Le groupe de Brauer non ramifi\`e sur un corps global de caract

arXiv:1303.5221v2 [math.AG] 30 Apr 2013
Le groupe de Brauer non rami´e sur un corps
global de caract´eristique positive
Giancarlo Lucchini Arteche
epartement de math´ematique, universit´e Paris-Sud
atiment 425, 91405 Orsay cedex, France
giancarlo.l[email protected].fr
R´esum´e
En utilisant un th´eor`eme de Gabber sur les alt´erations, on d´emontre
un r´esultat d´ecrivant la partie de torsion premi`ere `a pdu groupe de Brauer
non ramifi´e d’une vari´et´e Vlisse et g´eom´etriquement int`egre sur un corps
global de caract´eristique pau moyen de l’´evaluation des ´el´ements de Br V
sur ses points locaux.
Mots cl´es : Groupe de Brauer, corps global, alt´eration.
Abstract
The unramified Brauer group over a global field of positive
characteristic. Using a theorem of Gabber on alterations, we prove
a result describing the prime-to-ptorsion part of the unramified Brauer
group of a smooth and geometrically integral variety Vover a global field
of characteristic pby evaluating the elements of Br Vat its local points.
Key words: Brauer group, global field, alteration.
1 Introduction
Dans [4], Harari d´emontre le r´esultat suivant, lequel ´etait d´ej`a apparu (sous une
forme quantitative plus pr´ecise) dans le cas de l’espace projectif chez Serre pour
les ´el´ements de 2-torsion du groupe de Brauer (cf. [9]) :
Th´eor`eme 1.1 (Th´eor`eme 2.1.1 de [4]).Soient Kun corps de nombres et X
une K-vari´et´e g´eom´etriquement int`egre, projective et lisse, dont on note K(X)
le corps de fonctions. Soient αun ´el´ement de Br (K(X)) qui n’est pas dans Br X
et Uun ouvert de Zariski non vide de Xtel que αBr U. Alors, il existe un
ensemble infini (de densit´e non nulle) Ide places vde Ktelles que, si l’on note
Kvle compl´et´e de Kpar rapport `a v, la fl`eche U(Kv)Br Kvinduite par α
prenne une valeur non nulle.
1
Il est bien connu qu’il existe un ensemble fini Sde places de Ktel que, si l’on
note OK,S l’anneau des S-entiers de K, il existe un mod`ele propre et lisse Xde
Xsur OK,S avec un ouvert U, dont la fibre en´erique correspond `a U, tel que
αse rel`eve en un ´el´ement de Br U. Le crit`ere valuatif de propr´et´e nous permet
alors de relever tout Kv-point de Xen un Ov-point de Xd`es que v6∈ S. En
particulier, on voit que l’application U(Kv)Br Kvinduite par αse factorise
par Br Ov= 0 d`es que le Kv-point de Use rel`eve en un Ov-point de U, ce qui
nous dit que cette application atteint la valeur nulle pour presque toute place
(i.e. pour toute place `a l’exception d’un nombre fini d’entre elles). De plus, on
obtient une eciproque du esultat qui dit que pour tout ´el´ement αde Br Xet
pour presque toute place vde Kl’application X(Kv)Br Kvinduite par α
est triviale. Si l’on consid`ere alors une vari´et´e Vqui n’est pas propre, ce r´esultat
appliqu´e `a une compactification lisse de Vnous permet de d´ecrire le groupe de
Brauer non ramifi´e BrnrVd’apr`es les th´eor`emes de puret´e de Grothendieck (cf.
[2, Proposition 4.2.3]).
Soit maintenant Kun corps global de caract´eristique p > 0, i.e. le corps de
fonctions d’une courbe Csur un corps fini. La preuve du th´eor`eme de Harari
est totalement adaptable `a ce cas, sauf pour le fait que la preuve se base sur
les th´eor`emes de puret´e de Grothendieck, lesquels ne sont valables a priori en
caract´eristique positive que sur la partie de torsion premi`ere `a pdu groupe de
Brauer. On peut alors d´emontrer le r´esultat suivant en suivant presque mot pour
mot la preuve de Harari :
Th´eor`eme 1.2. Soit Kun corps global de caract´eristique p > 0. Soit Xune
K-vari´et´e propre, lisse et g´eom´etriquement int`egre dont on note K(X)le corps
de fonctions. Soit Uun ouvert de Xet αBr UBr (K(X)) un ´el´ement
d’ordre npremier `a ptel que α6∈ Br X. Alors il existe un ensemble infini (de
densit´e non nulle) Ide places vde Ktelles que l’application U(Kv)Br Kv
induite par αsoit non triviale.
Si l’on consid`ere maintenant une K-varet´e Vqui n’est pas propre, il n’est
pas a priori ´evident que l’on puisse utiliser ce r´esultat pour ecrire le groupe
BrnrV{p}, o`u {p}veut dire que l’on prend les ´el´ements de torsion premi`ere
`a p, car on ne dispose pas d’´equivalent en caract´eristique positive au th´eor`eme
d’Hironaka sur la r´esolution des singularit´es, donc l’existence d’une compactifi-
cation lisse de Vn’est pas assur´ee. Cependant, grˆace `a un esultat de Gabber qui
pr´ecise le th´eor`eme de De Jong sur les alt´erations (cf. [7, Exp. X, Theorem 2.1]),
Borovoi, Demarche et Harari ont r´ecemment d´emontr´e le sens “facile” de cette
description (cf. [1, Proposition 4.2]), i.e. que pour tout ´el´ement αde BrnrV{p}
et pour presque toute place vde Kl’application V(Kv)Br Kvinduite par α
est triviale.
En utilisant le mˆeme r´esultat de Gabber, on peut montrer une version affai-
blie de la r´eciproque. Le but de ce texte est d’en donner la d´emonstration.
2
2 R´esultat principal
Le r´esultat est le suivant.
Th´eor`eme 2.1. Soient Kun corps global de caract´eristique pet Vune K-
vari´et´e lisse et eom´etriquement int`egre. Soit αBr Vun ´el´ement d’ordre n
premier `a p. Alors αappartient `a BrnrVsi et seulement si, pour presque toute
place vde K, l’application V(L)Br Linduite par αest nulle pour toute
extension L/Kvnie et purement ins´eparable.
Remarque. L’auteur ignore si cette version affaiblie du esultat est optimale
ou pas, i.e. s’il suffit de regarder les Kv-points et non pas les L-points pour
toute extension L/Kvpurement ins´eparable. La d´emonstration actuelle ne laisse
aucune piste sur comment arriver `a un tel esultat.
Il est cependant important de remarquer que ce d´efaut n’est en g´en´eral pas
enant au moment des applications, comme on le verra `a la fin du texte.
emonstration. L’un des sens ayant d´ej`a ´et´e d´emontr´e, il suffit de se concentrer
sur le cas o`u α6∈ BrnrV. Il faut alors trouver une infinit´e de places vde K,
des extensions purement ins´eparables L/Kvet des L-points Pde Vtels que
α(P)6= 0. On note aussi que, puisque Br Vest un groupe de torsion, on peut
supposer que αest d’ordre mpour un certain 6=ppremier et m1.
Le th´eor`eme de Nagata (cf. [3]) nous dit qu’il existe une K-compactification
Xde Vqui n’est pas forement lisse, i.e. une K-vari´et´e propre Xmunie d’une
K-immersion ouverte V ֒X. Le teor`eme de Gabber nous dit alors qu’il existe
une extension finie de corps K/K de degr´e premier `a et une -alt´eration X
XK, i.e. un morphisme propre, surjectif et g´en´eriquement fini de degr´e premier
`a , avec Xune K-vari´et´e lisse. On en eduit que Xest propre et lisse sur K.
De plus, on peut supposer que Xest eom´etriquement int`egre. En effet, quitte
`a prendre une composante connexe de Xdominant X, on peut supposer qu’elle
est connexe. Il suffit alors de noter que la factorisation de Stein assure l’existence
d’une factorisation XSpec K′′ Spec Ktelle que Xest g´eom´etriquement
connexe sur K′′ , donc quitte `a changer Kpar K′′ (extension qui reste de
degr´e premier `a car [K′′ :K] divise [K(X) : K(X)]), on a que Xest
eom´etriquement int`egre sur Kcar elle est lisse et g´eome´
triquement connexe.
On a alors le diagramme commutatif suivant, o`u les cares sont cart´esiens et les
fl`eches ֒repr´esentent des immersions ouvertes :
V//
X
VK//
XK
V//X
Puisque α6∈ BrnrV, on sait qu’il existe un anneau de valuation discr`ete Ade
corps de fractions K(V) et corps r´esiduel κKtel que l’image de αpar
3
l’application r´esidu
H2(K(V), µm)H1(κ, Z/ℓmZ),
est non nulle, cf. par exemple [2, §2]. Soit K0/K(V) la sous-extension s´eparable
maximale de K(V). En consid´erant la fermeture int´egrale de Adans K0et
en localisant en un id´eal premier convenable on trouve un anneau de valuation
discr`ete A0K0contenant A, de corps de fractions K0, et tel que le produit
eA0/AfA0/A soit premier `a , o`u eet frepr´esentent l’indice de ramification et
le degr´e r´esiduel respectivement. Si l’on d´efinit alors Acomme la fermeture
int´egrale de A0dans K(V), on a que Aest un anneau de valuation discr`ete et
que eA/A0fA/A0est une puissance de p, cf. la preuve de [8, Ch. 4, Proposition
1.31]. Ainsi, on voit que A/A est une extension d’anneaux de valuation discr`ete
avec eA/AfA/A premier `a . De plus, on voit bien que K(V) est le corps de
fractions de Aet que, si l’on note κle corps r´esiduel de A, on a κK.
Alors, d’apr`es [2, Proposition 3.3.1], on a le diagramme commutatif
H2(K(V), µm)//
Res
H1(κ, Z/ℓmZ)
eA/A·Res
H2(K(V), µm)//H1(κ,Z/ℓmZ).
Soit κ1la sous-extension s´eparable maximale de κ. On a alors la factorisation
suivante de la fl`eche verticale de droite :
H1(κ, Z/ℓmZ)eA/A·Res
H1(κ1,Z/ℓmZ)Res
H1(κ,Z/ℓmZ).
Puisque l’extension κ1est purement ins´eparable, si l’on note Γκ1et Γκles
groupes de Galois absolus correspondants, il est facile de v´erifier que le mor-
phisme canonique ΓκΓκ1est un isomorphisme, ce qui nous dit que la `eche
de droite est aussi un isomorphisme, tandis que pour la fl`eche de gauche on a
que eA/A[κ1:κ] divise eA/AfA/A et alors le morphisme est injectif par l’argu-
ment classique de restriction-corestriction. En particulier, on voit que l’image
αBr Vde αn’est pas dans BrnrV{p}= Br X{p}car l’image de αdans
H1(κ,Z/ℓmZ) est non nulle.
Le th´eor`eme 1.2 nous donne enfin un ensemble infini Ide places wde K
telles qu’il existe un K
w-point P
wde Vtel que α(P
w)6= 0. Ce K
w-point
induit ´evidemment un K
w-point Q
wde VK, donc de V, tel que α(Q
w)6= 0.
Consid´erons alors la sous-extension s´eparable maximale KK1K. L’en-
semble I, qui est de densit´e non nulle, induit par restriction un ensemble I1
de places de K1de densit´e non nulle. D’autre part, on sait que la densit´e de
l’ensemble I2des places de K1ayant mˆeme corps r´esiduel que la place qu’elles
induisent sur Kest ´egale `a 1, cf. par exemple [6, p. 215]. On voit alors que le
sous-ensemble Ide ΩKform´e des places induites par celles dans I1I2K1
est de densit´e non nulle, donc infini. De plus, quitte `a enlever les places ramifi´ees
4
pour l’extension K1/K (qui forment un ensemble fini), on peut supposer que
l’extension K
w/Kvest purement ins´eparable car elle est alors d´ecomposable en
une suite d’extensions radicielles de dege p, tout comme K/K1. Les K
w-points
Q
wconviennent alors.
3 Applications
Avec le th´eor`eme 2.1, on peut obtenir des versions en caract´eristique positive de
beaucoup d’autres r´esultats autour du groupe de Brauer non ramifi´e des vari´et´es
sur un corps de nombres. En voici un exemple pour les espaces homog`enes qui
est l’analogue d’un esultat de Harari (cf. [5, Proposition 4]).
Th´eor`eme 3.1. Soient Kun corps global de caract´eristique p > 0et Gun
K-groupe alg´ebrique fini d’ordre premier `a pplong´e dans un K-groupe Gsemi-
simple simplement connexe (par exemple G= SLn) et soit V=G/G. Soient
Gab l’ab´elianis´e de Get M=ˆ
Gab son groupe des caract`eres. Alors le groupe de
Brauer non ramifi´e alg´ebrique Brnr,alVs’identifie au sous-groupe de H1(K, M)
constitu´e des ´el´ements αayant la propri´et´e suivante :
Pour presque toute place vde K, la restriction αvde αdans H1(Kv, M)
est orthogonale (pour l’accouplement local donn´e par le cup-produit) au sous-
ensemble Im[H1(Kv, G)H1(Kv, Gab)] de H1(K, Gab ).
En outre, on peut avec le th´eor`eme 2.1 enlever les hypoth`eses d’existence
d’une compactification lisse dans certains r´esultats de Borovoi, Demarche et
Harari, comme par exemple leur th´eor`eme 7.4.b dans [1], en rempla¸cant bien
entendu le groupe de Brauer de la compactification par le groupe de Brauer non
ramifi´e.
Les etails de ces esultats, notamment la preuve des th´eor`emes 1.2 et 3.1,
apparaˆıtront dans la th`ese de doctorat de l’auteur.
Remerciements
L’auteur tient `a remercier David Harari pour son support constant pendant la
edaction de cet article.
R´eerences
[1] Mikhail Borovoi, Cyril Demarche, and David Harari. Complexes de groupes
de type multiplicatif et groupe de Brauer non ramifi´e des espaces homog`enes.
Preprint : http ://arxiv.org/abs/1203.5964, `a paraˆıtre dans a Ann. Sci. Ec.
Norm. Sup., 2012.
[2] J.-L. Colliot-Th´el`ene. Birational invariants, purity and the Gersten conjec-
ture. In K-theory and algebraic geometry : connections with quadratic forms
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