CM - MOYENNE ARITHMETICOGEOMETRICO–HARMONIQUE Préliminaires Si (a1 , . . . , an ) est un n−uplet de nombres strictement positifs, on définit trois moyennes (strictement positives) : (i) la moyenne arithmétique M (a1 , . . . , an ) = a1 + · · · + an , n (ii) la moyenne géométrique G(a1 , . . . , an ) = (iii) la moyenne harmonique H(a1 , . . . , an ) = √ n a1 · · · an , n . 1 1 + ··· + a1 an Ces trois nombres sont compris entre min(a1 , . . . , an ) et max(a1 , . . . , an ). On remarque que H(a1 , . . . , an ) = 1 , M = 1 . G(a1 , . . . , an ) 1 1 a1 , . . . , an et que G 1 1 ,..., a1 an Proposition 1 On a les inégalités suivantes : H(a1 , . . . , an ) ≤ G(a1 , . . . , an ) ≤ M (a1 , . . . , an ) , et on ne peut avoir égalité dans une des deux inégalités que si les n nombres a1 , . . . , an sont égaux. Il est clair que l’on a égalité si tous les nombres sont égaux. On peut démontrer l’inégalité de droite, sans utiliser la convexité de la fonction − ln, de la manière suivante. CM 2 On démontre tout d’abord par récurrence que, pour tout entier p ≥ 1, √ 2p a1 · · · a2p ≤ a1 + · · · + a2p , 2p et que l’égalité a lieu seulement si a1 = · · · = a2p . Pour p = 1, l’inégalité √ a1 + a2 , a1 a2 ≤ 2 équivaut à √ a1 − 2 a1 a2 + a2 ≥ 0 , √ √ ce qui est toujours vrai puisque le membre de gauche est le carré ( a1 − a2 )2 . De plus l’égalité a lieu si et seulement si a1 = a2 . Supposons la propriété vraie à l’ordre p. On applique l’inégalité à l’ordre 2 aux nombres A1 = G(a1 , . . . , a2p ) et A2 = G(a2p +1 , . . . , a2p+1 ) . On a alors, en appliquant l’hypothèse de récurrence, A1 ≤ M (a1 , . . . , a2p ) et A2 ≤ M (a2p +1 , . . . , a2p+1 ) , mais M (M (a1 , . . . , a2p ), M (a2p +1 , . . . , a2p+1 )) = M (a1 , . . . , a2p+1 ) , donc M (A1 , A2 ) ≤ M (a1 , . . . , a2p+1 ) . Par ailleurs G(A1 , A2 ) = G(a1 , . . . , a2p+1 ) . De l’inégalité G(A1 , A2 ) ≤ M (A1 , A2 ) , on déduit alors G(a1 , . . . , a2p+1 ) ≤ M (a1 , . . . , a2p+1 ) . L’inégalité est donc vraie à l’ordre p, donc pour tout entier p. Pour que l’égalité ait lieu, il faut d’une part G(A1 , A2 ) = M (A1 , A2 ) , ce qui nécessite A1 = A2 , mais il faut aussi G(a1 , . . . , a2p ) = M (a1 , . . . , a2p ) ce qui nécessite a1 = · · · = a2p , et G(a2p +1 , . . . , a2p+1 ) = M (a2p +1 . . . a2p+1 ) , CM 3 ce qui nécessite a2p +1 = · · · = a2p+1 . Alors a1 = · · · = a2p = A1 = A2 = a2p +1 = · · · = a2p+1 . Les nombres sont tous égaux. On démontre ensuite le résultat pour un entier n quelconque. Si p est un entier tel que n < 2p , on pose an+1 = · · · = a2p = M (a1 , . . . , an ) . On a alors a1 + · · · + an + (2p − n)M (a1 , . . . , an ) 2p nM (a1 , . . . , an ) + (2p − n)M (a1 , . . . , an ) = 2p = M (a1 , . . . , an ) , M (a1 , . . . , a2p ) = et G(a1 , . . . , a2p ) = p 2p a1 · · · an · M (a1 , . . . , an )2p −n = p 2p G(a1 , . . . , an )n M (a1 , . . . , an )2p −n , d’où l’on déduit p p G(a1 , . . . , a2p )1−n/2 ≤ M (a1 , . . . , a2p )1−n/2 , et finalement G(a1 · · · an ) ≤ M (a1 , . . . , an ) . L’égalité n’est possible que si a1 = · · · = an = an+1 = · · · = a2p , et là encore tous les nombres sont égaux. Pour l’autre inégalité, on part de G 1 1 ··· a1 an ≤M 1 1 ,..., a1 an ce qui donne, d’après les remarques faites plus haut, 1 1 ≤ , G(a1 , . . . , an ) H(a1 , . . . , an ) et finalement H(a1 , . . . , an ) ≤ G(a1 , . . . , an ) . , CM 4 Définition de la moyenne AGH de trois nombres positifs. Soit trois nombres réels strictement positifs (u, v, w). On définit par récurrence trois suites (un )n≥0 , (vn )n≥0 , (wn )n≥0 , en posant u0 = u , v0 = v et w0 = w , et, pour tout entier n ≥ 0, un+1 = M (un , vn , wn ) , vn+1 = G(un , vn , wn ) et un+1 = H(un , vn , wn ) . Proposition 2 Les trois suites (un )n≥1 , (vn )n≥1 , (wn )n≥1 sont monotones, et possèdent la même limite. Pour tout n ≥ 1, on a, d’après la proposition 1, wn ≤ vn ≤ un . Alors un + vn + wn ≤ 3un , d’où un+1 = un + vn + wn ≤ un . 3 La suite (un )n≥1 est donc décroissante. La même méthode, à partir des inégalités 1 1 1 ≤ ≤ , un vn wn montre que 1 1 3 1 + + ≤ , un vn wn wn donc wn ≤ 3 = wn+1 , 1 1 1 + + un vn wn et la suite (wn )n≥1 est croissante. Alors w1 ≤ wn ≤ un ≤ u1 . La suite (wn )n≥1 est croissante et majorée par u1 . Elle converge donc. Notons ℓ sa limite. La suite (un )n≥1 est décroissante et minorée par w1 . Elle converge donc. Notons ℓ′′ sa limite. On a aussi vn = 3un+1 − un − wn , CM 5 et (vn )n≥1 est la somme de trois suites convergentes. Elle possède une limite ℓ′ qui vérifie ℓ′ = 3ℓ − ℓ − ℓ′′ . Donc ℓ = M (ℓ′ , ℓ′′ ) , et ℓ est compris entre ℓ′ et ℓ′′ . Mais par passage à la limite, on a ℓ′′ ≤ ℓ′ ≤ ℓ . Il en résulte que ℓ = ℓ′ . On a également 1 1 1 1 + =3 − , vn un wn+1 wn donc, par passage à la limite, 1 1 2 + = ′′ . ℓ′ ℓ ℓ Alors ℓ′′ = H(ℓ, ℓ′ ) . Donc ℓ′′ est compris entre ℓ et ℓ′ , et cette fois ℓ′ = ℓ′′ . Les trois suites ont bien la même limite. Reste à étudier la monotonie de (vn )n≥1 . La différence vn+1 − vn est du signe de 3 − vn3 = un vn wn − vn3 , vn+1 donc du signe de la différence δn = un wn − vn2 , ou encore du signe de u3n wn3 − vn6 . Si n ≥ 0, le nombre δn+1 est du signe de 3 u3n+1 wn+1 − 6 vn+1 = un + vn + wn 3 3 3un vn wn un vn + vn wn + wn yn 3 − (un vn wn )2 , et cette expression est du signe de (un + vn + wn )3 un vn wn − (un vn + vn wn + wn un )3 . Etudions le polynôme de trois variables P (X, Y, Z) = (X + Y + Z)3 XY Z − (XY + Y Z + ZX)3 . CM 6 On obtient tout d’abord en développant P (X, Y, Z) = (X 3 + Y 3 + Z 3 + 3(X 2 Y + XY 2 + Y 2 Z + Y Z 2 + Z 2 X + ZX 2 ) + 6XY Z)XY Z −(X 3 Y 3 + Y 3 Z 3 + Z 3 X 3 + 6X 2 Y 2 Z 2 +3(X 2 Y 3 Z + XY 3 Z 2 + Y 2 Z 3 X + Y Z 3 X 2 + Z 2 X 3 Y + ZX 3 Y 2 )) = (X 3 + Y 3 + Z 3 )XY Z − (X 3 Y 3 + Y 3 Z 3 + Z 3 X 3 ) = X 4 Y Z + XY 4 Z + XY Z 4 − (X 3 Y 3 + Y 3 Z 3 + Z 3 X 3 ) . Mettons X 2 en facteur dans les termes qui le contiennent, et YZ dans les autres. On obtient P (X, Y, Z) = X 2 (X 2 Y Z − XY 3 − XZ 3 ) − Y Z(Y 2 Z 2 − XY 3 − XZ 3 ) . Mais l’on remarque que X 2 Y 2 Z 2 = X 2 (Y 2 Z 2 ) = Y Z(X 2 Y Z) , et donc P (X, Y, Z) = X 2 (Y 2 Z 2 + X 2 Y Z − XY 3 − XZ 3 ) − Y Z(X 2 Y Z + Y 2 Z 2 − XY 3 − XZ 3 ) = (X 2 − Y Z)(Y 2 Z 2 + X 2 Y Z − XY 3 − XZ 3 ) . Le polynôme P se factorise complètement, et l’on trouve P (X, Y, Z) = (X 2 − Y Z)(Y 2 − ZX)(Z 2 − XY ) . Alors le signe de δn+1 est celui de (u2n − vn wn )(vn2 − wn un )(wn2 − un vn ). Mais, si n ≥ 1, le nombre u2n − vn wn est positif et le nombre wn2 − un vn est négatif. Il en résulte que les nombres δn+1 et δn ont le même signe : celui de δ1 , qui est lui même du signe de (u2 − vw)(v 2 − wu)(w2 − uv). La suite (vn )n≥1 est donc : – strictement croissante si (u2 − vw)(v 2 − wu)(w2 − uv) > 0, – strictement décroissante si (u2 − vw)(v 2 − wu)(w2 − uv) < 0, – constante si (u2 − vw)(v 2 − wu)(w2 − uv) = 0 . Remarque : dans le dernier cas, puisque la suite (vn )n≥1 est constante, la limite commune n’est autre √ 3 que v1 = abc, et l’on a pour tout n ≥ 1, un wn = vn2 = v12 .