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Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01 - Octobre - novembre - décembre 2013
Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation
Une ré-analyse des symptômes
Un des avantages signifi catifs des approches qua-
litatives concerne les symptômes jugés importants
pour les patients. À ce titre, 2exemples, concernant la
fatigue et la douleur, sont assez démonstratifs. Pour la
douleur, qui n’est généralement pas un symptôme clas-
sique évalué dans l’arthrose, une étude anglaise met en
évidence que les patients qui en souffrent rapportent
des niveaux de fatigue importants, qu’ils attribuent à
la fois à la douleur et au traitement de la douleur. La
fatigue est décrite comme ayant un impact sur la fonc-
tion et la participation. Les patients rapportent qu’ils
ne discutent généralement de ce symptôme avec per-
sonne, sauf avec leur conjoint
(6)
. Cette étude suggère
donc que, comme dans les rhumatismes infl amma-
toires, la fatigue est un symptôme à prendre en compte
dans l’arthrose.
Concernant les douleurs, une étude menée conjoin-
tement par l’OARSI
(OsteoArthritis Research Society
International)
et l’OMERACT
(Outcome Measures in
Rheumatology)
suggère que les patients distinguent
2types de douleur, la douleur dite “habituelle”, chro-
nique, constante au cours du temps, celle habituelle-
ment mesurée par les échelles de douleur utilisées
en pratique courante et en recherche clinique, et un
deuxième type de douleur, intermittente, très intense,
imprédictible, émotionnellement contraignante, qui
constitue pour les patients la principale raison d’éviter
des activités sociales ou de loisir
(7)
. Il se pourrait donc
que la douleur la plus incapacitante et la plus impor-
tante pour les patients ne soit pas celle qui soit évaluée
en pratique quotidienne ou dans les essais cliniques.
L’adhérence aux traitements
Une autre question, très largement étudiée dans les
études qualitatives dans l’arthrose, concerne l’ad-
hérence aux traitements pharmacologiques ou non
pharmacologiques.
•Traitements pharmacologiques
Les études soulignent que les patients sont réticents
à prendre des antalgiques ou qu’ils les prennent à des
doses inférieures ou à une fréquence inférieure à celle
prescrite et qu’ils justifi ent cette attitude en minimisant
leur douleur ou en déclarant qu’ils ont une tolérance
importante à la douleur
(8)
.
Une étude qualitative réalisée chez des patients âgés
souffrant d’arthrose montre qu’ils ne connaissent pas
toujours les risques de la prise d’AINS par voie orale ou
qu’ils sont incapables de reconnaître ces effets indé-
sirables. De plus, les patients se désengagent active-
ment d’une information sur les risques spécifi ques
des AINS, de 3manières :
•
“mon médecin généraliste ne me prescrirait pas
quelque chose de dangereux” ;
•
“tous les traitements ont des effets secondaires,
ilsuffi t de diminuer les doses” ;
•
“j’ai déjà pris des AINS sans problème, je dois être
immunisé contre les effets secondaires”
(9)
.
Ces résultats soulignent l’importance de renforcer
l’éducation thérapeutique dans ces domaines.
•Traitements non pharmacologiques
L’adhérence aux programmes d’exercices théra-
peutiques a également fait l’objet de plusieurs travaux
de recherche. Les exercices sont en effet un des traite-
ments recommandés dans l’arthrose, notamment des
membres inférieurs. Les programmes supervisés ont
une effi cacité largement démontrée, mais l’adhérence
aux programmes d’exercices à la maison demeure non
satisfaisante. Plusieurs études se sont attachées à
essayer de comprendre les raisons de cette adhérence
imparfaite. Il apparaît qu’elle dépend de la perception
qu’a le patient de ses symptômes, de l’effi cacité des
exercices, de ses capacités à les inclure dans sa vie
de tous les jours et du support et des encouragements
des kinésithérapeutes
(10)
.
Une autre étude propose 4typologies de patients face
à l’exercice
(11)
:
•
les patients habitués de longue date à une activité
physique régulière et chez qui des programmes ambi-
tieux intensifs peuvent être proposés ;
•
les patients sédentaires de longue date pour qui
des programmes d’activité physique beaucoup plus
simples devraient être proposés ;
•
les patients ayant fait de l’exercice mais ayant aban-
donné, se rapprochant des patients sédentaires de
longue date et chez qui l’intensité des programmes
devrait être adaptée à leurs objectifs ;
•
les patients récemment convertis à l’exercice, pour
qui des programmes d’intensité progressivement crois-
sante pourraient être testés.
Processus de décision conduisant
àlaproposition d’un remplacement prothétique
Les études analysant des processus de décision concer-
nant la chirurgie prothétique sont nombreuses. Une des
questions abordées est celle de la réticence de certains
patients, considérés par les chirurgiens comme des
indications idéales à se faire opérer. Dans ce cadre,
3éléments sont mis en avant pour expliquer cette
situation
(12,13)
:
•
l’arthrose est vue par les patients non comme une
maladie, mais comme un vieillissement normal ;
•
certains patients considèrent qu’il faut avoir plus
de douleurs et d’incapacité fonctionnelle qu’ils n’ont
actuellement pour être opérés ;
•
d’autres considèrent qu’ils n’ont pas besoin de pro-
thèse tant que leur médecin habituel ne leur en a pas
proposée.
Parmi les éléments infl uençant les patients dans leur
décision de se faire opérer, les principaux détermi-
nants semblent être les expériences personnelles du
patient, les peurs, les attentes et la confi ance dans son
médecin et son chirurgien. Toutes les études soulignent
le fait que cette décision devrait être mieux partagée
entre les médecins ou chirurgiens et les patients
(14)
.
Concernant cette décision partagée entre le patient et