En somme, les Romains ont jeté leur dévolu sur Lutèce en raison de sa position géographique
attractive. Située au carrefour de voies romaines et gauloises, celle-ci bénéficie d'un important réseau
fluvial, fer de lance d'un réseau commercial qui s'étendra bientôt jusqu'à l'Italie. Enfin, ses terres fertiles
permettent le déploiement de bâtiments monumentaux organisés selon une mise en scène placée au
service de son extraordinaire prospérité.
Au Ier siècle de notre ère, Lutèce s'articule autour de trois pôles : la rive droite, l'île de la Cité et
la rive gauche. C'est notamment sur cette dernière que s'élèvent les principaux édifices publics. Parmi
eux se trouve le forum de type italique et de forme rectangulaire, point cardinal de la ville et lieu des
décisions majeures, des rassemblements et des cérémonies religieuses. Il est composé de cinq parties
distinctes. A l'Est se trouve une basilique destinée aux réunions et à l'exercice de la Justice. A l'arrière se
niche probablement une curie. A l'Ouest s'élève vraisemblablement un temple destiné au culte impérial.
Le forum est en outre bâti sur deux niveaux : au rez de chaussée se trouvent principalement des
boutiques et des galeries à l'étage. Le temple et la basilique sont répartis autour d'une vaste esplanade à
laquelle on accède par deux portes situées chacune au milieu du forum. Il a sans doute été bâti au cours
de la deuxième moitié du Ier siècle de notre ère entre le règne de Claude (41-54) et celui de Vespasien
(69-79).
A ces bâtiments s'ajoutent des édifices de loisirs. En effet, Lutèce comporte un théâtre, un
amphithéâtre et des thermes publiques. Le théâtre lutécien date de la seconde moitié du 1er siècle de
notre ère. S'il est associé à des cérémonies religieuses, il a été aussi le lieu de représentations profanes.
Sur un plan architectural, il est constitué d'une conque de gradins scindés en cuneus à laquelle est
accolée une scène rectangulaire. Cette dernière est composée notamment d'un proscaenium. Le bâtiment
est de forme elliptique, semi-circulaire, doté d'une façade à deux niveaux : le parodos. Celui-ci est
équipé d'une cavea cernée par des vomitoires. Est associée à l'avant-scène une orchestra. Enfin, les
extrémités des caveas organisées en hémicycle sont délimitées chacune par un balteus, concomitant au
précinction.
L'amphithéâtre quant à lui a sans doute été construit avant la fin du 1er siècle puis il a été
abandonné courant du 4e siècle. Avec un grand axe sensiblement nord-sud de 130,50 m et un petit axe
voisin de 100 m, il figure parmi les plus grands monuments de ce type en Gaule. Mais à la différence
des autres amphithéâtres, sa particularité réside surtout dans ses gradins, interrompus vers l'est par un
imposant mur de scène constitué de 9 niches alternativement rectangulaires et demi-circulaires. Pour des
raisons évidentes de coûts, surtout pour une ville aussi modeste que Lutèce, il joue à la fois une fonction
de théâtre et d'amphithéâtre. Il a pu très bien accueillir des spectacles de gladiateurs ou de combats,
voire de courses de char mais aussi des pièces chantées. Sa capacité maximale s'élève à 17 000
individus. Son parodos est constituée de 41 baies à colonnes doriques engagées. Pour accéder à
l'intérieur du monument, les spectateurs empruntent deux vomitoires, longs de 39 mètres et larges de
5,80 mètres. L'intérieur de l'amphithéâtre comprend une arène de forme elliptique avec une scène
longue de 40 mètres. La première partie de celle-ci est occupée par un Frons Pulpiti qui permet de
gravir l'estrade du Proscaenium au dessus duquel domine la Frons Scaenae. La cavea comprend un
podium puis trois maeniana. Le bâtiment se trouve en outre à l'extérieur de la ville, selon les usages.
Les thermes témoignent en outre de la parfaite acculturation des Parisii. Ces bâtiments peuvent
occuper une fonction hygiénique ou thérapeutique. On relève à Lutèce trois ensembles thermaux, tous
édifiés sur la rive gauche. Du Nord au Sud ces établissements sont les thermes de Cluny, du Collège de
France et de la rue Gay-Lussac. Ce sont des lieux de divertissement qui font partie intégrante de l'aspect
monumental de toute cité. Si aucune preuve ne permet d'affirmer avec certitude la date de construction
des bâtiments de Cluny, les archéologues l'estiment au début du 2e siècle de notre ère. Ce monument
reste aujourd'hui incomplet. On peut toutefois imaginer une construction de plusieurs hectares s'étendant
entre l'actuelle rue des Ecoles, au sud et le boulevard Saint-Germain, au nord. Le baigneur emprunte
plusieurs salles. Dans un premier temps il s'échauffe dans la palestre, une aire située à l'extérieur et
destinée à la pratique d'une activité sportive. Ensuite il pénètre à mesure dans des pièces de plus en plus
chaudes soit le tepidarium – salle tiède – puis le caldarium – salle chaude. La chaleur se diffuse dans
ces pièces via un système de chauffage au sol par hypocauste. Au terme de son parcours il retourne au
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