8-052-C-10
Infections
à
cytomégalovirus
M.-C.
Mazeron,
S.
Alain,
M.
Leruez-Ville,
N.
Schnepf
L’infection
à
cytomégalovirus
humain
(CMV)
peut
revêtir
des
formes
sévères
chez
les
sujets
immunodé-
primés
comme
les
receveurs
d’allogreffe
de
moelle
ou
d’organe,
ou
les
patients
atteints
du
syndrome
d’immunodéficience
acquise
(sida),
et
les
nouveau-nés
infectés
in
utero.
La
restauration
immunitaire
induite
par
les
traitements
antirétroviraux
combinés
chez
les
patients
atteints
de
sida
et
les
stratégies
de
prévention
chez
les
receveurs
d’allogreffe
ont
considérablement
réduit
l’incidence
de
la
maladie
à
CMV
favorisée
par
l’immunodépression.
Le
diagnostic
de
l’infection
et
de
la
maladie
à
CMV
bénéficie
de
l’apport
des
techniques
de
biologie
moléculaire
standardisées
puissantes.
Malgré
les
progrès
récents
de
la
thérapeutique,
l’infection
à
CMV
reste
difficile
à
traiter.
La
toxicité
des
molécules
anti-CMV
actuel-
lement
disponibles
limite
leur
emploi
et
les
contre-indique
chez
la
femme
enceinte.
Elles
n’ont
qu’une
activité
virostatique
et
les
traitements
prolongés
ou
répétés,
souvent
nécessaires,
favorisent
l’émergence
de
mutants
résistants.
Des
méthodes
performantes
de
mesure
de
la
charge
virale
sont
particulièrement
adaptées
au
suivi
des
patients
les
plus
à
risque
de
manifestations
sévères
de
l’infection.
Des
candidats
vaccins
indiqués
dans
la
prévention
de
la
transmission
maternofœtale
et
dans
la
prévention
de
la
maladie
à
CMV
chez
les
receveurs
d’allogreffe
sont
en
cours
d’évaluation.
©
2015
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
Cytomégalovirus
;
Latence
;
Réactivation
;
Réinfection
;
Infection
opportuniste
;
Fœtus
Plan
Introduction
1
Historique
2
Virus
2
Épidémiologie
3
Physiopathologie
de
l’infection
3
Tropisme
cellulaire
3
Dissémination
du
virus
3
Latence
et
réactivation
3
Réponse
immune
4
Réponse
non
spécifique
4
Réponse
humorale
spécifique
4
Réponse
à
médiation
cellulaire
spécifique
4
Échappement
au
système
immunitaire
4
Manifestations
cliniques
5
Adulte
et
enfant
immunocompétents
5
Fœtus
et
nouveau-né
après
infection
in
utero
5
Nouveau-né
après
infection
périnatale
6
Sujet
immunodéprimé
6
Diagnostic
8
Techniques
du
diagnostic
8
Utilisation
des
marqueurs
diagnostiques
9
Différenciation
des
souches
et
génotypage
10
Traitement
et
prévention
10
Molécules
à
activité
antivirale
10
Prise
en
charge
thérapeutique
11
Résistance
aux
antiviraux
13
Étude
de
la
sensibilité
des
souches
aux
antiviraux
13
Émergence
de
la
résistance
13
Vaccination
13
Introduction
Le
cytomégalovirus
humain
(CMV)
appartient
à
la
famille
des
Herpesviridae.
Virus
ubiquitaire,
il
est
responsable
d’infections
répandues
dans
le
monde
entier
et
constitue
la
première
cause
des
infections
virales
congénitales
et
périnatales.
Il
persiste
la
vie
durant
chez
son
hôte.
La
primo-infection
est
suivie
d’une
infec-
tion
latente
et
d’infections
secondaires.
Ces
dernières
résultent
le
plus
souvent
de
la
réactivation
du
virus
latent.
Cependant,
des
réinfections
sont
possibles,
du
fait
de
la
diversité
antigénique
du
virus.
Les
manifestations
cliniques
de
l’infection
dépendent
étroi-
tement
de
l’état
immunitaire
de
l’hôte.
Elles
sont
bénignes
chez
les
individus
immunocompétents
mais
peuvent
être
sévères
chez
les
sujets
immunodéprimés,
le
fœtus
et
le
nouveau-né
infecté
in
utero.
Des
méthodes
performantes
de
diagnostic
ont
été
déve-
loppées
récemment,
permettant
des
interventions
précoces
de
prévention
et
de
traitement.
Cependant,
les
interventions
thé-
rapeutiques
sont
limitées
par
le
nombre
restreint
de
molécules
antivirales
actuellement
disponibles,
leur
toxicité
et
l’émergence
de
la
résistance.
EMC
-
Maladies
infectieuses 1
Volume
12
>
n4
>
novembre
2015
http://dx.doi.org/10.1016/S1166-8598(15)67812-7
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
8-052-C-10 Infections
à
cytomégalovirus
Historique
La
maladie
des
inclusions
cytomégaliques
(MIC)
doit
sa
déno-
mination
aux
modifications
cellulaires
(élargissement
de
la
cellule
et
présence
d’inclusions
intranucléaires),
observées
dans
les
tissus
de
nouveau-nés
atteints.
L’origine
virale
de
la
MIC
fut
évoquée
par
Lipschutz
en
1921
et
le
virus
isolé
pour
la
première
fois
en
1956.
Rowe
obtint
la
souche
de
référence
AD169
à
partir
de
tissus
adénoïdiens
d’enfants
et,
l’année
suivante,
Weller
isola
le
virus
des
urines
et
du
foie
d’enfants
atteints
de
MIC [1].
En
1961,
Weller
proposa
le
terme
de
cytomégalovirus
pour
désigner
le
«
virus
des
glandes
salivaires
»[2].
Virus
Le
CMV,
également
dénommé
herpès
virus
humain
5
(HHV-5),
est
classé
dans
la
sous-famille
des
Betaherpesvirinae,
caractérisée
par
une
étroite
spécificité
d’hôte,
un
long
cycle
de
réplication
et
une
multiplicité
des
sites
de
latence.
Les
différents
herpès
virus
ont
en
commun
leur
morphologie.
La
particule
virale
enveloppée
de
180
à
200
nm
de
diamètre
est
constituée
d’une
capside
icosaédrique
de
162
capsomères,
séparée
de
l’enveloppe
par
le
tégument
de
nature
protéique
(Fig.
1).
Le
génome,
molé-
cule
linéaire
d’acide
désoxyribonucléique
(ADN)
double
brin,
est
enroulé
autour
d’un
noyau
de
protéines.
Il
est
le
plus
long
et
le
plus
complexe
des
génomes
des
herpès
virus.
Il
est
organisé
en
deux
segments
de
séquences
uniques,
long
(unique
long
[UL])
et
court
(unique
short
[US]),
flanqués
de
séquences
répétées
inver-
sées.
UL
est
encadré
par
les
répétitions
TRL
(terminal
repeat
long)
et
IRL
(internal
repeat
long)
tandis
que
US
est
encadré
par
les
répétitions
TRS
(terminal
repeat
short)
et
IRS
(internal
repeat
short)
(Fig.
1).
Le
génome
adopte
quatre
formes
isomériques,
présentes
en
quantités
équimolaires,
selon
les
orientations
respectives
des
segments
uniques
UL
et
US.
Le
génome
de
la
souche
de
labora-
toire
AD169
comporte
229
354
paires
de
bases [3] avec
un
contenu
en
G
+
C
de
57,2
%.
Les
génomes
des
isolats
cliniques
contiennent
13
000
à
15
000
paires
de
bases
supplémentaires
et
ont
la
capa-
cité
de
coder
plus
de
200
protéines [4].
Par
convention,
les
cadres
de
lecture
ouverts
sont
numérotés
à
partir
de
l’extrémité
5des
segments
génomiques
TRL
(IRL),
UL,
US,
TRS
(IRS)
auxquels
ils
appartiennent
et
dénommés
par
l’indication
du
segment
suivie
du
numéro.
La
protéine
correspondante
porte
la
même
dénomina-
tion,
précédée
de
l’indication
de
sa
caractéristique
comme
pp
pour
phosphoprotéine
ou
gp
pour
glycoprotéine.
Les
génomes
des
iso-
lats
sans
relation
épidémiologique
ont
80
à
90
%
d’homologie
et
leur
polymorphisme
est
réparti
sur
l’ensemble
de
la
molécule.
Des
homologies
de
séquence
avec
le
génome
humain,
et
également
avec
les
génomes
des
autres
Herpesviridae,
ont
été
identifiées.
La
particule
virale
est
composée
de
35
à
40
protéines
d’origine
virale
et
contient
également
des
protéines
cellulaires
et
des
ARN
(acides
ribonucléiques)
messagers
viraux
et
cellulaires.
Deux
pro-
téines
composent
à
elles
seules
35
%
de
la
masse
protéique
de
la
particule
:
la
phosphoprotéine
pp150
(ppUL32)
et
la
phospho-
protéine
pp65
(ppUL83),
toutes
deux
constitutives
du
tégument.
L’enveloppe
porte
des
glycoprotéines,
cibles
des
anticorps
neutra-
lisants [5].
Le
CMV
ne
se
réplique
que
dans
des
cellules
humaines.
La
pénétration
du
virus
se
fait
par
fusion
de
l’enveloppe
virale
avec
la
membrane
cellulaire
ou
endocytose
en
fonction
du
type
cellulaire.
La
durée
du
cycle
de
réplication
dans
les
fibroblastes
est
de
96
à
120
heures.
La
transcription
du
génome
se
déroule
en
trois
phases
coordonnées
en
cascade.
La
première,
dite
très
précoce
(immediate
early
[IE])
débute
en
l’absence
de
synthèse
de
novo
de
protéines
virales.
Elle
dure
deux
à
quatre
heures.
Les
gènes
très
précoces
majeurs
IE1
et
IE2
sont
sous
la
dépen-
dance
du
promoteur–activateur
très
précoce
majeur
activé
par
des
protéines
cellulaires
et
virales
comme
la
protéine
du
tégument
pUL82
(pp71)
contenue
dans
la
particule
virale.
Les
protéines
très
précoces
majeures
transactivent
des
gènes
viraux
et
cellu-
laires,
et
régulent
leur
propre
transcription.
La
phase
précoce
(early
E)
débute
après
l’expression
des
protéines
très
précoces
et
se
termine
quand
commence
la
synthèse
de
l’ADN
viral.
Les
pro-
téines
précoces
comprennent
les
enzymes
et
protéines
nécessaires
TRL
UL US
IRL TRSIRS
A
Diamètre du virion : 150–200 nm
Enveloppe
Glycoprotéines
Tégument
Capside
ADN linéaire
double brin
Protéines
associées
à l'ADN
B
Figure
1.
Morphologie
et
structure
du
cytomégalovirus.
A.
Génome
du
cytomégalovirus
humain.
Acide
désoxyribonucléique
double
brin,
organisé
en
deux
segments
uniques
long
(UL)
et
court
(US),
chacun
d’eux
étant
flanqué
de
répétitions
inversées
(internes
:
IRL
[internal
repeat
long]
et
IRS
[internal
repeat
short]
;
terminales
:
TRL
[ter-
minal
repeat
long]
et
TRS
[terminal
repeat
short])
qui
contiennent
les
séquences
d’encapsidation
(séquences
pac).
Au
cours
de
l’encapsidation,
les
séquences
L
et
S
peuvent
être
en
orientation
inverse,
conduisant
à
quatre
formes
isomères
du
génome
viral.
B.
Particules
virales
en
microscopie
électronique
et
structure
du
virus.
à
la
synthèse
de
l’ADN
viral.
La
phase
tardive
(late
– L),
pendant
laquelle
est
transcrite
la
plupart
des
gènes
codant
les
protéines
de
structure,
commence
avec
le
début
de
la
synthèse
de
l’ADN
viral.
L’ADN
viral
se
réplique
selon
le
modèle
du
cercle
roulant.
L’origine
de
réplication,
unique,
est
située
dans
la
région
UL
du
génome.
Les
concatémères
formés
sont
clivés
et
empaquetés
dans
les
cap-
sides
qui
s’assemblent
dans
le
noyau
dès
la
48eheure.
Les
protéines
pUL56
et
pUL89
qui
constituent
le
complexe
terminase
et
la
pro-
téine
portale
pUL104
interviennent
à
cette
étape.
En
quittant
le
noyau,
la
nucléocapside
s’enveloppe
dans
la
membrane
interne
du
noyau.
Elle
perd
cette
enveloppe
provisoire
pour
acquérir
les
protéines
du
tégument
dans
le
cytoplasme.
L’enveloppe
défini-
tive
est
acquise
quand
la
particule
bourgeonne
dans
la
lumière
du
compartiment
d’assemblage
dérivé
du
système
sécrétoire
cel-
lulaire [6].
Les
corps
denses
qui
se
forment
dans
le
cytoplasme
sont
2EMC
-
Maladies
infectieuses
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Infections
à
cytomégalovirus 8-052-C-10
des
structures
enveloppées
de
400
à
600
nm
de
diamètre,
consti-
tuées
de
protéines
de
tégument.
L’effet
cytopathique
est
constitué
de
foyers
à
croissance
lente
de
cellules
augmentées
de
volume,
ovales
et
réfringentes,
contenant
une
inclusion
intranucléaire,
respectant
les
nucléoles
et
entourée
d’un
halo
clair,
et
une
inclu-
sion
cytoplasmique
de
grande
taille
dans
la
concavité
du
noyau
réniforme.
Épidémiologie
L’unique
réservoir
du
CMV
humain
est
l’homme.
Les
infections
à
CMV
sont
endémiques
et
surviennent
tout
au
long
de
l’année,
sans
recrudescence
saisonnière.
La
séroprévalence
est
fonction
des
conditions
socioéconomiques.
Le
pourcentage
d’adultes
ayant
des
anticorps
vis-à-vis
du
CMV
atteint
90
à
100
%
dans
certaines
régions
du
monde
(pays
en
voie
de
développement
d’Afrique
et
d’Asie)
et
est
voisin
de
50
%
en
France.
Une
étude
conduite
dans
différents
centres
hospitaliers
franc¸ais
entre
1992
et
1999
a
mon-
tré
que
55,4
%
des
19
456
femmes
testées
étaient
séronégatives
en
début
de
grossesse [7].
En
2010,
la
séroprévalence
chez
les
femmes
franc¸aises
de
15
à
49
ans
était
évaluée
à
45,6
%[8].
La
transmis-
sion
de
l’infection
nécessite
un
contact
étroit
ou
intime
du
fait
de
la
fragilité
du
virus
qui
perd
rapidement
son
pouvoir
infec-
tieux
à
la
surface
d’objets
ou
de
supports
inertes.
Les
sources
d’infection,
salive,
sécrétions
pharyngées,
larmes,
urines,
sécré-
tions
cervicovaginales,
sperme,
lait
maternel,
leucocytes
présents
dans
des
produits
sanguins
labiles,
greffon,
sont
multiples.
Les
jeunes
enfants
s’infectent
en
collectivité,
la
salive
et
les
urines
étant
les
sources
majeures
de
contamination.
Lors
d’une
primo-
infection
maternelle,
le
taux
de
transmission
a
été
estimé
par
une
méta-analyse
à
32
%[9].
Le
taux
annuel
de
séroconversion
augmente
avec
la
parité.
Approximativement,
1
%
des
femmes
séronégatives
en
début
de
grossesse
sont
séropositives
au
moment
de
l’accouchement.
Ces
femmes
s’infectent
majoritairement
au
contact
de
jeunes
enfants
qui
excrètent
du
virus
à
titre
élevé
dans
la
salive
et
les
urines.
Le
personnel
des
crèches
est
particulièrement
exposé
au
risque
d’infection [10].
Lors
des
infections
secondaires
en
cours
de
grossesse
(réactivation
ou
réinfection),
un
taux
de
trans-
mission
global
de
1,4
%
a
été
rapporté [9].
En
période
périnatale,
les
sources
d’infection
sont
les
sécrétions
cervicovaginales
infec-
tées
à
l’accouchement
chez
15
à
34
%
des
mères,
et
le
lait
maternel
infecté
chez
10
%
des
femmes
entre
le
premier
et
le
sixième
jour
du
post-partum
et
chez
30
à
40
%
à
la
13esemaine.
Jusqu’à
57
%
des
nouveau-nés
exposés
au
virus
présent
dans
les
voies
génitales
s’infectent
et
53
%
des
nourrissons
qui
ingèrent
du
lait
infecté
acquièrent
l’infection.
Les
nouveau-nés
et
nourrissons
excrètent
le
virus
pendant
des
années
et
sont
la
source
des
contaminations
dans
les
crèches,
les
garderies
et
les
écoles.
Les
enfants
contaminés
à
leur
contact
peuvent
à
leur
tour
transmettre
l’infection
à
leurs
parents.
Le
risque
de
transmission
intrafamiliale
est
de
50
%
quand
un
des
membres
de
la
famille
introduit
le
virus.
Dans
les
popula-
tions
à
forte
prévalence
d’infection
à
CMV,
92
à
98
%
des
enfants
sont
infectés
avant
l’âge
de
15
ans.
Une
excrétion
prolongée
peut
s’observer
également
chez
des
enfants
plus
âgés
ou
des
adultes
après
la
primo-infection
et
les
récurrences
associées
ou
non
à
des
signes
cliniques
des
adultes
jeunes
s’accompagnent
de
l’excrétion
intermittente
de
virus
à
partir
de
nombreux
sites
de
réplication
virale.
La
transmission
sexuelle
de
l’infection
est
objectivée
par
un
pic
de
séroconversion
chez
l’adolescent
et
l’adulte
jeune.
La
trans-
fusion
de
produits
sanguins
labiles
a
été
à
l’origine
de
transmission
de
l’infection.
La
filtration
systématique
de
ces
produits
a
mis
fin
à
ce
mode
de
transmission [11].
Cependant,
la
transfusion
favorise
la
réactivation
du
génome
endogène
du
receveur
séropositif.
Infec-
tion
primaire,
réactivation
ou
réinfection
sont
observées
chez
les
receveurs
d’allogreffe.
L’organe
greffé
provenant
d’un
donneur
séropositif
transmet
le
virus
à
un
receveur
séronégatif
(D+/R–)
dans
approximativement
80
%
des
cas
(infection
primaire)
ou
à
un
receveur
séropositif
(D+/R+)
dans
40
%
des
cas
(réinfection).
La
réactivation
d’une
infection
latente
chez
un
receveur
séroposi-
tif
avant
la
greffe
est
le
plus
souvent
en
cause
chez
le
receveur
de
cellules
souches
hématopoïétiques.
En
milieu
hospitalier,
la
trans-
mission
d’un
patient
à
un
autre
est
exceptionnelle [12].
Le
risque
d’infection
n’est
pas
plus
élevé
chez
le
personnel
soignant
que
dans
la
population
générale.
Il
n’en
va
pas
de
même
pour
le
per-
sonnel
de
crèches
et
de
garderies,
en
raison
d’une
moins
bonne
observation
des
mesures
d’hygiène [13].
Physiopathologie
de
l’infection
Tropisme
cellulaire
Le
tropisme
cellulaire
du
virus
chez
son
hôte
infecté
est
très
large,
ce
qui
contribue
à
la
diversité
des
atteintes
cliniques.
Le
virus
se
réplique
dans
des
cellules
endothéliales,
épithéliales,
dendri-
tiques,
des
macrophages,
fibroblastes,
cellules
nerveuses,
cellules
musculaires
lisses,
hépatocytes [14].
La
glycoprotéine
d’enveloppe
gB
joue
un
rôle
dans
la
fusion
des
membranes
et
est
impliquée
dans
l’attachement
du
virus
à
la
cellule
en
se
fixant
aux
protéo-
glycanes
héparine
sulfate.
Les
récepteurs
du
virus
sont
encore
mal
connus.
Le
récepteur
de
l’epidermal
growth
factor
(EGF),
le
récep-
teur
de
platelet
derived
growth
factor
(PDGF)
et
les
intégrines
1
et
2
sont
des
corécepteurs
du
virus.
Le
complexe
gH/gL/gO
est
nécessaire
à
l’entrée
du
virus
dans
les
fibroblastes
tandis
que
le
complexe
gH/gL/UL128-131
est
indispensable
à
l’entrée
dans
les
cellules
endothéliales,
épithéliales
et
monocytes/macrophages.
La
diffusion
du
virus
se
fait
de
cellule
à
cellule.
Les
fibroblastes
apparaissent
comme
une
cible
majeure
de
l’infection
dans
de
nombreux
organes
tels
que
le
placenta,
le
poumon,
l’intestin.
L’infection
des
cellules
stromales
de
la
moelle
osseuse
joue
un
rôle
majeur
dans
l’inhibition
de
l’hématopoïèse.
L’infection
lytique
des
cellules
musculaires
lisses
du
tractus
digestif
conduit
à
la
formation
d’ulcérations.
La
couche
musculaire
des
vaisseaux
san-
guins
peut
aussi
être
infectée
;
cependant,
des
lésions
structurales
n’y
sont
pas
décrites.
Point
fort
Le
cytomégalovirus
infecte
chez
son
hôte
de
nombreux
types
cellulaires,
expliquant
la
diversité
des
manifestations
cliniques.
Dissémination
du
virus
La
dissémination
du
virus
est
hématogène
(Fig.
2).
Les
cellules
endothéliales,
les
monocytes/macrophages
et
les
polynucléaires
y
contribuent.
Cependant,
aucun
leucocyte
du
sang
circulant
n’est
permissif
pour
le
virus.
Les
cellules
endothéliales
infec-
tées
recrutent
des
polynucléaires
par
la
sécrétion
de
chimiokines
(interleukine-8
[IL-8]
et
growth-regulated-α
[GRO-],
notamment).
Ceux-ci
acquièrent
par
contact
direct
des
particules
virales
et
la
protéine
ppUL83
qui
se
localise
dans
le
noyau
du
fait
de
son
ciblage
nucléaire.
Les
polynucléaires,
qui
ne
sont
pas
le
siège
de
réplication
virale,
peuvent
véhiculer
le
virus
et
le
transmettre
aux
cellules
endothéliales.
Les
cellules
endothéliales
infectées
trans-
mettent
le
virus
aux
monocytes
circulants
qui
peuvent
à
leur
tour
le
transmettre
à
des
cellules
non
infectées [15].
La
différenciation
en
macrophages
ou
cellules
dendritiques
des
monocytes
circulants
qui
hébergent
le
virus
à
l’état
latent
permet
la
réplication
complète
du
virus.
Les
macrophages
et
les
cellules
dendritiques
infectés
disséminent
le
virus
dans
les
tissus.
De
plus,
les
cellules
endothé-
liales
infectées
peuvent
se
détacher,
circuler
et,
après
séquestration
du
fait
de
leur
taille
dans
les
capillaires,
induire
l’infection
d’un
organe
en
transmettant
le
virus
aux
cellules
endothéliales
capil-
laires.
Latence
et
réactivation
L’ADN
viral
a
été
mis
en
évidence,
en
l’absence
de
production
virale,
dans
des
cellules
endothéliales,
épithéliales
et
musculaires
lisses
qui
pourraient
ainsi
constituer
des
réservoirs
additionnels
EMC
-
Maladies
infectieuses 3
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8-052-C-10 Infections
à
cytomégalovirus
Greffon
Virus pré
sent
dans l’urine, le lait,
les voi
es génitales, etc.
Primo-infection
Fœtus
Réinfection Réactivation
Virémie
Stimulation
allogénique
Immunodépression
Excrétion virale Organescibles
Latence
Figure
2.
Physiopathologie
de
l’infection
à
cytomégalovirus.
de
virus
latent.
De
fait,
de
nombreux
organes
hébergent
le
virus
à
l’état
latent
et
peuvent
le
transmettre
au
receveur
lors
d’une
trans-
plantation.
La
capacité
d’héberger
naturellement
le
virus
latent
a
été
démontrée
pour
les
monocytes
du
sang
périphérique
et
les
progéniteurs
CD34+
de
la
moelle
osseuse
qui
constituent
le
réser-
voir
du
virus [16,
17].
Chez
l’individu
sain,
un
monocyte
sur
10
000
est
infecté
de
fac¸on
latente.
Le
génome
est
sous
forme
d’épisome.
Ce
site
de
latence
est
responsable
de
la
transmission
du
virus
par
transfusion
de
produits
sanguins
labiles
non
déleucocytés
pro-
venant
de
donneurs
séropositifs
pour
le
CMV.
Les
mécanismes
moléculaires
d’établissement
et
de
maintien
de
la
latence,
et
ceux
de
la
réactivation
restent
peu
connus.
Ils
font
intervenir
des
fac-
teurs
cellulaires
et
viraux.
Le
virus
se
réactive
périodiquement
chez
le
sujet
immunocompétent,
ce
qui
conduit
à
des
épisodes
d’excrétion
intermittente
de
virus
dans
les
sécrétions
respiratoires,
l’urine,
le
sperme,
les
sécrétions
cervicales,
sources
potentielles
de
transmission
du
virus.
Le
système
immunitaire
joue
un
rôle
complexe
:
il
contrôle
l’état
de
latence,
comme
en
témoigne
la
fréquence
des
réactivations
chez
les
sujets
immunodéprimés,
mais
l’activation
immune
favorise
la
réactivation [18].
Point
fort
Les
sites
de
latence
du
virus
sont
multiples.
Les
progéniteurs
de
la
moelle
osseuse
constituent
un
réservoir
de
l’infection.
Les
mécanismes
moléculaires
d’établissement
et
de
maintien
de
la
latence
restent
incomplètement
compris
à
ce
jour.
Réponse
immune
Réponse
non
spécifique
L’immunité
non
spécifique
qui
associe
l’activité
phagocytaire
des
macrophages,
l’activité
antivirale
des
interférons
alpha
et
bêta
(IFN-
et
IFN-),
et
l’activité
cytotoxique
des
cellules
NK
(natural
killer)
constituent
une
première
barrière
à
l’infection
virale.
Réponse
humorale
spécifique
Elle
est
dirigée
contre
un
nombre
restreint
de
protéines
virales.
Les
plus
immunogènes
sont
des
protéines
du
tégument
ppUL32
(pp150),
ppUL83
(pp65)
et
ppUL99
(pp28).
La
presque
tota-
lité
des
individus
infectés
possèdent
des
anticorps
dirigés
contre
ppUL32.
D’autres
protéines
sont
aussi
reconnues
par
les
sérums
de
nombreux
individus
comme
la
protéine
majeure
de
capside,
la
protéine
d’assemblage
UL80.5,
les
protéines
non
structurales
très
précoces
majeures
IE1
et
IE2,
l’ADN
polymérase
(UL54)
et
les
pro-
téines
de
liaison
à
l’ADN.
La
protéine
UL44,
protéine
accessoire
de
l’ADN
polymérase,
est
la
cible
principale
des
immunoglobu-
lines
M
(IgM).
Les
glycoprotéines
d’enveloppe,
gB
(gpUL55)
et
gH
(gpUL75)
sont
la
cible
d’anticorps
neutralisants.
Le
rôle
de
la
réponse
humorale
dans
la
protection
contre
l’infection
à
CMV
est
secondaire.
La
présence
d’anticorps
neutralisants
à
titre
élevé
n’empêche
pas
les
réinfections
ou
réactivations,
mais
pourrait
en
limiter
les
conséquences.
Réponse
à
médiation
cellulaire
spécifique
Les
lymphocytes
T
CD4+
ou
auxiliaires
(helper)
jouent
un
rôle
majeur
dans
la
protection
contre
l’infection
à
CMV
comme
le
montrent
la
sévérité
de
l’infection
chez
les
patients
ayant
un
défi-
cit
en
lymphocytes
CD4+
et
la
résistance
à
l’infection
lors
de
la
restauration
au
moins
partielle
du
nombre
et
des
fonctions
de
ces
lymphocytes.
Ils
reconnaissent
dans
le
contexte
du
CMH
de
classe
II
les
antigènes
viraux
à
la
surface
des
cellules
présentatrices
d’antigènes.
Les
épitopes
reconnus
appartiennent
aux
glycopro-
téines
d’enveloppe
gB
et
gH,
aux
protéines
très
précoces
IE1,
IE2
et
UL69,
et
à
la
protéine
du
tégument
ppUL83
notamment.
Le
lymphocyte
CD4+
activé
produit
des
cytokines
qui
activent
la
réponse
cytotoxique
CD8+
ou
induisent
la
réponse
anticorps
par
activation
des
lymphocytes
B.
En
outre,
il
a
une
activité
cyto-
toxique
vis-à-vis
des
cellules
qui
expriment
les
épitopes
viraux
dans
le
contexte
du
CMH
de
classe
II.
La
réponse
cytotoxique
T
CD8+
est
indispensable
au
contrôle
de
la
réplication
virale.
Le
transfert
de
clones
de
cellules
T
CD8+
spécifiques
de
CMV
déri-
vées
du
donneur
à
des
receveurs
de
moelle
permet
de
reconstituer
l’immunité
cellulaire
et
de
contrôler
la
réplication
virale.
Cepen-
dant,
ce
contrôle
ne
s’opère
pas
si
la
réponse
lymphocytaire
T
auxiliaire
est
déficiente [19].
Les
lymphocytes
CD8+
reconnaissent
un
nombre
restreint
d’antigènes
viraux
présentés
en
association
avec
les
molécules
du
CMH
de
classe
I.
Échappement
au
système
immunitaire
Le
virus,
parfaitement
adapté
à
son
hôte,
a
développé
des
straté-
gies
d’échappement
à
la
réponse
immunitaire
par
dissimulation,
action
antagoniste
et
détournement
du
système
immunitaire
au
profit
de
sa
dissémination.
La
diffusion
du
virus
dans
l’organisme
se
fait
essentiellement
de
cellule
à
cellule,
ce
qui
permet
au
virus
d’échapper
à
l’action
des
anticorps
neutralisants.
L’état
de
latence
met
le
virus
à
l’abri
des
défenses
immunitaires
cellulaires.
4EMC
-
Maladies
infectieuses
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Infections
à
cytomégalovirus 8-052-C-10
L’infection
à
CMV
induit
une
diminution
de
la
réponse
lym-
phocytaire
proliférative
aux
mitogènes
(phytohémagglutinine,
pokeweed
mitogen,
concanavaline
A)
et
aux
antigènes
bactériens
et
viraux
(y
compris
les
antigènes
du
CMV),
une
inversion
du
rap-
port
des
lymphocytes
T
CD4+/CD8+
du
fait
d’une
augmentation
du
nombre
de
lymphocytes
CD8+.
La
réponse
CD8+
cytotoxique
est
diminuée.
L’expression
des
molécules
de
classes
I
et
II
du
CMH
est
inhibée
par
l’infection
à
CMV.
Le
défaut
d’expression
des
molécules
de
classe
I
est
à
l’intervention
en
cascade
des
produits
de
plusieurs
gènes
localisés
dans
les
régions
US2-US11
conduisant
à
la
rétention
puis
à
la
dégradation
de
ces
molé-
cules
dans
la
cellule.
Le
CMV
réduit
l’induction
par
l’IFN-
de
la
synthèse
des
molécules
de
classe
II.
De
plus
l’IFN-,
produit
par
les
cellules
infectées,
inhibe
l’induction
de
l’expression
des
molécules
de
classe
II
par
l’IFN-[20].
Le
CMV
code
une
variété
de
protéines
associées
à
l’échappement
immunitaire [18].
Quatre
récepteurs
de
chimiokines
CC
(UL33,
UL78,
UL28
et
US27)
sont
exprimés
à
différents
stades
du
cycle
lytique.
Le
produit
du
gène
UL18,
un
analogue
de
molécule
de
classe
I,
les
produits
des
gènes
UL16
et
UL40
inhibent
l’activité
cytotoxique
des
cellules
NK
par
des
mécanismes
moléculaires
différents.
Les
interactions
du
virus
avec
la
production
de
cytokines
(en
particulier
IL-1
et
TNF-),
de
chimiokines
et
des
molécules
d’adhésion
ICAM-1
(intercellular
adhesion
molecule-1)
et
E-sélectine
plaident
pour
un
rôle
du
virus
dans
l’athérosclérose
primaire,
les
manifestations
de
rejet
aigu
et
chronique,
diverses
maladies
inflammatoires
et
même
certains
cancers [18].
Point
fort
Le
virus
utilise
de
multiples
stratégies
pour
échapper
à
la
réponse
immunitaire
de
l’hôte.
Manifestations
cliniques
Les
conséquences
cliniques
de
l’infection
à
CMV
dépendent
étroitement
de
l’immunité,
en
particulier
cellulaire,
de
l’hôte.
Adulte
et
enfant
immunocompétents
L’infection
à
cytomégalovirus,
dont
la
fréquence
augmente
avec
l’âge,
est
inapparente
dans
90
%
des
cas.
L’incubation
est
de
quatre
à
huit
semaines.
La
forme
typique
consiste
en
une
fièvre
en
pla-
teau,
parfois
élevée,
mais
bien
tolérée.
Elle
persiste
en
moyenne
trois
semaines
mais
peut
se
prolonger
jusqu’à
sept
semaines.
Les
signes
associés
les
plus
fréquents
sont
des
céphalées
et
des
myal-
gies
diffuses.
Une
toux
sèche,
des
manifestations
digestives
à
type
de
douleurs
abdominales
(8
%)
ou
plus
rarement
de
diarrhée
(2
%),
des
arthralgies,
une
pharyngite
peuvent
accompagner
la
fièvre
à
son
début [21].
L’examen
clinique
est
le
plus
souvent
normal.
Il
peut
révéler
dans
15
à
25
%
des
cas
une
splénomégalie
(22
%),
plus
rarement
une
hépatomégalie,
cette
dernière
étant
plus
fré-
quente
chez
l’enfant,
et
des
adénopathies
cervicales
et
axillaires
de
petite
taille.
Une
éruption
cutanée
morbilliforme
ou
rubéoliforme,
généralisée
ou
localisée
aux
membres
inférieurs,
est
favorisée
par
la
prise
d’ampicilline.
Le
syndrome
mononucléosique
caracté-
risé
par
une
hyper-lympho-monocytose
supérieure
à
50
%
avec
10
à
15
%
de
lymphocytes
atypiques
(grandes
cellules
mononu-
cléées
à
cytoplasme
hyperbasophile)
peut
n’apparaître
qu’une
à
deux
semaines
après
le
début
de
la
fièvre.
L’hyperlymphocytose
peut
persister
plusieurs
mois
après
la
guérison.
Une
thrombopé-
nie
modérée
de
type
périphérique
est
souvent
associée.
L’élévation
des
transaminases,
témoignant
d’une
atteinte
hépatique
inflam-
matoire
et
nécrotique
modérée,
est
présente
dans
plus
de
90
%
des
infections
symptomatiques.
Des
anomalies
immunologiques
non
spécifiques,
telles
que
la
présence
de
titres
élevés
de
facteur
rhumatoïde,
une
hyper-gamma-globulinémie
polyclonale,
des
anticorps
antinucléaires,
sont
associées
dans
plus
de
50
%
des
cas.
Le
diagnostic
peut
être
difficile
devant
une
fièvre
isolée,
l’absence
de
syndrome
mononucléosique
ou
des
formes
atypiques.
Des
atteintes
localisées
sont
parfois
au
premier
plan
et
peuvent
faire
errer
le
diagnostic.
Une
hépatite
aiguë
avec
ictère
apparaissant
quatre
à
six
jours
après
le
début
de
la
fièvre,
associée
à
une
forte
lymphocytose
et
une
élévation
des
phosphatases
alcalines,
est
parfois
observée.
Des
cas
d’hépatite
granulomateuse
sévère
ont
été
décrits.
Les
manifestations
neurologiques
à
type
d’encéphalite
ou
de
méningoencéphalite,
bien
que
décrites,
sont
rares.
Les
méningites
sont
exceptionnelles.
L’examen
du
liquide
cérébrospi-
nal
(LCS)
montre
une
pléiocytose
modérée
(<
200
cellules/mm3)
avec
prédominance
lymphocytaire.
Des
myélites
ont
également
été
décrites.
Un
syndrome
de
Guillain-Barré
peut
compliquer
une
primo-infection [22].
Une
pneumopathie
interstitielle
bilaté-
rale
touchant
les
bases
est
présente
dans
près
de
6
%
des
cas,
mais
les
formes
graves
sont
exceptionnelles.
Les
atteintes
digestives
sont
le
plus
souvent
à
type
de
colites
inflammatoires
et
ulcérées
ou
d’entéropathies
exsudatives,
bien
que
des
ulcérations
œsopha-
giennes,
gastriques,
iléales
ou
anales
aient
été
décrites.
De
plus
en
plus
souvent
rapportées
car
mieux
reconnues,
elles
restent
peu
fréquentes
en
dehors
de
facteurs
favorisants
comme
une
cortico-
thérapie
ou
l’administration
de
ciclosporine.
Les
manifestations
cardiaques
les
plus
fréquentes
sont
des
myocardites,
habituelle-
ment
résolutives
en
trois
à
six
semaines.
Cependant,
des
cas
de
myocardites
fatales,
associées
à
une
infection
à
CMV,
ont
été
rap-
portés [23].
Les
péricardites
sont
exceptionnelles.
Si
une
anémie
discrète
est
fréquemment
retrouvée,
éventuellement
associée
à
une
thrombopénie,
les
troubles
hématologiques
tels
que
purpura
thrombopénique
ou
anémie
hémolytique
sévère
sont
rares.
Les
manifestations
oculaires
à
type
de
rétinite,
d’uvéite
et
de
conjonc-
tivite
sont
exceptionnelles.
Des
observations
de
thrombose
de
la
veine
portale
ou
mésentérique
ont
été
rapportées.
Les
infections
sévères
avec
atteinte
polyviscérale,
rarement
rencontrées
au
cours
de
la
primo-infection
ou
des
infections
secondaires,
sont
favori-
sées
par
une
immunodépression
transitoire,
une
corticothérapie,
un
traitement
par
ciclosporine.
Fœtus
et
nouveau-né
après
infection
in
utero
L’infection
congénitale
à
CMV
est
la
plus
fréquente
des
infec-
tions
congénitales
dans
le
monde.
Elle
est
acquise
à
l’occasion
de
la
virémie
maternelle,
que
ce
soit
au
cours
d’une
primo-infection
ou
d’une
infection
secondaire
(Fig.
3).
L’infection
est
d’abord
placen-
taire
puis
éventuellement
transmise
au
fœtus
par
l’intermédiaire
du
placenta
infecté.
La
dissémination
chez
le
fœtus
se
fait
alors
par
voie
hématogène
et
toutes
les
cellules
fœtales
peuvent
être
infec-
tées,
y
compris
celles
du
cerveau.
La
très
grande
majorité
(70–80
%)
des
enfants
infectés
in
utero
n’a
aucune
séquelle
à
long
terme
de
cette
infection,
10
à
15
%
d’entre
eux
ont
des
séquelles
modé-
rées,
notamment
une
surdité
uni-
ou
bilatérale,
et
les
10
à
15
%
restants
ont
des
séquelles
neurosensorielles
sévères
avec
un
retard
psychomoteur [24].
La
grande
majorité
des
formes
symptomatiques
survient
après
primo-infection
maternelle
en
cours
de
grossesse
ou
juste
avant
la
conception,
cependant
des
cas
sévères
ont
été
rap-
portés
en
cas
d’infection
maternelle
secondaire [25,
26].
L’atteinte
fœtale
est
dépistée
par
l’échographie,
soit
de
manière
fortuite
lors
des
échographies
systématiques,
soit
au
cours
d’un
suivi
écho-
graphique
rapproché
réalisé
pour
une
primo-infection
maternelle
connue.
L’échographie
peut
révéler
l’atteinte
d’un
ou
de
plusieurs
organes
fœtaux,
associée
ou
non
à
une
atteinte
systémique
qui
se
manifeste
par
une
hépatosplénomégalie
fœtale
potentiellement
compliquée
d’ascite,
reflétant
l’existence
d’une
hépatite
choles-
tatique
ou
d’une
insuffisance
hépatique.
Moins
fréquemment,
un
œdème
généralisé
associé
à
une
ascite
suggère
une
anasarque
liée
à
l’effet
combiné
d’une
insuffisance
hépatique
et
d’une
ané-
mie
par
atteinte
médullaire.
Une
colite
à
CMV
se
manifeste
par
un
intestin
fœtal
hyperéchogène
et
l’atteinte
du
rein
fœtal
peut
se
révéler
par
une
hyperéchogénicité
rénale
et
un
oligohydram-
nios.
Un
retard
de
croissance
intra-utérin
(RCIU)
peut
résulter
de
l’atteinte
fœtale
ou
de
l’atteinte
placentaire.
En
cas
d’infection
fœtale
prouvée,
une
atteinte
du
cerveau
fœtal
doit
être
recher-
chée
jusqu’à
la
fin
de
la
grossesse
en
associant
échographie
et
EMC
-
Maladies
infectieuses 5
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