remplacé par l’énalapril, un inhibiteur
de l’enzyme de conversion de l’an-
giotensine. Le diurétique hydrochlo-
rothiazide était prescrit en traitement de
troisième intention. Parmi les patients
dont le profil complet de la fonction
cognitive était connu, 21 des 1 180
patients du groupe placebo ont reçu un
diagnostic de démence, comparative-
ment à 11 des 1 238 patients du groupe
de traitement après une médiane de
suivi de deux ans (p = 0,05). Ces résul-
tats thérapeutiques sont probants, mais
ils n’ont pas encore été reproduits.
Dans les études précédentes sur le
traitement de l’hypertension systolique,
les chercheurs avaient tendance à ne
pas mesurer la fonction cognitive avec
suffisamment de précision pour pouvoir
démontrer un effet thérapeutique.
Par ailleurs, deux études récentes
menées dans la population ont produit
des résultats contradictoires. Guo et ses
collègues7ont mené une étude en
Suède, auprès de patients âgés de 75
ans et plus, et ils ont démontré que le
traitement par les diurétiques avait pro-
duit un effet protecteur contre le déclin
cognitif chez les patients hypertendus.
À l’opposé, dans l’étude canadienne
sur la santé et le vieillissement,
Maxwell et ses collègues8ont montré
que le risque de déficit cognitif avait
augmenté chez les personnes âgées
traitées avec des antagonistes du cal-
cium. Lorsqu’on tient compte de tous
ces résultats d’études, il semble que le
traitement antihypertensif soit bien
toléré chez les patients âgés qui présen-
tent une hypertension systolique, mais
dont la fonction cognitive est bonne et
qui sont par ailleurs en bonne santé
(c’est-à-dire qui ressemblent le plus
aux patients de l’étude SYST-EUR).
Chez ces patients, le traitement con-
tribuera probablement à diminuer le
risque de crise cardiaque, d’AVC ou de
démence. Quant aux bienfaits du traite-
ment chez les patients hypertendus âgés
atteints de plusieurs maladies ou
présentant un léger déficit cognitif, ils
ne sont pas connus de façon certaine, et
la fonction cognitive doit être surveillée
étroitement dans leur cas. En général, il
est déconseillé d’abaisser énergique-
ment la tension artérielle systolique
chez ces patients. Même si les autres
facteurs de risque vasculaire semblent
jouer un rôle important et même si la
maîtrise de ces facteurs de risque sem-
ble reliée à une diminution de l’inci-
dence des AVC, aucune étude n’a
encore démontré qu’une telle interven-
tion diminue l’incidence de la
démence. Il faudrait peut-être mener
des études de plus grande envergure
avec une définition plus précise des
indicateurs ; il se pourrait aussi que les
AVC et la démence vasculaire soient
induits par des mécanismes différents.
Le traitement plus spécifique de la
démence mixte est axé sur la MA. Bien
qu’aucune étude distincte n’ait été
menée sur la démence mixte, dans la
plupart des études sur la MA réalisées
jusqu’à maintenant, les chercheurs
avaient admis des patients ayant subi des
infarctus sous-corticaux ou lacunaires
occasionnels ou présentant des altéra-
tions bénignes de la matière blanche.
Compte tenu de ces résultats de
recherche et du faible nombre d’options
thérapeutiques, je choisis en général de
prescrire un traitement d’essai par le
donépézil, le seul médicament approuvé
pour le traitement de la MA au Canada.
Conclusion
Nous avons beaucoup à apprendre de
l’étude du syndrome de la démence
mixte, tant au sujet des mécanismes
pathologiques que des difficultés du
diagnostic. L’expérience accumulée
au cours des quelques années qui
viennent sera peut-être aussi riche
d’enseignement que l’expérience
passée.
10 • La revue canadienne de la maladie d’Alzheimer • Février 2000
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Calcium-channel blockers and cognitive
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Aging. CMAJ 1999; 161:501-6.
Quant aux bienfaits du traitement chez les patients
hypertendus âgés atteints de plusieurs maladies ou
présentant un léger déficit cognitif, ils ne sont pas
connus de façon certaine, et la fonction cognitive doit
être surveillée étroitement dans leur cas.