La scène d’exposition
C’est le début d’une pièce de théâtre dans laquelle l’auteur fournit au spectateur les renseignements
nécessaires à sa compréhension.
Elle répond en partie aux questions : qui ? quoi ? où ? quand ? comment ?
Elle est un exemple de la double énonciation au théâtre :
Définition : au théâtre, le discours est marqué par une double énonciation : les personnages se parlent entre
eux mais ils parlent aussi à l’intention du public . mais en général, le public n’entre pas, n’intervient pas dans le
dialogue qui se déroule sur scène entre les personnages, exception faite du cas des apartés et du monologue.
En effet en l’absence de narrateur, ce sont les personnages qui , dans leurs conversations sur scène , doivent
convoyer l’information.
La scène d’exposition obéit à deux impératifs : elle doit éclairer et intriguer, donner et retenir l’information, la
distiller.
Lecture analytique I
Question : Quelles sont les fonctions de cette scène d’exposition ?
Introduction : (elle est longue mais elle vous donne les informations nécessaires sur l’auteur et son œuvre)
Présentation de l’auteur et de l’œuvre : Albert Camus, auteur du XXe siècle, s’est illustré dans différents
genres : romans, théâtre, essais philosophique ; il a aussi pratiqué le journalisme pour L’Alger républicain, puis
Paris soir et pendant la guerre, pour Combat, journal clandestin. Son œuvre littéraire et philosophique reflète
l’engagement de l’écrivain et ses réflexions philosophiques. Dans un premier cycle sur l’absurde composé d’un
roman, L’Étranger, de deux pièces de théâtre, Caligula et Le Malentendu et d’un essai, Le Mythe de Sisyphe,
Camus met en œuvre l’idée que l’homme est en butte à l’absurdité de l’existence : puisque le monde dans
lequel l’homme vit est le seul, il n’y a pas d’au-delà, il lui faut connaître le bonheur dans la communion avec le
monde sensible ; pourtant, la vie lui apparaît comme privée de sens : comme Sisyphe, condamné à pousser
éternellement son rocher, l’Homme est voué à subir un enchaînement automatique d’expériences absurdes.
Mais c’est paradoxalement dans la prise de conscience de cette situation qu’il est libéré car, délivré de toute
illusion, il peut alors chercher le bonheur en goûtant le présent. Suivra le cycle de la révolte. Car même si le
monde n’a pas de sens, l’Homme ne saurait se passer d’une éthique ni renoncer à l’action. Pour Camus, la
révolte naît spontanément dès que quelque chose d’humain est nié, opprimé; elle s’élève par exemple contre la
tyrannie et la servitude. Parce que la révolte n’est pas un principe abstrait mais l’action nécessairement limitée
d’un individu, elle représente, pour Camus, la seule «valeur médiatrice» grâce à laquelle l’absurde peut être
provisoirement dépassé : « Je me révolte donc nous sommes ». Les œuvres composant ce cycle sont un roman,
La Peste, un essai philosophique, L’Homme révolté et une pièce de théâtre, Les Justes. Camus pensait
poursuivre par un autre cycle, celui sur l’amour mais sa mort brutale ne lui aura pas permis de mener ce projet.
Seul le roman inachevé Le Premier Homme peut donner une idée des intentions de l’écrivain.
- la pièce, Les Justes : Cette œuvre fut écrite quelques années après la guerre et jouée au théâtre le 15
décembre 1949 pour la première fois. Cette pièce de théâtre composée de cinq actes, sans découpage de
scènes, s’inspire d’événements réels qui se sont déroulés au début du XX° siècle : l’attentat commis par un
groupe terroriste révolutionnaire social en février 1905 contre le grand-duc russe Serge, oncle du tsar. Camus a
tenté de rendre le plus vraisemblable possible ces faits au théâtre, par la reproduction de certaines scènes qui
se sont véritablement déroulées, et le respect des noms de certains des protagonistes, Kaliayev et Dora. « Je
ne l’ai pas fait par paresse d’imagination » dit-il, « mais par respect et admiration pour des hommes et des
femmes, qui, dans la plus impitoyable des tâches, n’ont pas pu guérir de leur cœur. ».
La structure de la pièce, Les Justes, permet de suivre les actions, les sentiments, les doutes des personnages
autour d’un événement terroriste, l’attentat contre le grand-duc. De la préparation à la mort finale du héros, la
question se pose de la légitimité de l’acte terroriste : une vie donnée remplace-t-elle une vie prise ? Quelles
limites doit-on imposer à la lutte contre le despotisme, pour un idéal ?
- présentation de l’extrait : la pièce commence alors que deux personnages, Dora et Annenkov retrouvent
Stepan, un de leurs camarades révolutionnaires revenu d’exil. Nous verrons comment cette première scène
remplit les fonctions d’une scène d’exposition en nous informant sur le lieu et le moment, les personnages et
les circonstances de l’action. Nous analyserons dans une deuxième temps comment le climat tragique est mis
en place.
I - Une scène d’exposition