Cours 8: Champs IV
Dans ce cours on se place sur le site de Grothendieck Aff des scemas affines muni de la
topologie ´etale. Nous avons vu aux cours pr´ec´edents qu’il existe une cat´egorie homotopique des
pr´echamps Ho(P rCh(Aff)) est des foncteurs pleinements fid`eles
Sh(Aff )֒Ho(Ch(Aff )) ֒Ho(P rCh(Aff)).
Par ces foncteurs nous identifierons par la suite les cat´egories Sh(Aff ) et Ho(Ch(Aff )) `a des
sous-cat´egories pleines de Ho(P rCh(Af f)). Ainsi, les sous-cat´egories de Sh(Af f) form´ees des
espaces alg´ebriques, des sch´emas et des sch´emas affines seront aussi identifi´ees `a leurs images
essentielles dans Ho(Ch(Aff)). Ainsi, nous dirons qu’un champ FHo(Ch(Aff )) est un es-
pace alg´ebrique, ou un scema, ou un sch´ema affine, s’il est isomorphe dans Ho(Ch(Aff ))
`a l’image d’un espace alebrique, ou d’un sch´ema, ou d’un scema affine, par le foncteur
Sh(Aff )֒Ho(Ch(Aff )).
De fa¸con g´en´erale nous utiliserons l’expression morphisme de champs (ou encore morphisme
de pr´echamps, ou bien simplement morphisme) pour signifier morphisme dans Ho(Ch(Aff))
(ou bien dans Ho(P rCh(Aff ))). Ainsi, sauf mention contraire, un morphisme sera une classe
d’isomorphismes de morphismes faibles (voir le th´eor`eme 2.4 du cours 5).
1 Champs alg´ebriques
Soit f:FGun morphisme dans Ho(Ch(Aff )), XAff et x:XGun morphisme.
La fibre de fen xest part d´efinition le champ F×h
GX. Supposons que le morphisme x:X
Gcorresponde, par l’isomorphisme [X, G]π0(G(X)), `a un objet xG(X) (bien d´efini `a
isomorphisme pr`es). Alors le champ F×h
GXse d´ecrit de la fcon suivante. Pour YAf f ,
un objet de de (F×h
GX)(Y) est la donn´e d’un triplet (z, u, α), o`u zest un objet dans F(Y),
u:YXest un morphisme dans Aff, et u:f(z)u(x) est un isomorphisme dans G(Y).
Un morphisme (z, u, α)(z, u, α) est la donn´ee d’un morphisme zzdans F(Y), tel que
le diagramme suivant commute
f(z)//
f(z)
{{v
v
v
v
v
v
v
v
v
u(x).
Il n’y a pas de morphisme (z, u, α)(z, u, α) pour u6=u.
D´efinition 1.1 1. Un morphisme f:FGde champs est repr´esentable (resp. repr´esentable
par un scema, resp. repr´esentable par un scema affine) si pour tout XAff et tout
1
x:XGla fibre de fen x,F×h
GXest un espace alg´ebrique (resp. un sch´ema, resp.
un sch´ema affine).
2. Un morphisme repr´esentable f:FGde champs est lisse (resp. ´etale, resp. quasi-
compact, resp. localement de pr´esentation finie, resp. une immersion ferm´ee, resp. une
immersion ouverte . . . ) si pour tout XAff, le morphisme induit d’espaces alg´ebriques
F×h
GXX
est lisse (resp. ´etale, resp. quasi-compact, resp. localement de pr´esentation finie, resp.
une immersion ferm´ee, resp. une immersion ouverte . . . ) au sens des espaces alg´ebriques.
On remarque que les morphismes repr´esentables (resp. repr´esentables lisses, ´etales . . . ) sont
stables par composition (Exo). Ils sont aussi stables par changement de base au sens des pro-
duits fibr´es homotopiques (Exo).
Une propri´et´e importante des morphismes repr´esentables est la suivante (elle est utile pour
montrer qu’un morphisme n’est pas repr´esentable).
Proposition 1.2 Si f:FGest un morphisme repr´esentable, alors pour tout XAff et
x[X, F ]le morphisme induit
f:π1(F, x)π1(G, f(x))
est un monomorphisme de faisceaux.
Preuve: Si fest repr´esentable, alors pour tout YXle groupoide (F×h
GX)(Y) est
´equivalent `a un ensemble. En particulier les groupes d’automorphismes d’objets dans (F×h
G
X)(Y) sont triviaux.
Soit XAff et x[X, F ]. Supposons qu’il existe u:YXet aπ1(F, s)(Y) =
AutF(Y)(u(x)) un automorphisme non trivial appartenant au noyau du morphisme
π1(F, x)(Y)π1(G, f (x)).
On consid`ere l’objet (u(x), u, id), qui est un objet dans (F×h
GX)(Y) (pour le morphisme
f(x)[X, G]). De plus, l’automorphisme ade u(x) induit par d´efinition un automorphisme
non trivial de l’objet (u(x), u, id) dans le groupoide (F×h
GX)(Y). Ceci implique que fn’est
pas repr´esentable. 2
Avant de donner la d´efinition des champs alg´ebriques nous avons besoin de la notion suivante.
D´efinition 1.3 Un morphisme de champs f:FGest un ´epimorphisme si le morphisme
induit π0(F)π0(G)est un ´epimorphisme de faisceaux.
On remarquera que f:FGest un ´epimorphisme si et seulement pour tout XAff
et tout objet xG(X) il existe une famille couvrante {UiX}et des objets yiF(Ui) tel
que x|Uisoit isomorphe `a f(yi) pour tout i(i.e. tout objet de Gest localement dans l’image
essentielle de f).
2
D´efinition 1.4 Un champ Fest alg´ebrique1s’il v´erifie les deux conditions suivantes.
1. Le morphisme diagonal
FF×F
est repr´esentable.
2. Il existe des sch´emas affines {Ui}et un ´epimorphisme lisse et rep´esentable
p:U=Y
i
UiF.
Un tel morphisme pest appel´e un atlas pour F.
Nous allons voir que la condition (2) implique la condition (1). Nous pr´esentons cependant la
notion de champs alg´ebriques sous cette forme qui est celle que l’on rencontre dans la litt´erature.
De plus, il est souvent d’usage de remplacer la condition (1) par la condition plus forte suivante
(1) Le morphisme diagonal
FF×F
est repr´esentable quasi-compact et s´epar´e.
En ce qui nous concerne nous nous int´eresserons essentiellement aux champs alg´ebriques F
dont le morphisme diagonal FF×Fest repr´esentable et affine.
On termine ce paragraphe par les notions de finitude suivantes.
D´efinition 1.5 Soit Fun champ alg´ebrique.
1. On dit que Fest quasi-compact s’il existe un atlas
p:UF
avec Uun sch´ema affine, et si de plus le morphisme diagonal FF×Fest quasi-
compact.
2. Soit XAff et FXun morphisme. On dit que le champ Fest localement de
pr´esentation finie sur Xs’il existe un atlas
p:U=Y
i
UiF
avec chaque Uide pr´esentation finie sur X.
3. Soit XAff et FXun morphisme. On dit que le champ Fest pr´esentation finie
sur Xs’il est localement de pr´esentation finie sur Xet quasi-compact.
1Dans la litt´erature on touvera aussi la terminologie de champ d’Artin.
3
4. On dit que Fest localement noeth´erien s’il existe un atlas
p:U=Y
i
UiF
avec chaque Uinoeth´erien.
5. On dit que Fest noeth´erien s’il est localement noeth´erien et quasi-compact.
2 Quelques propri´et´es ´el´ementaires
On commence par une proposition qui pr´ecise la d´efinition 1.4.
Proposition 2.1 Soit Fun champ. Les trois conditions suivantes sont ´equivalentes.
1. Le morphisme diagonal FF×Fest repr´esentable.
2. Pour tout sch´ema affine Xet tout x, y F(X), le faisceau Iso(x, y)est repr´esentable par
un espace alg´ebrique.
3. Pour tout sch´emas affines Xet Y, et tout morphismes X, Y Fle champ X×h
FYest
repr´esentable.
Preuve: Dire que FF×Fest repr´esentable est ´equivalent `a dire que pour tout scema
affine Xet tout morphisme (x, y) : XF×F, le champ X×h
F×FFest repr´esentable. On
voit que le champ X×h
F×FFest isomorphe au faisceau Iso(x, y). Ainsi (1) est ´equivalent `a (2).
Pour tout sch´emas affines Xet Y, et tout morphismes X, Y Fon a
X×h
FY(X×Y)×h
F×FF.
Ainsi, (1) (3). Inversement, tout morphisme XF×Fse factorise par
X//X×X//F×F.
Ainsi, on a
X×h
F×FFX×h
X×X(X×h
FX),
et donc (3) (1). 2
Proposition 2.2 Soit Fun champ. Les deux conditions suivantes sont ´equivalentes.
1. Le champ Fest alg´ebrique.
2. Il existe des sch´emas affines {Ui}et un ´epimorphisme repr´esentable et lisse
p:U=a
i
UiF.
4
Preuve: Par d´efinition (1) (2). Montrons que (2) (1). Pour cela on utilise la proposition
2.1 (3).
Soit Xet Ydeux scemas affines et x:XFet y:YFdeux points. On regarde
X×h
FYX, qui est morphisme de faisceaux (Exo: erifier que le champ X×h
FYest ´equivalent
`a un faisceau), et on cherche `a montrer que c’est un espace alg´ebrique. On applique alors la
proposition 1.2 du cours 4 qui permet de passer `a un recouvrement ´etale de X. Ainsi, quite `a
remplacer Xpar un recouvrement ´etale on peut supposer que le morphisme XFse factorise
par x:XU. On a alors
X×h
FYX×h
U(U×h
FY).
Comme par hypoth`ese U×h
FYest un espace alg´ebrique on voit que X×h
FYest un espace
alg´ebrique. 2
On donne maintenant quelques crit`eres g´en´eraux pour construire des champs alg´ebriques.
Proposition 2.3 1. Un espace alg´ebrique est un champ alg´ebrique.
2. Soit f:FGun morphisme de champs avec Gun champ alg´ebrique. On suppose qu’il
existe un atlas
{UiG}
tel que chaque F×h
GUisoit un champ alg´ebrique. Alors Fest un champ alg´ebrique.
3. Soit F1//F0F2
ooun diagramme de champs alg´ebriques. Alors F1×h
F0F2est un
champ alg´ebrique.
4. Soit f:FGun morphisme repr´esentable. Si Gest alg´ebrique alors Faussi.
Preuve: Exo (s’insip´erer des faits analogues pour les espaces alg´ebriques). 2
On termine ce paragraphe par la construction de champs alg´ebriques comme champs quo-
tients.
Proposition 2.4 Soit Gun espace alebrique en groupes lisse sur =Spec Z. Soit Xun espace
alg´ebrique sur lequel Gop`ere. Alors le champ quotient [X/G]est un champ alg´ebrique.
Preuve: On comence par un lemme g´en´eral sur les champs quotients. Pour cela on rappelle
qu’il existe des morphismes naturels
XK(G, X, 1) [X/G].
Lemme 2.5 Soit Y[X/G]un morphisme avec Yun sch´ema affine, correspondant `a un
diagramme
Y E //
ooX
o`u EYest un G|Y-torseur. Alors, le champ Y×[X/G]Xs’identifie au faisceau E.
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