2
2. Groupes ab´
eliens libres de type fini
On dit qu’un groupe ab´elien Gest libre de type fini s’il
existe un entier naturel rtel que Gest isomorphe `a Zr.
Exemple 2.1. Le groupe Zr. Pour jde 1 `a r, on note
ejl’´el´ement dont la j-`eme coordonn´ee vaut 1 et les autres
0. V´erifier que tout ´el´ement xde Zra une ´ecriture unique
x=
r
X
i=1
xiei.
Le syst`eme (e1, . . . , er) est donc un syst`eme g´en´erateur.
Il est aussi Z-libre au sens suivant : si 0 = Pr
i=1 xieialors
tous les xisont nuls. On l’appelle Z-base canonique de
Zr.
Attention ! L’analogie avec les notions correspondantes
de la cat´egorie des espaces vectoriels a ses limites. Par
exemple :
– Montrer que (2,3) est une partie g´en´eratrice de Z.
Quels sont les syst`emes libres qu’elle contient ?
– Montrer que tout syst`eme libre extrait de (2,3) n’en-
gendre pas Zet en d´eduire que l’analogue du th´eor`eme
de la base incompl`ete est faux pour les groupes libres.
Un morphisme de groupes de Zrdans Zsest Z-lin´eaire.
Il est d´etermin´e par sa matrice (`a coefficients entiers)
dans les bases canoniques de Zret Zs.
Exercice 3.ISoit Gun groupe ab´elien de type fini.
Montrer que de tout syst`eme g´en´erateur, on peut ex-
traire un syst`eme Z-libre maximal, ´eventuellement vide
(voir 3.8 pour la suite).
Que se passe-t-il lorsque Gest fini ?
Si G=Zr, montrer qu’un syst`eme libre maximal a r
´el´ements. Donner un exemple o`u un tel syst`eme libre
maximal ne se compl`ete pas en une base de G.J
Exercice 4.IOn donne deux vecteurs (a, b) et (c, d)
dans Z2. On d´esigne par Lle sous-groupe qu’ils en-
gendrent.
Montrer que L=Z2si et seulement si |ad −bc|= 1.
Montrer que si (a0, b0),(c0, d0) est une autre Z-base de
L, alors |ad −bc|=|a0d0−c0d0|. G´en´eraliser les ´enonc´es
pr´ec´edents aux sous-groupes de Zr.J
Exercice 5.IOn consid`ere le sous-ensemble de R
A:= {a+b√2 + c√3|a, b, c ∈Z}.
Montrer que c’est un groupe libre. J
Exercice 6.IOn consid`ere le sous-ensemble de C
(entiers de Gauss)
Z[i] := {a+ib |a, b ∈Z}.
Montrer que c’est un groupe libre. J
Proposition 2.2. Soient ret sdeux entiers naturels.
Les deux groupes Zret Zssont isomorphes si et seule-
ment si r=s.
D´emonstration. Supposons qu’il existe un morphisme in-
jectif de groupes
ϕ:Zr−→ Zs,
que l’on peut prolonger en un morphisme injectif, not´e
eϕ, de Zrdans Qs. Consid´erons dans l’espace vectoriel
Qsune relation lin´eaire `a coefficients rationnels
r
X
j=1
λjeϕ(ej) = 0.
entre les images eϕ(e1), . . . , eϕ(er) des ´el´ements de la Z-
base canonique de Zr.
En multipliant les rationnels λjpar un d´enominateur
commun don obtient un ´el´ement Pjdλjejdans Zrdont
l’image par eϕ, donc par ϕest nulle. Comme ϕest injec-
tive, c’est que Pjdλjejest nul dans Zr. On en conclut
que les dλj, 1 ≤j≤rsont tous nuls.
La famille ( eϕ(e1), . . . , eϕ(er)) est libre dans Qs. Il s’ensuit
que r≤s.
Si Zret Zssont isomorphes, on a donc r=s.
Si Lest libre de type fini, il existe donc un unique entier
naturel rtel que Lest isomorphe `a Zr. On l’appelle le
rang de L. Un syst`eme de g´en´erateurs de Lcomportant
r´el´ements est appel´e une Z-base de L.Attention ! la
notion de Z-base n’a de sens que pour un groupe libre.
Un produit de deux groupes libres de rangs respectifs r
et sest libre de rang r+s.
Exercice 7.IReprendre la d´emonstration de la pro-
position 2.2 et montrer que pour un morphisme ϕinjectif
(resp. surjectif) de Zrdans Zs, alors le rang de la ma-
trice Ade ϕdans les Z-bases canoniques est r(resp. s)
et que r≤s(resp. r≥s).
Lorsque r=s, montrer que le morphisme ϕest injectif
(resp. bijectif) si et seulement si le d´eterminant de sa ma-
trice Aest non nul (resp. inversible dans Z). En d´eduire
que le groupe des matrices inversibles dans Mr(Z) est
l’ensemble des matrices de d´eterminant 1 ou -1. On le
note GL(n, Z). J
Th´eor`eme 2.3. Un sous-groupe d’un groupe libre de
rang rest libre. Son rang sest au plus ´egal `a r.
Exemple 2.4. Les sous groupes de Zsont les ensem-
bles nZ,n∈N. Ils sont de rang 1, sauf 0, de rang 0. On
voit donc qu’il peut exister un sous groupe, distinct du
groupe, de mˆeme rang que le groupe (comparer avec les
espaces vectoriels et leur dimension).
D´emonstration. Consid´erons un groupe libre Lde rang
r, une Z-base B= (e1, . . . , er) de Let un sous-groupe
Mde L. Pour jde 1 `a r, on d´esigne par Ljle sous-
groupe libre de Lengendr´e par (e1, . . . , ej) et par Mjle
sous-groupe de Ljintersection de Met Lj.
La d´emonstration se fait par r´ecurrence sur r. Pour r= 0
il n’y a rien `a prouver. (Pour r= 1 on part d’un groupe