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Signaux physiques - Chapitre 1
Lycée Lapérouse - Kerichen
Introduction sur la notion de modèle en physique
Les mathématiques sont une science permettant de résoudre des problèmes dans différents
domaines. L’algèbre est par exemple une des branches des mathématiques qui permet, entre autre, de
systématiser les méthodes de résolution des problèmes mathématiques. Algèbre est issu de l’arabe
« al jabr » qui signifie réduction (à l’origine, réduction d’une fracture) ; l’algèbre permet en effet de
réduire un problème à des équations et de résoudre ces équations.
Un exemple très simple de mise en équation d’un problème : « j’ai des pièces de 1€ et des pièces de
2€. Au total j’ai 30 pièces et 50€. Combien ai-je de pièces de 1€ et de pièces de 2€ ? ». Le résultat est
assez rapide à obtenir après une simple mise en équation ; résoudre ce problème revient à résoudre
un système de deux équations à deux inconnues (x + 2y = 50 et x + y = 30 ; on trouve alors x = 10
pièces de 1 € et y = 20 pièces de 2 €).
Une des grandes forces des mathématiques est de pouvoir réduire des phénomènes à priori sans
aucun rapport entre eux à un même type d’équation. Nous allons par exemple voir dans ce chapitre
que l’allongement x(t) d’un ressort est solution de l’équation différentielle
.
(Remarque : on parle d’équation différentielle car il s’agit d’une équation faisant intervenir une fonction
x(t) et une de ses dérivées ; la solution de cette équation n’est pas une valeur (par exemple x = 3 dans
le cas de l’équation 2x - 6 = 0), mais une fonction x(t) du temps : par exemple x(t) = cos(100πt)). Et
cette équation différentielle est caractéristique de phénomènes aussi divers que le mouvement d‘un
ressort, les oscillations d’un pendule, l’évolution du courant dans un circuit comportant un
condensateur et une bobine, etc. C’est l’équation très générale d’un oscillateur harmonique.
Il est tout de même important de noter que les mathématiques, qui permettent notamment de résoudre
ce type d’équations différentielles (voir paragraphes V), se distinguent des autres sciences par leur
rapport particulier au réel. Elles sont de nature entièrement intellectuelle puisque basées sur des
axiomes (supposés vrais) desquels découlent par des raisonnements logiques, des théorèmes, des
propriétés, des applications, etc.
Mais comment se fait-il alors que les mathématiques permettent d’expliquer des phénomènes existant
dans la nature, qui ne reposent pas sur des axiomes, des hypothèses, mais qui sont au contraire
parfaitement réels ? Galilée (1564 - 1642) répondait à cette question en affirmant que les
mathématiques sont en fait le langage dans lequel est écrit le monde réel. Voilà pourquoi un
phénomène naturel peut être décrit par une équation mathématique, susceptible d’être ensuite résolue
et permettant ainsi d’expliquer le phénomène, d’en prévoir un autre, etc.
Mais la question reste tout de même posée : comment traduire un phénomène réel en une équation
mathématique ? La réponse à cette question va reposer sur la notion de modèle. Afin d’interpréter
quantitativement une expérience, il va falloir modéliser le phénomène réel par une relation
mathématique entre les grandeurs physiques caractérisant ce phénomène. Il faudra donc d’abord
déterminer les grandeurs pertinentes du problème puis voir l’influence de chacune d’elles sur celui-ci.
C’est ce que nous allons faire au paragraphe I afin de déterminer l’expression de la force de rappel
d’un ressort. Une fois cette expression déterminée, il faudra ensuite réinjecter cette expression dans
la 2e loi de Newton (voir paragraphes II et IV) puis résoudre l’équation obtenue (voir V).
Cela ne sera cependant pas tout à fait terminé : il restera encore à valider (ou réfuter) le modèle en
confrontant les mesures expérimentales à la solution x(t) de l’équation différentielle (voir TP).
Un modèle a donc pour utilité de décrire, d'interpréter et de prévoir des événements et il ne s'applique
qu'à un nombre limité de phénomènes. Il a comme rôle de décrire une réalité complexe de manière
simple et compréhensible. Par exemple, il est souvent plus facile d'utiliser le modèle atomique simplifié
pour expliquer certains phénomènes (couleur bleue du ciel…) que d'utiliser la vraie théorie adaptée au
problème, la théorie de la mécanique quantique, qui est très complexe d'un point de vue mathématique
et conceptuel. En conclusion, un bon modèle comporte plusieurs qualités essentielles :
- il permet d'expliquer relativement simplement certaines propriétés ou certains comportements
de la réalité qu'il représente ;
- il permet de prévoir, dans une certaine mesure, des événements nouveaux qui pourront
ensuite être observés ;
- il peut être amélioré à la lumière de nouvelles observations.