Profil épidémioclinique des dermatoses anogénitales dans un

Article original Me
´decine et Sante
´Tropicales 2014 ; 24 : 416-419
Prol épidémioclinique des dermatoses anogénitales
dans un service de dermatologie à Cotonou
(Bénin)
Epidemiological and Clinical Characteristics of Anogenital Dermatoses in the
Department of Dermatology-Venereology in Cotonou, Benin
Degboe
´B.
1
, Atadokpe
`de
´F.
1,2
, Ade
´gbidi H.
1,2
, Saka B.
3
, Akpadjan F.
1
, d’Almeı
¨da C.
2
, Hounkpe
`Me
´lome
`C.
2
,
Se
`mikenke
´S.
2
,Ye
´domon H.
2
, do-Ango Padonou F.
2
1
Service de dermatologie-MST, Centre national hospitalier et universitaire (CNHU) de Cotonou, 03 BP: 2264 Cotonou
2
Faculte
´des sciences de la sante
´de Cotonou, BP 386, Cotonou, Be
´nin
3
Centre hospitalier et universitaire Sylvanus-Olympio, Lome
´, Togo
Article accepte
´le 16/8/2014
Re
´sume
´.Objectif : l’objectif de ce travail e
´tait de
documenter le profil e
´pide
´miologique et clinique
des dermatoses anoge
´nitales (DAG) en milieu
hospitalier a
`Cotonou, Be
´nin. Me
´thode : il s’agissait
d’une e
´tude descriptive et re
´trospective mene
´edu
1
er
janvier 2005 au 31 de
´cembre 2009 dans le
service de dermatologie-ve
´ne
´rologie du Centre
national hospitalier et universitaire de Cotonou.
Elle a porte
´sur les dossiers des patients chez qui le
diagnostic clinique de DAG a e
´te
´
retenu. Re
´sultats : la pre
´valence des DAG dans
notre se
´rie e
´tait de 2,6 % et celle des IST de 1,3 %.
Le sex-ratio e
´tait de 2,5 et l’a
ˆge moyen de 31,1 ans.
Les DAG e
´taient de nature : infectieuse (77 %),
inflammatoire (12,6 %), tumorale non infectieuse
(3,7 %), psychodermatose et physiologique (2,1 %
chacun), ulce
´reuse non infectieuse (1,6 %) et
dyschromique (1 %). Les IST repre
´sentaient 44 %
des DAG, les principales e
´tant : les condylomes
(65,5 %), l’herpe
`sge
´nital (19 %), l’ure
´trite (8,3 %),
le chancre mou (4,8 %). Les topographies e
´lectives
e
´taient, chez l’homme : le fourreau, les plis
inguinaux, la bourse et le gland, et chez la
femme : les grandes le
`vres, les plis inguinaux, les
petites le
`vres et le pli interfessier. Conclusion : les
DAG e
´taient relativement rares en milieu hospitalier
a
`Cotonou. Les principales DAG e
´taient infectieu-
ses, d’origine virale et fongique, et pre
`s de la moitie
´
e
´taient des IST.
Mots cle
´s:dermatoses anoge
´nitales, infections
sexuellement transmissibles, condylomes anoge
´ni-
taux, Be
´nin.
Correspondance : Degboe
Abstract. Objective: The aim of this study was to
document the epidemiological and clinical charac-
teristics of anogenital dermatoses (AGDs) in
Cotonou, Benin. Method: This retrospective, des-
criptive study, conducted in the Department of
Dermatology-Venereology at the National Univer-
sity Hospital of Cotonou, examined medical records
of admissions and outpatient consultations for
the 5-year period 2005-2009 and included the
records of all patients with a clinical diagnosis of
AGD. Results: The prevalence of AGD in our series
was 2.6% and the prevalence of sexually transmitted
AGDs (STIs) was 1.3%. The sex ratio (M:F) was 2.5,
and the patients’ average age was 31.1 years. AGDs
were classified as infectious (77%), inflammatory
(12.6%), non-infectious tumors (3.7%), physiologi-
cal (2.1%), psychodermatoses (2.1%), non-infec-
tious ulcers (1.6%), and dyschromia (1%). STIs
accounted for 44% of the AGDs: condyloma
(65.5%), genital herpes (19%), urethritis (8.3%),
and chancroids (4.8%). The primary sites in men
were the foreskin, the groin, the scrotum, and the
glans, and in women, the labia majora, the groin,
the labia minora, and the anal cleft. Conclusion:
AGDs were relatively rare in hospital consultations
in Cotonou. They were mainly infectious (viral or
fungal), and nearly half were STIs.
Key words: anogenital dermatoses, sexually trans-
mitted infections, anogenital warts, Benin.
doi: 10.1684/mst.2014.0404
416 Pour citer cet article : Degboe
´B, Atadokpe
`de
´F, Ade
´gbidi H, Saka B, Akpadjan F, d’Almeı
¨da C, Hounkpe
`Me
´lome
`C, Se
`mikenke
´S, Ye
´domon H, do-Ango Padonou F. Profil
e
´pide
´mioclinique des dermatoses anoge
´nitales dans un service de dermatologie a
`Cotonou (Be
´nin). Med Sante Trop 2014 ; 24 : 416-419. doi : 10.1684/mst.2014.0404
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017.
Dans les pays en de
´veloppement, la pre
´valence des
dermatoses anoge
´nitales (DAG) est mal connue ou sous-
estime
´e. Il n’existe a
`notre connaissance aucune e
´tude sur
le profil e
´pide
´miologique et clinique des DAG [1, 2]. La plupart
des e
´tudes concernent les dermatoses spe
´cifiques telles que les
infections sexuellement transmissibles (IST) ou les dermatoses
inflammatoires ou tumorales des organes ge
´nitaux externes. Il
nous a paru opportun de mener cette e
´tude pour documenter le
profil e
´pide
´miologique et clinique des DAG de l’adulte dans le
service de dermatologie du Centre national hospitalier et
universitaire Hubert-Koutoukou-Maga (CNHU-HKM).
Cadre et me
´thode d’e
´tude
Nous avons re
´alise
´notre e
´tude dans le service de dermatologie-
ve
´ne
´rologie du CNHU de Cotonou. Il est le centre de re
´fe
´rence
national des affections dermatologiques et des IST. L’e
´tude a e
´te
´
analytique et re
´trospective portant sur les dossiers des
nouveaux patients ayant consulte
´dans ce service, de
janvier 2005 a
`de
´cembre 2009. Les patients inclus e
´taient ceux
qui ont consulte
´pour une dermatose localise
´ea
`la re
´gion
anoge
´nitale et ceux ayant consulte
´pour un autre motif mais
dont l’examen physique aura permis de de
´couvrir une
dermatose localise
´ea
`la re
´gion anoge
´nitale. La re
´gion
anoge
´nitale regroupe ici les organes ge
´nitaux externes, l’anus
et la re
´gion pe
´rianale, ainsi que le pubis et les plis inguinaux et
interfessier. Le diagnostic de DAG a e
´te
´pose
´cliniquement par
un dermatologue. Les examens comple
´mentaires n’ont e
´te
´
effectue
´s que chez tre
`s peu de malades, et n’ont pas e
´te
´pris en
compte. Les enfants (de 0 a
`15 ans) n’ont pas e
´te
´inclus, ni les
patients adultes pre
´sentant une dermatose multifocale, e
´tendue
ou ge
´ne
´ralise
´e dans laquelle les organes ge
´nitaux constituaient
l’un des sie
`ges atteints.
Les donne
´es collecte
´es, a
`l’aide d’une fiche d’enque
ˆte,
e
´taient sociode
´mographiques (a
ˆge, sexe) et cliniques (le ou les
diagnostics de DAG retenus).
L’analyse statistique a e
´te
´faite gra
ˆce aux me
´thodes habi-
tuellement utilise
´es. Pour les variables quantitatives ayant une
distribution normale, nous avons utilise
´la moyenne. Les
fre
´quences absolues et relatives ont servi a
`de
´crire les variables
qualitatives. Le test de Chi-carre
´de Pearson a permis de
rechercher une association entre les variables. Les re
´sultats
e
´taient significatifs lorsque p <0,05.
Re
´sultats
Durant la pe
´riode d’e
´tude, 161 cas de DAG ont e
´te
´collige
´s,
repre
´sentant 2,6 % des nouveaux consultants. La moyenne
d’a
ˆge des patients e
´tait de 31,1 ans (extre
ˆmes : 16 et 83 ans), et le
sex-ratio (H/F) de 2,5.
Les ante
´ce
´dents personnels e
´taient domine
´s par l’atopie
(17,1 %), l’infection a
`VIH (7,7 %) et les IST (2,9 % des cas).
Dans notre se
´rie, 191 dermatoses ont e
´te
´identifie
´es (tableau 1)
dont 77 % e
´taient d’origine infectieuse.
Les condylomes (cinquante-cinq cas) et l’herpe
`sge
´nital
(seize cas) repre
´sentaient la majorite
´des dermatoses d’origine
virale. Les dermatoses fongiques e
´taient : la candidose (vingt-
sept cas) et la dermatophytie (vingt-trois cas). Les folliculites et
l’ure
´trite infectieuse ont constitue
´la majorite
´des dermatoses
bacte
´riennes. Les dermatoses inflammatoires e
´taient principa-
lement l’ecze
´ma et le prurigo (quatre cas chacun), les ure
´trites
non spe
´cifiques (sept cas), le psoriasis du gland (trois cas) et la
dermite de frottement (trois cas). Les dermatoses tumorales
e
´taient repre
´sente
´es par la calcinose idiopathique de la bourse
(quatre cas). Les papules perle
´es du gland (trois cas) et la
prostatorrhe
´e (un cas) ont constitue
´des motifs de consultation.
Parmi les 191 cas de DAG, 44 % e
´taient connues comme des
IST, correspondant a
`une pre
´valence de 1,3 % sur la pe
´riode
d’e
´tude. Ces IST e
´taient repre
´sente
´es par les condylomes
anoge
´nitaux (cinquante-cinq cas), l’herpe
`sge
´nital (seize cas),
l’ure
´trite infectieuse (sept cas), le chancre mou (quatre cas), la
maladie de Nicolas-Favre (un cas) et le chancre syphilitique (un
cas).
Les principales topographies atteintes par les DAG chez les
hommes e
´taient : le fourreau (22 %), les plis inguinaux
(15,4 %), la bourse (15 %), le gland (11 %). Chez les femmes,
elles e
´taient : les grandes le
`vres (21,5 %), les plis inguinaux
(15,9 %), les petites le
`vres (14 %). Le nombre moyen de sie
`ges
e
´tait de 2 chez les hommes et 2,3 chez les femmes.
Parmis ces patients, 18,6 % pre
´sentaient deux dermatoses,
ou plus, concomitamment. Les associations fre
´quentes e
´taient :
condylomes et candidose (six cas), herpe
`s et candidose (trois
cas). Les dermatoses fre
´quemment associe
´es aux autres e
´taient :
les condylomes (douze fois) et la candidose cutane
´omuqueuse
(dix fois).
Les caracte
´ristiques e
´pide
´miologiques et cliniques des
principales DAG sont re
´sume
´es dans le tableau 2.
Tableau 1. Les diffe
´rentes classes de DAG des 161 patients dans le service de dermatologie-ve
´ne
´rologie du CNHU-Cotonou
Table 1. Classification of AGDs of 161 patients in the Department of Dermatology-Venereology in CNHU-Cotonou.
Classes de dermatoses Sous-classes Nombre Fre
´quence (%)
Virales 75 39,3
Infectieuses Fongiques 50 26,2
Bacte
´riennes 20 10,5
Parasitaires 2 1,0
Inflammatoires 24 12,6
Tumorales non infectieuses 7 3,7
Psychodermatoses 4 2,1
Dermatoses physiologiques 4 2,1
Dyschromies 2 1,0
Perte de substance (ulce
´ration/e
´rosion non infectieuse) 3 1,6
Total 191 100,0
Me
´decine et Sante
´Tropicales, Vol. 24, N84 - octobre-novembre-de
´cembre 2014 417
Dermatoses anoge
´nitales
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Les principales topographies des condylomes e
´taient : le
fourreau (27/135), la re
´gion anale (17/135), la bourse et le pli
interfessier (15/135 chacun). Le nombre moyen de sie
`ges
atteints e
´tait de 2,5. La candidose a atteint principalement : les
plis inguinaux (16/80), le fourreau (13/80), la bourse (12/80) et
le pli interfessier (9/80). Le nombre moyen de sie
`ges atteints
e
´tait de 3. La dermatophytie touchait pre
´fe
´rentiellement les plis
inguinaux (21/40). Le nombre moyen de sie
`ges atteints e
´tait de
1,7. L’herpe
`sge
´nital atteignait principalement le gland (6/35), le
fourreau, le sillon balanopre
´putial et les grandes le
`vres (5/35
dans chaque cas). Le nombre moyen de sie
`ges atteints e
´tait de
2,2.
Discussion
Notre e
´tude nous a permis de documenter le profil des DAG en
milieu hospitalier a
`Cotonou. La limite de notre e
´tude e
´tait
l’absence de confirmation du diagnostic positif et e
´tiologique
par des examens comple
´mentaires.
Avec une pre
´valence de 2,6 %, les DAG constituent un
groupe de dermatoses relativement rare dans le service de
dermatologie-ve
´ne
´rologie du CNHU-Cotonou. Cette rarete
´rend
compte des biais de recrutement. En plus des conditions
difficiles d’examen de l’intimite
´des patients et de l’existence
d’autres services hospitaliers et de centres de sante
´pe
´riphe
´-
riques prenant en charge ces DAG, les difficulte
´s d’accessibilite
´
ge
´ographique s’ajoutent a
`la liste pour diminuer le nombre de
patients consultant dans le service.
Les donne
´es de
´mographiques indiquent que ces dermatoses
e
´taient l’apanage du sujet jeune et de sexe masculin. Ce constat
laisse supposer, d’une part, que les DAG sont lie
´es a
`une grande
activite
´sexuelle, qui caracte
´rise la jeunesse, et d’autre part que
les hommes sont soit plus expose
´s que les femmes, soit
beaucoup plus pre
´occupe
´s par l’atteinte de cette topographie
particulie
`re.
Le terrain atopique e
´tait l’ante
´ce
´dent personnel le plus
fre
´quent et e
´tait pre
´sent dans 17,1 % des cas. Stefanaki et al.
observaient l’atopie chez 53,6 % des cas dans une se
´rie de
390 patients pre
´sentant des condylomes ge
´nitaux [3]. L’infection
a
`VIH a e
´te
´rapporte
´e dans 7,7 % des cas, rendant compte des
liens entre les DAG en ge
´ne
´ral et les IST en particulier. Pre
`sde
3 % des patients avaient eu dans le passe
´une IST. Sturgiss et al.
ont rapporte
´que 5,2 % des patients pre
´sentaient une co-
infection chlamydiose et/ou gonococcie dans une se
´rie de 1 015
patients atteints de condylomes [4].
L’e
´pide
´miologie des DAG est mal connue. Dans notre se
´rie,
plus des trois quarts des DAG e
´taient d’origine infectieuse et
pre
`s de la moitie
´e
´taient reconnues comme des IST authenti-
ques. Le Be
´nin fait partie des pays ou
`la population
sexuellement active de
´veloppe beaucoup de comportements
sexuels a
`risque, ou
`la promiscuite
´est tre
`sre
´pandue et
paralle
`lement la mise en place d’une strate
´gie pre
´ventive
efficace contre les IST fait encore de
´faut. Ces constats pourraient
expliquer en partie la nette pre
´dominance des dermatoses
infectieuses et la part non ne
´gligeable des IST.
De nombreuses publications ont montre
´qu’un risque
significatif de l’infection par le VIH e
´tait associe
´aux IST
responsables d’ulce
´rations ge
´nitales, condylomes, ure
´trites et
cervicovaginites [5, 6]. Par ailleurs, dans les pays en de
´velop-
pement, en particulier en Afrique, les IST n’ont cesse
´de
progresser paralle
`lement a
`l’extension de l’infection par le VIH,
en particulier du fait des ulce
´rations ge
´nitales qu’elles
provoquent [7]. Avec une pre
´valence de 1,34 %, les IST e
´taient
principalement repre
´sente
´es dans notre e
´tude par les condy-
lomes, l’herpe
`sge
´nital, l’ure
´trite a
`Chlamydiae et le chancre
mou. Ce re
´sultat corrobore celui obtenu ante
´rieurement dans le
service qui e
´tait de 1,7 % [8]. Les dermatoses bacte
´riennes les
plus fre
´quentes e
´taient les folliculites et l’ure
´trite infectieuse.
Les dermatoses inflammatoires constituaient la deuxie
`me
classe et comprenaient diverses affections. Il s’agissait essen-
tiellement de l’ecze
´ma, du prurigo, des ure
´trites non spe
´cifi-
ques, du psoriasis et de la dermite de frottement. Dans notre
se
´rie, aucun cas de tumeur maligne ni de lichen scle
´reux n’a e
´te
´
identifie
´.
Dans notre e
´tude, l’infection ge
´nitale par les papillomavirus
humains (PVH) e
´tait l’IST la plus fre
´quente. Cette infection est le
plus souvent asymptomatique et synonyme d’activite
´sexuelle,
en particulier chez la jeune femme. Le risque de transmission
apre
`s un contact sexuel infectant est de 60 a
`70 %, avec un
risque plus important de la femme vers l’homme (50 a
`90 %) que
dans le sens inverse (50 %). [9, 10].
Dans notre e
´tude, la pre
´valence des condylomes e
´tait de
0,88 %. Dans la population sexuellement active a
ˆge
´ede15a
`
25 ans, elle est estime
´ea
`1 % environ [5]. Comme dans les e
´tudes
ante
´rieures [5, 11, 12], les sujets atteints e
´taient tre
`s jeunes : 21,5
ans en moyenne. Il n’y avait pas de diffe
´rence significative de
pre
´valence entre les hommes et les femmes (p = 0,77). Les
condylomes anoge
´nitaux touchaient a
`la fois les zones
convexes et les plis ne
´cessitant donc un examen minutieux.
Ils sie
´geaient e
´lectivement et de fac¸on multifocale sur le
fourreau, les plis inguinaux, la re
´gion pe
´rianale, la bourse et le
pli interfessier.
Avec une pre
´valence de 0,43 % dans notre population
hospitalie
`re, la candidose anoge
´nitale touchait des sujets moins
jeunes (35,1 ans d’a
ˆge moyen). Elle ne semblait pas e
ˆtre plus
significativement pre
´valente chez les hommes que chez les
femmes (p = 0,57). Ses zones de pre
´dilection, avec une atteinte
multifocale, e
´taient les plis inguinaux, le fourreau, la bourse, le
Tableau 2. Caracte
´ristiques e
´pide
´miologiques des principales DAG dans le service de dermatologie-ve
´ne
´rologie du CNHU-Cotonou.
Table 2. Epidemiological characteristics of the main AGDs in the Department of Dermatology-Venereology in CNHU-Cotonou.
Condylomes Candidose Dermatophytie Herpe
`s
Effectif 55 27 23 16
Pre
´valence (%) 0,88 0,43 0,37 0,2
A
ˆge moyen (anne
´e) 21,5 35,1 27,8 39,4
Proportion en fonction du sexe (%) et p
Fe
´minin (n = 46) 30,9 22,2 52,2 31,2
Masculin (n = 115) 69,1 77,8 47,8 68,8
p = 0,77 p = 0,57 p = 0,01 p = 0,5
418 Me
´decine et Sante
´Tropicales, Vol. 24, N84 - octobre-novembre-de
´cembre 2014
B. DEGBOE
´,ET AL.
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pli interfessier, les grandes le
`vres, les petites le
`vres et le gland. La
candidose des grands plis e
´tait la forme topographique la plus
repre
´sente
´e (25/80 cas). Cela rend compte de l’influence des
facteurs favorisants locaux tels que l’humidite
´,lamace
´ration et
l’occlusion des plis, dans la fre
´quence des candidoses ge
´nitales.
Quant a
`la balanoposthite, elle re
´sulte de l’ensemencement du
gland et du pre
´puce a
`l’occasion d’un rapport sexuel contami-
nant. Elle e
´tait pre
´sente dans 10/80 cas dans notre se
´rie. Par
ailleurs, la candidose ge
´nitale e
´tait plus ou moins fre
´quemment
associe
´e aux IST : condylomes (six cas) et herpe
`s (trois cas).
Dans notre se
´rie, la pre
´valence de la dermatophytie
anoge
´nitale e
´tait de 0,37 %. Elle e
´tait l’apanage des sujets
jeunes (27,8 ans en moyenne) et e
´tait significativement plus
pre
´valente chez les femmes (p = 0,01). Il s’agissait essentiel-
lement de dermatophytie des grands plis (25/40 cas). Cette
forme topographique est le plus souvent due a
`des espe
`ces
anthropophiles et donc a
`l’origine d’une transmission inter-
humaine.
Dans notre se
´rie, l’herpe
`sge
´nital symptomatique repre
´sentait
la quatrie
`me DAG et la deuxie
`me IST apre
`s les condylomes. Il
atteignait des adultes d’a
ˆge moyen (39,4 ans) et sa pre
´valence
e
´tait de 0,25 %. Les e
´tudes virologiques estiment qu’actuellement,
90 % des herpe
`sge
´nitaux sont imputables a
`HSV2 et 10 % a
`HSV1.
Les facteurs associe
´sa
`l’infection a
`HSV2 seraient, entre autres,
l’a
ˆge avance
´et la race noire [6]. Dans notre e
´tude, l’herpe
`s a atteint
des topographies habituelles, a
`savoir le gland, le fourreau, les
grandes le
`vres et le sillon balanopre
´putial, mais e
´tait pluto
ˆt
multifocal. Les le
´sions e
´rosives herpe
´tiques ge
´nitales sont un
facteur de risque de transmission et d’acquisition du VIH [6].
Conclusion
Les DAG sont relativement rares dans le service de dermatologie
a
`Cotonou. Elles sont repre
´sente
´es par diverses classes
d’affections, majoritairement des IST. Elles sont surtout
observe
´es chez le sujet jeune de sexe masculin. Leurs
caracte
´ristiques cliniques, a
`savoir forme multifocale ou forme
associe
´e, peuvent orienter les strate
´gies de pre
´vention, de
diagnostic et de prise en charge.
Conflits d’inte
´re
ˆt:aucun.
Re
´fe
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