une candidate pour la vie

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MONDE
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«UNE
CANDIDATE
POUR
LA VIE»
Kepler 186f, telle que la représente
ici la NASA, se trouve
en «zone habitable», c’est­à­dire
à une distance jugée bonne de son soleil.
ASTRONOMIE Une exoplanète de taille
similaire à la Terre a été découverte.
Elle pourrait abriter de l’eau à l’état liquide,
donc de la vie! Explications d’une scientifique.
nfin de la famille! Voici
qu’une équipe internationale d’astronomes vient de
débusquer une cousine de notre
bonne vieille Terre, à 490 années-lumière de notre Soleil, soit
4,6 millions de milliards de kilomètres. Hors de portée donc. Et
pourtant Kepler 186f, du nom peu
convivial dont elle a été affublée,
est un immense espoir pour les
scientifiques à la recherche de vie
extraterrestre.
«Lorsque j’ai pris connaissance
de cette nouvelle, le scepticisme a
d’abord prévalu, explique Daria
Lopez-Alegria, directrice de la société de consulting S2B | Space
Bridges Science Bridges à Genève.
Car le monde scientifique fait des
découvertes quotidiennes qui ne
sont pas toutes significatives.
Mais, à y regarder de plus près,
celle-ci en est une et c’est génial!»
E
Plan de quartier de l’univers
Voici pourquoi: l’exoplanète (hors
de notre système solaire) Kepler
186f se trouve en «zone habitable». Cela signifie que, dans le
plan de quartier de l’univers, elle
tourne en orbite à bonne distance
de son soleil, lequel est une étoile
naine plus petite et moins chaude
que la nôtre. Quoi qu’il en soit,
question pression et températures, l’eau pourrait donc y exister.
Sa taille ensuite: un peu plus
grande que la Terre (10% de plus),
ses chances d’être rocheuse sont
grandes, contrairement aux grosses planètes, gazeuses. «Trop
d’éloignement et ça pourrait être
un caillou mort, trop de proximité
et l’eau s’évapore», précise Daria
Lopez-Alegria.
Aucune des quelque 1800 exoplanètes découvertes à ce jour – la
première l’ayant été par des
scientifiques de l’Observatoire de
l’Université de Genève en 1995 –
ne possédait ces conditions sine
qua non à l’émergence de la vie.
«Disons que c’est une candidate
sérieuse quant à abriter des conditions pour la vie, poursuit la
scientifique. Je présume que tous
les chasseurs de planètes vont
maintenant se concentrer sur cet
objet.»
490
C’est le nombre d’années­lumière
qui nous séparent de la cousine. Soit
4,6 millions de milliards de kilomètres.
Comment vont-ils procéder à
pareille distance? En cherchant,
aussi loin que les spectromètres
portent leur regard, une signature
dans l’Univers. La signature chimique potentiellement laissée par
d’éventuelles molécules d’eau
dans l’atmosphère, si atmosphère
il y a. «L’univers est si vaste que je
suis convaincue qu’il recèle
d’autres formes de vie, estime Daria Lopez-Alegria. On ne sait pas
des milliards de planètes similaires à la nôtre sont en orbite autour
de soleils identiques au nôtre dans
notre galaxie, la Voie lactée.
De toute évidence, vu la distance
qui nous en sépare, ce n’est pas làbas que les Terriens commenceront de coloniser l’espace. Pour y
aller, nous y perdrions l’éternité:
8,69 millions d’années…
● LAURE LUGON ZUGRAVU
[email protected]
les chasseurs
g Tous
de planètes vont
se concentrer
sur Kepler 186f»
Daria Lopez­Alegria directrice de S2B |
Space Bridges Science Bridges à Genève
encore si Kepler 186f comblera
cet espoir, mais c’est une
option intéressante.» Le
télescope spatial Kepler a
déjà scruté près de
150 000 étoiles et les astronomes estiment que
Christian Bonzon
AFP/T. Pyle
SAMEDI 19 AVRIL 2014 LE MATIN
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