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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2, vol. IV - avril/mai/juin 2004
d o s s i e r
1 7 1 5 é veils de plus de 10 minutes et 1 168 épi-
sodesd’incontinenceontétérelevés.Douze
pour cent des épisodes d’incontinence semblent
r é veiller les patients. Trois à quatre pour cent
des épisodes surviennent pendant une période
d ’ é veil. Enfin, un quart des fuites surv i e n n e n t
pendant le sommeil. Ainsi, dans une population
de patients très âgés et présentant une
démence, les troubles urinaires induiraient envi-
ron 15 % des éveils nocturnes. De telles études
n’ont pas été faites chez les sujets vivant à domi-
cile, et le rôle de la polyurie nocturne dans les
t roubles du sommeil est à évaluer afin de ne pas
l es su re s t i m e r.
Q
UALITÉ DE VIE
I l e s t é v id e n t q u e l a n yc t u ri e e t l a f ra g m e n t a -
tion du sommeil induisent une mauvaise qua-
lité de vie. La nycturie fait partie de nombre u x
q u e s t i o n n a i r e s c o n c e r n a n t l e s t r o u b l e s u r i -
n a i res t el s q u e LU T S, B FLU TS, e t c. L’ i m p o r t a n c e
d e s t ro u b l e s u r i na i r e s e t l e u r re t e n t i s s e m e n t
sur la qualité de vie sont décrites depuis plu-
sieurs années et des échelles spécifiques de
qualité de vie en ra p p o rt avec les troubles uri-
n a i r e s o n t é t é d é v e l o p p é e s . C e p e n d a n t , l e
retentissement spécifique de la nycturie sur la
qualité de vie, même s’il est évident, est moins
bien étudié ( 4 ).
C
HUTES ET FRACTURES
Brown et al. (5) ont étudié l’effet de la prise en
charge de la nycturie sur le risque de chutes et
de fractures chez la personne âgée. En effet, l’in-
continence urinaire secondaire à une hyperacti-
vité de vessie est associée à une augmentation
du risque de chute et de fra c t u redu col du fémur.
L’incontinence urinaire d’effort n’est pas asso-
ciée à une telle augmentation. Par ailleurs, il
semble qu’une partie des chutes et des fra c t u re s
soit associée à un mauvais sommeil. Il était donc
logique de chercher à savoir si la prise en charge
de la nycturie permettait de diminuer le risque
de chute. La prise en charge de l’hypera c t i v i t é
diminue le nombre de mictions nocturnes. On
peut donc penser que la prise en charge de la
n ycturie et de l’hyperactivité vésicale devra i t
diminuer le risque de chutes et de fractures de
la personne âgée.
T
ROUBLES CUTANÉS
L’existence d’une polyurie nocturne, en particu-
lier chez la personne âgée, pose le problème des
p rotections et de la fréquence des changes la
nuit. En effet, en institution en part i c u l i e r, l a p r is e
en charge des troubles urinaires et la fréquence
des changes nocturnes sont faibles. Le risque de
m a c é ration et d’escarre est donc potentiellement
augmenté. Ces faits ont induit quelques travaux
sur la fréquence nécessaire des changes la nuit.
L’utilisation des nouveaux types de pro t e c t i o n
semble permettre de ne pas changer les protec-
tions pendant la nuit ( 6 ) . Ainsi la nycturie ne
semble pas, dans une population de patients ins-
titutionnalisés, induire de troubles cutanés. Cela
s e rait peut-être différent chez les patients à
domicile, chez qui les protections utilisées sont
p robablement moins adaptéesqu’eninstitution.
M
ARQUEUR DE VIE OU AUTRE
La polyurie nocturne serait un marqueur de dys-
autonomie chez les patients présentant un syn-
d rome parkinsonien, et donc évo q u e rait peut-être
une atrophie systémique multiple (multiple sys-
t e m a t ro p h y – MSA) chez ces patients. Cela sera i t
lié à une moins bonne concentration des urines
chez les patients présentant une MSA, ancienne-
ment appelée Shy Drager en position allongée,
par ra p p o rt aux patients présentant une maladie
de Parkinson( 7 ). Dans la maladie d’Alzheimer, il
existe une hyperactivité dela vessie. Il a été décrit,
dans cette population spécifique, une sécrétion
anormale d’hormone antidiurétique, en part i c u-
lier nocturne. Cela expliquerait l’importance des
t roubles urinaires nocturnes dans cette popula-
t i o n ( 8 ).De plus, certains tra vaux montrent que la
pollakiurie serait un marqueur de mort a l i t é ( 9 ).
Ainsi, la nycturie est le reflet d’unepolyurie, d’une
diminution de la capacité vésicale fonctionnelle
et d’un sommeil fragmenté. Chacun de ces élé-
ments peut être le marqueur de pathologies plus
fréquentes chez la personne âgée. Globalement,
la nycturie induit un mauvais sommeil, une mau-
vaise qualité de vie, ou leur est associée. Son
implication directe dans d’autres troubles tels
que le risque de fra c t u re est à éva l u e r.
Il est difficile de faire la part des troubles liés à
une maladie induisant entre autres une nyc t u r i e ,
et la part propre de la nycturie. ■
R
ÉFÉRENCES
B
IBLIOGRAPHIQUES
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