CONVERGENCE DE ALGORITHME DE JACOBI-PERRON
1 Distance de Hilbert dans un cˆone convexe
efinition 1 Soit Eun espace vectoriel sur Ret Cun cˆone convexe saillant (ne contenant pas de
droite). Supposons que l’intersection de Cavec tout plan vectoriel soit un ferm´e de ce plan. Pour
xet y∈ C=C\{0}efinissons
β(x, y) = ½inf{t > 0 : tx y∈ C} si {t > 0 : tx y∈ C} 6=
+si {t > 0 : tx y∈ C} =
et
dC(x, y) = ln β(x, y)β(y, x).
dCs’appelle la distance de Hilbert du cˆone C.
Proposition 1 Avec les notations pr´ec´edentes on a :
1. tx y∈ C et sy x∈ C ts 1
2. pour tout x, y ∈ Ctels que β(x, y)<, on a β(x, y)>0et β(x, y)xy∈ C.
3. dC(x, y)[0,]pour tout x, y ∈ C.
4. dCv´erifie l’in´egalit´e triangulaire.
5. dC(x, y) = 0 ssi xet ysont colin´eaires.
6. Si C1⊂ C2alors x, y ∈ C
1, dC1(x, y)dC2(x, y).
emonstration. 1. txy∈ C et sy x∈ C s(tx y)+sy x∈ C stx x∈ C st 1.
2. Soit C0=C ∩(Rx+Ry). Par hypoth`ese C0est ferm´e. Donc l’ensemble {t0 : tx y∈ C0}est
un ferm´e de R+et admet donc un minimum t0. Si t0= 0 alors y∈ C0et comme Cest saillant on
ay= 0 ce qui contredit l’hypoth`ese y∈ C.
3. Soit x, y ∈ Ctels que β(x, y)<. D’apr`es 2, t0= min{t0 : tx y∈ C0}>0 et pour tout
ttel que ty x∈ C on a tt01, donc β(y, x)β(x, y)1 et dC(x, y)[0,].
Si β(y, x)<ou si β(x, y) = β(y, x) = on a de mˆeme β(x, y)β(y, x)1 et dC(x, y)[0,].
4. Soit x, y, z ∈ Ctels que dC(x, y) et dC(y, z)<. Il existe t, t0, s, s0>0 tels que tx y∈ C0
etc... . On a tx y∈ C et sy z∈ C donc stx sy +sy z∈ C par passage `a ”l’inf” on en d´eduit
β(x, z)β(x, y)β(y, z) et l’in´egalit´e triangulaire en r´esulte.
5. On voit facilement que si xet ysont colin´eaires alors dC(x, y) = 0. Supposons xet y
ind´ependants. Pla¸cons nous dans le plan Pengendr´e par x, y. L’intersection C0de Cavec ce
plan est ferm´e et Cest saillant donc il existe une forme lin´eaire lsur Ptelle que C0∗ ⊂ {l > 0}.
Soit tet stels que t= min{t0 : tx y∈ C0}et s= min{s0 : sy x∈ C0}. Comme xet
ysont ind´ependants on a tx yet sy x∈ Cdonc l(tx y) et l(sy x)>0. Par cons´equent
t > l(y)
l(x)et s > l(x)
l(y)d’o`u st > 1 et dC(x, y)>0.
6. Evident. ¤
Th´eor`eme 1 Soit E1et E2deux espaces vectoriels sur R,C1un cˆone convexe de E1,C2un cˆone
convexe de E2, et Lune application lin´eaire de E1dans E2tel que L(C
1)⊂ C
2. Supposons que C1
et C2v´erifient les hypoth`eses de la d´efinition 1. Appelons le diam`etre de L(C
1)dans C
2muni de
la distance de Hilbert dC2. Si <+alors
x, y ∈ C
1, dC2(L(x), L(y)) tanh
4dC1(x, y).
emonstration. Soit xet y∈ C
1et t, t0>0 tels que z=tx yet z0=t0yx∈ C1. Comme
<+, d’apr`es le 2de la proposition il existe s, s0>0 tels que
sL(z)L(z0) , s0L(z0)L(z)∈ C
2et ln ss0=dC2(L(z), L(z0)) .
En revenant `a L(x) et L(y) on trouve
(st + 1)L(x)(s+t0)L(y)∈ C
2et
(s0t0+ 1)L(y)(s0+t)L(x)∈ C
2,
1
d’o`u
dC2(L(x), L(y)) ln µst + 1
s+t0×s0t0+ 1
s0+t= ln µss0tt0+γ
ss0+γ×1 + γ
tt0+γ.
avec γ=s0t0>0. Posons α=ss0,
pour u > 0, f(r) = ln(αu +γ
α+γ×1 + γ
u+γ)
et
pour vR,g(v) = fexp v
Avec u= exp von a
g0(v) = u×Ãα
α+γ
αu+γ
α+γ
1
1+γ
u+γ
1+γ!=αu
αu +γu
u+γ
=αu(u+γ)u(αu +γ)
(αu +γ)(u+γ)=(α1)
(α+ 1) + γ2+αu2
=(α1)(α+ 1)
α+1+ γ
u+αu
γ
=(α1)(α+ 1)
(α+ 1)22α+γ
u+αu
γ
Comme α=ss01 et
2α+γ
u+αu
γ= (rαu
γrγ
u)20,
on a
g0(v)(α1)(α+ 1)
(α+ 1)2=α1
α+ 1
=ss01
ss0+ 1 =exp 1
2ln ss01
exp 1
2ln ss0+ 1 = tanh 1
4ln ss0tanh 1
4.
En remarquant que g(0) = 0 on en d´eduit que
dC2(L(x), L(y)) g(ln tt0)tan 1
4×ln tt0
et en passant `a l’inf on obtient
dC2(L(x), L(y)) tan 1
4×dC1(x, y).¤
Lemme 1 Soit Eun espace vectoriel de dimension finie sur Ret x1,x2deux ´el´ements ind´ependants
de E. Consid´erons le cˆone C=R+x1+R+x2. Soit a1,a2,b1et b2R+,y=a1x1+a2x2et
z=b1x1+b2x2. Alors
dC(y, z)4×max{|a1b1|,|a2b2|}
min{a1, b1, a2, b2}.
D´emonstration. On a ty z∈ C ssi ta1b1et ta2b20donc β(y, z) = max{b1
a1,b2
a2}. De
eme β(z, y) = max{a1
b1,a2
b2}. Donc
dC(y, z) = ln max{b1
a1
,b2
a2}+ ln max{a1
b1
,a2
b2}
¯¯¯¯
max{b1
a1
,b2
a2} − 1¯¯¯¯
+¯¯¯¯
max{a1
b1
,a2
b2} − 1¯¯¯¯
¯¯¯¯
b1
a11¯¯¯¯
+¯¯¯¯
b2
a21¯¯¯¯
+¯¯¯¯
a1
b11¯¯¯¯
+¯¯¯¯
a2
b21¯¯¯¯
.¤
Th´eor`eme 2 Soit Eun espace vectoriel de dimension finie sur R,Cun cˆone v´erifiant les hy-
poth`eses de la d´efinition 1 et Hun hyperplan de Ene contenant pas 0. Munissons Hde sa
topologie usuelle. Si Kest un compact inclus dans l’int´erieur de H∩ C alors la topologie induite
par la distance de Hilbert et la topologie usuelle sont ´equivalente sur K.
2
emonstration. 1. Munissons Hd’une norme k.k. Par compacit´e, la distance dpour la
norme k.k, de K`a H\C est >0. Soit yet zdeux points distincts de Ket Dla droite les contenant.
Il existe deux points x1et x2 D ∩ C tels que y, z [x1, x2] et d({y, z},{x1, x2})1
2d. Soit
a, b [0,1] tels que y= (1 a)x1+ax2et z= (1 b)x1+bx2. On a
d
2≤ kyx1k=ka(x2x1)k
donc ad
2kx2x1kde mˆeme 1 a,bet 1 bd
2kx2x1k. D’apr`es le lemme pr´ec´edent, on a alors
dC(x, y)4×2kx2x1k
d|ab|.
Or kyzk=k(1 a)x1+ax2(1 b)x1bx2k=|ba|kx1x2kdonc
dC(x, y)8
dkyzk.
2. D’apr`es ce qui pr´ec`ede l’application identique de (K, kk) dans (K, dC) est continue. Comme la
topologie induite par dCsur Hest s´epar´ee, l’application identique de (K, kk) dans (K, dC) est un
hom´eomorphisme. ¤
2 Convergence de l’algorithme de Jacobi-Perron
Th´eor`eme 3 Pour tout xBon a limn→∞ ψk(x)ψk(T x)... ψk(Tnx)(0) = x.
Notations. 1. Pour chaque kNdappelons ukl’application lin´eaire de Rd+1 dans lui mˆeme
de matrice dans la base canonique
P(k) =
0··· ··· 0 1
1 0 ··· 0k1
0.......
.
..
.
.
.
.
.......0kd1
0··· 0 1 kd
.
2. Pour une partie Ade Rd, appelons C(A) le cˆone de Rd+1 de sommet 0 et de base A× {1},
c-a-d
C(A) = {t(x, 1) : tR+et xA}.
3. Appelons Id={(k1, ..., kd)Nd:kd1 et kdmaxi<d ki}.
Lemme 2 Il existe un ouvert born´e convexe Dde Rdcontenant [0,1]det un compact KDtel
que pour tout kIdon ait ψk(D)K.
emonstration. Posons D={xRd:xi]2d+i2,3i[, i = 1, ..., d}. Soit xD,kId
et
y=ψk(x)=( 1
xd+kd
,x1+k1
xd+kd
, ..., xd1+kd1
xd+kd
).
On a
0y11
1222<3
et pour i2,
yi2d+i3
122≥ −4
3×2d+i3=2
3×2d+i2>2d+i2,
yi3i1+ki1
22+kd3i1+kd
22+kd3i1+ 1
22+ 1 <3i.
3
En posant
K={zRd:zi[2d+i2,3i1+ 1
22+ 1] pour i > 1 et z1[0,2]}
on voit que Kest un compact inclus dans Dcontenant ψk(D). ¤
emonstration du th´eor`eme.
D’apr`es le lemme, pour chaque kIdon a uk(C(D)) ⊂ C(K). Appelons dla distance de Hilbert du
one C(D). Comme Kest compact le diam`etre ∆ de C(K) pour la distance de Hilbert est fini. Par
cons´equent chaque ukest une contraction pour la distance de Hilbert de rapport λ= tanh
4<1.
On en d´eduit que pour tout xBon a
d((ψk(x)ψk(T x)... ψk(Tnx)(0),1),(ψk(x)ψk(T x)... ψk(Tnx)(Tnx),1)) λndiamC([0,1]d),
donc
d((ψk(x)ψk(T x)... ψk(Tnx)(0),1),(x, 1) λndiamC([0,1]d).
Et comme la distance de Hilbert est ´equivalente sur K×{1}`a la distance usuelle on en d´eduit que
lim
n→∞ ψk(x)ψk(T x)... ψk(Tnx)(0) = x. ¤
Corollaire 1 de la d´emonstration. Soit (k(n))n1une suite admissible. Alors le diam`etre pour
la distance usuelle de B(k(1), ..., k(n))tend vers 0quand n→ ∞.
3 Suite admissibles
Proposition 2 Soit (k(m))m1une suite admissible pour l’algorithme de Jacobi-Perron, c-a-d une
suite d’´el´ements de Idtels qu’il existe xBavec k(m)=k(Tm1x). Alors elle v´erifie la propri´et´e
suivante :
()
S’il existe i∈ {1, ..., d 1},s∈ {0, ..., i 1}et n1tels que
k(n)
i=k(n)
d, ..., k(n+s)
is=k(n+s)
dsalors
k(n+s+1)
is1k(n+s+1)
ds1si is11et k(n+s+s)
ds11si is= 1.
Remarque. Dans le cas d= 2, la condition () signifie simplement que k(n)
1=k(n)
2k(n+1)
1
1.
emonstration. On peut supposer que n= 1. En effet, si k(m)=k(Tm1x) alors la suite
k(m+n1) =k(Tm1y) avec y=Tn1x, est admissible.
Posons Ci,j ={xB:xixj}.
Lemme 3 Soit kIdet i∈ {1, ..., d 1}. Si kd=kialors T B(k) =Ci,d.
Dem. kd=ki[1
x1] = [xi+1
x1] pour xB(k), donc 1
x1kdxi+1
xdkiet (T x)d(T x)i.¤
Lemme 4 Soit j∈ {2, ..., d}et xC1,j . Alors kj1(x)1.
Dem. xjx1kj1(x) = [ xj
x1]1. ¤
Lemme 5 Soit i∈ {1, ..., d1},s∈ {0, ..., i1}et k(1), ..., k(s+1) Id.. Si k(1)
i=k(1)
d, ..., k(s+1)
is=
k(s+1)
dsalors
Ts+1B(k(1), ..., k(s+1))Cis,ds.
Dem. Faisons une r´ecurrence sur s. Pour s= 0 il s’agit du premier lemme.
Passage de s1 `a s:
Soit xB(k(1), ..., k(s)). Par hypoth`ese de r´ecurrence on a y=TsxCis+1,ds+1 et par
d´efinition des cylindres yB(k(s+1)). Comme k(s+1)
is=k(s+1)
dset yis+1 yds+1, on a (T y)is=
yis+1
y1k(s+1)
is(T y)ds=yds+1
y1k(s+1)
dset donc Ts+1x=T y Cis,ds.¤
Fin de la d´emonstration de la proposition. Soit xBtel que k(m)=k(Tm1x). Si
k(1)
i=k(1)
d, ..., k(s+1)
is=k(s+1)
dsalors d’apr`es le lemme pr´ec´edent on Ts+1xCis,ds.
4
Si is= 1 alors d’apr`es le lemme 3, k(s+2)
ds1=kds1(Ts+1x)1.
Si is2, alors par efinition de Cis,dson a k(Ts+1x)is1k(Ts+1x)ds1et donc
k(s+2)
isk(s+2)
ds.¤
Notre but est de d´emontrer la r´eciproque de la proposition pr´ec´edente. Pour cela nous avons
besoin d’un r´esultat interm´ediaire dont la d´emonstration est ´el´ementaire mais assez p´enible. Nous
ferons la d´emonstration uniquement en dimension d= 2.
Lemme 6 Soit (k(n))n1une suite de Iderifiant la condition (). Notons
An=P(k(1))...P (k(n)).
Alors pour tout n1, la matrice Anest positive, sa derni`ere ligne est plus grande que les autres
d`es que ndet strictement plus grande que les autres d`es que n2d+ 1.
emonstration. Comme les matrices P(k) sont `a coefficients positifs les matrices Ansont
aussi `a coefficients positifs. D’autre part, la forme des matrices P(k) montre que les dpremi`eres
colonnes de An+1 =AnP(k(n+1)) sont les dderni`eres colonnes de la matrice An. Les dpremi`eres
colonnes de P(k(1)) sont les vecteurs e2, ..., ed+1 de la base canonique.. Appelons ed+1+nle dernier
vecteur colonne de la matrice An. D’apr`es ce qui pr´ec`ede nous avons An= (en+1, ..., en+d+1). Ces
vecteurs v´erifient la relation de r´ecurrence pour n1,
en+d+1 =en+
d
X
i=1
k(n)
ien+i.
Montrons d’abord grˆace `a cette relation que la derni`ere ligne de Anest sup´erieure ou ´egale aux
autres pour ndpuis que la derni`ere ligne de Anest strictement sup´erieure aux autres pour
n2d+ 1. Cette relation de r´ecurrence montre que si la derni`ere coordonn´ee de chacun des
vecteurs en, ..., en+dest plus grande que les autres coordonn´ees alors le mˆeme r´esultat est vrai
pour en+d+1 et ainsi de suite pour en+d+2, ... . Supposons maintenant que d= 2 et examinons les
vecteurs e3, e4et e5. On a
e3=
0
0
1
, e4=
1
k(1)
1
k(1)
2
,
la propri´et´e est donc vraie pour e3et e4. D’apr`es la relation de r´ecurrence
e5=e2+k(2)
1e3+k(2)
2e4
=
0
1
0
+k(2)
1
0
0
1
+k(2)
2
1
k(1)
1
k(1)
2
=
k(2)
2
1 + k(2)
2k(1)
1
k(2)
1+k(2)
2k(1)
2
.
Comme les k(n)Id, la derni`ere coordonn´ee de e5est plus grande que la premi`ere.
- Si k(1)
2> k(1)
1alors k(2)
1+k(2)
2k(1)
21 + k(2)
2k(1)
1car k(2)
21.
- Si k(1)
2=k(1)
1alors d’apr`es () on a k(2)
11 et donc k(2)
1+k(2)
2k(1)
21 + k(2)
2k(1)
1.
Ceci montre que la derni`ere coordonn´ee de e5est sup´erieure `a la deuxi`eme coordonn´ee de e5.
Montrons l’in´egalit´e stricte en revenant au cas dquelconque. Consid´erons le vecteurs e2d+2. On a
e2d+2 =en+d+1 avec n=d+ 1 donc
e2d+2 =ed+1 +
d
X
i=1
k(d+1)
ied+1+i.
Or la derni`ere coordonn´ees de ed+1 est strictement plus grande que les autres, donc il en est de
mˆeme pour e2d+2. On a alors
e2d+3 =ed+2 +
d
X
i=1
k(d+2)
ied+2+i=ed+2 +
d1
X
i=1
k(d+2)
ied+2+i+k(d+2)
de2d+2,
5
1 / 8 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !