dans une étude réalisée avec des groupes en Chine, ont pu répliquer le lien entre le niveau de
réflexivité tâche et l’innovation. Schippers et al. (2003) ont trouvé un lien entre la réflexivité et
l’autoévaluation de la performance des membres du groupe, même après avoir contrôlé pour
les effets de la diversité au sein du groupe, de l’interdépendance des tâches, ainsi que de la
longévité du groupe. Une autre étude réalisée en Chine (Tjosvold et al., 2003) a trouvé,
d’une part, un lien entre le niveau de réflexivité tâche et la performance, et d’autre part, une
augmentation des comportements de citoyenneté organisationnelle (Organ, 1997). Gurtner et
al. (à paraître) ont montré dans une étude expérimentale que la réflexivité, dans des groupes
hiérarchiques, augmente le nombre de stratégies suggérées par le supérieur ainsi que l’implé-
mentation des stratégies par les subordonnées. Ils ont pu établir que ces processus médiatisent
le lien entre réflexivité et performance.
Pourtant, le lien entre réflexivité et performance n’est pas assuré pour tous les types de
groupes dans toutes les circonstances. De Dreu (2002) a montré que seuls les groupes ayant
un niveau de réflexivité tâche élevé ont pu tirer profit d’une minorité divergente pour augmen-
ter leur innovation et leur efficacité. Gevers et al. (2001) ont montré, dans une étude quasi
expérimentale, que la réflexivité influence la performance plutôt dans la phase d’exécution de
la tâche que dans la phase d’orientation.
En somme, les études empiriques concernant la réflexivité suggèrent que les groupes plus
réflexifs développent des stratégies plus adaptées et une performance supérieure par rapport
aux groupes ayant un faible niveau de réflexivité.
4. Mesurer la réflexivité : l’échelle de Carter et West (1998)
Pour mesurer le niveau de réflexivité des groupes, Carter et West (1998) ont développé un
questionnaire de réflexivité, comprenant deux échelles de huit items chacune. Les 16 items
comprenant l’échelle de réflexivité se trouvent dans le Tableau 1.L’analyse factorielle sur
l’ensemble de l’échelle a confirmé une structure à deux facteurs correspondant aux items
concernant la réflexivité sociale et la réflexivité tâche (Carter et West, 1998). Les auteurs
reportent la consistance interne de ces échelles avec des alpha de Cronbach entre 0,78 et
0,94, sans indiquer de détails. Pour l’échelle de réflexivité tâche, Tjosvold et al., 2004 indi-
quent un alpha de Cronbach de 0,88 ; Gevers et al. (2001) un alpha de 0,82 et 0,78, De Dreu
(2002) un alpha de 0,75.
La validation de l’échelle de réflexivité en français a plusieurs objectifs :
●le premier objectif est de voir si la structure factorielle de l’étude originale peut être répli-
quée dans la version française. Nous attendons une structure à deux facteurs : réflexivité
tâche et réflexivité sociale. Pour atteindre cet objectif, plusieurs structures factorielles ont
été comparées en utilisant plusieurs modèles d’équation structurés.
●Le lien entre réflexivité et performance a été confirmé dans plusieurs études. Pour tester la
validité concourante, nous avons inclus des mesures d’autoévaluation de la performance du
groupe et de la performance individuelle. Nous attendons un lien positif entre le niveau de
réflexivité et la performance du groupe (Carter et West, 1998 ;De Dreu, 2002 ;Gevers et
al., 2001 ;Gurtner, 2003 ;Schippers et al., 2003 ;Tjosvold et al., 2003, 2004). La perfor-
mance individuelle pouvant également corréler avec la performance du groupe, un lien
entre réflexivité et performance individuelle peut aussi être attendu. Toutefois, ce lien
devrait être moins fort que le lien entre performance de groupe et réflexivité.
S. Facchin et al. / Psychologie du travail et des organisations 12 (2006) 291–306 295