Classement des mémoriaux de Thiepval et Beaumont-Hamel Rapport de présentation DIRECTION RÉGIONALE DE L'ENVIRONNEMENT DE L’AMÉNAGEMENT ET DU LOGEMENT DE PICARDIE Service Nature, Sites, Paysages Classement des mémoriaux de Thiepval et Beaumont-Hamel Rapport de présentation Etude Atelier Traverses. 1 rue Duméril. Paris XIIIe. Mars 2010 Le sens d'une étude Pourquoi protéger les abords de Thiepval et Beaumont-Hamel ? BIBLIOGRAPHIE . Guides illustrés Michelin des Champs de Bataille. Les Batailles de la Somme. 1920 . Reconstructions en Picardie après 1918. Réunion des Musées Nationaux. 2000 . Première Guerre mondiale des Flandres à l'Alsace, Ed. Le guide, Casterman. 1996 . Picardie. Guide Bleus Hachette Juin 2003 . The Thiepval Memorial walking Tour. Comité du Tourisme de la Somme. 2001 . Le guide de visite des Champs de Bataille de la Somme. Comité du Tourisme de la Somme. 2002 2 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Pourquoi protéger aujourd'hui les abords des grands mémoriaux britanniques, Irlandais et Terre-Neuviens de la Grande Guerre ? Plusieurs raisons peuvent être avancées : La première raison, et la plus évidente peut-être, vient du paysage lui-même qui, par nature, est un équilibre en mouvement. Les plantations se développent, les usages changent, les constructions demandent à être adaptées à de nouvelles pratiques et il appartient à notre société, de veiller à la compatibilité de ces transformations avec le devoir de mémoire qu’elle s'est fixée en instituant des mémoriaux, voici trois-quarts de siècle. La deuxième raison est la qualité architecturale et paysagère des cimetières et mémoriaux du Commonwealth. La France, dépositaire de centaines de lieux de mémoire conçus sous l’autorité de Sir Edwyn Lutyens n'a certainement pas encore reconnu leur valeur patrimoniale exceptionnelle. Le troisième argument est l'étonnant regain d'intérêt de notre époque pour la Grande Guerre. À quelques années du centième anniversaire de la déclaration de guerre, il est frappant de constater la place occupée par la Première Guerre Mondiale dans notre société : la fréquentation des sites et des circuits du Souvenir est en augmentation régulière. Les romans ou les films ayant pour thème la Grande Guerre se multiplient, et en dix ans ce sont pas moins de cinq musées consacrés à la Grande Guerre qui ont été inaugurés en Picardie : l'Historial de Péronne, le musée franco-américain de Blérancourt, la Caverne du Dragon du Chemin des dames, le pavillon du parc Terre-Neuvien de Beaumont-Hamel et le Centre d'accueil et d’interprétation de Thiepval. Manifestement, notre société témoigne d’un profond besoin de mémoire vis-àvis de ce conflit fondateur de son histoire. Enfin, le dernier élément tient au rapport qu’entretiennent la guerre et le paysage : la guerre a mis en évidence les paysages de la vallée de l’Ancre et en retour, ces paysages sont devenus aujourd’hui fondamentaux pour comprendre leur histoire. “L’Histoire , disait Lucien Febvre, ne s’écrit pas seulement dans les textes. Elle se nourrit de l’observation des sites, de la compréhension de leurs relations géographiques proches ou lointaines, et de la perception directe des empreintes ou des cicatrices laissées par les hommes” . Préserver la lisibilité de l’identité de ce site permet, au delà du seul recueillement, de permettre aux générations nouvelles de comprendre les données de l’offensive de 1916 et de saisir ses enjeux historiques. Pour rappeller l'identité du site, une première partie résume les combats de Thiepval et de Beaumont-Hamel en les replaçant dans la bataille de la Somme et dans la Grande Guerre. Après avoir évoqué le besoin de mémoire ressenti au lendemain de ce conflit, sera présenté une chronologie des différents lieux de souvenir réalisés sur ce secteur : d'abord les cimetières du Commonwealth, particulièrement denses dans la haute vallée de l'Ancre, puis la tour d'Ulster (1921) le mémorial terre-neuvien de Beaumont Hamel (1925), le mémorial de Thiepval (1932), et pour finir, le centre d'accueil et d'interprétation de Thiepval (2004). Réunir les éléments du débat LA MANCHE Noyelles-sur-mer (mémorial chinois) La Som me Abbeville Beaumont-Hamel ( mémorial terre-neuvien ) Ulster (mémorial d'Ulster) Thiepval ( mémorial britannique ) Amiens e ncr Albert L'A Villers-Bretonneux Longueval ( mémorial sud-africain) La Somme Péronne Historial de la Grande Guerre ( mémorial australien) 3 Sommaire Préambule : le sens d'une étude Pourquoi protéger les abords des mémoriaux de Thiepval et Beaumont-Hamel ? I. L'identité des paysages de Thiepval et Beaumont-Hamel . La bataille de la Somme dans la Grande Guerre . Les combats de Thiepval et Beaumont-Hamel . Les cicatrices du paysage et le besoin de mémoire . La densité des cimetières du commonwealth dans la Somme . 1921, Le mémorial Irlandais, dit “la tour d'Ulster” . 1925, Le mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel . 1932, Le mémorial franco-britannique de Thiepval . 2004, le centre d'accueil et d’interprétation de Thiepval II. Fragilités du paysage et état des protections 2 6 8 10 12 14 18 22 26 32 . La fragilité des perspectives face aux transformations du paysage 36 . La protection des abords des cimetières militaires et monuments commémoratifs 38 (circulaire n°80.263 édictée par le Ministère de l'Intérieur et le Ministère de l'Environnement) . Données du site proposé à la protection (superficie, population, activités) 42 . Sensibilités du territoire 44 III. Objectifs de la protection 34 IV.Orientations de gestion pour les neuf communes concernées par le périmètre de protection . Thiepval. Village de Thiepval, hameau de St Pierre Divion, grandes fermes et habitations isolées 76 . Beaumont-Hamel 84 . Mesnil-Martinsart 90 . Pozières 94 . Ovillers-la-Boisselle & la ferme du Mouquet 98 . Authuille 104 . Aveluy 108 . Auchonvillers 110 . Grandcourt 112 V. Enjeux paysagers . Urbanisme et architecture : favoriser la création de documents de planification . Agriculture . Assurer la pérennité des boisements . Poursuivre la reconnaissance des patrimoines liés à la guerre et la reconstruction . Programmes d’actions . Préserver les perspectives et les co-visibilités des trois mémoriaux 48 . Pérenniser la mise en scène des quatre horizons voulue par Edwyn Lutyens 58 . Prise en compte des activité et des usages . Préserver les structures paysagères identitaires structurant ces paysages et leur mémoire 68 . Contacts 46 VI. Incidences de la protection 74 114 118 121 121 122 126 128 130 132 Extrait réduit des cartes IGN 1/25 000 2408 0 (Albert) et 2407 0 (Acheux-en-Amiénois) L'identité des paysages de Thiepval et Beaumont-Hamel . . . . . . . 1914-1918, La bataille de la Somme dans la Grande Guerre 1er juillet-26 septembre 1916, Les combats de Thiepval et Beaumont-Hamel Les cicatrices du paysage et le besoin de mémoire 1921, La tour d'Ulster 1925, Le mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel 1932, Le mémorial franco-britannique de Thiepval 2004, Le centre d'accueil et d'interprétation de Thiepval 1914-1918 La bataille de la Somme dans la Grande Guerre Ci dessus, Plaque commémorative de l'assasinat de Jean Jaurès, commis à la veille de la déclaration de la guerre, rue du Croissant à Paris. Page de droite, Carte de la bataille de la Somme,extraite de la carte au 1: 40 000 (Major & Mrs Holt's Battle map of the Somme ). En médaillon, Schéma du front de la Somme entre Chaulnes et Beaumont-sur-Ancre (Comité du tourisme de la Somme) 8 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Lorsqu'à l'été 1914 éclate le premier conflit mondial, tous les belligérants croient à une guerre rapide. Les Etats Majors en présence ont de longue date mis au point les bases d'une offensive qui promet d'être décisive en quelques semaines. C'est le plan Schlieffen côté allemand, et le plan 17 ou plan Joffre, côté français. Les premiers mois de guerre voient se succéder des batailles de mouvement. Les allemands progressent rapidement. Dès le mois de septembre ils sont à 30 kilomètres de Paris. Les alliés ne peuvent empêcher leur progression jusqu'à ce que tirant parti d'une initiative précipitée de leur ennemi, la division de son offensive, ils parviennent à s'engouffrer dans la brèche pour le prendre à revers. Ce sera la bataille de la Marne au cours de laquelle les taxis parisiens, réquisitionnés par le général Gallieni, le Gouverneur militaire de Paris, permettront l'acheminement rapide des troupes vers la zone de front. Ce premier succès - très médiatisé- stoppera la progression allemande. Ce sera alors pendant plusieurs semaines " la course à la mer" au cours de laquelle les deux parties tenteront de se déborder pour rallier la mer du Nord. Au terme des quatre premiers mois de guerre, et alors que s'annonce l'hiver, la perspective d'une solution rapide s'éloigne. les forces des fantassins ont été usées par les déplacements incessants. Les troupes vont stabiliser la ligne de front et s'organiser pour passer l'hiver en utilisant les ressources que leur offre le terrain. Les soldats français vont creuser des trous et des cagnats pour se constituer des abris. Les troupes anglaises leur apprendront à tracer des boyaux en chicanes pour parer les tirs d'enfilade. Ce sera le début de la guerre des tranchées. A la fin de l'année 14, la France est ainsi traversée par une ligne de front de 750 km de long qui va de la frontière belge à la frontière Suise. Elle croise la partie Est du département de la Somme entre Beaucourt-surAncre et Chaulnes. Sur ce secteur, les britanniques tiennent la partie nord entre Beaumont-Hamel et Maricourt tandis que les français occupent la zone sud. Pendant vingt mois cette ligne de front ne va pratiquement plus bouger et les allemands en profiteront pour consolider leurs défense, ce qui sera fondamental pour la suite des combats. Autour de Thiepval par exemple, le réseau souterrain atteindra par endroits douze mètres de profondeur. Aprés une série de grandes offensives tentées en 1915, en Champagne, en Artois, en Argonne ou dans les Vosges, de nouvelles percées vont être tentées en 1916, à Verdun et dans la Somme. La Bataille de la Somme, menée durant l'été 1916, sera l'une des grandes batailles de la Grande Guerre. Le but de cette offensive alliée était de couper les lignes de communication allemandes, concentrées autour de l'axe BapaumeCambrai. L'affrontement, longuement préparé de part et d'autre, mettra en présence plus d'un million d'hommes. Après un tir d'artillerie de six jours et malgré des conditions météorologiques désastreuses, l'offensive sera lancée le 1er juillet 1916. Les premiers objectifs seront atteints côté français mais l'échec sera catastrophique sur le secteur britannique qui comptera 20 000 tués et 58 000 blessés en une seule journée. L'attaque du secteur de Thiepval sera suspendue. En août 1916 des offensives coûteuses et limitées seront menées autour de Pozières mais c'est par une nouvelle offensive générale lancée en septembre que les britanniques réussiront à s'emparer de Thiepval sans pour autant parvenir à percer le front allemand. Beaumont-Hamel tombera à son tour à la mi-novembre après quatre mois et demi de combats. L'offensive de la Somme sera ensuite arrêtée du fait des pluies torrentielles. La guerre dès lors, se poursuivra sur d'autres fronts. 1 juillet - 26 septembre 1916 er Les combats de Thiepval et Beaumont-Hamel * . * Chapître rédigé d'après : Guides illustrés Michelin des Champs de Bataille. Les Batailles de la Somme. 920 .desPremière Guerre mondiale Flandres à l'Alsace, .deLeBataille guide de visite des Champs de la Somme. Comité Le guide, Casterman. 1996 du Tourisme de la Somme. 2002 Le site de Thiepval occupe un rebord de plateau sur la haute vallée de l'Ancre à une quinzaine de kilomètres au nord-est d'Albert. Protégée à sa base par les marécages de l'Ancre, cette colline constituait une forteresse naturelle qui devint, dès septembre 1914, un des piliers de la défense allemande au nord du secteur tenu par les britanniques. Pendant vingt mois, le site fut fortifié par le 180° régiment wurtembergeois. Le village et le château furent cernés de fortins et de coupoles bétonnées formant une ligne de fortification continue. Une série de redoutes furent construites sur les hauteurs environnantes, baptisées des noms de Leipzig, Schwaben ou Shiff. L'ensemble fut relié par un réseau très dense de tranchées et d'abris souterrains (ci-contre). Ainsi fortifié, Thiepval pouvait résister aux plus violents bombardements. La grande tragédie Le 1er juillet 1916, Thiepval fut l'un des princide l’histoire militaire paux sites du désastre de l'offensive britannique. La Grande-Bretagne connut ce jour là, la britannique Ci-contre , Carte des tranchées du secteur de Beaumont-Thiepval Document Ulster Memorial 10 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses plus grande tragédie de son histoire militaire. Les combats pour la prise de Thiepval commencèrent par la traversée des marécages de la vallée de l'Ancre sur lesquels les britanniques durent construire des ponts et des digues. Le 7 juillet, ils parvenaient à prendre une puissante redoute qui couvrait le sud de Thiepval, le saillant de Leipzig (cote 141). Pendant tout le mois de juillet et le mois d'août, une lutte acharnée se poursuivra. Chaque progression britannique sera suivie d'une réaction allemande car Thiepval était une des clefs de la position allemande de Bapaume. Le 26 août, les allemands lanceront leur garde prussienne contre les lignes britanniques du saillant de Leipzig. Les combats seront effroyables. Les régiments du Wiltshire et du Worcesthire parviendront à briser les vagues d'assaut tout en conservant leurs positions et en infligeant des pertes à l'ennemi. Les troupes du Commonwealth arriveront même à progresser au sud-est : le 15 septembre, les Australiens s'empareront de la ferme du Mouquet qui était, à l'est le bastion avancé de la place forte. Thiepval et la redoute Schwaben seront pris le 26 septembre 1916. Les britanniques tenteront ensuite de s'emparer de Saint-Pierre Divion. Un premier assaut sera lancé en vain, le 21 octobre. Les marais d'Ancre et le terrain détrempé par les pluies, et les défenses allemandes, toujours périlleuses interdiront toute progression. Après plusieurs tentatives le hameau tombera le 18 aux main des Ecossais. Les 13 et 14 novembre, la 63° Royal Naval Division prendra le village de Beaucourt sur Ancre. Cet assaut marquera la fin de la bataille d'Ancre et de l'offensive alliée sur la Somme. La 36ème division irlandaise, en poste entre la lisière du bois de Thiepval, et le village d'Hamel, fut la seule unité à atteindre son objectif le 1er juillet. Mais les irlandais, pris sous le feu de l'artillerie britannique et allemande devront être évacués dès le lendemain après avoir perdu plus de 5 500 hommes en quelques heures Le fait d'armes des irlandais Comme toutes les colonies de l'Empire britannique, Terre-Neuve avait levé une armée de volontaires dès 1914. Le 1er juillet 1916, les Terre-Neuviens, avaient pour mission de prendre les villages de Beaumont et Hamel, situés à l'arrière immédiate des lignes allemandes. A peine sorti des tranchées, le régiment terre-neuvien fut pris sous le feu des mitrailleuses allemandes. En une demi-heure, tous les officiers furent tués ou blessés et il ne restait plus que soixante huit hommes. Proportionnellement aux effectifs engagés, cette action fut l'une des plus meurtrières de l'offensive de la Somme. L'hecatombe des soldats terre-neuviens Les cicatrices du paysage Le besoin de mémoire “ Pauvres villages dont il ne reste plus dans un paysage désolé, que des monceaux de poussière et des caves béantes ; malheureuses contrées où le voyageur épouvanté n'aperçoit plus, dans l'étendue désertique, que des squelettes d'arbres, des murailles écroulées et des rangées de croix noires.” Discours du Président Poincaré lors de la réception du Maréchal Foch à l'Académie française Au lendemain de la Grande Guerre, il ne restait rien des villages de Thiepval, de Beaumont et de Hamel. Les bombardements avaient absolument tout anéanti. Le Guide Michelin des Champs de Bataille de la Somme (voir ci-contre) décrira les paysages après la bataille en ces termes : Un amoncellement de pierres broyées figure l'emplacement du château. (Thiepval) est un désert que la végétation sauvage reconquiert chaque jour un peu plus. On voit seulement des vestiges des organisations défensives et des tombes de soldats britanniques et allemands. Les photographies montrent un pays ravagé, désertique, épouvantable. Plus rien n'arrête le regard. Ni arbre, ni maison. Partout ce sont les mêmes sinistres fragments déchiquetés, désordonnés, bouleversés. Toutes les photos, dramatiquement identiques, montrent le terrible vide de ruines et des décombres où rien ne laisse plus deviner une quelconque trace de vie. Devant ce désastre, les légendes sont terrifiantes de laconisme : ici était "le village de Thiepval", ici était "le château de Thiepval", ici fut "l'emplacement de l'Eglise de Beaumont-Hamel "... En 1920, le guide Michelin de la Somme résumera l'état de l'ancienne ligne de front en ces termes : 12 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Le sol aujourd'hui a perdu sa configuration ancienne. Entièrement défoncé, presque nivelé par endroits, parsemé d'énormes cratères, il offre l'aspect d'un paysage lunaire. Il a été bouleversé à une si grande profondeur que la terre végétale a presque partout disparu, et que la roche crayeuse du sous-sol apparaît à la surface emiétée et recouverte d'herbes sauvages. À Thiepval ... les terres sont si complètement bouleversées qu'elles ne pourront plus d'ici longtemps être rendues à la culture et l'on y envisage la plantation de forêts et de sapins. Les villages presque tous rasés au niveau du sol, forment un amas informe de matériaux divers. Ce champ de bataille est celui de la destruction totale. Dès la fin de la guerre, un tourisme du souvenir se développera sur les sites de batailles. Les champs de ruines deviendront des lieux de pèlerinage où se recueilleront les familles et les anciens combattants. En 1921, la Compagnie des chemins de fer du Nord créera même un train spécial le dimanche, réservé au "tourisme militaire". La fréquentation des sites de la Grande Guerre commencera à faiblir dans les années trente. La reconstruction effaçant peu à peu les traces de la guerre, les commémorations vont alors s'organiser autour des cimetières militaires. Face à l'immensité du deuil et l'étendue du désastre, tous les pays belligérants avaient très tôt manifesté leur besoin de commémorer les morts et contrairement aux siècles précédents, où l'usage voulait qu'après les batailles, les soldats morts soient simplement rassemblés dans des fosses communes, très vite s'était imposé pour la Grande Guerre, l'idée de donner une sépulture individuelle aux soldats morts pour leurs pays. Ainsi était né un "programme" nouveau : le cimetière militaire. Le besoin de mémoire Dans le même temps, chaque pays du Commonwealth choisira d'ériger un grand mémorial national. Dans le Pas de Calais, les Canadiens choisiront le site de Vimy et les Indiens celui de Neuvechapelle. Dans la Somme seront construits six grands mémoriaux : les Australiens choisiront Villers-Bretonneux, les Néo-Zélandais et les Sud-Africains, retiendront Longueval et les chinois Noyelles surmer. Trois mémoriaux sont concentrés sur la ligne de front croisant la vallée de l’Ancre : le gouvernement d'Irlande du Nord fera construire la tour d'Ulster (1921), Terre-Neuve choisira de réaliser le parc de Beaumont-Hamel (1925) et le Royaume-Uni fera ériger le grand arc de triomphe de Thiepval (1932). Panorama sur la vallée de l'Ancre prise de la départementale 50, au nord du Hamel (Photographie extraite du Guide illustré Michelin des Champs de Bataille " Les batailles de la Somme", paru en 1920 Cote 153 Voie ferrée Amiens-Arras Saint-Pierre-Divion Thiepval Marais de l'Ancre Albert caché par les arbres Dès le début de la guerre, André Michelin envisage la publication de guides touristiques sur les sites de batailles. Le premier volume de cette collection paraît en septembre 1917. " Nous ne concevons pas une telle visite comme une simple course dans les régions dévastées, mais bien comme un véritable pèlerinage. Il ne suffit pas de voir, il faut aussi comprendre; une ruine est plus émouvante lorsqu'on en connaît l'origine, tel paysage qui paraît terne à l'oeil non averti se transfigure par le souvenir des luttes qui s'y sont livrées". Bois d'Aveluy D 50 Hamel Le guide Michelin des Champs de Bataille de la Somme paraît en 1920. La collection complète des guides Michelin des Champs de Bataille comprendra vingt-neuf volumes abondamment illustrés de photos cartes et plans. Elle sera vendue à deux millions d’exemplaires et connaîtra un grand succès. Le guide allemand Baedeker reprendra la même idée. A partir de 1918, des agences de voyages anglaises organiseront à leur tour des voyages touristiques sur les lieux de combat avec ce slogan : "Venez voir, non pas pour vous divertir, mais pour ressentir." 13 410 cimetières du Commonwealth La densité des cimetiéres militaires dans la Somme Les cimetières militaires sont une “innovation” de la Grande Guerre. Jusqu’au XIXe siècle, les tombes individuelles étaient le privilège des chefs et des héros. Les simples combattants étaient enterrés dans des fosses communes anonymes. Les premiers accords internationaux prévoyant la sauvegarde des tombes militaires ont été signés à Paris en 1856 et à Francfort en 1871. Les fosses communes repérées sont alors devenues des lieux de souvenir et de commémoration, souvent mises en valeur par un monument ou une stèle. Au début de la Grande Guerre, les allemands, victorieux, ont pris le temps d'enterrer leurs morts individuellement, tandis que, côté français, les tranchées désaffectées étaient le plus souvent transformées en charniers où les corps étaient abandonnés. Devant le nombre de morts, le gouvernement français va rapidement prendre des mesures : 14 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Un bureau, puis un service sont créés afin de répondre aux demandes des familles, tandis que des directives sont publiées pour l'inhumation des soldats juifs et musulmans. Une circulaire signée par le maréchal Joffre en 1915 impose la tombe individuelle au détriment de la fosse commune. Enfin, la loi du 29 décembre 1915 décrète que les lieux de sépulture seront entretenus à perpétuité par l'Etat. Dès 1916, ce cadre législatif est mis en œuvre sur le territoire français par l'ensemble des Alliés et l'Allemagne. Des milliers de nécropoles apparaissent à l'arrière du front dans les villes de garnison, près des hôpitaux de campagne, mais aussi à l'intérieur des cimetières civils des communes. La multiplicité des cimetières entraîne la création d'organismes chargés de les gérer. Au lendemain de la guerre, des accords bilatéraux donnent à chaque nation signataire avec la France la concession de ces nécropoles. Plusieurs attitudes vont être adoptées après guerre sur la question de la restitution ou non des corps aux familles. La France choisira de restituer les corps demandés (30% environ) et elle regroupera les tombes restantes ; elle sera imitée en ce sens par l'Italie et les Etats-Unis. Le Commonwealth décidera au contraire de conserver le site initial d'inhumation et de ne pas restituer les dépouilles. Quant aux allemands, les Français en charge de la gestion de leurs tombes, choisiront de regrouper les sites et de n'accorder aucune restitution des corps. L'ensemble de ces raisons explique pourquoi le territoire français comporte aujourd'hui plus de tombes allemandes et de tombes du Commonwealth que de sépultures françaises. Sur la base de quelques points communs, les nécropoles de 14-18 développeront une typologie propre à chaque pays. Tous ces cimetières rassembleront des tombes individuelles, les ossuaires étant réservés aux combattants qui n'ont pu être individualisés. Quelque soit le grade du combattant, aucune hiérarchie ne sera manifestée. A l’exception du Commonwealth, la croix latine sera retenue. L'exceptionnelle qualité paysagére Les cimetières du commondes cimetières du commonwealth wealth ont été conçus par les architectes d'une Commission impériale des cimetières de guerre, la War Graves Commission, à la tête de laquelle fut nommée Sir Edwin Lutyens,assisté de Herbert Baker et Reginald Blomfield. Ensemble, ils vont définir et concevoir un vocabulaire architectural spécifique d'inspiration néo-palladienne, qui sera ensuite décliné et adapté aux caractère de chaque site (v.ci-après). Ces cimetières militaires comptent parmi les plus exceptionnels lieux de mémoire au monde.Terriblement émouvants, ils ont été tout au long du XXe siècle, les premiers lieux de rassemblement des anciens combattants et de leurs familles. Ils rappellent à tous par leur terrifiante quantité, la première réalité de la guerre. Cimetière militaire du Commonwealth 15 Les éléments symboliques récurrents des cimetières militaires du commonwealth The Commonwealth war graves Commission Créée en 1917 par charte royale, "l'Imperial war graves commission", devenue aujourd'hui "Commonwealth war graves commission" , a pour tâche essentielle l'entretien des sépultures des membres des forces de l'Empire, morts pendant les deux guerres mondiales. Des centaines de petits cimetières, plutôt que des grandes nécropoles Contrairement à l'attitude française qui optera après guerre pour un rassemblement dans de gigantesques nécropoles, les britanniques choiront de laisser leurs morts sur le lieu de leur première sepulture. Ils réhabiliteront pour celà une ancienne règle aristocratique qui voulait qu'un soldat tombant pour la défense de son pays, devienne automatiquement propriétaire de la portion de sol (pour) lequel son corps reposait. Ainsi les paysages de la Somme sont-ils couverts de centaines de petits cimetières, tous différents les uns des autres, bien que conçus sur la base d'un vocabulaire commun. 16 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Les fenêtres sur le paysage pour mettre en scène le "dernier regard" Un des éléments les plus attachants des cimetières du Commonwealth est leur souci de mettre en scène le paysage alentours, pour montrer "le dernier regard" apperçu par les soldats avant de mourrir. Manière de rappeler le territoire laissé en héritage par leur sacrifice. The Stone of Remembrance. La stèle du souvenir dite "The Great war stone" a été dessinée par Edwyn Luytens. Elle fut rebaptisée "Stone of Remembrance" après la Seconde Guerre Mondiale. Elle est conçue selon des dimensions symboliques, aux significations assez obscures : "Tous les plans et surfaces horizontaux sont sphériques, des portions de sphère parallèle de 1801 pieds 8 pouces de diamètre, toutes les arêtes verticales convergent vers un point situé à 1801 pieds, 8 pouces au dessus du centre de ces sphères". La stèle comporte une inscription extraite de l'Ecclesiasticus, "Their name liveth for Evermore", (Que leur nom vive à jamais), choisie par Rudyard Kipling. Le lettrage a été dessiné par Macdonald Gill. Seuls les tout petits cimetières ne sont pas dotés de stèle. The Cross of sacrifice La croix du Sacrifice a été dessinée par Reginald Blomfield. Sa création est issue d'un débat opposant les partisans de cimetières sans distinctions religieuses aux défenseurs du symbolisme chrétien. Les cimetières britanniques n'ayant pratiquement pas été déplacés ou regroupés, ils sont souvent multireligieux. La croix est placée de telle façon qu'aucune tombe non chrétienne ne puisse être atteinte par son ombre, tout au long de l'année. Chaque cimetière britannique comporte une "croix du sacrifice". Quatre dimensions ont été prévues en fonction de l'importance du cimetière. La croix est en pierre. L'épée est en bronze. Un banc et un abri Dans chaque cimetière, un banc est prévu pour le repos des visiteurs, Lorsque les dimensions du cimetière le permettent, on trouve également un abri pour se protéger de la pluie ou du soleil Le mur de clôture Toujours bas, le mur de clôture préserve la vue sur les paysages alentours, afin de mettre en scène le territoire laissé en héritage. Remarquablement mis en oeuvre, réalisés en brique ou en schistes, ils sont parfois accompagnée de haies. Ces murs épousent et révélent la topographie. Une qualité aristocratique Le raffinement des matériaux et le soin de la mise en oeuvre, se retrouvent à toutes les échelles, depuis les grandes compositions néo-palladiennes jusqu'au détail d'orfevrerie des portillons d'accès ou le choix des végétaux des mixed-borders. The commission headstone. La pierre tombale perpétue le souvenir d'un individu. Le materiau, la forme, les dimensions et les inscriptions sont strictement codifiées. Elle est taillée dans de la pierre de Botticini (Italie). La découpe et la gravure des inscriptions est effectuée dans un seul atelier à Arras. La forme et les dimensions sont fonction de la nationalité du soldat. Les inscriptions comportent lorsqu'ils sont connus, l'insigne du corps d'armée, la fonction et le grade, le nom, le corps d'armée, la date du décès, l'âge du défunt, un emblème religieux. En bas de la pierre, la famille ont eu la possibilité de faire inscrire quatre lignes à la mémoire du défunt. En complément des centaines de cimetières un grand mémorial pour chaque nation Ci-dessus, le mémorial sud-africain de Longueval Contrairement aux cimetières français qui alignent les croix pour un garde-à-vous éternel, les stèles du commonwealth ne sont souvent ordonnées que dans un seul sens. L'écartement variable entre les tombes, tend à redonner une forme d'individualité. 17 1921, la tour d'Ulster ou Helen’s tower Northern Ireland war memorial Helen's towwer here I stand Dominant over sea and land Son's love built me and I hold Ulster's love in letter's gold Tour d'Ulster Route de Saint-Pierre-Divion 80 300 Thiepval 03 22 74 87 14 Ci-contre, Extrait de la carte des tranchées du bois de Thiepval. 1er juillet 1916 Trench map. Thiepval Wood Royal Engineers Hand drawn map Pre 1/7/6 Rééditée par G.H Smith & son The Printers, Market place, Eaisingwold York YO61 3AB. Tel +44 (0) 1347 821329 18 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses La tour d'Ulster fut le premier mémorial officiel érigé sur le front occidental. Construite grâce aux bénefices d'une souscription publique, elle fut inaugurée le 19 novembre 1921. Elle devint le monument d'Irlande du Nord pour la Bataille de la Somme et le mémorial à tous les soldats de l'Ulster morts pendant la Grande Guerre. A l'initiative de l'ancien Premier Ministre, James Craig, ce mémorial fut conçu comme la réplique exacte d'une tour située sur le terrain d'entraînement de la 36°Ulster division, à Clanbaye près de Belfast. Comme la tour initiale appartenait à Lady Helen Dufferin, le mémorial reçut le surnom de Tour Helen. Il fut érigé sur la ligne de front allemande dont s'était emparé la 36° division, le 1er juillet 1916. Les architectes choisis pour édifier cette réplique de style néogothique étaient MM. Bowden et Abbot, de Londres. Les travaux de déminage du terrain et de construction furent réalisés par la compagnie Hammersmith, originaire de Fenning associé à la Société de Construction et Travaux Publics d' Arras. De 1921 à 1970, la tour d'Ulster fut un des lieux de pèlerinages et de commémoration majeurs de la Grande Guerre. Un résident permanent y logeait. Le lieu a connu une relative désaffection à partir des années 80, entraînant une baisse de fréquentation, et un accès plus limité du public. En 1988 une association s'est formée, la Farset Somme Project, avec pour objectif de reconquérir la fréquentation des visiteurs pour assurer l'entretien du mémorial et de ses abords. La tour fut ré inaugurée le 1er juillet 1989. Elle est désormais gérée par la Somme Association. Depuis 1994, la tour d'Ulster est dotée d'une salle d'information, d'une projection audiovisuelle et d'une petite cafétéria. Le lieu est ouvert toute l'année et héberge un résident permanent. S'il est certain que ce petit centre d'accueil, mitoyen de la tour, contrarie un peu la solennité commémorative du lieu par son architecture pavillonnaire et sa buvette cernée de parasols et de panneaux publicitaires, il faut noter en revanche la qualité de l'écrin boisé du mémorial qui participe à la mise en scène des paysages alentours. Dans la grande tradition de l'architecture classique" les vues cadrées sont augmentées" . Ici, les troncs de pins et de bouleaux mettent en scène les vallonnements de la vallée de l'Ancre et invitent à réfléchir devant les paysages où eut lieu la bataille. Officiellement, la visite de la tour propose deux haltes : la salle chapelle du rez-de-chaussée et la vue panoramique depuis le sommet du bâtiment. De fait la terrasse n'est pas accessible à l'heure actuelle. Depuis 2009, la Somme Association a aménagé un circuit dans le bois d’Authuille et propose en été, des visites encadrées. Dans son livre consacré aux cimetières militaires, Les folies de l'industrie, Jean-Marie de Buscher décrivait le lieu en ces termes en 1981: L'anachronisme de cette architecture de style "perpendiculaire", plantée là au cœur de la campagne française, ne laissera pas indifférents les amateurs de dépaysement à bon compte. De fait cette architecture-pastiche tient une place à part dans le circuit du Souvenir de la Somme. Seul dans ce genre peut lui être rapproché le musée commémoratif sud-africain ajouté en 1986 au mémorial du bois de Delville qui a choisi lui d'être une réplique d'un petit fort bastionné dominant la ville de Cap Town. Route départementale 73 Parc terre-neuvien de Beaumont-Hamel Connaught cemetery . 1278 tombes du Commonwealth Le Bois d'Authuille. Circuits de visites organisées 20 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses La tour d'Ulster mémorial irlandais pour la Grande Guerre Cimetière de Mill road ( 1304 tombes du commonwealth) Ce cimetière est le seul de la Somme à présenter des stèles couchées . Cette situation s'expliquerait par des questions de stabilité du sol subissant des affaissements entraînés par les anciennes tranchées et tunnels souterrains Vue de la vallée de l'Ancre depuis la tour d'Ulster l'écrin boisé du mémorial cadre les vues sur les paysages où eut lieu la bataille Parc terre-neuvien de Beaumont-Hamel La tour d'Ulster mémorial irlandais pour la Grande Guerre La vallée de l'Ancre et le village du Hamel, vus de la terrasse de la buvette-souvenirs de la tour d'Ulster Le pavillon de la buvette du mémorial, entourée aux beaux jours de parasols et de publicités 21 1925, Le parc de Beaumont-Hamel Mémorial terre-neuvien Mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel Rue de l'église, 80 300 Hamel 03 22 76 20 22 Création 1925 Superficie 16 hectares Paysagiste Rudolph Cochius Gestion: War graves cemetery Autres monuments sur la commune : . Ancre Cemetery . Le Monument aux morts de Beaumont (Charles Gern, sculpteur.) commémore les soldats, victimes civiles et les hommes et femmes du village "morts en captivité" . Monument à la Division Navale Beaucourt-sur-l'Ancre 22 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Le mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel est le seul site de la Somme où sont conservés et présentés au public un important réseau de tranchées de la Grande Guerre. Ce lieu de 16 hectares a été aménagé en parc du souvenir en 1925, à l'initiative de l'architecte-paysagiste Rudolph Cochius. L'idée maîtresse de ce mémorial était de laisser le terrain en l'état, traversé par les lignes de tranchées canadiennes et allemandes et martyrisé par les mois de combats. L'intervention paysagère s'est limitée à planter une ceinture de conifères autour de ce lieu-sanctuaire, de façon à l'isoler de l'extérieur, tout en ménageant certaines perspectives cadrées vers Thiepval et Beaumont-Hamel. A l'intérieur de cette grande clairière du souvenir, le paysagiste a fait planter un mail d'érables pour souligner la relation entre deux points majeurs du site : le cratère Hawthorn, (produit par l'explosion d'une mine qui devait marquer le signal de l'engagement du 1er juillet 1916) et la statue en bronze d'un caribou (emblème du Royal Newfoundland Régiment, œuvre du sculpteur anglais Basil Gotto) . Le parcours de visite contourne la zone dite du no man's land. Il donne l'occasion de voir et prendre conscience de la dimension du front, la complexité des systèmes de tranchées des forces en présence et d'imaginer l'état du sol au lendemain de la Guerre. Le relief, adouci par un couvert de prairie, est encore aujourd'hui bouleversé de trous d'obus. Le parcours de visite est ponctué de monuments commémoratifs : . A l'entrée se trouve le monument à la mémoire de la 29° division à laquelle appartenait le régiment de Terre-Neuve. . Au sommet d'une butte artificielle, une table d'orientation donne une vue d'ensemble du champ de bataille et permet de comprendre le système de tranchées. Ce monticule est couronné par la statue du Caribou précitée. Trois plaques scellées à la base de la butte font office de mémorial national aux disparus. . En contrebas de cette grande clairière, la statue d'un écossais commémore la prise de la position allemande par la 51° division des Highlands, le 13 novembre 1916. . Trois cimetières du Commonwealth ont été aménagés le long des anciennes lignes allemandes (Hawthorn ridge n°1, Hunters et "Y" ravine cemeteries) Depuis 2001, le mémorial terre-neuvien s’est doté d'un centre d'accueil qui propose des expositions, une petite chapelle, un bureau d'informations et des visites guidées bilingues. Le caribou, emblème du régiment terre-neuvien 24 Vue aérienne Nord-Est du parc de Beaumont-Hamel et de ses environs (Photographie aérienne de 1997; extraite des panneaux d'information du Mémorial Terre-Neuvien) DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Trois cimetières du commonwealth ont été implantés à l’intérieur du périmètre du parc terre-neuvien : " Hawthorn ridge ", " Y Ravine cemetery ”, et ci-dessus " Hunters cemetery ", Quatre-vingt-dix ans après les combats, la permanence des bouleversements du sol de la zone de front Groupe de visiteurs sur l'ancienne ligne de front canadienne. Au loin, à quatre cents mètres environ, la ligne arbres désigne l'emplacement de la seconde ligne des tranchées allemandes Anciennes tranchées et bouleversements du sol Tranchée aménagée pour la visite 25 1932, le mémorial de Thiepval "War memorial and cemetery to the missing of the Somme" Eglise de Thiepval 1932 C.A. DORY, architecte Sur le pilier droit, la structure du bâtiment intègre le monument aux morts du village de Thiepval. Pour mémoire, Sir Edwyn Luytens fut également architecte de plusieurs autres monuments commémoratifs de la Grande Guerre Grande-Bretagne 1919 Londres, The Cenotaph Whitehall, 1917-1918 The great War stone for the imperial war graves commission Manchester, Lancashire France 1918-1920 La Neuville Corbie British cemetery 1918-1920 Gezaincourt Communal cemetery 1918-1920 Etaples, war memorial & cemetery 1924-38 Villers-Bretonneux Australian war memorial 1925-28 Arras : memorial to the missing of the Royal Air Force New Delhi (Inde) 1924. All India War memorial arch 26 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses C'est en 1921, que le gouvernement britannique décida d'ériger à Thiepval le grand Mémorial pour ses soldats disparus dans la Somme pendant la Grande Guerre. Au terme d'un concours lancé en 1921, la conception du monument fut confiée à Edwin Lutyens (1869-1944) architecte déjà reconnu à l'époque puisqu'il venait de terminer le Palais du Vice-Roi des Indes à New Delhi (1912) et qu'il avait été nommé au lendemain de la Grande Guerre, architecte en chef de la Commission impériale des cimetières de guerre. Pour cette War Graves Commission, Luytens avait déjà dessiné le cénotaphe de Londres, (1919), la stèle commémorative de la Grande Guerre, The Great War Stone (1918), et plusieurs cimetières dans la Somme, tels ceux de Corbie-La Neuville (1920) ou Gezaincourt (1920). Au total, Luytens réalisera quatre-vingt-dix-huit cimetières en France, dont trente sont dans la Somme. Le mémorial de Thiepval fut conçu pour être le plus grand monument militaire britannique au monde. Le site retenu était un terrain de 20 ha qui occupe la cote 147, sur une crête dominant la vallée de l'Ancre. Lutyens dessina un gigantesque arc de triomphe en brique et pierre, placé au cœur d'un parc. l'édifice fut orienté selon les points cardinaux, ce qui le plaçait de biais par rapport à la parcelle retenue. L'ensemble, haut de 45 m était conçu pour être visible à des kilomètres à la ronde. Commencé en 1928, le chantier dura quatre ans. Il fut inauguré en 1932, honorant ainsi les 77 367 britanniques et sud-africains tombés entre juillet 1915 et mars 1918, qui n'avaient pas de tombes connues. Leurs noms sont gravés sur la pierre blanche recouvrant les seize piliers du soubassement. Une architecture dans le paysage Dans l'œuvre de Lutyens , l'architecture et le paysage entretiennent des relations subtiles. Lutyens augmente l'expérience de ses bâtiments par des prolongements du jardin. A Thiepval, comme à Villers-Bretonneux, c'est non seulement l'édifice, mais le parcours d'accès et la mise en scène des horizons qui confèrent au lieu sa solennité. Le parcours de Thiepval est fondamental. Le monument, visible de loin disparaît lorsqu'on se rapproche, dissimulé par les frondaisons d'un bois de hêtres et de chênes. La grande composition en (fausse) patte d'oie, s'aborde de coté. Venant du village au nord-est, les visiteurs empruntent une large allée gravillonnée, ouverte au sudouest sur l'infini de l'horizon. En s'avançant, ils découvrent sur leur gauche, à l'est, un banc en demie-lune qui cadre le parcours, en préservant la vue sur l'infini des terres cultivées, avec en fond de perspective la ferme du Mouquet, un des haut lieux de la bataille de 1916. Face à cette perspective se découvre le mémorial, imposant par sa masse et ses matériaux. Les modénatures accentuent la volumétrie. La distance augmente le poids. La pierre blanche et la brique rouge sont accentuées par le contraste de la masse sombre des frondaisons. Pour accéder au mémorial, le visiteur doit quitter l'allée gravillonnée et s'avancer sur un tapis de gazon. Son pas devient silencieux. La longue approche est essentielle. De grands emmarchements montent sous l'arche au centre duquel est placé la stèle du souvenir. Là, le monument met en scène le ciel et les quatre horizons. C'est un lieu de silence, d'ombres, de vent, d'infini. Discrètement, au sol, des rosaces brique-et-pierre suggérent un parcours entre les seize piliers recouverts de noms. La grande composition se termine à l'ouest sur un belvédère plaçant en perspective la "Cross of Sacrifice", encadrée par 600 tombes de soldats inconnus : 300 croix françaises sont à gauche, 300 stèles anglaises, sont à droite. Au dessus des frondaisons dissimulant la circulation de la D 151 se profile la silhouette de la vallée de l'Ancre. 27 La grande perspective ouest, encadrée de chênes et de hêtres, limitée au sol par un banc et une haie en demi-lune 28 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses " Sur ce monument sont gravés les noms des 73 367 officiers et soldats des armées britanniques tombés au cours des batailles de la Somme, juillet 1915, fevrier 1918, mais auxquels la fortune de guerre refusa une sépulture connue et les honneurs rendus à leurs camarades dans la mort" Les seize piliers, formant le soubassement de cette arche immense, sont recouverts de pierre calcaire sur laquelle sont gravés les noms des disparus. La typographie a été dessinée par Macdonald Gill Traditionnellement, le 1er juillet de chaque année, est commemoré sur le site de Thiepval, l'offensive dramatique du 1er juillet 1916, qui fit perdre à l'armée britannique plus de 58 000 hommes, dont 20 000 tués. Jamais la Grande-Bretagne et ses alliés n'avaient connu une tel désastre militaire. En 1921, les vétérans britanniques de la Grande Guerre choisirent le coquelicot comme emblème du souvenir Selon William Wood (1808), la fonction d'un monument était de séduire, étonner, élever ou influencer les esprits, par le truchement des sens " to delight, astonish, elevate or sway the minds of other, through the medium of their senses " A l'ouest du monument, au terme du long parcours solennel, la grande composition se termine sur un belvédère plaçant en perspective la "Cross of Sacrifice", encadrée par 600 tombes de soldats, presque tous “inconnus”, ou selon la formule “connus devant Dieu” Les alignements de croix françaises sont à gauche, les stéles anglaises sont à droite. 29 30 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Un des exemples de relation entre architecture et paysage la hauteur des frondaisons met en scène l’emergence du couronnement de l’arche, conçu pour être visible à des kilomètres à la ronde O 5O 1OO N S Relevés Atelier Traverses. Juillet 2004 31 27 septembre 2004 Inauguration du centre d'accueil et d'interprétation de Thiepval Centre d'accueil et d'interprétation de Thiepval Maitre d'ouvrage Conseil Général de la Somme avec le soutien financier du Feder. Architectes, Plan 01 Paysagistes, P& L Ingénieurs, RFR et Delta fluides Conception de l'espace d'information Graham Simpson Design Consultants M2 Graphic Design & communications The Thiepval Project Charities Aid Foundation, Trust Department Kings Hill West Malling, Kent ME19 4TA 32 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Le mémorial de Thiepval attire chaque année 200 000 visiteurs. Il occupe une place à part dans les lieux de commémoration de la Somme par la particularité de son statut, sa force symbolique et la réputation de son architecte. Jusqu'à présent, le lieu ne bénéficiait d'aucun service de proximités ou de structure d'accueil ,alors que de telles commodités existaient à Longueval, Beaumont-Hamel ou à la tour d'Ulster. Pour combler ce manque et promouvoir ce patrimoine, plusieurs organismes ont décidé de se fédérer : le Conseil Général de la Somme, la commune de Thiepval, L'Ambassade de Grande-Bretragne, The Thiepval Project Charities Aid Fondation, le Comité départemental du tourisme de la Somme; l'Historial de la Grande Guerre, le Conseil de l'Europe (Feder), le CAUE de la Somme et la Commonwealth War Graves Commission. La création d'un pavillon d'accueil a été décidée. le Conseil Général en a assuré la maîtrise d'ouvrage, en étroite collaboration avec les autorités britanniques. Un concours d'architecture lancé en 2002 a permi de retenir le projet de l'agence Plan 01. La surface finale du pavillon est de 500 m2. Son coût coût a été de un million d'euros. The Thiepval Memorial Walking Tour. CDT, FEDER " A la frontière entre l'étendue des champs et le couvert protecteur des bois, le centre est un bâtiment discret et respectueux du site, une halle de bois, de verre et de brique. Symboliquement il s'enfonce dans la terre et est accessible par un parcours de chemins en creux." Accès au pavillon, conçu comme "la porte du mémorial" " Le pavillon offre à tous les visiteurs du circuit du souvenir, une palette de services (information, boutique, boissons, sanitaires) et un espace d'information sur la place de Thiepval dans l'histoire de la commémoration de la Grande Guerre en complément à l'historial de Péronne ". Mur de brique de la façade du pavillon , Au sol, face à l'entrée est repris le motif de rosace dessinée par Luytens pour le mémorial. Les flux automobiles sont deviés de façon à sécuriser le cheminement des piètons . Le pavillon d'accueil se signale depuis le chemin d'accès au mémorial par une simple toiture en verre émergeant au-dessus d'un talus Vue intérieure du pavillon. Juillet 2004 33 Sur des espaces relativement limités, parmi les endroits d'où l'on peut voir un paysage, celui dont la vue est la plus belle est presque toujours celui qui est le plus intéressant dans un raisonnement de tactique militaire Yves Lacoste Photographies : à droite, le mitage par les constructions du bois de Thiepval ; ci-dessus, la grande étable construite au Hamel dans la perspective du mémorial et de la Tour d'Ulster II. Fragilités du paysage & état des protections . . . . Les transformations du paysage La sensibilité des abords et des perspectives La circulaire 80.263 du 11 juillet 80 Données du site proposé à la protection Superficie, urbanisation, population, activités Sensibilités du territoire Les transformations du paysage La sensibilité des abords et des perspectives Protection des cimetières et monuments commémoratifs Dans un périmètre de 35 m en zone urbaine et de100 m en zone agricole, tout projet d'occupation ou d'utilisation du sol doit être soumis à l'avis du Service chargé de la gestion et de l'entretien de ces cimetières et monuments. L'autorisation peut être refusée ou n'être accordée que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales en application de l'article 11-21 du Code de l'Urbanisme. Références des textes permettant de l'instituer . Article L.361-4 du Code des Communes . Article R.11-14.2 et R 11-21 du Code de l'Urbanisme . Circulaire n° 80-263 du 11.07.1980 de MM. les Ministres de L'Intérieur et de l'Environnement Origine de la Servitude . Service attributaire Direction Départementale de l'Equipement . Service Gestionnaire Commonwealth War Graves Commission rue Angèle Richard, 62217 Beaurains Tel 03 21 21 77 00 Fax 03 21 21 77 10 Ci-contre, le circuit du souvenir. Comité départemental du tourisme de la Somme. 36 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Par la qualité de son architecture, la renommée de son auteur et la nature de son programme, le mémorial de Thiepval est non seulement le plus imposant des mémoriaux de la Somme mais surtout le plus grand mémorial britannique au monde. Ce monument,conçu pour le souvenir et le recueillement est cependant particulièrement sensible à toute implantation nouvelle sur ses abords, du fait de sa vocation de repère rayonnant sur les territoires alentours. Il paraît donc urgent aujourd'hui de mettre en place des règles pour éviter le parasitage progressif de ce site remarquable. Actuellement aucun des trois mémoriaux de Thiepval, Ulster ou Beaumont-Hamel ne sont protégés au titre des monuments historiques ou des paysages. La seule protection operationnelle est un périmètre fondé sur des mesures d'hygiène qui ne fait en aucun cas obligation en matière de respect de l'esthétique et de la quiètude de ces cimetières: (voir ci-contre) Les protections existantes Les dégradations constatées Depuis quelques années, plusieurs transformations ont fragilisé le rapport de ces lieux de mémoire avec leurs paysages environnants. . L'implantation des étables et hangars agricoles. Dans ce paysage de terres cultivées, extrèmement ouvert, plusieurs bâtiments agricoles récents, de grande dimension ou de couleur inhabituelles, se trouvent placés en vis-à-vis direct du mémorial de Thiepval. bien que certains en soient parfois éloignés d'e quelques kilomètres. La confrontation est directe dans le cas d'un hangar situé dans Thiepval. Elle n'est pas moins immédiate dans le cas de deux grandes étables, construites au Hamel sur le flanc droit de la vallée de l'Ancre dans la double perspective de la tour d'Ulster et du Mémorial de Thiepval, ainsi que pour l'étable construite à la sortie ouest de Pozières, le long de la D71. On pourrait ajouter à cette liste un hangar construit le long de la route Bapaume/ Albert qui, bien que très éloigné du mémorial, se trouve en situation de confrontation directe. La légitimité des bâtiments agricoles n'est évidemment pas en cause, mais le choix de leurs matériaux, de leurs couleurs, de leur site d'implantation ou de leur accompagnement par d'éventuels écrans végétaux pourrait être de nature à limiter leur impact dans le site. . le mitage des silhouettes. La solennité de l'arc de triomphe de Thiepval tient pour une large part à son écrin paysager. La silhouette du bois de Thiepval est aujourd'hui troublée par un bâtiment d'entretien ; l'effet de mitage peut s'accentuer encore s'il doit s'y ajouter une habitation privée aujourd'hui projetée. Enfin, la silhouette de la clairière de conifères du mémorial terre-neuvien est menacée par la plantation d'une jeune peupleraie . Les lignes électriques. Plusieurs lignes electriques sont placées dans la perspective directe des mémoriaux. Elles gagneraient à être enterrées. À Thiepval, par exemple, un poteau est placé dans l'axe mémorial/ferme du Mouquet ; Autour du memorial Terre-Neuvien, un pylone est placé dans la perspective d'une trouée "paysagère" et une ligne longe la D73, amenuisant d'autant la relation visuelle entre Beaumont-Hamel et Thiepval . Le parasitage des buvettes : à proximité des mémoriaux d'Ulster et terre-neuviens, il paraît souhaitable d'éviter tout panneaux ou parasols publicitaires. Zone de dépot mitoyenne du mémorial ( sud-est) 38 Plusieurs maisons individuelles sont en construction ou en projet dans la perspective du mémorial Un projet récemment à l'étude, envisageait même une implantation face à l'entrée du mémorial. DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Ce bâtiment d'exploitation entouré de stockages de matériaux a été construit en 1996 par la Commonwealth War Graves Commission. Il sert pour l'entretien du mémorial et des cimetières alentours. Son implantation maladroite offre le double inconvénient d'amoindrir la grande perspective Est, et de troubler la silhouette de l'écrin boisé qui cerne le mémorial La grande perspective Est, du mémorial Bâtiment d'entretien et de stockage construit en lisière de cette perspective majeure Dans un paysage qui met en scène les vues lointaines les clôtures en grillage tenue par des poteaux en fibro-ciment paraissent des solutions très pauvres pour résoudre la question de la limite, si l'on se souvient des solutions developpées par l'art des jardins dits "à l'anglaise". Implantation de signalisation Vu de la Départementale 929, un hangar construit maladroite pour un monument dans la perspective sud-est du mémorial de Thiepval. fondé sur la mise en scène des perspectives Malgré la présence d'un bouquet d'arbres qui plus étoffé aurait pu en atténuer l'impact, l'implantation de ce bâtiment ignore la dimension de repère du mémorial dans le territoire. A la sortie ouest du village de Pozières, dans la perspective directe du mémorial de Thiepval, une grande étable recouverte de bardages métalliques blancs (route départementale 73 Pozières/ Thiepval ). Buvette privée établie en limite immédiate du parc terre-neuvien, le long de la D 73 39 Circulaire n°80.263 du 11 juillet 1980 Cimetières militaires et monuments commémoratifs. Protection de leurs abords par le biais de la réglementation de l'urbanisme. La protection de l'environnement des cimetières militaires et des monuments commémoratifs demeure une préoccupation permanente des pouvoirs publics (...) Par ses circulaires visées en référence (1), le Ministre de l'Intérieur a donné un certain nombre de recommandations pour que soit assurée dans le cadre des réglementations en vigueur la protection des abords des cimetières militaires, en insistant sur la nécessité de veiller à l'esthétique et à la quiétude qu'il convient de préserver aux abords de ces lieux de recueillement. La présente circulaire a pour objet de définir le champ d'application des mesures qui doivent assurer une meilleure protection des abords des cimetières militaires et de préciser la nature des moyens offerts par la législation de l'urbanisme pour mettre en œuvre ces mesures. I. CHAMP D'APPLICATION La présente circulaire s'applique à tous les cimetières militaires sans distinction de nationalité. Elle concerne donc les cimetières militaires français, alliés ou autre, ainsi que les monuments commémoratifs des victimes de guerre. II. PROTECTION ISSUE DE LA LÉGISLATION DE L'URBANISME A cet égard il convient de distinguer entre les cimetières militaires qui sont inclus dans un plan d'occupation des sols et ceux qui ne le sont pas. 40 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses 2.1. Cimetières situés dans un secteur dépourvu de POS. Pour ces cimetières la protection de l'environnement peut trouver sa source dans la législation sur les zones d'environnement protégé et dans un certain nombre de dispositions contenues dans le règlement national d'urbanisme. 2.1.1. Zones d'environnement protégé Une ZEP est un document d'urbanisme qui permet de contrôler l'affectation de l'espace en réglementant l'utilisation de l'occupation des sols et en tenant compte de l'écologie et des paysages. Il est rappelé dans ces zones, dont l'institution est prévue par les articles L.143-1 et L.143-2 du code de l'Urbanisme, l'occupation et l'utilisation du sol, à l'exclusion des travaux visant à l'amélioration des exploitations agricoles et forestières, sont soumis des à des prescriptions architecturales et à des règles particulières. Ces zones étant créées là où se trouvent des sites intéressants par leur nature et leur qualité, et qui peuvent être l'objet de menace ou d'une protection insuffisante par leur nature et leur qualité, et qui peuvent être l'objet de menace ou d'une protection insuffisante par les dispositions d'urbanisme qui s'y appliquent, il paraît normal de voir dans un cimetière et son environnement une unité paysagère digne de recevoir la protection de la loi. 2.1.2. Règlement national d'Urbanisme Le RNU dont les dispositions sont contenues dans les articles R 111.1 à R 11.26 du Code de l'Urbanisme peut être utilement exploité pour prévenir l'établissement de constructions incompatibles avec la proximité d'un cimetière. A cet égard deux articles peuvent être d'un recours efficace. Il s'agit des articles R 111.14.2 et R 11.21 qui ouvrant la possibilité de refuser l'autorisation de construire ou de la soumettre à l'observation de prescription spéciales lorsque les constructions projetées sont par leur aspect, leur dimension, ou leur destination, de nature à porter atteinte aux sites. 2.1.3. Cimetières militaires situés à l'intérieur d'un POS Ces cimetières se trouvent être de plus en plus nombreux, compte tenu de la progression de l'Urbanisme depuis la fin de la dernière guerre mondiale. La protection de ces cimetières par le biais de la réglementation applicable aux POS peut être essentiellement assurée par la mise en œuvre du principe de l'élaboration conjointe et par les dispositions relatives au zonage. 2.1.4 Elaboration conjointe A l'occupation de la mise au point d'un POS le principe de l'élaboration conjointe stipule une étroite coopération entre les services de l'Etat et les collectivités intéressées, réunis au sein d'un groupe de travail. Lorsqu'un plan d'occupation des sols intéressera un secteur dans lequel se trouve inclus un cimetière militaire, il vous appartiendra d'appeler le directeur interdépartemental des Anciens Combattants à participer aux réunions de ce groupe ainsi que toute personne intéressée, en vertu de l'article R 123.4 du Code l'Urbanisme. A ce titre pourront être entendus les responsables ou leurs représentants des organismes étrangers en France s'occupant des sépultures militaires de leurs ressortissants. 2.1.5. Zonage En ce qui concerne leur contenu, les POS prévoient une typologie assez nuancée du zonage selon l'affectation des sols, ces distinctions affectant notamment les zones dites naturelles ou non équipées. Chaque fois qu'un cimetière militaire se trouvera situé en rase campagne, vous vous efforcerez de classer la zone rurale dans laquelle il s'inscrit dans celle des zones de la famille N qui permettent la meilleure protection possible en ce qui concerne les modes d'occupation, des sols, l'idéal étant de pouvoir classer ces zones en zones de site (ND) dans lesquelles sont interdits les ensembles d'habitation, lotissements et établissements industriels classés ou non. Si un secteur urbain se trouvait proche d'un cimetière militaire, il conviendrait de classer ce cimetière en secteur inconstructible de zone urbaine afin de ménager la coupure nécessaire. III. MESURES APPLICABLES À TOUS LES CIMETIÈRES 3.1.1 Servitudes de protection aux abords des cimetières Le code des Communes dispose dans son article L. 361.4 que " nul ne peut sans autorisation, élever aucune habitation, ni creuser aucun puits à moins de cent mètres des nouveaux cimetières transférés hors des communes. Les bâtiments existants ne peuvent être ni restaurés, ni augmentés sans autorisation. Les puits peuvent, après visite contradictoire d'experts, être comblés par décision de l'autorité supérieure". Ces dispositions qui instituent une zone de protection aux abords immédiats des cimetières, s'appliquent à tous les cimetières (cf. circulaire n° 78.195 du 120 mai 1978. Ministère de l'Intérieur).Je vous rappelle que les textes relatifs aux POS prévoient l'obligation de reporter cette servitude sur les POS en cours d'établissement, ainsi que celles qui résultent de l'article L. 361.1 relatif à la servitude d'éloignement des cimetières par rapport aux périmètres d'agglomération. L'article R 421.38.19 du Code de l'Urbanisme subordonne à l'accord du maire la délivrance du permis de construire pour toute construction à édifier à moins de 100 mètres d'un cimetière transféré. Cette disposition qui répond au souci de développer les responsabilités locales ne doit pas, dans le cas particulier des cimetières militaires, vous faire perdre de vue la nécessité d'assurer avec une vigilance toute particulière la protection des cimetières. A cet égard vous vous efforcerez de rapprocher le cas échéant, les positions défendues par le Directeur Interdépartemental des Anciens Combattants. Il serait souhaitable que la levée de servitudes frappant les constructions aux abords des cimetières, à laquelle fait référence la circulaire du 10 mai 1978. conserve un caractère aussi exceptionnel que possible dans le cas des cimetières militaires. Il vous appartiendra de sensibiliser les maires au caractère spécifique et exemplaire que doit revêtir la protection de l'environnement des cimetières militaires et de les inciter à vous consulter chaque fois qu'une demande de permis de construire intéressera une construction à édifier à proximité des cimetières militaires. Une concertation pourra être organisée pour l'octroi du permis de construire dans le cadre de la conférence permanente du permis de construire qui aux termes de l'article R. 612.1 du code l'urbanisme " peut s'adjoindre toute personne susceptible de l'informer utilement sur les projets soumis à son examen". 3.1.2. Dans le cas de réalisation d'équipements publics, il est également souhaitable de prendre les précautions utiles pour que les abords des nécropoles militaires et des monuments commémoratifs soient préservés de toute atteinte. Les démarches nécessaires ont été faites à cette fin auprès des Directions Générales des Télécommunications, d'EDF et du Gaz de France : il serait bon que vous vous adressiez de votre côté, les recommandations utiles aux maires pour les travaux dont la maîtrise d'ouvrage est communale. Le cas échéant, vous consulterez le Directeur interdépartemental des Anciens Combattants sur tout projet de cette nature. 3.1.3. Enfin lorsque l'aménagement d'une zone d'habitation ou d'activité est mise à l'étude dans un secteur intéressant la protection d'un cimetière militaire, il est évidemment souhaitable que le Directeur interdépartemental des Anciens Combattants en soit informé, et soit associé en tant que de besoin à la préparation du dossier. Vous voudrez bien nous saisir sous le timbre des direction intéressées, de toute difficulté que vous pourriez rencontrer pour l'application des présentes instructions Pour le Ministre de l'Intérieur Le Directeur Général des Collectivités Locales, P. Richard Pour Le Ministre de l'Environnement et du Cadre de Vie et par délégation, le Directeur de l'Urbanisme et des Paysages J. E. Roullier (1) Circulaires du Ministre de l'Intérieur n° 185 du 15 mars 1962 n° 492 du 27 septembre 1966 n° 76.554 du 6 décembre 1976 n° 78.195 du 10 mai 1978 41 Données du site Auchonvillers (572 ha, 135 h) Authuille (358 ha, 169 h) Aveluy (664 ha, 535 h) Beaumont-Hamel (805 ha, 225 h) Grandcourt (820 ha, 181h) Mesnil-Martinsart (872 ha, 212 h) Ovillers-La Boisselle (961 ha, 390 h) Pozières (320 ha, 244 h) Thiepval (440 ha, 97 h) Le site proposé au classement couvre environ 2500 hectares répartis sur neuf communes du nord-est du département de la Somme : Auchonvillers, Authuille, Aveluy Beaumont-Hamel, Grandcourt, Mesnil-Martinsart, Ovillers-La Boisselle, Pozières et Thiepval. Les sites proposés à l’inscription totalisent environ 32 ha concentrés sur le village de Thiepval (7 ha), le hameau de Saint-Pierre-Divion (2 ha) et celui du Hamel (23 ha). La topographie de territoire peut se résumer à un vaste plateau aux faibles ondulations, traversé du nord au sud par la vallée de l’Ancre, affluent de la Somme. L’altimétrie est de 150 m sur les communes de Pozières et Auchonvillers, les deux extremités du site. Elle est légérement inférieure au mémorial de Thiepval (143 m), à la tour d’Ulster (136 m) et au parc Terre Neuvien (135 m). Le dénivelé entre le plateau et le fond de vallée est d’environ 75 m. Le point le plus bas du site est la rivière l’Ancre à Authuille (65 m). La largeur du fond de vallée varie entre 500 et 700 m. L’ensemble de ces villages ont été totalement détruits au cours de la Première Guerre Mondiale. 42 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Deux cents personnes environ résident aujourd’hui à l’intérieur du périmètre proposé à la protection, pour une population totale évaluée sur les neuf communes, à 2200 habitants. La densité de population est relativement faible. Si Aveluy atteint 500 habitants et Ovillers-la-Boisselle 390, les sept autres communes comptent moins de 250 habitants (cf. ci-contre) Les communes concernées par la protection sont essentiellement rurales. Les terres labourables dominent sur les plateaux aux paysages largement ouverts. Près de 85 % des terres proposées au classement sont aujourd’hui cultivées en céréales, lin, pommes de terre ou betteraves. Les surfaces en herbe se concentrant le long de la vallée de l’Ancre. L’élevage bovin est présent sur ce territoire, mais depuis une dizaine d’années, on remarque une nette progression des hangars de stabulation libre. Les boisements se concentrent le long de la vallée de l’Ancre, sur les versants les plus pentus, autour des lieux de mémoire et à proximité des villages ou des grandes exploitations. Auchonvillers BeaumontHamel Grandcourt Authuille Mesnil-Martinsart Thiepval Aveluy Pozières OvillersLa Boisselle Sensibilités du territoire 1- Source Sitadel Développement territorial et urbanisme Le territoire environnant les mémoriaux de Thiepval et BeaumontHamel fait partie de la vaste aire de coopération inter-territoriale du “Grand Amiénois” qui regroupe 374 communes autour d’Amiens. Le “Grand Amiénois” dispose d’une agence d’urbanisme. Un SCOT est à l’étude (validation du diagnostic et des enjeux en cours). Les neuf communes concernées par le périmètre de classement font partie de la Communauté de Communes du Pays du Coquelicot qui regroupe autour d’Albert, 62 communes situées sur les anciens champs de bataille de l’offensive de 1916. Aucun des neufs villages proposés au classement ne possède de documents d’urbanisme ; à Aveluy, toutefois, l’élaboration d’une carte communale est en cours. Ils sont donc gérés par le règlement national d’urbanisme (R.N.U). 44 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Entre 1990 et 2007, le nombre de logements individuels construits s’élève à 115 sur l’ensemble des neuf communes concernées par le périmètre. Sur les cinq dernières années, on recense la construction de 6 logements individuels à Aveluy, 7 à Authuile, 9 à Thiepval, 13 à Pozières et 21 à Ovillers-la-Boisselle. Aucun logements collectif n’est en revanche comptabilisé (1). Comparée à la taille des villages, ces constructions témoignent du développement en cours des communes. Développement économique et infrastructures Depuis une quinzaine d’années, le paysage est marqué par le développement de bâtiments agricoles de grandes dimensions. Entre 1990 et 2007, 43 000 m2 de locaux agricoles (1) ont été construits sur l’ensemble des neuf communes concernées par le périmètre (notamment ensilage pour stabulation libre : Pozières, Ovillers-la-Boisselle, BeaumontHamel (2), Beaucourt-sur-Ancre (1 élevage de poulets), Grandcourt (2). Le secteur essentiellement rural de Thiepval et de ses environs est soumis à l’influence de la proximité du pôle aéronautique Albert-Méaulte, implanté à huit kilomètres. La construction d’avions dans ce secteur est une tradition de plus de quatre-vingt-cinq ans. Le bassin d’emploi aéronautique d’Albert, compte 2300 emplois. La plate-forme d’Airbus industries emploie à elle seule 1300 personnes. La piste du nouvel aéroport Albert-Picardie (178 ha) a été inaugurée et mise en service en juin 2007 . Au printemps 2009, l’aéroport doit s’ouvrir au trafic international avec deux objectifs affichés, le tourisme et l’économie. En novembre 2007, la communauté de communes avait approuvée un projet de ZDE (zone de développement éolien) portant sur 19 communes, principalement situées au nord du territoire communautaire. Le schéma paysager éolien départemental est en cours d’élaboration. Il évalue l’impact paysager de ces projets. L’implantation du parc éolien d’Englebelmer-Bouzincourt a été qualifié de défavorable, en raison, notamment , de “covisibilités pénalisantes existant avec le mémorial Britannique de Thiepval”. Développement touristique Les instances touristiques départementales et régionales sont actives pour développer le tourisme autour du Circuit du Souvenir, itinéraire touristique reliant l’historial de la Grande Guerre de Peronne aux grands mémoriaux de la vallée de l’Ancre. L’essor de la fréquentation touristique est lié à l’ouverture de plusieurs aménagements officiels (musées, structures d’accueils, développement de circuits touristiques), L’Historial de la Grande Guerre de Péronne, ouvert en 1992 a joué un rôle pionnier. Il a été relayé en 2004 par l’ouverture au public du Centre d’accueil et d'interprétation du Mémorial de Thiepval. classement, trois restaurants (Ovillers la Boisselle, Authuille), quelques salons de thés (La Boisselle et Auchonvillers), cinq chambres d’hôtes (Auchonvillers, Grandcourt, Ovillers la Boisselle, Pozières, Thiepval), deux gites ruraux (Beaucourt-sur-Ancre, Mesnil-Martinsart), deux locations de meublés de tourisme (Authuille et Beaucourt-sur-Ancre), et un camping de 96 emplacements à Authuille. Les circuits touristiques (notamment le Circuit du Souvenir) sont accompagnés de nombreuses manifestations et de la mise en place de circuits de randonnées pédestres. Quatre circuits pédestres traversent ou jouxtent le périmètre : . Circuit du Caribou autour du mémorial terre-Neuvien, 8 km, . Circuit des pierres-rouges 8,7 km à Mesnil Martinsart, autour du Martinsart British Cemetery . Circuit du Pont des Poilus autour de Grandcourt, Beaucourt-surl’Ancre, 13,2 km, . Circuit autour du mémorial de Thiepval, (13,5 km). Les offres d’hébergement tendent à se développer. Si l’offre de services, de restauration et d’hébergement reste concentré sur la ville d’Albert, l’Office de tourisme du Pays du Coquelicot recense en dehors du perimètre de protection, mais sur les communes concernées par le 45 III. Objectifs du classement de site . Préserver les perspectives et les co-visibilités des trois mémoriaux . Préserver les structures paysagères identitaires structurant ces paysages et leur mémoire Objectifs de la protection I. Préserver les perspectives et les co-visibilités des trois mémoriaux L’objectif premier de cette procédure de classement vise à préserver : . les vues et perspectives que mettent en scène les trois mémoriaux et notamment les quatre grandes perspectives cardinales depuis l’arc mémorial de Thiepval, . les silhouettes des trois mémoriaux émergeant de leurs écrins boisés, . les co-visibilités réciproques entre les trois mémoriaux 48 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses .cardinales Préserver "à perte de vue" les quatre perspectives du mémorial de Thiepval. L’objectif de cette protection vise à : Sur une distance minimum de vingt kilomètres, ces quatre perspectives doivent être absolument préservées de toute implantation de type pylone, éolienne, antenne ou château d’eau. A l’intérieur du périmètre protégé, et dans l’espace de ces cônes de perspective principaux, toute construction doit être interdite et tout stockage d’amendement, compost ou autres matériaux devra être évité. .L’écrin Préserver les silhouettes des trois mémoriaux. boisé du mémorial de Thiepval, la ceinture de conifères cernant le parc terre Neuvien, les pins encadrant la tour d'Ulster, ou les plantations ornementales des cimetières du Commonwealth sont des composantes à part entière des mémoriaux. Ils sont essentiels à la qualité de leurs parcours, de leurs vues et de leur perception dans le territoire. Ces écrins boisés doivent être impérativement préservés de toute construction ou plantation sur leurs abords sur un rayon de 500 m. . Préserver les co-visibilités entre les trois mémoriaux Eviter toute implantation de bâtiment isolé susceptible d’être placé en situation de concurence avec la silhouette de l’un ou l’autre des mémoriaux. Eviter l’implantation de tout pylone ou ligne électrique à l’intérieur du périmètre protégé. Enfouir les réseaux existants. Eliminer toute publicité de la zone protégée. Eviter toute construction susceptible de concurrencer en quelque saison que ce soit, par son inscription, sa volumétrie, sa couleur, sa texture ou ses matériaux. Pour toutes les situations critiques seront privilégiés les matériaux naturels, les matériaux non-refléchissants, les gammes de couleur neutres, proches des teintes de terre ou de brique et les implantations dans le site associées à des écrans végétaux. I. Le parc Terre-Neuvien de Beaumont-Hamel L’objectif est de protéger les abords du parc terre-neuvien de toute construction ou plantation susceptible de troubler sa perception dans le territoire. Une gestion paysagère des plantations périphériques et des grandes perspectives mérite d’être envisagée pour prendre en compte les évolutions du territoire environnant. 50 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses . Le parc Terre-neuvien de Beaumont-Hamel est un lieu unique pour la mémoire de la Grande Guerre en Europe. La qualité des aménagements réalisés mérite d’être soulignée. Eviter toute plantation de boisement aux abords du parc. Une parcelle bordant le parc terre neuvien et la D73 (lieu-dit les champs bonus) a été récemment plantée de peupliers. A terme ces peupliers risquent d’amoindrir la silhouette du parc Terre-Neuvien qui se distingue dans le paysage, par l'écrin de conifères qui l'entoure. ments de service, implantés sur la lisière est du parc terre neuvien (rechercher des couleurs moins claires et des solutions d’écrans végétaux) “mis en scène” par ces perspectives. Dans le cadre d’une gestion paysagère du parc, il est souhaitable de prendre en compte ces transformations du paysage pour le cas échéant masquer certaines ouvertures ou en proposer de nouvelles, notamment depuis les points les plus remarquables : le centre d'accueil, le belvédère du Caribou, l'arbre du danger, le cimetière du ravin en Y, la première ligne allemande, le monument commémoratif de la 51e Division, le cimetière de Hunter, ou le cimetière de la crête Hawthorn no 2. Une campagne de replantation d’arbres de haute tige en périphérie, serait de nature à limiter ces “intrusions” malheureuses. .et Interdire tout barraquement ou tout stationnement prolongé . Prendre en compte les évolutions du paysage environnant pour masquer certaines vues et en révéler de nouvelles : le délibéré de véhicules publicitaires parc terre-neuvien ménage des trouées sur les paysages envi.rechercher Inviter les autorités canadiennes, gestionnaires du parc, à ronnants. Avec le temps, des constructions ou des édicules une solution pour limiter l’impact visuel de bâti- ont été bâtis et des bâtiments ordinaires se trouvent parfois Un certain nombre de règles de gestion gagneraient toutefois à être adoptées pour prolonger sa mise en valeur. .OnEnfouir les lignes électriques aux abords du parc. veillera en priorité à enfouir la ligne électrique longeant la route, qui quitte le parc terre-neuvien et qui est axée sur l'arc de Thiepval. Cette ligne électrique encombre cette perspective privilégiée entre les deux mémoriaux. Il est souhaitable qu’elle soit enfouie au minimum, entre le parc Terre-Neuvien et le hameau du Hamel. Ci-dessus, deux vues du bâtiment de gestion bâti en lisière du parc terre-neuvien Ci-dessous et ci-dessus, ligne électrique, pylone et peupleraie au premier plan des conifères du parc Terre-Neuvien 52 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Vue du parc Terre-Neuvien, au dessus du hameau du Hamel. Vue du parc Terre-Neuvien, depuis le belvédère du “Caribou” la trouée montre une des granges du village de Beaumont Ci-dessous, vue du parc Terre-Neuvien, depuis le village de Beaumont. Au loin, le belvédère du “Caribou” Tranchées du parc Terre Neuvien Le Caribou, emblème 53 II. Le mémorial de Thiepval et la Tour d’Ulster Les abords du mémorial de Thiepval doivent être protégés de toute construction nouvelle Une distinction claire doit être maintenue entre le village de Thiepval et le parc du mémorial. Une série de démarches doivent être entreprises auprès des organismes en charge de la gestion de ces lieux de mémoire ou des services susceptible d’intervenir sur leurs abords. I. LA WAR GRAVES CEMETERIES COMMISSION. Des démarches doivent être entreprises auprès de cette commission : afin de trouver un nouvel emplacement pour le local d’entretien : ce local fragilise la perspective plantée, notamment en hiver ; Il encombre la perspective du mémorial depuis l’un de ses accès privilégiés, la route de Pozières ; Il génère des stationnements de véhicules d’entretien qui sont contraires au souci de discrétion des aménagements récemment réalisés pour le nouveau centre d’interprétation (bâtiment engravé dans le sol, taluttage autour des parkings). Enfin il génère des tas de compost qui, stockés à l’Est, en partie basse du parc, sont déplacés dans les perspectives majeures d'un tel mémorial afin de retravailler les clôtures du parc du mémorial, pour qu’elles n’obèrent pas ses grandes perspectives, . . 54 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses II. LES ENTREPRISES ET SERVICES DEPARTEMENTAUX EN CHARGE DE LA SIGNALISATION DES ROUTES Des démarches doivent être entreprises afin de désemcombrer les perspectives de toute signalisation sur la perspective nord . . le long de la rue de l'Ancre du village de Thiepval (rue conduisant au centre d'interprétation et au mémorial) III. EDF ET FRANCE-TELECOM Des démarches doivent être entreprises afin que soient enfouies les lignes électriques. Un double poteau électrique en béton armé et une armoire haute tension sont actuellement situées dans l’axe direct de la perspective Est du mémorial. Enfouir cette ligne électrique traversant la D73 permettrait de préserver la découverte de l’ouverture du grand arche du mémorial, pour la majorité des visiteurs. De même à l’ouest, aux abords du parc terre-neuvien, le long de la D 73, une ligne mérite-t’elle elle aussi,d’être enfouie pour préserver la vue sur l’arc de Thiepval. IV. LA SOMME ASSOCIATION La Somme Association assure la gestion de la tour d’Ulster. Des démarches doivent être entreprises auprès de cette association : Pour replanter "un écran" de pins devant le pavillon-buvette pour encadrer les débordements touristiques saisonniers aux abords de la tour (type parasols publicitaires, ou pancartes mobiles type glaces Miko ou Coca-Cola). . . Tour d’Ulster Parc du mémorial de Thiepval Tour d’Ulster 56 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Village de Thiepval Vestige de fortification de la première guerre mondiale Tour d’Ulster pins abattus devant le pavillon buvette Local d’entretien bâti en lisière, fragilisant la perspective. Talutage dans l’axe du mémorial conçu pour dissimuler le passage des véhicules Clôture obérant la perspective Tas de compost stockés dans l’axe de la perspective Exemple de surabondance de signalétique : la tour d’Ulster vue de l’église de Thiepval 57 Pérenniser la mise en scène les quatre horizons, voulue par Edwyn Lutyens Préserver “à perte de vue” les perspectives cardinales du Mémorial de Thiepval L’arc de triomphe du mémorial de Thiepval se compose de seize piliers ménageant douze points de vue différents entre leurs arcades, soit, trois vues pour chacun des quatre points cardinaux. L’ouverture des angles de vue est de ce fait, fonction de la situation de ces douze points de vue, combinée avec la largeur et la profondeur de chacune des allées bordées de plantation qui les encadrent. La dimension de chacune de ces allées est variable du fait de la disposition par l’architecte, d’une composition orthonormée à l’intérieur de la parcelle orientée sud-est/nord-ouest de l’ancien château de Thiepval. A ces quatre vues principales s’ajoutent deux vues essentielles sud-ouest et nord-est - liées au parcours d’accès voulu par l’architecte. Edwyn Lutyens tenait à établir une relation forte entre le mémorial et le village de Thiepval. Le parcours d’accés s’opère de biais et le centre de la composition du mémorial est, non pas le monumental arc de triomphe, mais un simple cercle de gravier matérialisant le sommet de la colline, objectif que les combattants s’étaient donnés à atteindre. Ces perspectives aller et retour du chemin d’accès participent au parcours de recueillement. elles sont donc également essentielles à préserver. 58 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Trois autres éléments ont un impact sur la définition des cônes de vue . Les saisons. Le mémorial étant situé dans un écrin boisé d’essences à feuilles caduques, il est évident que les frondaisons d’été tendent à resserer les cônes de vue, tandisque la chute des feuilles en hiver, tend à les élargir. . L’altitude des douze points de vue. Les points de vue depuis le mémorial sont situées en promontoire à une hauteur de 3 m environ, qui naturellement augmente la portée des perspectives . La topographie. Le nivellement des sols modifie de façon substancielle les perspectives : les vues sont de ce fait plus faciles à préserver au nord, du fait de la déclivité de la vallée de l’Ancre (-60 m) que vers l’Est ou le Sud ou la planimétrie est plus régulière. Enfin, le parcours d’accès à travers le parc étant une des composantes essentielles de la mise en scène du recueillement voulue avant l’accès au mémorial, il est logique d’augmenter le point de vue de la perspective Ouest, jusqu’au banc en demi-lune qui cadre le parcours d’accès, ce point de passage obligé étant emprunté par l’ensemble des visiteurs. S.0 Sud est u O Est N.E rd No Perspectives d’arrivée (sud-ouest) Perspectives de sortie (nord-est) Perspectives Ouest (ci-dessous, et à droite, vues croisées depuis chacun des arcs latéraux ) Perspective Est (ci-dessous, vue de l’arc central. A droite, perspectives croisées depuis chacun des arcs latéraux) Ferme du Mouquet Perspectives Nord (ci-dessous, vues croisées depuis l’ arc latéral nord-est et la terrasse ouest. Vue inversée sur le mémorial depuis la ferme Perspective Sud Perspective Ouest vue de l’arc latéral droit Une règle de composition paysagère constante dans l’oeuvre d’Edwyn Lutyens : engraver les routes alentours pour préserver les vues lointaines La mise en scène des quatre horizons est un des soucis majeurs de l’architecture d’Edwyn Lutyens A Thiepval, pour éviter que la vue et le recueillement ne soient troublés par le passage anecdotique d’un passant ou d’un véhicule, les routes avoisinantes le mémorial, (les départementales 73 et 151) ont été engravées sur une hauteur de deux mètres. Une solution similaire existe à Villers-Bretonneux où, pour préserver l’immense perspective ouest du mémorial Australien , Lutyens a fait engraver sur quelques centaines de mètres la D 523. Le même principe se retrouve à New-Delhi, où la longue avenue tracée par Lutyens dans l’axe du palais du Vice-Roi, a été ponctuée, en 1931 par l’Indian Gate, l’arc mémorial qu’érigea ce même Lutyens à la mémoire soldats indiens tombés pendant la Grande Guerre. 66 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses mémorial australien de Villers-Bretonneux. Edwyn Lutyens, arch. New-Delhi. Rajpath avenue Objectifs de la protection II. Préserver les structures paysagères identitaires structurant ces paysages et leur mémoire Le second objectif de cette procédure de classement vise à préserver les structures paysagères identitaires de ce fragment de territoire. A l’intérieur du périmètre de protection devront être preservés les boisements, les haies, les rideaux, les larris, les fonds de vallons, les cavées, la végétation ripisylve, ainsi que tous les arbres ou alignements matérialisant des limites cadastrales. Pour l’avenir, ces structures végétales peuvent constituer un vocabulaire d’aménagement pour toutes les opérations de requalification et les travaux à entreprendre. 68 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Le paysage des environs de Thiepval a été terriblement simplifié par la guerre. Aujourd’hui, ce sont essentiellement ses structures végétales qui l'organisent et aident à le lire. Ce sont elles qu'il est important de préserver enprenant conscience du rôle qu'elles assurent dans l'organisation de l'espace : Ce sont en premier lieu les plantations qui signalent des lieux de mémoire (voir pages précédentes). Il s’y ajoute les végétations qui témoignent de cicatrices de guerre. Elles signalent pour la plupart des terrains accusant une pente trop marquée pour que leur remise en état soit rentable (cratère près de la ferme du Mouquet, cratère du lieu-dit l'argilière sur la commune d'Authuille, lieu-dit la Falaise dans le bois d'Authuille, etc.), bois sur les versants d'Authuille, d'Aveluy et de la Haie. Ce sont également des structures végétales liées aux pratiques agricoles tels les rideaux, les coteaux enherbés ou les fonds de vallée boisés. Ce sont enfin des structures végétales liées à des usages sociaux tels les haies de tour-de-ville, les bouquets de tilleuls encadrant les calvaires signalant d'anciennes limites cadastrales ou des changement de direction de routes. On peut y ajouter les haies vives cernant les cimetières et les parcs d'anciens châteaux . Préserver la lisibilité de la structure géographique du site qui permet de saisir les données de la bataille La structure géographique du site est aujourd'hui extrêmement claire. Elle présente un fond de vallée boisé, au centre duquel coule la petite rivière de l'Ancre, encadrée d'étangs et d“entailles”, puis de prairies, de voies de communication (route et voie ferrée) installées en pied de pente, et enfin de versants et de plateaux cultivés en openfields. . Conserver les vestiges de la grande guerre : ces vestiges comprennent les tranchées du parc Terre-Neuvien, les bois d’Authuile, d’Aveluy et de la Haye dont les sols, martyrisés par les combats, n’ont pas été remis en culture. S’y ajoutent un certain nombre de traces éparses qui ponctuent les terres cultivées (cratères, puits, vestiges), ainsi que les treize cimetières militaires inclus dans le périmètre qui témoignent de la violence des combats sur ce fragment de territoire. La permanence de cette structure paysagère constitue un cadre et un guide pour l’aménagement du territoire Structures végétales naturelles, agricoles ou socio-culturelles contribuant à la lecture du paysage Ripisylve au bord de l’Ancre Haie de peupliers à Thiepval 70 Rideaux DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Frondaisons le long de l’Ancre Silhouette de village bosquet Ancien château de Mesnil-Martinsart Haie de coniféres cernant le parc terre-neuvien Ci-dessous, rideau participant à la mise en scène de la découverte du mémorial Cavée Ci-dessus le fond de vallée à Authuille : la rivière l’Ancre est encadrée de végétation ripisylve, d’étangs, puis de prairies inondables et enfin de terres cultivées et de voies de communication Tour de ville du village d’Authuille dit “Rue du chemin vert” “Chemin du tour des haies” ( Pozières) Tilleuls encadrant un calvaire (Mesnil-Martinsart) 71 Structures végétales liées à l’héritage de la grande guerre Exemples de cimetières militaires du Commonwealth circonscrits dans le périmètre proposé à la protecttion 72 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Parc-mémorial de Thiepval Pins cernant la tour d’Ulster Ceinture de conifères cernant le parc Terre-Neuvien de Beaumont-Hamel Cratère de bombe près de la ferme du Mouquet 73 IV. Neuf communes concernées par le périmètre de protection Thiepval, (le village de Thiepval, le hameau de Saint-Pierre-Divion, les fermes isolées), Beaumont-Hamel, Mesnil-Martinsart, Pozières, Ovillers-La Boisselle et la ferme du Mouquet, Authuille, Aveluy, Auchonvillers et Grandcourt. Commune de Thiepval Quatre orientations de gestion essentielles Le village de Thiepval réunit une vingtaine de maisons sans unité architecturale, dont ne se distinguent que les bâtiments de l’église et de la mairie datant de la reconstruction. L'ensemble ne présente pas de qualité architecturale, paysagère ou urbaine particulière, mais ce village constitue désormais une composante incontournable du site, du fait de sa proximité avec le mémorial. Il doit donc faire l’objet d’une inscription au titre des sites. 76 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses . Préserver la perspective depuis la route du mémorial. Le plan du mémorial accorde une place importante au tracé de la route le reliant au village. Les perspectives du village depuis cette route doivent donc, être particulièrement préservées. Toute situation de perspective directe depuis la route conduisant au mémorial, vers un quelconque bâtiment d’habitation ou d’exploitation doit être évitée. Un écran boisé réinterprétant la tradition des "tours de ville" peut être une solution pour assurer un premier plan (écran) au front bâti de la rue de l'Ancre et à ses usages quotidiens. Ces haies seraient le moyen d'affirmer clairement la limite du domaine bâti du village. Des haies existent déjà le long des parcelles bordant l'église et de la ferme ; Elles gagneraient à être prolongées devant les deux dernières maisons et devant le hangar de l'entreprise de mécanique (Entse. Brien). . Garantir ses possibilités de développement Pour l’essentiel, Thiepval est un village-rue structuré de part et d’autre de la D 73. Le village conserve aujourd’hui la possibilité de s’étendre sur la rive nord de la D73, mais pour prévenir toute solution de lotissement "en raquette", il est important d’envisager dès que possible, un plan d’urbanisme . Orientations pour le bâti. Le bâti du village de Thiepval ne présente pas d'unité ; la gamme des matériaux et des volumétries peut rester ouverte en veillant toutefois à éviter les couleurs vives ou trop claires et à privilégier autant que possible les matériaux aux teintes naturelles (brique, bois, association traditionnelle brique-et-pierre, ou le cas échéant des enduits dont la clarté soit atténuée). Les toitures du villages n’étant pas non plus uniformes, aucune règle de matériau n’est imposée, mais doivent cependant être exclues les tuiles vernissées, et toute la gamme des matériaux réfléchissants. . Encourager la commune à requalifier ses espaces publics Le village de Thiepval gagnerait à unifier et requalifier ses principaux espaces publics : le traitement de la traversée de la D 73, les abords de l’église et la rue de l' Ancre. Il gagnerait d’autre part, à reconstituer ou réinterpréter le principe d’un tour-de-ville vegétalisé qui affirmerait l’unité de la commune et amoindrirait l’inégalité de son domaine bâti. Pour cette raison, l'alignement de peupliers reliant la D 151 à la ferme dite du Moulin doit être conservé (tout abattage doit être accompagné d’une replantation). Enfin, la majorité des haies est aujourd'hui constituée de végétaux persistants. Leur remplacement par des plantations à feuilles caduques serait de nature à apporter une amélioration sensible à la commune. BeaumontHamel 5 THIEPVAL Saint Pierre Divion Grandcourt 1 Authuille MesnilMartinsart 4 2 Pozières 3 Ovillers-La Boisselle Ci-dessus, vue des ruines du château de Thiepval Ci-dessous, perspective du mémorial à travers les pavillonnaires 78 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Ci-dessus, vue de la partie principale du village de Thiepval, depuis la route de Pozières Ci-dessous , vue aérienne du village de Thiepval encadré de ses trois fermes vue ci-dessus, façade sud du village de Thiepval, depuis le centre d’interprétation ci-dessous, façade ouest du village de Thiepval, vue depuis la route de Beaumont Eglise et mairie de Thiepval C.A. Dory, architecte 79 Commune de Thiepval Hameau de Saint-Pierre-Divion. Grandes fermes et habitations isolées Le hameau de Saint-Pierre Divion n’est pas visible depuis les trois mémoriaux Rien ne le distingue dans son architecture ou dans son urbanisme, mais ce hameau circonscrit par le site classé, doit faire l’objet d’une inscription au titre des sites. De par leur isolement dans ce paysage ouvert, les grandes fermes et les bâtiments isolés doivent être placés en site classé. 80 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses I. Le hameau de Saint-Pierre-Divion. Ce hameau se compose de sept maisons et d’une chapelle, bâties de part et d’autre de la D 136 E qui longe la rivière l’Ancre pour relier la commune de Grandcourt. Une source aux vertus thérapeutiques serait à l’origine de l’implantation d'un hameau en ce lieu dès l'époque gallo-romaine. Un panneau touristique renseigne sur l’historique des croyances qui y sont attachées L’urbanisation linéaire du hameau est limitée d’un côté par les étangs de la vallée et de l’autre par la pente du versant qui atteint par endroits 40 %. L’ensemble se complète de quelques mobile-homes installés aux abords des étangs de pêche. Orientations de gestion le hameau de Saint-Pierre-Divion est dissimulé des mémoriaux par les frondaisons de la vallée. Le bâti ne présente pas d'unité ; la gamme des matériaux et des volumétries peut rester ouverte en veillant toutefois à éviter les couleurs vives ou trop claires et à privilégier autant que possible les matériaux aux teintes naturelles (brique, bois, voire enduits à la clarté atténuée). Les toitures ne sont pas non plus uniformes ; aucun matériau n’est donc imposé mais sont cependant exclus les tuiles vernissées, le fibrociment et les matériaux réfléchissants. II. La grande ferme située au nord de Thiepval (1) Cette ferme se signale dans le paysage comme un quadrilatère cerné sur trois de ses côtés par une double haie de peupliers, renforcée d’une haie de thuyas de 6 m de haut. Le corps principal de la ferme est constitué d'une série de trois bâtiments agricoles et d'une maison de maître représentatif de l'architecture de la reconstruction (brique foncée de couleur aubergine, linteaux en ciment armé). L'ensemble se complète au sud, par une série de neuf logements locatifs composés de maisons à rez-de-chaussée, accolées les unes aux autres, dotées d'une série de garages couverts en retrait. Un hangar de couleur rouge vif a récemment été construit en partie nord. Il est heureusement non visible depuis les abords du mémorial. Une antenne de téléphonie mobile a également été implantée à l'intérieur du quadrilatère boisé. Elle est également dissimulée par la ceinture de peupliers. Orientation de gestion préserver la double ceinture de peupliers. En cas d'abattage un échellonnement doit être prévu pour qu'une rangée au moins conserve le rôle d'écran La construction de bâtiments agricole est possible. Compte tenu toutefois de leur extrême visibilité, il est demandé que ces nouveaux bâtiments ou extensions, s’inscrivent dans la gamme des volumétries existantes, en veillant à une forme de discrétion dans le choix des matériaux et des couleurs. III. La ferme limitrophe du lieu-dit “le bois de la vigne” (2) Cette ferme qui occupent les parcelles 76 à 80, se compose de quatre bâtiments répartis autour d'une cour de 30 mètres de côté. Une maison de maître borde la D 151, isolée de la route par une haie persistante de 2 m de haut. Une haie de peupliers constitue un premier plan devant les hangars. Orientation de gestion Cette grande ferme est aujourd’hui protégée des regards par ses structures végétales. Les haies et les arbres cernant la ferme doivent donc être préservés. Avant tout abattage, il est important que soit mis en place, une plantation de substitution afin d’éviter de faire apparaître (même momentanément) une situation imprévisible. La reconstruction de bâtiments agricole est possible. Compte tenu toutefois de leur extrême visibilité, il est demandé à ces nouveaux bâtiments, de s’inscrire dans la gamme des volumétries existantes, et de veiller à une forme de discrétion dans le choix des matériaux et des couleurs. Toutefois, il est à noter qu’un des angles de cette ferme est tangent avec le cône de vue nord depuis le mémorial. Aucune construction ou plantation ne doit empièter ce cône de vue, notamment depuis les vues de la terrasse ouest du mémorial IV. La Ferme dite “du Moulin”. (parcelles 90 et 91) (3) La ferme du Moulin se compose de quatre bâtiments en brique ou parpaings, organisés autour d'une cour centrale. La reconstruction de bâtiments est possible. Compte tenu toutefois de leur extrême visibilité, il est demandé à ces nouveaux bâtiments, de s’inscrire dans la gamme des volumétries existantes, et de veiller à une forme de discrétion dans le choix des matériaux et des couleurs. V. La maison individuelle, située en bordure de la D 151 (4) (parcelle 301 a, mitoyenne du parc du mémorial). L'écrin boisé qui l'isole depuis la route doit être impérativement préservé. VI. La maison isolée située en lisière de la végétation de fond de vallée, à proximité du croisement de la D136 E et de la D 73 (5). Cette maison se distingue par ses façades claires, visible depuis la tour d’Ulster et la D73. En cas de travaux, des couleurs moins claires doivent être recherchées. Des solutions d'écrans végétaux limiteraient l’impact de cette maison isolée dans ce paysage ouvert. 81 Ci-dessus, deux vues (en hiver et en été) de la ferme limitrophe du lieu-dit “le bois de la vigne” Ci-dessous, deux vues de la ferme dite “ du moulin “ 82 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Ci-dessus, vue des bâtiments de “la grande ferme” (hangars, maison de maître, logements locatifs, parkings...) encadrés par une double haie de peupliers Ci-dessous, le hameau-rue de Saint-Pierre-Divion établi le long de la D136E. Sa chapelle datant de la Reconstruction et la source fondatrice de l’établissement du village en ce lieu 83 Commune de Beaumont-Hamel Le village du Hamel Le village du Hamel est structuré autour du croisement de deux voies : la D 50, longeant la vallée pour relier Beaucourt-sur-Ancre à Aveluy, et la D 73 reliant Thiepval et Auchonvillers. La majorité du bâti n'est pas implantée à l'alignement des rues. Il en résulte un ensemble de constructions isolées sans cohésion d'ensemble. Les éléments majeurs du paysage sont ici, les structures végétales dominées par la végétation ripisylve des bords de l’Ancre. S'y ajoute un ensemble de rideaux qui structurent les limites du hameau ( lieu-dits la Nardière, le sentier de Vitermont, la vallée derrière les haies), ainsi que quelques calvaires encadrés de tilleuls. 84 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses La première vue importante à préserver est celle du village du Hamel depuis les abords de la tour d'Ulster et de la D 73 reliant Thiepval au mémorial Terre-Neuvien. Ce lieu et cet itinéraire offrent une large vue panoramique sur la vallée de l'Ancre, son fond boisé, ses versants étayés de rideaux,son rebord de plateau couronné par la lisière de conifères du parc TerreNeuvien, et en dessous, une vallée sèche dans le fond de laquelle a été aménagé un cimetière militaire. L'essentiel du village est dissimulé par la végétation ripisylve de la vallée. De cet endroit, seuls se distinguent trois longs hangars implantés à flanc de côteau, l'église et deux pavillons récents. La seconde vue importante à préserver est à l’inverse, celle des visiteurs quittant le parc Terre-Neuvien pour rejoindre Thiepval. Le village du Hamel constitue alors un premier plan qui mérite d’être requalifié. L’objectif Préserver les vues panoramiques sur la vallée de l’Ancre, principalement depuis les environs de la tour d’Ulster et la route départementale reliant le mémorial de Thiepval au parc TerreNeuvien. Inviter la commune à se développer et se densifier dans sa partie basse située en dessous de l’église (limites de site inscrit). Appliquer la loi SRU et éviter tout phénomène de périurbanisation. Eviter toute nouvelle implantation de hangar placé en situation de co-visibilité directe avec l’un des mémoriaux. La construction de nouveaux bâtiments agricoles ne pourra être autorisée qu’en bas de pente sous réserve d’être dissimulée des vues lointaines par un écran végétal. Orientation de gestion . Accompagner les grands hangars agricoles d’écrans boisés ( lieux dits au dessus du bois de hamel et les champs gossard) . Encourager la requalification des espaces publics le long de la D 73 et notamment la clôture du cimetière communal. Développement Le village conserve aujourd’hui la possibilité de s’étendre, mais pour prévenir toute solution de lotissement "en raquette ", il est important d’envisager dès que possible, un plan d’urbanisme Le bâti du village ne présente pas d'unité ; la gamme des matériaux et des volumétries peut rester ouverte en veillant toutefois à éviter les couleurs très vives ou trop claires et à privilegier autant que possible les matériaux aux teintes naturelles (brique, bois, association traditionnelle brique-et-pierre, ou le cas échéant des enduits dont la clarté soit atténuée). Les toitures du villages ne sont pas non plus uniformes. Doivent cependant être exclues les tuiles vernissées et tous les matériaux réfléchissants. Village de Beaumont : privilégier les constructions à l’extérieur du périmètre protégé. Cf règles générales Auchonvillers BEAUMONT Grandcourt MesnilMartinsart Thiepval HAMEL Authuille Le Hamel Panorama sur le versant ouest de la vallée de l’Ancre. La majorité du village du Hamel est dissimulée par les frondaisons ripisylves. Seuls émergent le clocher et les constructions récentes Vue sud du village du Hamel 86 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Douilles d’obus entreposées chez un particulier Haie encadrant la grande ferme de Thiepval ...Tour d’Ulster... .... Arc de Thiepval .... Calvaire et église du Hamel Ci-dessous, Piéta du monument aux morts 87 Beaumont Panorama sur le village de Beaumont établi en fond de vallon Entrée du village de Beaumont 88 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Larris marquant la limite du perimétre protégé Ci-dessous, publicité pour une buvette du souvenir à la Gare de Beaucourt Limite d’urbanisation du hameau “ la gare de Beaucourt” Frondaisons masquant le village de Beaumont depuis le parc terre-neuvien vallon dissimulant ce territoire depuis les trois mémoriaux Larris marquant la limite du périmétre protégé 89 Commune de Mesnil-Martinsart Hameau du Mesnil Le hameau du Mesnil est situé dans l’axe de la perspective principale du mémorial de Thiepval. La vue du versant ouest de la vallée de l’Ancre est donc une des perspectives majeures à préserver. Toute construction doit être évitée. Tout destruction de structures végétales( boisement, rideaux ou haies) doit également être interdite. Le hameau du Mesnil est situé dans l’axe de la perspective principale du mémorial de Thiepval, la grande perspective ouest qui donne sur la vallée de l’Ancre, lieu crucial des combats. Cette perspective se termine en haut du versant par la silhouette boisée de l’ancien château dont il ne subsiste que l’ancienne grille. Pour mémoire, le mémorial de Thiepval a été bâti sur l'emprise de l’ancien château de Thiepval. Historiquement, les châteaux de Mesnil et de Thiepval se faisaient donc face de part et d’autre de la rivière. L’essentiel de la commune est située en contrebas de la perspective du mémorial. Elle est donc située hors du périmètre classé. Toutefois une construction de taille inusitée pourrait apparaître et dénaturer cette perspective majeure. Une vigilance de la part de la commune est demandée en ce sens. Objectifs . Interdire toute construction dans la perspective ouest (perspective principale) du mémorial de Thiepval (terrains dits “du Lambourg”) . Préserver toutes les structures végétales en rideau sur le versant de vallée (lieu-dit“le fossé Georges”). Pour préserver les qualités de cette perspective, on veillera plus particulièrement à préserver l’écran boisé dissimulant les bâtiments (reconstruits) de l’ancien château situés à l’ouest de la D 174. L’objectif est de maintenir une distinction claire entre le bois d’Aveluy et les boisements signalant l’ancien château de Mesnil. Pour cette raison, il est impératif que les terrains formant la césure visuelle entre les deux masses boisées ne soient ni bâtis, ni plantés. Enfin, pour les zones limitrophes du site classé, on veillera lors des demandes de travaux, à ce qu’aucune construction nouvelle n’apparaisse dans la perspective du mémorial. 90 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Auchonvillers Grandcourt Beaumont- Hamel MESNIL-MARTINSART Aveluy Authuille Thiepval Ancienne grille du château de Mesnil-Martinsart Hangar construit à l’entrée est de Mesnil-Martinsart 92 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Ci-dessus, vue du mémorial de Thiepval depuis l’ancien château de Mesnil-Martinsart Frondaisons de l’ancien château de Mesnil-Martinsart. Terrains dits “du Lambourg”. Lieu-dit “le fossé Georges” Arc de Thiepval Frondaisons de l’ancien château, château d’eau et grange de Mesnil-Martinsart, visible depuis la perspective du mémorial. Vis à vis de l’Arc de Thiepval et du château d’eau de Martinsart. Ci-dessous, l’architecture de la Reconstruction du village de Mesnil-Martinsart : mairie, église, monument aux morts et ferme d’exploitation 93 Commune de Pozières Situé à trois kilomètres de Thiepval dans un paysage d’openfields, le village de Pozières et la D 929 qui le traverse sont, pour beaucoup, les lieux principaux de découverte du mémorial de Thiepval. Le “vide” du paysage donne à lire la difficulté des combats en ce lieu. Il met en scène la quasi-absence de relief permettant aux combattants de la Grande Guerre de se protéger. De ce fait, il est essentiel de ne pas miter ou amoindrir la perception de ce territoire mettant en scène la silhouette du mémorial de Thiepval par de quelconques constructions isolées. Valoriser les structures végétales identitaires du village de Pozières est une solution de gestion à encourager. 94 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses La D 929 reliant Albert à Bapaume est, pour beaucoup, l’itinéraire de découverte majeur du mémorial de Thiepval. La route est droite. Le paysage est ouvert. Les terres cultivées filent jusqu’à l’horizon. Dans ce contexte tout élément se perçoit : certains participent à la lecture de ce paysage, telle la forteresse du cimetière militaire de Pozières ; d’autres le troublent, tel le hangar à rayures bleues et blanches de la commune de La Boisselle. La commune de Pozières conserve à l’intérieur du perimètre protégé des pans de terrains bouleversés par les combats comprenant des ruines d’un blockaus allemand, ainsi que le mémorial de la First Australian Division, érigé en 1919 pour commémorer les combats du 23 au 26 juillet 1916. Pour accueillir les visiteurs, un parking et un promontoire-belvédère en bois ont été aménagés. L’objectif Eviter la construction de tout bâtiment isolé susceptible de se retrouver placé en situation de co-visibilité directe avec le mémorial de Thiepval.Valoriser et renforcer les structures végétales identitaires fondamentales du village de Pozières et notamment le “tour-des-haies”. Orientation de gestion Appliquer l’esprit de la loi SRU et éviter tout phénomène de périurbanisation. • de part et d’autre de la D 929, au sud-ouest de Pozières • Sur toute la partie ouest, à l’extérieur de l’emprise bâtie de la commune, materialisée par la "First Australian Division street" qui borde le mémorial australien et par l’ancien "chemin du tour des haies" • Maintenir une haie vive en limite du tour de ville. La renforcer si necessaire Eviter toute construction en limite. (hangar en tôle grise, poulailler, pavillonnaire sans haie…) • Encourager la requalification de la clôture du cimetière communal de Pozières. Ce cimetière est situé à l’intérieur du perimètre proposé au classement. Il est aujourd’hui composé de trois parties (une tombe isolée entourée d’une haie de troënes, une partie cernée de panneaux de fibro-ciment, et un mur de brique associé à une haie de thuyas). L’ensemble gagnerait à faire l'objet d'un traitement d'ensemble, sous forme de haies vives par exemple. • Matérialiser par des haies vives, les limites public-privé pour les parcelles établies aux abords du mémorial de la First Australian Division. Grandcourt Thiepval POZIÈRES Authuille OvillersLa Boisselle Ci-dessus, hangar bâti en lisière du chemin du tour des haies cernant le village de Pozières. Vue de la D 929 à l’entrée sud de Pozières avec un panneau figurant un soldat australien Ci-dessous mémorial et belvédère de la First Australian Division et vestige de bunker allemand 96 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Hangars récemment bâtis à l’extérieur du tour-des-haies du village de Pozières La D 929 à la sortie sud de Pozières. Voie rectiligne traversant le plat pays et longeant un grand cimetière militaire du Commonwealth Ci-dessous publicités apposées sur un hangar de stabulation libre récemment construit à la sortie ouest du village de Pozières (D 73) 97 Commune d’Ovillers-la-Boisselle & ferme du Mouquet Traversant le territoire à trois kilomètres à l’Est de Thiepval, la D 929 est, pour beaucoup, le lieux principal de découverte de la silhouette du mémorial de Thiepval. Situé entre la D 929 et le mémorial, le hameau de la Boisselle c onstitue le seul et unique premier plan de ce vaste panorama. Pour permettre de lire cette particulière ouverture du territoire qui explique la violence des combats en ce lieu, il est essentiel de ne pas encombrer le site protégé de quelconques constructions isolées. Les structures végétales doivent être préservées et encouragées. 98 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses L’objectif . Eviter, sur toute la partie nord d’Ovillers, qu’une quelconque construction isolée ne soit placée en situation de covisibilité directe avec le mémorial de Thiepval. . Préserver les structures végétales qui aident à lire le paysage et participent à la découverte du mémorial Il s’agit d’une part du rideau situés au nord de la commune, perpendiculaire à la D 73 ( lieu-dit, "Les dix-huit") qui participe à la mise en scène de l’arrivée des visiteurs dans l’axe du mémorial. Il s’agit d’autre part des rideaux du lieu-dit "le Marché à cochons" ainsi que l’ensemble du fond boisé de la vallée Marceau. . Renforcer les plantations autour du hangar implanté au lieudit " le bas Ovillers" La ferme du Mouquet (à cheval sur la commune de Grandcourt) La ferme du Mouquet est un des lieux symboliques de l’offensive de 1916. Située dans l’axe direct de la perspective Est du mémorial de Thiepval, elle constitue sont point de perspective delibéré. Près de la ferme du Mouquet se trouve un cratère de bombe bordé d’un bouquet d’arbres et cerné par une cloture d’environ cent mètres de côté. Une stèle aménagée au bord de la route rappelle l’enjeu et l’importance des combats en ce lieu. Aujourd’hui la ferme du Mouquet se distingue dans le paysage sous la forme d’un bosquet abrittant trois ou quatre bâtiments, dont un pavillon recouvert de tuiles mécaniques et deux hangars de tôle ouverts pour le stockage des balles de paille. L’un d’entre eux est très endommagé. Objectifs et orientations de gestion . l’atout principal du site aujourd’hui, sont ses structures boisées qui encadrent la ferme et le cratère de bombe et aident à situer ce point de repère dans le territoire. Ces arbres doivent être préservés. Tout abattage doit être accompagné d’une replantation. . Les bâtiments d’exploitation doivent rechercher une forme de discrètion.(éviter les couleurs vives ou réfléchissantes) ; les bâtiments en ruine devront être démolis. Tout stockage de matériaux,d’amendements ou de compost visible depuis la grande perspective Est du mémorial, devra être évité. Grandcourt Thiepval Ferme du Mouquet Authuille Pozières OVILLERSLA BOISSELLE Le mémorial de Thiepval vu de la D 929 Ci-dessous, la rectitude de la D 929 100 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Vue de Pozières , depuis la Boisselle La Boisselle hangar Arc de Thiepval Arc de Thiepval Cimetière militaire La Boisselle Perspective du mémorial à l’arrière plan des fermes de La Boisselle Arc de Thiepval Chemin communal reliant La Boisselle à Authuille 101 La ferme du Mouquet La ferme du Mouquet avant-guerre - 102 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Cratère de bombe La Ferme du Mouquet Vue aérienne de la ferme du Mouquet, avant et après 1916 Dessin de soldat La ferme du Mouquet vue depuis la grande perspective est du mémorial de Thiepval Stèle commémorative Vue du cratère de bombe et de la ferme du Mouquet en été : la végétation permet de repérer les dernières traces du conflit dans le paysage 103 Commune d’Authuille La commune d’Authuille est située au sud-ouest du village de Thiepval et en contrebas du haut de versant sur lequel est bâti le mémorial Elle n’est pas - ou peu- visible depuis les trois mémoriaux Le mémorial de Thiepval et une partie des terres cultivées qui l’entourent sont cependant sur son territoire communal. Une vigilance particulière est donc demandée pour ne pas amoindrir la silhouette du mémorial par une quelconque construction ou plantation. 104 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Objectif et orientations de gestion Interdire toute construction nouvelle à l’intérieur du périmètre classé de façon à maintenir la lisibilité des grandes composantes du paysage à savoir : . la silhouette du mémorial emergeant de son écrin boisé, . le bois d’Authuille . le bois de la Haye et de la vallée Marceau. . La tour d’Ulster, la grande ferme. . Le village d’Authuille établi en pied de versant, le long de la route établie sur la rive gauche de la rivière l’Ancre Veiller à préserver l’ensemble des structures végétales (rideaux, haies, boisements), situées dans la perspective du cône de vue ouest du mémorial. NB. Le mémorial de Thiepval est partiellement situé sur la commune d’Authuille. (cf ci-dessus) Grandcourt BeaumontHamel AUTHUILLE Thiepval MesnilMartinsart Aveluy OvillersLa Boisselle Pozières Ci-dessus, panorama du village d’Authuille emergeant des frondaisons de la vallée del’Ancre, vu depuis la D 50 Ci-dessous, auberge dite “de la vallée de l’Ancre”, 106 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Vue de la chaussée traversant le fond de vallée pour reliant le village d’Authuille à la rive droite. Eglise de la Reconstruction Ci-dessus vue des hauteurs du village d’Authuille. De l’étendue des terres cultivées se distingue les frondaisons de la vallée de l’Ancre, et la silhouette du mémorial de Thiepval Ci-dessous, vue de la rue principale du village d’Authuille. Monument aux morts et ferme de la reconstruction. L’arc-mémorial repère émergeant des frondaisons et des terres cultivées 107 Commune d’Aveluy Le village d’Aveluy situé au sud-ouest de Thiepval n’est pas visible depuis les trois mémoriaux Le bois d’Aveluy est toutefois situé dans l’axe de la principale perspective du mémorial de Thiepval. Toute construction en lisière, visible depuis le mémorial doit être interdite, Toute coupe franche de la partie de bois visible depuis le mémorial doit également être évitée. On veillera à assurer une gestion forestière du bois d’Aveluy garantissant la permanence d’un écran boisé en fond de la perspective principale du mémorial. On privilégiera les solutions de clôture implantées en retrait de lisière ou dissimulées par une haie bocagère 108 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Ci-dessous, vue de la lisière du bois d’Aveluy, depuis le mémorial de Thiepval Ci-dessus,vue de cette même lisière depuis le versant ouest Beaumont - Hamel MesnilMartinsart AVELUY Authuille Commune d’Auchonvillers Le village d’Auchonvillers est situé à l’ouest des trois mémoriaux A l’exception de son cimetière et d’une exploitation agricole visible depuis le parc terre neuvien, la commune ne présente que des terres agricoles à l’intérieur du périmètre classé L’objectif premier est de maintenir le caractère ouvert de ce paysage d’openfields qui participe à la prise de conscience de l’apreté et la violence des combats en ce lieu. A l’intérieur du site classé et sur les terrains limitrophes, on veillera à éviter toute construction isolée, tout barraquement touristique ainsi que tout panneau publicitaire susceptible d’être vue depuis les abords du parc Terre-Neuvien 110 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses AUCHONVILLERS Grandcourt Beaumont -Hamel MesnilMartinsart Thiepval Commune de Grandcourt Etabli en bordure de la vallée de l’Ancre, le village de Grandcourt n’est pas visible depuis le mémorial de Thiepval . La commune ne présente que des terres agricoles à l’intérieur du périmètre classé. Ces terres agricoles s’étendent toutefois jusqu’à la ferme du Mouquet et à l’exception de cette dernière, l’objectif premier sera d’éviter toute construction isolée dans les limites du périmètre classé. Pour les constructions limitrophes du site protégé on veillera à éviter le possible impact d’une construction de grande hauteur (type château d’eau, pylone ou antenne) 112 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Objectifs et orientations de gestion Eviter toute construction visible depuis la perspective nord du mémorial de Thiepval. Veiller à une relative discrétion pour tout bâtiment susceptible d’être visible depuis la tour d’Ulster ou la D73 reliant Thiepval au Hamel. Grandcourt, vu depuis le sommet de l’arc de Thiepval Préserver la haie de peupliers qui marque la limite communale entre Thiepval et Grandcourt au droit du château d'eau ( photo ci-dessous). cf. La Ferme du Mouquet (Commune d’Ovillers-La Boisselle) GRANDCOURT Pozières Thiepval V. Enjeux paysagers Panoramas sur les villages de Hamel (à gauche) et Thiepval (ci-dessus), vus depuis le sommet de l’arc mémorial. Enjeu 1: Protéger les perspectives I.1- Urbanisme. Promouvoir les documents d’urbanisme, Contrôler les extensions urbaines. Veiller à tout impact des constructions nouvelles sur le site classé et notamment dans l’axe des grandes perspectives des mémoriaux Promouvoir les documents d’urbanisme, Contrôler les extensions urbaines en veillant à leur possible impact sur le site classé. I.2-Agriculture. Intégrer les bâtiments agricoles isolés (hangars construits en territoire ouvert) Sur l’ensemble du site classé, maintenir les espaces ouverts. Eviter tout bâtiment isolé. Accompagner les hangars isolés existants de plantations I.3- Assurer la préservation et la gestion des boisements écrans : bois, rideaux, alignements d’arbres, boisements autour des mémoriaux, etc. I.5- Eviter sur une distance minimale de 20 km tout projet de type éolien, antenne ou tout autre construction susceptible de se signaler à grande distance dans le paysage Enjeu 2: Valoriser la mémoire et l’accueil II.1II.2II.3- Valoriser les mémoriaux en respectant les sites Aider à la reconnaissance et à la conservation des vestiges de la guerre Accompagner l’accueil Les enjeux paysagers Enjeu I. Protéger les perspectives I.1- Urbanisme. I.2- Agriculture. Contrôler les extensions urbaines et éviter les bâtiments isolés Maintenir les territoires ouverts et intégrer les bâtiments isolés I.3- Protéger et gérer les boisements assurant un rôle d’écran I.4- Contrôler le développement des projets éoliens ou d’antennes en co-visibilité Enjeu II. Valoriser l’accueil touristique II.1- Poursuivre la mise en valeur des mémoriaux nationaux Favoriser une mise en valeur des trois mémoriaux, respectueuse des paysages : - par un contrôle de la signalétique, - par une protection des structures végétales identifiant les mémoriaux, - par un contrôle des abords en limite et l’implantation des locaux d’entretien II.2- Poursuivre la mise en valeur du patrimoine lié à la guerre Poursuivre la reconnaissance et la protection du patrimoine lié à la guerre et la reconstruction II.3- Accompagner l’accueil touristique Maintenir le contrôle des implantations touristiques et des panneaux publicitaires (hangar de Pozières, parasols publicitaires et terrasses de la tour d’Ulster...) Urbanisme et architecture : Favoriser la création de documents de plannification Aucune des neufs communes proposées au classement ne possède actuellement de documents d’urbanisme. Aveluy a cependant entrepris l’élaboration d’une carte communale et Ovillers-La Boisselle devrait entreprendre en 2009 un PLU. En l’absence de documents d’urbanisme, le Réglement National d’Urbanisme s’applique et relève de la compétence de l’Etat. L'insertion et la qualité architecturale des nouveaux bâtiments participent à la qualité des paysages. L’un des objectifs prioritaires doit être de favariser la création de documents de planification urbaine (PLU, carte communale) qui planifient et encadrent le développement des communes et permettent à leurs élus d’imposer dans leur village des caractéristiques à l'aspect des constructions réalisées (PLU). 118 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Encourager les communes à se doter de documents d’urbanisme Le PLU et la carte communale permettent aux communes de mieux organiser leur développement “en délimitant les secteurs constructibles, et leur attribuant si besoin des fonctions et un règlement, cela en respectant les principes d'équilibre, de mixité sociale et urbaine, et de respect de l'environnement ”. Les communes peuvent se regrouper pour établir un document commun plu ou carte intercommunale. Elles peuvent bénéficier entre autres, des aides de l’Etat, de l’Agence d’Urbanisme du grand Amiénois et de la Communauté de communes du pays du Coquelicot. Thiepval Eviter l’implantation de constructions isolées à flanc de versant ou en sommet de côteau. Privilégier la continuité des implantations le long de la vallée. Dans le cas des bâtiments devant être édifiés à l’écart des habitations, utiliser toutes les ressources offertes par les écrans végétaux existants, ou reconstitués, afin de limiter leur impact à l’échelle du grand paysage. Choisir judicieusement les volumes, l’orientation, les matériaux, les couleurs afin que ces nouveaux bâtiments s’inscrivent autant que possible, dans le prolongement et la continuité des paysages existants. Le Règlement National d’Urbanisme aujourd’hui applicable sur neuf communes Renforcer les silhouettes villageoises d’habitat groupé Ailleurs, seuls sont autorisés, les constructions ou installations pour équipements collectifs, pour l’exploitation agricole ou forestière, pour la mise en valeur des ressources naturelles, pour la réalisation d’aires d’accueil de gens du voyage, pour l’adaptation, le changement de destination, la réfection ou l’extension des constructions existantes, et enfin pour la réalisation d’opération d’intérêt national et les constructions ou installations incompatibles avec le voisinage de zones habitées. Peuvent éventuellement y être ajoutés les exceptions décidées par le conseil municipal et justifiées par l’intérêt de la commune. L’un des enjeux prioritaires doit être de renforcer ces silhouettes villageoises et de maîtriser les extensions urbaines en étudiant toutes les possibilités de densification urbaines offertes par les parcelles libres situées en coeur de village ainsi que les solutions de réhabilitation du bâti ancien. Afin de lutter contre l’urbanisation diffuse, le réglement national d’urbanisme autorise les constructions à l’intérieur des parties actuellement urbanisées (PAU). Des dispositions s’appliquent aux terrains constructibles en termes de localisation, desserte, implantation, volume, et aspect des constructions. Bien qu’entièrement reconstruits après 1918, les communes proposées au classement conservent quelques règles d’urbanisation traditionnelle de village picard. (cf. Atlas des Paysages). Les extensions tendent cependant à gagner les entrées de villages sous forme d’urbanisation linéaire le long des voiries, ou à déborder sur les côteaux, pour les villages de fond de vallées. 119 Implantation des bâtiments dans le site Préserver les silhouettes villageoises et privilégier l’ancrage dans le territoire . Privilégier autant que possible l’insertion des constructions au coeur des villages, . Contrôler les extensions urbaines, . Etablir des règles (d’implantation, de taille, de matériaux, de couleurs, de plantations. d’accompagnement..) notamment pour les bâtiments isolés ou situés en entrée de village . Utiliser les ressources d’insertion dans le paysage offertes par les structures végétales, leurs extensions ou leur réinterprétation . Preserver autant que possible toutes les structures végétales existantes sur les parcelles à construire . Accompagner les constructions par la plantation d’arbres ou de haies. . Adopter des logiques de preverdissement pour les futures zones bâties . Planter en dehors des parcelles urbanisées afin de reconstituer les silhouettes de village 120 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Eviter le mitage des entrées par les bâtiments isolés. Envisager l’extension des tours-de-villes et le preverdissement des zones à bâtir Veiller à ne pas “concurencer” les mémoriaux A l’intérieur des zones proposées à la protection, le bâti ne présente aucune homogénéité de matériau, de volumétrie, de coloris ou de style. Aucune règle architecturale stricte ne s’impose. Toutefois, une forme de discrétion par rapport aux trois mémoriaux doit être recherchée. On privilégiera la couleur naturelle des matériaux (bois, brique, terre cuite, ardoise, pierre). Pour les enduits on évitera les couleurs très claires, notamment le blanc, en leur préférant des teintes plus atténuées, proche des gammes de couleurs de terre et du paysage environnant. Tout matériau réfléchissant ou vernissé est à éviter. Privilégier les essences végétales présentes à l’état naturel sur le site Les structures végétales constituent un outil de requalification urbaine essentiel. Les haies séparatives, les haies de tours de ville, les clôtures de cimetière, les bosquets de tilleuls entourant les calvaires et matérialisant les croisées de routes sont autant d’éléments qui peuvent être réinterprétés pour requalifier les villages et assurer leur cohésion. Il est recommandé d’inciter à la plantation de plusieurs arbres de hautes tiges sur chaque parcelle constructible.Les essences présentes à l’état naturel et spontané dans la vallée doivent être privilégiées (frênes, aulnes, saules). Les essences à feuilles persistantes, notamment pour les haies sont à éviter. On leur préferera des solutions de haies bocagères en mélange. Agriculture Préserver les structures végétales existantes et maintenir les espaces ouverts Maintenir les territoires ouverts Les terres agricoles occupent la grande majorité des sols. Ces pratiques agricoles maintiennent les espaces ouverts et autorisent les vues lointaines. Afin de préserver ces grandes perspectives, il est essentiel de poursuivre l’exploitation des terrains tel qu’elle est pratiquée et d’éviter les boisements ou tout autre plantation susceptible de troubler la perception du grand paysage. Intégrer les bâtiments isolés Les évolutions du monde agricole entraînent la construction de bâtiments nouveaux ( hangars de plus en plus grands, adaptés au nouveaux engins agricoles, granges dimensionnées en fonction des nouveaux volumes des récoltes, hangars de stabulation libre) De plus certains de ces bâtiments, nécessaires à l’exploitation agricole, sont incompatibles avec le voisinage de zones habitées et doivent être implantés à l’écart des parties urbanisées. L’insertion des ces nouvelles constructions et la requalification des batiments isolés constituent un enjeu pour la preservation de ces paysages. Ces constructions sont possible, mais doivent rester l’exception et faire l’objet d’attentions particulières en termes d’implantation, de volumétrie, de matériaux, de couleurs et de plantations d’accompagnement. Implantation Volumétrie Matériaux Couleur Eviter toute construction sur les lignes de crète ou en partie haute de versant. Associer le bâtiment avec les structures végétales du paysage (rideaux, cavées, extension d’un tour des haies). Privilégier la fragmentation des volumes Eviter tout matériau réfléchissant. Privilégier la couleur naturelle des matériaux (bois, brique, torchis, etc). Privilégier les teintes attenuées, proche des couleurs de terre Eviter le blanc et toute teinte trop claire. Se limiter aux gammes de couleur déjà présentes dans le paysage. Plantations d’accompagnement : Réinterpréter les motifs traditionnels du rideau, de la haie, du tour-des-haies... Privilégier la gamme de végétaux déjà présents sur le site et le mélange des essences. Eviter les végétaux persistants. Eviter tout boisement des terres cultivées afin de préserver les vues lointaines Préserver l’ensemble des bois, haies, bosquets, rideaux, larris, ou arbre isolés structurant ce paysage d’openfields Veiller à ce que la plantation de haies nouvelles restent basses et n’obstruent pas les vues lointaines Réhabiliter ou démolir les hangars en état de vétusté 121 Poursuivre la valorisation des différents patrimoines liés à la grande guerre et à la Reconstruction Comprendre c'est compliquer. “ C'est enrichir en profondeur. C'est élargir de proche en proche. C'est mêler à la vie.” Lucien Febvre Combats pour l'histoire L’Historial de la Grande Guerre de Peronne, et plus récemment le Centre d’Interprétation de Thiepval et le pavillon d’accueil TerreNeuvien ont joué un rôle majeur pour l’éveil et la compréhension des différentes dimensions de la Grande Guerre sur ce territoire. Dans le prolongement de ces démarches, le gouvernement australien étudie à l’heure actuelle, la possibilité d’ériger un mémorial à Pozières. La mémoire du conflit et de la reconstruction dans toute la diversité de ses nationalités et de ses aspects - aussi bien militaires que sociales, architecturales, urbaines, économiques ou artistiques - est un facteur essentiel à long terme, pour protéger et valoriser ce territoire. Une approche pluridisiplinaire offre l’intérêt d’élargir les recherches et d’amener sans cesse, à leur réactualisation et leur mise en perspective. Un travail d’identification et de recensement des vestiges de guerre et du patrimoine de la reconstruction mérite d’être entrepris. Il offre l’intérêt de constituer un fond de référence, qui permettra d’évaluer la diversité des traces conservées, leurs relations éventuelles et leur possible valorisation. 122 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Pour mémoire, le territoire proposé au classement compte un certain nombre de puits, d’abris, de bunkers, de cratères de bombe et de réseaux de tranchées, notamment dans les bois aujourd’hui inaccessibles au public. Il compte également plusieurs lieux de mémoires outre les grands mémoriaux déjà cités parmi lesquels un certain nombre de petites stèles commémoratives et treize cimetières britanniques auxquels s’ajoutent les quinze autres cimetières militaires, situés dans les seules limites de la carte cicontre. Les neuf villages concernés par la procédure de classement ont tous été reconstruits après la Premiére guerre mondiale. Bien que ce domaine bâti soit pour l’essentiel situé en dehors du perimètre de protection, il participe par son architecture et son urbanisme à l’identité du site et mérite à ce titre, d’être pris en compte . De gauche à droite (source : archives départementales) 124 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses . Soldats du commonwealth . Plan du monument aux morts d’Ovillers. . Carte du front de 1916 . Elévation de la façade principale de l’église de Saint Pierre Divion . Détail et plan de l’église de Thiepval . Deux vestiges de puits à proximité de la tour d’Ulster . Exemples d’obus encore récoltés aujourd’hui dans les champs . Panneaux interdisant l’accés au bois de Thiepval A droite, photo aerienne de vestiges de la guerre à Aveluy Document Roger Agache-Ministère de la culture, Reconnaître les qualités de l’architecture de la reconstruction L’ensemble du secteur a été martyrisé par les combats de la première guerre mondiale. Même si elle n’a pas fait l’objet de profondes innovations stylistiques, l’architecture de la reconstruction dans ces villages fait partie de l’identité du site. Compléter l’offre de circuits de découverte liés au patrimoine de la guerre et de la reconstruction . Vestiges de guerre . Lieux de commémoration (monuments, mémoriaux, cimetières...) . Patrimoine de la reconstruction : bâtiments publics,églises, habitat, fermes (cf. ferme de Ballescourt) Liste non exhaustive des vestiges et lieux de mémoire recensés. . Thiepval. Parc du mémorial, tour d’Ulster, deux cimetières militaires, stèle, puits, abris, tranchées dans le bois d’Authuille. . Beaumont-Hamel. Parc Terre-Neuvien, sept cimetières militaires, deux monuments aux morts. A Beaucourt-surl’Ancre, monument à la mémoire de la Naval Division. . Pozières. Trois mémoriaux de part et d’autre de la D929 : le monument aux tanks, le site du moulin à vent (Windmill), et le monument à la mémoire de la I st Australian Division. Blockhaus de Gibraltar, propriété du Conseil général . Aveluy. Un cimetière militaire, tranchées dans le bois d’Aveluy . Ovillers-la-Boisselle. Lochnagar crater, (emblème du circuit du souvenir), trois cimetières britanniques, (dont celui, dit “de Pozières”, ou cimetière aux colonnes, bâti par Reginald Blomfield), abris, monument aux brigades Tyneside Scottish and Tyneside Irish. . Authuille. Quatre cimetières militaires, cratères, tranchées. . Grandcourt. Deux cimetières britanniques, Pont des poilus, ferme du Mouquet, cratères. . Mesnil- Martinsart. Quatre cimetières militaires dont celui dit des “pierres rouges”. 125 Programme d’actions • ENJEU 1 : PROTÉGER LES PERSPECTIVES ACTION 1.1 : urbanisme et construction, préserver les silhouettes villageoises Objectifs : . favoriser le développement de documents de planification (PLU, carte communale) . maintenir une limite nette entre les mémoriaux et les villages . privilégier l’insertion des constructions au coeur des villages, contrôler les extensions urbaines . établir des règles pour l’implantation des bâtiments isolés ou à l’entrée des villages (implantation, taille, matériaux, couleurs, plantations...) Partenaires : Communauté de communes, communes, Etat, ABF ACTION 1.2 : Agriculture, maintenir les espaces ouverts, éviter les bâtiments isolés Objectifs : . préserver les vues lointaines et les espaces ouverts en évitant le boisement des terres de labours . éviter l’implantation de bâtiments isolés, notamment dans les perspectives et accompagner les bâtiments agricoles existant de plantation afin d’atténuer leurs dimensions et la couleur de leurs matériaux Partenaires : Agriculteurs, Chambre d’agriculture, ABF, Conseil Régional (gestion de territoire) ACTION 1.3 : Protéger et gérer les boisements servant de masques Objectifs : . assurer une gestion pérenne en évitant les coupes à blanc Partenaires : Gestionnaires privés, ABF, Diren, Commission des sites ACTION 1.4 : Développement éolien et covisibilité 126 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Objectifs : . surveiller la covisibilité des projets de développement éolien avec les mémoriaux Partenaires : Communauté de communes, ABF, Commission des sites, Comité départemental éolien, Bureaux d’études, • ENJEU II : VALORISER L’ACCUEIL TOURISTIQUE ACTION 2.1 : Poursuivre la mise en valeur des mémoriaux Objectifs : . Favoriser une mise en valeur des trois mémoriaux respectueuse du site et des paysages : - valorier les abords en contrôlant la signalisation - préserver les points de vues en protégeant les structures végétales identifiant les mémoriaux - soigner les abords (clôtures...) et l’implantation des locaux d’entretien Partenaires : Gestionnaires des sites, DDE ou Conseil Général, Communauté de Communes du Pays du Coquelicot ACTION 2.1 : Poursuivre la mise en valeur du patrimoine lié à la guerre Objectifs : . Faire connaître et valoriser le patrimoine en créant et entretenant des circuits de découverte mettant en valeur le patrimoine lié à la guerre (destructions, vestiges, souvenir, reconstruction) . Identifier le patrimoine et constituer un fond documentaire de référence (texte et iconographie) . Mettre en place de circuits de découverte intégré au paysage (signalétique touristique et historique) Partenaires : Etat, Communautés de communes, CDT, Drac, Historial de la Grande Guerre, Conseil Régional de Picardie, Conseil Général de la Somme, Diren, ABF, historiens et associations locales ACTION 2.1 : Accompagner l’accueil touristique Objectifs : . Favoriser une mise en valeur respectueuse du site et des paysages : - Maintenir le contrôle des implantations touristiques et des panneaux publicitaires (hangar de Pozières, parasols publicitaires et terrasses de la tour d’Ulster...) - Favoriser l’implantation d’hébergement dans les bâtiments existant Partenaires : Gestionnaires des sites, ABF, CDT 127 VI. Incidences de la protection Prise en compte des activités et des usages PRINCIPAUX TEXTES LÉGISLATIFS ET RÈGLEMENTAIRES : Texte législatif de référence : . Code de l’environnement articles L.341-1 à L.341-22 La loi du 2 mai 1930 relative à la protection des monuments naturels et des sites a été intégrée aux articles L.341-1 à L.341-22 du code de l’environnement. Texte règlementaire d’application : . Code de l’environnement articles R.341-1 à R.341-31 Ces articles reprennent les dispositions qui étaient dispersées dans plusieurs décrets Circulaires : . Circulaire N° 88-101 du 19 déc. 1988 relative à la déconcentration de la délivrance de certaines autorisations requises par la loi du 2 mai 1930 dans les sites classés ou en instance de classement . Circulaire N°95-23 du 15 mars 1995 relative aux instruments de protection et de mise en valeur des paysages . Circulaire DNP/SP N°98-2 du 17 juillet 1998 relative à la composition des dossiers de classement de sites et des dossiers de demandes d’autorisation de travaux dans un site classé . Circulaire DNP/SP N°2000-1 du 30 octobre 2000 relative aux orientations pour la politique des sites 130 DREAL DE PICARDIE Atelier Traverses Incidence de la protection Prise en compte des activités et des usages LES EFFETS DE L’INSCRIPTION . Une servitude d'utilité publique afin de préserver les caractères du site L'inscription a pour objectif de conserver et de préserver un patrimoine. C'est une servitude d'utilité publique opposable aux tiers. Elle s'impose aux documents d'urbanisme. Ses effets suivent le site quel que soit le propriétaire. La modification de l'état ou de l'aspect des lieux et tous travaux sont soumis à déclaration. . Quelques interdictions Le camping et l'aménagement d'habitat léger de loisirs sont interdits sauf dérogations accordées par le préfet après avis de l'architecte des Bâtiments de France et éventuellement de la commission des sites. La publicité est interdite, sauf exception d'un règlement local de publicité soumis à l'avis de la commission des sites. . Une déclaration préalable de travaux A part l'entretien normal des constructions et l'exploitation courante des fonds ruraux, tous les autres travaux qui modifient l'aspect des lieux doivent être déclarés à l'administration 4 mois à l'avance. La déclaration est adressée au préfet du département qui recueille l'avis de l'architecte des Bâtiments de France sur le projet. Le permis de démolir est obligatoire en site inscrit et nécessite l'avis conforme de l'Architecte des Bâtiments de France (code de l’urbanisme art.R. 430-12). LES EFFETS DU CLASSEMENT . Une servitude d'utilité publique : Le classement est une servitude d'utilité publique opposable aux tiers. Il s'impose aux documents d'urbanisme. Ses effets suivent le site quel que soit le propriétaire. . La conservation des caractères du site Le classement a pour objectif de préserver un patrimoine. Il impose le maintien des caractères du site ayant justifié la protection. Les aménagements ne peuvent être acceptés que lorsqu'ils s'intègrent au site sans porter atteinte à ses qualités essentielles. . Quelques interdictions générales en sites classés La création de nouvelles lignes aériennes (électriques ou téléphoniques), sauf cas particuliers, l'affichage publicitaire quelle que soit sa forme, ou le camping et le stationnement des caravanes (sauf dérogation du ministre) sont interdits. . Travaux en site classé (Code de l'env., art. L.341-10 et R.341-10 à R.341-13) Le classement d'un site doit permettre notamment la poursuite des activités qui participent à l'identité du site et à sa conservation. Cependant toute modification de l'état ou de l'aspect d'un site classé nécessite une autorisation spéciale. L'autorisation est délivrée par le Préfet pour les travaux de faible importance (limitativement énumérés à l'article R.341-10) tels que : les travaux de ravalement, les clôtures, le mobilier urbain implanté sur le domaine public, les poteaux et candélabres de moins de 12 m de haut, les piscines non couvertes, les châssis et serres de moins de 2000 m2 et dont la hauteur est comprise entre 1,5 m et 4 m, les outillages nécessaires au fonctionnement des services publics, les ouvrages techniques nécessaires au maintien de la circulation ferroviaire ou routière. Tous les autres travaux sont soumis à autorisation du ministre. En aucun cas, un permis de construire en site classé ne peut être tacite. Aucun chantier, quelle qu'en soit sa nature, ne peut commencer avant l'autorisation de l'autorité compétente, à savoir, le préfet ou le ministre. Un avis favorable de la commission départementale des sites ne vaut pas autorisation de travaux. Enfin, l'autorisation spéciale au titre des sites ne remplace pas les autorisations nécessaires au titre d'autres réglementations (code de l'urbanisme...). . Pas d'autorisation nécessaire Les activités de loisirs (chasse, pêche, randonnée...) si elles ne donnent pas lieu à des aménagements particuliers, les travaux d'exploitation courante en ce qui concerne les fonds ruraux et ceux d'entretien en ce qui concerne les constructions ne sont pas soumis à autorisation. 131 . CONTACTS Préfecture de la région Picardie,préfecture de la Somme 51, rue de la République 80020 AMIENS CEDEX 9 [email protected] . Sous-Préfecture de Péronne, 25 avenue Ch. Boulanger BP 60049 80201 PERONNE Cedex [email protected] . Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement 56, rue Jules Barni 80 040 Amiens cedex Service Nature, Eau et Paysage http://www.picardie.developpement-durable.gouv.fr . Direction Départementale du Territoire et de la Mer Cité administrative, 1 boulevard du Port, BP 2612 80026 AMIENS CEDEX 1 www.somme.developpement-durable.gouv.fr Unité territoriale Santerre Haute-Somme 19, route de Paris - BP 53 - 80201 Péronne