the first line therapy. Mepolizumab, an anti IL-5 monoclonal antibody, currently in
course of evaluation, is promising, but have only a suspensive action. Despite these
recent findings, about 50 % of HES remain unexplained.
Key words: eosinophilia, hypereosinophilic syndrome
Les polynucléaires éosinophiles (PNE) sont des
cellules possédant un noyau bilobé et caractéri-
sées par des granules spécifiques ayant une
grande affinité tinctoriale pour les colorants aci-
des tels que l’éosine, lui conférant un aspect
rouge orangé caractéristique. Leur rôle physiologique et en
pathologie humaine a été longtemps sous-estimé. Nous
détaillerons au cours de cette revue les aspects physiologi-
ques récents concernant les éosinophiles, les principaux
diagnostics à évoquer devant une hyperéosinophilie (HE).
Lorsqu’aucune étiologie n’est retrouvée, le diagnostic de
syndrome hyperéosinophilique (SHE) est évoqué. Ce syn-
drome hétérogène regroupe des variants qui ont en commun
l’existence de lésions tissulaires induites par les PNE mais qui
se caractérisent par des bases moléculaires spécifiques :
gène de fusion FIP1L1-PDGFR a(aboutissant à une activation
constitutive du récepteur tyrosine kinase PDGFRa) pour le
variant « myéloïde » (que certains auteurs anglo-saxons ainsi
que l’Organisation Mondiale de la Santé ont reclassé comme
« leucémie chronique à éosinophiles »), excès de production
d’IL-5 dans le variant lymphoïde. Une meilleure compréhen-
sion de la base moléculaire de ces variants a permis le
développement de thérapeutiques innovantes, comme les
inhibiteurs de tyrosines kinases (imatinib), ou le mepolizumab
(anticorps anti-IL-5).
Physiopathologie
Pendant des décennies, le PNE a été seulement considéré
comme un marqueur biologique d’infections parasitaires ou
d’atopie. De nombreux travaux ont totalement remis en cause
le rôle de cette cellule, confirmant celui joué dans la réponse
inflammatoire, mais lui conférant en plus une action immuno-
régulatrice importante ainsi qu’un rôle effecteur cytotoxique.
Le PNE est issu de la moelle osseuse à pâtir de cellules
souches hématopoïétiques. Il partage un précurseur commun
avec les basophiles. Trois cytokines apparaissent essentielles
pour la production de PNE matures : l’interleukine-5 (IL-5),
principale cytokine de l’éosinophilopoïèse [1], l’IL-3 et le
GM-CSF [2]. L’IL-5 (cytokine Th2) favorise la production, la
différentiation et le relargage sanguin des PNE. La souris
invalidée pour le gène de l’IL-5 est incapable de produire des
PNE suite à une sensibilisation allergénique [3], alors qu’une
surexpression de ce gène conduit à une HE majeure [4].
Chez l’homme, des essais thérapeutiques avec le mepolizu-
mab (anticorps monoclonal anti-IL-5) ont montré une réduc-
tion majeure de l’HE sanguine mais aussi médullaire et
tissulaire [5]. Une hypersécrétion d’IL-5 (réponse lymphocy-
taire Th2) est impliquée dans les HE observée au cours des
infections parasitaires, de l’atopie, et des variants lymphoï-
des de SHE.
Le PNE est habituellement rapidement attiré vers les tissus
cibles sous l’influence de facteurs chimiotactiques spécifiques
(éotaxines) ou non spécifiques (leucotriènes, C5a, C3a,
cytokines). Les éotaxines (éotaxine ou CCL11, éotaxine 2 ou
CCL 24 et éotaxine 3 ou CCL 26) sont les chimiokines les plus
spécifiques du PNE, et sont principalement sécrétées par les
cellules résidentes des épithéliums en réponse à un signal de
danger. Le récepteur des éotaxines à la surface du PNE est
CCR3 (aussi impliqué dans la liaison au VIH), et plusieurs
antagonistes de CCR3 sont en cours de développement dans
l’allergie et l’asthme [6]. L’IL-5 intervient aussi à cette étape en
renforçant l’action chimiotactique de CCL11, en augmentant
l’expression de molécules d’adhésion et en favorisant le
relargage de médiateurs inflammatoires par le PNE.
L’adhésion à l’endothélium puis la migration tissulaire, sous
l’influence du gradient de chimiokines, font intervenir succes-
sivement différentes molécules d’adhésion : le phénomène de
rolling (ralentissement des PNE dans la circulation permettant
leur adhésion puis la diapédèse) est dépendant des
P-sélectines, puis l’adhésion elle-même liée à l’interaction
entre des intégrines à la surface du PNE et les récepteurs
endothéliaux (ICAM-1 et VCAM-1). L’expression d’un certain
type d’intégrine pourrait déterminer le tissu cible du PNE
(intégrine a4b7 et migration vers les tissus digestifs).
Enfin, la survie au niveau tissulaire des PNE (par diminution
de l’apoptose) est favorisée par l’IL-5. Le PNE pourra alors,
sous l’influence des différents activateurs, exercer son rôle de
cellule inflammatoire (figure 1) : sécrétion de facteurs pou-
vant augmenter de façon autocrine sa propre activité
(CCL11, IL-5, GM-CSF, TNFa), de médiateurs lipidiques, de
cytokines et de chimiokines (CCL11, RANTES ou CCL5), de
radicaux oxygénés, d’enzymes et de protéines cationiques,
contenues dans les granules cytoplasmiques du PNE : major
basic protein (MBP), eosinophil peroxydase (EPO), eosino-
phil cationic protein (ECP), eosinophil derivated neurotoxine
(EDN). Ces dernières exercent ont une action cytotoxique
bénéfique notamment antiparasitaire, mais peuvent aussi
entraîner des dommages tissulaires : toxicité cardiaque, neu-
rologique et bronchique de la MBP, de l’EPO et de l’ECP,
activité anti-virale de l’EDN et de l’ECP, bronchospasme lié à
la MBP [7, 8].
En plus de ses propriétés inflammatoires, le PNE possède un
rôle important de cellule immunorégulatrice : par l’intermé-
diaire de cytokines et chimiokines sécrétées, le PNE est
Hématologie, vol. 12, n° 3, mai-juin 2006
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