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samedi midi, il vit chez ses grands-parents maternels qui habitent près de son lycée, et le 
week-end seulement il retrouve ses parents et sa sœur âgée de 13 ans. Les grands-parents ne 
s’occupent  pas  de  ses  devoirs  comme  pouvaient  le  faire  ses  parents.  Ils  lui  laissent toute 
autonomie.  
Depuis cette entrée en seconde, Paul a perdu contact avec ses amis du collège, et ne fréquente 
pas ses camarades du lycée en dehors des temps d’école. Il ne va plus dans les clubs de loisirs 
où il allait avant (natation, musique), disant préférer rester à la maison. Il a perdu le plaisir de 
travailler, et n’arrive plus à se mettre au travail, malgré son envie de réussir. Il s’inquiète de 
s’enfermer  régulièrement  son  monde  imaginaire,  craignant  de  ne  plus  être  assez  dans  la 
réalité,  de  perdre  le  contrôle,  de  devenir  «  fou ».  Il  ne  présente  pas  d’hallucinations  et 
distingue bien ses « rêveries éveillées » du réel. Il passe également beaucoup de temps devant 
les écrans (vidéos sur internet). Paul  dit  trouver dans  ces  activités du réconfort  lorsqu’il  se 
sent seul, déprimé ou stressé. Ce comportement entraine beaucoup de culpabilité a posteriori, 
car cela l’empêche d’être pleinement efficient dans son travail scolaire et ses relations sociales 
allant parfois jusqu’à des crises de colère très fortes, avec de l’auto-agressivité.  
Ainsi, l’an dernier, après avoir échoué à un contrôle par manque de travail personnel, Paul a 
menacé  de  se  suicider  devant  son  père, à  deux  reprises.  Il  avait  alors  été  hospitalisé  une 
semaine  en  pédiatrie  puis  un  suivi  psychologique  avait  été  instauré  dans  un  centre  pour 
adolescent. La famille s’était mobilisée pour l’aider, en lui conseillant de nouvelles méthodes 
pour s’organiser dans son travail et gérer ses émotions. Depuis, avec l’accord de son fils, le 
père vient tous les soirs chez les grands-parents pour surveiller Paul dans sa chambre et ainsi 
qu’il ne soit pas tenté de procrastiner. Il a également mis en place un contrôle parental sur 
internet (temps de connexion limité à 1h/jour). Et pour éviter les situations de crise, le père a, 
à plusieurs reprises signé des mots  d’absence pour son fils, lorsque celui-ci  n’allait  pas  en 
cours des matinées entières pour réviser un contrôle important à la dernière minute.  
 
J’ai été amenée à rencontrer Paul pour la première fois, en classe de Première : j’avais 
effectué un bilan neuropsychologique pour  une  demande d’aménagements  aux  examens du 
baccalauréat.  Les  résultats  de ce  bilan  ainsi  que  les  éléments  cliniques  avaient  permis  de 
mettre en évidence un haut potentiel intellectuel (HPI). Je l’avais rencontré deux fois suite au 
bilan, ainsi  que  ses  parents  afin  de  leur  expliquer  le mode  de  fonctionnement  propre aux 
personnes à haut potentiel, tant sur le plan cognitif qu’affectif. Ce qui a pu aider Paul à mieux 
se  comprendre  et  s’accepter.  Le  suivi  psychologique  avait  été  poursuivi  au  centre  pour 
adolescent, et avait duré toute l’année scolaire.