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ans le cadre de notre année de spécialisation,
nous sommes parties en France, à Paris, afin
de découvrir différentes institutions de soins
en canrologie, à savoir l’Institut Gustave Roussy, la
maison médicale Jeanne Garnier et l’Institut Curie. Nous
avons également eu l’opportunité d’assister au congrès
de l’Association française des infirmier(e)s en cancéro-
logie (AFIC) qui a eu lieu le 23 mars 2013.
Nous avons été accueillies chaleureusement par
chaque institution. Nos rencontres avec divers profes-
sionnels de la sanont été très enrichissantes et nous
ont permis de découvrir ce qui est mis en place en
France.
Au travers de nos rencontres diverses et variées, nous
avons constaté que l’oncologie est une priorité de santé
publique en France. En effet, en 2000, « la lutte contre
le cancer est reconnue priorité internationale ». Deux
ans plus tard, la lutte contre le cancer devient une prio-
rité nationale cette fois-ci. La même année, le plan can-
cer est lancé. Suite à la publication de l’arrê(Art. 33-
L1415-2 du 9 août 2004 relative à la politique de santé
publique), l’Institut national du Cancer (INCa) fut créé.
En 2007, le premier plan cancer s’est terminé. Un nou-
vel élan plan cancer a débuté en 2009 et prendra fin dans
le courant de cette année.
Nous avons décidé de vous faire partager, à travers
cet article, ce qui a attiré notre attention lors de ces ren-
contres.
D
Compte rendu de stage
Loncologie,
de lautre côté
de la frontière
Voyage d’études d’étudiantes en 4eannée de spécialisation
en Oncologie, à Bruxelles
Laurène Mélot, Pauline Pignard et Julie Van Pagé1
Anne-Pascale Lejeune, Anne Marcovitch et Geneviève Rigaux2
1Etudiantes de 4e année, spécialisation en Oncologie ;
2Maîtres assistants, Département paramédical, Soins infirmiers
coordination spécialisation en Oncologie, Campus Erasme
Route de Lennik Bâtiment P 808- 1070 Bruxelles, Belgique
www.helb-prigogine.be
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Institut Gustave Roussy1
L’institut Gustave Roussy est le premier centre de
cancérologie en Europe. Ses missions sont de soigner
les patients atteints de maladies cancéreuses, de diffu-
ser des connaissances dans les communautés médicales
et scientifiques françaises et internationales, et de mettre
au point des thérapies nouvelles. Ce centre prend en
charge adultes comme enfants, atteints de cancers rares
ou fréquents, à tous les stades de la maladie. Ce centre
regroupe soins, recherche et enseignement, ce qui fait
de lui un centre de renommée internationale.
Dans le hall de l’institut, un espace de rencontres et
d’information (ERI) est mis à disposition des patients et
de leurs proches. Ils y trouvent toute la documentation
nécessaire concernant leur maladie. Une personne s’y
trouve en permanence afin d’aider le patient dans ses
recherches et lui apporter un moment d’écoute et
d’échange.
Notre visite a commencé par le plateau de consulta-
tions, aile qui a été ajoutée à l’institut depuis 2005, il est
excent des unités d’hospitalisation. Ce plateau est orga-
nisé autour d’un jardin intérieur avec son puits de
lumière, donnant une ambiance calme et relaxante. Il
est structuré en plusieurs espaces dédiés aux différents
types de cancer.
Le centre de prélèvement est à l’entrée de ce plateau
et permet aux patients dêtre dirigés ensuite vers les
autres locaux.
Un sysme de traçabili informatique du patient
via le port d’un « bipeur » est développé et nous trou-
vons cela remarquable : à tout moment, il est possible
de savoir en est le patient dans ses rendez-vous et
ce, dès l’enregistrement à l’accueil. Toute attente inutile
est ainsi évitée et permet aux patients de circuler libre-
ment dans l’hôpital.
Au sein du plateau de consultations, une consulta-
tion infirmière est organisée après lannonce du dia-
gnostic. Cela permet de reprendre ce que le patient a
retenu et de réexpliquer ce qui n’a pas été intégré (par
exemple, tout ce qui est prise de rendez-vous, soins,
organisation du traitement, etc.) et en me temps c’est
un moment découte pour le patient et sa famille.
Lorsque le patient quitte le plateau de consultations, il
ne sera pas systématiquement revu par cette infirmière.
Durant notre visite, nous n’avons pas rencontd’in-
firmres ayant une fonction équivalente à celle de l’ICSO
(Infirmière de Coordination en Soins Oncologiques) qui
existe en Belgique.
Nous avons également partagé l’exrience d’une
autre infirmière ayant mis en place une consultation ;
stomato-trapeute, elle reçoit des patients porteurs
d’une colostomie ou de stomies urologiques. Son
approche singulière et investie a retenu toute notre atten-
tion.
Au sein de l’institut, il y a un service consacré exclu-
sivement à la recherche de phase I appelé le Service des
innovations thérapeutiques précoces (SITEP). Il offre
l’opportunité aux patients d’accéder à des traitements
innovants issus de la recherche fondamentale. Il est com-
1Institut Gustave Roussy
114, rue Edouard Vaillant, 94805 Villejuif
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posé d’un service d’hospitalisation (10 lits) et d’un pi-
tal de jour spécifique. L’équipe comprend plusieurs
experts de différentes disciplines propres au SITEP. Le
service a élabellisé par l’Institut national du Cancer
en tant que Centre de phase précoce en octobre 2010.
La spécifici de cette unité side dans le fait que les
patients bénéficient dune équipe spécifique et par
conséquent, les protocoles exigés par l’étude peuvent
être appliqués « à la lettre ». La mise en place d’un tel ser-
vice permet un accompagnement de qualité et de proxi-
miauprès de ces patients pour qui c’est souvent la der-
nière possibilité de traitement.
Nous avons terminé notre joure par la visite du
partement de la pharmacie clinique. Elle est struc-
turée en cinq unis fonctionnelles : approvisionne-
ment-gestion, traçabilité et dispositifs médicaux et pôle
de traitement des endoscopes, préparation des chimio-
thérapies, essais cliniques et rétrocession, service inter-
départemental de Pharmacologie et d’Analyse du médi-
cament. Vu le nombre important de chimiothérapies
administrées par jour (environ 300 chimiothérapies par
jour, 75 000 par an), un dispositif de contrôle est mis en
place afin dêtre le plus rapide possible dans la pro-
duction tout en ayant une sécurité maximale, organisée
tout au long de la chaîne de production. Les prépara-
tions sont réalisées sous bulle à flux d’air inspirant ver-
tical. Il y a une traçabilité du produit tout au long de sa
production, ce qui permet aux infirmières de savoir
quand les chimiothérapies sont prêtes.
Ce « voyage » au sein de l’IGR fut une joure pas-
sionnante qui a dontout son sens à ce jour d’étude :
le partage de pratiques soignantes était au cœur de nos
échanges. Nous remercions Pascale Dielenseger pour
sa disponibili et son enthousiasme ainsi qu’Isabelle
Verplaetse pour la coordination de cette journée.
Maison médicale
Jeanne Garnier2
La maison dicale Jeanne Garnier est un établis-
sement de soins palliatifs, non intégré à une institution
hospitalre. Elle vise à améliorer la qualité de vie du
malade par le soulagement de ses symptômes, par son
accompagnement psychologique et par l’apport du sou-
tien nécessaire aux proches.
C’est une maison privée qui accueille des patients
âgés de plus de 20 ans. Depuis 1977, elle participe au
service public hospitalier. Elle a été créée par une béné-
vole qui, après avoir perdu son époux et son enfant, a
désiré s’occuper des personnes en fin de vie. La struc-
ture actuelle a éconstruite entre 1994 et 1996. Un étage
est rénové chaque année, ce qui permet doffrir de
grands espaces lumineux et chaleureux, permettant éga-
lement le déplacement des patients en lit dans tout l’éta-
blissement, y compris au jardin et à la chapelle. Elle est
tie sur 3 niveaux, offrant 81 chambres spacieuses avec
vue sur le jardin. Au cœur de chaque étage, se trouve
une unité centrale de soins, qui permet aux soignants
d’être à proximité des chambres réparties en U tout
autour de l’unité. Chaque étage donne laccès à un
espace pour les patients et leur famille, avec une petite
cuisine, offrant un lieu convivial et chaleureux.
Une chambre est mise à disposition des familles
leur permettant d’être accueillies en permanence (7 j/7,
24 h/24). Un espace d’accueil et de recueillement près
du funérarium, permet aux familles touchées par le deuil
de trouver présence, ou solitude, amitié et réconfort. La
durée de séjour des patients au sein de la maison médi-
cale est au maximum de 3 semaines avec une médiane
de 13 jours.
Au sein de la maison, il existe divers espaces de ren-
contres, dont une salle de loisirs avec bibliothèque, un
atelier d’art-thérapie et le jardin. Nous avons eu l’occa-
sion de visiter l’atelier d’art-thérapie qui accueille tous
les patients le désirant, ainsi que les enfants en visite
mais également le personnel soignant de la maison le
2Maison Jeanne Garnier
106, Avenue Emile Zola, 75015 Paris
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souhaitant. Cela permet à chacun de sexprimer de
manière libre à travers le dessin, la peinture, la terre
glaise.
Cette approche prend en compte la souffrance totale
du patient en favorisant l’expression de sa spiritualité à
savoir : laisser une trace de son existence, donner un
sens à sa vie. Pour les patients, c’est un moment de par-
tage, de bien-être.
Ce qui a particulièrement attiré notre attention, c’est
l’importance accore au rituel de la mort par la pré-
sence d’un funérarium au sein même de la maison médi-
cale. La structure permet à chaque famille de se recueillir
auprès du défunt dans une pièce conçue pour ce
moment- : musique douce, chaises en suffisance, cadre
calme et reposant. Des textes sont mis à la disposition
des familles des défunts pour celles qui souhaitent en
lire un en guise de dernier adieu. Un livre ouvert est éga-
lement mis à disposition des familles afin qu’elles puis-
sent laisser un dernier mot pour marquer le passage du
funt dans la maison ou bien tout simplement pour
remercier l’ensemble de l’équipe.
Enfin, nous avons été intéressées par la présence
d’ateliers organisés et destinés uniquement aux familles.
Durant ces ateliers, différents thèmes sont abordés
comme l’alimentation et l’hydratation en fin de vie, la
prise en charge pluridisciplinaire de la douleur. Ces
séances durent environ 1 h et permettent aux familles
d’avoir un lieu d’échanges supplémentaire avec les pro-
fessionnels de la santé de la maison.
La visite de l’établissement avec une bénévole et la
rencontre qui a suivi, avec la directrice des soins, A-M.
Trébulle, appuient les concepts chers à la philosophie
palliative : le respect dans l’accompagnement singulier
d’un patient (et de ses proches) vers la fin de sa vie.
Institut Curie3
L’institut Curie fait partie d’un ensemble hospitalier
de pointe en cancérologie. C’est un des centres de réfé-
rence pour les cancers et tout particulièrement les can-
cers du sein, les tumeurs ophtalmiques et les cancers
pédiatriques. C’est un des centres de recherche euro-
péens en cancérologie. Il est réparti sur 3 sites hospita-
liers et compte 190 lits sur Paris.
Tout comme à l’institut Gustave Roussy, une consul-
tation infirmière est organisée après l’annonce du dia-
gnostic. Il existe également au niveau de cet institut une
consultation dite mixte lorsque le patient est amené à
faire de la radiothérapie. Cette consultation est réalisée
par une infirmière et une manipulatrice en radiothéra-
pie, ce qui permet d’allier technicité et humanité. Lors
de cette consultation, ces dernières expliquent les moda-
lités de traitement, la prise en charge en hospitalisation
et le suivi du patient après le traitement. La manipula-
trice en radiothérapie s’occupe d’informer le patient sur
tout ce qui est pratique tandis que l’infirmière se charge
de ce qui est du domaine relationnel. Elles s’adaptent
en fonction des besoins à la fois physiques et psycho-
logiques du patient.
Au cours d’une rencontre avec une infirmière de l’hô-
pital de jour, nous avons constaté que les malades s’in-
ressaient beaucoup aux chimiothérapies orales. La pro-
blématique de départ est la compliance des patients
recevant de la chimiothérapie orale à domicile. L’insti-
tut a d’ailleurs velop une consultation infirmière
basée sur l’éducation thérapeutique du patient afin d’op-
3Institut Curie
26, rue d’ULM, 75005 Paris
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timiser la compliance au traitement. Cette consultation
s’est développée à la suite des demandes exprimées par
les patients.
L’institut a également créé une consultation de suivi
appelée consultation d’entrée en surveillance, destinée
aux patients en rémission. Cette consultation est orga-
nisée pendant 5 ans après tout traitement. Cela permet
de diminuer le sentiment d’abandon ressenti chez cer-
tains patients.
Enfin, il existe une coordinatrice adolescents-jeunes
adultes (AJA) pour les patients âgés de 15 à 25 ans, dont
les missions sont : assurer la coordination, œuvrer pour
une meilleure adhésion et compliance au traitement,
détecter les complications psycho-sociales pendant et
après le traitement, être vigilante par rapport à l’inser-
tion et la insertion après le traitement, accompagner
le jeune patient même lorsqu’il est hospitalisé ailleurs,
garder un lien avec la scolarité, avoir le souci du projet
de vie de l’enfant et de l’adolescent, aider à comprendre
et à signer un protocole et faire le bilan de l’après trai-
tement. Un numéro de GSM (Global System for Mobile
Communications) est mis à la disposition des jeunes
afin qu’ils puissent communiquer ou poser leurs ques-
tions plus aisément à la coordinatrice via des messages.
Ici aussi nous avons rencontré des infirmres enthou-
siastes, dynamiques et soucieuses de répondre aux
besoins de patients confrontés à une problématique spé-
cifique en lien avec leur maladie ou leur traitement. Ces
projets se sont conctis grâce à l’octroi de certains
financements dans le cadre du Plan cancer 2009-2012.
Puisse le prochain Plan cancer prévu en 2014, pérenni-
ser et renforcer ces avancées.
Nous remercions Lydie Wintz et Sylvie Carrainsi
que leurs collaboratrices pour l’intérêt du programme
de notre rencontre.
Congrès Afic :
Rencontres infirmières
en Oncologie
L’Afic est l’Association française des infirmier(e)s de
cancérologie qui organise chaque année un congrès
avec divers thèmes en lien avec le « prendre soin » en
cancérologie dans ses différentes dimensions.
Ce congrès permet aux professionnels de la santé en
oncologie, provenant de toute la France, de se rencon-
trer et partager leurs expériences et leurs connaissances.
Il nous est impossible ici d’envisager tous les thèmes
abordés lors de ce congrès particulièrement intéressant
et dense. Cependant nous souhaitons apporter au tra-
vers de l’exposé de C. Debout4« LMD et évolution pro-
fessionnelle », quelques informations à propos de l’évo-
lution de la formation des infirmier(e)s en France. Un
arrêté du 31 juillet 2009 a débouché sur une forme de
la formation infirmière initiale du diplôme d’État, dès
septembre 2009. Elle conduit la formation infirmière à
quitter l’autoriexclusive du ministère de la Santé pour
se rapprocher de l’enseignement supérieur, ce qui la
conduit à s’inscrire dans l’architecture européenne des
études supérieures.
Quelles sont les grandes lignes ?
Le nombre d’étudiants admis en formation demeure
soumis aux quotas nationaux.
La reconfiguration de la formation est envisagée sur
un format universitaire, sans être de niveau universitaire
pour autant.
L’élaboration d’un référentiel de compétences infir-
mières qui comporte 10 compétences : cinq ont trait au
cœur du métier infirmier, les autres sont appelées trans-
verses car elles sont partagées avec d’autres profes-
sionnels.
La formation théorique et les stages cliniques s’équi-
librent : 2 100 h de formation théorique avec des cours
magistraux (750 heures), des travaux dirigés (1 050 h),
travail personnel guidé (300 heures), 2 100 h de stages
et 900 heures de travail personnel de l’étudiant.
4Debout C., IADE cadre de santé, PhD, directeur par intérim, ensei-
gnant chercheur, École des hautes études en santé publique (EHESP),
Paris.
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