Université d'été de Nutrition 2003 – Clermont-Ferrand – 17-19 septembre 2003
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important de la mobilisation des lipides. Bien entendu, de nombreux autres facteurs ou
hormones interviennent dans la mobilisation des lipides, telle que l’hormone de croissance,
mais leur importance physiologique est encore mal définie.
L’action de ces hormones sur le TA dépend soit de leurs concentrations plasmatiques soit
de la sensibilité des récepteurs adipocytaires à ces hormones.
Le TA profond a une plus grande sensibilité aux récepteurs béta-adrénergiques lipolytiques
et l’action des récepteurs anti-lipolytiques alpha-adrénergiques à ce niveau est moindre qu’au
niveau du TA superficiel. De plus, pour le TA sous-cutané, il existe des différences en
fonction de la localisation. La graisse glutéale (hanches) est plus difficile à mobiliser que la
graisse abdominale en raison d’une plus grande quantité de récepteurs alpha-adrénergiques.
En plus des différences selon la localisation, il faut tenir compte des différences de
mobilisation en fonction du sexe. En effet, la femme a d’une part, une meilleure sensibilité
béta-adrénergique, d’autre part, au cours de l’exercice physique, elle a une moins grande
libération d’adrénaline, or les récepteurs antilipolytiques alpha2 sont activés par l’adrénaline.
Par conséquent, la femme a une meilleure capacité de mobilisation des lipides comparée à
l’homme.
Enfin, en pathologie, lors d’excès de masse grasse (surcharge pondérale, obésité) il existe
une action alpha-adrénergique beaucoup plus importante. Ceci serait du en partie à la taille
des adipocytes ; en effet, plus la cellule est de grande taille plus elle possède des récepteurs
alpha-adrénergiques. De plus, indépendamment de la quantité de masse grasse, plus un
individu est sédentaire plus l’activité anti-lipolytique alpha-adrénergique est marquée. Il en
est de même pour la réponse lipolytique béta-adrénergique. Plus un sujet est mince et plus il
est entraîné en endurance, plus ses récepteurs béta seront efficaces. Donc un sportif a plus de
facilité à mobiliser ces graisses qu’un sédentaire, et encore plus qu’un obèse (a priori
sédentaire). Par ailleurs, le sujet entraîné en endurance a une plus grande facilité à oxyder
(utiliser) les lipides, ceci lui permet donc d’avoir des concentrations sanguines d’acides gras
beaucoup plus faibles par rapport à un obèse. On peut se poser la question de l’intérêt lors
d’excès de masse grasse de l’existence de ce frein à la lipolyse (moins d’effet béta et plus
d’effet alpha-adrénergique chez l’obèse). En fait, face à une quantité massive de TA, il est
nécessaire de limiter la libération des lipides si on ne veut pas avoir des concentrations trop
élevées d’acides gras circulants, d’autant plus que chez un sujet sédentaire l’oxydation de ces
acides gras par le muscle est limitée. Vu sous cet angle, l’altération de la lipolyse chez l’obèse
n’est peut-être qu’un mécanisme de protection face aux complications dont nous avons parlé
précédemment.
Même si dans certaines situations, nous venons de le voir, la lipolyse est moins efficace,
celle-ci peut être améliorée par une prise en charge adaptée.
Tout d’abord il faut noter que la lipolyse diffère en fonction du statut nutritionnel. En effet,
lors du jeûne la mobilisation des lipides est supérieure afin de fournir les substrats
énergétiques nécessaires, cette mobilisation est facilitée par la diminution de sécrétion
d’insuline. La mobilisation n’est donc pas la même selon la période de la journée et la prise
des repas.
Nous avons vu que lors de surcharge pondérale la lipolyse était altérée. Qu’en est-il après
la réalisation d’un régime hypocalorique et la perte de masse grasse ? Des études réalisées lors
de régimes très basses calories (VLCD) mettent en évidence une augmentation de la réponse
béta-adrénergique et une diminution de la réponse alpha-adrénergique. La restriction
calorique permet donc d’améliorer la mobilisation des lipides. Un des mécanismes d’action
pourrait être entre autre la réduction de masse grasse, c’est-à-dire la diminution de taille des