La Déclaration de Berne rencontre les futurs négociants en terrain neutre Par Thomasset Frédéric. 16.10.212 «On ne se fait pas d’illusions, on ne va pas convertir les gens. Mais pour nous, c’est une bonne prise de contact avec l’univers du trading. Qui sait, ils vont peut être nous montrer qu’on se trompe.» Le ton est enjoué, la curiosité de mise. Olivier Longchamp se montrait intrigué avant sa rencontre avec la nouvelle volée du Master en négoce international de l’Université de Genève. Et pour cause, le responsable fiscalité et finances internationales de la Déclaration de Berne, était invité vendredi dernier à présenter aux futurs négociants les conclusions de sa récente publication, SA. La Suisse, le Négoce et la malédiction des matières premières. Une enquête critique qui n’hésite pas à dénoncer des entreprises de trading « peu scrupuleuses », engrangeant des « profits colossaux sur le dos des pays riches en ressources naturelles». Aux étudiants de réagir Des mots durs à entendre, mais auxquels Catherine Ferrier, collaboratrice scientifique en Responsabilité sociale des entreprises à l’UNIGE, a souhaité confronter les 25 élèves de la volée. Objectif annoncé : faire sortir les étudiants de leur zone de confort. «L’enquête de la Déclaration de Berne a fait beaucoup de bruit. Il me semblait important que les élèves puissent y faire face. Qu’ils se rendent compte que le négoce s’inscrit dans une réalité sociale et environnementale complexe.» Un objectif ambitieux, mais nécessaire. « L’idée est de faire de nos étudiants des traders responsables, de les faire réfléchir à l’impact de leur activité sur leur environnement, sur les populations concernées ». Pour ce faire, la lecture de l’enquête était inscrite au programme, suivi d’une rencontre-débat d’une heure trente avec l’ONG, dans le cadre neutre de l’Université. Ne pas tout remettre en question A la sortie, les étudiants se sont montrés mitigés, mais l’objectif était atteint. Milan Thomas reconnait que la confrontation n’a pas été facile, mais elle s’est surtout révélée enrichissante. « Nous avons débuté le Master à la rentrée. C'est un peu difficile de se sentir attaquer aussi rapidement. Mais c’est important de savoir ce qu’on pense de l’autre côté de la barrière. Ça nous sensibilise.» Néanmoins, sûr de ses choix, l’étudiant ne compte pas remettre en question son futur dans le milieu du trading. « Il existe des problèmes, mais il est impossible de lutter depuis Genève à tous les niveaux. Les questions de droits de l’homme ou environnementales doivent trouver des réponses politiques dans les pays concernés.» Le Master, «un symbole d'ouverture» Du côté de l’Association des négociants de Genève (Geneva Trading and Shipping Association/GTSA), on se montrait très satisfait de l’initiative. Le nouveau Secrétaire général de l’entité, Stéphane Graber tenait à mettre en avant l’indépendance de l'Université et la diversité des cours offerts aux élèves. «C’est sur les bancs des facultés que les étudiants peuvent prendre du recul, avoir un regard critique. Ils pourront ainsi acquérir une vision globale de leur futur secteur d’activité.»Un esprit d'ouverture qui devrait se renforcer dans tout le secteur. C'est du moins le souhait du nouvel homme fort de la GTSA.