WOLFF ET
AL—
CULTURES D'ORGANES EMBRYONNAIRES 57
définie, en l'espèce des mélanges d'acides aminés. Ainsi l'on remplacerait un
milieu naturel par un milieu synthétique. Nous avons d'abord remarqué que le
substratum de base permet une survie notable des organes qui sont expiantes sur
lui — à condition que l'on maintienne la teneur en glucose du milieu (cf. Spratt,
1949).
Il s'agissait donc d'améliorer les conditions de survie que l'on obtient sur
ce milieu et de stimuler en outre la croissance et la différenciation.
Nous avons tenté l'expérience sur trois catégories d'organes: les gonades, les
tibias,
les syrinx d'embryons de poulet, ainsi que nous l'avons annoncé dans une
communication préliminaire (Et.
Wolff,
K. Haffen, M. Kieny
&
Em.
Wolff,
1953).
Nombreux sont les auteurs (Fischer et al., 1948; White, 1946; Morgan, Morton &
Parker, 1950; Waymouth
1
) qui ont essayé de cultiver des tissus en milieux syn-
thétiques. Il s'agissait dans tous les cas de cultures histiotypiques. Il semble qu'en
général ils n'ont pas obtenu autre chose que la survie et la migration des cellules
explantées, du moins sur des milieux de composition chimique parfaitement
définie. Le résultat essentiel de nos recherches est que, dans le cas de cultures
organotypiques, nous avons obtenu, outre la survie, la croissance et la différen-
ciation des organes expiantes. La voie ainsi ouverte donne la possibilité d'ex-
plorer les besoins nutritifs des différents organes embryonnaires.
Il convient toutefois d'ajouter que le but de la culture des tissus n'est pas
exactement le même que celui des cultures d'organes. Les uns tendent à obtenir
une prolifération sinon indéfinie, du moins de longue durée, les autres se con-
tentent d'une évolution limitée, permettant à l'organe de franchir une ou plusieurs
étapes du développement. Mais il ne
s'agit
pas d'obtenir — dans l'état actuel des
recherches — une croissance illimitée des explants, que nous n'avons pas réalisée
même en milieux naturels. Il ne faut pas oublier d'autre part que l'organe ex-
piante apporte avec lui — et conserve sans doute quelque temps —
des
substances
qui peuvent aider à l'assimilation des substances azotées des milieux synthé-
tiques, tandis que les cellules des cultures histiotypiques, après un ou plusieurs
repiquages, n'ont peut-être plus cette ressource.
Remarquons, que dans l'état actuel de nos recherches, la survie et le dévelop-
pement des organes expiantes n'excèdent pas quelques jours et que nous n'avons
pas encore réussi à transgresser ces limites. Ainsi le problème de la nutrition
indéfinie d'organes livrés à leurs seules ressources et à celles du milieu n'est ni
abordé ni résolu. Nos recherches s'inscrivent dans le cadre de l'embryologie
expérimentale et cherchent à analyser les facteurs nutritifs de la différenciation
et de la croissance pendant une phase déterminée du développement.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Les organes soumis à l'expérience ont été prélevés sur des embryons de poulet
de 6 à 10 jours d'incubation. Les gonades et la syrinx représentent des ensembles
1 D'après les données qui nous ont été obligeamment communiquées par Miss Waymouth, les
milieux qui ne contiennent que des acides aminés comme aliments azotés sont incapables d'assurer
la croissance. Celle-ci n'apparaît que lorsqu'on ajoute des peptides plus complexes (peptone de
Witt).