Forum Med Suisse 2012;12(1–2):18–19 18
HigHligHts 2011: pédiatrie
Maladies infectieuses: quelques travaux récents
René Tabina, Alain Gervaixb
a Centre Hospitalier du Centre du Valais, Hôpital de Sion
b Service d’Accueil et d’Urgences Pédiatriques, Département de l’Enfant et de l’Adolescent, Hôpitaux Universitaires de Genève
Cytomégalovirus (CMV)
L’ infection à CMV est une cause importante de surdité et
beaucoup d’enfants à risque ne sont pas identiés en rai-
son d’une absence de recherche de cette infection. La dé-
tection du CMV par PCR sur le sang séché (test de Guthrie)
est une méthode able et a été comparée à la mise en évi-
dence du CMV dans l’urine. Dans une population à risque,
sur 271 nouveau-nés examinés dans la première semaine
de vie, 64 (23,6%) étaient infectés, dont 19 (29,7%) étaient
symptomatiques et 45 (70,3%) asymptomatiques [1]. Une
recherche par PCR dans la salive du nouveau-né (liquide
ou séchée) est également possible et efcace et s’avère
également une méthode de dépistage utile [2]. Un traite-
ment dès la naissance par ganciclovir i.v. durant 6 se-
maines ou par valganciclovir per os chez des nouveau-
nés symptomatiques neurologiquement permet de réduire
le risque de surdité [3], ce qui a également été montré
lors de traitements initiés plus tardivement chez des nour-
rissons avec surdité isolée [4]. Ces études devraient nous
amener à reconsidérer notre attitude pour la recherche
et pour le traitement des infections congénitales à CMV.
Rougeole
Une couverture vaccinale en Suisse largement insuf-
sante pour empêcher la propagation du virus entraîne
la dissémination de la maladie jusque dans le continent
américain! Le 12 février 2008, un voyageur suisse infecté
visite un hôpital à Tucson, Arizona, et provoque une épidé-
mie parmi le personnel soignant, touchant 14 personnes:
7 de plus de 18 ans (50%), dont 4 ont été hospitalisées
(29%), 7 (50%) ont acquis le virus de la rougeole à l’hôpi-
tal et tous (100%) n’étaient pas vaccinés. Sur les 11 patients
(79%) qui étaient à l’hôpital alors qu’ils étaient conta-
gieux, un seul (9%) a été muni d’un masque et isolé rapi-
dement après l’apparition de l’éruption. Une sérologie a
montré que 25% du personnel n’était pas immunisé contre
la rougeole. Les mesures prises pour éradiquer l’infec-
tion et isoler les cas ont coûté 799 136 $US. Des mesures
immédiates d’isolement gouttelettes sont nécessaires pour
prévenir une épidémie et pour réduire les coûts induits [5].
Otite moyenne aiguë chez le petit enfant:
surveillance avec placebo ou antibiothérapie
d’emblée? Probiotiques et prébiotiques
peuvent-ils la prévenir?
Deux études, avec administration de placebo ou d’un trai-
tement antibiotique d’emblée pour dix jours, chez des
enfants âgés de 6 à 23 mois [6] et pour sept jours chez
ceux âgés de 6 à 35 mois [7]. Les résultats montrent de
manière très signicative une guérison plus rapide et
moins d’échecs de traitement chez les enfants traités par
antibiotiques, mais davantage d’effets secondaires. L’ uti-
lisation de probiotiques et de prébiotiques dès l’âge de
sept mois n’a pas permis de diminuer le risque d’otite
moyenne aiguë (OMA), de rechute d’OMA, d’utilisation
d’antibiotiques et d’infection des voies respiratoires in-
férieures chez les nourrissons et petits enfants [8].
Pneumonies aiguës communautaires
de l’enfant et procalcitonine
Les pneumonies aiguës communautaires (PAC) consti-
tuent une des principales causes de mortalité pédiatrique
dans le monde. Le pneumocoque est le principal respon-
sable, les infections invasives à Haemophilus inuenzae
ayant pratiquement disparu suite à la vaccination contre
ce germe. L’ étiologie d’une pneumonie à pneumocoque
est difcile à prouver, les hémocultures ne sont positi-
ves que dans 5–10% des cas et la recherche de pneumo-
coques dans l’urine et dans le sang par PCR sont égale-
ment positives chez des porteurs sains [9]. La radiogra-
phie thoracique, la CRP, la formule sanguine sont peu
spéciques. Une procalcitonine élevée (>2–3 ng/ml) est
un fort argument pour une PAC à pneumocoque et sa
baisse constitue un bon marqueur de la réponse au traite-
ment, la persistance d’une èvre et d’une procalcitonine
>3 ng/ml après 48 h de traitement étant le signe d’une
complication (épanchement pleural para pneumonique
ou co-infection par bocavirus) [10]. De nouvelles méthodes
de recherches diagnostiques (molecular diagnostic multi
plex assay) conrment que des virus sont fréquemment
associés aux pneumonies, en particulier chez le nourris-
son (85,4%), de multiples co-infections virales étant pos-
sibles [11].
Infections bactériennes sévères de l’enfant
Les infections constituent une des premières causes de
mortalité de l’enfant, par septicémie (50%), par infection
du système respiratoire (30%) et par infection du s ystème
nerveux central (15%). Les méningocoques, les pneumo-
coques et les streptocoques sont les principaux respon-
sables. Des soins sub-optimaux sont souvent respon-
sables: retard d’administration d’antibiotiques, erreurs
systématiques de prise en charge, non-reconnaissance
ou sous-évaluation de la gravité du choc [12]. Le dépis-
tage précoce et une prise en charge adéquate d’un choc
septique encore compensé doivent débuter déjà chez le
médecin de famille ou dans le service des urgences, avant
René Ta bin
Les auteurs ne
déclarent aucun
soutien nancier
ni d’autre conit
d’intérêt en
relation avec cet
article.