infection à CMV

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8-052-C-10
Infections à cytomégalovirus
M.-C. Mazeron, S. Alain, M. Leruez-Ville, N. Schnepf
L’infection à cytomégalovirus humain (CMV) peut revêtir des formes sévères chez les sujets immunodéprimés comme les receveurs d’allogreffe de moelle ou d’organe, ou les patients atteints du syndrome
d’immunodéficience acquise (sida), et les nouveau-nés infectés in utero. La restauration immunitaire
induite par les traitements antirétroviraux combinés chez les patients atteints de sida et les stratégies
de prévention chez les receveurs d’allogreffe ont considérablement réduit l’incidence de la maladie à
CMV favorisée par l’immunodépression. Le diagnostic de l’infection et de la maladie à CMV bénéficie
de l’apport des techniques de biologie moléculaire standardisées puissantes. Malgré les progrès récents
de la thérapeutique, l’infection à CMV reste difficile à traiter. La toxicité des molécules anti-CMV actuellement disponibles limite leur emploi et les contre-indique chez la femme enceinte. Elles n’ont qu’une
activité virostatique et les traitements prolongés ou répétés, souvent nécessaires, favorisent l’émergence
de mutants résistants. Des méthodes performantes de mesure de la charge virale sont particulièrement
adaptées au suivi des patients les plus à risque de manifestations sévères de l’infection. Des candidats
vaccins indiqués dans la prévention de la transmission maternofœtale et dans la prévention de la maladie
à CMV chez les receveurs d’allogreffe sont en cours d’évaluation.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Cytomégalovirus ; Latence ; Réactivation ; Réinfection ; Infection opportuniste ; Fœtus
Plan
■
Introduction
1
■
Historique
2
■
Virus
2
■
Épidémiologie
3
■
Physiopathologie de l’infection
Tropisme cellulaire
Dissémination du virus
Latence et réactivation
3
3
3
3
■
Réponse immune
Réponse non spécifique
Réponse humorale spécifique
Réponse à médiation cellulaire spécifique
4
4
4
4
■
Échappement au système immunitaire
4
■
Manifestations cliniques
Adulte et enfant immunocompétents
Fœtus et nouveau-né après infection in utero
Nouveau-né après infection périnatale
Sujet immunodéprimé
5
5
5
6
6
■
Diagnostic
Techniques du diagnostic
Utilisation des marqueurs diagnostiques
8
8
9
■
Différenciation des souches et génotypage
10
■
Traitement et prévention
Molécules à activité antivirale
Prise en charge thérapeutique
10
10
11
EMC - Maladies infectieuses
Volume 12 > n◦ 4 > novembre 2015
http://dx.doi.org/10.1016/S1166-8598(15)67812-7
■
Résistance aux antiviraux
Étude de la sensibilité des souches aux antiviraux
Émergence de la résistance
13
13
13
■
Vaccination
13
Introduction
Le cytomégalovirus humain (CMV) appartient à la famille des
Herpesviridae. Virus ubiquitaire, il est responsable d’infections
répandues dans le monde entier et constitue la première cause
des infections virales congénitales et périnatales. Il persiste la vie
durant chez son hôte. La primo-infection est suivie d’une infection latente et d’infections secondaires. Ces dernières résultent le
plus souvent de la réactivation du virus latent. Cependant, des
réinfections sont possibles, du fait de la diversité antigénique du
virus. Les manifestations cliniques de l’infection dépendent étroitement de l’état immunitaire de l’hôte. Elles sont bénignes chez
les individus immunocompétents mais peuvent être sévères chez
les sujets immunodéprimés, le fœtus et le nouveau-né infecté in
utero. Des méthodes performantes de diagnostic ont été développées récemment, permettant des interventions précoces de
prévention et de traitement. Cependant, les interventions thérapeutiques sont limitées par le nombre restreint de molécules
antivirales actuellement disponibles, leur toxicité et l’émergence
de la résistance.
1
8-052-C-10 Infections à cytomégalovirus
Historique
TRL
IRL IRS
UL
La maladie des inclusions cytomégaliques (MIC) doit sa dénomination aux modifications cellulaires (élargissement de la cellule
et présence d’inclusions intranucléaires), observées dans les tissus
de nouveau-nés atteints. L’origine virale de la MIC fut évoquée
par Lipschutz en 1921 et le virus isolé pour la première fois en
1956. Rowe obtint la souche de référence AD169 à partir de tissus
adénoïdiens d’enfants et, l’année suivante, Weller isola le virus
des urines et du foie d’enfants atteints de MIC [1] . En 1961, Weller
proposa le terme de cytomégalovirus pour désigner le « virus des
glandes salivaires » [2] .
TRS
US
A
Virus
Le CMV, également dénommé herpès virus humain 5 (HHV-5),
est classé dans la sous-famille des Betaherpesvirinae, caractérisée
par une étroite spécificité d’hôte, un long cycle de réplication
et une multiplicité des sites de latence. Les différents herpès
virus ont en commun leur morphologie. La particule virale
enveloppée de 180 à 200 nm de diamètre est constituée d’une
capside icosaédrique de 162 capsomères, séparée de l’enveloppe
par le tégument de nature protéique (Fig. 1). Le génome, molécule linéaire d’acide désoxyribonucléique (ADN) double brin, est
enroulé autour d’un noyau de protéines. Il est le plus long et le
plus complexe des génomes des herpès virus. Il est organisé en
deux segments de séquences uniques, long (unique long [UL]) et
court (unique short [US]), flanqués de séquences répétées inversées. UL est encadré par les répétitions TRL (terminal repeat long)
et IRL (internal repeat long) tandis que US est encadré par les
répétitions TRS (terminal repeat short) et IRS (internal repeat short)
(Fig. 1). Le génome adopte quatre formes isomériques, présentes
en quantités équimolaires, selon les orientations respectives des
segments uniques UL et US. Le génome de la souche de laboratoire AD169 comporte 229 354 paires de bases [3] avec un contenu
en G + C de 57,2 %. Les génomes des isolats cliniques contiennent
13 000 à 15 000 paires de bases supplémentaires et ont la capacité de coder plus de 200 protéines [4] . Par convention, les cadres
de lecture ouverts sont numérotés à partir de l’extrémité 5 des
segments génomiques TRL (IRL), UL, US, TRS (IRS) auxquels ils
appartiennent et dénommés par l’indication du segment suivie
du numéro. La protéine correspondante porte la même dénomination, précédée de l’indication de sa caractéristique comme pp pour
phosphoprotéine ou gp pour glycoprotéine. Les génomes des isolats sans relation épidémiologique ont 80 à 90 % d’homologie et
leur polymorphisme est réparti sur l’ensemble de la molécule. Des
homologies de séquence avec le génome humain, et également
avec les génomes des autres Herpesviridae, ont été identifiées.
La particule virale est composée de 35 à 40 protéines d’origine
virale et contient également des protéines cellulaires et des ARN
(acides ribonucléiques) messagers viraux et cellulaires. Deux protéines composent à elles seules 35 % de la masse protéique de
la particule : la phosphoprotéine pp150 (ppUL32) et la phosphoprotéine pp65 (ppUL83), toutes deux constitutives du tégument.
L’enveloppe porte des glycoprotéines, cibles des anticorps neutralisants [5] . Le CMV ne se réplique que dans des cellules humaines.
La pénétration du virus se fait par fusion de l’enveloppe virale
avec la membrane cellulaire ou endocytose en fonction du type
cellulaire. La durée du cycle de réplication dans les fibroblastes
est de 96 à 120 heures. La transcription du génome se déroule
en trois phases coordonnées en cascade. La première, dite très
précoce (immediate early [IE]) débute en l’absence de synthèse
de novo de protéines virales. Elle dure deux à quatre heures.
Les gènes très précoces majeurs IE1 et IE2 sont sous la dépendance du promoteur–activateur très précoce majeur activé par des
protéines cellulaires et virales comme la protéine du tégument
pUL82 (pp71) contenue dans la particule virale. Les protéines
très précoces majeures transactivent des gènes viraux et cellulaires, et régulent leur propre transcription. La phase précoce (early
– E) débute après l’expression des protéines très précoces et se
termine quand commence la synthèse de l’ADN viral. Les protéines précoces comprennent les enzymes et protéines nécessaires
2
Enveloppe
Glycoprotéines
Tégument
Capside
ADN linéaire
double brin
Protéines
associées
à l'ADN
Diamètre du virion : 150–200 nm
B
Figure 1. Morphologie et structure du cytomégalovirus.
A. Génome du cytomégalovirus humain. Acide désoxyribonucléique
double brin, organisé en deux segments uniques long (UL) et court
(US), chacun d’eux étant flanqué de répétitions inversées (internes : IRL
[internal repeat long] et IRS [internal repeat short] ; terminales : TRL [terminal repeat long] et TRS [terminal repeat short]) qui contiennent les
séquences d’encapsidation (séquences pac). Au cours de l’encapsidation,
les séquences L et S peuvent être en orientation inverse, conduisant à
quatre formes isomères du génome viral.
B. Particules virales en microscopie électronique et structure du virus.
à la synthèse de l’ADN viral. La phase tardive (late – L), pendant
laquelle est transcrite la plupart des gènes codant les protéines de
structure, commence avec le début de la synthèse de l’ADN viral.
L’ADN viral se réplique selon le modèle du cercle roulant. L’origine
de réplication, unique, est située dans la région UL du génome.
Les concatémères formés sont clivés et empaquetés dans les capsides qui s’assemblent dans le noyau dès la 48e heure. Les protéines
pUL56 et pUL89 qui constituent le complexe terminase et la protéine portale pUL104 interviennent à cette étape. En quittant le
noyau, la nucléocapside s’enveloppe dans la membrane interne
du noyau. Elle perd cette enveloppe provisoire pour acquérir les
protéines du tégument dans le cytoplasme. L’enveloppe définitive est acquise quand la particule bourgeonne dans la lumière
du compartiment d’assemblage dérivé du système sécrétoire cellulaire [6] . Les corps denses qui se forment dans le cytoplasme sont
EMC - Maladies infectieuses
Infections à cytomégalovirus 8-052-C-10
des structures enveloppées de 400 à 600 nm de diamètre, constituées de protéines de tégument. L’effet cytopathique est constitué
de foyers à croissance lente de cellules augmentées de volume,
ovales et réfringentes, contenant une inclusion intranucléaire,
respectant les nucléoles et entourée d’un halo clair, et une inclusion cytoplasmique de grande taille dans la concavité du noyau
réniforme.
d’infection n’est pas plus élevé chez le personnel soignant que
dans la population générale. Il n’en va pas de même pour le personnel de crèches et de garderies, en raison d’une moins bonne
observation des mesures d’hygiène [13] .
Physiopathologie de l’infection
Tropisme cellulaire
Épidémiologie
L’unique réservoir du CMV humain est l’homme. Les infections
à CMV sont endémiques et surviennent tout au long de l’année,
sans recrudescence saisonnière. La séroprévalence est fonction
des conditions socioéconomiques. Le pourcentage d’adultes ayant
des anticorps vis-à-vis du CMV atteint 90 à 100 % dans certaines
régions du monde (pays en voie de développement d’Afrique et
d’Asie) et est voisin de 50 % en France. Une étude conduite dans
différents centres hospitaliers français entre 1992 et 1999 a montré que 55,4 % des 19 456 femmes testées étaient séronégatives en
début de grossesse [7] . En 2010, la séroprévalence chez les femmes
françaises de 15 à 49 ans était évaluée à 45,6 % [8] . La transmission de l’infection nécessite un contact étroit ou intime du fait
de la fragilité du virus qui perd rapidement son pouvoir infectieux à la surface d’objets ou de supports inertes. Les sources
d’infection, salive, sécrétions pharyngées, larmes, urines, sécrétions cervicovaginales, sperme, lait maternel, leucocytes présents
dans des produits sanguins labiles, greffon, sont multiples. Les
jeunes enfants s’infectent en collectivité, la salive et les urines
étant les sources majeures de contamination. Lors d’une primoinfection maternelle, le taux de transmission a été estimé par
une méta-analyse à 32 % [9] . Le taux annuel de séroconversion
augmente avec la parité. Approximativement, 1 % des femmes
séronégatives en début de grossesse sont séropositives au moment
de l’accouchement. Ces femmes s’infectent majoritairement au
contact de jeunes enfants qui excrètent du virus à titre élevé dans
la salive et les urines. Le personnel des crèches est particulièrement
exposé au risque d’infection [10] . Lors des infections secondaires en
cours de grossesse (réactivation ou réinfection), un taux de transmission global de 1,4 % a été rapporté [9] . En période périnatale,
les sources d’infection sont les sécrétions cervicovaginales infectées à l’accouchement chez 15 à 34 % des mères, et le lait maternel
infecté chez 10 % des femmes entre le premier et le sixième jour
du post-partum et chez 30 à 40 % à la 13e semaine. Jusqu’à 57 %
des nouveau-nés exposés au virus présent dans les voies génitales
s’infectent et 53 % des nourrissons qui ingèrent du lait infecté
acquièrent l’infection. Les nouveau-nés et nourrissons excrètent
le virus pendant des années et sont la source des contaminations
dans les crèches, les garderies et les écoles. Les enfants contaminés
à leur contact peuvent à leur tour transmettre l’infection à leurs
parents. Le risque de transmission intrafamiliale est de 50 % quand
un des membres de la famille introduit le virus. Dans les populations à forte prévalence d’infection à CMV, 92 à 98 % des enfants
sont infectés avant l’âge de 15 ans. Une excrétion prolongée peut
s’observer également chez des enfants plus âgés ou des adultes
après la primo-infection et les récurrences associées ou non à des
signes cliniques des adultes jeunes s’accompagnent de l’excrétion
intermittente de virus à partir de nombreux sites de réplication
virale. La transmission sexuelle de l’infection est objectivée par un
pic de séroconversion chez l’adolescent et l’adulte jeune. La transfusion de produits sanguins labiles a été à l’origine de transmission
de l’infection. La filtration systématique de ces produits a mis fin à
ce mode de transmission [11] . Cependant, la transfusion favorise la
réactivation du génome endogène du receveur séropositif. Infection primaire, réactivation ou réinfection sont observées chez les
receveurs d’allogreffe. L’organe greffé provenant d’un donneur
séropositif transmet le virus à un receveur séronégatif (D+/R–)
dans approximativement 80 % des cas (infection primaire) ou à
un receveur séropositif (D+/R+) dans 40 % des cas (réinfection).
La réactivation d’une infection latente chez un receveur séropositif avant la greffe est le plus souvent en cause chez le receveur de
cellules souches hématopoïétiques. En milieu hospitalier, la transmission d’un patient à un autre est exceptionnelle [12] . Le risque
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Le tropisme cellulaire du virus chez son hôte infecté est très
large, ce qui contribue à la diversité des atteintes cliniques. Le virus
se réplique dans des cellules endothéliales, épithéliales, dendritiques, des macrophages, fibroblastes, cellules nerveuses, cellules
musculaires lisses, hépatocytes [14] . La glycoprotéine d’enveloppe
gB joue un rôle dans la fusion des membranes et est impliquée
dans l’attachement du virus à la cellule en se fixant aux protéoglycanes héparine sulfate. Les récepteurs du virus sont encore mal
connus. Le récepteur de l’epidermal growth factor (EGF), le récepteur ␣ de platelet derived growth factor (PDGF) et les intégrines ␤1
et ␤2 sont des corécepteurs du virus. Le complexe gH/gL/gO est
nécessaire à l’entrée du virus dans les fibroblastes tandis que le
complexe gH/gL/UL128-131 est indispensable à l’entrée dans les
cellules endothéliales, épithéliales et monocytes/macrophages. La
diffusion du virus se fait de cellule à cellule. Les fibroblastes
apparaissent comme une cible majeure de l’infection dans de
nombreux organes tels que le placenta, le poumon, l’intestin.
L’infection des cellules stromales de la moelle osseuse joue un rôle
majeur dans l’inhibition de l’hématopoïèse. L’infection lytique
des cellules musculaires lisses du tractus digestif conduit à la
formation d’ulcérations. La couche musculaire des vaisseaux sanguins peut aussi être infectée ; cependant, des lésions structurales
n’y sont pas décrites.
“ Point fort
Le cytomégalovirus infecte chez son hôte de nombreux
types cellulaires, expliquant la diversité des manifestations
cliniques.
Dissémination du virus
La dissémination du virus est hématogène (Fig. 2). Les cellules
endothéliales, les monocytes/macrophages et les polynucléaires
y contribuent. Cependant, aucun leucocyte du sang circulant
n’est permissif pour le virus. Les cellules endothéliales infectées recrutent des polynucléaires par la sécrétion de chimiokines
(interleukine-8 [IL-8] et growth-regulated-α [GRO-␣], notamment).
Ceux-ci acquièrent par contact direct des particules virales et la
protéine ppUL83 qui se localise dans le noyau du fait de son
ciblage nucléaire. Les polynucléaires, qui ne sont pas le siège de
réplication virale, peuvent véhiculer le virus et le transmettre aux
cellules endothéliales. Les cellules endothéliales infectées transmettent le virus aux monocytes circulants qui peuvent à leur tour
le transmettre à des cellules non infectées [15] . La différenciation
en macrophages ou cellules dendritiques des monocytes circulants
qui hébergent le virus à l’état latent permet la réplication complète
du virus. Les macrophages et les cellules dendritiques infectés
disséminent le virus dans les tissus. De plus, les cellules endothéliales infectées peuvent se détacher, circuler et, après séquestration
du fait de leur taille dans les capillaires, induire l’infection d’un
organe en transmettant le virus aux cellules endothéliales capillaires.
Latence et réactivation
L’ADN viral a été mis en évidence, en l’absence de production
virale, dans des cellules endothéliales, épithéliales et musculaires
lisses qui pourraient ainsi constituer des réservoirs additionnels
3
8-052-C-10 Infections à cytomégalovirus
Figure 2. Physiopathologie de l’infection à cytomégalovirus.
Greffon
Virus présent
dans l’urine, le lait,
les voies génitales, etc.
Primo-infection
Fœtus
Réinfection
Réactivation
Virémie
Excrétion virale
Organescibles
Stimulation
allogénique
Immunodépression
Latence
de virus latent. De fait, de nombreux organes hébergent le virus à
l’état latent et peuvent le transmettre au receveur lors d’une transplantation. La capacité d’héberger naturellement le virus latent a
été démontrée pour les monocytes du sang périphérique et les
progéniteurs CD34+ de la moelle osseuse qui constituent le réservoir du virus [16, 17] . Chez l’individu sain, un monocyte sur 10 000
est infecté de façon latente. Le génome est sous forme d’épisome.
Ce site de latence est responsable de la transmission du virus par
transfusion de produits sanguins labiles non déleucocytés provenant de donneurs séropositifs pour le CMV. Les mécanismes
moléculaires d’établissement et de maintien de la latence, et ceux
de la réactivation restent peu connus. Ils font intervenir des facteurs cellulaires et viraux. Le virus se réactive périodiquement
chez le sujet immunocompétent, ce qui conduit à des épisodes
d’excrétion intermittente de virus dans les sécrétions respiratoires,
l’urine, le sperme, les sécrétions cervicales, sources potentielles
de transmission du virus. Le système immunitaire joue un rôle
complexe : il contrôle l’état de latence, comme en témoigne la
fréquence des réactivations chez les sujets immunodéprimés, mais
l’activation immune favorise la réactivation [18] .
“ Point fort
• Les sites de latence du virus sont multiples.
• Les progéniteurs de la moelle osseuse constituent un
réservoir de l’infection.
• Les mécanismes moléculaires d’établissement et de
maintien de la latence restent incomplètement compris
à ce jour.
Réponse immune
ppUL32. D’autres protéines sont aussi reconnues par les sérums
de nombreux individus comme la protéine majeure de capside, la
protéine d’assemblage UL80.5, les protéines non structurales très
précoces majeures IE1 et IE2, l’ADN polymérase (UL54) et les protéines de liaison à l’ADN. La protéine UL44, protéine accessoire
de l’ADN polymérase, est la cible principale des immunoglobulines M (IgM). Les glycoprotéines d’enveloppe, gB (gpUL55) et
gH (gpUL75) sont la cible d’anticorps neutralisants. Le rôle de
la réponse humorale dans la protection contre l’infection à CMV
est secondaire. La présence d’anticorps neutralisants à titre élevé
n’empêche pas les réinfections ou réactivations, mais pourrait en
limiter les conséquences.
Réponse à médiation cellulaire spécifique
Les lymphocytes T CD4+ ou auxiliaires (helper) jouent un rôle
majeur dans la protection contre l’infection à CMV comme le
montrent la sévérité de l’infection chez les patients ayant un déficit en lymphocytes CD4+ et la résistance à l’infection lors de la
restauration au moins partielle du nombre et des fonctions de
ces lymphocytes. Ils reconnaissent dans le contexte du CMH de
classe II les antigènes viraux à la surface des cellules présentatrices
d’antigènes. Les épitopes reconnus appartiennent aux glycoprotéines d’enveloppe gB et gH, aux protéines très précoces IE1, IE2
et UL69, et à la protéine du tégument ppUL83 notamment. Le
lymphocyte CD4+ activé produit des cytokines qui activent la
réponse cytotoxique CD8+ ou induisent la réponse anticorps par
activation des lymphocytes B. En outre, il a une activité cytotoxique vis-à-vis des cellules qui expriment les épitopes viraux
dans le contexte du CMH de classe II. La réponse cytotoxique T
CD8+ est indispensable au contrôle de la réplication virale. Le
transfert de clones de cellules T CD8+ spécifiques de CMV dérivées du donneur à des receveurs de moelle permet de reconstituer
l’immunité cellulaire et de contrôler la réplication virale. Cependant, ce contrôle ne s’opère pas si la réponse lymphocytaire T
auxiliaire est déficiente [19] . Les lymphocytes CD8+ reconnaissent
un nombre restreint d’antigènes viraux présentés en association
avec les molécules du CMH de classe I.
Réponse non spécifique
L’immunité non spécifique qui associe l’activité phagocytaire
des macrophages, l’activité antivirale des interférons alpha et bêta
(IFN-␣ et IFN-␤), et l’activité cytotoxique des cellules NK (natural
killer) constituent une première barrière à l’infection virale.
Réponse humorale spécifique
Elle est dirigée contre un nombre restreint de protéines virales.
Les plus immunogènes sont des protéines du tégument ppUL32
(pp150), ppUL83 (pp65) et ppUL99 (pp28). La presque totalité des individus infectés possèdent des anticorps dirigés contre
4
Échappement au système
immunitaire
Le virus, parfaitement adapté à son hôte, a développé des stratégies d’échappement à la réponse immunitaire par dissimulation,
action antagoniste et détournement du système immunitaire au
profit de sa dissémination. La diffusion du virus dans l’organisme
se fait essentiellement de cellule à cellule, ce qui permet au
virus d’échapper à l’action des anticorps neutralisants. L’état de
latence met le virus à l’abri des défenses immunitaires cellulaires.
EMC - Maladies infectieuses
Infections à cytomégalovirus 8-052-C-10
L’infection à CMV induit une diminution de la réponse lymphocytaire proliférative aux mitogènes (phytohémagglutinine,
pokeweed mitogen, concanavaline A) et aux antigènes bactériens et
viraux (y compris les antigènes du CMV), une inversion du rapport des lymphocytes T CD4+/CD8+ du fait d’une augmentation
du nombre de lymphocytes CD8+. La réponse CD8+ cytotoxique
est diminuée. L’expression des molécules de classes I et II du
CMH est inhibée par l’infection à CMV. Le défaut d’expression
des molécules de classe I est dû à l’intervention en cascade des
produits de plusieurs gènes localisés dans les régions US2-US11
conduisant à la rétention puis à la dégradation de ces molécules dans la cellule. Le CMV réduit l’induction par l’IFN-␥ de
la synthèse des molécules de classe II. De plus l’IFN-␣, produit
par les cellules infectées, inhibe l’induction de l’expression des
molécules de classe II par l’IFN-␥ [20] . Le CMV code une variété
de protéines associées à l’échappement immunitaire [18] . Quatre
récepteurs de chimiokines CC (UL33, UL78, UL28 et US27) sont
exprimés à différents stades du cycle lytique. Le produit du gène
UL18, un analogue de molécule de classe I, les produits des gènes
UL16 et UL40 inhibent l’activité cytotoxique des cellules NK par
des mécanismes moléculaires différents. Les interactions du virus
avec la production de cytokines (en particulier IL-1␤ et TNF-␣),
de chimiokines et des molécules d’adhésion ICAM-1 (intercellular
adhesion molecule-1) et E-sélectine plaident pour un rôle du virus
dans l’athérosclérose primaire, les manifestations de rejet aigu
et chronique, diverses maladies inflammatoires et même certains
cancers [18] .
“ Point fort
Le virus utilise de multiples stratégies pour échapper à la
réponse immunitaire de l’hôte.
Manifestations cliniques
Les conséquences cliniques de l’infection à CMV dépendent
étroitement de l’immunité, en particulier cellulaire, de l’hôte.
Adulte et enfant immunocompétents
L’infection à cytomégalovirus, dont la fréquence augmente avec
l’âge, est inapparente dans 90 % des cas. L’incubation est de quatre
à huit semaines. La forme typique consiste en une fièvre en plateau, parfois élevée, mais bien tolérée. Elle persiste en moyenne
trois semaines mais peut se prolonger jusqu’à sept semaines. Les
signes associés les plus fréquents sont des céphalées et des myalgies diffuses. Une toux sèche, des manifestations digestives à type
de douleurs abdominales (8 %) ou plus rarement de diarrhée (2 %),
des arthralgies, une pharyngite peuvent accompagner la fièvre à
son début [21] . L’examen clinique est le plus souvent normal. Il
peut révéler dans 15 à 25 % des cas une splénomégalie (22 %),
plus rarement une hépatomégalie, cette dernière étant plus fréquente chez l’enfant, et des adénopathies cervicales et axillaires de
petite taille. Une éruption cutanée morbilliforme ou rubéoliforme,
généralisée ou localisée aux membres inférieurs, est favorisée par
la prise d’ampicilline. Le syndrome mononucléosique caractérisé par une hyper-lympho-monocytose supérieure à 50 % avec
10 à 15 % de lymphocytes atypiques (grandes cellules mononucléées à cytoplasme hyperbasophile) peut n’apparaître qu’une à
deux semaines après le début de la fièvre. L’hyperlymphocytose
peut persister plusieurs mois après la guérison. Une thrombopénie modérée de type périphérique est souvent associée. L’élévation
des transaminases, témoignant d’une atteinte hépatique inflammatoire et nécrotique modérée, est présente dans plus de 90 %
des infections symptomatiques. Des anomalies immunologiques
non spécifiques, telles que la présence de titres élevés de facteur
rhumatoïde, une hyper-gamma-globulinémie polyclonale, des
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anticorps antinucléaires, sont associées dans plus de 50 % des cas.
Le diagnostic peut être difficile devant une fièvre isolée, l’absence
de syndrome mononucléosique ou des formes atypiques. Des
atteintes localisées sont parfois au premier plan et peuvent faire
errer le diagnostic. Une hépatite aiguë avec ictère apparaissant
quatre à six jours après le début de la fièvre, associée à une forte
lymphocytose et une élévation des phosphatases alcalines, est
parfois observée. Des cas d’hépatite granulomateuse sévère ont
été décrits. Les manifestations neurologiques à type d’encéphalite
ou de méningoencéphalite, bien que décrites, sont rares. Les
méningites sont exceptionnelles. L’examen du liquide cérébrospinal (LCS) montre une pléiocytose modérée (< 200 cellules/mm3 )
avec prédominance lymphocytaire. Des myélites ont également
été décrites. Un syndrome de Guillain-Barré peut compliquer
une primo-infection [22] . Une pneumopathie interstitielle bilatérale touchant les bases est présente dans près de 6 % des cas, mais
les formes graves sont exceptionnelles. Les atteintes digestives
sont le plus souvent à type de colites inflammatoires et ulcérées
ou d’entéropathies exsudatives, bien que des ulcérations œsophagiennes, gastriques, iléales ou anales aient été décrites. De plus
en plus souvent rapportées car mieux reconnues, elles restent peu
fréquentes en dehors de facteurs favorisants comme une corticothérapie ou l’administration de ciclosporine. Les manifestations
cardiaques les plus fréquentes sont des myocardites, habituellement résolutives en trois à six semaines. Cependant, des cas de
myocardites fatales, associées à une infection à CMV, ont été rapportés [23] . Les péricardites sont exceptionnelles. Si une anémie
discrète est fréquemment retrouvée, éventuellement associée à
une thrombopénie, les troubles hématologiques tels que purpura
thrombopénique ou anémie hémolytique sévère sont rares. Les
manifestations oculaires à type de rétinite, d’uvéite et de conjonctivite sont exceptionnelles. Des observations de thrombose de la
veine portale ou mésentérique ont été rapportées. Les infections
sévères avec atteinte polyviscérale, rarement rencontrées au cours
de la primo-infection ou des infections secondaires, sont favorisées par une immunodépression transitoire, une corticothérapie,
un traitement par ciclosporine.
Fœtus et nouveau-né après infection in utero
L’infection congénitale à CMV est la plus fréquente des infections congénitales dans le monde. Elle est acquise à l’occasion de la
virémie maternelle, que ce soit au cours d’une primo-infection ou
d’une infection secondaire (Fig. 3). L’infection est d’abord placentaire puis éventuellement transmise au fœtus par l’intermédiaire
du placenta infecté. La dissémination chez le fœtus se fait alors par
voie hématogène et toutes les cellules fœtales peuvent être infectées, y compris celles du cerveau. La très grande majorité (70–80 %)
des enfants infectés in utero n’a aucune séquelle à long terme de
cette infection, 10 à 15 % d’entre eux ont des séquelles modérées, notamment une surdité uni- ou bilatérale, et les 10 à 15 %
restants ont des séquelles neurosensorielles sévères avec un retard
psychomoteur [24] . La grande majorité des formes symptomatiques
survient après primo-infection maternelle en cours de grossesse ou
juste avant la conception, cependant des cas sévères ont été rapportés en cas d’infection maternelle secondaire [25, 26] . L’atteinte
fœtale est dépistée par l’échographie, soit de manière fortuite lors
des échographies systématiques, soit au cours d’un suivi échographique rapproché réalisé pour une primo-infection maternelle
connue. L’échographie peut révéler l’atteinte d’un ou de plusieurs
organes fœtaux, associée ou non à une atteinte systémique qui se
manifeste par une hépatosplénomégalie fœtale potentiellement
compliquée d’ascite, reflétant l’existence d’une hépatite cholestatique ou d’une insuffisance hépatique. Moins fréquemment,
un œdème généralisé associé à une ascite suggère une anasarque
liée à l’effet combiné d’une insuffisance hépatique et d’une anémie par atteinte médullaire. Une colite à CMV se manifeste par
un intestin fœtal hyperéchogène et l’atteinte du rein fœtal peut
se révéler par une hyperéchogénicité rénale et un oligohydramnios. Un retard de croissance intra-utérin (RCIU) peut résulter de
l’atteinte fœtale ou de l’atteinte placentaire. En cas d’infection
fœtale prouvée, une atteinte du cerveau fœtal doit être recherchée jusqu’à la fin de la grossesse en associant échographie et
5
8-052-C-10 Infections à cytomégalovirus
Statut avant la
grossesse
Pendant la
grossesse
Figure 3. Transmission maternofœtale de l’infection à cytomégalovirus (CMV).
CMV
négatif
CMV
positif
Primo-infection
1–4 %
Réactivation
Réinfection
10–30 %
Infection placentaire
30–50 %
<5%
Infection fœtale
10 %
Infection
nouveau-né
Symptômes
10 %
Développement
normal
90 %
Absence de symptômes
30 %
60 %
Décès
Séquelles
neurosensorielles
5–15 %
85–95 %
Développement
normal
imagerie par résonance magnétique (IRM). Les signes cérébraux les plus évidents sont une microcéphalie, une dilatation
des ventricules cérébraux uni- ou bilatérale et la présence de
microcalcifications cérébrales. Des anomalies plus subtiles de
la myélinisation ou de la gyration du cerveau fœtal doivent
être recherchées à l’IRM. La présence d’anomalies cérébrales à
l’échographie, notamment une microcéphalie, est très péjorative,
avec un risque proche de 100 % de séquelles neurosensorielles graves. La valeur prédictive des anomalies échographiques
extracérébrales n’est pas évaluée. Environ 10 % des nouveau-nés
infectés ont des symptômes à la naissance [24] . L’infection néonatale peut être sévère, réalisant le tableau de la MIC qui associe
des signes d’infection systémique sévères dans un tableau ictérohémorragique (purpura, hépatite, insuffisance hépatocellulaire,
coagulation intravasculaire disséminée) à une atteinte neurologique sévère (microcéphalie, spasticité, convulsions). Cette forme
grave, qui atteint moins de 5 % des nouveau-nés infectés, soit
un cas pour 10 000 naissances, se complique d’un décès de
l’enfant dans 30 % des cas et, en cas de survie, de séquelles
neurosensorielles très sévères comme un retard mental caractérisé par un quotient intellectuel inférieur à 70, une surdité
bilatérale, une choriorétinite. Les atteintes plus limitées, se
manifestant par une hépatosplénomégalie, une thrombopénie,
un ictère, des pétéchies, une hypotonie, sont responsables de
séquelles neurosensorielles dans 30 % des cas. Les nouveau-nés
normaux ne développent pas de séquelles à type d’insuffisance
motrice–cérébrale mais environ 10 à 15 % d’entre eux développent une surdité uni- ou bilatérale d’installation progressive
et souvent retardée. Cause majeure de surdité de l’enfant,
l’infection congénitale à CMV explique 10 % des surdités du jeune
enfant [27] .
Nouveau-né après infection périnatale
L’infection périnatale, acquise au contact des sécrétions
maternelles cervicales lors du passage dans la filière génitale, transmise par le lait maternel ou par contact avec des
sujets excréteurs de virus, est extrêmement fréquente. L’infection
post-transfusionnelle du nouveau-né est actuellement prévenue par l’utilisation de sang CMV-négatif et/ou déleucocyté.
En dehors de l’infection post-transfusionnelle, l’infection périnatale est presque toujours sans traduction clinique et n’est
pas suivie de séquelles neurologiques. Lorsqu’elle est symptomatique, le tableau est celui d’une pneumopathie interstitielle,
survenant entre la quatrième et la 12e semaine de vie. Le
tableau d’infection post-transfusionnelle se rapproche de celui de
l’infection congénitale, avec fièvre, ictère, hépatosplénomégalie,
anémie, thrombocytopénie et hyperlymphocytose avec lymphocytes atypiques. La pneumonie avec altération des fonctions
respiratoires est fréquente. L’infection peut également présenter
l’apparence d’un choc septique. La mortalité est élevée, en particulier chez les enfants prématurés (20–40 %).
Sujet immunodéprimé
Même chez les patients immunodéprimés, l’infection peut
n’avoir aucune traduction clinique et se limiter à la présence
d’un ou plusieurs marqueurs virologiques de réplication virale.
Il s’agit d’une « infection active ». La maladie à CMV associe des
marqueurs virologiques d’infection active et des signes cliniques
comme une fièvre isolée ou une symptomatologie correspondant
à une atteinte viscérale et/ou des perturbations biologiques.
Patient infecté par le virus de l’immunodéficience
humaine
“ Point fort
• L’infection congénitale à cytomégalovirus ne
s’accompagne d’aucun symptôme à la naissance chez
90 % des nouveau-nés infectés.
• La présence de manifestations cliniques résulte dans la
grande majorité des cas d’une primo-infection maternelle
en cours de grossesse ou juste avant la conception.
• Les séquelles neurosensorielles peuvent toucher jusqu’à
15 % des nouveau-nés normaux.
• L’infection congénitale est une cause majeure des surdités d’origine non génétique de l’enfant.
6
La séroprévalence pour le CMV est très élevée, atteignant
85 %. Les manifestations cliniques de l’infection surviennent
à un stade avancé d’immunodépression, caractérisé par un
nombre de lymphocytes CD4+ voisin de 25/mm3 . Avant l’ère
des traitements antirétroviraux combinés, 30 à 40 % des patients
développaient une maladie à CMV au cours de l’évolution du
sida. Ces traitements, mis en œuvre depuis 1996, conduisent à
une reconstitution au moins partielle de l’immunité, ce qui a
réduit de 80 % l’incidence des rétinites à CMV [28] . Les manifestations cliniques les plus fréquentes sont, par ordre décroissant,
la choriorétinite (70–80 %) qui expose au risque de cécité, les
atteintes gastro-intestinales (10–15 %) et les atteintes neurologiques (5–10 %) [29] . Le diagnostic de la rétinite est clinique, soit
au cours de l’examen systématique du fond d’œil, répété tous les
mois chez les patients ayant moins de 50 CD4/mm3 ou moins de
100 CD4/mm3 s’il existe un antécédent de rétinite, soit devant des
EMC - Maladies infectieuses
Infections à cytomégalovirus 8-052-C-10
manifestations oculaires unilatérales ou bilatérales, vision trouble,
baisse d’acuité visuelle, déficit du champ visuel, qui motivent
l’examen du fond d’œil. L’aspect au fond d’œil est caractéristique. Il montre une plage blanche, œdémateuse, hémorragique,
paravasculaire, à progression centrifuge, réalisant une image en
cocarde avec un centre cicatriciel et une couronne œdémateuse
entourée de petits foyers qui évoluent vers la confluence. Le diagnostic peut être difficile lorsque les lésions sont à un stade précoce.
L’angiographie rétinienne à la fluorescence permet habituellement de trancher, en montrant une hyperfluorescence débutant
au centre de la lésion et s’étendant de façon centrifuge, sans
jamais atteindre les bords de la lésion visible au fond d’œil.
L’évolution spontanée se fait vers un décollement de rétine, une
occlusion vasculaire avec atrophie optique. Sous traitement spécifique associé au traitement antirétroviral, une cicatrisation des
lésions est obtenue. Les atteintes digestives peuvent se localiser à tous les segments du tube digestif, de la bouche à l’anus,
avec une prédilection pour le côlon. À l’endoscopie, la muqueuse
peut être d’aspect normal ou érythémateux, ou purpurique, avec
des érosions, des ulcères plus ou moins profonds. Les ulcérations, superficielles ou profondes, sont les plus habituellement
observées. Les lésions orificielles sont peu fréquentes mais des
ulcérations au niveau de la bouche ou de l’anus ou du rectum
ont été décrites, posant le problème d’un diagnostic différentiel
avec des ulcères idiopathiques ou des ulcérations herpétiques. Les
localisations neurologiques comprennent des atteintes encéphaliques, myélitiques, radiculaires, méningées, et des atteintes des
troncs nerveux. Elles surviennent à un stade tardif de l’infection
VIH (virus de l’immunodéficience humaine) et peuvent être difficiles à différencier de la maladie neurologique liée au VIH. Quelle
que soit la localisation, l’association à des signes d’infection disséminée à CMV ou à une autre atteinte organique à CMV, en
particulier une rétinite, est en faveur du diagnostic. Des hépatites,
des cholécystites ou des cholangites ont également été décrites.
La responsabilité du CMV dans les pneumopathies interstitielles
observées au cours du sida est difficile à établir. Le CMV, fréquemment présent dans le liquide de lavage bronchoalvéolaire
(LBA), est souvent associé à d’autres pathogènes, en particulier
Pneumocystis jiroveci. Cependant, le CMV peut être à l’origine
d’une pneumopathie interstitielle fébrile, avec toux et dyspnée,
voire syndrome de détresse respiratoire aiguë. Le diagnostic repose
sur un faisceau d’arguments cliniques et virologiques, et sur
l’élimination d’autres étiologies telles que P. jiroveci, Toxoplasma
gondii, Haemophilus influenzae. Le virus peut être responsable de
sinusite, myocardite, pancréatite, d’atteintes thymiques, musculaires. Des cas de microangiopathie thrombotique ont été
rapportés [29] .
Receveur de greffe
Chez les receveurs de greffe d’organe ou de cellules
souches hématopoïétiques, en l’absence de traitement préventif,
l’infection à CMV survient dans les trois premiers mois suivant
la transplantation. Cette infection a des conséquences à la fois
directes et indirectes. Les conséquences directes en sont les manifestations cliniques de l’infection, tandis que les conséquences
indirectes liées aux interrelations complexes du CMV avec le
CMH et les productions de cytokines se traduisent par la survenue
d’infections opportunistes, le retentissement sur la survie du greffon et l’association à la réaction du greffon contre l’hôte (GVH).
Les signes généraux de la maladie à CMV associent une fièvre
d’apparition insidieuse à un malaise général, une anorexie, parfois
accompagnée de myalgies ou d’arthralgies. Une fièvre prolongée,
jusqu’à trois ou quatre semaines, peut être la seule manifestation
de l’infection. Une leucopénie inférieure à 3000/mm3 , avec ou
sans thrombopénie, est le plus souvent associée. Le syndrome
mononucléosique est rare, avec 5 à 10 % de lymphocytes atypiques. Les anomalies du bilan hépatique sont fréquentes et une
hépatite minime ou de sévérité modérée est présente chez 30 à
50 % des receveurs d’organe. Les signes généraux peuvent régresser spontanément ou évoluer vers une altération majeure de l’état
général avec cachexie et l’atteinte d’un ou plusieurs organes.
L’instauration de traitements préventifs de l’infection (prophylaxie) ou de la maladie (traitement anticipé ou preemptive therapy) a
EMC - Maladies infectieuses
réduit la fréquence et la gravité de la maladie à CMV dans les mois
suivant la greffe. Cependant, ils peuvent en retarder la survenue
après le 100e jour [30, 31] .
Receveur de cellules souches hématopoïétiques
Après allogreffe de cellules souches hématopoïétiques, le facteur majeur de risque d’infection et de maladie à CMV est
la séropositivité vis-à-vis du CMV du receveur avant la greffe,
quel que soit le statut du donneur. Les autres facteurs sont
la GVH, l’intensité du déficit immunitaire, la corticothérapie,
l’administration d’alemtuzumab en conditionnement ou traitement de la GVH, la greffe à partir d’un donneur non apparenté
et la greffe de sang de cordon. La pneumonie interstitielle
est la manifestation la plus sévère et la plus spécifique. Avant
l’instauration des traitements antiviraux, elle survenait chez près
d’un tiers des receveurs, avec une mortalité de 85 à 95 %. Actuellement, elle touche moins de 15 % des patients, du fait des progrès
des méthodes de diagnostic précoce de l’infection à CMV et de
l’instauration systématique d’un traitement anticipé. Dans un
contexte fébrile, une toux, une dyspnée associée à une hypoxémie et à des infiltrats pulmonaires doivent la faire suspecter.
Les autres manifestations de l’infection à CMV sont moins spécifiques. Elles comprennent la fièvre modérée et prolongée, le
retard à la prise de greffe, avec leucopénie et thrombopénie par
insuffisance médullaire secondaire, la colite ulcéreuse responsable de diarrhée ou l’hépatite cholestatique, parfois très difficiles
à différencier d’une GVH, la cystite hémorragique, à distinguer
d’une infection à BK virus. L’infection et la maladie à CMV sont
beaucoup moins fréquentes après autogreffe de cellules souches
hématopoïétiques, vraisemblablement du fait d’une reconstitution immunitaire plus précoce et plus efficace. Les conséquences
cliniques dépendent du degré d’immunosuppression nécessité par la greffe et peuvent être sévères en cas d’irradiation
corporelle totale. La fréquence des pneumonies est de 1 à
6 % [32, 33] .
Receveur de transplantation d’organe
Après transplantation d’organe, l’infection à CMV est
l’infection virale responsable de la morbidité et de la mortalité les plus significatives. Si l’incidence de l’infection reste aux
alentours de 60 % chez le receveur séropositif, elle a diminué
de 30 à 10 % chez les receveurs séronégatifs [31] . En l’absence de
prophylaxie, près de 60 % des receveurs séronégatifs développent
une primo-infection et 30 à 50 % une maladie à CMV. Parmi
les receveurs séropositifs (60 % environ), la moitié développe
une infection et un quart une maladie à CMV [31] . Le risque
augmente avec l’intensité de l’immunosuppression, et en particulier l’administration d’anticorps antilymphocytaires monoou polyclonaux, la survenue d’épisodes de rejet aigu conduisant
à renforcer l’immunosuppression, l’importance de la charge
virale circulante, l’existence de coïnfections par les virus HHV-6
et les infections bactériennes. Il varie en fonction de l’organe
transplanté [34] . En l’absence de traitement antiviral, les infections
symptomatiques surviennent chez 39 à 41 % des patients après
transplantation pulmonaire, 50 % après greffe rein–pancréas,
22 à 29 % après greffe de foie ou de pancréas, 22 % après transplantation digestive, 9 à 35 % après transplantation cardiaque
et 8 à 32 % après transplantation rénale [35] . L’introduction de
nouveaux immunosuppresseurs tels que le tacrolimus et le
mycophénolate–mofétil ainsi que le développement de stratégies
de prophylaxie spécifique efficaces ont contribué à modifier
l’épidémiologie de l’infection à CMV après transplantation
d’organe. La manifestation la plus fréquente est une fièvre
isolée, survenant entre le premier et le quatrième mois après
la greffe, plus précoce en cas de primo-infection ou de transplantation hépatique et intestinale. Les localisations viscérales
touchent volontiers l’organe transplanté, siège d’une réplication
virale spécifique, mais des atteintes de tout le tractus digestif,
hépatique ou pulmonaire sont également observées. La pneumopathie interstitielle est une complication particulièrement
grave chez les receveurs de greffe pulmonaire ou cœur–poumon,
faisant discuter une infection opportuniste ou un rejet. Les
rétinites sont plus rares, plus tardives, et témoignent d’un degré
avancé d’immunosuppression. L’administration d’un traitement
7
8-052-C-10 Infections à cytomégalovirus
prophylactique retarde la maturation des réponses immunitaires
cellulaires et la maturation des IgG. L’infection survient alors
dans les six mois suivant l’arrêt de la prophylaxie.
Du fait de son caractère immunosuppresseur, l’infection à CMV
favorise les infections opportunistes bactériennes et fungiques,
notamment les infections à P. jirovecii, et la réplication d’autres
virus comme HHV-6. Elle favorise la survenue de lymphomes
induits par le virus d’Epstein-Barr (EBV). Elle est associée au rejet
aigu de l’organe greffé et à une diminution de la survie du greffon,
avec des lésions spécifiques de l’organe greffé telles que glomérulonéphrite, athérosclérose, bronchiolite oblitérante, ductopénie
biliaire.
“ Point fort
• Les conséquences cliniques de l’infection dépendent de
l’immunité de l’individu infecté.
• L’infection est bénigne en règle générale chez les individus immunocompétents.
• Elle peut induire chez les patients immunodéprimés
des atteintes sévères dont la nature dépend du type
d’immunodépression.
Diagnostic
Techniques du diagnostic
Prélèvements
Le virus est recherché devant toute suspicion d’infection active
dans le sang et dans divers prélèvements en fonction du contexte
clinique (urine, sécrétions pharyngées, LBA, LCS, biopsies, col utérin, liquide amniotique, tissus fœtaux).
Examen cytologique des tissus [36]
Les cellules infectées sont de grande taille et possèdent des
inclusions intracytoplasmiques et intranucléaires. L’aspect le plus
caractéristique est celui de « l’inclusion en œil de hibou », volumineuse inclusion intranucléaire séparée de la membrane nucléaire
par un halo clair. Cet examen est effectué sur des frottis, des appositions sur lames et surtout des coupes de tissu.
biopsies). Elle ne permet pas l’isolement de la souche et sa mise
en œuvre reste lourde. Elle tend à être abandonnée au profit des
méthodes de biologie moléculaire pour le diagnostic.
Détection des antigènes viraux
L’antigénémie à CMV correspond à la présence de la phosphoprotéine pp65 (ppUL83) dans les noyaux des polynucléaires
circulants.
Elle est mise en évidence par immunofluorescence indirecte à
l’aide d’anticorps monoclonaux après cytocentrifugation des leucocytes. Les résultats, exprimés en nombre de cellules positives
pour 2 × 105 leucocytes examinés, sont obtenus en quatre à cinq
heures. Ce test sensible n’est pas adapté aux grandes séries du fait
de sa lourdeur de mise en œuvre et du délai à respecter entre prélèvement et technique (deux à trois heures) et il est en défaut chez
les patients en aplasie [37] . Les antigènes intracellulaires synthétisés dans la cellule infectée à différentes étapes de la réplication
virale (très précoce, précoce ou tardive) sont recherchés à l’aide
d’anticorps monoclonaux spécifiques. Ces techniques manquent
de sensibilité. Elles ne gardent leur intérêt que pour caractériser
des cellules infectées sur coupes histologiques.
Détection de l’ADN viral
La détection qualitative ou quantitative du génome viral est
réalisée par des techniques de polymerase chain reaction (PCR) en
temps réel qui ont supplanté les techniques de PCR en point final
car plus sensibles, plus précises, plus reproductibles et adaptées
aux grandes séries [38] . Le risque de faux positif par contamination
est également réduit. Des trousses commercialisées sont actuellement disponibles et certaines sont adaptées à une automatisation
complète [39] . La mesure de la charge virale du CMV peut être
effectuée à partir du sang total, du plasma ou des leucocytes. La
diversité des techniques de PCR en temps réel pratiquées dans
les différents laboratoires, tant pour le protocole de PCR utilisé
que pour le compartiment sanguin analysé, rend les comparaisons
délicates. La mise à disposition d’un standard international (WHO
International Standard) permet d’exprimer les résultats en unités internationales (UI) par millilitre de sang total ou plasma, ou
million de cellules [40] . Les charges virales déterminées par PCR en
temps réel sont concordantes avec les mesures d’antigénémie dans
la majorité des études comparant les deux techniques. Cependant,
la PCR en temps réel permet de détecter l’infection plus précocement [37] . Les techniques d’hybridation in situ, peu sensibles,
sont réservées aux études physiopathologiques. Elles peuvent être
combinées avec la détection d’antigènes viraux ou cellulaires par
immunocytochimie, ce qui permet de reconnaître des infections
mixtes ou d’identifier la cellule infectée.
Culture cellulaire
Les cellules de choix sont les fibroblastes humains en monocouches confluentes d’au moins 48 heures. L’effet cytopathique
caractéristique (ECP), observé en microscopie inversée, est constitué de foyers ovalaires de cellules augmentées de volume et
réfringentes, qui progressent lentement selon le grand axe des
fibroblastes. Pour confirmer la présence du virus, il est rarement
nécessaire de recourir à la coloration au Giemsa qui permet
d’observer des inclusions intracytoplasmiques et intranucléaires
dans les cellules infectées ou à la détection d’antigènes spécifiques
du virus par immunocytochimie.
En pratique, un délai de huit à 20 jours est nécessaire pour
observer les premiers foyers mais il peut aller jusqu’à six semaines,
un entretien régulier des cultures cellulaires étant alors indispensable. Cette technique qui permet de conserver les souches virales
n’est plus utilisée pour le diagnostic des infections en raison
de son délai de rendu, de sa lourdeur et de sa sensibilité inférieure à celle des techniques de biologie moléculaire. La culture
dite rapide associe une centrifugation des prélèvements sur les
fibroblastes, et la détection par immunocytochimie, après 24 à
48 heures d’incubation, des antigènes très précoces synthétisés au
cours du premier cycle de réplication virale. Cette méthode est
plus sensible que l’isolement pour les prélèvements contenant
du virus libre (urine par exemple) et de sensibilité équivalente
pour les prélèvements contenant du virus lié aux cellules (sang,
8
Sérodiagnostic
Les techniques sérologiques utilisées en pratique quotidienne
sont de type immunoenzymatiques. Les tests Elisa (enzyme-linked
immunosorbent assay) permettent la détection soit des anticorps
totaux, soit des anticorps de type IgG ou IgM séparément.
Ils sont très sensibles. De nombreuses trousses sont actuellement commercialisées. Pour la détection des IgM, les techniques
d’immunocapture sont à privilégier car elles limitent le risque de
réactions faussement positives liées à la présence de facteur rhumatoïde. Comme source protéique, les trousses utilisent soit des
lysats de cellules infectées, mal définis sur le plan antigénique,
qui comportent des protéines ayant des homologies avec les antigènes des autres herpès virus, soit des protéines recombinantes
ou peptides synthétiques correspondant aux déterminants antigéniques essentiels de la réponse humorale. Du fait de la diversité
de ces préparations antigéniques, des discordances entre les différents tests sont observées pour les valeurs proches du seuil.
La présence d’IgM n’est pas toujours un marqueur de primoinfection récente. Ces dernières peuvent persister plusieurs mois,
être détectées au cours des réactivations endogènes ou des réinfections, lors de stimulations polyclonales non spécifiques du
système immunitaire induites par une autre infection ou en raison
de réactions croisées. En dehors d’un contexte clinique évocateur, il n’est pas toujours facile de rattacher la détection d’IgM
EMC - Maladies infectieuses
Infections à cytomégalovirus 8-052-C-10
à une primo-infection récente et il est alors nécessaire d’utiliser
des tests complémentaires [41] . La mesure de l’indice d’avidité des
anticorps de type IgG permet de différencier une primo-infection
récente d’une infection ancienne. En effet, les immunoglobulines de type IgG synthétisées lors d’une primo-infection ont une
faible avidité pour l’antigène par rapport à celles synthétisées à
l’occasion des infections secondaires. En pratique, on évalue la
dissociation de la liaison antigène anticorps en présence d’urée.
L’indice d’avidité des IgG est dans plus de 90 % des cas inférieur à
50 % dans les primo-infections récentes alors que, dans les infections anciennes et les infections secondaires, l’indice d’avidité est
élevé (60–100 %). Malgré la mise sur le marché de trousses commerciales destinées à la mesure de cet indice, l’interprétation des
résultats reste délicate, en particulier lorsque le taux des IgG est
faible [42, 43] .
charge virale sanguine à la naissance aurait un intérêt pronostique
puisqu’il a été montré que parmi les nouveau-nés asymptomatiques ceux qui avaient une charge virale sanguine élevée étaient
plus à risque de développer une surdité [50] .
Utilisation des marqueurs diagnostiques
Maladie à cytomégalovirus
Infection latente
Un niveau élevé de charge virale (antigénémie pp65 ou ADNémie) est en faveur d’une maladie à CMV mais un seuil permettant
de distinguer infection active sans retentissement clinique et
maladie est difficile à adapter aux cas individuels. Le diagnostic des atteintes du système nerveux central repose en pratique
sur l’examen du LCS, la biopsie des lésions cérébrales étant rarement effectuée. La détection du génome par PCR dans le LCS est
la méthode de choix, à la fois sensible et spécifique. L’intérêt de
la quantification des génomes viraux présents dans le LCS reste
à déterminer. Le diagnostic des atteintes digestives repose sur la
confrontation des données de l’examen endoscopique avec les
résultats de l’étude anatomopathologique et virologique des biopsies. Une culture virale positive ou la détection du génome par
PCR, associée à la mise en évidence de cellules à inclusion ou
d’antigènes viraux en immunocytochimie dans les biopsies, est en
faveur de la responsabilité du CMV. Les résultats dépendent étroitement de la localisation et du nombre des biopsies. La preuve du
diagnostic peut cependant n’être apportée que par la disparition
des symptômes sous traitement bien conduit. Le diagnostic de
pneumopathie à CMV est difficile à établir. En présence de signes
radiologiques de pneumonie interstitielle, il repose sur la mise
en évidence d’inclusions spécifiques dans le tissu pulmonaire.
La biopsie pulmonaire est rarement réalisée, alors que les LBA
sont couramment pratiqués. Le diagnostic s’appuie sur un faisceau d’arguments comprenant la présence du virus dans le LBA,
l’absence d’autres agents pathogènes et la réponse au traitement.
L’isolement du virus dans le LBA a une forte valeur pronostique
après allogreffe de moelle puisque le risque de pneumonie interstitielle est alors de 70 % en l’absence de traitement. L’intérêt de
mesurer la charge virale dans le LBA doit être évalué. Le diagnostic de rétinite à CMV est essentiellement clinique, devant des
lésions caractéristiques observées à l’examen du fond d’œil. La
recherche de virus par PCR à partir de l’humeur aqueuse ou de
vitré est réservée aux cas atypiques.
Le statut immunitaire d’un sujet vis-à-vis du CMV est établi
chez les donneurs de sang, les receveurs et donneurs d’organe ou
de moelle avant la greffe par la détection des anticorps totaux
ou de type IgG par une technique sensible, pratiquée sur un seul
échantillon de sérum.
Primo-infection
La démonstration de la séroconversion en est le meilleur critère. Les anticorps de type IgM sont présents dès le début des
manifestations cliniques et précèdent les anticorps de type IgG
de huit à dix jours. Cependant, la séroconversion peut être retardée. En l’absence de sérum précoce, la présence des anticorps de
type IgM ne permet pas d’affirmer la primo-infection avec certitude. La mesure de l’indice d’avidité des anticorps de type IgG doit
alors être effectuée. Elle est indispensable chez la femme enceinte
pour trancher entre primo-infection récente et ancienne [41] . Chez
le sujet immunocompétent, l’antigénémie est détectée pendant
deux à trois semaines. L’ADNémie leucocytaire persiste dans 25 %
des cas pendant une durée de six mois après la primo-infection
et, au-delà de ce délai, elle n’est présente chez aucun sujet [44] . La
détection de l’ADN viral dans le sang peut être utile au diagnostic
en présence de signes cliniques évocateurs avant l’apparition des
anticorps.
Infection du fœtus et du nouveau-né
Le diagnostic virologique de l’infection fœtale repose sur la
détection, dans le liquide amniotique, de l’ADN viral par PCR.
La spécificité de la PCR pour le diagnostic d’infection fœtale est
proche de 100 % depuis que l’on utilise les techniques de PCR en
temps réel. Sa sensibilité est supérieure à 95 % lorsque la ponction
amniotique est réalisée après 21 semaines d’aménorrhée (terme
après lequel la maturation du système urinaire fœtal est acquise)
et au moins sept semaines après la primo-infection maternelle [45] .
Quelques faux négatifs du diagnostic prénatal, dus à un passage
tardif du virus au fœtus, celui-ci n’étant pas encore infecté au
moment où l’amniocentèse est réalisée, ont été rapportés. Aucun
de ces cas n’a cependant été décrit comme symptomatique à
la naissance [46] . Le diagnostic d’infection fœtale est insuffisant
pour prédire si le nouveau-né aura des manifestations cliniques
de cette infection. La valeur prédictive de la charge virale dans
le liquide amniotique reste controversée. Lorsque le diagnostic
d’infection fœtale est établi, certains pratiquent une ponction
de sang fœtal pour mesurer l’ADNémie fœtale et les plaquettes
fœtales dont la valeur pronostique a été démontrée dans deux
études [47, 48] . Le suivi échographique à la recherche d’anomalies
fœtales ou placentaires est indispensable. Chez le nouveau-né, la
méthode diagnostique de référence est la détection du virus par
culture ou de l’ADN viral par PCR dans les urines prélevées dans les
15 premiers jours de vie. La recherche de l’ADN viral par PCR dans
la salive prélevée dans les premiers jours de vie est une alternative
qui a démontré une spécificité et une sensibilité équivalente à
la PCR dans les urines [49] . La détection de l’ADNémie ne permet
de dépister que 80 % des nouveau-nés infectés. La mesure de la
EMC - Maladies infectieuses
Diagnostic rétrospectif de l’infection congénitale
à cytomégalovirus chez l’enfant
Lorsqu’un jeune enfant a des signes cliniques compatibles
avec une infection congénitale à CMV (signes neurologiques ou
surdité), un diagnostic rétrospectif de l’infection peut être effectué par PCR à partir du sang séché conservé sur les cartes de
Guthrie [51] . La sensibilité de cette méthode diagnostique varie
largement (30–100 %) selon les études. Cela pourrait s’expliquer
par des différences dans les protocoles de PCR utilisés et dans les
caractéristiques des populations étudiées [52] .
Suivi virologique du patient immunodéprimé
La surveillance des marqueurs de dissémination sanguine du
virus, qui précède et/ou accompagne le développement d’une
atteinte viscérale, constitue l’élément majeur du suivi virologique.
D’autres prélèvements sont pratiqués en fonction des signes
d’appel. Il existe une corrélation positive entre un haut niveau
de charge virale, son augmentation rapide et l’apparition d’une
maladie à CMV. La surveillance de la charge virale circulante permet ainsi de prédire la survenue d’une localisation viscérale et
d’initier un traitement anticipé, et également d’évaluer la réponse
au traitement. Sous traitement antiviral efficace, une réduction
de moitié du niveau de l’ADNémie est obtenue en un à deux
jours et celle-ci devient indétectable en 15 à 21 jours. Ce délai
dépend cependant de la charge virale initiale [53] . Une décroissance lente de la charge virale peut être associée à une récurrence
à l’arrêt du traitement, beaucoup plus rarement à une résistance.
L’antigénémie devient indétectable en dix à 15 jours après parfois
une élévation transitoire. Chez les receveurs d’allogreffe, quel que
soit le type de transplantation, une surveillance hebdomadaire
de la charge virale est instituée après la greffe et poursuivie au
9
8-052-C-10 Infections à cytomégalovirus
moins les trois premiers mois. Le choix de la méthode dépend de
la pratique du laboratoire. Du fait de la variété des méthodes de
quantification proposées, il est préférable de conserver la même
technique de quantification tout au long du suivi. Il existe une
corrélation entre les valeurs d’antigénémie et la charge virale dans
le sang total ou les leucocytes mais cette corrélation n’est pas
linéaire. En transplantation rénale et hépatique, le seuil de charge
virale de 10 000 copies par millilitre de sang total ou par 5 × 105
leucocytes utilisé pour initier un traitement correspond à 25 à
50 cellules pp65-positives. Après greffe de cellules souches hématopoïétiques, compte tenu de la mortalité associée à la pneumonie
à CMV, le traitement est initié dès la certitude d’une infection
active, à partir de 1000 copies/ml ou dès la première antigénémie. La décroissance de la charge virale sous traitement est un
élément d’évaluation de la réponse au traitement. La place des
tests de mesure de l’immunité cellulaire anti-CMV dans la prédiction de l’infection active et de la réponse au traitement reste
à documenter [54] . Au cours du sida, une surveillance virologique
n’est en pratique nécessaire que chez les patients dont le nombre
de lymphocytes CD4+ est inférieur à 100/mm3 , voire 50/mm3 .
Différenciation des souches
et génotypage
La technique de référence pour différencier des souches est
l’analyse du polymorphisme de restriction de la totalité du
génome, méthode longue, fastidieuse et difficile. Des méthodes
plus rapides, se limitant à l’analyse du polymorphisme de régions
variables comme la séquence « a » dans la zone de jonction, les
régions UL11-13 codant des glycoprotéines, le gène UL4 ou les
microsatellites ont été décrites. C’est ainsi que la preuve de la
transmission d’une souche d’un patient à un autre a pu être apportée dans deux études et le rôle des réinfections après greffe de foie
ou de rein a été confirmé. Les infections multiples, démontrées
chez différents groupes d’individus comme les patients infectés
par le VIH, les receveurs d’allogreffe ou des enfants fréquentant
les crèches, ne sont pas exceptionnelles. Des tentatives de regroupement des souches en génotypes ont été réalisées, à partir des
séquences de différents gènes, le fragment du gène UL55 qui code
la zone de clivage de la glycoprotéine B (gB) étant le plus communément étudié [55] . Cette classification simplifiée n’a pas permis
à ce jour d’identifier un lien entre le génotype et la nature ou
la sévérité des manifestations cliniques. La co-infection par des
génotypes différents chez les patients transplantés est cependant
un facteur d’échappement au traitement antiviral. Une approche
plus récente combinant le génotypage de deux régions de la glycoprotéine B, de la gH et de la gN permet de différencier plus
Pro-médicaments
ValACV
ValGCV
CMX001
ACV
GCV
CDV
Kinases
cellulaires
UL97
GCVp
ACVp
finement les souches et a permis d’identifier des phénomènes de
recombinaison intragénique au sein de la glycoprotéine B, dont
l’impact est à ce jour inconnu [10] .
Traitement et prévention
Molécules à activité antivirale
Molécules antivirales disponibles
Les antiviraux systémiques actuellement disponibles, le ganciclovir, son promédicament le valganciclovir, le foscarnet et le
cidofovir sont des inhibiteurs de l’ADN polymérase virale et sont
sans effet sur le virus latent (Fig. 4, 5). Un inhibiteur des ARN
messagers très précoces, le fomivirsen, indisponible en France,
est indiqué en traitement local des rétinites. L’aciclovir et son
promédicament, le valaciclovir, sont utilisés uniquement en prophylaxie. Le ganciclovir est le plus largement utilisé. Analogue
de la désoxyguanosine, il est actif dans les cellules infectées
sous forme triphosphate. La première phosphorylation, assurée
par la protéine kinase virale pUL97, est l’étape limitant son
activité. Les phosphorylations suivantes sont catalysées par des
kinases cellulaires. Le ganciclovir peut être administré par voie
veineuse (intraveineuse) et par voie intravitréenne. Le valganciclovir, dérivé L-valyl-ester du ganciclovir, est administré par
voie orale et permet d’atteindre des concentrations plasmatiques
de ganciclovir équivalant celles obtenues avec le ganciclovir par
voie intraveineuse. Le principal effet indésirable du ganciclovir
est sa toxicité hématologique, qui se manifeste par l’apparition
d’une neutropénie, plus rarement d’une thrombopénie et, en
cas d’utilisation prolongée, d’une anémie. Sa concentration inhibitrice 50 % (CI50 ) sur les souches sensibles est comprise entre
2,5 et 8 ␮M selon les méthodes. Le foscarnet, actif sans métabolisme préalable, est un analogue des pyrophosphates, qui bloque
le relargage des pyrophosphates par l’ADN polymérase virale.
Il s’administre en perfusion lente (1,5–2 heures). Sa toxicité est
essentiellement rénale, imposant une hydratation d’au moins
un litre de sérum physiologique et la surveillance régulière de
la fonction rénale. Il est souvent préféré au ganciclovir chez les
patients neutropéniques. Sa CI50 sur les souches sensibles est
comprise entre 40 et 400 ␮M selon les méthodes. Le cidofovir,
analogue nucléotidique de la cytidine, actif dans la cellule infectée après deux phosphorylations par des enzymes cellulaires, est
un puissant inhibiteur de l’ADN polymérase virale, comme en
témoigne une CI50 de 0,5 à 1 ␮M sur les souches sensibles. Il
est administré en perfusion d’une durée d’une heure. Sa demivie longue autorise une administration hebdomadaire. Sa toxicité
rénale peut conduire à une destruction tubulaire proximale et
justifie une hydratation saline de un à deux litres de sérum
Foscarnet
Figure 4. Mécanismes d’action des antiviraux. Le ganciclovir (GCV), le cidofovir (CDV) et le foscarnet sont les antiviraux
actifs sur le cytomégalovirus actuellement disponibles. Le valaciclovir (ValACV) n’est utilisé qu’en prophylaxie. La protéine
kinase UL97 du cytomégalovirus phosphoryle le ganciclovir et
moins efficacement l’aciclovir (ACV), et les phosphorylations
suivantes sont effectuées par les kinases cellulaires. Les formes
mono-, di- et triphophorylées sont indiquées par les suffixes p,
pp et ppp respectivement. UL97 : protéine kinase UL97. ADN :
acide désoxyribonucléique ; ValGCV : valganciclovir ; CMX001 :
brincidofovir, conjugué lipidique du cidofovir.
Kinases
cellulaires
ACVppp
GCVppp
CDVpp
ADN polymérase UL54
10
EMC - Maladies infectieuses
Infections à cytomégalovirus 8-052-C-10
Figure 5. Cibles des inhibiteurs du cytomégalovirus humain et leur rôle dans le cycle
viral. pUL54 est l’acide désoxyribonucléique
(ADN) polymérase virale, cible du ganciclovir, de
l’aciclovir, du cidofovir et du foscarnet. pUL97
agit à deux niveaux au moins dans le cycle
viral : elle déclenche l’initiation de la synthèse
d’ADN viral, en phosphorylant la protéine accessoire pUL44 (encart), puis, plus tard dans le
cycle, elle favorise la sortie du noyau des capsides néoformées, d’une part en déclenchant,
via la protéine cellulaire p32, la dislocation de
la lamina, et d’autre part en inhibant la tégumentation intranucléaire, via la phosphorylation
de pp65 (pUL83) qui empêche l’agrégation de
cette protéine. pUL27 interagit à ce niveau avec
pUL97 qui est la cible du maribavir. Le complexe
terminase clive les génomes viraux et les insère
dans les capsides néoformées. Il est la cible du
létermovir.
physiologique, l’administration de 4 g de probénécide répartie le
jour de la perfusion et le contrôle de la fonction rénale avant
chaque administration par dosage de la créatininémie et recherche
de protéinurie. Une neutropénie est également possible. Cette
toxicité fait réserver le cidofovir aux échecs du ganciclovir et du
foscarnet. Le fomivirsen est un ARN antisens de 21 nucléotides
inhibant spécifiquement les ARN messagers des gènes très précoces majeurs. Du fait de sa mauvaise biodisponibilité, il est utilisé
en traitement local, par injections intraoculaires, des rétinites à
CMV.
Nouvelles molécules antivirales [34, 56] (Fig. 5)
Le maribavir, benzimidazole L-riboside, interagit avec la protéine kinase UL97 et inhibe la sortie des nucléocapsides hors
du noyau. Cette molécule peu toxique, directement active
dans la cellule infectée, est administrée par voie orale. Sa
CI50 , de l’ordre de 0,15 ␮M, est inférieure à celle du ganciclovir. Après un essai prometteur de phase II, les essais de
phase III en prévention de l’infection à CMV chez des receveurs d’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques et des
receveurs de greffe de foie n’ont pas montré d’efficacité du
maribavir en prophylaxie avec une posologie faible [57] . Il est administré à des posologies supérieures (400 à 800 mg 2 fois/j) chez
des patients en impasse thérapeutique. L’efficacité de ces traitements est variable et des mutations de résistance peuvent être
sélectionnées [58] .
Le brincidofovir, conjugué lipidique du cidofovir, CMX001,
a une activité antivirale plus puissante que celle du cidofovir
associée à une absence de toxicité rénale et à une biodisponibilité élevée, permettant son administration par voie orale. Du
fait de sa longue demi-vie, il peut être administré une ou deux
fois par semaine. Son efficacité et sa tolérance ont été évaluées
chez des receveurs de cellules hématopoïétiques en prévention de
l’infection à CMV [59] . Cette molécule est actuellement en essais
de phase III.
Le létermovir est un représentant d’une nouvelle classe
d’inhibiteurs non nucléosidiques, les 3-4-dihydroquinazolines. Il
inhibe la sous-unité pUL56 du complexe viral terminase. In vitro,
le létermovir est un inhibiteur puissant de la réplication du CMV
avec des CI50 voisines de 5 nM. Les essais de phase II ont montré
une bonne tolérance au produit qui est actuellement en essai de
phase III [60] .
EMC - Maladies infectieuses
Autres molécules
L’artésunate, un antipaludéen, inhibe in vitro la réplication du
CMV en modifiant le métabolisme cellulaire et en bloquant la
synthèse de protéines transactivatrices cellulaires en particulier
Sp-1 et NF-kappa B. Un essai de phase III de traitement anticipé de
l’infection à CMV chez des receveurs de cellules souches hématopoïétiques montre des résultats variables [61] . Quelques patients,
en échec thérapeutique, ont reçu de l’artésunate et une réduction
de la charge virale a été observée chez certains d’entre eux.
Le léflunomide, médicament utilisé dans le traitement de
l’arthrite rhumatoïde, a des propriétés immunosuppressives et
anti-inflammatoires. Son activité anti-CMV, démontrée in vitro,
résulte d’une interférence avec l’assemblage du virion. Une
activité antivirale variable a été observée chez des patients traités [34, 62] .
Le sirolimus et l’éverolimus sont des immunodépresseurs, inhibiteurs de mTOR. Leur administration est associée à une moindre
incidence de l’infection à CMV chez les receveurs d’allogreffe
d’organe ou de cellules souches hématopoïétiques et à une diminution de la charge virale CMV. Le mécanisme de cette activité
antivirale observée n’est pas connu [34, 62] .
“ Point fort
• Les antiviraux disponibles actifs sur le cytomégalovirus
sont des inhibiteurs de l’ADN polymérase dont la toxicité
interdit l’emploi chez la femme enceinte.
• De nouvelles molécules, actuellement à l’étude (essais
de phase III), sont prometteuses en termes d’efficacité et
de tolérance.
Prise en charge thérapeutique
Infection maternofœtale
Un des principaux facteurs de risque de la primo-infection
maternelle est la prise en charge à la maison d’un enfant de moins
11
8-052-C-10 Infections à cytomégalovirus
de 6 ans. La prévention de cette infection passe par des règles
simples d’hygiène telles que se laver les mains après avoir changé
la couche, nourri, baigné, mouché son enfant, ne pas partager de
cuillères, nettoyer les jouets, etc. Ces règles sont efficaces mais difficiles à appliquer en pratique. En France, le rapport de l’Agence
nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes) de 2004
préconise que les femmes enceintes soient instruites des mesures
d’hygiène universelles à respecter pendant la grossesse. Il n’existe
aucun traitement validé de l’infection congénitale à CMV pendant la grossesse. Le ganciclovir, le foscarnet et le cidofovir sont
contre-indiqués en raison de leur toxicité. Le valaciclovir, bien
toléré, a une bonne biodisponibilité chez la femme enceinte et
chez le fœtus. Une étude randomisée évaluant l’efficacité du valaciclovir dans l’infection maternofœtale est en cours. Une étude
pilote avait suggéré l’efficacité de l’injection d’immunoglobulines
hyperimmunes sur la transmission du virus au fœtus ainsi que sur
la sévérité de l’atteinte fœtale [63] . Ces résultats n’ont pas été confirmés par une étude randomisée italienne qui montre l’absence
d’efficacité de ce traitement [64] . Une autre étude randomisée est
actuellement en cours aux États-Unis. Le bénéfice d’un traitement
antiviral néonatal par le ganciclovir sur le handicap sensoriel ou
psychomoteur est suggéré par deux études randomisées. Une première étude chez des nouveau-nés ayant une atteinte du système
nerveux central avait montré une amélioration ou une stabilisation de l’audition à six mois chez 81 % (21/25) des enfants
traités pendant six semaines par ganciclovir par voie intraveineuse
alors qu’une amélioration ou une stabilisation de l’audition n’était
constatée que chez 59 % (10/17) dans le bras contrôle [65] . Depuis,
l’administration du traitement a été grandement facilitée par la
mise sur le marché du sirop de valganciclovir dont la tolérance
hématologique est satisfaisante chez plus de 60 % des nouveau-nés
traités. En pratique, les nouveau-nés infectés et symptomatiques,
notamment ceux ayant un déficit auditif, sont de plus en plus
souvent traités par une cure de six semaines de valganciclovir.
Par ailleurs, le bénéfice sur l’audition et l’acquisition du langage
d’un traitement prolongé par le valganciclovir est suggéré par les
premiers résultats d’un deuxième essai randomisé qui comparait
l’efficacité du valganciclovir administré pendant six semaines ou
pendant six mois [66] .
Patient infecté par le virus de l’immunodéficience
humaine
La rétinite nécessite l’instauration rapide du traitement spécifique. Un traitement antirétroviral efficace doit être instauré dans
un délai de 15 jours. Le traitement de première intention est le valganciclovir (900 mg deux fois par jour) pendant trois semaines [67] .
En cas d’atteinte centrale de la rétine ou de foyers étendus, le ganciclovir par voie intraveineuse (5 mg/kg/12 heures) ou le foscarnet
(90 à 100 mg/kg/12 heures) pendant deux ou trois semaines sont
indiqués. Des injections intravitréennes de ganciclovir peuvent
être proposées. Elles doivent être associées à un traitement par
voie générale comme le valganciclovir pour éviter la survenue
d’une atteinte de l’œil controlatéral ou les manifestations extraoculaires de l’infection. Le traitement d’entretien s’impose pour
éviter la rechute de la rétinite dans un délai de 20 à 30 jours après
la fin du traitement d’attaque. Le valganciclovir, à la posologie de
900 mg en une prise par jour, est le plus communément utilisé.
Le foscarnet est administré en entretien à raison d’une perfusion par jour (120 mg/kg). La durée du traitement d’entretien est
conditionnée par le niveau de restauration immunitaire induit par
les traitements antirétroviraux. L’arrêt du traitement d’entretien
est possible quand le nombre de lymphocytes T CD4+ s’élève audessus de 100/mm3 depuis au moins trois mois [67] . La reprise du
traitement d’entretien doit être envisagée en cas d’échec du traitement antirétroviral. Le traitement des atteintes digestives fait
appel au ganciclovir ou au foscarnet. Le valganciclovir peut être
proposé en l’absence de troubles de l’absorption. Les rechutes
sont moins fréquentes que dans les rétinites, aussi la nécessité
d’un traitement d’entretien est à discuter au cas par cas. Les
atteintes du système nerveux central sont particulièrement difficiles à traiter. L’association de ganciclovir et foscarnet, démontrée
synergique in vitro, est proposée. La prévention de la maladie
par l’administration de valganciclovir chez des patients ayant
12
un nombre de lymphocytes T CD4+ inférieur à 100/mm3 et une
ADNémie CMV supérieure à 1000 copies/ml peut être discutée au
cas par cas [68] .
Receveur de greffe
Stratégies de prévention de l’infection ou de la maladie
Elles sont mises en œuvre en transplantation selon des recommandations internationales réactualisées régulièrement [34, 54, 69] .
La prophylaxie consiste à administrer un traitement antiviral
après la greffe pour prévenir l’infection active. Le traitement anticipé est institué dès que le niveau de la charge virale atteint un
seuil prédéfini indiquant un risque élevé de survenue de manifestations cliniques. Cette stratégie nécessite une surveillance
virologique régulière du patient et impose de définir les seuils
d’antigénémie ou d’ADNémie pour chaque type de greffe afin
d’initier sans retard le traitement. Le choix entre traitement prophylactique ou anticipé ne fait pas l’objet d’un consensus. La
prophylaxie a considérablement amélioré le pronostic des transplantations d’organe, diminuant le risque de maladie à CMV dans
les mois suivant la greffe et le risque de rejet aigu [70] . Elle représente la prévention de choix chez les receveurs de greffe d’organe à
haut risque de maladie à CMV. Cependant, l’utilisation d’une prophylaxie systématique risque de générer le traitement par excès de
patients à risque moindre. La prophylaxie retarde la maturation
des défenses immunitaires anti-CMV, en particulier le ganciclovir. Elle retarde l’apparition des manifestations cliniques qui ont
parfois une symptomatologie atypique. Enfin, elle augmente la
durée d’exposition à l’antiviral, augmentant donc le risque d’effets
toxiques et d’une éventuelle émergence de résistance du CMV aux
antiviraux.
Greffe d’organe. Après transplantation d’organe, la prophylaxie antivirale est recommandée chez les receveurs à haut risque
de maladie à CMV comme les receveurs de poumon et d’intestin,
les receveurs séronégatifs avec donneur séropositif (D+/R–), les
patients recevant des immunoglobulines antilymphocytaires ou
un conditionnement très immunosuppresseur [34, 54] . Une durée de
prophylaxie de trois mois expose le receveur au risque de maladie
à CMV tardive (survenant au-delà du 100e jour après greffe). Chez
les D+/R–, il est proposé de prolonger la durée à six mois pour les
greffes de rein, de foie et de cœur, et de six à 12 mois pour les greffes
de poumon [71, 72] . Chez les R+, quel que soit le statut du donneur,
la durée de trois mois est habituelle pour les greffes de rein, de foie,
de pancréas et de cœur. Elle peut être prolongée chez les patients
qui reçoivent un traitement immunosuppresseur puissant et chez
les receveurs de greffe d’intestin ou de poumon. Après l’utilisation
successivement du ganciclovir par voie intraveineuse (5 mg/kg par
jour), du ganciclovir oral (1000 mg × 3 fois/j) puis du valaciclovir [73] , le valganciclovir (900 mg/j) est la molécule de choix pour
la prophylaxie après greffe d’organe. L’alternative, utilisée chez
les receveurs d’organe séropositifs avant greffe, à moindre risque
de maladie à CMV, est le traitement anticipé. Chez les receveurs
de greffe de rein ou de foie, les recommandations consensuelles
actuelles sont d’utiliser indifféremment traitement anticipé ou
prophylaxie. L’évaluation de la réponse immunitaire cellulaire
spécifique CD4+ et CD8+ pourrait permettre de reconnaître les
patients les plus à risque de maladie sévère et guider les modalités de la prophylaxie et du traitement anticipé [74] . Cependant,
la diversité des méthodes utilisées rend actuellement délicates
l’interprétation et la comparaison des résultats obtenus. De larges
études sont nécessaires pour définir les seuils de lymphocytes spécifiques qui permettraient d’établir une stratification des risques.
Greffe de cellules souches hématopoïétiques. L’utilisation
du ganciclovir en prophylaxie est obérée par la toxicité hématologique de la molécule. Le valaciclovir (2 g/j) en relais de
l’aciclovir par voie intraveineuse (500 mg/m2 ) limite plus efficacement que l’aciclovir oral les épisodes d’infection clinique
ou subclinique (28 % versus 40 %, respectivement). Le valaciclovir est donc indiqué en prophylaxie après allogreffe de cellules
souches hématopoïétiques, en remplacement de l’aciclovir et en
alternative au ganciclovir [75] . Cette prophylaxie par valaciclovir, dont l’activité anti-CMV est faible, doit s’accompagner de
la surveillance au moins hebdomadaire de la charge virale en
vue d’administrer un traitement anticipé [69] . Le ganciclovir par
EMC - Maladies infectieuses
Infections à cytomégalovirus 8-052-C-10
voie intraveineuse en l’absence de contre-indication et le foscarnet sont proposés en première ligne du traitement anticipé, le
cidofovir en deuxième ligne. Le valganciclovir, administré à dose
curative (900 mg × 2/j), est utilisé chez des receveurs qui ont un
risque faible de développer des manifestations sévères de maladie
à CMV. Après la greffe, plusieurs facteurs concourent à l’altération
ou au retard de maturation des défenses cellulaires spécifiques
essentielles au contrôle de l’infection comme le traitement immunosuppresseur, l’infection à CMV elle-même. Dans ce contexte
ont été développés des essais d’immunothérapie adoptive, par
transfert du donneur au receveur de lymphocytes T réactifs visà-vis du CMV. Ce type de traitement expérimental est onéreux et
encore difficilement accessible [76, 77] .
Traitement de la maladie à cytomégalovirus
Il consiste en première intention en l’administration de ganciclovir par voie intraveineuse (5 mg/kg/12 heures), associée si
possible en cas d’atteinte sévère à une diminution du traitement
immunosuppresseur. Le foscarnet est administré si le ganciclovir
est contre-indiqué. Chez les receveurs de greffe de cellules souches
hématopoïétiques, le traitement de la pneumopathie interstitielle
associe le ganciclovir par voie intraveineuse à l’administration de
gammaglobulines polyvalentes à 0,5 g/kg. Le valganciclovir est
une alternative au ganciclovir par voie intraveineuse. Cependant,
les doses de valganciclovir à utiliser chez les patients ayant des
troubles de l’absorption, ainsi que l’efficacité des traitements à
dose réduite après adaptation posologique en cas d’insuffisance
rénale, restent à définir. La durée du traitement est déterminée
par le suivi de la charge virale. Le traitement est poursuivi jusqu’à
ce que la charge virale soit indétectable ou inférieure au seuil
de quantification à partir d’un ou deux prélèvements consécutifs
avec une durée minimum de 14 jours [54–69] .
Résistance aux antiviraux
Étude de la sensibilité des souches
aux antiviraux
Les deux approches, phénotypique et génotypique, sont
complémentaires. L’étude phénotypique repose sur la mesure des
concentrations d’antiviral inhibant de 50 % (CI50 ) la réplication
virale. La méthode de référence est la réduction du nombre de
foyers d’effet cytopathique après inoculation du virus sur fibroblastes embryonnaires humains en présence de concentrations
croissantes de l’antiviral à tester [62] . Des méthodes alternatives
qui mesurent la réduction de la production d’antigènes tardifs
ou la réduction de la synthèse des génomes viraux par PCR en
temps réel sont proposées [78] . L’isolement du virus et la constitution d’un stock, indispensables à la mise en œuvre des méthodes
phénotypiques nécessitent trois à quatre semaines. De plus, du
fait de la diversité des méthodes utilisées et de la difficulté de
leur standardisation, l’utilisation d’un index de sensibilité ou IS50 ,
défini comme la CI50 de la souche étudiée rapportée à celle d’une
souche sensible de référence, testée au cours de la même manipulation, ou à la moyenne des CI50 d’un panel d’isolats sensibles
testés dans le même laboratoire, est proposée. Un isolat est considéré comme résistant lorsque son IS50 est supérieur ou égal à 3.
Ces difficultés d’interprétation soulignent la nécessité de disposer d’un isolat avant traitement. Le génotype, caractérisé par les
mutations de résistance aux antiviraux, peut être établi à partir
de l’ADN extrait soit des isolats, soit directement des prélèvements. Les modifications de la protéine kinase UL97 sont en règle
générale les premières à apparaître sous pression de sélection par
le ganciclovir [62] . Lors des traitements prolongés par le ganciclovir, des mutations d’UL54 s’ajoutent aux mutations d’UL97, ce
qui confère un haut niveau de résistance au ganciclovir et une
résistance croisée au cidofovir [79] . Les mutations de résistance au
foscarnet ou au cidofovir sont localisées sur le gène UL54. Les
mutations d’UL54 induisent, en fonction de leur localisation sur
le gène, une résistance à un, deux ou aux trois antiviraux [62, 80] .
L’interprétation de ces mutations de résistance ne peut se faire
qu’en tenant compte du polymorphisme naturel du gène [62] . Les
mutations d’UL97 les plus fréquentes peuvent être détectées par
EMC - Maladies infectieuses
des méthodes rapides, basées sur l’étude du polymorphisme de
restriction de fragments amplifiés. La méthode de référence est le
séquençage des gènes d’intérêt UL97 et UL54. Cette méthode ne
détecte les populations minoritaires que si elles représentent au
moins 15 à 20 % de la population virale totale. Les techniques de
séquençage profond qui se développent sont capables d’identifier
des sous-populations de mutants très minoritaires (1 % de la population totale) et peuvent permettre d’anticiper l’émergence de
mutants majoritaires et donc l’échec du traitement [81] .
Émergence de la résistance
Les facteurs qui favorisent l’émergence de la résistance du CMV
aux antiviraux sont notamment la durée des traitements, un haut
niveau de charge virale et la persistance de la réplication sous
traitement qui peut résulter d’un manque de puissance antivirale du traitement et/ou de la sévérité de l’immunodépression
de l’hôte. Chez les patients infectés par le VIH à un stade
d’immunodépression profonde et prolongée (nombre de lymphocytes CD4+ < 100 ou même 50/mm3 ), l’incidence de la résistance
du CMV aux antiviraux était de plus de 20 % après un an de
traitement. Depuis l’introduction des traitements antirétroviraux
combinés, l’incidence de la résistance n’excède pas 5 %. Chez les
receveurs d’organe solide, l’incidence de la résistance dépend du
statut sérologique vis-à-vis du CMV du couple donneur/receveur.
Les receveurs particulièrement à risque de développer une résistance sont les D+/R– car les souches résistantes bien caractérisées
ont été isolées au cours de primo-infections à de rares exceptions près. L’incidence de la résistance dépend de l’organe greffé
et du traitement immunosuppresseur administré. Elle est habituellement de 5 à 10 % et peut atteindre 27 % chez les receveurs
de poumon séronégatifs avant greffe [82, 83] . Chez les receveurs
d’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques, l’incidence de
la résistance est plus faible, voisine de 2 à 3 % en dehors des
receveurs de greffe haplo-identique chez lesquels elle atteint
14,5 % [82, 84, 85] . Le risque d’émergence de la résistance après traitement prophylactique chez les receveurs d’organe paraît faible.
Cependant, la prophylaxie par valaciclovir a conduit à la sélection
rapide d’un mutant résistant au ganciclovir chez un receveur de
greffe de rein [86, 87] , les mutations de UL97 induisant une résistance
croisée au ganciclovir et au valaciclovir [88] .
“ Point fort
• La résistance est une des causes d’échec du traitement.
• Elle peut conduire à une impasse thérapeutique lorsque
des mutations du gène UL54 induisent une résistance croisée aux inhibiteurs de l’ADN polymérase virale ou lorsque
les antiviraux alternatifs sont contre-indiqués.
Vaccination
La mise au point d’un vaccin a pour but de réduire la transmission maternofœtale du virus et de limiter chez les receveurs
d’allogreffe le recours aux traitements antiviraux. Un candidat vaccin sous forme de glycoprotéine B recombinante associé
à l’adjuvant MF59 a fait l’objet de deux études de phase II
randomisées contre placebo. La première a été menée chez
441 femmes séronégatives qui avaient accouché dans l’année précédant l’essai [89] . L’efficacité du vaccin, évaluée sur un suivi de
42 mois, a été de 50 %. La seconde a concerné des patients en
attente d’allogreffe de rein ou de foie [90] . Après greffe, une réduction de la durée des épisodes de virémie et de la durée du
traitement antiviral a été observée chez les receveurs de greffe
vaccinés par rapport aux receveurs qui avaient reçu le placebo.
Un vaccin thérapeutique constitué de deux plasmides codant
13
8-052-C-10 Infections à cytomégalovirus
respectivement la glycoprotéine B et la pp65 a fait l’objet d’un
essai randomisé de phase II chez des receveurs de cellules souches
hématopoïétiques séropositifs vis-à-vis du CMV [91] . Le vaccin a
été administré en quatre injections, la première avant greffe et
les suivantes à un, trois et six mois après greffe. Les épisodes de
réactivation ont été moins nombreux chez les patients vaccinés
et ils ont été de moindre durée. Cependant, aucune différence n’a
été observée entre les receveurs vaccinés et le groupe témoin en
ce qui concerne les pourcentages d’épisodes qui ont nécessité un
traitement antiviral.
“ Points essentiels
• L’infection à CMV est ubiquitaire.
• La séroprévalence est fonction des conditions socioéconomiques.
• Le virus persiste à l’état latent chez l’hôte après la primoinfection.
• Des infections secondaires par réactivation du virus
endogène et réinfection par de nouvelles souches sont
possibles.
• Pathogène majeur chez l’hôte immunodéprimé, le
fœtus et le nouveau-né infecté in utero, il est responsable
d’infections inapparentes ou bénignes chez l’hôte immunocompétent.
• L’immunité cellulaire spécifique joue un rôle majeur
dans le contrôle de l’infection.
Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en
relation avec cet article.
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Service de bactériologie-virologie, Laboratoire associé au Centre national de référence du cytomégalovirus, Hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux,
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S. Alain, MD, PhD.
Laboratoire de bactériologie-virologie-hygiène, Centre national de référence du cytomégalovirus, Hôpital Dupuytren, 2, avenue Martin-Luther-King, 87042
Limoges, France.
M. Leruez-Ville, MD, PhD.
Service de bactériologie-virologie, Laboratoire associé au Centre national de référence du cytomégalovirus, Hôpital Necker, 156, rue de Vaugirard, 75015
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N. Schnepf, MD, PhD.
Service de bactériologie-virologie, Laboratoire associé au Centre national de référence du cytomégalovirus, Hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux,
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Mazeron MC, Alain S, Leruez-Ville M, Schnepf N. Infections à cytomégalovirus. EMC - Maladies infectieuses
2015;12(4):1-16 [Article 8-052-C-10].
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Multiplication du cytomégalovirus humain en culture de fibroblastes embryonnaires humains MRC-5.
a. Effet cytopathique observé au microscope inversé à l'état frais.
b. Inclusions intranucléaires et intracytoplasmiques observées après coloration au Giemsa.
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Cellules endothéliales circulantes infectées par le cytomégalovirus.
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Détection du cytomégalovirus par culture rapide. Les antigènes très précoces du virus, localisés dans le noyau du fibroblaste
infecté, sont révélés par immunopéroxydase indirecte à l'aide de l'anticorps monoclonal E13.
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Détection de l'antigénémie pp65 par immunofluorescence indirecte. Les noyaux des polynucléaires apparaissent marqués.
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