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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2, vol. IV - avril/mai/juin 2004
t è re secondaire, et, de ce fait, la significativité
est exceptionnellement atteinte, les calculs d’ef-
fectifs n’ayant pas été faits pour cela (1).
N
YCTURIE PAR TROUBLE DU SOMMEIL
L’ i n t e raction entre trouble du sommeil et nyc t u-
rie est complexe. Ainsi, la nycturie est l’une des
p re m i è res causes de fragmentation de sommeil,
les autres causes principales étant le syndro m e
des jambes sans repos ou les mouvements pério-
diquesnocturnes ( 2 ) . Cependant, à l’inverse, une
pathologiedu sommeil peut en retour être à l’ori-
gine d’une nycturie. Ainsi, s’il existe un abaisse-
ment du seuil de réveil nocturne, on peut com-
p re n d re que la moindre sensation de besoin
puisse induire le réveil. Enfin, le syndro m e
d’apnées du sommeil, pathologie larg e m e n t
sous-estimée dans la prise en charge médicale
actuelle, est également une source de nyc t u r i e
par polyurie nocturne. Cependant, dans cette
situation, le traitement adapté de la nyc t u r i e
reposed’abord sur la prise en charge de la patho-
logie initiale, par exemple avec prescription de
systèmes de ventilation pulmonaire adaptés plu-
tôt que par une thérapeutique visant à limiter la
diurèse nocturne.
Au moindre doute, un patient souffrant de nyc-
turie doit donc bénéficier d’une prise en charge
d’un éventuel trouble du sommeil.
N
YCTURIE PAR POLYURIE NOCTURNE
La polyurie nocturne est certainement l’une des
causes essentielles de nycturie. Cette dernière
est aisément mise en évidence. L’enquête étio-
logique doit néanmoins déterminer si la polyurie
nocturne est secondaire à un état pathologique
sous-jacent, ou si elle est primitive.
Les polyuries “secondaires”
L’ i n t e r ro g a t o i r e e t l ’ ex ame n c l in iq ue d o i ve n t
i m p é r a t i vem e n t re c h e rch e r d e s s i g n e s é vo c a-
teurs de la présence d’un troisième secteur :
notion d’insuffisance cardiaque, œdème des
membres inférieurs. Par ailleurs, l’interrogatoire
doit re l e ver l’ensemble des prises médicamen-
teuses, en particulier de diurétiques. Dans ces
circonstances, les mesures prises pour traiter la
polyurie nocturne peuvent associer :
– une prise en charge de l’insuffisance card i a q u e
et/ou une adaptation, si possible, des prises
médicamenteusesen cours, notamment des diu-
rétiques à action rapide ;
– une période de repos dans l’après-midi ave c
les jambes surélevées ;
– le port de bas de contention.
Cette prise en charge est donc globale et s’ins-
crit dans un schéma thérapeutique discuté avec
les autres praticiens impliqués.
Enfin, la polyurie peut être secondaire à une prise
e xc e s s i v e d e b o is s on s e n fi n d e j o urn é e. L à
encore, l’utilisation du calendrier mictionnel est
essentielle, elle sera complétée, dans les cas où
une telle situation est suspectée, par une
enquête diététique. En effet, la simple indication
sur le calendrier des boissons absorbées se
révèle le plus souvent insuffisante, l’ensemble
des ingestats devant être pris en compte.
Les polyuries primitives
Le traitement des polyuries nocturnes primitives
a fait l’objet de plusieurs essais thérapeutiques
é valuantl’intérêtde la desmopressine dans cette
indication. Les étudesinitiales portant sur la des-
mopressine dans l’indication de nycturie ont été
réalisées dès le début des années 1990. Cepen-
dant, la portée de ces études initiales s’est trou-
vée limitée, principalement en raison de la
méthodologie employée, le concept de nycturie
n’ayant pas été clairement défini à cette époque,
mais également du fait de la forme galénique
intranasale qui était la seule disponible pour la
d e s m o p r e s s i n e . C ’ e s t l a r a i s o n p o u r l a q u e l l e ,
dans les années 2000, deux essais cliniques
p rospectifs randomisés ont été initiés avec la
forme orale (desmopressine comprimé) en
Eu rope, incluant des hommes et des femmes
s o u f f r a n t d e n y c t u r i e (3, 4). L’âge moyen des
patients inclus était de 57 ans dans un essai et
de 65 ans dans le deuxième. Les deux essais ont
c o m p o rté une phase de dose titration réalisée
sur une période de trois semaines, la dose admi-
nistrée variant entre 0,1 et 0,4 mg/j. Globale-
ment, plus de 30 % des hommes et des femmes
ont eu une réduction d’au moins 50 % du nombre
d’épisodes de nycturie, contre seulement 3 %
a vec le placebo. Ainsi, lors de l’inclusion, le
nombre de mictions nocturnes était de 3,0 ± 0,9
chez les hommes et de 2,9 ± 0,75 chez les
femmes, pour passer sous traitement à 1,7 ± 0,9
chez les hommes et à 1,6 ± 0,8 chez les femmes,
soit un gain moyen de 1,3 ± 0,7 mictions noc-
turnes sur l’ensemble de la population. Alors
q u’ a vant traitement tous les patients inclus
a vaient par définition au moins deux mictions
nocturnes, le pourcentage de patients présen-
d o s s i e r