PSYCHOLOGIE SOCIALE
INTRODUCTION ET GENERALITES
I. PLAN DU COURS ET BIBLIOGRAPHIE
Cette année, nous allons étudier plusieurs thèmes :
La méthode scientifique.
La notion de groupes, de coopération.
Les influences sociales.
Le leadership : influence d'un individu sur le groupe.
Le concept de soi.
L'amour, l'amitié et la solitude.
Les cognitions sociales.
Les émotions.
Le comportement d'aide.
Bibliographie :
"Psychologie sociale" (CERCLE et SOMAT), chez DUNOD.
"Les fondements de la psychologie sociale" (VALLERAND).
Pourquoi la psychologie sociale existe-t-elle ?
St Exupéry : "l'homme est un nœud de relations, les relations sont au centre de notre vie."
II. DEFINITIONS
1- Allport (le père de la psychologie sociale).
"La psychologie sociale consiste à essayer de comprendre et d'expliquer comment les pensées,
sentiments et comportements des individus sont influencés par la présence imaginaire,
implicite ou explicite des autres."
3 éléments importants de cette définition sont à retenir :
On identifie clairement l'individu comme une unité d'analyse (sans trop se préoccuper des
groupes et des collectivités) : c'est une approche phénoménologique (perception propre de
la réalité).
Un comportement social doit être défini dans son sens élargi (pas seulement ce qui est
observé). Il faut aussi prendre en compte les pensées, les sentiments, les émotions, …
La définition établit explicitement que la présence physique des autres n'est pas
essentielles (influence des parents, même quand ils sont absents.
2- Baron et Byrne.
"La psychologie sociale est le domaine d'études scientifiques qui analysent la façon par
laquelle le comportement, les sentiments ou les pensées d'un individu sont influencées ou
déterminées par le comportement ou les caractéristiques des autres."
2 éléments nouveaux viennent s'ajouter :
On peut être influenpar les caractéristiques des autres : les caractéristiques visibles
(ethnie, sexe) ou le caractère (généreux, égoïste, …).
C'est une discipline scientifique.
3- Eléments omis.
Ces définitions omettent deux aspects importants :
Certains stimuli sociaux (qui ne sont pas des personnes) influencent : certains objets
peuvent rappeler certaines personnes ou événements, des conditions climatiques
particulières peuvent changer le caractère, …
Les caractéristiques personnelles de l'individu vont influencer la façon dont ils vont réagir
aux autres. Exemple :
- Les traits de personnalités peuvent influencer des comportements
(racisme).
- La motivation extrinsèque : le but est la médaille, gagner.
- La motivation extrinsèque : le but est avant tout de se faire plaisir, de
participer, de jouer.
4- Définition globale de la psychologie sociale.
La psychologie est le domaine d'études scientifiques qui analysent la façon par laquelle nos
pensées, sentiments et comportements sont influencés par la présence imaginaire, implicite ou
explicite des autres, par leurs caractéristiques et par les divers stimuli sociaux qui nous
entourent, et qui de plus examinent comment nos propres composants psychologiques
personnels influent sur notre comportement social.
Vallerand (1994), adapté Allport (1968), Baron et Byrne (1981).
Exemple de sujet : analyser les différents points soulignés par cette définition .
III. LES CARACTERISTIQUES DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE.
1- Scientifique
C'est l'étude de phénomènes que l'individu peut étudier par lui-même tous les jours.
Schéma pour information :
Caractéristiques de la méthode scientifique :
Rationnelle et logique.
Vérifiable (empiriquement).
Falsifiable (peut être infirmée).
Provisoire (peut être remplacée ou remaniée).
Rigoureusement éprouvée (empiriquement).
Applicable.
2- Emphase sur les déterminants sociaux du comportement (les causes).
Le but est de prédire le comportement, d'appliquer des théories.
3- Le cadre intégratif modéré.
Explication intégrative Exemple : un club subit des contre-
(macroscopique) performances, après avoir été mythique.
Théologie
Dieu nous a abandonné
Sciences politiques
Sociologie
C'est du à la pression médiatique, au fait que
le club était mythique.
Psychologie sociale
Il y a des conflits interpersonnels entre les
joueurs, ou entre les joueurs et l'entraîneur.
Psychologie
Les joueurs profitent-ils des entraînements ?
Biologie
Y a-t-il des blessés ?
Chimie
C'est du à une mauvaise alimentation.
Explication réductionniste
Observation systématique
( enseignement, pratique, littérature scientifique, …)
Raisonnement déductif
Formulation d'hypothèse
Planning méthodologique
(devis, mesures, participants, …)
Conduite de l'étude, en
laboratoire ou sur le terrain
Analyse des données
Quantitative et/ou qualitative
Diffusion des résultats
Raisonnement
inductif
THEORIE
Réduction de l'unité d'analyse
(isolement de l'unité)
(microscopique)
4- Le cadre d'analyse varié (plusieurs niveaux).
Le processus intrapsychique (la dissonance cognitive, la motivation, …).
Le processus interpersonnel (l'amour, la solitude, la coopération, …).
Interactions entre l'individu et le groupe (conformité, facilitation sociale, …).
Relations intergroupes (compétition, coopération, …).
Comparaison entre psychologie sociale et sociologie :
Psychologie sociale
Sociologie
Unités
d'analyse
L'individu : agent causal, sujet même de
l'action, principal acteur de sa réalité.
Les institutions sociales :
structures, fonctionnement,
oppositions.
Bases de
l'explication
Processus intra et interpersonnels qui rendent
compte de la réalité phénoménologique de
l'individu (motivation, …).
Mouvements institutionnels
(organisationnels). Exemple :
évolution des mœurs.
Méthodes
Prédicative : expérimentale (laboratoire) et
corrélationnelle (questionnaire en "milieu
naturel").
Descriptive : principalement
corrélationnelle (uniquement par
questionnaire).
LE GROUPE SOCIAL
Les individus le composant partagent un but commun, un même objectif. Exemple : les
passagers d'un avion ne composent pas un groupe social, par contre, si cet avion est détourné,
alors les passagers auront un but commun (la survie, s'en sortir, …). Des liens vont se faire,
plus intimes. On aura également l'apparition d'un leadership.
Il y a des phénomènes qui ne se déroulent que dans des groupes ("proprement groupaux"). La
perception du groupe est importante, mais pas en elle-même : juste pour chacun des individus.
IV. DEFINITION
"Le groupe est une collection restreinte d'individus en situation de face à face qui interagissent
(régulièrement) pour réaliser une tâche ou s'adonner à des activités qui visent la satisfaction
de buts et de besoins communs." (adapté de HOGG, 1987).
Points importants de la définition :
- Collection "restreinte".
- "interaction entre les individus".
- Le partage de buts et d'objectifs : obligatoire à la construction d'un groupe.
V. CARACTERISTIQUES D'UN GROUPE SOCIAL COHESIF.
Interactions sociales directes (et régulières).
Existence de structures (rôles, normes, statuts) qui stabilisent les interactions.
Cela conduit au partage des intérêts, des apports que chacun amène.
Sentiment d'identité groupale (le "nous" oppose au "eux").
Partage d'objectifs et d'un sort commun.
Interdépendance entre les membres (complémentarité des apports individuels).
Existence de processus (leadership, influences mutuelles, coordination) qui dynamisent les
changements.
VI. STRUCTURE D'UN GROUPE SOCIAL.
Cette structure permet la stabilisation et assure la pérennité d'un groupe : en dépit d'arrivée ou
de départs, le groupe va perdurer.
Le Rôle : c'est un ensemble de comportements attendus et jugés appropriés pour un
individu occupant une certaine position dans un groupe. C'est la contribution de chacun
des membres d'un groupe, en mesure des compétences. Les autres membres du groupe ont
certaines attentes. Chacun a un rôle différent, celui du leader étant plus important.
Les normes : ce sont les règles habituellement explicites qui suggèrent aux du groupe les
comportements appropriés ou inappropriés dans diverses situations. Exemples :
productivité d'un joueur ou d'une équipe, face à la compétitivi(norme explicite) ; durant
les play-off, les joueurs de hockey ne se rasent pas (norme implicite).
Le statut : ce sont les différences relativement stables de prestige, de domination ou de
maîtrise entre les membres d'un groupe. C'est une variable modératrice des deux autres
structures : le rôle et la norme va dépendre du statut de l'individu. le statut le plus haut est
détenu par le leader. Les gens de faible statut doivent obligatoirement se fonder aux
normes du groupe. Exemples : un défenseur "nouveau" qui se porte à l'attaque sera rejeté ;
Wayne Gretzky (meilleur hockeyeur de tous les temps) pourra se raser pendant les play-
off, sans qu'on lui en tienne rigueur, mais ne pourra pas déroger à des normes plus
importantes (agresser un arbitre, …).
VII. LES DIFFERENTS TYPES DE GROUPE.
Restreint
Groupe restreint (voir la définition)
Catégorie sociale
Tranche beaucoup plus large.
Formel
Groupe spécifiquement constitué dans le but
d'atteindre un objectif précis
Informel
Groupe qui se développe lui-même,
décision venant d'eux-mêmes
Primaire
Interaction régulière (cercle d'amis proches)
Secondaire
Contacts sporadiques, occasionnels
Appartenance
Groupe auquel on appartient (pas forcément
choisi : la famille)
Référence
Le groupe choisi est le groupe de
référence. On peut ne pas y appartenir.
Exemple.
Une étude (1947) a été faite sur un groupe de jeunes filles, alors dans leur famille : 60%
avaient des valeurs conservatrices (pas de sexe avant le mariage). Les mêmes jeunes filles,
après leur première année à l'université (internat) : un petit peu plus de 60% avaient encore
des valeurs conservatrices.
Mais, après la deuxième année, il n'en restait que 45% , et seulement 20% en 3ème et 4ème
année. On a donc une diminution des valeurs de droite, et une adoption de valeurs plus
libérales. Ceci a été permis grâce à un changement de group d'appartenance et de référence.
Sujets potentiels :
La psychologie sociale analyse les aspects sociaux des phénomènes sportifs en adoptant
un "cadre intégratif modéré". Commentez cette affirmation en opposant la psychologie
sociale à des disciplines qui utilisent des cadres d'analyse différents.
Expliquez quels sont les aspects d'un groupe social "cohésif" (en illustrant vos propos
d'exemples reliés au domaine du sport).
LE LEADERSHIP
Sujet potentiel :
Selon FIEDLER (1963), pourquoi est-il plus approprié d'avoir un style de leadership
d'initiation de structure lorsqu'une situation est nettement désavantageuse pour le leader ?
Le leadership est primordial.
VIII. APPROCHES THEORIQUES RELATIVES A LA CONSTITUTION DE GROUPES.
5- Fonctionnaliste
" Je me joins aux gens qui me sont utiles", c'est un besoin.
Exemple de la théorie de la comparaison sociale : l'attente (selon SCHACHTER, en 1959).
On propose à des étudiants de participer à une expérience de psychologie. Lorsque leur tour
arrive, on leur demande d'attendre, car le précédent n'a pas encore terminé. Dans un premier
cas, l'accueil est chaleureux, et tout à fait "normal", alors que dans la seconde situation,
l'étudiant est accueilli dans une sorte de laboratoire, par une personne vêtue d'une blouse, ….
Le premier cas est porteur d'une faible anxiété, alors que le second est porteur d'une forte
anxiété. On propose, dans chaque cas, d'attendre seul, ou en groupe :
Attendre seul
Attendre en groupe
Faible anxiété
67%
33%
Forte anxiété
37%
63%
Les étudiants avaient, dans le second cas, plus besoin de réduire leur anxiété, en se confiant
ou en se mesurant à d'autres : le but est de diminuer l'anxiété.
On propose ensuite aux étudiants qui ont choisi de patienter en groupe d'attendre avec des
personnes qui participent à la même expérience, puis, dans un autre cas, d'attendre avec des
personnes qui participent à une autre expérience :
Attendre avec des personnes de la même expérience
60%
Attendre avec des personnes d'une autre expérience
0%
Il est donc seulement pertinent de se comparer avec ceux qui participent à la même
expérience, pour réduire son anxiété.
6- Cohésion sociale
"Je me joins aux gens que j'aime".
on réalise une expérience dans laquelle des petits groupes de personnes sont faits. Dans
chaque cas, il y a un complice, qui aura différentes attitudes, selon les groupes : non fumeur,
fumeur courtois et fumeur discourtois.
Un complice est quelqu'un qui est entraîné, pour se conduire de telle ou telle manière, mais les
participants ne sont pas au courant que c'est un complice. On mesure ensuite dans chaque cas
l'attirance qu'ont les autres membres du groupe envers le complice :
On remarque qu'on peut facilement s'identifier à une affirmation franche (ici, le fumeur
discourtois).
12
14
16
18
20
Non fumeur
Fumeur courtois
Fumeur discourtois
Attraction envers le
complice
Comportement du complice
1 / 23 100%