Agence française
de développement
Département de la Recherche
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Département de la Recherche n° 31
Une revue mensuelle des publications sur le développement
Editorial
La tenue de la 6ème Conférence
ministérielle de l’OMC à Hong Kong
du 13 au 18 décembre 2005, qui
réunira 148 pays dans le but de ten-
ter de trouver un accord sur les
droits de douane et les règles qui
organisent les échanges dans le
monde, suscite une vague de contes-
tations si violente qu’elle risque de
mettre à mal la manifestation et d’en
compromettre l’issue.
S’inscrivant en faux contre la volonté
des pays du Nord de libéraliser encore
davantage les échanges économiques
« au profit des multinationales et au
dépens des populations », ce mouve-
ment de pression accuse l’OMC de vou-
loir subordonner toute norme sociale,
écologique ou de droits humains à une
juridiction commerciale.
Regroupés derrière le slogan « 10 ans
d’OMC ça suffit » organisations non-
gouvernementales et mouvements
sociaux s’étaient déjà rassemblés en
octobre dernier avec pour objectif de
faire échec à la conférence. C’est
désormais l’ONG britannique OXFAM,
relayée par un puissant réseau d’ONG
et d’associations issues d’une centaine
de pays, qui a décidé de partir en cam-
pagne en décidant de faire du bruit « big
noise ».
Revendiquant la souveraineté alimen-
taire, le droit des peuples à développer
leur agriculture et à la protéger contre le
dumping, les ONG ont ainsi, en dépit de
leurs divergences, établi un socle de
propositions communes, telles que la
demande de la fin des subventions à
l’exportation, en exigeant un moratoire
immédiat et une nouvelle organisation
des échanges économiques mondiaux.
Des ONG professionnalisées
Il est remarquable de constater l’évolu-
tion du rôle des ONG en quelques
années.
Faisant leur cheval de bataille des
débats que suscite la mondialisation
depuis Seattle en 1999, se faisant les
chantres de la justice sociale et de la
lutte contre la pauvreté, elles se présen-
tent comme les véritables porte-voix de
la société civile.
Unissant leurs forces, dotées de bud-
gets importants, d’experts, d’écono-
mistes, elles ont réussi à asseoir une
véritable légitimité en se « profession-
nalisant ». Les ONG se sont imposées
comme des partenaires avec lesquels il
faut désormais compter.
Occupant le vide laissé par les syndi-
cats et les partis, elles sont devenues
une force politique, de facto incontour-
nable dans tous les grands rendez-vous
internationaux.
Ainsi l’échec de la réunion de l’OMC tant
redouté par les membres du G7 signifie-
rait-il aussi pour les nombreux signa-
taires de l’appel commun « Trade justi-
ce, not free trade », un espoir pour la
totalité des pays pauvres mais aussi une
reconnaissance de l’existence d’un véri-
table contre-pouvoir dont le message
pourrait alimenter le doute sur les vertus
du « libre-échange ». SS
OMC : un échec annoncé
Dans ce numéro
1. L’EAU nRolling Back Malaria: the World
Bank Strategy and Booster Program nPoli-
cies and Strategic Options for Water Manage-
ment in the Islamic Countries nL’eau : com-
ment mieux la répartir ?
2. LA TERRE nLa vie après le pétrole : de
la pénurie aux énergies nouvelles nLe
Mécanisme pour un Développement Propre :
Initiative francophone de partenariat dans le
domaine du MDP nL’or blanc menacé,
l’Afrique prise entre deux feux, les subven-
tions et les OGM
3. LES HOMMES nMigration et dévelop-
pement nPriority Medecines for Europe and
the World nAide et santé
4. LES ORGANISATIONS nONU : droits
pour tous ou loi du plus fort ? Regards mili-
tants sur les Nations Unies nRapport sur le
commerce mondial 2005 nContrôle interne,
vers une éthique de la responsabilité
5. DROIT, REGULATION nPaix et guerre
entre les cultures : entre Europe et Méditerra-
née nGetting the Most out of Public Sector
Decentralisation in Mexico nRéguler l’écono-
mie mondiale : le juge plutôt que le
diplomate ?
6. GÉOGRAPHIES nLa société civile au
Maroc : l’émergence de nouveaux acteurs de
développement nVers un nouveau partenariat
entre la France et l‘Asie centrale nEthiopie :
le fédéralisme en question