Le paradoxe de Zenon ou comment la notion d`infini vint aux Grecs

Université en Ligne
Mathématiques
Annette Decomps
Université Pierre et Marie Curie
Séries à termes réels ou complexes
Introduction
1. Définitions et théorÚmes généraux
1.1. DĂ©finitions
1.2. Exemples
1.3. Condition nécessaire de convergence
1.4. Propriétés de linéarité
1.5. CritÚre de Cauchy pour les séries
1.6. Convergence absolue
2. SĂ©ries Ă  termes positifs. RĂšgles de convergence absolue
2.1. CritĂšre de convergence
2.2. ThéorÚme de comparaison
2.3. Comparaison Ă  une sĂ©rie gĂ©omĂ©trique : rĂšgles de d’Alembert et de Cauchy
2.4. Séries de Riemann. Conséquences
3. Propriétés des séries absolument convergentes
3.1. Produit de deux séries absolument convergentes
3.2. SĂ©ries commutativement convergentes
4. CritĂšres de semi-convergence
4.1. ThéorÚme des séries alternées
4.2. ThĂ©orĂšme d’Abel
5. Intégrales impropres et séries
5.1. ThéorÚme général
5.2. Cas des fonctions positives
5.3. Cas des fonctions positives décroissantes
5.4. SĂ©ries de Bertrand
6. Calcul approchĂ© de la somme d’une sĂ©rie
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6.1. Cas de calculs exacts
6.2. Méthode générale
6.3. Séries satisfaisant aux hypothÚses du théorÚme des séries alternées
6.4. Séries à convergence géométrique
6.5. Séries comparables à des intégrales impropres
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Introduction : le paradoxe de ZĂ©non ou comment la notion d’infini vint aux Grecs
Dans la seconde moitié du Ve siÚcle avant J.C. les Grecs commençaient à entrevoir les notions
d’infini et de continu opposĂ©es Ă  celles de fini et de discret moins abstraites. Le paradoxe du
coureur de Zénon illustre leurs difficultés à formuler ces notions qui ne seront correctement
dĂ©finies qu’au
 XIXe siĂšcle.
Un coureur part d’un point A pour arriver à un point B à une distance d de A. Avant d’arriver
en B, il doit parcourir la distance d/2 et arriver en C1, milieu de AB, puis en C2 milieu de C1B
et ainsi de suite. Conclusion : le coureur n’arrivera jamais en B.
Figure 1 avec animation
Que faisait Zénon mathématiquement parlant ? Il considérait la somme
1
2+1
2
⎛
⎝ ⎞
⎠
2
+1
2
⎛
⎝ ⎞
⎠
3
+...+1
2
⎛
⎝ ⎞
⎠
n,
qui vaut 1
2
1−1
2n
1−1
2
⎛
⎝
⎜
⎜
⎞
⎠
⎟
⎟ =1−1
2n . Puis il prenait des valeurs de n de plus en plus grandes. Ainsi la
somme comportait de plus en plus de termes, mais la valeur des termes ajoutés, quand n
augmentait, Ă©tait de plus en plus petite. Le paradoxe tenait en ce que, comme ses
contemporains, ZĂ©non ne pouvait concevoir qu’une somme infinie de quantitĂ©s de plus en
plus petites puisse ĂȘtre Ă©gale Ă  une grandeur finie. En fait, comme Monsieur Jourdain faisait
de la prose sans le savoir, Zénon considérait mentalement la série géométrique de raison 1/2,
dont la somme vaut 1. L’expĂ©rience lui disait qu’elle vaut 1, mais il ne pouvait le concevoir.
On retrouve souvent dans la vie pratique cette série géométrique de raison 1/2, ainsi dans ce
problÚme de gastronomie élémentaire bien connu.
J’achùte une tarte
- le premier jour je mange la moitié soit 1/2 tarte,
- le second jour je mange la moitié de ce qui reste soit (1/2).(1/2)=1/4 tarte,
- le troisiÚme jour je mange la moitié de ce qui reste soit (1/2).(1/4)=1/8 tarte.
Au bout de n jours j’ai donc mangĂ© 1
2+1
2
⎛
⎝ ⎞
⎠
2
+1
2
⎛
⎝ ⎞
⎠
3
+...+1
2
⎛
⎝ ⎞
⎠
n tarte, soit
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1
2
1−1
2n
1−1
2
⎛
⎝
⎜
⎜
⎞
⎠
⎟
⎟ =1−1
2n tarte.
Figure 2 avec animation
Comme dit Woody Allen, l’éternitĂ© c’est long surtout Ă  la fin, mais j’aurai alors mangĂ© toute
la tarte.
Dans les deux cas, on a donnĂ© un sens Ă  une somme d’un nombre infini de nombres :
1
2+1
2
⎛
⎝ ⎞
⎠
2
+1
2
⎛
⎝ ⎞
⎠
3
+...+1
2
⎛
⎝ ⎞
⎠
n
+... =1.
Le problÚme général schématisé dans ces deux exemples est le suivant :
peut-on donner un sens à une somme d’un nombre infini de termes ?
C’est l’objet de ce chapitre dans lequel on considùre des suites un
(
) dont les termes sont des
nombres, réels ou complexes, (suites numériques). Dans les chapitres suivants, nous
considÚrerons des éléments de certains espaces vectoriels, en particulier des espaces de
fonctions. Dans tous les cas, on cherche Ă  quelles conditions on peut donner un sens Ă 
l’expression . On associe pour cela à la suite
un
n=0
+∞
∑un
(
) la suite sn
(
) définie par s; on
cherche alors des conditions, en général suffisantes, sur la suite
n=uk
k=0
n
∑
un
(
) pour que la suite soit
convergente. Lorsque la suite est convergente, on peut se demander si les propriétés de
commutativitĂ© et d’associativitĂ© des sommes finies s’étendent Ă  des sommes comportant un
nombre infini de termes.
sn
()
sn
()
L’étude des sĂ©ries joue un rĂŽle fondamental en analyse : les sĂ©ries rĂ©elles permettent de
construire des nombres comme e qui ne sont ni rationnels ni mĂȘme algĂ©briques (un nombre
algĂ©brique est un nombre qui est racine d’une Ă©quation algĂ©brique
P
(
x
)=0 , oĂč P est un
polynĂŽme Ă  coefficients entiers) et d’en calculer des valeurs approchĂ©es. Les sĂ©ries de
fonctions conduisent à définir de nouvelles fonctions. Les séries entiÚres et les séries de
Fourier, en particulier, sont à la base d’une partie importante de l’analyse : l’analyse
harmonique.
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1. Définitions et théorÚmes généraux
1.1. DĂ©finitions
Définition. Série convergente, série divergente. Soit un
(
) une suite de nombres réels ou
complexes, et, pour tout n, soit
∈N
sn=u0+u1+...+un=uk
k=0
n
∑,
la somme des n+1 premiers termes de cette suite.
Si la suite est convergente, on dit que la série de terme général u
sn
() n (ou série ) est
convergente. La limite, notée s, de la suite
un
∑
sn
(
) est la somme de la série . On écrit
alors : .
un
∑
s=un
0
+∞
∑
Si la suite est divergente, on dit que la série de terme général u
sn
() n (ou série ) est
divergente.
un
∑
Il existe donc pour les séries numériques, deux sortes de séries divergentes :
- les sĂ©ries telles que la suite n’a pas de limite,
sn
()
- les séries telles que la suite tend vers
sn
()
+
∞ ou
−
∞
.
DĂ©finition. Somme partielle d’ordre n. Le nombre sn=u0+u1+...+un=uk
k=0
n
∑ est appelĂ©
somme partielle d’ordre n de la sĂ©rie un
∑
.
Remarques
a. Du point de vue purement logique la sĂ©rie de terme gĂ©nĂ©ral un s’identifie complĂštement
avec la suite et le mot série ne désigne pas une notion réellement nouvelle. La théorie des
séries pourrait se ramener à celle des suites, mais du point de vue pratique, il est plus
commode d’étudier la convergence de la sĂ©rie Ă  partir de la donnĂ©e de u
sn
()
n. C’est pour une
grande part l’objet de ce chapitre.
Réciproquement, si une suite est donnée, on peut lui associer la série de terme général
sn
()
u0=s0 et ∀. On a alors : ∀.
n≄1, un=sn−sn−1n≄0, sn=uk
k=0
n
∑
b. À propos des notations
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