SOMMAIREÉDITORIAL
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TDC NO 1037
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ADOLESCENCES ROMANESQUES
Si, comme l’affirme La Rochefoucauld
dans sa célèbre maxime 136,
« il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient entendu parler
de l’amour », combien auraient été (ou seraient) adolescents s’ils n’avaient entendu
parler de l’adolescence ? La question peut surprendre tant nous avons intégré
comme une évidence cette « problématique » qui remplit les cabinets de psys,
nourrit les magazines, inspire l’édition et… occupe quelques-uns de nos repas de
famille. Rien de moins éternel pourtant, et nul besoin de remonter à la préhistoire :
nos grands-parents en ignoraient à peu près tout…
Bien sûr, le conflit de générations
est vieux comme le théâtre, et Plaute
et Térence, bien avant Molière, y ont puisé la matière de maintes intrigues.
Mais c’étaient les barbons de comédie qui, rompant l’ordre « naturel » des choses,
barraient le passage à l’âge adulte à leur progéniture pourtant fort respectueuse.
Cléante n’est pas James Dean... Sur ce point comme sur tant d’autres, c’est avec
le romantisme (et ses prémices rousseauistes) que tout change, et que se forge
la figure de l’adolescent « moderne » − autant dire de l’adolescent tout court :
rebelle et souffrant, exalté et mélancolique, à la fois projeté dans l’avenir comme
rêve d’idéal et le refusant comme réalité triviale. Tendu. Déchiré. Bref, « en crise »…
La suite est bien connue :
Freud, le complexe d’Œdipe et le « roman familial » ;
les années 1960, le rock’n roll et la ruée des baby-boomers sur le marché… Mais
l’essentiel avait déjà été mis en place, disons entre Musset et Rimbaud. Autrement
dit, avant d’être un phénomène physique, psychique et social, il se pourrait bien que
l’adolescence ait été un mythe littéraire. D’où notre titre volontairement ambigu :
l’adolescence romanesque, c’est-à-dire l’adolescence à l’œuvre dans le roman,
mais aussi l’adolescence vécue comme roman – les deux se nourrissant bien sûr
réciproquement. Bon, j’entends d’ici la voix de ma fille : « Mythe littéraire, mythe
littéraire, est-ce que j’ai une gueule de mythe littéraire ? »…
© DR
> GUY BELZANE,
RÉDACTEUR EN CHEF
C’est (trop) la crise !
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Dépôt légal juin 2012
UNE
Charles de Steuben, Liseuse,
1829. Huile sur toile, 61 x 50 cm.
Nantes, musée des Beaux-Arts.
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ONT COLLABORÉ À CE DOSSIER
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Marie-Hélène Boblet,
Denise Buot de Lépine,
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Josée Lartet-Geffard,
Anaïs Jolly,
Philippe Leclercq,
Anne-Laure Milcent