DQ - HYPERPLANS ET MATRICES ORTHOGONALES L’espace vectoriel Mn (R) des matrices carrées à coefficients réels étant muni du produit scalaire défini par X < P, Q >= tr( tP.Q) = pij qij i,j pour lequel la base canonique est orthonormée, tout hyperplan de Mn (R) est l’orthogonal d’une matrice H non nulle, et sera noté HH . Rappelons que tr(A.B) = tr(B.A) = tr( t A. t B) et tr(P −1 AP ) = tr A . Si U est une matrice orthogonale, soit ΦU l’application de Mn (R) dans lui même définie par ΦU (P ) = t U.P.U = U −1 .P.U . C’est un automorphisme de l’algèbre Mn (R), et (ΦU )−1 = Φ t U . On a également ΦU ◦ ΦV = ΦV.U . Propriété 1 L’application ΦU est une bijection de On sur lui-même. Soit P une matrice orthogonale. On a (ΦU (P ))−1 = (U −1 .P.U )−1 = U −1 .P −1 .U = t U. t P.U = t t = t ( U.P.U ) (ΦU (P )) , et donc ΦU (P ) est orthogonale. Comme de plus ΦU (P ) = Q équivaut à Φ tU (Q) = P , il en résulte que ΦU est une bijection de On sur lui-même. Propriété 2 L’application ΦU est une bijection de Sn sur lui-même. DQ 2 Soit P une matrice symétrique. On a t (ΦU (P )) = t t ( U.P.U ) = t U. t P U = t U.P U = ΦU (P ) , et donc ΦU (P ) est symétrique. Comme de plus ΦU (P ) = Q équivaut à Φ tU (Q) = P , il en résulte que ΦU est une bijection de Sn sur lui-même. Propriété 3 La matrice P appartient à HH si et seulement si ΦU (P ) appartient à HΦU (H) . On a < ΦU (P ), ΦU (H) > = tr( t ( t U.P.U )( t U.H.U )) = tr( t U. t P.U. t U.H.U ) = tr( t U. t P.H.U ) = tr( t P.H) = < P, H > . Donc < ΦU (P ), ΦU (H) > est nul si et seulement si < P, H > est nul. Remarquons que si l’on considère l’espace vectoriel Rn , muni de sa base orthonormée canonique, et si f est un endomorphisme de matrice H dans cette base, alors ΦU (H) est la matrice de f dans une autre base orthonormée. Théorème Si n ≥ 2, tout hyperplan HH de Mn (R) contient une matrice orthogonale. De manière plus précise : - il contient une matrice orthogonale et symétrique si n est pair, - il contient une matrice orthogonale positive si n est impair. 1) Cas n = 2p. Soit P dans On ∩ Sn . Puisque P est symétrique, on a les égalités < P, H >=< t P, t H >=< P, t H > . Donc, si P appartient à HH , les produits scalaires < P, H > et < P, t H > sont nuls. Il en résulte que 1 < P, (H + t H) >= 0 2 DQ 3 par suite, si l’on note Hs = 1 2 (H + t H), on en déduit que P appartient à HHs . Réciproquement, si P appartient à HHs , alors < P, H + t H > est nul, donc < P, H >= − < P, t H > , et, puisque P est symétrique, < P, H >= − < t P, t H > ou encore < P, H >= − < P, H > . On en déduit que < P, H > est nul, et que P est dans HH . On en conclut que On ∩ Sn ∩ HH = On ∩ Sn ∩ HHs . On utilise maintenant le fait que la matrice Hs est symétrique, donc diagonalisable dans une base orthonormée. Il existe alors une matrice orthogonale U telle que H ′ = ΦU (Hs ) soit diagonale. Dans ce cas la matrice antidiagonale P ayant des 1 sur la deuxième diagonale et des zéros ailleurs est orthogonale, symétrique et appartient à HH ′ . Donc Φ tU appartient à On ∩ Sn ∩ HH . 2) Cas n = 2p + 1 où p ≥ 1. Il existe une matrice orthogonale U telle que les éléments diagonaux d1,1 , . . . , dn,n de D = ΦU (H) vérifient |d1,1 | ≤ |d2,2 | ≤ · · · ≤ |dn,n | . En effet, si f est un endomorphisme de Rn dans la base canonique, changer l’ordre des éléments diagonaux revient à faire un changement de base en permutant l’ordre des vecteurs de base, c’est-à-dire un changement de base orthonormée. Remarquons tout d’abord que si dn,n = 0, alors tous les éléments diagonaux sont nuls et on peut prendre P = In qui est orthogonale. On suppose désormais dn,n non nul. Notons εk le signe de dk,k si dk,k 6= 0, et εk = 1 si dk,k = 0. Soit P ′ la matrice diagonale d’ordre 2p − 1 dont les éléments diagonaux sont (−1)k εk , pour k compris entre 1 et 2p − 1. C’est une matrice orthogonale. Posons aussi ε2p cos θ −ε2p sin θ Aθ = , ε2p+1 sin θ ε2p+1 cos θ et La matrice Pθ est orthogonale, et l’on a ′ P 0 Pθ = . 0 Aθ DQ 4 < Pθ , D > = = 2p−1 X (−1)k εk dk,k + (ε2p d2p,2p + ε2p+1 d2p+1,2p+1 ) cos θ + (ε2p+1 d2p+1,2p − ε2p d2p,2p+1 ) sin θ k=1 2p−1 X k=1 (−1)k |dk,k | + (|d2p,2p | + |d2p+1,2p+1 |) cos θ + (ε2p+1 d2p+1,2p − ε2p d2p,2p+1 ) sin θ . Il reste à voir que l’on peut choisir θ pour que < Pθ , D > soit nul. Cette condition s’écrit (|d2p,2p | + |d2p+1,2p+1 |) cos θ + (ε2p+1 d2p+1,2p − ε2p d2p,2p+1 ) sin θ = 2p−1 X k=1 (−1)k−1 |dk,k | . Elle est donc de la forme a cos θ + b sin θ = c , avec a > 0 et, si α est un angle tel que sin α = √ a + b2 a2 et cos α = √ b , + b2 a2 elle s’écrit encore p a2 + b2 sin(θ + α) = c . Pour qu’elle soit vérifiée pour au moins un angle θ, il suffit que |c| ≤ √ a2 + b2 , et même que |c| ≤ |a| . Montrons tout d’abord le lemme suivant : Lemme Soit (an )n≥1 une suite croissante de nombres réels positifs. Alors, quel que soit p ≥ 1, 2p−1 X 0≤ k=1 (−1)k−1 ak ≤ a2p + a2p+1 . Tout d’abord 2p−1 X k−1 (−1) k=1 p−1 X ak = (a2k+1 − a2k ) + a1 ≥ 0 . k=1 On démontre l’autre inégalité par récurrence. Pour p = 1, elle devient a1 ≤ a2 + a3 ce qui est bien vérifié. DQ 5 Supposons la propriété vraie à l’ordre p. Alors 2p+1 X (−1)k−1 ak = 2p−1 X k=1 k=1 (−1)k−1 ak + a2p+1 − a2p ≤ a2p + a2p+1 + a2p+1 − a2p ≤ 2a2p+1 ≤ a2p+2 + a2p+3 et l’inégalité est vraie à l’ordre p + 1. Elle est donc vraie pour tout p ≥ 1. On peut alors terminer la démonstration du théorème. Puisque d’après le lemme |c| = 2p−1 X k=1 (−1)k−1 |dk,k | ≤ |d2p,2p | + |d2p+1,2p+1 | = |a| la condition d’existence d’un angle θ tel que < Pθ , D >= 0 est satisfaite. Alors pour un angle θ ainsi choisi, la matrice Φ tU (Pθ ) appartient à On ∩ HH . Pour finir, on constate qui si det Φ tU (Pθ ) = −1, alors det(−Φ tU (Pθ )) = 1, et donc une des deux matrices −Φ tU (Pθ ) ou Φ tU (Pθ ) est dans On+ .