Chapitre 1
Bases, matrices
On fixe un corps K.
1◦Base d’un espace vectoriel
a) Base d’un espace vectoriel. Rappelons qu’une base B= (ej)j∈Id’un espace vectoriel E
est une famille libre et g´en´eratrice. En d’autres termes, tout vecteur v∈Epeut s’´ecrire de fa¸con
unique comme combinaison lin´eaire des vecteurs de B, c’est-`a-dire sous la forme v=Pj∈Ixjej,
o`u les xj(j∈J) sont des scalaires tous nuls sauf un nombre fini.
Commen¸cons par quelques ´evidences :
Proposition Toute famille libre maximale est g´en´eratrice. Toute famille g´en´eratrice mini-
male est libre.
Ici, la maximalit´e ou la minimalit´e se rapporte `a l’inclusion.
On montre la premi`ere assertion par l’absurde, en ajoutant un vecteur qui ne serait pas engendr´e
pour obtenir une famille libre plus grande. Quant `a la deuxi`eme, on la montre en supprimant
un vecteur qui aurait un coefficient non nul dans une combinaison lin´eaire nulle. (D´etailler.)
L’existence de bases en d´ecoule : par exemple, on part d’une famille g´en´eratrice (l’espace entier
s’il le faut !) et on en extrait une sous-famille g´en´eratrice minimale. En passant, on a tacitement
mais lourdement utilis´e l’axiome du choix. On peut ˆetre plus pr´ecis :
Th´eor`eme (de la base incompl`ete) Soit Lune famille libre et Gune famille g´en´eratrice
de Econtenant L. Alors il existe une base Bde Etelle que L ⊂ B ⊂ G.
Preuve. Soit Ll’ensemble des familles de vecteurs Fqui sont libres et v´erifient L ⊂ F ⊂ G.
Cet ensemble n’est pas vide car il contient L.
[Il est inductivement ordonn´e par l’inclusion : si (Fn)n∈Nest une suite croissante dans L, la
r´eunion Sn∈NFnest un ´el´ement de Lqui majore les Fn. Le lemme de Zorn s’applique donc.]
Soit Bun ´el´ement maximal de L. C’est donc une famille libre. S’il existait un ´el´ement v∈ G,
v /∈Vect(B), alors B ∪ {v}serait libre (v´erifier), ce qui contredit la maximalit´e de B. Ainsi, B
est une base.2
Corollaire Tout sous-espace poss`ede un suppl´ementaire.
Preuve. Fixons une base du sous-espace de d´epart. C’est une famille libre de l’espace entier,
que l’on compl`ete en une base. Le sous-espace engendr´e par les vecteurs que l’on a ajout´es est
un suppl´ementaire de notre sous-espace. (V´erifier.) 2
Th´eor`eme Deux bases d’un espace vectoriel ont toujours le mˆeme cardinal.
Preuve. On ne donne la preuve que dans le cas o`u une des bases est finie. Il suffit de montrer
que si (e1,...,em) est une base de Eet si (f1,...,fn) est libre avec n≥m, alors n=m.
On modifie la base petit `a petit. Pour commencer, on sait que f1est une combinaison lin´eaire
des (ei)i=1,...,m, disons : f1=a1e1+···+amem. L’un des coefficients ain’est pas nul, sans
quoi on aurait f1= 0. Quitte `a renum´eroter les ei, on peut supposer que a16= 0. Il est facile
de v´erifier que B1= (f1, e2,...,em) est une nouvelle base.
Supposons savoir que (f1,...,fk, ek+1,...,em) est une base pour 1 ≤k≤n. Montrons qu’apr`es
avoir renum´erot´e les ei(i≥k+ 1) si n´ecessaire, (f1,...,fk+1, ek+2,...,em) est une base.
Par l’hypoth`ese de r´ecurrence, fk+1 est combinaison lin´eaire des vecteurs de la base : fk+1 =
c1f1+···+ckfk+ck+1 fk+1 +···+cmem. L’un des scalaires ck+1,...,cmn’est pas nul, sans
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