Journal de la Société de Biologie Clinique du Bénin
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Journal de la Société de Biologie Clinique du Bénin, 2016 ; N° 024 ; 27-33
une fois l'ivresse dans leur vie et ceci concer-
nait plus les garçons (79,9%) que les filles
(57,7%). En France, Beek F et al [9], ont re-
trouvé que six jeunes sur dix ont déjà connu
l'ivresse, les garçons plus que les filles. L'âge
à la première ivresse est considéré comme un
facteur prédictif des problèmes d'alcool ulté-
rieurs. Selon les enquêtes de l’Institut de Re-
cherches scientifiques sur les Boissons (IReB)
en France [10], l'âge moyen de la première
ivresse était de 14,1 ans pour les garçons et
14,3 ans pour les filles. Ces valeurs en plus
d'être inquiétantes prouvent la difficulté des
sujets à respecter les limites à ces âges.
Com-Ruelle
Mode de consommation d'alcool
Sur l'échelle d'AUDIT et selon la Société Fran-
çaise d’Alcoologie, 75,4% de nos élèves
étaient non consommateurs, 12,1% étaient des
consommateurs sans risque, 5,2% étaient des
consommateurs à risque, 4,1% étaient des
consommateurs abusifs et 3,2% étaient des
consommateurs à risque de dépendance (cf.
Tableau n° I). L'enquête IReB [10] en France
selon une méthode similaire à la nôtre a re-
trouvé 32% de non consommateurs, 52% de
consommateurs sans problème, 12% de con-
sommateurs abusifs, 4% de consommateurs
dépendants ou présentant des risques de
l'être. Il faudra dès maintenant craindre à Pa-
rakou, d’en arriver là.
Facteurs associés à la consommation
d’alcool par les élèves à Parakou
Sexe, âge et religion
La prévalence de la consommation d'alcool est
plus élevée chez les élèves de sexe masculin
(25,7%) que chez leurs homologues féminins
(24,6%) sans une différence significative (p =
0,477 ; cf. Tableau n° II). Cette prédominance
masculine est constante à des degrés divers
selon plusieurs auteurs [1, 8, 10, 11]. La con-
sommation de boisson alcoolisée est liée au
goût du risque, à la recherche de sensation
forte et au besoin d'intégrer une bande qui
caractérise l'adolescent surtout de sexe mas-
culin. Si la consommation d'alcool s'accentue
avec l'âge chez le garçon en tant que caracté-
ristique de masculinité, elle est en revanche
estompée chez la fille parce que inappropriée
à son sexe.
L'âge moyen d'initiation à l'alcool des élèves
de Parakou était de 13,8 ans ± 3,3. Il était de
15 ans dans une étude de Yusko et al. [12]
portant sur des athlètes et des non athlètes et
de 14 ans à Viennes, Vénice, Berlin, Liverpool
et 15 ans à Lisbonne et Palma [13]. La nou-
velle génération commence à boire de plus en
plus tôt l'alcool vers l'âge de 12-13 ans, soit
dès le collège [14]. Cette précocité dans l'ini-
tiation à l'alcool peut s'expliquer par son ac-
cessibilité de plus en plus facile pour les
jeunes et aussi par son usage social à tous les
rassemblements de réjouissance voire de
deuil. Si cette consommation est précoce, il
faut noter qu'elle s’accroît aussi avec l'âge. De
3,7% avant 10 ans dans notre étude elle atteint
39,4% après l'âge de 20 ans. Elle passe pour
Laure et al. [15] de 77, 3 % avant 15 ans à
86,4 % entre 16 et 20 ans. Pour Dewit et al.
[16] au Canada, elle passe de 40 % à 12 ans à
84 % à 19 ans. L'accroissement de la préva-
lence avec l'âge serait relié au statut social de
l'adolescent pour lequel l'indépendance et les
relations avec les pairs sont une nécessité
structurante.
La consommation d'alcool par les élèves à
Parakou était significativement plus élevée
chez les animistes (52,4%) et les chrétiens
(29,4%) mais plus faible chez les musulmans
(17,7%). Au Bénin, la boisson alcoolisée appe-
lée sodabi est fortement utilisée dans de nom-
breux cultes animistes. L'islam de son côté
interdit la moindre consommation d'alcool.
Mitsunaga et al [17] avaient rapporté que la
consommation d'alcool était plus importante
chez les chrétiens que chez les musulmans.
.
Publicité des boissons alcoolisées, argent
de poche et consommation d’alcool
La publicité des boissons alcoolisées et le
montant de l'argent de poche reçu influen-
çaient significativement la consommation d'al-
cool chez les élèves (cf. Tableau n° III).
Les élèves qui avaient une allocation quoti-
dienne de 500 FCFA et plus étaient plus con-
sommateurs d'alcool. Moore et al. [18] avaient
noté dans leur étude aux Etats Unis
d’Amérique, que le mésusage de l'alcool était
associé à des revenus élevés. Diala C et al.
[19] avaient remarqué que les revenus assez
élevés protégeaient les sujets en milieu rural
contre le mésusage de l'alcool. Les élèves
domiciliés loin de leur école reçoivent une
allocation pour le transport et la nourriture
(petit déjeuner et déjeuner).
Certains élèves issus de parents aisés reçoi-
vent un montant plus élevé que nécessaire.
Seulement, à Parakou, les élèves qui fréquen-
taient les établissements privés consommaient
un peu moins (24,6%) que leurs homologues
(25,3%) des établissements publics. Au de-
meurant, donner beaucoup d'argent à un élève