Presse- und Informationsdienst Service de presse et d’information Press and Information Service Fax +41 (0)31 308 22 65 E-Mail: [email protected] Embargo: 5 novembre 2004, 2h00 Berne, le 4 novembre 2004 Information pour les médias Risques cardio-vasculaires de l’anti-inflammatoire Vioxx Les risques d’effets secondaires du Vioxx auraient pu être décelés en 2000 déjà Dans le cadre du Programme national de recherche «Santé musculosquelettique – douleurs chroniques» (PNR 53), des chercheurs de l’Université de Berne ont analysé les données, accessibles au public, provenant des diverses études menées sur le médicament Vioxx. Ils en concluent que les risques cardio-vasculaires du Vioxx auraient pu être identifiés bien plus tôt, soit dès fin 2000. En outre, contrairement aux informations publiées jusqu’ici, ces risques sont indépendants de la dose et de la durée du traitement. La revue scientifique «The Lancet» publie les importants résultats de cette analyse dans son édition en ligne du 5 novembre 2004. Le 30 septembre dernier, le groupe pharmaceutique Merck & Co. annonçait le retrait mondial de son anti-inflammatoire Vioxx, au principe actif rofecoxib, après qu’une étude clinique ait révélé un risque cardiovasculaire accru lié à la prise de cet inhibiteur de la COX-2. On suspectait déjà ce médicament d’occasionner une augmentation du nombre d’accidents cardio-vasculaires. Restait à savoir si ces risques n’auraient pas pu être identifiés plus tôt, par des études antérieures. L’équipe de recherche de Peter Jüni et Matthias Egger de l’Institut de médecine préventive et sociale de l’Université de Berne a réalisé une méta-analyse des données de ces études antérieures, dans le cadre du Programme national de recherche «Santé musculosquelettique – douleurs chroniques» (PNR 53). Les résultats de cette méta-analyse ont été présentés le 5 novembre sur le site web de la célèbre revue scientifique «The Lancet». Deutscher Text auf der Rückseite Cette enquête se fonde sur les données d’études, accessibles au public, de l’agence américaine de protection de la santé, la FDA, ainsi que sur une vaste recherche dans la littérature médicale publiée à ce sujet. La méta-analyse a porté sur 18 études randomisées sous contrôle placebo et 11 études d’observation. «Notre analyse confirme ce que nous suspections, à savoir que l’on disposait dès la fin 2000 de données prouvant un risque accru de maladies cardio-vasculaires sous Vioxx», a déclaré Peter Jüni. A cette époque, 52 cas d’infarctus du myocarde se sont déclarés chez les 20'742 patients observés, dont 41 étaient traités au Vioxx, soit une importante différence statistique à l’encontre du Vioxx. Les chercheurs de l’Université de Berne critiquent en particulier l’interprétation des données de l’étude VIGOR de 2000, qui comparait l’efficacité et les effets indésirables du rofecoxib (Vioxx) avec un autre antalgique, le naproxène (Apranax et Aleve, entre autres). Cette étude a mis à jour des différences majeures dans les risques d’événements cardio-vasculaires. Or, les responsables de l’étude VIGOR avaient attribué cette différence à l’effet protecteur supposé du naproxène et non au risque accru d’infarctus du myocarde du rofecoxib. «Nous n’avons pourtant trouvé aucune donnée étayant cette interprétation, relève Matthias Egger. Dès cette étude, on aurait donc dû soupçonner et prendre en compte une fréquence accrue d’infarctus du myocarde liée au rofecoxib». En septembre 2004, dans son communiqué de presse annonçant le retrait du Vioxx, Merck annonçait que la firme était «arrivée à la conclusion, en se fondant sur les alternatives thérapeutiques disponibles et sur les questions soulevées par ces données» qu’un retrait volontaire du marché s’imposait. A cet égard, Matthias Egger insiste : «Cette déclaration s’avère certes correcte en septembre 2004, mais la firme aurait pu ou dû la faire plusieurs années auparavant, dès qu’elle a disposé des données que nous avons utilisées dans notre analyse». Or, à cette époque, Merck se contenta d’un communiqué de presse avec ce titre!: «Merck confirme à nouveau la sécurité cardio-vasculaire de Vioxx» Les risques existent indépendamment de la durée et de la dose La méta-analyse remet aussi en cause d’autres déclarations de Merck & Co.!: le médicament a été retiré du marché en mentionnant que seuls les patients sous Vioxx depuis 18 mois au moins étaient concernés. Or, «nous n’avons pas pu confirmer ce point, relève Peter Jüni. «Les données montrent une augmentation du risque d’infarctus du myocarde après seulement quelques mois de traitement, et que ce risque est indépendant de la dose». Les chercheurs notent aussi que parmi les diverses études menées, celles où les données ont été saisies et évaluées de façon indépendante 2 donnent un résultat plus net à propos des effets secondaires indésirables. Lorsque les données sont saisies indépendamment, les résultats de l’étude ne sont pas évalués par les responsables de cette dernière, mais par des chercheurs indépendants qui n’ont pas participé à l’étude. «Il est possible, selon Matthias Egger, qu’en l’absence d’une évaluation indépendante des données, les résultats ont été interprétés de façon plus favorable, ce qui a atténué la gravité des risques liés à la prise de ce médicament. Nous recommandons en conséquence, à l’avenir, un dépouillement extérieur et indépendant des données de ce type d’études». Plus de transparence et mise à jour permanente des données L’analyse des données sur Vioxx montre que les autorités de contrôle des médicaments devraient revoir leur procédure d’admission. Les nouvelles données et informations relatives à un médicament devraient être reprises systématiquement dans la documentation et analysés en permanence. «Comme l’exemple de Vioxx le montre, c’est loin d’être le cas aujourd’hui», constate Peter Jüni. «Seul un suivi continu permettra de protéger la population contre des effets secondaires indésirables», poursuit Matthias Egger. «Dans le cas du Vioxx, un organisme indépendant devrait examiner les raisons pour lesquelles le fabricant et les autorités de contrôle des médicaments n’ont pas assuré ce suivi dans la saisie des nouvelles données et informations». Cette étude, qui vient d’être publiée, fait partie d’un projet du Programme national de recherche «Santé musculosquelettique – douleurs chroniques» (PNR 53). Il compare l’efficacité et le profil d’effets secondaires de divers médicaments – nouveaux ou anciens – contre les douleurs liées à l’arthrose. Les résultats de ce projet devraient être publiés à la mi-2006. 3 Programme national de recherche "Santé musculo-squelettique douleurs chroniques" (PNR 53) En Suisse, près d’un tiers des consultations médicales concernent des douleurs musculosquelettiques. De plus, les maladies de l’appareil locomoteur représentent la cause la plus fréquente d’invalidité précoce dans notre pays. Malgré cela, nous avons d’importantes lacunes de connaissances, tout comme manquent les stratégies nécessaires à la prévention et au traitement de ces affections. C’est la raison pour laquelle le Conseil fédéral a décidé de lancer en janvier 2003 le Programme national de recherche «Santé musculosquelettique – douleurs chroniques» (PNR 53). Six modules et 22 projets entendent chercher les causes complexes des maladies de l’appareil locomoteur et fournir des résultats pour le traitement et la prévoyance. Le PNR 53, d’une durée de 5 ans (2004 - 2009), dispose d’un financement de 12 millions de francs. www.nfp53.ch Informations supplémentaires: Dr. med. Peter Jüni Institut de médecine préventive et sociale et Clinique de rhumatologie Université de Berne Finkelhubelweg 11 CH-3012 Berne tél: +41 (0)31 631 33 78 e-mail: [email protected] Prof. Dr. med. Matthias Egger Institut de médecine préventive et sociale Université de Berne Finkelhubelweg 11 CH-3012 Berne tél: +41 (0)31 631 35 01 e-mail: [email protected] Le texte de cette information est disponible dès le 5.11.2004 à 8h00 sur la page d’accueil du Fonds national suisse: http://www.snf.ch/communique Désirez-vous être informé-e par e-mail des nouveaux communiqués de presse du Fonds national suisse? Inscrivez-vous alors sous: http://www.snf.ch/fr/com/mai/mai_med.asp 4