientifiques actuelles. c. Nom de l’École normale de 1826 jusqu’à la Révolution de Juillet, date à laquelle l’École retrouve son appellation originelle de 1794. d. Journal de mathématiques pures et appliquées, tome 11 (1846), pp. 417-433. Le manuscrit est daté de 1831. e. Œuvres mathématiques d’Évariste Galois, Journal de mathématiques pures et appliquées, tome 11 (1846), pp. 381-445. 1.1 Groupes 41 Démonstration On note E = {x1 , x2 , x3 , ..., xp } un ensemble à p éléments. Pour définir une injection f de E dans un ensemble F à n éléments : • On choisit la valeur de f (x1 ) quelconque dans F , il y a donc n possibilités. • On choisit la valeur de f (x2 ), qui doit être différente de f (x1 ), donc appartenir à F \ f (x1 ) , il y a donc n − 1 possibilités. • On choisit la valeur de f (x3 ), qui doit être différente de f (x1 ) et de f (x2 ), c’est-à dire appartenir à F \ f (x1 ), f (x2 ) , il y a donc n − 2 possibilités. • On continue ainsi de suite avec f (x4 ), . . ., f (xp−1 ). • Enfin, on choisit la valeur de f (xp ) dans F \ f (x1 ), f (x2 ), ..., f (xp−1 ) , ce qui laisse n − (p − 1) choix. On arrive finalement bien à n(n − 1)(n − 2) · · · (n − p + 1) possibilités. Dans le cas de Sn , on sait qu’une application entre deux ensembles de même cardinal fini (n en l’occurrence) est bijective si et seulement si elle est injective, ce qui correspond à prendre p = n dans le résultat précédent, et donne bien les n! éléments annoncés. 42 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Certaines permutations jouent un rôle particulier. Il s’agit des cycles que l’on définit ci-après. Définition 18 Soient a1 , a2 , . . ., ap , p éléments deux à deux distincts de J1, nK. On définit l’élément σ, que l’on note σ = (a1 a2 ... ap ), par σ(a1 ) = a2 , σ(a2 ) = a3 , .. . σ(ap−1 ) = ap , σ(ap ) = a1 et ∀x ∈ J1, nK\{a , a , ..., a }, σ(x) = x. 1 2 p Un tel élément est appelé cycle de longueur p (ou p-cycle). Les cycles de longueur 2 sont appelés transpositions. Ainsi, si a, b sont deux éléments distincts de J1, nK, la transposition τ = (a b) est définie par τ (a) = b ; τ (b) = a et ∀x ∈ J1, nK\{a, b}, τ (x) = x. Proposition 24 Si n > 3, alors Sn n’est pas commutatif. Démonstration En calculant séparément les images de 1, de 2, de 3 et de tout élément de J1, nK\{1, 2, 3} on peut vérifier que (1 2) ◦ (2 3) = (1 2 3) et (2 3) ◦ (1 2) = (1 3 2) et ainsi 57 (1 2) ◦ (2 3) 6= (2 3) ◦ (1 2). 57. Le plus simple pour vérifier que ces 3-cycles sont différents est de montrer que l’image de 1 est 2 pour l’une et 3 pour l’autre. En effet, un p-cycle peut s’écrire de p façons différentes, par exemple (1 2 3) = (2 3 1) = (3 1 2). 1.1 Groupes 43 Remarque Il est évident que si E est un ensemble fini de cardinal Card(E) > 3 ou un ensemble infini, alors de même (S(E), ◦) n’est pas commutatif Proposition 25 Un p-cycle est un élément d’ordre p. Démonstration Soit un p-cycle σ = (a1 a2 ... ap ) avec a1 , . . ., ap p éléments deux à deux distincts de J1, nK. Il faut montrer que σ 6= Id, . . ., σ p−1 6= Id et σ p = Id : • L’image de a1 par σ est σ(a1 ) = a2 6= a1 , donc σ 6= Id. • L’image de a1 par σ 2 est σ 2 (a1 ) = σ(a2 ) = a3 6= a1 , donc σ 2 6= Id. • L’image de a1 par σ 3 est σ 3 (a1 ) = σ(a3 ) = a4 6= a1 , donc σ 3 6= Id. • On continue ainsi de suite avec σ 4 , . . ., σ p−2 . • L’image de a1 par σ p−1 est σ p−1 (a1 ) = σ(ap−1 ) = ap 6= a1 , donc σ p−1 6= Id. • L’image de a1 par σ p est σ p (a1 ) = σ(ap ) = a1 , et on vérifie aisément que ∀i ∈ J1, pK, σ p (ai ) = ai . Enfin, puisque sur J1, nK\{a1 , ..., ap }, σ coïncide avec Id, il en est de même de σ p . On peut ainsi affirmer que σ p = Id alors que σ 6= Id, . . ., σ p−1 6= Id. Définition 19 Soit σ ∈ Sn . On appelle support de σ l’ensemble x ∈ J1, nK, f (x) 6= x . Remarque Il est évident que le support d’un p-cycle σ = (a1 a2 ... ap ) avec a1 , . . ., ap p éléments deux à deux distincts de J1, nK est {a1 , a2 , ..., ap }. Enfin, le théorème suivant indique que les cycles, et même les transpositions, suffisent à engendrer le groupe des permutations. 44 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Théorème 2 On a les résultats suivants : 1. Toute permutation se décompose en produit de cycles de supports deux à deux disjoints. En outre, cette décomposition est unique (à l’ordre près) 2. Tout cycle de longueur p est la composée de p − 1 transpositions. 3. Toute élément de Sn est la composée d’au plus n − 1 transpositions. Démonstration 1. Cette preuve est à retenir, car « constructiviste » : en suivant la méthode employée, on peut concrètement obtenir la décomposition d’une permutation donnée. D’ailleurs, un algorithme implémenté sous Python est présenté un peu plus loin dans cet ouvrage. Soit donc f ∈ Sn . Notons déjà que Sn étant d’ordre fini (N = n!), on sait que f N = Id (en tout cas, f est d’ordre fini). Soit x0 ∈ J1, nK. On considère les images itérées de x0 par f : x0 , f (x0 ), f 2 (x0 ) = f f (x0 ) , en poursuivant jusqu’à ce que l’on retombe pour la première fois sur x0 . En d’autres termes, on considère p tel que f (x0 ), f 2 (x0 ), . . ., f p−1 (x0 ) soient différents de x0 , et que f p (x0 ) = x0 . On pourra noter que l’ensemble des valeurs successives de x0 est appelé l’orbite de x0 par f . On définit alors le cycle cx0 = x0 f (x0 ) f 2 (x0 ) ... f p−1 (x0 ) . Il est alors clair que f et cx0 coïncident sur x0 , f (x0 ), f 2 (x0 ), ..., f p−1 (x0 ) . On considère alors c1 obtenu avec x0 = 1, puis cx1 obtenu avec x1 dans J1, nK privé du support de c1 (en général, on prend le minimum de cet ensemble), puis cx2 obtenu avec x2 dans J1, nK privé des supports de c1 et de cx1 , et ainsi de suite jusqu’à épuisement total de l’ensemble J1, nK. Alors f est la composée des cycles c1 , cx1 , cx2 , . . . obtenus. S’il y a un ou plusieurs cycles de longueur 1 (qui correspondraient donc à des points fixes de f ), on ne les écrit généralement pas 58 puisqu’un 1-cycle est l’identité. 58. C’est l’option qui a été choisie dans la procédure présentée. 1.1 Groupes 45 Quant à l’unicité de la décomposition, nous l’admettons. 2. Soit un p-cycle σ = (a1 a2 a3 ... ap−1 ap ). Il est aisé de vérifier 59 que σ = (a1 a2 ) ◦ (a2 a3 ) ◦ · · · ◦ (ap−1 ap ). 3. Il suffit de combiner les deux points précédents. Exemple Dans S9 , on considère la permutation notée 1 2 3 4 5 6 f = 7 8 4 6 5 3 7 8 9 9 2 1 . Cette écriture se lit par colonne et signifie f (1) = 7, f (2) = 8, . . ., f (9) = 1 sous un k de la première ligne, il y a f (k) . Les images successives de 1 sont f f f 1 7−→ 7 7−→ 9 7−→ 1, donc f coïncide avec le 3-cycle (1 7 9) sur l’ensemble 60 {1, 7, 9}. Les images successives de 2 sont f f 2 7−→ 8 7−→ 2, qui correspond au 2-cycle (c’est-à-dire à la transposition) (2 8). Les images successives de 3 sont f f f 3 7−→ 4 7−→ 6 7−→ 3, qui correspond au 3-cycle (3 4 6). Enfin, 5 est un point fixe (le 1-cycle (5) correspond à l’identité). On peut donc écrire f = (1 7 9) ◦ (2 8) ◦ (3 4 6), ou éventuellement f = (1 7 9) ◦ (2 8) ◦ (3 4 6) ◦ (5). 59. Il ne faut pas omettre de vérifier qu’il y a égalité sur J1, nK\{a1 , a2 , ..., ap }. Ce point est évident car chaque permutation qui apparaît coïncide avec l’identité sur cet ensemble. 60. Cet ensemble des valeurs successives prises par les itérées de f en 1 s’appelle l’orbite de 1 par la permutation f . 46 Chapitre 1. Structures algébriques usuelles Si l’on veut passer aux transpositions, on sait que (1 7 9) = (1 7) ◦ (7 9) et (3 4 6) = (3 4) ◦ (4 6), d’où finalement f = (1 7) ◦ (7 9) ◦ (2 8) ◦ (3 4) ◦ (4 6). Passons à la programmation sous Python de ces décompositions. Pour transmettre une permutation f , on envoie juste la liste [f (1), f (2), ..., f (n)], ce qui correspond à la deuxième ligne de la notation introduite précédemment. Algorithme 1 - Décompositions d’une permutation def decompose_en_cycles(s) : decomp=[ ] atteints=[ ] k=0 while k<len(s)-1 : k=k+1 if not (k in atteints) : cycle=[k] atteints=atteints+[k] suivant=s[k-1] while suivant !=k : cycle=cycle+[suivant] atteints=atteints+[suivant] suivant=s[suivant-1] if len(cycle)>1 : decomp=decomp+[cycle] return(decomp) Index A multilinéaire, 117 auto-adjoint (endomorphisme —), 448 Abel (notice biographique), 12 automorphisme de groupes, 21 abélien (groupe —), 11 orthogonal, 403 adjoint d’un endomorphisme, 447 algèbre(s) axe d’une rotation dans l’espace, 438 définition d’une —, 73 B morphisme d’—, 74 algorithme de calcul d’une signature, 50 de calcul de déterminant, 145 de calcul de l’indicatrice d’Euler, 66 de décomposition d’une permutation, 46 de décomposition primale d’un nombre, 65 de Gram-Schmidt, 392 du crible d’Eratosthène, 64 alternée (application —), 119 angle orienté (mesure d’un —), 418 anneau(x) commutatif, 52 définition d’un —, 51 intègre, 53 inversibles d’un —, 52 morphisme d’—, 53 principal, 55, 67 base antéduale, 184 coordonnées dans une — orthonormée, 379 définition d’une —, 99 directe, 156 duale, 179 indirecte, 156 orthonormée, 378, 474 produit scalaire dans une — orthonormée, 379 Bessel fonction de —, 214 inégalité de —, 387, 479 notice biographique, 214 bidual, 182 bilinéaire (forme —), 340 pseudo- —, 51 C annulateur idéal —, 77 polynôme —, 77 antéduale (base —), 184 antisymétrique (application —), 119 application alternée, 119 antisymétrique, 119 canonique (produit scalaire —), 343 caractéristique d’un corps, 72 polynôme —, 234 Cauchy inégalité de — -Schwarz, 359, 467 510 INDEX notice biographique, 120 définition du — pour une application linéaire, théorème de — -Lipschitz, 280 135 définition du — pour une famille, 125 Cayley notice biographique, 223 théorème de — -Hamilton, 266 chinois (théorème des restes —), 60 classes d’équivalence, 30 cofacteur(s), 131 de Vandermonde, 141 définition du — d’une matrice carrée, 128 diagonale déterminant d’une matrice —, 139 matrice à — strictement dominante, 172 matrice des —, 135 colonne propre, 225 diagonalisable endomorphisme —, 242 matrice —, 242 comatrice, 135 combinaisons linéaires, 95 commutatif diagonalisation d’une projection, 243, 244, 256 anneau —, 52 groupe —, 11 composition (loi de — interne), 8 d’une symétrie, 243, 244, 256 théorème de — simultanée, 259 directe congruence (relation de —), 31 base —, 156 conjugaison, 26 isométrie —, 412 convexité, 366 isométrie — de l’espace, 436 somme — de sous-espaces, 106 stricte, 366 coordonnée(s) somme — orthogonale, 396, 472 d’un vecteur, 99 distingué (sous-groupe —), 81 dans une base orthonormée, 379 division vectorielle, 435 du produit vectoriel, 429 dominante (matrice à diagonale strictement —), 172 fonctions —, 99 double produit vectoriel, 434 dual(e) corps caractéristique d’un —, 72 base —, 179 définition d’un —, 69 espace — (algébrique), 175 gauche, 69 espace — (topologique), 175 crible d’Eratosthène (algorithme du —), 64 E cycle(s) décomposition en —, 44 définition d’un —, 42 cyclotomiques (polynômes —), 71 D élément (ordre d’un —), 34 élément neutre d’un groupe, 8 éléments propres d’un endomorphisme, 222 d’une matrice, 225 décomposition endomorphisme algorithme de — d’une permutation, 46 adjoint d’un —, 447 algorithme de — primale d’un nombre, 65 auto-adjoint, 448 d’une permutation, 44 de groupes, 21 définie déterminant d’un —, 134 forme bilinéaire — positive, 340 diagonalisable, 242 forme sesquilinéaire — positive, 462 éléments propres d’un —, 222 déterminant hermitien, 483 algorithme de calcul d’un —, 145 induit, 215 d’un endomorphisme, 134 orthogonal, 399 d’une matrice diagonale, 139 sous-espace propres d’un —, 222 d’une matrice triangulaire, 139 symétrique, 448 d’une transposée, 130 trace d’un —, 116 511 INDEX valeur propre d’un —, 222 multilinéaire, 118 vecteurs propres d’un —, 222 engendré sesquilinéaire, 462 forme linéaire idéal —, 55 représentation d’une — dans un espace eucli- sous-espace vectoriel —, 96 sous-groupe—, 28 dien, 397 Fréchet (théorème de Riesz- —), 459 ensemble quotient, 30 G équivalence classes d’—, 30 relation d’—, 30 Eratosthène (algorithme du crible d’—), 64 Galois (notice biographique), 40 gauche (corps —), 69 espace de Hilbert, 339, 459 dual (algébrique), 175 génératrice (famille —), 96 Gershgorin notice biographique, 305 dual (topologique), 175 théorème de —, 304 euclidien, 341 hermitien, 463 Gram préhilbertien réel, 341 algorithme de — -Schmidt, 392 préhilbertien complexe, 463 notice biographique, 390 procédé de — -Schmidt, 389 euclidien(ne) espace —, 341 norme —, 365 groupe(s) abélien, 11 automorphisme de —, 21 Euler algorithme de calcul de l’indicatrice d’—, 66 commutatif, 11 fonction indicatrice d’—, 59 définition d’un —, 8 théorème d’—, 60 des inversibles, 52 exponentielle de matrice, 270 des permutations, 12, 39 endomorphisme de —, 21 F isomorphisme de —, 21 monogène, 37 morphisme de —, 21 famille ordre d’un —, 27, 34 d’éléments d’un ensemble, 94 génératrice, 96 libre, 96 liée, 96 orthogonale, 373, 472 orthonormée, 376, 473 presque toute nulle, 94 totale, 389 orthogonal, 13, 18, 402, 406 sous- —, 16 sous- — distingué, 81 spécial linéaire, 18 spécial orthogonal, 18, 408 symétrique, 39 unitaire, 481 H Fermat notice biographique, 61 Fermat petit théorème de —, 60 fonction(s) coordonnées, 99 de Bessel, 214 indicatrice d’Euler, 59 fondamental (système — de solutions), 285, 292 Hadamard lemme d’ —, 173 notice biographique, 174 Hamilton notice biographique, 265 théorème de Cayley- —, 266 Hermite (polynômes de —), 358, 395 forme bilinéaire, 340 hermitien(ne) 512 INDEX endomorphisme, 483 espace —, 463 vectorielle, 412 isomorphisme de groupes, 21 forme sesquilinéaire —, 462 J matrice —, 482 norme —, 469 Hilbert espace de —, 339, 459 notice biographique, 342 hyperplan, 175 Jordan notice biographique, 311 théorème de —, 309 K I Kronecker (symbole de —), 179 idéal annulateur, 77 L définition d’un —, 54 engendré, 55 principal, 55 identité(s) Lagrange identité de —, 435 de Lagrange, 435 notice biographique, 148 de polarisation, 369, 471 théorème d’interpolation de —, 147 du parallélogramme, 369, 471 théorème de —, 35 image d’un morphisme de groupes, 25 Laguerre (polynômes de —), 357, 395 indicatrice d’Euler Legendre (polynômes de —), 356, 394 algorithme de calcul de l’—, 66 fonction —, 59 indices d’une famille, 94 indirecte lemme d’Hadamard, 173 des noyaux, 170 liée (famille —), 96 base —, 156 libre (famille —), 96 isométrie —, 412 linéaire(s) isométrie — du plan, 421 induit endomorphisme —, 215 produit scalaire —, 341 inégalité de Bessel, 387, 479 combinaisons —, 95 groupe spécial —, 18 Lipschitz notice biographique, 279 théorème de Cauchy- —, 280 loi de composition interne, 8 de Cauchy-Schwarz, 359, 467 M de Minkowski, 363, 469 triangulaire, 363, 469 intègre (anneau —), 53 interne (loi de composition —), 8 matrice(s) interpolation de Lagrange (théorème d’—), 147 à diagonale strictement dominante, 172 inverse dans un groupe, 9 des cofacteurs, 135 inversibles diagonalisable, 242 d’un anneau, 52 éléments propres d’une —, 225 groupe des —, 52 exponentielle de —, 270 isométrie hermitienne, 482 directe, 412 orthogonale, 405 directe de l’espace, 436 sous-espace propres d’une —, 225 indirecte, 412 trace d’une —, 114 indirecte du plan, 421 valeur propre d’une —, 225 513 INDEX vecteurs propres d’une —, 225 mesure d’un angle orienté, 418 minimal (polynôme —), 77, 169 somme directe —, 396, 472 symétrie —, 480 orthogonales matrices —, 405 Minkowski inégalité de –, 363, 469 notice biographique, 364 parties —, 382 orthogonaux mixte (produit —), 425 polynômes —, 393 modulo (relation —), 31 supplémentaires —, 385 monogène (groupe —), 37 vecteurs —, 370 orthonormalisation morphisme d’algèbre, 74 d’anneaux, 53 procédé d’ — de Gram-Schmidt, 389 orthonormée de groupes, 21 base —, 378, 474 image d’un — de groupes, 25 coordonnées dans une base —, 379 noyau d’un — de groupes, 25 famille —, 376, 473 produit scalaire dans une base —, 379 multilinéaire application —, 117 P application — alternée, 119 application — antisymétrique, 119 forme —, 118 N parallélogramme (identités du —), 369, 471 parties orthogonales, 382 permutation(s) algorithme de décomposition d’une —, 46 définition d’une —, 39 norme euclidienne, 365 groupe des, 12, 39 hermitienne, 469 signature d’une —, 48 normé (vecteur —), 376, 473 support d’une —, 43 polarisation (identités de —), 369, 471 noyau(x) d’un morphisme de groupes, 25 lemme des —, 170 nulle (famille presque toute —), 94 polynôme(s) annulateur, 77, 165 caractéristique, 234 cyclotomiques, 71 O d’une matrice diagonale, 164 dans une algèbre, 74 de Hermite, 358, 395 opposé, 11 de Laguerre, 357, 395 orbite, 45 de Legendre, 356, 394 ordre de Tchebychev, 357, 395, 499 d’un élément, 34 d’un groupe, 27, 34 d’une valeur propre, 246 orientation, 154, 156 orthogonal automorphisme —, 403 endomorphisme, 399 groupe —, 13, 18, 402, 406 groupe spécial —, 18, 408 orthogonale famille —, 373, 472 projection —, 385, 477 minimal, 77, 169 orthogonaux, 393 positive forme bilinéaire définie —, 340 forme sesquilinéaire définie —, 462 préhilbertien espace — complexe, 463 espace — réel, 341 presque tout nulle (famille —), 94 primale (algorithme de décomposition —), 65 principal anneau —, 55, 67 514 INDEX idéal —, 55 procédé d’orthonormalisation de Gram-Schmidt, 389 théorème de — -Fréchet, 459 rotation axe d’une — dans l’espace, 438 produit mixte, 425 dans l’espace, 436 scalaire complexe, 462 dans le plan, 415 scalaire réel, 340 S vectoriel, 427 produit scalaire canonique, 343 dans une base orthonormée, 379 induit, 341 scalaire produit — complexe, 462 produit — réel, 340 produit vectoriel coordonnées du —, 429 double —, 434 projection définition d’une —, 110 diagonalisation d’une —, 243, 244, 256 orthogonale, 385, 477 propre Schmidt algorithme de Gram- —, 392 notice biographique, 466 procédé de Gram- —, 389 Schrödinger équation de —, 214 note biographique, 214 Schwarz colonne —, 225 valeur — d’un endomorphisme, 222 valeur — d’une matrice, 225 vecteur — d’un endomorphisme, 222 vecteur — d’une matrice, 225 pseudo-anneau, 51 puissances des éléments dans un groupe, 15 Pythagore inégalité de Cauchy- —, 359, 467 notice biographique, 362 semi-norme, 349 sesquilinéaire (forme —), 462 signature algorithme de calcul d’une —, 50 d’une permutation, 48 simultanée (théorème de diagonalisation —), 259 notice biographique, 371 théorème de —, 371, 472 Q quotient (ensembles —), 30 somme de sous-espaces, 106 directe de sous-espaces, 106 directe orthogonale, 396, 472 sous-espace(s) caractéristique, 306 propres d’un endomorphisme, 222, 225 R stable, 215 supplémentaires, 109 vectoriel engendré, 96 réflexion, 412 sous-groupe(s) réflexive (relation —), 30 définition d’un —, 16 relation de (Z, +), 20 d’équivalence, 30 de congruence, 31 modulo, 31 réflexive, 30 symétrique, 30 transitive, 30 distingué, 81 engendré, 28 spécial groupe — linéaire, 18 groupe — orthogonal, 18, 408 spectral représentant, 30 théorème — (cas complexe), 483 restes (théorème des — chinois), 60 théorème — (cas matriciel complexe), 484 Riesz théorème — (cas matriciel), 458 theorème de —, 397 théorème — (cas réel), 455 515 INDEX stable (sous-espace —), 215 stricte (convexité —), 366 définition d’une —, 42 triangulaire suite, 94 déterminant d’une matrice —, 139 supplémentaires inégalité —, 363, 469 orthogonaux, 385 U sous-espaces —, 109 support d’une permutation, 43 symbole de Kronecker, 179 symétrie diagonalisation d’une —, 243, 244, 256 orthogonale, 480 unitaire groupe —, 481 vecteur —, 376, 473 symétrique V endomorphisme —, 448 forme bilinéaire —, 340 groupe —, 39 relation —, 30 système fondamental de solutions, 285, 292 valeur propre d’un endomorphisme, 222 d’une matrice, 225 ordre d’une —, 246 T Tchebychev (polynômes de —), 357, 395, 499 théorème d’Euler, 60 d’interpolation de Lagrange, 147 de Cauchy-Lipschitz, 280 de Cayley-Hamilton, 266 de décomposition des permutations, 44 de diagonalisation simultanée, 259 de Gershgorin, 304 de Jordan, 309 de Lagrange, 35 de Pythagore, 371, 472 Vandermonde déterminant de —, 141 notice biographique, 141 vecteur(s) normé, 376, 473 orthogonaux, 370 propre d’un endomorphisme, 222 propre d’une matrice, 225 unitaire, 376, 473 vectoriel coordonnées du produit —, 429 double — produit, 434 produit —, 427 sous-espace — engendré, 96 vectorielle (division —), 435 de représentation des formes linéaires, 397 W de Riesz, 397 de Riesz-Fréchet, 459 de Wedderburn, 69 des restes chinois, 60 petit — de Fermat, 60 spectral (cas complexe), 483 Wedderburn notice biographique, 70 théorème de —, 69 spectral (cas matriciel complexe), 484 Weierstrass (notice biographique), 456 spectral (cas matriciel), 458 wronskien, 199, 277, 291, 314 spectral (cas réel), 455 totale (famille —), 389 trace d’un endomorphisme, 116 d’une matrice, 114 transitive (relation —), 30 transposée d’une matrice (déterminant de la —), 130 transposition(s) décomposition en —, 44 PREALGE2 ALGEBRE linéaire et bilinéaire - 17mm_Mise en page 1 31/07/2014 15:21 Page1 C et ouvrage développe le programme d’algèbre de deuxième année des classes préparatoires scientifiques, de façon originale, approfondie et fidèle. • Le texte, rigoureux et pédagogique, permet à tous les étudiants de suivre pas à pas les démonstrations. Des figures, ainsi que des algorithmes implémentés en Python, facilitent la compréhension et l'assimilation des notions abordées. Conf orme au no progra uveau mme 2014 • L'auteur a pris soin de replacer les résultats présentés dans leur contexte historique, des notices biographiques évoquent les faits marquants de la vie des mathématiciens cités. • Dans les parties « compléments », l'ouvrage aborde des théorèmes plus difficiles ou moins connus, destinés aux lecteurs souhaitant un approfondissement des sujets classiques. L’ouvrage intéressera également les candidats au CAPES et à l’agrégation. + Conforme au nouveau programme 2014 + De nombreux exercices corrigés + Texte abondamment illustré pour faciliter la compréhension + Tout en couleur Christophe Antonini est professeur de mathématiques en classes préparatoires au lycée Stanislas de Cannes. Conform au nouve e au progr amme 2014 MP-MP* 2e ANNÉE Confo rm e au nou program veau me 201 4 ANALYSE 2e édition MPSI / PCSI 1re ANNÉE Confo aux nou rme program veaux mes 201 3 ANALYSE MPSI / PCSI Confo ALGÈBRE COURS EXERCICES CORRIGÉS COURS EXERCICES CORRIGÉS COURS EXERCICES CORRIGÉS OLIVIER RODOT GILLES COSTANTINI NICOLAS BASBOIS PIERRE ABBRUGIATI < Conception graphique : Primo&Primo < IS BN : 978-2-8041- 817 0 -3 9 782804 181703 PREALGE2 www.deboeck.com < Dans la même collection dirigée par Olivier Rodot or me au no u v e au progr amm e 201 4 ALGÈBRE e MP-MP* 1re ANNÉE aux nou rme program veaux mes 201 3 Conf COURS EXERCICES CORRIGÉS CHRISTOPHE ANTONINI + LES ALGÈBRE • Des exercices, dont les corrigés sont très détaillés, permettent de vérifier l’acquisition des points clés de chaque chapitre. MP-MP* 2e ANNÉE 2 édition CHRISTOPHE ANTONINI