Angle de déviation → − →r générée par une source située à On considère une particule soumise à une force newtonienne F = −m rK2 − u → − − → l'origine O. La particule vient de l'inni avec une vitesse vi = v0 ux et un paramètre d'impact b ; on note sa vitesse nale − v→ f . On veut déterminer la déviation φ subie par la particule lors de son mouvement. 1. Montrez que le mouvement de la particule est plan et exprimez les grandeurs conservées lors du mouvement en fonction des paramètres initiaux. 2. En intégrant le principe fondamental de la dynamique, montrez la relation ´ tf − →r u − → − v→ f − vi = K ti r 2 dt 3. Justiez la relation dθ dt = v0 b r2 et en déduire la relation − → − v→ f − vi = 1 vi b ´ θf − →r dθ u θi →y , déduire que la déviation φ de la particule α vérie la 4. En projetant la relation précédente sur l'axe − u relation tan φ2 = Modèle atomique de Rutherford K v02 b En 1911, le néo-zélandais Ernest Rutherford propose le modèle atomique suivant : • Les charges négatives sont portées par des électrons ponctuels qui orbitent en une sphère de rayon a ' 0.5 nm. • Les charges positives sont concentrées dans un noyeau de dimension rn a. Ce modèle a été établi à la suite d'une expérience menée par Geiger et Marsden : on envoie une particuleα (2 protons, 2 neutrons, Ec = 5.3 MeV) vers une feuille d'or d'épaisseur d = 0.2 µm et de surface S . On suppose que les atomes d'or (Z = 79) sont répartis uniformément dans la feuille avec une densité ρ = a−3 et sont susamment peu nombreux pour qu'on puisse superposer simplement leurs eets. 1. Justiez rapidement qu'on puisse négliger l'eet des électrons des atomes d'or sur les particules α en faisant abstraction des noyaux, puis qu'on puisse supposer les noyaux des atomes d'or immobiles. 2. Exprimez la probabilité pour que la particule α soit déviée d'un angle supérieure à une valeur φ0 donnée. 3. On mesure en moyenne qu'une particule sur un 1500 est déviée de plus de 10◦ . Commentez. 4. On mesure en moyenne qu'une particule sur 200 000 est déviée de plus de 90◦ . Commentez. 5. On mesure en moyenne qu'une particule sur 1 000 000 est déviée de plus de 150◦ . Commentez. 1 Daniel Suchet Solution On suppose le référentiel du centre diuseur galiléen. → − − − − 0 donc la direction du produit vectoriel → r ∧→ v est constante 1. Théorème du moment cinétique : ddtL = → → − donc le mouvement est plan. Par de la norme de L impose r2 θ̇ = cste. Le ailleurs, la conservation x0 moment cinétique initial vaut m b 0 x,y,z v0 ∧ 0 = mbv0 . 0 x,y,z Le théorème de l'énergie mécanique donne dEdtm = PN.C. . Comme il n'y a pas de forces non conservatives, on a Em = cste. L'énergie cinétique initiale vaut Em = Ep (r = +∞) + Ec0 = 12 mv02 . 2. Le principe fondamental de la dynamique donne → − m ddtv − → ´ vf → ⇒ → d− v − v0 − → → − ⇒ vf − vi = = = K − → mK ur2r ´ tf u − →r dt ti r 2 ´ tf − →r u K dt ti r2 r 3. La conservation du moment cinétique donne r2 dθ dt = vi b ⇒ dt = vi b dθ . On a alors, par changement de ´ ´ tf − → →r dθ avec θi = 0 et θf = π − φ. variable, ti ur2r dt = v1i b θθif − u →y , on obtient (avec − →r = − cos θ− − → 4. En projetant sur − u u u→ x + sin θ uy et vf = vi = v0 ) : 2 ⇒ vi sin φ φ 2vi sin 2 cos φ2 ´ π−φ = vK0 b 0 sin θdθ K = v0 b (1 + cos φ) = 2 vK0 b cos2 φ2 On trouve nalement tan φ2 = K v02 b 5. Application à l'expérience de Rutherford (a) Considérons le problème à deux corps {électron-particule α} . La particule α est beaucoup plus massive que l'électron ; par conséquent, le centre de masse du système est confondu avec celui de la particule α. Or le système est isolé ; le mouvement de son centre de masse est donc rectiligne uniforme. On peut donc négliger l'eet des électrons sur la particule α. Le même raisonnement s'appplique sur le système {noyau-particule α} . (b) Pour qu'une particule soit déviée d'un angle φ ≥ φ0 , il faut que son paramètre d'impact soit plus K petit qu'une valeur critique b0 = v2 tan(φ/2) . Chaque noyau représente donc une cible de surface πb20 . 0 2 La probabilité de toucher une cible donnée est p = πbS0 . Il y a en tout ρSd noyaux ; la probabilité 2 da−3 pour qu'une particule soit déviée de plus de φ0 vaut donc v4πK 2 0 tan (φ/2) (c) Les deux premiers résultats sont compatibles avec l'analyse précédente et montrent que i. La matière est essentiellement vide (presque aucune particule n'est déviée, résultat 1) ii. Le noyau est de taille inférieure à b0 (90◦ ) ' 2.5 10−14 m (puisque le résultat 2 est cohérent) iii. Le troisième résultat n'est pas cohérent avec la théorie, ce qui veut dire d'autre eets interviennent quand le paramètre d'impact est plus petit, donc la distance minimale entre la particule α et le noyau se réduit. La prise en compte de la taille du noyau et des eets d'interactions fortes devient nécessaire. 2 Daniel Suchet Bonus application à un ux de particules, section ecace diérentielle En réalité, on n'envoie pas une seule particule α mais un ux uniforme J par unité de temps et de surface. − On suppose que toutes les particules α ont la même vitesse initiale → vi normale à la surface de la feuille. 1. Exprimez le nombre de particules par unité de temps présentant un paramètre d'impact compris entre une valeur b et b + db. La couronne comprise entre b et b + db dS = 2πb db. dn(b) = JdS = 2πJb db. représente une surface traversant cette surface par unité de temps est alors Le nombre de particules 2. En déduire le nombre de particules dn(φ) déviées d'un angle compris entre φ et φ + dφ par unité de temps. Les particules déviées d'un angle compris entre φ et φ+dφ ont initialement un paramètre d'impact compris −2πJK 2 db dφ. dφ = − 2v2 sinK2 (φ/2) dφ. On a donc dn(φ) = 2πJb db = 2v4 tan(φ/2) b et b + db avec db = dφ sin2 (φ/2) 0 0 entre 3. On dénit la section ecace diérentielle dσ dΩ (φ) par la relation dn(φ) = J Montrez que dσ dΩ ∝ 1 sin4 (φ/2) dσ dΩ 2π sin φdφ. . dσ Par identication, on trouve dΩ = Bonus Comparaison au modèle de Thomson JK 2 2v04 sin φ tan(φ/2) sin2 (φ/2) JK 2 1 4v04 sin4 (φ/2) = J.J. Thomson avait proposé le modèle atomique suivante : • Les charges positives sont uniformément réparties en volume dans une sphère de rayon a. • Les électrons sont des particules positives susceptibles de se déplace à l'intérieur de l'atome. 1. Exprimez le champ électrique produit par les charges positives en tout point de l'espace et en déduire la valeur maximale prise par le champ. Le théorème de Gauss donne immédiatement → − E (r < a) = → − E (r > a) = Ze − → 4π0 a3 r ur Le champ est donc maximal en r=a et vaut alors Emax = Ze 1 − → 4π0 r 2 ur Ze 4π0 a2 . 2. On se donne un modèle simplié pour estimer la déviation maximale attendue : on suppose que les →y constant durant leur traversée du noyau. De quelle angle sont particules α subissent un champ Emax − u elles alors déviées ? Commentez α mettent au plus un temps 2a v0 à traverser le noyau. Elles subissent pendant ce temps une − →y . Leur vitesse nale est donc v− → − →y . L'angle de déviation est alors − → 2eEmax 2a u 2eEmax u f = v0 ux + Les particules force m donné par tan φ = 2eEmax 2a 1 m v0 v0 = Ze2 π0 amv02 v0 < 1 mrad. La déviation attendue pour le modèle de Thomson est très inférieure à celles mesurées expériementalement. Alors qu'il pensait vérier expérimentalement le modèle de Thomson, Rutherford a donc été surpris de voir les particules α rebondir avec des angles supérieurs à π/2. Il dira à ce propos : It was quite the most incredible event that has ever happened to me in my life. It was almost as incredible as if you red a 15-inch shell at a piece of tissue paper and it came back and hit you. 3 Daniel Suchet