H i g H l i g H t s 2 011 : p é d i at r i e Maladies infectieuses: quelques travaux récents René Tabina, Alain Gervaixb a b Centre Hospitalier du Centre du Valais, Hôpital de Sion Service d’Accueil et d’Urgences Pédiatriques, Département de l’Enfant et de l’Adolescent, Hôpitaux Universitaires de Genève Cytomégalovirus (CMV) L’infection à CMV est une cause importante de surdité et beaucoup d’enfants à risque ne sont pas identifiés en raison d’une absence de recherche de cette infection. La détection du CMV par PCR sur le sang séché (test de Guthrie) est une méthode fiable et a été comparée à la mise en évidence du CMV dans l’urine. Dans une population à risque, sur 271 nouveau-nés examinés dans la première semaine de vie, 64 (23,6%) étaient infectés, dont 19 (29,7%) étaient symptomatiques et 45 (70,3%) asymptomatiques [1]. Une recherche par PCR dans la salive du nouveau-né (liquide ou séchée) est également possible et efficace et s’avère également une méthode de dépistage utile [2]. Un traitement dès la naissance par ganciclovir i.v. durant 6 semaines ou par valganciclovir per os chez des nouveaunés symptomatiques neurologiquement permet de réduire le risque de surdité [3], ce qui a également été montré lors de traitements initiés plus tardivement chez des nourrissons avec surdité isolée [4]. Ces études devraient nous amener à reconsidérer notre attitude pour la recherche et pour le traitement des infections congénitales à CMV. Rougeole Une couverture vaccinale en Suisse largement insuffisante pour empêcher la propagation du virus entraîne la dissémination de la maladie jusque dans le continent américain! Le 12 février 2008, un voyageur suisse infecté visite un hôpital à Tucson, Arizona, et provoque une épidémie parmi le personnel soignant, touchant 14 personnes: 7 de plus de 18 ans (50%), dont 4 ont été hospitalisées (29%), 7 (50%) ont acquis le virus de la rougeole à l’hôpital et tous (100%) n’étaient pas vaccinés. Sur les 11 patients (79%) qui étaient à l’hôpital alors qu’ils étaient contagieux, un seul (9%) a été muni d’un masque et isolé rapidement après l’apparition de l’éruption. Une sérologie a montré que 25% du personnel n’était pas immunisé contre la rougeole. Les mesures prises pour éradiquer l’infection et isoler les cas ont coûté 799 136 $US. Des mesures immédiates d’isolement gouttelettes sont nécessaires pour prévenir une épidémie et pour réduire les coûts induits [5]. René Tabin Les auteurs ne déclarent aucun soutien financier ni d’autre conflit d’intérêt en relation avec cet article. Otite moyenne aiguë chez le petit enfant: surveillance avec placebo ou antibiothérapie d’emblée? Probiotiques et prébiotiques peuvent-ils la prévenir? Deux études, avec administration de placebo ou d’un traitement antibiotique d’emblée pour dix jours, chez des enfants âgés de 6 à 23 mois [6] et pour sept jours chez ceux âgés de 6 à 35 mois [7]. Les résultats montrent de manière très significative une guérison plus rapide et moins d’échecs de traitement chez les enfants traités par antibiotiques, mais davantage d’effets secondaires. L’utilisation de probiotiques et de prébiotiques dès l’âge de sept mois n’a pas permis de diminuer le risque d’otite moyenne aiguë (OMA), de rechute d’OMA, d’utilisation d’antibiotiques et d’infection des voies respiratoires inférieures chez les nourrissons et petits enfants [8]. Pneumonies aiguës communautaires de l’enfant et procalcitonine Les pneumonies aiguës communautaires (PAC) constituent une des principales causes de mortalité pédiatrique dans le monde. Le pneumocoque est le principal responsable, les infections invasives à Haemophilus influenzae ayant pratiquement disparu suite à la vaccination contre ce germe. L’étiologie d’une pneumonie à pneumocoque est difficile à prouver, les hémocultures ne sont positives que dans 5–10% des cas et la recherche de pneumocoques dans l’urine et dans le sang par PCR sont également positives chez des porteurs sains [9]. La radiographie thoracique, la CRP, la formule sanguine sont peu spécifiques. Une procalcitonine élevée (>2–3 ng/ml) est un fort argument pour une PAC à pneumocoque et sa baisse constitue un bon marqueur de la réponse au traitement, la persistance d’une fièvre et d’une procalcitonine >3 ng/ml après 48 h de traitement étant le signe d’une complication (épanchement pleural parapneumonique ou co-infection par bocavirus) [10]. De nouvelles méthodes de recherches diagnostiques (molecular diagnostic multi­ plex assay) confirment que des virus sont fréquemment associés aux pneumonies, en particulier chez le nourrisson (85,4%), de multiples co-infections virales étant possibles [11]. Infections bactériennes sévères de l’enfant Les infections constituent une des premières causes de mortalité de l’enfant, par septicémie (50%), par infection du système respiratoire (30%) et par infection du système nerveux central (15%). Les méningocoques, les pneumocoques et les streptocoques sont les principaux responsables. Des soins sub-optimaux sont souvent responsables: retard d’administration d’antibiotiques, erreurs systématiques de prise en charge, non-reconnaissance ou sous-évaluation de la gravité du choc [12]. Le dépistage précoce et une prise en charge adéquate d’un choc septique encore compensé doivent débuter déjà chez le médecin de famille ou dans le service des urgences, avant Forum Med Suisse 2012;12(1–2):18–19 18 H i g H l i g H t s 2 011 : p é d i at r i e le transport de l’enfant dans un centre doté de soins intensifs en néonatologie et pédiatrie [13]. Références Vous trouverez la liste des références en ligne sous www.medicalforum.ch en annexe à l’article. Correspondance: Dr René Tabin Chef du département médico-chirurgical de pédiatrie du Centre Hospitalier du Centre du Valais Hôpital de Sion Av. du Grand-Champsec 80 CH-1951 Sion rene.tabin[at]hopitalvs.ch Forum Med Suisse 2012;12(1–2):18–19 19 Maladies infectieuses: quelques travaux récents / Infektionskrankheiten: einige aktuelle Studien Literatur (Online-Version) / Références (online version) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Leruez-Ville M, Vauloup-Fellous C, Couderc S. et al. Prospective identification of congenital cytomegalovirus infection in newborns using real time polymerase chain reaction assays in dried blood spots. Clin Infect Dis 2011 ;52 :575-81. Boppana SB, Ross SA, Shimamura M et al. Saliva polymerase-chain-reacton assay for cytomegalovirus screening in newborns. N Engl J Med 2011;364 :211-8. Kimberlin D. Diagnosis and prevention of congenital cytomegalovirus infections. ICAAC 2011, 1654a. Amir J, Atias J,Pardo J. :Does Late Antiviral Treatment with Ganciclovir/Valganciclovir Reduce Hearing Loss in Infants with Congenital CMV Infection? Icaac 2011 V499. Chen SY, Anderson S, Kutty PK et al. Health care-associated mesasles outbreak in the United States after an importation : challenges and economic impact. J Infect Dis 2011 ;203(11) :1517-25. Hoberman A, Paradise JL, Rockette HE et al. Treatment of acute otitis media in children under 2 years of age. N Engl J Med 2011;364:105-15. Tähtinen PA, Laine MK, Huovinen P et al. A placebo-.controlled trial of antimicrobial treatment for acute otitis media. N Engl J Med 2011 ;364 :116-26. Martin E, De La Rocque F,Thollot F et al. Probiotics and Prebiotics in the Prevention of Acute Otitis Media in Children: A Randomized, Double-Blind, Placebo-Controlled Study. ICAAC 2011 :G3-181. Alcoba G, Keitel K, Maspoli V et al.: Improved diagnosis of childhood pneumococcal pneumonia. ESPID 2011. Cohen J, Chalumeau J. Raymond D, Gendrel D : Procalcitonine et pneumonies aiguës communautaires. In Bulletin des Journées Parisiennes de Pédiatrie 2011, 223-229. Esposito S, Daleno C, Scala A, Terranova L. et al. Impact of Respiratory Viral Infections in Children Admitted to Hospital with Radiographically-Confirmed Community-Acquired Pneumonia. Icaac 2011 G3-183. Launay E, Gras-Le-Guen C, Martinot A et al. Suboptimal care in the initial management of children who died from severe bacterial infection : a population-based confidential inquiry. Pediatr Crit care Med 2010 ;11(4) :469-74. Frey B, Bär W, Berger T. et al. Le diagnostic et le traitement précoce du choc septique peuvent sauver des vies. Paediatrica 2011 ;22(5) :8-12.